SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
16 avril 2025
International
MALGRE LA DISTANCE, LA DIASPORA CÉLÈBRE L'AÏD AUX CÔTÉS DU SÉNÉGAL
Dans les quartiers historiques de la diaspora à Paris et Montreuil, les témoignages abondent. Malgré les sacrifices consentis, les Sénégalais d'Île-de-France se mobilisent pour acheminer des fonds au pays
À l'approche de l'Aïd el Fitr prévue ce mercredi 10 avril, de nombreux membres de la diaspora sénégalaise en France intensifient leurs efforts de solidarité envers leurs proches restés au pays, comme en témoignent les témoignages recueillis par RFI dans le quartier historique de Château-Rouge à Paris et à Montreuil.
"Je me suis préparé pour pouvoir aider un peu", raconte Ousmane Diallo après avoir envoyé 200 euros à sa famille à Dakar via un bureau de transfert. Comme lui, beaucoup se "serrent la ceinture" pour réunir des fonds à faire parvenir au Sénégal. Ibrahima Sarre a de son côté destiné près de 600 euros à sa femme et ses enfants, expliquant que "quand tu es en France c'est pour travailler et envoyer au pays".
Même s'il travaille le jour de l'Aïd, Ousmane Diallo se réjouit que sa famille puisse "bien fêter", soulignant que "tout Africain en France soutient toute une famille restée au pays". Ibrahima Sarre, qui célébrera modestement en France, transmet aussi des "bénédictions" via cet argent destiné à acheter nourriture, vêtements et cadeaux.
Ces transferts financiers, parfois au prix de sacrifices, sont un "sacerdoce" pour ces travailleurs afin que leurs proches puissent dignement vivre cette grande fête religieuse et culturelle au Sénégal, malgré la distance.
DIOMAYE LANCE LA MACHINE RÉFORMATRICE
Le président a dévoilé sa feuille de route ce mardi en Conseil des ministres. Justice, emploi, développement territorial : les défis de société sont nombreux. Le chef de l'État demande audits, plans d'action et changement de paradigme
Réuni pour la première fois depuis son installation le 5 avril, le Conseil des ministres présidé par Bassirou Diomaye Faye a permis au chef de l'État de dévoiler ses grandes orientations pour le Sénégal. "Une rupture en profondeur est nécessaire à tous les niveaux", a-t-il estimé, remerciant le peuple pour "l'espoir immense" placé dans son "projet collectif".
Le président a fixé cinq priorités pour son action: la jeunesse, l'emploi et l'éducation; la lutte contre la vie chère; la modernisation de la justice et la bonne gouvernance; la souveraineté économique et le développement territorial ; le renforcement de l'unité nationale. Il a demandé au Premier ministre Ousmane Sonko de finaliser avant fin avril un plan d'actions gouvernemental précis sur ces orientations.
Diomaye Faye a également exigé une "revue générale" des administrations, des finances publiques et des partenariats. Il a ordonné au gouvernement de "repenser l'organisation et le fonctionnement" de l'appareil d'Etat, et de lancer une réforme numérique du service public. Le président a enfin insisté sur "l'écoute, l'efficacité et la collégialité" du gouvernement pour assurer la réussite du "projet collectif".
Le compte-rendu du Conseil des ministres ci-dessous :
"Le Conseil des ministres s'est tenu ce mercredi 9 avril 2024 au Palais de la République, sous la présidence du chef de l'Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
A l'entame de sa communication, le président de la République a saisi l'occasion de ce premier Conseil des ministres après sa prestation de serment le 2 avril 2024, pour exprimer, encore une fois, sa reconnaissance infinie et sa profonde gratitude au peuple sénégalais, qui lui a fait confiance, avec son élection au premier tour avec 54, 28% des suffrages exprimés. Ce qui dénote de l'espoir immense placé au projet collectif défendu pour un Sénégal uni, souverain, juste et prospère.
Le chef de l'Etat a, à cet égard, salué la maturité du peuple sénégalais et sa volonté manifeste de soutenir une rupture en profondeur ; d'accompagner une transformation du système à tous les niveaux de la vie économique et sociale du pays.
Le président de la République a remercié et félicité tous ses compagnons et soutiens pour l'engagement historique exceptionnel, la résilience et le courage qui ont permis cette alternance inédite, acquise de haute lutte avec tant de sacrifices.
Le chef de l'Etat a ainsi félicité Monsieur Ousmane Sonko, nommé Premier ministre de la République du Sénégal. Il a magnifié sa posture de patriote et son travail au quotidien pour la préservation des idéaux partagés afin de consolider la souveraineté et le rayonnement du Sénégal.
Le président de la République a en outre félicité les 25 ministres et les 5 secrétaires d'Etat, membres du gouvernement de résultats, nommés le 5 avril 2024.
Le chef de l'Etat a demandé au gouvernement d'accélérer la réalisation intensive et cohérente du projet en travaillant avec précision, diligence, méthode et efficacité à la satisfaction des populations et au mieux des intérêts du Sénégal.
Le président de la République a insisté sur le rôle, l'action et la responsabilité du gouvernement, institution qui doit toujours s'arrimer au respect de l'Etat de droit et aux valeurs panafricaines historiques qui entretiennent notre vie en société, au regard de la montée en puissance des impatiences et des exigences des populations.
Le chef de l'Etat a notamment rappelé la nécessité de définir et de mettre en œuvre une politique inspirée par le « projet » de transformation systemique du senegal, décliné en cinq (5) orientations majeures. Ces dernières doivent s'ériger en axes prioritaires de l'action gouvernementale. Il s'agit de :
1. la jeunesse, l'éducation, la formation, l'entreprenariat et l'emploi des jeunes et des femmes ;
2. la lutte contre la cherté du coût de la vie et l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages ;
3. la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l'amélioration de notre système démocratique et électoral ;
4. la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l'exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ;
5. la consolidation de l'unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.
Dès lors, le président de la République a demandé au Premier ministre, sur la base du projet et des orientations présidentielles sus indiquées, de finaliser, avant la fin du mois d'avril 2024, le Plan d'actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés.
Dans cette perspective, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de veiller à la mise en place effective et rapide des cabinets ministériels et de proposer, pour chaque ministère, une nouvelle organisation rationnalisée et des nominations qui sont conformes aux réformes et des objectifs sectoriels validés.
Le président de la République a également demandé au Premier ministre de :
- procéder à une revue générale des programmes et projets, du capital humain (audits des recrutements et des ressources humaines) et des ressources budgétaires dans chaque ministère ;
- faire la situation générale des finances publiques (conformément à la Code de Transparence dans la gestion des finances publiques), de la coopération internationale (l'état de toutes les conventions de financement signées) et des Partenariats Public- Privé ;
- engager, sans délai, avec le secteur privé (national notamment), la mise en œuvre d'une politique hardie de relance de l'économie nationale ;
- changer le référentiel de politique économique et sociale avec la consécration du projet ;
- préparer le programme législatif et réglementaire du gouvernement à partir des textes et de l'agenda d'adoption proposé par chaque ministère.
Enfin, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de repenser l'organisation et le fonctionnement de l'Administration et du secteur parapublic ; et d'accentuer la réforme du service public autour de la digitalisation des procédures et de la transformation numérique des structures.
Le président de la République a ordonné la tenue d'un séminaire gouvernemental de cadrage global de l'action de l'État, ainsi que le développement d'une Stratégie de communication gouvernementale innovante, basée sur l'anticipation, la précision des messages, mais surtout sur l'appropriation des politiques publiques par les populations, qui doivent rester au cœur des interventions du gouvernement.
A ce titre, le chef de l'Etat a invité les membres du gouvernement à rester humbles et sobres, à cultiver l'écoute, l'efficacité, dans la collégialité et la solidarité, afin d'assurer la réalisation soutenue du projet.
Le président de la République a par ailleurs partagé avec les membres du Conseil, la lettre d'orientations qu'il a adressée aux fonctionnaires et agents de l'Administration du Sénégal.
Clôturant sa communication, le président de la République a adressé, en cette veille de Korité, marquant la fin du mois béni de Ramadan, ses chaleureuses félicitations et ses meilleurs vœux à la Oumah Islamique. Il a prié pour un Sénégal de Paix, de solidarité de prospérité et de progrès.
Dans sa communication, le Premier ministre a tenu à féliciter le chef de l'Etat pour sa brillante élection à la magistrature suprême du Sénégal. Il a également remercié le président de la République pour sa confiance le plaçant à la direction du gouvernement et réitéré son engagement permanent et celui de l'ensemble du gouvernement à œuvrer, sous l'autorité du président de la République, à l'accomplissement du projet collectif et souverain au service des sénégalaises et des sénégalais."
VIDEO
TAHIROU SARR, LA DÉRIVE XÉNOPHOBE
Raevе, juriste, artiste et militant de gauche dénonce la montée inquiétante du "Zemmour sénégalais" et sa croisade contre les Guinéens. Si ce mouvement reste marginal, son influence grandit auprès d'une jeunesse en mal de repères
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Décrypter l'Afrique" présentée par Théophile Kouamouo, Raevе, juriste, artiste et militant de gauche sénégalais, a dénoncé la montée inquiétante de Tahirou Sarr, surnommé le "Zemmour sénégalais".
Ancien militant du parti Rewmi, Tahirou Sarr a créé le Mouvement Nationaliste Sénégalais, un parti ouvertement xénophobe et raciste. Selon Raevе, ce "parfait opportuniste" a profité du vide politique post-électoral pour imposer son discours haineux visant particulièrement les Guinéens.
"C'est quelqu'un qui porte un discours xénophobe, nationaliste, j'irai jusqu'à dire raciste" a tonné Raevе. "Il a plusieurs fois ciblé dans ses prises de parole les Guinéens, ce qui a été condamné par le CNRA."
Si le mouvement de Tahirou Sarr reste marginal pour l'instant, n'étant pas membre de la coalition au pouvoir, Raevе alerte sur les dangers d'un tel discours de haine qui séduit une partie de la jeunesse désœuvrée. "Ce type de propos naît souvent chez les jeunesses non formées, qui se laissent emballer faute d'ossature intellectuelle."
Face à cette menace, les autorités déploient une stratégie multiforme : réponses socio-économiques, lutte contre le racisme, défense de l'image d'un Sénégal de la Teranga. Selon Raevе, "les Sénégalais ne voudraient pas que ce discours de haine devienne la représentation du pays à l'international".
LE SORT DU FRANC CFA DÉPEND DES AFRICAINS, DIT PARIS
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, estime que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux États africains de décider", a-t-il déclaré
(SenePlus) - Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, tenant d'une ligne souverainiste, a remis en question l'utilisation du franc CFA pendant sa campagne électorale, plongeant l'avenir de la monnaie commune ouest-africaine dans l'incertitude.
Interrogé sur le sujet lors d'une visite en Côte d'Ivoire, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a estimé que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux Etats africains de décider", a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l'AFP, laissant entendre que Paris accepterait une réforme ou un changement de nom initié par les pays concernés.
Certaines voix critiquent de longue date la parité du franc CFA arrimée à l'euro, jugée pénalisante pour les exportations. Plus récemment, au Mali, au Burkina Faso et au Niger désormais dirigés par des juntes militaires plus souverainistes, des appels à quitter le franc CFA se sont fait entendre. La montée du sentiment anti-français chez les jeunes Africains mine la popularité de cette monnaie toujours imprimée en France.
Interrogé sur ces évolutions politiques régionales, le chef de la diplomatie française a vanté lors de sa tournée en Afrique de l'Ouest et au Kenya "des partenariats équilibrés" construits avec les pays alliés comme la Côte d'Ivoire, où il a rencontré le président Alassane Ouattara.
AU NIGERIA, LE GRAND EXODE DES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ INQUIÈTE
La crise économique, qui s'ajoute aux faibles salaires, au manque d'infrastructures sanitaires et à l’insécurité généralisée, fait fuir du pays les professionnels de la santé nigérians.
"Les élites préfèrent se soigner à l'étranger plutôt qu’au Nigeria et ça en dit long sur l’état des hôpitaux dans le pays", déplore Hassan Adewunmi, étudiant en deuxième année de médecine sur le chemin qui le mène à son université dans le nord de Lagos. Le jeune homme de 19 ans se dit toutefois prêt à quitter son pays, lui aussi, à la fin de ses études à la Lagos State University College of Medicine, mais à contre-cœur.
Face à une inflation galopante autour de 30% début mars, aux faibles salaires, au manque d'infrastructures sanitaires et à l’insécurité généralisée au Nigeria, les professionnels de la santé quittent le pays par milliers chaque année, d'après les associations du secteur médical.
Entre 15.000 et 16.000 médecins ont plié bagage au cours des cinq dernières années, a indiqué le ministre nigérian de la Santé, Muhammad Ali Pate, dans une interview télévisée pour la chaîne locale Channels TV, au début du mois de mars. Aujourd’hui, le pays le plus peuplé d’Afrique compte seulement 300.000 professionnels de la santé, dont 55.000 médecins, pour une population de 220 millions d’habitants, selon le ministre.
Liste rouge
"Les médecins au Nigeria gagnent en moyenne entre 2.000 (1.839 euros) et 4.000 dollars (3.679 euros) par an, donc près de 200 dollars chaque mois. Ils valent mieux que cela", a déclaré à l’AFP Moses Onwubuya, président de l’association des étudiants en médecine du Nigeria (NIMSA).
La plupart des soignants nigérians se trouvent dans les grandes villes du pays. Selon le ministre de la santé, il y a environ 7.600 médecins à Lagos, la ville la plus peuplée du pays, et 4.700 à Abuja, la capitale fédérale. Dans le reste du Nigeria, il y a environ 2 médecins pour 10.000 habitants.
"Nos établissements de santé ne répondent pas aux normes et sont en sous-effectif, ce qui entraîne un épuisement professionnel général", a déclaré à l’AFP, Dele Abullahi, le président de l’association nigériane des médecins résidents (NARS) et médecin généraliste à l’Université d’Ilorin Teaching Hospital dans le sud-ouest du Nigeria. En 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a placé le Nigeria sur sa liste rouge des Etats confrontés à une grave pénurie de personnels de la santé.
"Les soignants se dirigent majoritairement vers le Royaume-Uni, le Canada et les Etats-Unis, mais aussi de plus en plus dans des pays du Moyen-Orient comme l’Arabie saoudite. Ils vont aussi en Scandinavie", détaille Moses Onwubuya. Selon le Centre de recherche et de projets sur le développement (DRPC), une organisation à but non lucratif basée au Nigeria, près de 5.000 médecins ont déménagé au Royaume-Uni entre 2015 et 2021.
Fuite des cerveaux
Pour tenter de limiter la fuite des cerveaux, le député Ganiyu Johnson a proposé une loi en 2023 obligeant les diplômés en médecine à travailler pendant cinq ans au Nigeria, avant d'obtenir leur autorisation d'exercer complète.
Rejetée en bloc par les associations de médecins, cette proposition de loi n’a toujours pas été adoptée par les parlementaires. Du côté des infirmiers, la législation a changé depuis le 1er mars, les obligeant à exercer au moins deux ans au Nigeria avant de pouvoir quitter le pays.
"Il faut augmenter les salaires, acheter du matériel, rénover les hôpitaux, mettre en place des bourses d’études pour les étudiants. C’est ce que doit faire le gouvernement", a déclaré à l’AFP Stella Naomi Oluwadare, infirmière dentaire qui affirme gagner 250.000 nairas (200 euros) par mois avec dix ans d'expérience. Cette mère de famille de trois enfants s'apprête à rejoindre cet été son époux orthodontiste qui a émigré au Canada en 2022.
Pour Chomas Abiodun, 35 ans, infirmière généraliste dans un hôpital privé dans le nord de Lagos, la situation actuelle du corps médical met en danger la formation des prochaines générations d’étudiants. "Si tous les professionnels qualifiés quittent le pays, qui va enseigner dans les écoles et encadrer les jeunes lors de leurs stages dans les hôpitaux ? Quelque chose doit changer", s’inquiète-t-elle.
Le ministre de la Santé s’est engagé en mars à se pencher sur le sort des professionnels de la santé, en commençant par envisager une augmentation de leurs salaires.
L'ARMÉE BURKINABÈ REÇOIT UNE DOUZAINE DE DRONES TURCS POUR LA LUTTE ANTIJIHADISTE
Ces drones – des Bayraktar TB2 et Bayraktar Akinci –, ont été remis à l'armée par le chef du régime militaire, le capitaine Ibrahim Traoré, lors d'une cérémonie filmée et diffusée par la présidence.
L'armée du Burkina Faso a reçu lundi une douzaine de drones de combat livrés par la Turquie afin de lutter contre les groupes jihadistes, selon la présidence burkinabè.
Ces drones – des Bayraktar TB2 et Bayraktar Akinci –, ont été remis à l'armée par le chef du régime militaire, le capitaine Ibrahim Traoré, lors d'une cérémonie filmée et diffusée par la présidence.
"Tous les tests ont été concluants, c’est donc une fierté de confirmer que ces appareils rejoignent la flotte de l’armée burkinabè", a assuré le capitaine Traoré, en présence du ministre de la Défense, le général Kassoum Coulibaly.
Le "TB2" a "fait ses preuves depuis le début de cette guerre", a estimé M. Traoré, ajoutant qu'"Akinci" avait "surpassé les capacités techniques prévues par le constructeur". "L’agrandissement de la flotte permet donc d’intervenir en temps opportun" et d'effectuer "une surveillance permanente", a-t-il expliqué.
"Nous avons une multitude d’engins de ce type actuellement dans le ciel qui scrutent, qui recherchent pour retrouver et détruire tout ennemi grâce aux contributions des populations", a de son côté indiqué le général Coulibaly.
Le chef du régime militaire burkinabè a remercié le président turc Recep Tayyip Erdogan pour ce partenariat "sain et sincère". Après avoir tourné le dos à l'armée française l'année dernière, le Burkina s'est rapproché de nouveaux partenaires, parmi lesquels la Turquie et la Russie.
Le pays est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique, ainsi qu'aux représailles attribuées aux forces armées et leurs supplétifs, qui ont fait quelque 20.000 morts et deux millions de déplacés.
LA PARITÉ S'ÉLOIGNE
Avec 13% de femmes nommées, le gouvernement Sonko affiche la plus faible représentation féminine depuis 24 ans. Un coup dur pour le Caucus des femmes leaders qui avait pourtant œuvré pour que les candidats s'engagent à atteindre un minimum de 30%
Face à un gouvernement aux allures masculines, le Caucus pointe du doigt une régression contraire aux attentes et demandes des Sénégalaises. Il réclame des à travers le communique ci-après, des mesures correctrices :
"COMMUNIQUÉ DU CAUCUS DES FEMMES LEADERS DU SÉNÉGAL
Le Caucus des femmes leaders félicite Son Excellence M. le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, suite à son accession à la magistrature suprême de notre pays. Le Caucus salue la nomination de Monsieur Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, et félicite l'ensemble des membres du gouvernement particulièrement les femmes.
Le Caucus a suivi avec beaucoup d'intérêt la formation du nouveau gouvernement et exprime sa déception par rapport à la faible représentation des femmes.
De 2012 à 2024, le Caucus a contribué à toutes les élections (présidentielles, législatives et locales), soit à travers des actions de renforcement de capacité ou la production de documents pour une meilleure représentation des femmes dans les sphères de décision.
En 2019, le Caucus a fait un document « Quel président pour la famille sénégalaise » qui avait été accepté et validé par tous les candidats.
Pour l'élection présidentielle de 2024, le Caucus est allé à la rencontre des candidats pour qu'ils s'engagent à intégrer les points suivants dans leurs programmes :
- Le ticket présidentiel, avec une femme vice-présidente.
- La nomination au moins de 30% de femmes dans le futur gouvernement et dans les postes de Direction, de PCA, etc.
Une étude menée par le CAUCUS en 2022 sur la participation politique des femmes a montré que de 1978 à 2021 la présence des femmes dans le gouvernement a eu une évolution en dents de scie, mais après l'an 2000, a même atteint des pics de 30 à 33%.
Depuis plus de 24 ans, c'est pour la première fois que le taux de représentation est descendu à un niveau aussi bas avec seulement 13%. Cette rupture est aux antipodes des espérances des femmes qui représentent la moitié de la population, c'est pourquoi pour le CAUCUS, il est inconcevable d'accepter une telle régression.
Le Caucus fait appel aux autorités et à toutes les personnes favorables à élever la voix pour redresser cette situation."
par Souleymane Bah
FRANC CFA : ENJEUX DE SOUVERAINETÉ ET VOIES VERS L'AUTONOMIE MONÉTAIRE
Pour les pays de la zone CFA, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable
Le franc CFA, initialement acronyme de « Franc des Colonies Françaises d'Afrique », puis devenu « Franc de la Communauté Financière Africaine » pour les pays de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine » et « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale » pour les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale), représente un cas unique de monnaie partagée par plusieurs états dits souverains. Créé initialement en 1945, dans le contexte d'après-guerre et de reconstruction des économies européennes, le franc CFA illustre les complexités de liens monétaires étroites hérités de la colonisation française et leurs impacts sur le développement économique et social des pays membres.
Dans son article paru en 2011, Jérôme Blanc' met en lumière le rôle central de la monnaie dans les périodes de bouleversements politiques et économiques, ainsi que les conséquences de la subordination du monétaire au politique. Cette dynamique se retrouve dans l'histoire du franc CFA, bien que dans un contexte différent, illustrant comment la monnaie peut à la fois refléter et façonner les relations de pouvoir économique et politique.
A l'instar de la situation française durant la seconde guerre mondiale, où la monnaie était un instrument au service des stratégies de l'occupant allemand et du gouvernement de Vichy, le franc CFA a été critiqué pour son rôle dans la perpétuation de la dépendance économique vis-à-vis de la France.
L'introduction du franc CFA visait à faciliter l'intégration économique et monétaire des colonies africaine dans l'économie métropolitaine française, garantissant ainsi un accès privilégié aux ressources naturelles. Cette initiative s'inscrivait dans une logique de reconstruction économique de la France, où les colonies jouaient un rôle crucial en fournissant les matières premières nécessaires. 'Jérôme Blanc, 2011. Pouvoirs et monnaie durant la seconde guerre mondiale en France : la monnaie subordonnée au politique. Hal Open Science.
La zone franc CFA est caractérisée par une politique monétaire unique supervisée par la banque de France, jusqu'à des reformes récentes visant à alléger cette tutelle. Cette centralisation a eu des conséquences sur le développement économique et social des pays membres.
La garantie de la convertibilité du franc CFA par le trésor français a certes attiré des investissements, mais elle a également encouragé les fuites de capitaux vers des marchés et pays jugés plus sûrs, limitant ainsi les fonds disponibles pour des projets de développement local.
La zone franc CFA favorise historiquement et prioritairement les échanges avec la France et les pays de l'Union européenne, contribuant à une certaine dépendance et par conséquent freinant la diversification économique et l'intégration à l'échelle africaine.
La comparaison entre le franc CFA et la situation monétaire de la France durant la seconde guerre mondiale révèle l'importance cruciale de la souveraineté monétaire pour l'indépendance économique et le développement. Dans les deux cas, la subordination de la politique monétaire à des intérêts extérieurs a entravé la capacité des gouvernements à agir dans l'intérêt propre de leur développement économique et social.
Dans les années 1960, au début des indépendances des pays de l'Afrique de l'Ouest, la comparaison entre le Sénégal et la Corée du Sud aurait semblé pencher en faveur du premier en termes de potentiel économique. A l'époque, le Sénégal, avec ses ressources naturelles abondantes et son accès au vaste marché africain, était perçu comme un candidat prometteur pour la croissance économique et le développement. La Corée du Sud, quant à elle, était un pays ravagé par la guerre, avec peu de ressources naturelles et un avenir économique incertain.
Cependant, au cours des décennies suivantes, la trajectoire de ces deux pays a pris des directions radicalement différentes. La Corée du Sud, grâce à une politique de souveraineté monétaire affirmée, associée à une stratégie économique centrée sur l'industrialisation, l'éducation et l'innovation technologique, s'est transformée en une des économies les plus dynamiques et innovantes du monde. Cette transformation, souvent appelée le "Miracle sur le fleuve Han", a vu la Corée du Sud, l'un des plus pauvres du monde, se transformer en une puissance économique incontournable et devenir un leader mondial dans des secteurs tels que l'électronique, l'automobile et la technologie de l'information.
La pleine souveraineté monétaire a joué un rôle crucial dans ce processus. En contrôlant sa propre monnaie, la Banque de Corée a pu mener des politiques monétaires adaptées aux besoins de l'économie nationale, favorisant les investissements dans les industries clés et soutenant l'exportation par une gestion stratégique du taux de change. De plus, le gouvernement sud-coréen a utilisé sa capacité de financement souverain pour investir massivement dans l'éducation et la recherche et développement, établissant les fondations d'une économie basée sur la connaissance et l'innovation.
Cependant, le Sénégal, restreint par les contraintes du franc CFA et une certaine dépendance économique envers la France et d'autres partenaires occidentaux, a eu du mal à réaliser une croissance économique autonome à un rythme comparable. Bien que le franc CFA ait offert une certaine stabilité monétaire, il a aussi limité la flexibilité des politiques économiques du Sénégal, entravant sa capacité à répondre efficacement aux défis économiques internes et externes.
Cette divergence des trajectoires économiques met en évidence l'importance de la souveraineté monétaire comme facteur clé du développement économique. Récemment, des réformes ont été initiés pour redéfinir le rôle de la France dans la gouvernance du franc CFA, illustrant une volonté de réajuster les liens post-coloniaux vers une ère de partenariat plus équilibré et gagnant-gagnant
La question de la sortie du Franc CFA a été un sujet de débat intense parmi les économistes, les politiques, et les chercheurs, particulièrement en Afrique et en France.
Plusieurs auteurs et universitaires parmi eux, Nicolas Agbohou, Samir Amin, Demba Moussa Dembélé, Mamadou Koulibaly, Sanu Mbaye, Kako Nubukpo, Fanny Pigeaud, Joseph Tchundjang Pouemi, Mahamadou Lamine Sagna, Ndongo Samba Sylla et bien d'autres, ont apporté des contributions significatives à cette discussion, analysant les implications économiques, politiques et sociales d'une éventuelle sortie de cette zone monétaire.
Une solution de sortie du franc CFA, en espérant qu'elle sera dotée d'un nom qui résonne africain, implique plusieurs étapes stratégiques visant l'autonomie monétaire et économique tout en minimisant les risques de déstabilisation externes comme ce fût le cas de la Guinée juste après les indépendances. Une approche rigoureuse et bien planifié est crucial pour bien réussir cette transition.
Pour le Sénégal et comme pour les autres pays de la zone franc CFA, la réflexion sur la souveraineté monétaire et l'exploration de modèles économiques alternatifs, comme ceux proposés par la MMT (Modern Money Theory) ou Théorie Monétaire Moderne (TMM) basée sur les travaux de Randy Wray, Warren Mosler, Stephanie Kelton, et bien et d'autres, en concert avec une politique de gestion rigoureuse de l'inflation, offrent une voie prometteuse pour réaliser leur plein potentiel économique.
La MMT offre un cadre révolutionnaire qui pourrait redéfinir la manière dont les pays de la zone CFA perçoivent leur souveraineté monétaire et leur capacité à financer le développement économique et social. La MMT souligne que les gouvernements souverains, qui émettent leur propre monnaie, ont en fait une capacité financière illimitée pour financer des dépenses publiques et investir massivement dans l'infrastructure, l'éducation, la santé, et la technologie, stimulant ainsi la croissance et améliorant le bien-être social, à condition qu'ils opèrent dans leur propre devise. Contrairement à la croyance traditionnelle que les gouvernements doivent collecter des impôts ou emprunter pour dépenser, la MMT soutient que les gouvernements dépensent d'abord et collectent des impôts ensuite. L'émission de monnaie est le principal outil par lequel un gouvernement finance ses dépenses. Cette idée est particulièrement pertinente pour les pays souhaitant se défaire du franc CFA, car elle suggère qu'après avoir établi une monnaie souveraine, un pays comme le Sénégal pourrait embrasser des politiques ambitieuses de plein emploi sans la contrainte de financer ces politiques par l'emprunt extérieur ou la crainte d'un déficit budgétaire insoutenable. Un point critique de la MMT est sa prise en compte de l'inflation. Elle reconnaît l'inflation comme une contrainte réelle mais gérable, principalement à travers une politique fiscale efficace.
Pour optimiser la transition vers une monnaie pleinement souveraine et l'application de la MMT dans le contexte de sortie du franc CFA, il est vivement recommandé d'employer des modèles de simulation avancés, tels que ceux basés sur la dynamique des systèmes. Ces modèles offrent une méthode rigoureuse pour anticiper les impacts économiques, sociaux et financiers de telles politiques monétaires et fiscales avant leur mise en œuvre. En effectuant des tests de résistance (stress tests) approfondis, les décideurs peuvent identifier les risques potentiels, les vulnérabilités et les opportunités associés à l'introduction d'une nouvelle monnaie, garantissant ainsi une transition plus fluide et sécurisée.
Le débat sur le franc CFA aujourd'hui rappelle la période de reconstruction post-seconde guerre mondiale en France, où la souveraineté monétaire était cruciale pour la reconstruction nationale. Pour les pays de la zone CFA, une réforme du système monétaire, tenant compte des réalités économiques et les aspirations au développement du continent, est également cruciale. Toutefois, de tels changements nécessitent une coordination régionale et une volonté politique forte pour surmonter les inerties et les intérêts établis, à la fois au niveau national et international.
L'histoire de la monnaie, que ce soit en France sous l'occupation ou dans les pays utilisant le franc CFA, démontre que la monnaie est bien plus qu'un simple moyen d'échange, d'unité de compte ou de réserve de valeur ; elle est un reflet des dynamiques de pouvoir, de souveraineté, et d'autonomie. La manière dont une société gère et contrôle sa monnaie peut avoir des implications profondes et durables sur son développement économique et social. Pour les pays de la zone CFA, comme pour la France d'après-guerre, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable. L'implémentation réussie de la MMT dans le contexte d'une sortie du franc CFA impliquerait le renforcement des capacités institutionnelles.
par Adama Thiam
PATRIOTISME ET RESPONSABILITÉ MÉMORIELS
Notre conviction reste figée à l'impérieuse nécessité de concevoir des communautés régionales politiques qui permettront à nos pays, en Afrique, d'élaborer des politiques publiques communes fondées sur la mutualisation des ressources
Le peuple sénégalais, dans la pluralité de ses composantes, vient d'élire son cinquième président de la République, M. Bassirou Diomaye Diakhar Faye, issu de l'opposition, au premier tour du scrutin de mars 2024, avec 54,28% des suffrages valablement exprimés, loin devant le candidat de la majorité sortante, M. Amadou BA, 35,79%. Resplendissante expression, à travers les urnes, d'une aspiration profonde à une nouvelle forme de gouvernance plus démocratique, empreinte d'éthique, plus respectueuse des libertés fondamentales des citoyens, et adossée à l'idéal d'une société plus juste et prospère enracinée dans les valeurs fondamentales du panafricanisme.
D'abord, les nouvelles figures de la majorité présidentielle, particulièrement les responsables du parti Pastef, ont une grande responsabilité et un rendez-vous avec l'Histoire. Jamais dans la démocratisation moderne des Nations africaines, une formation politique formée par des jeunes, membres de l'élite administrative, n'a entamé une telle entreprise immense, suscité un si énorme espoir et réussi à conquérir le pouvoir, dès le premier tour de l'élection présidentielle, à la suite d'une adversité permanente et d'une tentative de son démantèlement.
Il est moins difficile d'arriver au sommet du pouvoir que de l'exercer avec responsabilité et habileté, pour offrir à sa Nation émancipation et prospérité, dans un empire du monde, toujours plus mortel, où les antagonismes entre forces politiques, économiques et financières sont plus aigus et porteurs de germes destructeurs pour les Nations et les Etats faiblement préparés aux défis innombrables et fluctuants.
L'exercice du pouvoir n'est nullement un long fleuve tranquille encore moins une recherche de gloire personnelle. En effet, il demande sens du devoir, autorité, humilité et des concours de circonstances favorables. La coalition Diomaye Président 2024 a proposé un projet au peuple sénégalais. Des objectifs, des ressources et un délai. En fait, plus qu'un projet, la nouvelle classe politique doit impérativement mettre en avant un nouvel idéal de société et une stratégie partagée, par l'essentiel des forces vives de la Nation, susceptibles de transcender les mandats présidentiels.
De surcroît, l'absence de démocratie interne dans les formations politiques à la tête desquelles trône un président inamovible ne facilite, certes, pas une meilleure formation des militants et des citoyens, une contribution utile aux affaires publiques.
Ni le Parti Socialiste, ni le Parti démocratique sénégalais, encore moins l'Alliance pour la République ne survivront à leurs fondateurs. Cette appropriation malsaine par ces conglomérats en réalité, témoigne de l'absence de sens de la transmission.
Cette perversion de la démocratie constitue une source explicative de la patrimonialisation des affaires publiques.
Par conséquent, pour une meilleure réussite, le nouveau pouvoir politique doit impérativement conduire des réformes majeures pour assainir l'espace politique, à la suite de la prolifération de formations politiques, souvent opportunistes et parasitaires ; veiller à la stabilisation de la constitution, notamment dans l'intelligibilité du texte, trop sujet à des interprétations diverses admissibles, et des institutions ; auditer les effectifs de l'administration centrale et territoriale dans le but de rationnaliser le personnel ; recourir au numérique pour favoriser l'éclosion d'un service public plus transparent, plus efficace et plus accessible aux citoyens. Humilité et sens du devoir doivent guider chaque citoyen dans ses actes, car si tout le monde ne peut accéder aux responsabilités dans une République, tout le monde peut, cependant, participer aux efforts de construction d'une communauté nationale solidaire, juste et aisée.
La brutalité et les violences des forces de l'ordre notées dernièrement au Sénégal, commandent de mener des enquêtes et des poursuites judiciaires. De même, les crimes financiers commis, et souvent publiés par les organes de l'Etat, dans leurs différents rapports, et révélés par les médias, doivent être sévèrement sanctionnés. Le nouveau pouvoir doit veiller à garantir l'indépendance de la justice et ne point chercher à s'immiscer dans le processus de la reddition des comptes. Il doit être disposé à affronter les facéties du peuple sénégalais. Simultanément, les Sénégalais sont capables de demander une reddition des comptes aux pouvoirs publics et les taxer, dans la même agitation, de cruauté, d'acharnement ou d'inclémence. Aussi, il est urgent de s'engager très rapidement dans la construction de nouveaux centres de détention plus respectueux des droits de l'homme. Une terre qui a connu, durant des siècles, une humiliation permanente d'envahisseurs-prédateurs - esclavage et colonisation - ne peut aucunement accepter que la dignité de ses enfants soit enfreinte.
Le véritable PSE, Plan Sénégal Education, doit être pensé et mis en œuvre pour façonner un nouveau modèle de citoyenneté. En outre, au vingt-et-unième siècle, il est plus sage d'associer dans la gouvernance les citoyens grâce aux immenses progrès, dans la collecte et la diffusion des savoirs et des opinions, portés par la révolution numérique. Et cela requiert un militantisme plus sincère, de la part des citoyens, un militantisme porté par des idéaux justes et moins flagorneurs, qui vise plus à contribuer à la construction d'une meilleure communauté nationale et moins disposer de la générosité ou de la reconnaissance des gouvernants.
Le dilemme, pour les nouveaux gouvernants, risque de se trouver sur comment atteindre cet objectif de citoyenneté qui enjoint la discipline, donc de la contrainte érigée par une autorité, qui en fin de compte aspire à l'élévation du niveau de culture et de civisme de la population, sans pour autant verser dans l'atteinte à la liberté, droit fondamental des sociétés modernes. De tout temps, les critiques du mouvement socialiste et collectiviste ont eu une véritable crainte de voir, à force de vouloir régenter la vie des citoyens pour atteindre l'ambition nationale d'une communauté plus juste et prospère, sombrer dans la tyrannie. L'enfer est pavé de bonnes intentions.
En outre, universitaires, hommes des médias, intellectuels, syndicalistes et autres mouvements sociaux doivent éviter, à force de vouloir suivre l'euphorie populaire ou la peur de recevoir des avis impertinents, d'aduler les nouveaux détenteurs du pouvoir politique ou encore se mettre servilement à leur disposition sans interroger constamment si leurs décisions et leurs actions répondent aux convoitises légitimes et possibles des populations actuelles et futures. Il est indispensable pour une meilleure respiration démocratique d'encourager l'expression d'opinions contraires à celles qui prédominent et la formulation d'autres alternatives.
En démocratie, la quête de nouveaux droits, l'espérance toujours à une meilleure vie sont des mouvements consubstantiels à son approfondissement.
De plus, le futur gouvernement devrait très rapidement, sur le plan économique, après avoir identifié des secteurs porteurs de croissance, notamment dans les filières agricoles auxquelles il pourrait adjoindre sa stratégie d'industrialisation, accroître les investissements, initiés par les régimes précédents, dans le secteur énergétique. L'exploitation future des hydrocarbures doit permettre au Sénégal d'être une terre attractive aux investissements directs étrangers.
Un nouvel écosystème fondé sur la maitrise des coûts de production énergétique, composé de voies de communications construites dans le but d'augmenter la productivité, d'amorcer des activités économiques nouvelles - motivées par les réelles potentialités des territoires et la conviction forte de réaliser des profits et des recettes fiscales -, d'intégrer des activités économiques et d'encourager une mutualisation des services aux entreprises pour la constitution de marchés viables, doit être promu pour relever le défis de l'emploi et de la création de revenus, gages d'une amélioration du niveau de vie des populations.
Notre conviction reste figée à l'impérieuse nécessité de concevoir des communautés régionales politiques qui permettront à nos pays, en Afrique, d'élaborer des politiques publiques communes fondées sur la mutualisation des ressources. En effet, la rapacité des puissances étrangères, en particulier celles occidentales, assise sur un système politique et administratif solide et aguerri, des entreprises publiques comme privées détentrices de tous les leviers nécessaires à la puissance économique et financière - connaissances, brevets, technologies, maîtrise des circuits financiers et de la négociation - des structures militaires efficaces dans la collecte et le traitement de renseignements, disposant de moyens de coercition inimaginables, témoignent de l'impossibilité pour un seul État en Afrique de mettre en place des stratégies efficaces pour leur faire face.
Mais encore, en 2023, le Fonds Monétaire International et les autorité sortantes du Sénégal ont abouti à un « accord au niveau des services sur la conclusion des premières revues au titre du Mécanisme Elargi de Crédit et de la Facilité Elargie de Crédit, ainsi que de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité ».
Le Sénégal, sous emprise d'un programme du fonds monétaire, est donc assujetti à un ensemble de réformes, et renseigne que les autorités gouvernementales nouvelles n'auront pas totalement l'autonomie dans la conception et les décisions politiques. Des lors, il est de leur devoir d'envisager des alternatives et des manœuvres réfléchies, pour appliquer leurs engagements tenus auprès des populations, et concomitamment éviter de plonger le Sénégal dans une conflictualité avec l'extérieur.
Le Sénégal, modeste par la taille de sa population et de sa superficie mais immense par la qualité des hommes qu'il a vu naître sur son sol, doit être inspirateur des transformations profondes de la nouvelle Afrique. Les nouvelles autorités doivent tracer les chemins de la dignité. Elles ont les ressources, l'énergie et la légitimité populaire pour relever les défis qui se présenteront continuellement durant l'exercice de cette nouvelle mandature. Le Sénégal doit être assimilé à la grandeur du continent africain. Plus qu'un territoire abritant des peuples - pluriels mais unis dans leur diversité -, terre où les particularismes sont constamment sublimés, décidés à avoir un commun vouloir de vie commune, le Sénégal doit être un espoir, un phare, une guidance pour l'Afrique mais également pour le reste du monde, à travers son sens du dialogue permanent.
LE COUAC MÉMORIEL DE PARIS SUR LE GÉNOCIDE DES TUTSI
Emmanuel Macron avait promis de nouveaux éclairages sur le rôle controversé de la France au Rwanda en 1994. Sa sortie du dimanche n'en a pourtant apporté aucun, déroutant partisans comme détracteurs. Que s'est-il passé à l'Elysée ?
(SenePlus) - Dans un geste très attendu à l'occasion des commémorations du 30e anniversaire du génocide des Tutsi au Rwanda, Emmanuel Macron s'était engagé à reconnaître de nouveau la responsabilité de la France dans ce drame, selon un message transmis aux journalistes par l'Elysée. Cependant, dans une vidéo publiée le dimanche 7 avril, le président français a finalement fait marche arrière, ne réitérant pas ces propos, suscitant l'incompréhension et l'indignation, rapporte Le Monde.
Dans cette vidéo, encadré par les drapeaux français, européen et rwandais, M. Macron déclare : "Je crois avoir tout dit ce 27 mai 2021 quand j'étais parmi vous. Je n'ai aucun mot à ajouter, aucun mot à retrancher de ce que je vous ai dit ce jour-là", en référence à son discours historique tenu à Kigali. Pourtant, trois jours plus tôt, l'Elysée avait affirmé que "le chef de l'Etat rappellera que quand la phase d'extermination totale des Tutsi a commencé, la communauté internationale avait les moyens de savoir et d'agir (...) et que la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n'en a pas eu la volonté."
Cette volte-face inattendue a été très mal accueillie par les spécialistes du sujet. "C'est un bazar insensé", commente un diplomate cité par Le Monde. Vincent Duclert, historien auteur du rapport qui a précédé la réconciliation franco-rwandaise, avait vu dans les propos initialement envisagés "un nouveau pas en avant". A Kigali également, on s'offusque de ce revirement qu'on attribue aux conseillers les plus conservateurs de M. Macron.
"Les mots ont une importance, surtout quand il s'agit de centaines de milliers de morts", souligne l'un des contributeurs à la rédaction du discours de 2021, cité par Le Monde. L'ambassadeur français à Kigali, Antoine Anfré, qui avait été un lanceur d'alerte du Quai d'Orsay en 1994, défend la version initiale.
Lors de la cérémonie de commémoration, les dirigeants rwandais n'ont d'ailleurs pas manqué de pointer du doigt les atermoiements français. Le président Kagame a dénoncé "la communauté internationale [qui] nous a laissés tomber". Son ministre a affirmé que "le génocide aurait pu être évité" et que "la volonté a fait défaut et non les moyens".
Pour les autorités françaises, cette séquence ratée vient gâcher les efforts récents de réconciliation avec le Rwanda, sur ce dossier majeur de la politique africaine de la France, déjà en difficulté dans certains pays comme au Sahel.