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16 avril 2025
International
PAR Bassirou Diomaye Faye
À TOUS LES FONCTIONNAIRES DU SÉNÉGAL
Je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions. Je vous invite à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes
Dans ce message daté du 8 avril 2024 adressé à toutes les femmes et hommes de l'administration sénégalaise, le président Bassirou Diomaye Faye rappelle avec ferveur les valeurs cardinales qui doivent guider leur engagement quotidien au service du pays: intégrité, probité, transparence. Il insiste sur l'importance de placer le bien commun et le développement inclusif de la nation au-dessus de toute autre considération. Le chef de l'Etat exhorte ses collaborateurs à redoubler d'efforts pour concrétiser la vision d'un Sénégal uni et prospère.
Chères collaboratrices, chers collaborateurs,
En cette période charnière de notre histoire, où chaque pas vers l'avenir se dessine sous le signe de la promesse et de l'espoir, il m'est apparu essentiel de m'adresser directement à vous, femmes et hommes dévoués au service de notre nation. Vous constituez sans nul doute la colonne vertébrale de notre administration et le cœur battant de notre pays.
Le Sénégal, notre cher pays, se tient aujourd'hui à l'aube d'une ère nouvelle, porté par la vision d'un avenir dans lequel chaque citoyen, où qu'il se trouve, peut jouir des fruits de notre effort collectif. Un Sénégal réconcilié, transparent et équitable, où le développement durable et inclusif n'est pas un idéal lointain, mais une réalité tangible, à portée de mains.
Si notre pays bénéficie d'une solide réputation de démocratie, de stabilité et de paix, nous le devons en grande partie à votre engagement, votre professionnalisme et votre travail sans relâche. Vous êtes les gardiens de nos valeurs républicaines, les artisans de notre développement et les sentinelles de notre cohésion sociale.
Aujourd'hui, je vous invite, avec toute la considération et le respect que je vous porte, à incarner pleinement les principes de « Jub, Jubal, Jubanti ». Que la droiture, la probité et l'exemplarité commandent chacun de vos actes. Que votre travail quotidien soit imprégné de ce souci permanent du bien commun, ou le service à nos concitoyens et leur bien-être priment sur toute autre considération.
Dans le sillage de notre engagement collectif vers un Sénégal uni et prospère, je tiens à souligner l'importance cruciale de la transparence et de l'intégrité dans nos actions et décisions. Notre administration joue un rôle fondamental dans la concrétisation des aspirations de notre nation, et c'est dans cette optique que je souhaite rappeler les principes directeurs qui doivent guider notre conduite.
La loi 2012 - 22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques, établit un cadre légal clair pour l'intégrité des acteurs impliqués dans la gestion des affaires publiques. Elle souligne l'exigence d'un comportement éthique et déontologique irréprochable pour tous les agents de l'État, en insistant sur le fait que la transparence n'est pas une option, mais une obligation. Cette loi, en ses points 7.2 et 7.3, rappelle que nous, agents publics, avons le devoir de veiller scrupuleusement à la bonne gestion des ressources qui nous sont confiées et de signaler toute infraction aux règles régissant les finances publiques. Cette démarche n'est pas seulement légale ; elle est morale, réaffirmant notre engagement envers les citoyens que nous servons.
C'est pour cette raison que nous accordons une importance particulière à la protection des lanceurs d'alerte. Il est essentiel que chacun se sente libre et soutenu de partager, en toute sécurité, des informations concernant des irrégularités ou des pratiques contraires à l'éthique et à la loi. Cet engagement reflète notre volonté collective de bâtir un gouvernement vertueux, fondé sur l'éthique de responsabilité et l'obligation de rendre compte.
Je vous exhorte à adopter ces principes dans votre travail quotidien, en vous rappelant que votre contribution est précieuse pour assurer l'intégrité et la transparence de notre gouvernance.
Ensemble, renforçons notre détermination à servir avec honneur et dignité, dans le respect des lois qui nous guident et pour le bien-être de tous les Sénégalais.
Notre mission, collective et individuelle, est d'œuvrer sans cesse à l'amélioration de la qualité de vie de chaque Senégalaise et de chaque Sénégalais. Notre engagement au service du pays transcende les obligations administratives. Il s'incarne dans notre vocation sincère de servir notre Patrie et dans notre foi en ses immenses potentialités.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embüches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
Je suis conscient des défis qui nous attendent. Le chemin du développement, de la justice et de l'équité est semé d'embûches. Mais je suis également convaincu que notre détermination et notre unité nous permettront de franchir ces obstacles pour la réalisation de notre projet commun.
En ma qualité de président de la République, je m'engage à être à vos côtés, à soutenir vos efforts et à veiller à ce que les conditions de votre engagement soient toujours les meilleures.
Ensemble, dans la solidarité, construisons le Sénégal de demain.
Faisons de notre pays une terre où chaque citoyen peut se réaliser et contribuer au bien-être collectif.
Je vous invite donc, avec ferveur et espérance, à redoubler d'efforts et à vous joindre à moi dans cette grande œuvre nationale.
Soyons les bâtisseurs infatigables d'un Sénégal prospère et rayonnant, à l'image des aspirations profondes de notre peuple.
Avec toute ma confiance et mon admiration pour votre engagement indéfectible au service de la République.
LE PASSÉ LIBYEN DE SARKOZY RESSURGIT
Alors que l'ancien président français nie toute implication, de nouvelles révélations le placent au cœur de l'opération secrète pour faire rétracter Ziad Takieddine sur le financement libyen supposé de sa campagne 2007
(SenePlus) - Dans l'affaire du financement présumé libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy est depuis longtemps confronté aux accusations de Ziad Takieddine, considéré comme son "principal accusateur". Mais fin 2020, une opération baptisée "Sauver Sarko" avait été montée pour obtenir la rétractation de l'affairiste, moyennant finances.
Un récent numéro de "Complément d'enquête" sur France 2 apporte de nouveaux éléments accablants sur l'implication présumée de l'ancien président dans cette manœuvre, comme l'a rapporté Le Monde.
Ziad Takieddine lui-même affirme sans détour que c'est Nicolas Sarkozy le "marionnettiste" de cette opération. "Ah oui, c'est lui qui... bien sûr", déclare-t-il en mimant le geste d'un marionnettiste.
Un autre protagoniste de l'équipe chargée de le convaincre, Noël Dubus, un escroc déjà condamné, va plus loin. Selon lui, c'est Nicolas Sarkozy qui a donné son aval à un riche entrepreneur pour verser 72 000 euros afin de financer la deuxième phase : les aveux de Takieddine devant notaire.
"Mimi [Michèle Marchand, une figure du monde people] me donne des questions validées par [l'avocat] Thierry Herzog qui sont posées à M. Takieddine pour ses aveux", assure encore Dubus. Une affirmation que dément l'avocat de Me Herzog.
Au-delà de ces témoignages entachés par les profils interlopes des protagonistes, Le Monde révèle qu'une note des services de renseignement de décembre 2020 pointe déjà le rôle de Sarkozy : "Michèle Marchand œuvre pour le compte de Nicolas Sarkozy."
Des SMS exhumés du dossier vont aussi dans ce sens. "Rassurez Zebulon [surnom de Sarkozy] que tout va bien (...) et que maintenant les fonds sont là, c'est plus facile", écrit l'assistante de Dubus à Marchand.
Bien que démenti par l'intéressé, il semble donc désormais établi que Nicolas Sarkozy avait bien la main sur les manettes de cette opération avortée de rétractation de Takieddine. Un nouvel élément à charge qui s'ajoute au dossier déjà épais du financement libyen présumé, pour lequel il sera jugé en 2025.
300 000 EUROS VOLÉS À UN MINISTRE AFRICAIN DANS UN HÔTEL DE FRANCE
Sous une fausse identité, ils piègent leur victime et s'emparent de son butin. Pourtant, leur coup de maître va être leur perte : grâce à la vidéosurveillance, la police remonte patiemment leur piste, jusqu'à identifier et interpeller deux cambrioleurs
(SenePlus) - D'après des informations exclusives obtenues par BFMTV, deux hommes ont été mis en examen le 29 mars dernier pour le cambriolage particulièrement sophistiqué dont a été victime un haut fonctionnaire africain en octobre dernier à Courbevoie (Hauts-de-Seine).
Les faits remontent au 3 octobre 2023. Ce jour-là, un individu se présente à l'accueil d'un hôtel quatre étoiles courbevoisien, se faisant passer pour un vice-ministre en visite dans un pays d'Afrique centrale. Prétextant avoir oublié sa carte magnétique, il obtient une nouvelle clé lui permettant d'accéder à la chambre. Deux complices font alors irruption dans la pièce et dérobent montres, vêtements de luxe et environ 300 000 euros en liquide, le tout dans une valise rapidement déposée dans un véhicule.
Pensant leur forfait parfait, les voleurs prennent la fuite à pied. Mais ils sont filmés par les caméras de vidéosurveillance, qui permettent aux enquêteurs de la police judiciaire de Nanterre de remonter leur trajet jusqu'à Limeil-Brévannes. "Un minutieux travail de recoupement a permis d'identifier ces deux suspects, déjà connus pour vols avec effraction", confie une source proche du dossier.
Il s'agit de deux hommes de 38 et 39 ans, mis en examen le 29 mars dernier pour "vol en bande organisée" et "association de malfaiteurs". Placés en détention provisoire, ils ont fait valoir leur droit au silence lors de leurs auditions. À ce jour, le butin n'a toujours pas été retrouvé.
L'enquête se poursuit désormais pour identifier d'éventuels complices et récupérer les 300 000 euros dérobés en octobre dernier au vice-ministre africain, victime d'un "coup" aux contours dignes d'un véritable thriller policier.
L'OPPOSITION MALIENNE UNIE CONTRE LE POUVOIR
Les principales forces vives du pays signent un texte de grande fermeté. Ensemble, elles dénoncent la suspension dictatoriale de leurs activités et affirment leur refus de participer au dialogue sans libertés
Dans une déclaration commune, les principaux partis politiques et organisations de la société civile malienne dénoncent avec véhémence la décision des autorités de suspendre leurs activités, en violation de la Constitution. Ils jugent cette atteinte aux libertés démocratiques inédite et liberticide, et affirment leur refus de participer au dialogue national dans ce contexte.
"Déclaration de partis, regroupement de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 relative à la suspension des activités des partis politiques et des activités à caratère politique des associations
Les partis, regroupements de partis et organisations de la société civile signataires de la déclaration du 31 mars 2024 ont appris avec stupéfaction, la décision des autorités en place, de suspendre les activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations, en violation de la Constitution de 1992 et 2023 et des lois encore en vigueur au Mali, notamment la charte des partis politiques et la loi modifiée relative aux associations.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024, attirent l’attention de l'opinion publique nationale et internationale, sur le fait que ces atteintes graves aux libertés démocratiques sont sans précèdent dans l'histoire du Mali depuis la chute de la dictature militaire du Général Moussa Traoré.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 regrettent qu'au moment où le chef de l'État en appelle à tous les Maliens, pour participer à un dialogue dit inter-maliens, on puisse suspendre les activités des partis et activités à caractère politique des associations, qui constituent un pan indispensable dans l’animation de la vie politique et publique, conformément aux textes de loi pertinents en la matière.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 regrettent également, les allégations infondées qui ont servi de justification fallacieuse à cette décision liberticide et tyrannique par les autorités en place.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 rejettent par conséquent le décret N°2024-0230/ PT-RM du 10 avril, et affirment qu’à partir de cet instant, elles vont non seulement l’attaquer devant toutes les juridictions nationales et internationales indiquées, mais aussi qu’elles ne participeront, dans ces conditions, à aucune activité organisée par le gouvernement, y compris le soi-disant dialogue inter-Maliens.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 exhortent les autorités en place, à lever sans délai, la suspension des activités des partis politiques et celles des activités à caractère politique des associations, afin de permettre à toutes les composantes de la société malienne de participer à l’animation de la vie publique nationale, en vue de jeter les bases d’une véritable refondation de nos institutions.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 réaffirment qu'aucune manœuvre ne les fera reculer dans le combat pour la liberté, la démocratie et le bien-être des Maliens.
Les parties signataires de la déclaration du 31 mars 2024 résisteront et elles triompheront."
Ont signé :
YELEMA
ADEMA
M5RFP-MALI KURA
PS YELEN KURA
PARENA
NEMA
ESPERANCE NOUVELLE JIGUIYA KURA
APPEL DU 20 FEVRIER
ASMA-CFP FORCES ALTERNATIVES POUR LE CHANGEMENT
CADRE D’ECHANGE DES PARTIS ET REGOUPEMENT DE PARTIS POUR LE RETOUR A L’ORDRE CONSTITUTIONNEL
LE RAS-LE-BOL NATIONAL
Pêcheurs appauvris, étudiants sans avenir, victimes de la répression : ils racontent leur quotidien d'injustice et leur rejet d'un système libéral jugé élitiste. Analyse d'un vote sanction massif qui a propulsé au pouvoir Bassirou Diomaye Faye
Pêcheurs ou étudiants, de nombreux jeunes Sénégalais ont exprimé dans les urnes leur désenchantement face à la gouvernance de Macky Sall, estimant avoir été laissés de côté des fruits de la croissance, selon un reportage du journal Le Monde.
A Kayar, petite ville côtière au nord de Dakar, la situation des pêcheurs illustre ce sentiment d'injustice. "Pour rien ou presque, la pêche a encore été mauvaise. Depuis des années, on ne gagne rien, on travaille seulement pour se nourrir", peste Serigne Diouf, 30 ans, prêt comme beaucoup de ses camarades à tenter sa chance en Europe tellement "la vie est devenue trop dure". La raison de cette précarité? "Les gros bateaux de pêche étrangers ont volé notre travail", déplore Aliou Diop, 21 ans, en référence à l'accord de pêche de 2014 entre l'UE et le Sénégal, signé sous Macky Sall.
C'est ce sentiment d'inégalité face aux investisseurs étrangers qui a poussé les pêcheurs de Kayar, comme de nombreux Sénégalais, à voter le 24 mars pour l'opposant Bassirou Diomaye Faye, élu au premier tour sur la promesse de "rompre avec un système injuste". Pourtant, sous Macky Sall entre 2012 et 2024, le pays a connu une forte croissance moyenne de 5% et s'est doté d'infrastructures modernes. Mais "comme beaucoup de Sénégalais, nous n'avons pas touché les dividendes de cette politique libérale", déplore Serigne Diouf.
Au-delà du milieu de la pêche, le désenchantement était également de mise dans les universités. "Sous Macky Sall, on voyait des étudiants sans diplôme trouver du travail car proches du pouvoir, pendant que des docteurs pointaient au chômage. C'est cette injustice sociale qui nous a fait voter Bassirou Diomaye Faye", explique Modou Diagne, président de l'amicale des étudiants en droit de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.
Symbole de ce ras-le-bol, des manifestations étudiantes violentes avaient éclaté en juin 2023 après la condamnation d'Ousmane Sonko, principal opposant, que beaucoup jugeaient politique. L'amphithéâtre de droit a été incendié. Dans le pays, les affrontements entre police et manifestants entre 2021 et 2023 ont fait plus de 1.000 blessés et 66 morts selon Amnesty International, comme le frère d'Abdoulaye Wade, tué lors d'une manifestation. La classe politique est jugée "violente" et "impunie".
Ce sentiment d'injustice s'est également cristallisé autour des multiples "scandales de corruption épinglant des caciques du pouvoir", révélés par des lanceurs d'alerte comme Mouhamed Samba Djim. Arrêté en 2023 alors qu'il dénonçait des détournement dans la gestion de la crise Covid, il a passé 374 jours en détention dans des conditions atroces.
Ces affaires, comme le scandale de la mauvaise gestion du fonds Covid mis en lumière par la Cour des comptes, "ont profondément choqué les Sénégalais" face à l'enrichissement d'une classe politique alors que l'inflation grignotait le pouvoir d'achat, estime Mamadou Lamine Sarr, enseignant-chercheur. Les citoyens ont ainsi exprimé dans les urnes leur "rejet de ce système" au profit du candidat du changement Bassirou Diomaye Faye.
par Célestin Monga
MAHAMMED
Les douleurs et les trahisons qui constituent la trame de nos vies intrinsèquement misérables par-delà nos pouvoirs d'achat supposés n'ont jamais ébranlé la fine conscience que Mahammed Boun Abdallah Dionne avait de notre devoir de vivre
De temps à autre, par inadvertance, de bonnes nouvelles aussi arrivent dans mon courrier. Comme ce message insolite reçu en septembre 2013 d'un certain Mahammed Boun Abdallah Dionne. Je n'avais pas l'honneur de le connaître. Il se présentait comme le responsable des programmes Afrique de l'Organisation des nations unies pour le développement industriel (UNIDO), basée à Vienne, Autriche, et disait être « le président de mon fan club ». Je m'en suis immédiatement méfié car très jeune, j'ai appris l'effet que les compliments (réels ou artificiels) provoquent dans le cerveau humain : ils font baisser inconsciemment la garde.
Intrigué tout de même par l'essentiel du message, qui m'invitait à donner un discours à de la conférence générale de l'institution, prévue le mois suivant à Lima, Pérou, j'en avais parlé à mon superviseur Kaushik Basu, le premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. Sans hésiter une seule seconde, Kaushik dont j'étais le conseiller-directeur, m'avait encouragé à accepter l'invitation. Il estimait que l'UNIDO était une des meilleures agences des Nations Unies et Amartya Sen, son ancien directeur de thèse, le lui avait confirmé.
J'ai donc rencontré Mahammed Boun Abdallah Dionne au Pérou, en marge de la conférence. Debout dans un coin de la salle, à l'abri des micros et des caméras, il m'avait alors révélé la véritable raison de son invitation. Après m'avoir confié qu'il se préparait à abandonner sa carrière internationale pour retourner au Sénégal comme Directeur de cabinet et Premier ministre du président Macky Sall. Puis, il avait ajouté en dardant sur moi son regard droit comme une lame : « Peu de cadres africains qui pensent notre condition occupent les hautes fonctions de décision dans les organismes internationaux. L'ONUDI se prépare à recruter deux directeurs-généraux adjoints [Managing Directors]. Je voudrais que tu postules à ces postes. Même si tu n'en as pas envie, fais-le pour l'Afrique. Nous te soutiendrons. »
Interloqué par cette proposition décente, j'avais promis d'y réfléchir. Je travaillais depuis plus d'une quinzaine d'années à la Banque mondiale à Washington D.C. et j'y avais atteint le grade de directeur. J'aimais la quantité de savoirs que brassait l'institution, mais je savais aussi que mon parcours improbable et aléatoire dans cette maison de verre et peu transparente était constamment l'objet du courroux des gardiens du temple ceux qui ne supportaient ni l'indiscipline de mes idées publiées régulièrement dans des ouvrages non-autorisés, ni mon attitude jugée hérétique je ne jouais pas au golf le weekend avec les gourous et je ne socialisais pas avec les faiseurs de carrière. Je n'avais donc pas eu à réfléchir longtemps.
Après ce premier contact à Lima, Mahammed et moi avions continué nos échanges.
J'avais postulé donc aux offres d'emploi publiées quelques mois plus tard, après son départ de l'ONUDI. Le processus de recrutement avait duré un an, avec huit rounds d'interviews— y compris des séquences avec des psychologues ou avec des représentants du staff dont je voulais être le leader. Ma nomination à l'ONUDI et mon séjour au sein de cette merveilleuse institution m'avaient permis de densifier mon regard sur les grandes questions internationales et de renouveler mon métabolisme. Elle m'avait apporté aussi les nombreuses externalités positives qu'offre la vie à Vienne. Je la dois d'abord à Mahammed.
Tout chez cet homme était inhabituel. Sa bonté étrange chez un cadre africain de gros calibre suscitait de la culpabilité et finissait par être contagieuse. Sa chaleur était énergisante, son regard toujours vrai et profond. Ses yeux surchargés d'attention pour son interlocuteur ôtaient toute envie de dire des bêtises. Sa foi en l'Afrique et son sens de nos responsabilités d'« élites » privilégiées était intimidants.
Il parlait avec une ardeur qui reflétait son enthousiasme et son sérieux. Sa vérité intérieure surgissait de chaque syllabe, même humoristique, qu'il prononçait avec une franchise déconcertante.
Généreux et humble, il avait une grande idée de la responsabilité des Africains qui ont eu la bonne fortune d'aller à l'école et de se confronter à d'autres manières de voir et de faire. Il aimait le mouvement et la remise en question de soi. C'était une hygiène de vie. « Jaar jaar ! ...» : le parcours, me disait-il en wolof pour expliquer la nécessité d'avoir un itinéraire, une trace.
En sa présence, le temps s'étirait : l'échange était toujours intense, la parole lumineuse et le silence exaltant. Toute discussion économique avec lui-sur la dette ou sur la politique monétaire était une exploration des espaces ignorés, comme si on déambulait ensemble dans une grande maison fascinante et inconnue pour y ouvrir ensemble des armoires et des tiroirs abandonnés et y découvrir ensemble des poupées russes. C'était un exercice d'humilité, un défi pour le Bantou porteur de semi-certitudes que je suis...
Pas un grain de la frivolité et de l'agitation immobile qui donnent à beaucoup d'entre nous le faux sentiment d'avoir « réussi » leur vie. Un jour où je suis à Dakar, il promet de passer me chercher pour aller prendre un vers. Je l'attends devant l'hôtel Savanah où des véhicules divers se garent toutes les minutes. Il est en retard. Pas de problème : un homme d'Etat gère constamment les urgences mystérieuses de la République. Pendant que je l'attends, un véhicule garé depuis longtemps pas loin « fait des appels de phare ». Je ne m'en offusque pas : nous avons l'esprit magique et le sens du spectacle. Au bout de quelques minutes, le chauffeur de ce voiture ambiguë ouvre lentement la portière et descends : c'était Mahammed, qui m'attendait depuis un moment et il conduisait lui-même son véhicule !
« Tu gâtes le métier de Premier ministre », lui di-je étonné par tant d'incivilité. Chez nous et ailleurs, ça ne se passe pas comme cela. Un haut dignitaire de la République ne s'abaisse pas à conduire. Il sourit, me tape sur l'épaule, et m'emmène dans un café de la ville où tous les employés ne se gênent pas pour le tutoyer en lui faisant la conversation. Les douleurs et les trahisons qui constituent la trame de nos vies intrinsèquement misérables par-delà nos pouvoirs d'achat supposés n'ont jamais ébranlé la fine conscience que Mahammed avait de notre devoir de vivre. De vivre pour autrui pour se donner, peut-être, une raison valable d'exister. Même lorsqu'il s'est parfois retrouvé dans ce lieu inévitable où la vie nous renvoie comme un miroir nos impossibilités, « l'en-commun du grand désenchantement » (comme l'énonce Patrick Chamoiseau), Mahammed est demeuré stoïque dans la foi.
De temps à autre, les mauvaises nouvelles me parviennent avec un acharnement cynique. Comme celle reçue le 5 avril m'annonçant son décès. J'ai parlé hier avec Caty, sa lumineuse épouse bien-aimée. Elle m'a dit : « Mahammed était mon guide, mon conseiller, mon ami, mon mari, mon tout. Il était un homme parfait, j'ose le dire. »
Mahammed Boun Abdallah Dionne, mon grand-frère, a été inhumé ce jour, 10 avril 2024 à Touba.
par Mouhamadou Sall
L’HYDROGÈNE, LA SOLUTION VERS UN MONDE NET ZÉRO CARBON
Alors que les conséquences du réchauffement planétaire se font de plus en plus sentir avec leur cortège de catastrophes, il devient urgent de repenser notre modèle énergétique
Relever le challenge de l’Energie et du Numerique ou s’enfoncer dans la dépendance et le sous-développement :
Cet article aborde l’un des deux enjeux majeurs actuels à relever obligatoirement : les enjeux climatiques et environnementaux vers un monde décarboné. Un second article à venir aborde les enjeux du numérique.
Gaz à effet de serre
Les gaz à effet de serre, naturellement présents dans l’atmosphère, font office de paroi absorbant une partie de la lumière du Soleil et de la chaleur émise par la Terre et, de ce fait, garantissent les conditions de la vie sur notre Planète.
Sans ces gaz, la température moyenne globale à la surface de notre planète serait froide (environ -18 °C).
L’activité humaine génératrice de gigantesques quantités de certains gaz, et l’accumulation de nouvelles substances entrainent un dérèglement de l’équilibre naturel provoquant un réchauffement et un changement climatique qui mettent en danger le devenir des êtres humains et de toute autre forme de vie sur notre Planète.
D’après les Nations Unies les combustibles fossiles, à savoir le charbon, le pétrole et le gaz sont responsables de l’effet de serre :
plus de 75 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre
près de 90 % de toutes les émissions de dioxyde de carbone.
Aussi, la transition énergétique est -elle devenue un consensus à l’échelle mondiale pour assurer «le passage d’une société de consommation abondante d’énergies fossiles à une société consommatrice d’Energie renouvelable ou d’Energie faiblement carbonée. »
Feuille de route de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie) Zero carbone en 2050« Net Zéro by 2050 »
L’AIE propose une feuille de route mondiale pour la décarbonation du secteur de l’énergie « Net Zéro by 2050 » : Net Zero by 2050 – Analysis - IEA. A. Il est donc recommandé d’utiliser toute ressource qui ne produit pas de gaz carbonique (ou CO2) lorsqu’elle produit de l’énergie.
Energie renouvelable ou faiblement carbonée.
Les énergies renouvelables provenant de sources dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu'elles puissent être considérées comme inépuisables à l'échelle du temps humain sont :
Énergie éolienne (terrestre et en mer)
Énergie solaire (photovoltaïque, thermique et thermodynamique)
Biomasse
Énergie hydraulique
Géothermie
Il est à noter que toutes les sources d’énergie renouvelables existantes sont exemptes d’émission de carbone, à l’exception de la biomasse qui émet un gaz CO2 local mais absorbé par les plantes ce qui contribue à la photosynthèse (absorption de CO2 et production d'oxygène (O2)).
Forte demande en énergie, de l’Afrique, horizon 2050
Selon OCDE (l’organisation de la Coopération et du Développement Economique) la croissance de la demande mondiale d’énergie n’est plus portée par les pays développés, mais par les pays émergents (la Chine, l’Inde et le Brésil) et aussi, d’ici 2050, par l’Afrique qui devrait connaître le taux de croissance urbaine le plus rapide du monde ce qui , en corollaire, entrainerait une forte demande croissante en Energie.
L’Hydrogène comme Solution vers un monde zéro émission CO2
Les projets à grande échelle qui s’appuie sur l’usage de l’hydraulique, des panneaux solaires et des éoliennes requièrent beaucoup d’espace qui peuvent impacter négativement sur l’environnement.
Eu égard aux besoins croissants en Energie, la solution durable pour atteindre les objectifs climatiques, vers un monde zéro émission de CO2, repose en grande partie sur l’hydrogène comme source d’ énergie:
Hydrogène naturel ou Hydrogène blanc
Hydrogène vert : produit par des énergies renouvelables telle que les éoliennes et les panneaux solaires. La seule émission qui en résulte serait de l’eau potable !
La fusion thermonucléaire, fondée sur les isotopes de l’hydrogène à l’état de recherche mais dont l’issue est certaine
L’hydrogène naturel ou natif (H2), ou hydrogène blanc
L’hydrogène a toujours été considéré comme un « vecteur énergétique » qui, contrairement aux énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), ne peut être produit qu’à partir d’une autre source d’énergie.
Cependant, la découverte de puits d’hydrogène naturel, ces dix dernières années, ouvrent des nouveaux axes de développement.
L’origine et l’étendu des ressources en hydrogène naturel dont des traces ont été trouvées dans plusieurs endroits de l’écorce terrestre et dans les océans sont en cours d’étude.
Il est à noter que le premier puits a été découvert à proximité de Bourakébougou, au Mali. Depuis plusieurs années, il alimente ce village en électricité.
Entre autres applications de l’Hydrogène : La pile à Hydrogène
Entre autres applications de l’hydrogène : la pile à hydrogène. La pile à hydrogène utilise l’hydrogène et l’oxygène comme combustibles et produit directement de l’Energie en fournissant de l’eau et de la chaleur.
La production de pile à hydrogène, partant de l’hydrogène blanc (après évaluation de l’étendue des ressources) et de l’hydrogène vert, est un enjeu majeur pour une alternative aux énergies fossiles pour les carburants qui alimentent les transports.
Fusion nucléaire ou reproduction de soleil artificiel dans les centrales électriques
La fusion nucléaire, objet de recherche depuis environ 70 ans, semble être la solution comme source d’énergie durable illimitée. Il s’agit de reproduire du soleil artificiel, dans les centrales électriques, en utilisant une source d'énergie sans limite et sans risque de déchet à vie longue.
La fusion nucléaire est une énergie propre qui use d’un combustible quasi inépuisable, sans carbone ni déchets à longue durée.
Le principe de la fusionnucléaire consiste à faire fusionner deux noyaux atomiques légers d'hydrogène pour en créer un lourd, de l'hélium, afin de libérer de l'énergie. La fusion nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre mais de l’hélium (He) stable.
Par opposition, le principe de la fission nucléaire, utilisée dans les centrales nucléaires actuelles, qui consiste à rompre des liaisons de noyaux atomiques lourds radioactifs entrainant la pollution radioactives
La fusion nucléaire utilise comme source d’énergie des atomes légers isotopes de l’hydrogène qui constituent un carburant quasi inépuisable :
le Deutérium , disponible en quantité illimitée dans la mer
le Tritium , qui n’existe pas à l’état naturel. Il est extrait du lithium qui est présent dans l’écorce terrestre, et à l'état de traces, dans les océans.
D’évidence la mise en œuvre de la fusion est complexe en particulier :
atteindre une température très élevée de l’ordre de 100 Millions de degrés soit 10 fois plus qu’au cœur du soleil
maintenir le plasma (milieu totalement ionisé) sur la durée.
Deux méthodes de fusion sont utilisées pour atteindre le seuil de rentabilité énergétique à savoir ; libérer une énergie de fusion supérieure à celle produite pour amorcer la réaction.
Fusion par confinement magnétique
Fusion par confinement inertiel
Fusion par confinement magnétique.
Les atomes légers d'hydrogène (deutérium et tritium) sont chauffés et le plasme obtenu est confiné par des champs magnétiques intenses à l’aide d’aimants.
Cette configuration est la plus proche d’un futur réacteur à fusion destiné à fournir de l’électricité. Elle est celle utilisée par plusieurs projets dont le projet ITER issu de la coopération internationale qui a débuté dans les années 80.
Le projet ITER regroupe 35 pays dont les Etats-Unis, l'Union européenne le Japon, la Chine, la Corée du Sud ITER - une énergie pour notre avenir
Le réacteur ITER devrait générer son premier plasma au début des années 2030.
Fusion par confinement inertiel.
Des lasers de très forte énergie sont envoyés à l'intérieur d'une capsule cylindre, de la taille d'un dé à coudre, contenant l'hydrogène.
Le but de cette méthode est de démontrer le principe physique de la fusion nucléaire.
Cette méthode est utilisée par le NIF (National Ignition Facility,) un laser de recherche extrêmement énergétique, construit par le laboratoire américain LLNL (Laboratoire national Lawrence Livermore). Laboratoire national Lawrence Livermore — Wikipédia (wikipedia.org)
Le 5 décembre 2022, le NIF a atteint pour la première fois le seuil de rentabilité énergétique où l'énergie produite est supérieure à l'énergie consommée. Cet exploit a été renouvelé le 07 août 2023
Émergence de startups en Fusion
Aujourd’hui, la course à la fusion fait rage. En raison de l’évolution technologique, en plus des projets internationaux et nationaux, on assite, dans la course, à une émergence de starts up.
Les enjeux de la transition énergique et celle du numérique sont une chance à saisir pour les pays en développement et pour l’Afrique en particulier.
L’hydrogène est la source d’Energie incontournable à l’horizon 2050. Tel est le message de Cheikh Anta il y a plus de 60 ans.
L’évolution technique a brisé les frontières entre les pays et favorisé le partage du savoir, du savoir-faire et du faire-savoir à travers le cyber espace, ce qui offre l’opportunité pour l’Afrique et le Sénégal en particulier d’être des références techniques mondiales à l’image des GAFAM (Google Facebook, Amazon, Apple, Microsoft).
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FAKE NEWS AUTOUR DE LA COOPÉRATION MILITAIRE FRANCO-SÉNÉGALAISE
Les réseaux sociaux se sont embrasés ces derniers jours avec la viralité d'une intox : Bassirou Diomaye Faye aurait réclamé le départ des soldats français stationnés sur le sol sénégalais. Des montages vidéos tronqués ont même circulé à ce sujet
Le nouveau président élu affiche une ferme ambition souverainiste. Mais contrairement aux rumeurs virales, il n'a nullement exigé le retrait des troupes françaises du pays.
Les réseaux sociaux se sont embrasés ces derniers jours avec la viralité d'une intox : Bassirou Diomaye Faye, le tout frais président sénégalais, aurait réclamé le départ des soldats français stationnés sur le sol sénégalais. Des montages vidéos tronqués, avec voix off artificielle, ont même circulé pour accréditer cette fausse information.
Pourtant, rien n'est moins vrai. Depuis son élection, le chef de l'État n'a jamais évoqué cette question épineuse. Son équipe de campagne l'a confirmé à France 24 : ce sujet est un "non-sujet" pour le nouveau pouvoir en place à Dakar.
Il faut dire que la France compte parmi les premiers partenaires économiques du Sénégal. Une rupture militaire semble donc peu envisageable, même si Faye prône incontestablement une vision plus souverainiste dans les relations avec l'ancienne puissance coloniale.
Rééquilibrage oui, rupture non. Un rééquilibrage qui pourrait d'ailleurs passer par une réduction conjointe des effectifs français. Environ 350 soldats sont actuellement déployés, essentiellement à des fins de formation auprès des armées locales et régionales.
Emmanuel Macron avait lui-même émis le souhait en 2022 d'une réduction du tonnage militaire français au Sénégal. Une volonté réaffirmée après l'élection de Faye, même si aucun chiffre officiel n'a encore filtré sur l'ampleur de ce potentiel redimensionnement.
C'est l'ex-ministre Jean-Marie Bockel, nommé envoyé spécial pour l'Afrique, qui planche actuellement sur des recommandations en ce sens. Réduire la voilure mais sans casser les amarres : tel semble être le cap à tenir avec le Sénégal, après les ruptures intervenues avec le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger ces dernières années.
MALI, LE GOUVERNEMENT SUSPEND LES ACTIVITÉS DES PARTIS POLITIQUES
Le régime malien a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon lui de "discussions stériles" et de "subversion".
Le régime malien a annoncé mercredi suspendre "jusqu'à nouvel ordre" les activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon lui de "discussions stériles" et de "subversion".
"Sont suspendues jusqu'à nouvel ordre, pour raisons d'ordre public, les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l'étendue du territoire national", dit un décret pris en conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et lu devant des journalistes par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement.
Il s'agit d'une nouvelle restriction à toute expression d'opposition ou de dissidence de la part des colonels qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 en renversant le président civil Ibrahim Boubacar Keïta. "Les actions de subversion des partis politiques et de leurs alliés ne font que se multiplier", dit le communiqué du conseil des ministres.
Ce nouveau tour de vis survient alors que les militaires se sont maintenus à la tête du pays au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle ils s'étaient engagés, sous la pression de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), à céder la place à des civils élus. Ils n'ont pas non plus organisé de présidentielle en février 2024 comme ils en avaient pris l'engagement.
Le colonel Maïga a justifié la suspension des partis en invoquant un "dialogue" national initié le 31 décembre par le colonel Goïta. Le lancement de ce "dialogue" ainsi que le non-respect de l'échéance du 26 mars ont donné lieu à des "discussions stériles", a dit le colonel Maïga. "On ne peut pas mener un dialogue aussi crucial que l'est le dialogue direct intermalien dans la cacophonie et la confusion", a-t-il dit. "On ne peut pas accepter que des forces politiques, pour une raison ou une pour autre, prennent en otage une initiative aussi salvatrice", a-t-il insisté.
L'opposition est réduite à l'impuissance depuis août 2020 par les mesures coercitives, les mises en cause judiciaires, les dissolutions d'organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte dans un pays confronté depuis 2012 au jihadisme et à une profonde crise multidimensionnelle.
Plusieurs partis et organisations de la société civile se sont cependant émus dans une déclaration commune le 31 mars du "vide juridique et institutionnel" laissé selon eux par le non-respect de l'échéance du 26 mars, ont réclamé des militaires une "concertation rapide et inclusive" pour la tenue de la présidentielle "dans les meilleurs délais" et se sont réservé la possibilité de "toutes les voies légales et légitimes" pour le retour des civils.
"Phase critique"
Un collectif d'organisations de défense des droits humains a estimé le même jour que le Mali se trouvait "dans une impasse" et qu'il était temps pour les militaires "de retourner dans les casernes" et de "laisser d'autres citoyens élus gérer les affaires publiques du pays". "On n'est pas du tout dans un vide juridique, la transition continue", a rétorqué le colonel Maïga mercredi en parlant de la période supposée transitoire entre l'arrivée au pouvoir des colonels et la rétrocession de celui-ci à des civils.
Le colonel Maïga a aussi invoqué la poursuite de la lutte contre les groupes armés jihadistes et indépendantistes touareg. "Le Mali est dans une phase critique", a-t-il déclaré. "Dans ces circonstances, on ne peut pas accepter que des débats politiques stériles nous ramènent là d'où nous venons", a-t-il dit.
Le communiqué du conseil des ministres annonce par ailleurs l'extension du périmètre de sécurité autour de l'aérodrome militaire et de la poudrière de la cité garnison de Kati, centre névralgique de la junte à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Depuis sa prise du pouvoir consolidée par un second putsch en mai 2021, la junte a multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l'alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Elle a poussé vers la sortie la mission de l'ONU Minusma. Elle a dénoncé l'accord signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord, considéré comme essentiel pour stabiliser le pays. A la suite du Mali, des militaires se sont emparés du pouvoir chez les voisins sahéliens du Burkina Faso en 2022 et du Niger en 2023. Les trois pays en proie au jihadisme ont forgé une alliance et décidé de quitter la Cedeao.
Par Ibou FALL
2029, C’EST MAINTENANT
Contrairement à Abdou Samba Toro Diouf, pour Macky, ce n’est qu’un au revoir, n’est-ce pas ? Les Sénégalais risquent de virer Diomaye et ses deux épouses à la prochaine présidentielle pour réclamer à gorges déployées son retour à lui, le Superman du PSE
Le sort en est jeté, c’est BDF qui est gravé sur le drapeau en miniature surplombant la présidence de la République. Depuis une semaine, le Palais n’abrite plus le même locataire. Macky Sall, conformément à la Constitution, le 2 avril 2024, après avoir remis de mauvaise grâce les clés du propriétaire à son successeur resté sur le perron, s’en est allé, raccompagné par un garde rouge dont le rigide pas de l’oie semble le virer à coups de pieds.
La veille, il se permet une ultime cérémonie officielle pour décorer ses compatriotes méritants, histoire de leur laisser un souvenir indélébile. Il y a un peu de tout dans le lot des récipiendaires : du brave soldat, du fonctionnaire frustré, du sportif en déclin, de l’artiste méconnu…
Mieux vaut tard que jamais ? Les bobos à panser, c’est derrière lui, désormais
Le prophète du Pse prendra un dernier bain de foule, une fois les grilles du Palais définitivement franchies, saluant au passage un peuple où se s’entremêlent les cris de remerciements de ses groupies côtoyant les rancuniers inconsolables qui tiennent à lui cracher un haineux bon débarras et sans regret. Il fera un saut chez lui, à Mermoz, où une populace d’inconditionnels se presse devant la demeure pour espérer lui serrer la pince une dernière fois.
Des images de son départ circuleront ensuite, à l’aéroport militaire Léopold Sédar Senghor de Yoff, faisant ses adieux à quelques proches alignés aux pieds de la passerelle de l’avion présidentiel, avant de s’envoler vers son destin que l’on localise pour l’heure au Maroc où un p’tit pied-à-terre l’attend dont quelques images circulent.
Sa misérable baraque de Marrakech a au moins l’avantage de le tenir loin des parquets financiers locaux qui pourraient se prendre pour la Crei et le sommer d’expliquer l’origine d’un tel luxe.
Vous savez bien, quand la «demande sociale» exige un bouc émissaire, plus il est haut placé, plus la camorra des indignés est heureuse…Il ne chômera pas longtemps, semble-til, Emmanuel Macron, le pape de la Françafrique, l’ayant recruté comme Envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète. Macky Sall aurait même commencé le job par une visioconférence depuis Dakar.
La bonne étoile, on l’a ou on ne l’a pas…
Un remake de l’alternance de 2000, lorsque le 1er avril, après la prestation de serment du Pape du «Sopi» au Stade de l’Amitié devant une marée de sans-culottes, Abdou Samba Toro Diouf lui remet les clés du propriétaire et s’éclipse par l’avion présidentiel à destination du Caire où il représentera son tombeur à un sommet de chefs d ’ E t a t . Il faudra à Abdou Samba Toro Diouf, cependant, un peu plus de temps pour se caser à la Francophonie. Le président Abdoulaye Wade aurait traîné des pieds pour lui accorder sa bénédiction…
Et puis, contrairement à Abdou Samba Toro Diouf, pour Macky Sall, ce n’est qu’un au revoir, n’est-ce pas ? Dans des courriers adressés à ses militants de l’APR et ses alliés de Benno bokk yaakkaar, il tient à préciser qu’il reste le président de l’APR, avec résidence à Marrakech tout de même, leur demandant de rester mobilisés pour se préparer à la reconquête du Palais.
Il ne le dit pas comme ça, j’avoue…
Mais c’est sous-entendu : les Sénégalais risquent de virer Bassirou Diomaye Faye et ses deux épouses à la prochaine présidentielle pour réclamer à gorges déployées son retour à lui, le Superman du PSE, et Marième Faye, l’attachante darling kor qui arrache des larmes aux sentimentales des taudis de banlieue…
Il y a déjà des imams qui regrettent le «soukeur’ou kôr» traditionnel tandis que les féministes hurlent au scandale : quatre femmes dans le vent, ça ne fait pas la parité dans un gouvernement. Les sempiternels attributaires illégitimes des passeports diplomatiques, les abonnés aux distributions de fonds politiques, les talibés qui ne tolèrent pas que l’on snobe leurs marabouts, les paresseux qui ne trouvent pas de travail mais jurent en chercher tous les matins, les pèlerins qui voyagent aux frais de la République, les bénéficiaires des marchés publics sans appel d’offres, les DG parachutés pour leur art de cirer les bottes et les PCA absentéistes ont du souci à se faire…
A cette cohorte de nouveaux pauvres, s’ajoutent leurs courtisans empressés et divers dégâts collatéraux : les onéreuses maîtresses, leurs bâtards et leurs familles dont les robinets s’assèchent brutalement. C’est tout autant de l’électorat hostile qui va gonfler dans les cinq prochaines années.
Il ne faut pas croire que c’est la fin des privilèges : ce sont juste les minois des privilégiées et leurs jolies fesses, qui changent. Pourquoi, dans la perspective de 2024, ne pas miser également sur un clash entre l’actuel président et son encombrant Premier ministre ? Ça pourrait aider…
C’est connu, la Primature est un cadeau empoisonné pour les fortes têtes. Puisque les pratiques païennes qui consistent à renverser du poivre dans une demeure sont démodées, le tandem présidentiel sortant, durant ses habituelles dévotions devant la Kaaba, devrait souhaiter une zizanie insoluble au sommet de l’Etat. C’est déjà arrivé, entre Léopold Sédar Senghor et Mamadou Dia, Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, Macky Sall et Abdoul Mbaye…
Bref, de quoi rester optimiste pour le futur : cinq ans, ce n’est pas une éternité…
Sauf que les duettistes Sall et Faye ne seront pas seuls à manœuvrer : le challenger de la dernière présidentielle, Amadou Ba, claque la porte de l’Apr pour appeler les bonnes volontés à faire bloc avec lui. Il vient de ramasser près de 35 % des votes, en dépit de la mauvaise volonté affichée (c’est un euphémisme) de Macky Sall à le soutenir. Les esprits chagrins parlent carrément de trahison.
L’équation Amadou Ba est qu’il se positionne d’entrée comme le patron de l’opposition et s’affranchit de la tutelle de Macky Sall en appelant les républicains, ou ce qui en reste, à la veillée d’armes pour les prochaines conquêtes. Il y aura sans doute bientôt des Législatives, puisque l’actuel Parlement n’accorde à aucun camp une majorité indiscutable. La prochaine bataille de Dakar, qui devra confirmer les forces en présence, risque d’être meurtrière : entre Barthélemy Dias qui n’a pas une tête à céder la place à Khalifa Sall, Amadou Ba qui a besoin d’une place forte pour attendre patiemment les signes du Destin et l’actuel régime qui fera un point d’honneur à s’emparer de la citadelle, tous les coups, ou presque, seront permis…
Vous voulez mon avis ? Je vous le donne quand même : on ne va pas sentir passer les cinq années qui viennent, il y aura du sport !