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15 avril 2025
International
VIVES TENSIONS ENTRE TÉHÉRAN ET TEL-AVIV
L'Iran a lancé une attaque de drones contre Israël, franchissant un nouveau palier dans l'escalade des tensions avec son ennemi juré. Cette riposte aux frappes israéliennes en Syrie plonge la région dans l'incertitude quant aux risques d'un embrasement
(SenePlus) - Téhéran a lancé une attaque de drones contre Israël samedi soir depuis son territoire, a annoncé le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari dans une allocution télévisée, comme l'ont confirmé des médias d'Etat iraniens. Cette opération intervient après que l'Iran a promis de "punir" Israël pour une attaque meurtrière sur son consulat à Damas le 1er avril, rapporte l'AFP.
"Nous surveillons la menace dans l'espace aérien", a déclaré M. Hagari, précisant collaborer avec les Etats-Unis et des partenaires régionaux pour intercepter les drones. Israël a dans la foulée fermé son espace aérien par précaution. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a assuré le pays était "prêt à faire face à n'importe quel scénario".
Cet accès de tensions a incité plusieurs pays comme la Jordanie et l'Irak à fermer également leur espace aérien, rapporte Le Monde. La France a enjoint ses ressortissants à ne pas se rendre en Iran, Israël et au Liban.
D'après ce même article, la saisie samedi par l'Iran d'un porte-conteneurs israélien dans le Golfe avait déjà fait craindre une riposte imminente de Téhéran. Signe de l'état d'alerte, l'armée israélienne a fermé les écoles pour deux jours et limité les rassemblements.
Les Etats-Unis ont "fermement" condamné l'acte de "piraterie" iranien et réaffirmé leur "engagement inébranlable" envers Israël, a écrit sur Twitter le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Le président Biden a écourté son week-end pour des consultations d'urgence, révèle ce média. Une escalade semble se profiler entre l'Iran et Israël dans ce contexte de vives tensions.
LA DANGEREUSE HUBRIS DES MILITAIRES MALIENS
Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer". Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir
(SenePlus) - La junte au pouvoir au Mali a franchi un cap cette semaine en suspendant les activités des partis politiques et de certaines associations, et en interdisant aux médias de les relayer. Une réaction, selon certains, à l'appel lancé début avril par plus de 80 partis et organisations de la société civile pour la tenue d'une élection présidentielle et la fin de la transition militaire.
"À bien des égards, ces mesures trahissent une certaine fébrilité, au moment où l'on attend de la junte qu'elle fédère, dans le dialogue, les Maliens autour de valeurs", analyse Jean-Baptiste Placca dans un éditorial pour RFI. Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer".
Une situation qui interroge de nombreux Maliens sur "le sens même de cette transition". L'argument d'un membre du Conseil national de transition selon lequel "la raison d'État prime sur les libertés" sonne comme un aveu accablant. "La plupart réalisent à quel point, au nom des miettes qu'ils recueillent de la mangeoire d'État, certains peuvent renoncer à toute éthique, à tout principe."
Une transition née d'ambitions personnelles ?
Comment en est-on arrivé là ? L'éditorialiste rappelle que la junte d'Assimi Goïta "n'était qu'un troisième larron, venu cueillir un pouvoir déstabilisé" par les manifestations contre IBK. Des acteurs qui les avaient alors soutenus "étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement".
"Nombre des acteurs politiques qui avaient alimenté la fronde contre Ibrahim Boubacar Keïta étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement. Tous avaient applaudi Assimi Goïta, avant d'en devenir les détracteurs."
Une mise en garde : "Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir." Tandis que d'autres, "conscients de ne jamais pouvoir sortir vainqueurs d'élections régulières, préfèrent miser sur des révolutions opportunes".
Répression ou chaos : quel avenir ?
Face à l'intransigeance des militaires, quelle issue ? "À moins d'avoir le courage des Sénégalais, quelques-uns seront arrêtés, et les autres se tiendront plus ou moins cois", prédit J-B Placca. Mais "les troubles peuvent aussi bien reprendre, avec le risque que cela inspire d'autres troisièmes larrons".
La perspective d'élections semble s'éloigner chaque jour davantage. "Il faut du courage, pour, comme le Premier ministre du Mali, annoncer à ses concitoyens qu'il n'y aura d'élection qu'une fois le pays stabilisé. Car, lui-même ne sait pas quand."
Bref, au Mali, "la transition est à durée indéterminée. Les privations diverses le sont déjà, les journées sans électricité aussi, comme certaines libertés. L'heure est donc vraiment propice aux illusions à durée indéterminée !"
DES CLASSES INCLUSIVES POUR LES ÉLÈVES SOURDS ET MALENTENDANTS AU SÉNÉGAL
Dans quelques établissements scolaires du Sénégal, on teste avec succès de nouvelles classes mixtes accueillant élèves sourds et entendants. Une innovation porteuse d'espoir pour la scolarisation de tous
(SenePlus)- Dans certaines classes du Sénégal, les élèves sourds et malentendants étudient désormais aux côtés des autres. C'est le cas à l'école Apix Guinaw Rails Sud, dans la banlieue de Dakar, où Mouhamed Sall suit sa scolarité avec le soutien d'une assistance. Lors d'un cours observé par l'agence Associated Press, ce dernier s'est avancé au tableau noir et a posé rapidement une question en langage des signes à l'assistante. Il a ensuite résolu l'exercice, sous les applaudissements silencieux de ses camarades qui agitaient leurs mains en signe d'appréciation.
Certains élèves de la classe se sont familiarisés avec la langue des signes ces derniers mois pour communiquer avec Mouhamed Sall, qu'ils connaissaient déjà de l'école primaire. "On a appris le langage des signes car on est amis depuis longtemps, ça a été facile", témoigne l'un d'eux, Salane Senghor. Les nouveaux camarades sont curieux et regardent souvent vers l'assistante pour comprendre ce que dit Mouhamed Sall.
Pourtant, l'inclusion scolaire des enfants handicapés reste un défi au Sénégal. Selon l'UNICEF, 60% d'entre eux ne vont pas à l'école, faute notamment de données statistiques fiables. Le pays manque en effet d'une stratégie nationale en la matière, malgré quelques initiatives pionnières comme celle de l'école Apix, soutenue depuis l'an dernier par l'ONG Humanité & Inclusion. Celle-ci finance le recrutement d'assistances maîtrisant la langue des signes dans quatre établissements scolaires pilotes.
"Nous voulons des progrès du gouvernement pour garantir à chaque enfant, quelles que soient ses capacités, l'accès à l'éducation", souligne Sara Poehlman de l'UNICEF. Car dans une région où les frais scolaires pèsent lourd, le programme permet à Mouhamed Sall de suivre sa scolarité gratuitement, après que sa mère a longtemps payé des activités spécialisées coûteuses.
Des initiatives volontaristes émergent pourtant, comme les récentes formations électorales en langue des signes ou le succès de l'équipe nationale sourde de football. Mais la route est encore longue pour une véritable inclusion. Les difficultés persistent pour les familles éloignées des établissements pilotes. Et le niveau élevé en langue des signes des élèves sourds pose problème aux enseignants peu formés.
Pour Jandira Monteiro d'Humanité & Inclusion, une collaboration renforcée entre les ministères de la Santé et de l'Éducation est nécessaire. Afin que chaque enfant puisse, comme Mouhamed Sall, développer pleinement ses talents à l'école, au sein d'une société solidaire.
L'ÉRE DU TOUT-ÉCRAN
Le face-à-face disparaît, englouti par la déferlante numérique. Nos smartphones sont devenus les prothèses d'une société où l'on ne se regarde plus en face
(SenePlus) - Selon le sociologue David Le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg, nos sociétés connaissent une profonde mutation dans les modes de communication interpersonnelle. Dans une tribune au journal Le Monde, il déplore la disparition progressive du "face-à-face" au profit d'interactions dématérialisées, vidées de leur substance charnelle.
"Le visage est le centre de gravité de toute conversation", souligne-t-il. Plus qu'un simple échange de paroles, le face-à-face instaure "un principe de considération mutuelle" basé sur la réciprocité des regards et de l'attention portée à l'autre. "On supporte mal celui qui ne nous regarde pas en face en s'adressant à nous", rappelle le sociologue.
Pourtant, ce lien charnel tend à se distendre. "Aujourd'hui, dans maintes interactions ou sur les trottoirs des villes, les visages deviennent rares, le plus souvent absorbés par l'écran du smartphone". Une "hypnose sans fin" qui rend aveugle à son environnement immédiat et indifférent à l'autre. "Une société spectrale où, même devant les autres ou dans les rues, les yeux sont souvent baissés sur l'écran".
Des "communications sans visage"
M. Le Breton déplore cette omniprésence des écrans qui engendre des "communications sans visage, sans présence". Un monde "sans chair" où la parole se vide de sa substance, une "humanité assise" coupée de sa sensorialité.
"Les réseaux sociaux sont sans visage, contrairement à la parole du quotidien", affirme-t-il. Ils deviennent des "mondes de masques" où l'anonymat "autorise le harcèlement, les insultes, les menaces". Des "paroles sans visage, sans possibilité de vérification" dans un vaste "carnaval" fait de multiples identités factices.
La fragmentation du lien social
Cette désincarnation de la parole entraîne une profonde fragmentation du lien social selon le chercheur. "Chacun devient une monade, centré sur lui-même et son éventuelle communauté d'intérêt. La chose publique disparaît."
Plus gravement encore, ces nouveaux modes de communication favorisent l'indifférence à autrui. "Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, dans la fragmentation, les yeux rivés sur nos écrans, sans plus nous regarder", déplore David Le Breton.
Dans ce contexte, le visage humain connaît une véritable mutation, passant du "lieu sacré du rapport à l'autre" à un simple "élément parmi d'autres d'un corps qui a de moins en moins d'importance dans la relation à autrui". Une évolution préoccupante selon le sociologue, qui voit dans cette disparition progressive des visages le signe d'un délitement du lien social et de "la disparition de la chose publique".
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RÉINVENTER LA DIFFUSION DES SAVOIRS
L'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire
Dans le cadre de la série "Où va le Sénégal ?", animée par Florian Bobin, chercheur en Histoire à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un riche échange à eu lieu autour de l'éducation populaire, du rôle des intellectuels et artistes dans la démocratisation des espaces culturels. Zoubida Fall, auteure et animatrice de podcast, l'artiste-graffeur Madzoo TRK et l'universitaire Saliou Diop ont apporté leurs éclairages.
Le constat est sans appel : l'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire. Face à cette vision convenue, les intervenants impliquent un regard décapant.
En réinscrivant dans l'espace public, via différents médias, des figures et récits historiques marginalisés, ils œuvrent pour une « éducation populaire ». Les fresques monumentales de Madzoo TRK rendent visibles des personnalités comme Frantz Fanon ou Amílcar Cabral. Le podcast "Conversations féminines" de Zoubida Fall amplifie les voix féminines trop souvent inaudibles. Saliou Diop, par ses recherches, désinstitutionnalise la pensée du philosophe Cheikh Anta Diop.
Leurs pratiques créent ainsi de nouveaux espaces culturels décentralisés, ancrés dans le quotidien populaire. Mais le combat est de taille face au manque de soutien étatique aux voix alternatives, contraignant à l'auto-organisation et aux financements étrangers.
Dans une société où la culture officielle reproduit les schémas jacobins en concentrant les ressources dans la capitale, ces artistes et intellectuels engagés inventent d'autres modalités de transmission. Une renaissance culturelle et politique par le bas, qui se jouera peut-être de la capacité à "se raconter librement".
GRÂCE À LA RUSSIE, LE NIGER SE DOTE D'UN SYSTÈME ANTIAÉRIEN DE DERNIÈRE GÉNÉRATION
Membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Niger à l’instar du Burkina et du Mali, a noué une coopération militaire avec la Russie pour mieux faire face aux attaques terroristes.
Membre de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le Niger à l’instar du Burkina et du Mali, a noué une coopération militaire avec la Russie pour mieux faire face aux attaques terroristes. Dans un communiqué, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), au pouvoir depuis le coup d’Etat de juillet 2023, livre les premiers acquis de ce partenariat.
Ainsi, renseignent les nouvelles autorités, dans le cadre du renforcement de ses capacités de défense et de sécurité, et en vertu de l’accord de coopération militaire avec la Fédération de Russie, le Niger vient de se doter d’un système antiaérien de dernière génération.
Les équipements composant ce dispositif de pointe sont arrivés sur le territoire nigérien, à Niamey, le mercredi 10 avril 2024, accompagnés d’une centaine d’instructeurs militaires russes. Ces derniers auront pour mission de procéder à l’installation du système et d’assurer la formation des Forces Armées Nigériennes à son utilisation optimale.
Cette acquisition stratégique témoigne de la ferme volonté des plus hautes autorités d’élever les capacités défensives du pays à un niveau dissuasif, dans un contexte régional marqué par la recrudescence des menaces sécuritaires asymétriques. Elle participe également du renforcement du partenariat militaire et technique avec la Russie, allié historique du Niger sur les questions de paix et de stabilité.
VOIX ÉTOUFFÉES AU MALI, LE PREMIER TEST POUR LA DIPLOMATIE SÉNÉGALAISE
Alors que le gouvernement malien serre la vis sur la liberté d'expression, les yeux se tournent vers ses voisins pour un soutien potentiel. Parmi eux, le Sénégal, reconnu pour son histoire démocratique robuste, peut-il jouer un rôle décisif ?
Face à l'escalade des restrictions imposées aux manifestations et activités politiques au Mali, l'inquiétude monte tant au niveau local qu'international. Alors que le gouvernement malien serre la vis sur la liberté d'expression, les yeux se tournent vers ses voisins pour un soutien potentiel. Parmi eux, le Sénégal, reconnu pour son histoire démocratique robuste, peut-il jouer un rôle décisif ?
Le jeudi 11 avril 2024, la Haute autorité de la communication (HAC) a ‘’invité tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations’’, sans préciser les risques auxquels les médias peuvent encourir.
Pour ce directeur de publication d’un journal à Bamako, ‘’cette mesure est impopulaire et ce n’est que le prolongement d’une série de décisions prises sans la moindre concertation avec les autres parties prenantes. On nous a ramenés trente ans en arrière, avec cette nouvelle interdiction. On peut empêcher les gens de parler, mais on ne peut pas leur faire croire en un seul discours. Il faut libérer la parole des autres, même s’ils ne sont pas d’accord avec eux (la junte)’’.
Pour le journaliste et directeur de la chaîne de télévision Joliba TV News, Mohamed Attaher Halidou, qui avait subi les sanctions de cette autorité de régulation en octobre 2022, cette nouvelle décision est "contraire à sa mission de promotion et de défense des libertés et de toutes les libertés. Cette HAC s'aligne toujours derrière les décisions des autorités et cela au mépris des valeurs de démocratie et de la liberté de la presse, des valeurs qui fondent d'ailleurs et justifient son existence''.
Il renchérit sur sa page Facebook : ‘’J'ai comme l'impression que ce sont des préfets qui siègent à la HAC, pour exécuter des décisions arbitraires et fantaisistes… Nous disons non à la caporalisation de la presse, aujourd'hui plus qu'hier. Mais tout cela montre que nous manquons de faitières fortes au Mali pour défendre les valeurs de la profession...’’
Colonel Maïga : ‘’La lutte contre les groupes armés djihadistes et indépendantistes touareg ne s’accommode pas de débats politiques stériles.’’
En effet, 24 heures avant le communiqué de la HAC, le régime militaire avait exigé la suspension de toutes les activités politiques. Ce dernier a publié, le mercredi 10 avril 2024, un décret interdisant les activités des partis politiques, alors que des appels sont lancés à la junte militaire au pouvoir pour qu'elle organise des élections.
L'annonce a été faite par le porte-parole du gouvernement à la télévision publique, mercredi soir. Le colonel Abdoulaye Maïga a déclaré que l'interdiction des activités politiques avait été prise dans l'intérêt du maintien de l'ordre public. Pour motiver ces mesures jugées ‘’impopulaires’’ par les partis politiques, il rappelle : ‘’Quand le chef de la junte a lancé, le 31 décembre, un dialogue national pour la paix ou quand le jalon du 26 mars a été franchi sans que les militaires ne partent, les partis se sont livrés à des discussions stériles. Par ailleurs, la poursuite de la lutte contre les groupes armés djihadistes et indépendantistes touareg ne s’accommode pas de débats politiques stériles.’’
Une interpellation qui a fait réagir l'ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015). Il a demandé aux autorités de revenir sur leur décision. Il parle d’un ‘’recul majeur’’ qui ‘’n’augure pas de lendemains apaisés’’.
Quant au président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, il a appelé à la ‘’désobéissance civile jusqu’à la chute du régime illégal et illégitime (…), en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens’’.
Toujours dans cette optique de défendre les principes de la démocratie qu’il pense être fortement menacés par Assimi Goïta et Cie, ce dirpub dans l’anonymat relève que le risque majeur est de passer à côté de l’objectif des militaires, c’est-à-dire dérouler une transition avec une grande inclusivité des Maliens. ‘’Le dialogue intermalien, qui a été comme étant la raison politique de cette suspension, risque gravement et contradictoirement de prendre un coup. Les partis politiques et associations à caractère politique sont composés aussi de Maliens qui devront avoir leur mot à dire lors de ce dialogue’’, fait-il remarquer.
Ibrahima Harane Diallo : ‘’Ces nouvelles mesures vont multiplier les fronts de contestations.’’
Il poursuit : ‘’Un autre risque de cette mesure est la tenue d'un dialogue intermalien de sourds. Les discussions indispensables ou encore les débats éventuellement houleux qui pourraient caractériser ce dialogue risquent d'être étouffés.’’
Pour le journaliste et chercheur en sciences politiques basé aux États-Unis, Ibrahima Harane Diallo, ‘’cette décision va affaiblir le poids de ce gouvernement de transition en termes de soutien. La junte va avoir plus de problèmes. Ces nouvelles mesures vont multiplier les fronts de contestations et porter un coup dur au dialogue entre Maliens’’.
Une analyse qu’il (Harane Diallo) partage avec les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024.
‘’Au moment où le chef de l'État en appelle à tous les Maliens pour participer à un dialogue dit intermalien, on suspend les activités des partis et activités à caractère politique des associations, qui constituent un pan indispensable dans l’animation de la vie politique et publique, conformément aux textes de loi pertinents en la matière’’, regrettent-ils à travers un communiqué diffusé le jeudi 11 avril 2024.
En outre, ils attirent l’attention de l'opinion publique nationale et internationale, sur le fait que ‘’ces atteintes graves aux libertés démocratiques sont sans précédent dans l'histoire du Mali, depuis la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré’’.
Médiation des nouvelles autorités diplomatiques sénégalaises ?
Quant aux nouvelles autorités diplomatiques sénégalaises, elles préfèrent ne pas s’exprimer pour le moment, car elles sont en train de travailler d’arrache-pied sur le dossier malien pour proposer une solution de médiation entre les acteurs politiques et les autorités militaires.
Pour rappel, le nouveau président Bassirou Diomaye Faye a manifesté son souhait de voir les pays voisins, Mali et les autres (Niger et Burkina Faso) réintégrer la CEDEAO. Une tâche qui s’avère difficile, au regard des tensions entre ces pays et cette communauté sous-régionale qui a perdu beaucoup de crédit.
Pour Ibrahima Harane Diallo, le Sénégal est dans une dynamique proactive, dans le cadre des relations bilatérales et multilatérales avec le Mali. ‘’Dakar, dit-il, doit pouvoir faire quelque chose. Bien avant l’arrivée du nouveau président et du Premier ministre, à travers les interventions publiques, on savait qu’il y avait une certaine proximité en matière de vision politique entre ces différents acteurs. On voit que les relations deviennent de plus en plus importantes. Lors de la cérémonie d’investiture de Diomaye Faye, il y avait une forte délégation malienne. Toutefois, sur le plan interne, c’est plus difficile, parce qu’il y a un discours de souveraineté mis en avant par les colonels. Dakar pourrait être gêné et sa marge de manœuvre réduite, car les affaires internes sont de la compétence exclusive des pays’’.
Oumar Ndiaye : ‘’Toute démarche diplomatique des nouvelles autorités sénégalaises sur le Mali doit se faire dans le cadre de la CEDEAO.’’
Pour le journaliste spécialiste des questions géopolitiques au quotidien national ‘’Le Soleil’’ Oumar Ndiaye, ‘’il sera difficile aux nouvelles autorités d’avoir une marge de manœuvre dans le dossier malien, même si elles bénéficient d’un préjugé favorable au niveau des juntes au pouvoir en Afrique de l’Ouest, dont le Mali, qui les voient d’un bon œil, surtout concernant la redéfinition des rapports avec les autres partenaires comme la France’’.
Il ajoute : ‘’Les nouvelles autorités sénégalaises ont fait de l’option panafricaniste une pierre angulaire de notre politique étrangère. D’où le changement de dénomination du ministère chargé de notre diplomatie qui devient ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères. Même dans leur programme de campagne, leur vision de la politique extérieure est calquée sur cette vision qu’elles appellent ‘’Pour une véritable intégration sous-régionale et africaine’’’.
Alors que beaucoup d'observateurs pensent qu'en tant que puissance régionale influente, Dakar pourrait aider à façonner l'avenir politique de son voisin, en équilibrant pression diplomatique et soutien stratégique, le chef de desk de la rubrique Internationale du ‘’Soleil’’ prévient qu’il faut éviter les cavaliers seuls et adopter une posture collégiale. ‘’Toute démarche diplomatique des nouvelles autorités sénégalaises sur le Mali doit se faire dans le cadre de la CEDEAO qui, depuis le coup d’État de 2020, a mené des actions pour que la transition militaire puisse se terminer avec le retour d’un pouvoir démocratique. Les nouvelles autorités sénégalaises ne peuvent accéder au pouvoir par la voie des urnes de manière très démocratique, saluée par le monde entier et s’accommodaient de putschistes qui trainent avec une transition militaire de quatre ans, presque la durée d’un mandat d’un président élu. La CEDEAO a déjà un médiateur au Mali, en la personne de l’ancien président du Nigéria Goodluck E. Jonathan’’, insiste-t-il.
Il y a aussi le Togo qui est l’un des rares pays qui maintient des canaux de discussion avec les militaires. Le ministre des Affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, a joué un rôle important dans la libération des soldats ivoiriens, en janvier 2023.
Yacine Fall et son équipe auront-ils les épaules solides pour ce premier test intra-africain ? L’approche à adopter sera déterminante pour l’issue de cette crise.
Alors que les rues de Bamako et d'autres villes maliennes se vident de leurs manifestants, la résonance des voix étouffées ne fait qu'amplifier l'écho international de la situation. Les Maliens, privés de leurs tribunes publiques, cherchent désormais de nouveaux moyens pour exprimer leur résilience et leur désir de démocratie. Si le gouvernement maintient ses interdictions, il pourrait non seulement isoler davantage le pays sur la scène mondiale, mais aussi alimenter une volonté populaire de changement qui finira par trouver son chemin, quelles que soient les barrières imposées.
ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES À L’ONU, LA PALESTINE ENCORE BLOQUÉE
Le Comité des Nations unies pour l’admission de nouveaux membres n’est pas parvenu à un consensus sur l’adhésion à part entière de la Palestine à l’organisation internationale.
Le Comité des Nations unies pour l’admission de nouveaux membres n’est pas parvenu à un consensus sur l’adhésion à part entière de la Palestine à l’organisation internationale.
Une source à la Représentation permanente de Malte, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, a déclaré jeudi à Anadolu que le comité chargé d’accepter de nouveaux membres n’était pas parvenu à un consensus pour une recommandation concernant l’adhésion de la Palestine.
La source a expliqué que Malte préparerait un rapport à ce propos qui sera distribué aux membres du Conseil de sécurité.
De son côté, la représentante permanente de Malte auprès des Nations unies, Vanessa Frazier, a déclaré à la presse qu’il n’y avait aucun problème par rapport aux conditions d’adhésion et que les deux tiers des membres du comité soutenaient l’adhésion à part entière de la Palestine.
Robert Wood, représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, a déclaré que l’adhésion de la Palestine à l’organisation internationale “est une question qui devrait être négociée entre Israël et les Palestiniens”, et a souligné que la position de son pays sur cette question n’a pas changé.
La Palestine a obtenu le statut d’État observateur non membre auprès des Nations unies suite à une résolution adoptée par l’Assemblée générale à une large majorité le 29 novembre 2012.
La Palestine a demandé à devenir un État membre à part entière des Nations unies en 2011, mais cette candidature n’a pas reçu le soutien nécessaire au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le 2 avril dernier, le représentant permanent de la Palestine auprès des Nations unies, Riyad Mansour, a envoyé une lettre au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, demandant un réexamen de la demande d’adhésion.
Guterres a écrit une lettre au Conseil de sécurité de l’ONU le 3 avril, dans laquelle il a appelé à ce que la demande de la Palestine soit inscrite à l’ordre du jour.
Le processus d’inclusion de nouveaux États membres aux Nations unies commence d’abord par le Conseil de sécurité, et après discussions, le Conseil renvoie la question au Comité d’admission de nouveaux membres.
Si le comité émet un avis favorable, le Conseil de sécurité de l’ONU procédera à un vote et exigera que ses membres permanents n’utilisent pas le veto. Il est aussi nécessaire que 9 membres sur 15 votent en faveur de la décision du comité onusien.
Si le Conseil de sécurité décide d’accepter la demande, la question est alors renvoyée devant l’Assemblée générale des Nations unies, où l’adhésion nécessitera les deux tiers des voix des 193 Etats membres pour approuver l’adhésion.
L'ONU DEMANDE AU MALI D'ABROGER IMMÉDIATEMENT LA SUSPENSION DES ACTIVITÉS DES PARTIS POLITIQUES
"Nous sommes profondément préoccupés par le décret suspendant les activités des partis politiques et autres associations civiques. Il doit être immédiatement abrogé", a indiqué le Haut-Commissariat sur le réseau social X.
iGFM - (Dakar) Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a demandé jeudi au Mali d'"abroger immédiatement" la suspension des activités des partis politiques.
"Nous sommes profondément préoccupés par le décret suspendant les activités des partis politiques et autres associations civiques. Il doit être immédiatement abrogé", a indiqué le Haut-Commissariat sur le réseau social X.
Le régime malien a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon lui de "discussions stériles" et de "subversion".
"Sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, pour raisons d'ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l'étendue du territoire national", dit un décret pris en conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et lu devant des journalistes par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement.
Il s'agit d'une nouvelle restriction à toute expression d'opposition ou de dissidence de la part des colonels qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 en renversant le président civil Ibrahim Boubacar Keïta. "Les actions de subversion des partis politiques et de leurs alliés ne font que se multiplier", dit le communiqué du conseil des ministres.
Ce nouveau tour de vis survient alors que les militaires se sont maintenus à la tête du pays au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle ils s'étaient engagés, sous la pression de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), à céder la place à des civils élus. Ils n'ont pas non plus organisé de présidentielle en février 2024 comme ils en avaient pris l'engagement.
Le colonel Maïga a justifié la suspension des partis en invoquant un "dialogue" national initié le 31 décembre par le colonel Goïta. Le lancement de ce "dialogue" ainsi que le non-respect de l'échéance du 26 mars ont donné lieu à des "discussions stériles", a dit le colonel Maïga. "On ne peut pas mener un dialogue aussi crucial que l'est le dialogue direct intermalien dans la cacophonie et la confusion", a-t-il dit. "On ne peut pas accepter que des forces politiques, pour une raison ou une pour autre, prennent en otage une initiative aussi salvatrice", a-t-il insisté.
LA FRANCE FREINE LES RESTITUTIONS D'ŒUVRES AFRICAINES, DÉPLORE LE MONDE
Seules 26 pièces ont été rendues au Bénin. Et le projet de loi-cadre qui devait faciliter ces transferts est sans cesse repoussé, bloqué par l'argument de l'inaliénabilité des collections publiques. La condescendance et le paternalisme reviennent au galop
(SenePlus) - Après avoir été longtemps en pointe sur les restitutions du patrimoine africain pillé à l'époque coloniale, la France semble aujourd'hui marquer le pas, constate le journaliste Michel Guerrin dans sa chronique au Monde ce vendredi 12 avril 2024. Pourtant, dès 2017, Emmanuel Macron avait promis de faciliter ces restitutions lors d'un discours à Ouagadougou qui avait fait bouger les lignes en Europe.
En 2018, le rapport Savoy/Sarr préconisait des "restitutions massives" d'œuvres aux pays africains. La première restitution significative intervenait en 2021, avec 26 pièces du trésor d'Abomey rendues au Bénin. Mais depuis, le processus patine en France.
La raison ? La règle d'inaliénabilité des collections publiques, qui verrouille toute restitution. Deux lois votées en 2023 sur les spoliations aux Juifs et les restes humains ont permis de contourner ce verrou au nom d'un "intérêt supérieur". Mais pas la loi sur les restitutions à l'Afrique, jugée trop légère par le Conseil d'Etat et repoussée sine die.
"Il était pourtant facile de trouver ce principe d'intérêt supérieur : la colonisation", tance Michel Guerrin. Car les deux tiers des 90 000 objets africains en France ont été acquis à cette époque, souvent par la contrainte. Reconnaître cette "histoire douloureuse" permettrait de faciliter leur restitution.
Mais le projet de loi l'occulte, préférant se concentrer sur des critères restrictifs de propriété, à l'image du rapport très prudent de l'ex-président du Louvre Jean-Luc Martinez. Une approche au cas par cas qui fait crisser les dents des défenseurs des restitutions massives comme Bénédicte Savoy.
Pendant ce blocage français, d'autres pays européens avancent : l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni mais aussi désormais la Belgique qui a remis un inventaire d'œuvres à la RDC.
Pour Michel Guerrin, "le plus pathétique est que la France freine ce mouvement inéluctable qu'elle a lancé". Une révolution patrimoniale synonyme de "justice culturelle" selon Bénédicte Savoy, qui permettrait de restituer son histoire à la "jeunesse africaine".
La chroniqueur conclut avec les mots de Marie-Cécile Zinsou, qui appelle à penser "l'avenir" plutôt que la "repentance". Un message qui devrait inspirer la loi française sur les restitutions, jugée indispensable.