SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
24 avril 2025
Politique
FACEBOOK FERME DES CENTAINES DE PAGES VISANT À PESER SUR LES ÉLECTIONS EN AFRIQUE
Les publications soutenaient notamment le Comorien Azali Assoumani, l’Ivoirien Henri Konan Bédié, le Tunisien Nabil Karoui ou encore le Togolais Faure Gnassingbé
Facebook a fermé 446 pages et 96 groupes administrés sur le réseau social par une société tunisienne de marketing numérique appartenant à l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj, arguant du fait qu’ils visaient à peser, au prix d’infox, sur des élections en Afrique francophone.
Des groupes ont créé une audience de façon « trompeuse » en abordant des sujets attrayants, comme « le tourisme, les liens avec la diaspora » et récemment « la lutte contre le coronavirus », avant de changer de ton et se lancer dans la propagande politique, a déploré Facebook dans un communiqué. Selon le géant américain des réseaux sociaux, ces pages et groupes, qui touchaient quasiment 4 millions d’internautes au total, ont violé sa charte contre les interférences étrangères. Contactée lundi par l’AFP, la société visée, UReputation, n’a pas souhaité commenter.
« Maghreb Info », « Guinées Actu », « Revue Afrique », « L’Observateur togolais » ou « Le Moronien » : d’après une enquête du laboratoire de recherche américain Digital Forensic Research Lab (DFRLab), UReputation a lancé des pages présentées à tort comme des sites d’information locale. En réalité, ces pseudo-médias locaux n’avaient pas de rédaction indépendante et DFRLab a indiqué avoir établi des liens entre ces publications et des collaborateurs d’UReputation, rémunérés selon ce laboratoire pour diffuser des informations mêlées à des contenus biaisés ou faux.
« Pas de continuité idéologique »
D’après la même source, les publications, dont des sondages trompeurs, soutenaient le président comorien Azali Assoumani, l’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, en campagne pour les élections d’octobre, le magnat tunisien des médias Nabil Karoui, candidat battu à la présidentielle fin 2019, ou encore le président togolais Faure Gnassingbé, réélu en février. « Cela semble avoir été motivé par le gain financier, car il n’y a pas de continuité idéologique qui se dégage du contenu », a estimé DFRLab, une émanation du groupe de réflexion américain Atlantic Council.
Lire la suite en cliquant ici
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LE VIRUS DE L'INCOMPÉTENCE (1/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec son bataillon de ministres impliqués dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Nous sommes en pleine crise dans la gestion de cette pandémie
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 09/06/2020
La guerre sanitaire à coronavirus qui sévit dans notre pays depuis le 2 mars dernier représente un sérieux test pour nos gouvernants. Mais de ce que l’on a vu jusqu’à présent, le Général Sall et ses lieutenants-ministres ont échoué lamentablement dans la gestion de cette guerre. La sérénité et la cohérence dans les discours et actes ont cédé le pas à la cacophonie et la discordance. Si le coronavirus affecte certains de nos compatriotes, celui de l’incompétence virale est en train de faire des ravages dans le cercle gouvernemental. Au milieu d’un brouillard "covidé" généralisé et d’une cacophonie tintinnabulante, le besoin irrépressible de s’épancher stérilement s’est déchaîné chez certains de nos ministres au point que leurs logorrhées incohérentes font florès. Chacun essaie de parler à travers les médias pour ne rien dire mais seulement pour exister. On est en pleine crise dans la gestion de cette pandémie.
Au tout début, le Général autoproclamé qui n’a pas élaboré et implémenté une stratégie a déclaré la guerre à l’ennemi invisible. Avec son bataillon de ministres impliqués au premier chef dans cette guerre, le Général est à bout de souffle au bout de trois mois de combat. Au moment où Sars Cov-2 a fait des dizaines de morts et envoyé plus de 3 000 Sénégalais dans nos hôpitaux, le Général fait machine arrière, assouplit les mesures restrictives et privatives contenues dans son plan d’urgence sanitaire. Aujourd’hui, toute la tactique tâtonnante mise en place pour venir à bout de Sars Cov-2 est revisitée pour ne pas dire remise en cause parce qu’elle s’avère perdante au bout du compte. Mais il faut se dire que ce sont les populations civiles pour lesquelles la guerre a été déclarée aux fins de les protéger qui ont été les premières à se lasser de cette stratégie de combat qui ne laisse entrevoir aucun espoir de victoire. La lutte contre la pandémie "coronavirale" a fini par céder à cette révolte latente de la population menacée par la pandémie de la faim. C’est le chemin de Damas du Général et ses lieutenants. Finalement, ses admonestations itératives et ses bravades combatives du début de la crise ont fondu comme beurre au soleil. Et c’est ce qui explique ces mesures d’assouplissement qui masquent mal ses reculades systématiques. Pourtant, ce n’est ni la fin de la guerre, ni l’armistice ni même un cessez-le-feu dans le combat, parce que Sars Cov-2 continue de tuer et de blesser certains de nos compatriotes.
Il faut souligner que dans cette guerre, le Général et ses troupes ont manqué de stratégie opératoire puisque pendant deux mois (entre l’apparition du coronavirus en Chine et son entrée dans notre pays), ils n’ont pas mis en place un plan contre-offensif au cas où Sars Cov-2 passerait par les frontières pour venir s’installer chez nous. Ce n’est pas au moment où le virus déferle que l’on bâtit des digues pour freiner l’avancée de la maladie parce qu’elles seront vite submergées. Ce n’est pas au moment où la pandémie arrive que l’on se procure des masques, des EPI, des gels hydro-alcooliques ou d’autres produits afférents. Si le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a été mis en place lors de la maladie à virus Ebola dans la sous-région en 2014, c’était pour face à temps à toute infection d’origine virale. Or, il a été constaté que c’est avec le reste des équipements achetés lors de la crise Ebola qu’on a entamé la lutte contre le Sars Cov-2.
Même si, avant l’installation de la pandémie dans notre pays, les agents du ministre Abdoulaye Diouf Sarr squattaient les médias pour communiquer sur la disponibilité de la logistique de guerre, il faut avouer que rien n’avait été mis en place au plan budgétaire. Le Général a attendu que le virus attaquât un étranger qui vit chez nous pour déclencher ses 2 R (l’opération Riposte et le plan de Résilience) en mettant sur la table un maigre budget de guerre. Et lorsque Sars Cov-2 a commencé à prendre des proportions alarmantes, le Général a pris des mesures drastiques qui laissaient penser à une stratégie de confinement. En période de pandémie, c’est une option pour venir à bout de l’ennemi comme le dépistage massif sans confinement ou l’immunité grégaire. Mais jamais ce confinement n’a été effectif parce que la liberté de circulation diurne et de déplacement clandestin interrégional des Sénégalais a été un moyen de propagation exponentielle du virus.
La distribution des vivres aux nécessiteux dans le cadre de la solidarité nationale laissait croire à une compensation du déficit vivrier en cas de confinement pendant quelques semaines. Mais l’on s’est rendu compte que cette distribution de colis alimentaires dirigée par le beauf Mansour n’est qu’une manœuvre politicienne pour adouber un potentiel dauphin qui, in fine, s’est révélé incompétent de conduire une telle opération. Depuis le simulacre d’appel d’offre pour l’achat et le transport jusqu’à la distribution nébuleuse des denrées alimentaires, Mansour Faye, le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale aura brillé par son manque de transparence et par son incompétence notoire. Jamais, il n’a éclairci les conditions d’attribution du marché du riz au Libanais Rayan Hachem et de son transport à la société Urbaine d’entreprise (UDE) de Demba Diop Sy qui n’existe plus juridiquement. A ce manque de transparence s’ajoute un autre lié aux personnes bénéficiaires de kits alimentaires. Dans l’agenda de répartition, Mansour Faye a prévu de distribuer gracieusement des colis alimentaires à 40 749 ménages appelés nébuleusement groupes spécifiques ne figurant ni parmi les 588.045 ménages contenus dans la base de données du RNU (Registre national unique), ni parmi les groupes vulnérables retenus par les Comités communaux de ciblage.
Il faut souligner au passage que cette société illégale du député en question a aussi bénéficié d’un marché illégal du ministère d’Abdou Karim Fofana. Le 19 avril 2019, le juge du tribunal de commerce hors-classe de Dakar a ordonné la liquidation des biens de la société UDE. 15 jours après le jugement du tribunal ordonnant la liquidation de la Société de Demba Diop Sy, UDE a remporté, contre toute attente, le 02 mai 2019, deux marchés publics dans le cadre d’un appel d’offre ouvert passé par le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. Le montant cumulé des deux marchés s’élève à 1 321 565 957 F CFA et se répartit comme suit :
1. 02/05/2019- S0721/19-DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 636 971 257 F CFA TTC 2. 02/05/2019- S0719/19- DK - Marché de nettoiement : balayage, collecte, transport et mise en décharge (lot 19) pour un montant de 684 594 700 F CFA TTC.
Aucune entreprise en liquidation judiciaire ne peut soumissionner à un marché public a fortiori en être attributaire. L’article 43 du décret 2014-1212 du décret du 22 septembre 2014 portant code des marchés publics est clair, net et précis : « Ne peuvent pas prendre part, aux marchés quel que soit le mode de passation, les personnes physiques ou morales admises au régime de la liquidation des biens ».
Alors, pourquoi les ministres Mansour Faye et Abdou Karim Fofana ont attribué illégalement ces marchés à l’entreprise de Diop Sy en situation d’illégalité.
L’attribution illégale des deux marchés est intervenue alors que l’UDE est en cessation de paiement et que le tribunal de commerce a ordonné, le 19 avril 2019, sa liquidation et la publication de la décision au Registre du Commerce et du Crédit mobilier (RCCM). Laquelle structure centralise les informations sur les personnes physiques ou morales immatriculées ainsi que toutes les évolutions juridiques les affectant (les tiers peuvent connaitre en temps réel la situation de l’entreprise, notamment si elle est placée en liquidation judiciaire).
Le président burundais est décédé lundi à l'âge de 55 ans des suites d'un "arrêt cardiaque", a annoncé mardi la présidence burundaise dans un communiqué
Le président burundais, Pierre Nkurunziza, est décédé lundi à l'âge de 55 ans des suites d'un "arrêt cardiaque", a annoncé mardi la présidence burundaise dans un communiqué.
"Le gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse aux Burundais et à la Communauté internationale le décès inopiné de son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, survenu à l'hôpital du Cinquantenaire de Karuzi, suite à un arrêt cardiaque", indique le communiqué.
URGENT: Le Gouvernement de la République du Burundi annonce avec une très grande tristesse le décès inopiné de Son Excellence Pierre Nkurunziza, Président de la République du Burundi, survenu à l’Hôpital du Cinquantenaire de Karusi suite à un arrêt cardiaque ce 8 juin 2020. pic.twitter.com/PP46kKzAM5
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés
À l’heure du premier bilan de la crise du Covid-19 au Sénégal, la vérité est simple et visible, la pandémie est restée sous contrôle.
Même si chaque nouveau mort nous endeuille, notre pays peut s’enorgueillir d’avoir su éviter les ravages du coronavirus malgré les prévisions alarmistes de l’OMS et nul n’aurait parié que nous en sortirions de cette belle manière, à commencer par les fonctionnaires du ministère Français des Affaires Etrangères à en croire leur document nommé « l’effet Pangolin ».
Signe encourageant s’il en est, la situation de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal a révélé ces derniers jours un nombre record de patients guéris qui s’élève à plus de 500 entre vendredi dernier et ce lundi 8 juin 2020. Pour la première fois, 537 sorties d'hôpital ont été recensées en quatre jours, d'où un rebond du nombre de personnes ayant surmonté la maladie. Le Sénégal compte aujourd’hui 2 699 cas de rémission annoncés sur les 4 427 cas avérés d'infection au nouveau coronavirus, depuis l'apparition de l'épidémie dans notre pays (source dakaractu). Ce qui place notre pays premier en Afrique de l'Ouest en terme de rémissions, selon les statistiques régulièrement mises à jour.
Ne crions pas victoire trop vite cependant, ce n’est qu’un stade intermédiaire, mais le continent africain semble encore préservé de ce fléau dévastateur. Est-ce en raison du climat comme on l’a dit, de la jeunesse de la population, de l’exposition à toutes sortes de virus depuis notre naissance, de la consommation de tonnes de chloroquine jusque là ingurgitées…?
Non, pour le Sénégal en tout cas, il me semble que c’est grâce à une stratégie préventive, via des mesures plus ou moins restrictives pour freiner la propagation du virus et une prise en charge rapide des malades, que le nombre de décès liés au Covid-19 reste peu élevé, même si 51 victimes à ce jour, restent un triste bilan pour le pays et pour les familles.
Dieu merci, nous n’avons connu ici, ni la détresse des soignants, ni la pénurie de masques, pourtant cette situation de crise était unique et personne n’a été formé à ce genre d’exercice pour l’anticiper. Mais nous avons appris très vite des autres pays et des moyens qu’ils ont déployés dans la précipitation pour sauver des vies. La télévision et les médias ont joué un rôle majeur dans la sauvegarde de vies humaines en Afrique. Bien évidemment, lorsque l’on vous annonce qu’un ouragan arrive dans quelques jours, vous tentez de barricader portes et fenêtres pour vous protéger. Ce que les pays africains ont fait et le Sénégal en premier.
Pour notre avenir et notre santé, notre président Macky Sall a choisi très tôt la prudence et la détermination, notamment en fermant les écoles pour protéger enfants et enseignants. Ces jours-ci, j’ai entendu quelques hurluberlus demander une année blanche au Sénégal. On serait bien le seul pays au monde à décréter une année blanche à cause du Covid-19. Tous les pays aménagent et inventent un moyen fast-track de mettre les jeunes à niveau. Hélas chez nous, tout est politique, même lorsqu’à l’évidence il est facilement rattrapable ce temps perdu, il faut que certains viennent polémiquer, la bouche pleine de mots, décider du sort de nos jeunes.
Laissons seulement les gens dont c’est le métier décider de la bonne date pour la reprise, en prenant le temps de mettre en place les protocoles sanitaires appropriés. Année blanche c’est démodé dans ce monde digital, mais bon faudrait un plomb pour leur expliquer à ceux-là ! Le Sénégal ne reviendra pas en arrière, notre pays émerge !
Nous avons été au front contre le coronavirus. L’État a accompagné de manière déterminée les plus démunis, notamment par l’aide alimentaire. Le président Macky Sall a mis en place un plan global dénommé fonds Force Covid-19, qui est doté d'une enveloppe de 1 000 milliards de francs CFA. Les ressources permettent de soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora.
Aujourd’hui, pour relancer le tourisme et la vie économique du pays, le gouvernement sénégalais a annoncé un allègement du couvre-feu nocturne et une reprise des transports entre les villes. L’heure est donc bien à la reprise économique au Sénégal. Il le faut.
Bien sur, chacun voudrait aller plus vite et voir bouger les choses, c’est humain. Mais que voulez-vous, on pourra bien prononcer la levée des restrictions de transports sur l'étendue du territoire national, permettre les réunions dans les endroits publics ou privés, ouvrir les frontières, les restaurants, les salles de sport, les casinos… Comme dirait l’autre, celui qui n'est jamais content ne se contentera jamais. Pourtant, nous autres Sénégalais, pouvons être fiers au-delà de nos divergences. Fiers de nous et fiers de notre Etat. Car croyez moi ou pas, mais pour la plupart d’entre nous, Sénégalais de la diaspora, nous avons vu et vécu l’horreur.
Oumou Wane est présidente d’Africa7
MACKY SALL S'IMMISCE DANS LE CONTENTIEUX SENELEC-AKILEE
Le président a reçu les ministres des Finances et de l’Energie, le Secrétaire général de la présidence, ainsi que l’AJE, le PCA et le patron de la société nationale d'énergie électrique pour leur demander de casser le contrat querellé
Recevant plusieurs autorités impliquées dans le dossier opposant la Senelec à son partenaire fournisseur, le Président Macky Sall a fait comprendre à tous qu’il n’était pas question que la Senelec en vienne à appliquer le contrat avec Akilee. Makhtar Cissé, qui en tant que Dg de Senelec avait signé le contrat, veillera en tant que ministre à le dénoncer. Une ironie Makyavellique !
Les promoteurs d’Akilee doivent sans doute, depuis hier, songer à comment rebondir dans un environnement économique et social devenu fortement hostile à leur entreprise. Ils auront certainement appris, comme Le Quotidien, que le Président Macky Sall a affiché son opposition nette à voir le contrat Senelec-Akilee entrer en vigueur dans ses formes actuelles.
En effet, le président de la République a reçu hier le secrétaire général de la Présidence, M. Dionne, en compagnie des ministres des Finances et du budget, de l’Energie et du pétrole, du Pca et du directeur général de la Senelec, ainsi que de l’Agent judiciaire de l’Etat. Tout ce monde était réuni pour discuter du fameux contrat entre Senelec et son partenaire Akilee. Dès l’entame, il a été clair pour tous que la position du chef de l’Exécutif était nette : pas question que Senelec se charge d’appliquer ce contrat. A tous les protagonistes, il ajoutera même : «Arrêtez de vous épancher dans la presse, ce contrat ne sera pas appliqué !»
Cela a dû être une douche froide pour le ministre Makhtar Cissé qui, on se rappelle, en sa qualité de directeur général de la Senelec, avait négocié ce fameux contrat, signé et entamé de le mettre en œuvre, notamment en faisant débloquer pour le compte d’Akilee, et ce, deux jours avant de quitter les bureaux de la rue Vincens, le montant de 2,7 milliards de francs Cfa, en avance sur prestations, pour la livraison des compteurs. Le ministre a voulu justifier sa signature en faisant croire que c’était, en son temps, «un contrat novateur et le meilleur moyen de préserver les intérêts du Sénégal». Mais le Pca Khalifa Dia a douché son enthousiasme en affirmant que le contrat qu’il avait vu ne lui semblait pas conforme aux intérêts de la Senelec. Ce à quoi le Sg Boun Abdallah Dionne a voulu couper la poire en deux, en proposant qu’au lieu de casser le contrat, on réduise la part de marché d’Akilee à 20%, et que Senelec garde les 80% du marché. Ce à quoi l’Aje Antoine Diome répliquera que le contrat en question était «aux antipodes du droit et des intérêts du Sénégal».
Le président abondera dans le même sens pour dire qu’il avait le même sentiment. Et dans ces conditions, Macky Sall n’a pas laissé d’alternatives aux personnes présentes. Le Président a indiqué qu’il pourrait être proposé aux dirigeants d’Akilee de leur racheter leurs parts, afin de fusionner leur entreprise dans Senelec, afin qu’elle devienne enfin et véritablement une filiale de la compagnie nationale d’électricité. Et si d’aventure cette proposition n’agréait pas Akilee, le Président n’a pas écarté l’idée d’aller en contentieux, en résiliant purement et simplement le contrat. Pour Macky, dans cette affaire, le gouvernement devrait apporter à Senelec «un soutien total, clair et sans équivoque».
Cette ligne tracée, les différents acteurs de l’affaire ont quitté le chef de l’Etat pour, en ce qui concerne les deux ministres, Abdoulaye Daouda Diallo et Makhtar Cissé, retrouver rapidement avec le directeur Papa Mademba Bitèye, afin d’étudier ensemble les modalités de mise en œuvre de manière concrètes les directives présidentielles.
A moins de développement inattendu, on peut imaginer que cette sortie de Macky Sall est le point d’orgue de cette affaire qui, à côté du coronavirus, a fortement rendu irrespirable l’air de Dakar ces derniers mois. Elle vient aussi conclure de manière nette les actes – ou non-actes – que le Président a posés depuis l’éclatement de l’affaire Akilee. Un journal s’était même permis d’avancer que le silence du chef de l’Etat, quand un Dg de société publique se permettait de détricoter l’œuvre de son prédécesseur et ministre de tutelle de surcroît, était «électrique».
Le Quotidien a toujours estimé que le fait que Papa Mademba Bitèye ait continué de poser ces actes de gestion sans être rappelé à l’ordre était le signe qu’il avait une onction supérieure à celle de son ministre de tutelle. Cela a été parfaitement illustré hier. La tâche la plus pénible incombera certainement au ministre Cissé, chargé aujourd’hui de démonter l’œuvre qu’il avait construite en tant que dirigeant de Senelec. Une vraie ironie machiavélique !
Par Moustapha DRAMÉ
QUAND TA COULEUR DEVIENT UN DÉLIT
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres
....l’histoire se répètera souvent jusqu’à ce que récolte et révolution s’en suivent
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres. La cohabitation des cultures ne peut se faire que dans le compromis, de l’acceptation des différences comme une richesse collective et non sur la logique de l’infériorité et donc du droit de d’envahir ou de dominer... Si vous laissez aux autres la possibilité d’écrire votre histoire, la leur l’avalera au gré de leurs intérêts et dans la perspective de neutraliser, de falsifier ou de faire disparaître votre existence historique. Sans identité historique solide, le présent vacille et le futur est « turfu», (en verlan).
La plume du missionnaire, de l’esclavagiste, du colonisateur, et aujourd’hui des grandes puissances et grandes Institutions internationales qui en sont les émanations héritières, est presque indélébile et reste en leur faveur. Quand ce sont les autres qui écrivent votre histoire, c’est avec la tortuosité de leur plume bien pointue et leur encre bien sordide en ce qui vous concerne et bien majestueusement bienveillante en ce qui les concerne. Et surtout machiavélique quand cet écrit devient un programme scolaire après avoir été le soubassement de toutes les lois et accords internationaux entre «civilisés» et «non civilisés», entre dominés et non dominés, entre sous-développés et développés, entre Noirs et Blancs... Récrire votre vérité historique dans vos dialectes et langues puis dans la langue du colonisateur est le premier devoir. La voir s’institutionnaliser prendra du temps.
Peu importe. De toutes les façons, le noir est une couleur en liberté surveillée partout. Il est temps qu’elle commence à surveiller les liaisons dangereuses à sens unique… Quand les autres vous arrachent votre pensée au nom d’une pensée, votre histoire, sous le prétexte de la barbarie, votre identité, sous l’alibi qu’elle n’existe pas.. , ils en reviennent à nier l’existence même de votre civilisation argumentant qu’elle «n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire».
Autrement dit leur modèle historique... Sans civilisation à vocation perpétuellement civilisatrice et intelligemment conquérante, de façon prioritairement endogène puis, exogène, point de salut en matière de reconnaissance et de respect de la part de l’autre. Celui qui domine est éternellement dans la négation de la vérité. Seuls comptent ses petits arrangements avec le droit, la morale, l’éthique, l’égalité, le respect...La dignité se construit et se maintient par une identité collective forte des personnes s’y identifiant, presque de façon doctrinale, capables de se sacrifier pour elle... Ces maux de la communauté noire…
De ces maux souffre la «communauté» noire en son sein et dans ses rapports avec les autres. Nous avons trop toléré. Trop accepté. Et, j’en déduis toutes les bavures et maltraitances que subissent les « minorités et les faibles,» parce qu’ils ne sont pas reconnus comme « élus de la classe supérieure civilisée et civilisatrice» : la couleur est déjà un délit pour ces in.di.vi.dus.au QI souvent négatif. Il se trouve que la main qui est tendue en premier est celle qui est en dessous.
Dans ces conditions, elle recevra avec les hautes conditions de l’échange sur un marché où dominent les loups. Il faut renverser cette tendance, car les nouvelles générations ont compris très tôt, là où les précédentes ont été soit naïves, soit impuissantes, soit de connivence. Celui qui a pris la plume en premier pour imposer son appartenance identitaire universaliste et universalisatrice, en détient une bonne et exceptionnelle clé de la communication offensive et défensive et, par conséquent, des armes de conquête avec un élan suprématiste. Celui qui a pris la parole pour perpétuer les légendes et les références historiques, est dans un modèle de transmission orale, certes, utile et nécessaire, mais pas universaliste. Il revient donc aux Noirs, de sortir des incantations et de s’imaginer dans un rapport de force inéluctable et inévitable qui ne leur fera pas de cadeau: autant on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs, autant un sac vide ne peut tenir debout. Votre éternelle et traditionnelle tolérance ne tolère plus l’actuelle et naïve tolérance, surtout devant ces nouvelles formes d’intolérances axées sur la hiérarchisation socio- ethnique. C’est pour cela qu’on rejette ta couleur, on tue les Noirs, puis, «circulez, ce n’est que du noir mixé à la sauce du racisme quotidien.
PRENEZ VOTRE DESTIN EN MAIN AVANT QU’IL NE DESCENDE SOUS LES GENOUX DES AUTRES. C’EST AINSI SYE MOURUT GEORGE FLOYD... ET BIEN D’AUTRES PARTOUT... SI VOUS VOULEZ ETRE DEMAIN SOYEZ AUJOURD’HUI EN VOUS APPUYANT FORTEMENT SUR CE QUE VOUS AVEZ ETE...
BASES UNILATERALES, POLITICIENNES ET PARTISANES
Selon Djibril Gningue, expert électoral, à part les reports des élections municipales de 1996 et de 2007, tous les autres renvois des joutes locales l’ont été sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes
A part les reports des élections municipales de 1996 et de 2007, tous les autres renvois des joutes locales l’ont été sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes. C’est du moins la conviction de l’expert électoral, Djibril Gningue, qui trouve qu’il est impératif d’établir un chronogramme, dès ce mois de juin, pour lancer le processus électoral, au risque d’assister à un nouveau report des élections locales à venir.
La survenue du Coronavirus a eu un impact politique très fort au Sénégal. Il a, en effet, porté un sacré coup de frein au dialogue politique suspendu, depuis le mois de mars dernier, risquant ainsi de dérègler l’- horloge électorale.
Les acteurs de ces concertations politiques étaient pourtant à l’étape de finalisation des modalités de financement de l’audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral. Cela, dans le but de procéder au lancement de l’appel d’offre pour ces deux mesures très attendues par les acteurs politiques. Hélas ! La Covid-19 est en train de remettre très sérieusement en doute la possibilité d’organiser ces élections locales, dans la fourchette temporelle proposée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à savoir au plus tard le 28 mars 2021. Ce qui veut dire qu’un énième report des élections locales prochaines est envisageable, si rien n’est fait. Ce qui ne serait pas une nouveauté dans le pays.
Depuis la première alternance à nos jours, les élections locales ont été repoussées à maintes reprises, pour diverses raisons. Si pour les prochaines joutes, l’excuse sera inéluctablement la survenue de la pandémie dans le pays et partout à travers le monde, avec son lot de dégâts sur l’économie du pays, il n’en demeure pas moins que certains reports avaient des bases toutes autres.
De l’avis de l’expert électoral, Djibril Gningue, «à part les élections de 1996 et de 2007, les reports d’élections qui ont eu lieu ne l’ont été que sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes. Le pouvoir n’est pas prêt, ou bien on a un autre projet en tête, ou on veut cumuler les élections».
Sur les raisons des reports de ces élections citées ci-dessus, le Secrétaire exécutif de la Plateforme des acteurs de la Société civile pour la transparence des élections (Pacte) indique que le président Diouf avait décalé d’une semaine les élections locales de 1996, parce que les bulletins de vote n’étaient pas disponibles dans l’ensemble des bureaux de vote des 19 arrondissements de Dakar. Pour ce qui est du report par le président Wade des locales de 2007 jusqu’en 2009, il raconte que cela découlait de l’impact que pourraient avoir les inondations sur la carte électorale, de même que sur l’acheminement et la mise en place du matériel électoral.
Pour ces prochaines échéances locales prévues au plus tard le 28 mars 2021, Djibril Gningue pense que les délais peuvent être respectés. Cela, à condition qu’un chronogramme soit établi, dès ce mois de juin, pour lancer le processus électoral. En effet, il fait remarquer qu’il reste juste 8 mois limite pour lancer le processus.
A son avis, il ne faut pas moins de 90 à 120 jours pour l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Sur les 4 mois restants, il en faut 2 pour la révision des listes électorales. C’est-à-dire, 1 mois pour que les gens aillent s’inscrire ou se réinscrire, 15 jours pour afficher les listes, c’est-à-dire la période contentieuse et les autres 15 jours, c’est pour la consolidation des listes électorales sur la base des nouvelles inscriptions. Il en restera juste 2 mois pour organiser les élections, notamment la déclaration des candidatures, le parrainage s’il est toujours maintenu, éditer les listes, acheminer le matériel électoral. Il a, par conséquent, prévenu que «si on dépasse le mois de juin, les carottes seront cuites. Je ne vois pas comment le cycle électoral sera respecté.
Le cycle électoral, c’est des délais francs prévus dans le Code électoral». Même s’il admet qu’un consensus pourrait permettre aux acteurs de comprimer les délais, il reste convaincu qu’on ne peut pas réduire au-delà de certaines limites sans altérer l’intégrité du processus électoral et sa transparence qui ont des exigences et des contraintes.
LE CASSE-TETE DES REGIMES
Depuis 1996, le Sénégal peine toujours à organiser les élections locales et départementales. En moins de trente ans, ces élections ont été reportées à cinq reprises.
Depuis 1996, le Sénégal peine toujours à organiser les élections locales et départementales. En moins de trente ans, ces élections ont été reportées à cinq reprises. Si les trois reports ont été effectués sous l’ancien régime du président Wade, son prédécesseur, Macky Sall qui en compte déjà à son actif deux pourrait rattraper son retard avec ce vent d’incertitude qui plane au-dessus du prochain scrutin à cause de la pandémie de la Covid-19.
Va-t-on encore vers un troisième report des élections locales devant être organisées au plus tard en mars 2021 ? En effet, à huit mois de la date butoir pour la tenue des prochaines élections municipales et départementales prévues au plus tard le 28 mars prochain, les acteurs politiques engagés dans les discussions autour du processus électoral au sein de la Commission Cellulaire en charge du dialogue politique ne parviennent toujours pas à s’accorder sur beaucoup de points liés à la gouvernance et à l’approfondissement de la démocratie. Il s’agit entre autres du bulletin unique, de la caution pour les prochaines élections, du maintien ou de la suppression du parrainage, de l’article 80 relatif au délit d’offense au chef de l’état, de l’arrêté Ousmane Ngom, du cumul de fonctions de chef de parti et de président de la République pour ne citer que ceux-là.
Déjà soumis au menu des précédentes rencontres de la Commission Cellulaire en charge de du dialogue politique, les échanges des trois pôles (majorité, opposition et non alignés) engagés dans ces discussions n’ont pas pu aboutir sur un consensus. Il a été ainsi décidé de les verser dans la corbeille des points à rediscuter lors des prochaines rencontres. Lesquelles semblent aujourd’hui hypothéquées par l’avènement de la pandémie de la Covid-19 au Sénégal.
En effet, pour se conformer à la mesure d’état d’urgence prise par le chef de l’Etat dans le cadre de la riposte contre cette maladie, le général à la retraite, Mamadou Niang, président de ladite Commission avait décrété la suspension des travaux de la Commission cellulaire. Cette situation fait donc planer un nouveau report sur ce scrutin initialement prévu pour juin 2019. Car, en plus de cette absence de consensus des acteurs sur ces points précédemment énumérés, se pose également le défi de la mise en œuvre de certains accords qui ont déjà fait objet de consensus comme l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral dont la mise en œuvre devrait aboutir à la révision des listes électorales.
Au regard de tous ces éléments, un nouveau report de ces prochaines élections locales et départementales n’est pas exclu surtout avec la situation économique actuelle tendue du fait de la pandémie du coronavirus.
QUAND MACKY COTOIE ME WADE !
A cela s’ajoute également le fait que le Sénégal semble être un habitué systématique de report de ce scrutin au cours duquel les Sénégalais sont invités à renouveler leurs dirigeants locaux. En effet, en moins de trente ans (de 1996, date de la première élection locale à nos jours), quatre reports ont été notés et parfois sur la base des motifs très étonnants.
Le premier report de ces élections est intervenu en 2001 sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Et le motif évoqué sur le projet de Loi n° 2001- 10 du 3 décembre 2001 portant report de la date des élections aux conseils régionaux, aux conseils municipaux et aux conseils ruraux jusqu’au dimanche 12 mai 2002 était entre autres les célébrations qui mobilisent une grande partie de l’électorat dont le Ramadan, les fêtes de fin d’année, la Coupe d’Afrique des Nations, le pèlerinage à la Mecque, les fêtes de Pâques et le Grand Magal de Touba.
Le second report est intervenu en 2007 sous la gestion de l’ancien président libéral, Me Abdoulaye Wade. Le motif avait à l’époque était l’impossibilité de coupler cette élection aux législatives du fait de leur organisation matérielle qui n’est pas identique.
Reportées par la Loi n° 2007-24 du 22 mai 2007 qui a prorogé en même temps, le mandat des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des conseillers ruraux élus à l’issue des élections du 12 mai 2002 au 18 mai 2008, ces élections vont être reportées une nouvelle fois au 22 mars 2009 à la suite d’une proposition de loi introduite par Aminata Tall, députée du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque. Le motif évoqué pour justifier ce second report jusqu’au 22 mars 2009 était le découpage administratif qui a donné naissance aux régions de Sédhiou, Kaffrine, Kédougou le 1er février 2008.
Arrivé au pouvoir en 2012, l’actuel chef de l’Etat ne mettra pas du temps lui-aussi à imprimer ses marques dans cette anomalie. Ce, en décalant de quelques mois (trois mois plus précisément) les locales initialement prévues le 22 mars 2014.
Le motif évoqué pour justifier ce décalage, sa réforme phare de l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre la communalisation intégrale et la suppression des conseils régionaux. Il faut dire que, l’actuel chef de l’Etat compte déjà à son actif deux reports, soit un de moins que son prédécesseur qui, en douze ans de gouvernance, a reporté trois fois les élections locales.
Par Alpha Amadou SY
LES ÉTATS-UNIS, ENTRE LA COVID 19 ET LE VIRUS RACISTE
Tout laisse croire que la seule image à laquelle l'Amérique sait rester si fidèle est celle d’être le lieu de cristallisation de bien de paradoxes !
Tout laisse croire que la seule image à laquelle l'Amérique sait rester si fidèle est celle d’être le lieu de cristallisation de bien de paradoxes ! Le samedi 30 mai 2020, les USA ont démontré à la face du monde toute leur puissance. La réussite spectaculaire du décollage suivi de l’amarrage du Crew Dragon a certainement posé l’acte inaugural de l’ère du tourisme spatial. Enthousiaste, le chef de l’exécutif américain a salué les deux astronautes, Bob Behnken et Doug Hurley, comme de « vrais génies », tout en promettant à ses compatriotes le meilleur.
Au même moment, les USA enregistraient le plus grand nombre de victimes de la Covid 19, 100.000. S’ajoutent à ce lot, les effets collatéraux engendrés par le nécessaire confinement pour rompre la chaine de contagion. Aussi dénombrait-on, dès avril, des millions de chômeurs. Cette situation, en s’aggravant, a fait resurgir avec force, cet autre virus beaucoup plus pernicieux que la Covid 19, à savoir le racisme. Ainsi, cinq jours francs avant le triomphe spatial, sur terre américaine, par le biais des réseaux sociaux, le monde assistait en direct, à l’abominable assassinat de George Floyd par un policier blanc.
Les États-Unis, puissance économique, financière, militaire et « pays phare de la démocratie », étalaient au grand jour toute leur impuissance à intégrer tous leurs fils. Le mode d’exécution de la victime a été tellement ignoble que des Américains, toutes races confondues, ont manifesté leur indignation scandant Black Lives Matter, « les vies noires comptent ! ». Ainsi, le président américain jubilait suite à la prouesse de ses génies de l’espace, alors que plus de 100 villes étaient la proie à des émeutes en réaction aux violences policières, une des modes de déclinaison les plus brutales du racisme. Non satisfait de n’avoir point compati avec ses compatriotes éprouvés, Donald Trump ne trouva pas mieux que de brandir … la Bible.
Pire, il menaça de mobiliser l’armée contre la frange la plus déshéritée de son peuple. Si l’endiguement de la pandémie peut être envisagée en terme de jours, il en est tout autrement pour le racisme. Ce virus, dont la persistance donne la fâcheuse impression qu’il est inscrit dans l’ADN des Américains, pose au moins ces deux questions. Pourquoi Barack Obama, avec ses deux mandats, n’a pas réalisé des avancées significatives dans la conquête des droits civiques des minorités ? Quel remède à ce fléau multiséculaire qui, malgré les sacrifices des figures emblématiques du refus, tels Martin Luther King et Malcom X, continue d’enfermer les minorités dans un cycle infernal ? La première question en soulève cette autre : de quelle marge de manœuvre disposait Barack Obama pour secouer le socle économique, politique et institutionnel qui constitue le lit du racisme ?
La focalisation sur la couleur du nouvel homme, pourvu de cet art oratoire et de ce charisme si impressionnants, avait fini par réintégrer des millions de désespérés dans le jeu électoral, convaincus que désormais rien ne sera plus comme avant. De la passion suscitée par l’ascension fulgurante du Noir qui avait battu à plate couture une adversaire de la trempe de Hilary Clinton avait vraisemblablement résulté une méprise sur les enjeux politiques du jeu électoral. Un recul, il est vrai difficile dans un contexte électoral, aurait permis de réaliser que, pour avoir bénéficié des combats des “utopistes” comme Marcus Garvey, Martin Luther King et Malcom X, Barack Obama ne s’était pour autant inscrit dans aucune de leurs trajectoires. Ni idéologique ni politique.
Pour preuve, la clé de son élection est son identification au citoyen américain lambda en exerçant son droit de solliciter des voix dans toutes les franges de la société. Et le libéralisme qui a l’intelligence de ses intérêts fondamentaux, de la même manière qu’il profite abondamment de la « fuite des cerveaux » toutes les couleurs confondues », ne se prive guère de l’opportunité de confier aux hommes de couleur qui ont le profil de l’emploi les plus hautes responsabilités. En l’occurrence, son choix porté sur Barack Obama était d’autant plus justifié que, en plus de ses compétences avérées, son origine raciale constituait un atout majeur pour accoler une ferveur populaire à un jeu électoral monotone.
Une fois installé à la Maison blanche, il s’attelle à redorer l’image d’une Amérique ternie par l’état désastreux de son économie et par ses expéditions punitives à travers le monde. Ses déplacements à travers le globe, ponctués par des discours majeurs de l’envergure des deux prononcés respectivement au Caire et à Accra, ont concouru à redynamiser le multilatéralisme malmené sous le règne de son prédécesseur. Toutefois, ses initiatives hardies laisseront en rade des questions aussi complexes que celles de la Palestine, de l’Afghanistan et de l’Iran. Au plan intérieur, hormis l’instauration de l’Obama care, son bilan reste mitigé, particulièrement sur le front des luttes pour l’égalité. L’assassinat, par six coups de feu, du jeune Michel Brown en août, 2014 à Ferguson, en est tout un symbole ! Quid de son silence sur la délicate question des réparations au bénéfice des descendants d’esclaves ?
Dans le respect scrupuleux des grandes logiques macroéconomiques, Obama a réussi à relancer la puissance économique américaine, non sans contribuer à rendre son pays moins vulnérable à bien des reproches ! Pour avoir sauvegardé les intérêts vitaux des USA, il a fait deux mandats sans connaitre le même sort que Abraham Lincoln et John Fitzgerald Kennedy. La seconde question découle de cette incapacité de la voie démocratique à fournir une réponse au mal-être des minorités. Ainsi, depuis 1865 l’équation de l’intégration des Afro-américains dans l’ordinaire de la république américaine reste à résoudre. Tout se passe comme si Marcus Garvey avait raison de considérer comme utopique tout projet envisageant l’émancipation des Noirs ailleurs que sur leur continent d’origine. Mais, dans la mesure où son mouvement Back to Africa n’a pas non plus été couronné de succès, d’autres perspectives ont été dessinées. Au nombre de celles-ci, la remise au goût du jour de l’idée de la réparation des descendants d’esclaves. Considérée comme une des tentatives avortées du président Abraham Lincoln, elle est agitée dans l’intention d’aider les Afro-américains à surmonter leur handicap d’origine.
Dans cet esprit, la députée Sheila Jackson Lee lança une commission parlementaire en juin 2019 pour en voir les modalités. Ce projet sera renouvelé à la faveur des émeutes, suite à l’assassinat de George Floyd. Ainsi, Robert Johnson ira jusqu’à évaluer cette répartition à plus d’une douzaine de milliards de dollars. Ce sera une curiosité que de voir le traitement que lui réservera le candidat démocrate Joe Biden à la présidentielle de novembre 2020. Toute autre est la perspective de Malcom X qui milite pour le combat pour l’égalité. Cependant, invité au Sommet de l’OUA, au Caire, en 1964, il insistera sur le nécessaire soutien de ses frères africains. Mais pas plus que l’Afrique sous les régimes dictatoriaux des années 1960, les États plus ou moins inscrits dans la trajectoire de la démocratisation, n’ont prêté suffisamment d’attention à son imploration.
L’Afrique noire surtout francophone aura davantage manifesté sa capacité d’indignation avec l’attentat perpétré contre le journal Charlie hebdo en 2015 que pour l’exécution de Floyd ! Wole Soyinka qui ne se méprend guère sur la capacité des Africains à prêter une oreille attentive aux luttes en cours invitera les Noirs à s’inscrire dans cette unique alternative : s’évertuer « à l’excellence et à la conquête du pouvoir économique et politique partout où ils vivent ». Cette perspective, en tant qu’elle met les Américains devant leur propre responsabilité, est digne d’intérêt. Toutefois, la difficulté qu’elle soulève est que la volonté d’être excellent est très souvent soumise à rude épreuve par l’état de privation du minimum vital. En tout état de cause, aucune solution durable ne saurait faire l’impasse sur l’exigence des luttes citoyennes. Certes, jusqu’ici aux revendications démocratiquement exprimées par les Américains, le pouvoir a répondu par la répression. Mais la lutte pour l’égalité, s’inscrivant dans la dialectique même de l’oppression, demeure irréductible. Avec le temps que prennent les changements sociaux, les militants des droits civiques pourront compter sur les aspirations à la paix et à la justice du peuple américain.
Se greffe à cette dynamique, ce phénomène que constitue le comportement d’un nombre de plus en plus important d’entreprises américaines « en véritables leviers du changement sociétal et politique ». Édifiant à ce sujet est ce propos de Guillaume Foucault rapporté par Claudia Cohen : « Les marques prennent les devants et se mettent aussi à l’abri de boycott. Elles prononcent des actes de foi ou affirment des positions, et se drapent derrière l’éthique. » Ce paradoxe susmentionné des USA, pour être si frappant, ne leur est pourtant pas exclusif. Les « puissants » de notre monde restent obsédés par la conquête du ciel, alors que le sol menace de s’effondrer sous leurs pas. Pour preuve, l’Europe et la Chine ne sont-elles aussi malades de leurs minorités. ?
Alpha Amadou SY
Philosophe/ ÉCRIVAIN
Président de la Cacsen
TRACT ET PLUS, UNE ÉMISSION D'ELGAS
VIDEO
SYMBOLIQUE ET DÉFIS DE LA RESTITUTION DES ŒUVRES AFRICAINES
EXCLUSIF SENEPLUS - La vie de l'art en temps de covid-19 - Comment solder le passé au-delà de la rengaine anticoloniale - Quelle stratégie pour valoriser ces objets demeurés en Occident ? AVEC FATOUMATA SISSI NGOM ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
"En débat, dans ce "Tract et Plus" exceptionnellement présenté depuis Paris par l'écrivain et journaliste Elgas, la question de la propriété et de la jouissance du patrimoine culturel africain précolonial présent dans les musées occidentaux et les collections privées du Nord.
L'invitée fil rouge est Fatoumata Sissi Ngom, écrivaine. L'auteure du roman "Le totem du silence" (L'Harmattan,2018) promeut la restitution de ces oeuvres d'art aux pays africains, dont les populations n'ont pas moins vocation que les autres à aller dans des musées, et sans procès colonial, entre autres arguments.