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24 avril 2025
Politique
par Latyr Diouf
RÉSEAUX SOCIAUX, MES INDÉPASSABLES INCOMPÉTENCES
Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant
Le contexte est, plutôt, propice à l’introspection. Il m’a, au moins, confirmé une certaine incapacité à me passionner pour des sujets et des postures dont, manifestement, il est difficile de faire aisément l’économie. Connecté, comme tous ceux qui liront cette petite confession, à divers réseaux sociaux, je me sens, cependant, déconnecté de ce qui semble digne d’intérêt pour, probablement, le plus grand nombre. Je suis sur Facebook et sur Messenger, évidemment. Je suis sur Twitter mais totalement inactif. Sur WhatsApp, en dehors de mon répertoire, je suis membres de plusieurs groupes : trois groupes de recherches interuniversitaires, deux groupes de vieux amis de fac, trois groupes de camarades politiques, deux groupes de diplomates, et deux groupes très réduits d’amis tout court. J’ai aussi, en ligne, une famille, au sens de ma culture, c’est-à-dire celle de la parenté et au-delà, permanente et indéfinie. Autant dire que je nettoie constamment mon téléphone, parfois sans accéder à certains abondants contenus, pour sauver sa fonctionnalité. J’ajoute avoir suivi, depuis le confinement, beaucoup de webinaires méthodologiques et thématiques sur diverses questions. Je vis, enfin, en Île-de-France et je dispose, comme beaucoup, d’une télévision avec différents bouquets qui me lient aux informations continues du monde. Malgré cette hyper connexion, j’avoue être peu enthousiasmé par certains thèmes que je suis sensé maitriser et défendre en tant qu’entité, parfois, réduite au militant.
Militant, oui, je l’ai été sans aucun doute et je crois encore l’être car je n’ai toujours pas trouvé la moindre raison personnelle d’avoir honte de mes engagements passés et actuels, en dépit de la léthargie circonstancielle de la cause politique choisie et des condamnations tout azimut par contumace. D’ailleurs, la situation globale actuelle, imparable et confortable décharge pour les velléitaires, n’impose-t-elle pas à chaque chose, jadis digne de passion, une acuité secondaire ? Pour rappel, je suis, depuis onze ans maintenant, partisan d’une alliance politique doublement victorieuse, selon les règles de notre République. Élargie à une coalition d’une étendue et d’une longévité inédites, mon parti se retrouve, cependant, dans une expectative illisible et peu stimulante, sans que nos responsabilités dans ses structures soient interrogées. A chaque chose son temps, pour tordre le cou à l’expression populaire. La seule fébrilité que je peux reconnaître, aujourd’hui, s’apparente, parfois, à une sorte de compassion affectueuse et présomptueuse pour l’homme que j’ai choisi de soutenir, en l’occurrence Macky Sall, qui me semble, parfois, devoir faire face à de monstrueuses inconséquences sociétales, qui trahissent ses ambitions, que je sais grandes et nobles pour le Sénégal. Beaucoup de ceux qui ont, plus que d’autres, les moyens et la latitude de le soutenir et de le préserver officiellement, se montrent, jour après jour, peu entreprenants dans l’obligation d’être à la hauteur de ses promesses. Il doit être pénible de devoir répondre, en tant que Chef d’un État aux ressources fragiles, aux aspirations légitimes d’un peuple pris en otage par la démagogie contemplative d’une élite experte, prétentieuse et peu utile.
Sans remonter très loin dans le temps de l’actualité étatique et médiatique, je suis régulièrement interpellé, via les réseaux mentionnés, pour répondre à des griefs solidairement imputés. Le plus frais et le plus âpre concerne la décision de reporter la reprise des cours initialement prévue le 2 juin 2020. Devant le poncif de l’incompétence gouvernementale, les allégations souvent fallacieuses sur des abus et des privilèges aussi élevées qu’indues et la conclusion gratuite et simpliste d’un pays résolument à vau-l’eau, il y a peu de place pour un débat serein et constructif. Lorsque l’individualité est niée ou exclue de toute crédibilité du seul fait de sa supposée étiquette, l’idée, la pensée et le raisonnement pertinents deviennent potentiellement nuls et non avenus, à défaut d’être frappés d’antipatriotisme. Or, la légitimité à interroger ne devrait pas seulement être celle de nos situations ponctuelles d’énonciation. Il n’est pas certain, non plus, que le seul fait d’avoir un diplôme, d’être encarté politiquement, d’avoir une fonction étatique, d’avoir publié un bouquin ou de se considérer expérimenté soit synonyme d’expertise pluridisciplinaire. D’ailleurs, la plupart des sujets, qui mobilisent l’opinion, surtout virtuelle, dopée au discours du tout-venant, se passe de compétences spécifiques. Le verbiage partisan et l’intimidation ont imposé l’éthique et la morale, jamais bien définies et souvent démenties par des faits, comme seuls indicateurs. Il suffit de se tailler un autoportrait de digne patriote, engagé et compétent, de déployer un populisme ostentatoire et bon marché, pour prouver son attachement à la chose commune et aux causes justes.
Tout en essayant d’imaginer ce qui pourrait convenir aux batailles d’opinion sans substance véritable (à ce stade, je ne vois que ça !), où l’on peut perdre facilement une face non requise, je ne peux me résoudre, faute d’éléments autres que les insanités que charrie le web, à plonger dans une mare boueuse et sinueuse artificiellement agitée. Il en est ainsi de tous les sujets qui ont défrayé, ces derniers mois, la chronique. Avec la meilleure bonne volonté, j’ai été incapable de suivre régulièrement les points quotidiens du ministère de la santé et les avis très autorisés mais parcimonieux des médecins ; je piquais du nez devant les circonvolutions de l’éducation nationale et des autres ministères au-devant de la scène anti-covid, avant d’être achevé par les bégaiements sur la gestion des ressources du programme de résilience, notamment à propos du riz et de l’appui à la diaspora. Pourtant, que n’aurait-on pas gagné en sympathie avec une mise en œuvre diligente, humble et rigoureuse des généreuses mesures prises par le président de la République pour soulager les populations ? Il aurait juste fallu, à mon avis, un supplément de pédagogie : rappeler inlassablement aux Sénégalais, à l’instar de l’offensive publicitaire sur les gestes barrières, que, devant l’incertitude mondiale à durée indéterminée, un État comme le nôtre peut être parfaitement solidaire mais jamais durablement provident. Cela aurait, peut-être, atténué le fantasme d’un pouvoir indolent profitant grassement de la crise au détriment d’un peuple dont la précarité est exacerbée par ses insuffisances.
En face, les coups de boutoir de la dissidence messianique ne m’inspirent, non plus, aucune volonté de débattre. Je serais, là encore, incompétent et confus devant le partage compulsif de contenus mensongers, moralisateurs, voire diffamatoires dont aucune investigation ne peut venir à bout. Leur reproduction effrénée me fait songer au fameux « temps de cerveau humain disponible » de TF1, non pas pour vendre du Coca mais pour susciter une ambiance anxiogène propre, dans le cas du Sénégal, à jeter le discrédit sur l’exécutif. Je ne cherche pas à défendre les autorités et les fonctionnaires dont le plus talentueux et vertueux peut se montrer aussi blâmable que le politicien le plus nul et vicieux. Ma position éthique générale est celle contenue dans ce cri repris par Macky Sall en 2008 : « Il n’y a rien en l’homme qui ne soit couvert de dignité ». Sans jamais mettre sur la même échelle les imposteurs et les sincères, les coupables et les innocents, les bourreaux et les victimes ou encore les prédateurs et les proies, j’ai une empathie irrépressible pour tout humain livré à la vindicte populaire. La contradiction est flagrante car je suis tout aussi mal à l’aise avec l’impunité. Les nombreux sanglots publics ou intimes consécutifs à des affaires de mœurs, des accusations de faux et d’usage de faux, de malversation, de corruption et même de crime me hantent et me désespèrent. Du directeur de l’ISEG à l’ancien président du Tchad, en passant par le faux médecin Samba, le présumé faux-monnayeur Boughazelli et le respectable Diack actuellement en procès, les déboires m’inspirent un seul air : la version wolof par Youssou Ndour du très inclusif chimes of freedom de Bob Dylan. Cela n’entame en rien mon désir de lumière et d’équité sur notre littoral, que je partage avec le président de la République.
Toujours dans l’actualité, sans avoir de difficultés orthophoniques particulières, je ne suis pas encore en mesure de prononcer le terme « honorariat » d’une traite, sans bafouiller. Il en est de même d’Akilee, malgré son portail internet très ergonomique. Ces quelques exemples traduisent l’étendue de mes réticences argumentatives en matière de débats politiques nationaux. En lieu et place d’une surenchère plus efficace, je me perds toujours dans la définition de champs, d’espaces et de cadres méthodologiques. Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant. Cette frilosité s’accompagne, curieusement, d’une imprudence relationnelle exceptionnelle. J’offre, en privé, mon estime, mon amitié, mes conseils et ma solidarité à vil prix ce qui m’oblige parfois, non sans amertume, à cohabiter avec des crapauds et des limaces sans que le divorce ne soit sans peine. Ma consolation, toutefois, est à chercher dans le temps long, qui a souvent rétabli dans leur droit la plupart de mes précautions et relativisé mes déceptions. Imparfait jusqu’à la moelle osseuse, il m’arrive, cependant, de poser mon genou à terre (moins de 8mn pour ne pas frimer !) et réclamer démagogiquement de la dignité pour tous. A notre époque de grande fuite en avant, l’incapacité à hurler avec les loups est un handicap que j’expérimente mais aussi un grand privilège comparable à celui des vrais artistes : la liberté de regarder son nombril et de prétendre penser pour panser les plaies du monde.
par Siré Sy
MACKY ET LA CRISE HUMANITAIRE (1/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Le chef de l'Etat a perdu la bataille du ‘’vivre sans le virus’’. Parviendra-t-il à transformer une situation ‘’désespérée’’ en une opportunité enviable ? PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c'est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacrées au président Macky Sall. Pour cette première épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Macky Sall.
Dans le cadre de ‘’Président et Gestion de crise, quand l'heure est grave’’, Senghor a eu à faire face à une crise politique, universitaire et alimentaire. Abdou Diouf a eu à faire face à une crise scolaire, monétaire et du front social. Ablaye Wade a eu à faire face à une crise énergétique, alimentaire et politique. Quant à Macky Sall, il est en face de sa première crise, une crise humanitaire - une crise totale - parce que touchant à tous les secteurs d'activités de l'Humain en même temps et sous le même rapport (crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise scolaire et universitaire, crise culturelle).
Et le moins que l'on puisse dire, c'est la grande confusion dans la gestion de la Covid-19 en termes de stratégies et de tactiques dans la riposte du gouvernement. Un Général qui va en guerre, c'est comme un boxeur qui rentre sur le ring. Point d’abandon. Quitte à être mis K.O mais ne jamais abandonner de boxer ou de sortir du ring. Quitte à mourir sur le champ de bataille, les armes à la main, mais ne jamais abandonner ses troupes en leur disant débrouillez-vous. En beau milieu du théâtre des opérations….
Et la guerre - surtout celle que l'on décrète derechef - a ceci de particulier, en ce sens que toutes les erreurs, dans sa stratégie comme dans sa tactique, se paient cash. Douloureusement et profondément. Il semblerait que le gouvernement a perdu une bataille mais il n'a pas encore perdu la guerre. Macky a perdu la bataille du ‘’vivre sans le virus’’. Mais, Macky peut gagner la bataille du ‘’vivre avec le virus’’. Pour ce faire, il faudra que Macky se révolte au sens de tension nerveuse positive et se rebiffe au sens de prendre toute sa responsabilité pour reprendre la situation en main. Et ce serait fort dommageable pour son amour-personnel et pour le bien du peuple sénégalais, que Macky ne puisse pas trouver une issue heureuse à sa toute première crise en tant que chef de l'Etat. Car, Ablaye Wade disait de Macky, qu'il n'a pas les épaules pour diriger un pays. Idrissa Seck continue de dire de Macky, qu'il n’est pas capable de diriger le Sénégal. Sonko parle à propos de Macky, d'une gouvernance sombre et vicieuse, une gouvernance du Parti avant la Patrie. Mody Niang qualifie Macky, d'un président-politicien. Abdou Latif Coulibaly disait de Macky, que c'est du Wade sans Wade. Souleymane Jules Diop disait de Macky qu’il ne pouvait pas être plus qu'un chef de service.
Alors, c'est maintenant à Macky, au président de la République, au chef de l'Etat, qui a toutes les cartes en main, de prouver son talent et ses compétences pour lesquels nous n'avons aucun doute. Seulement, le président Macky Sall, prendra-t-il la pleine conscience du défi qui se dresse face à lui ? Se donnera-t-il les moyens de sortir de cette impasse et parviendra-t-il à transformer une situation ‘’désespérée’’ en une opportunité enviable ? Lui seul sait.
ET SI ON OSAIT PARLER DE SUPRÉMATISME PLUTÔT QUE DE RACISME
Le racisme est devenu un tiroir sans fond et un concept à géométrie variable. Il relève plus désormais de ce qui est condamnable par la loi et de ce qui ne l’est pas.
Il y a longtemps que j'ai banni de mon vocabulaire le mot racisme face à certains comportements. Selon moi, ce terme est galvaudé, il est devenu une sorte de concept variable, inaudible que l’on l'utilise à toutes les sauces. Si l’on s’interroge vraiment sur comment définir le racisme en ce temps de 21ème siècle, il faudra nécessairement analyser la posture suprématiste que certains affichent sans gêne et avec tellement d’aisance pour légitimer leurs idées et comportements racistes. Car c'est bien l’idéologie suprématiste, creuset du racisme, qui a conforté les policiers à ôter la vie de Georges Floyd, Adama Traoré, et toutes les victimes qui sont mortes en toute impunité, à cause de policiers convaincus que leur condition, leur vie est supérieure à celle d'un Noir, un banlieusard... Cette même idéologie qui a organisé le commerce triangulaire des esclaves, cette même idéologie qui a légitimé l'Apartheid ...cette même idéologie qui gangrène chez certains politiques et ces soit disant intellectuels comme Eric Zemmour, qui s’est offusqué il y a quelques jours sur un plateau de télévision française, de voir des « Blancs » s’agenouiller pour défendre la cause d’un « Noir ».
Aujourd’hui les discours racistes et anti-racistes sont noyés dans la plus grande cacophonie. En effet, du côté des antiracistes, on parle de privilège blanc, de racisme systémique. Au fond, tout ceci n’a pour effet que de conforter les défenseurs des théories suprématistes ! Les victimes de racisme, elles deviennent coupables ..On les considère comme des personnes usant d'alibis pour attirer la compassion, et se complaire dans des postures victimaires ; tandis que le raciste lui devient tout puissant, on le justifie ! on a même inventé la notion de racisme anti-blanc pour banaliser le racisme subi par ceux qui en raison de leur couleur de peau un peu plus sombre sont victimes depuis des siècles de cette idéologie qui consiste à penser que certains êtres humains sont supérieurs à d’autres.
Pour combattre le racisme, il faut aussi combattre l’idéologie suprématiste qui consiste à croire et faire croire que l'histoire, la culture, la vie des uns est supérieure à celles des autres. L’ancien footballeur français, Lilian Thuram avait pourtant utilisé ce terme il y a quelques temps en France pour dénoncer le racisme que subissaient les joueurs noirs dans les stades de foot. Il s'en est suivi un véritable acharnement médiatique...on l'a accusé de raciste anti-blanc. Aujourd’hui, le racisme s'est banalisé en dehors des tribunaux et cette banalisation est due en grande partie à la propagation insidieuse des théories suprématistes. Car, il n’est pas rare d’entendre aux détours d’une conversation que le noir n’est pas éduqué, que c’est un être dépourvu de civilisation … Et ces même personnes vous jureront ne pas être racistes, car ils ont un ami, un collègue, une belle sœur, un beau-frère noirs dans leur entourage. Le racisme est devenu un tiroir sans fond et un concept à géométrie variable. Il relève plus désormais de ce qui est condamnable par la loi et de ce qui ne l’est pas. En effet, l’idéologie suprématiste demeure pour certains qu’une simple opinion. On utilise alors la liberté d’expression, qui n’est pas condamnable par la loi, pour assumer en toute impunité les opinions suprématistes … Seulement, lorsque cette idéologie se matérialise en actes qui tuent, là il ne s’agit plus de mots ou d’une simple pensée nourrie par cette idéologie, mais de faits meurtriers et d’un drame qui émeut, la situation devient alors inacceptable.
Il est temps de dénoncer cette idéologie suprématiste qui tue et discrimine sans complaisance. Il est temps de définir cette idéologie comme un délit raciste, car aucune vie humaine n'a plus de valeur qu'une autre vie humaine.
#Blacklives #humanlivesmatter stop à l'ideologie suprematiste ! Enough is Enough !
Texte Collectif
IL EST TEMPS D'AGIR
Vingt hauts fonctionnaires des Nations Unies d'origine africaine et de sa diaspora, appellent à des actions plus significatives que de simples condamnations pour mettre fin au racisme à travers le monde (français & anglais)
Black Lives Matter et autres manifestations de masse contre le racisme systémique et la brutalité policière
Opinion collective de hauts fonctionnaires africains des Nations Unies (*)
Gémissement désespéré, appelant une mère décédée depuis longtemps. Parvenant du tréfonds des entrailles de la fragile humanité. Haletant, à bout de souffle. Implorant la miséricorde. Le monde entier entendant le cri tragique. La famille des nations scrutant son visage plaqué contre l’asphalte. Douloureux, insupportable, en plein jour. Cou pliant sous le genou et le poids de l'histoire. Doux géant, s’agrippant à la vie, désespérément. Besoin vital de respirer, sans entrave. Jusqu'à son dernier souffle.
Après les dernières semaines de protestations suite au meurtre de George Floyd alors qu’il était entre les mains de la police, nous avons tous été indignés, en tant que hauts dirigeants d'origine africaine aux Nations Unies, par l'injustice du racisme qui est toujours omniprésent dans le pays hôte de l’ONU et à travers le monde.
On ne dira jamais assez sur les traumatismes profonds et les souffrances intergénérationnelles qui ont résulté de l'injustice raciale perpétrée au cours des siècles, en particulier contre les personnes d'ascendance africaine. Mais la simple condamnation des expressions et des actes de racisme ne suffit pas.
Nous devons aller au-delà et faire plus.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré que «nous devons élever la voix contre toutes les expressions de racisme et les cas de comportement raciste». Après le meurtre de M. George Floyd, le cri «Black Lives Matter» qui retentit aux États-Unis et dans le monde est plus qu’un slogan. La vie des Noirs, en plus de compter, est essentielle à la réalisation de notre dignité humaine commune.
L’heure est venue de passer de la parole aux actes.
Nous le devons à George Floyd ainsi qu’à toutes les victimes de discrimination raciale et de brutalités policières, de démanteler les institutions racistes. En tant que dirigeants dans un système multilatéral, nous pensons qu'il nous incombe de parler au nom de ceux dont la voix a été réduite au silence et de plaider pour des réponses effectives de nature à lutter contre le racisme systémique, un fléau mondial qui s'est perpétué au fil des siècles.
Le meurtre choquant de George Floyd est enraciné dans un ensemble plus large et inextricable de problèmes qui ne disparaîtront pas si nous les ignorons. Il est temps que les Nations Unies intensifient leurs efforts et agissent de manière décisive pour qu’il soit mis fin au racisme systémique contre les personnes d'ascendance africaine et autres groupes minoritaires «en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» comme stipulé à l'article 1 de la Charte des Nations Unies. En effet, le fondement des Nations Unies est la conviction que tous les êtres humains sont égaux et ont le droit de vivre sans crainte de persécution.
C'est au plus fort du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis et durant la période de l'émergence de nations africaines indépendantes post-coloniales qui ont rejoint les Nations Unies que la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEDR) est entrée en vigueur en 1969.
Ce fut une période charnière dans l'histoire. L’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud, imputable en partie aux Nations Unies, est un des accomplissements dont l’Organisation est le plus fière.
Les droits de l'homme et la dignité des Noirs en Afrique ainsi qu'à travers la diaspora africaine ont résonné comme un signal puissant pour les générations futures, que les Nations Unies ne fermeraient pas les yeux sur la discrimination raciale et ne toléreraient pas l'injustice et le sectarisme servis par des lois injustes. Prenant appui sur cette nouvelle ère, l'Organisation des Nations Unies doit user de son influence pour nous rappeler une fois de plus la mission inachevée d'éradiquer le racisme, et exhorter la communauté des nations à éliminer les taches du racisme sur l'humanité.
Nous saluons les initiatives prises par le Secrétaire général pour renforcer le discours mondial contre le racisme qui s'attaque au racisme systémique à tous les niveaux ainsi que ses conséquences partout où il existe, y compris au sein même de l'Organisation des Nations Unies.
Si nous voulons être de bons dirigeants, nous devons le faire par l'exemple. L’initiation et la promotion d’un changement réel exigeront une évaluation honnête de la façon dont nous appliquons la Charte des Nations Unies au sein de notre institution.
Notre expression de solidarité reflète bien nos responsabilités et obligations en tant que fonctionnaires internationaux de nous élever contre l’oppression et la dénoncer. En tant que dirigeants, nous partageons les convictions fondamentales et les valeurs et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies qui ne nous permettent pas de garder le silence.
Nous nous engageons à mettre à profit notre expertise, notre leadership et nos mandats respectifs pour lutter contre les causes profondes et promouvoir les changements structurels qui doivent être mis en œuvre si nous voulons mettre fin au racisme.
Près de 500 ans après le début de la révoltante traite transatlantique des Africains, nous avons atteint un point critique de l'arc de l'univers moral, à l’heure où nous approchons la fin de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine en 2024, dans quatre ans seulement. Utilisons notre voix collective pour répondre aux aspirations de nos communautés afin que l’ONU exerce son pouvoir moral en tant qu’institution pour opérer un changement mondial. Prêtons notre voix pour la réalisation de la vision transformatrice propre à l’Afrique telle que contenue dans son Agenda 2063, vision qui est conforme à l’Agenda 2030 mondial.
L'Afrique est le berceau de l'humanité et le précurseur des civilisations humaines. En tant que continent, elle doit jouer un rôle prépondérant pour que le monde puisse parachever le développement durable et la paix.
Tel était le rêve des fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine, c’était aussi la ferme conviction de dirigeants éminents tels que Kwame Nkrumah et d’éminents intellectuels tels que Cheikh Anta Diop.
N'oublions jamais les paroles du président Nelson Mandela : "Nier aux gens leurs droits humains, c'est remettre en cause leur humanité même".
Gardons toujours à l’esprit l’exhortation du leader des droits civiques Fannie Lou Hamer : « Personne n'est libre tant que nous ne sommes pas tous libres », qui a été reprise par le Dr Martin Luther King Jr., «Une injustice, où qu'elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs».
Des années plus tard, leurs paroles se sont retrouvées dans la diversité de la nation arc-en-ciel, l'Afrique du Sud, et énoncées par l’homme de paix, l'archevêque Desmond Tutu, dans sa déclaration « la libération des Noirs est une condition indispensable à la libération des Blancs - personne ne sera libre tant que nous ne serons pas tous libres. »
(*) Tous les signataires énumérés ci-dessous sont de hauts fonctionnaires des Nations Unies qui occupent le rang de Secrétaire général adjoint. Ils ont signé cette opinion à titre personnel :
Tedros ADHANOM GHEBREYESUS
Mahamat Saleh ANNADIF
Zainab BANGURA
Winnie BYANYIMA
Mohamed Ibn CHAMBAS
Adama DIENG
Bience GAWANAS
François Lounceny FALL
Gilbert HOUNGBO
Bishar A. HUSSEIN
Natalia KANEM
Mukhisa KITUYI
Phumzile MLAMBO-NGCUKA
Mankeur NDIAYE
Parfait ONANGA-ANYANGA
Pramila PATTEN
Vera SONGWE
Hanna TETTEH
Ibrahim THIAW
Leila ZERROUGUI
Version anglaise
Joint reflections by United Nations Senior Officials of African descent (*)
A desperate yearning for a long-departed mother. Reaching deep from the bowels of fragile humanity. Grasping for breath. Begging for mercy. The entire world heard the tragic cry. The family of nations saw his face pounded against the harsh tarmac. Unbearable pain in broad daylight. A neck buckling under the knee and weight of history. A gentle giant, desperately clinging to life. Yearning to breathe free. Till his last breath.
As senior leaders of African descent in the United Nations, the last few weeks of protests at the killing of George Floyd in the hands of police, have left us all conflicted and outraged at the injustice of racism that continues to be pervasive in our host country and across the world.
Not enough can ever be said about the deep trauma and inter-generational suffering that has resulted from the racial injustice perpetrated through centuries, particularly against people of African descent. To merely condemn expressions and acts of racism is not enough.
We must go beyond and do more.
United Nations Secretary-General António Guterres stated that “we need to raise our voices against all expressions of racism and instances of racist behaviour”. Following the killing of Mr. George Floyd, the cry ‘Black Lives Matter’ resonating across the United States and throughout the world is more than a slogan. In fact, they do not only matter, they are quintessential to the fulfillment of our common human dignity.
Now is the time to move from words to deeds.
We owe it to George Floyd and to all victims of racial discrimination and police brutality to dismantle racist institutions. As leaders in the multilateral system, we believe it is incumbent upon us to speak for those whose voices have been silenced, and advocate for effective responses that would contribute to fight systemic racism, a global scourge that has been perpetuated over centuries.
The shocking killing of George Floyd is rooted in a wider and intractable set of issues that will not disappear if we ignore them. It is time for the United Nations to step up and act decisively to help end systemic racism against people of African descent and other minority groups “in promoting and encouraging respect for human rights and for fundamental freedoms for all, without distinction as to race, sex, language, or religion” as stipulated in Article 1 of the UN Charter. Indeed, the foundation of the United Nations is the conviction that all human beings are equal and entitled to live without fear of persecution.
It was at the height of the civil rights movement in the United States and during the emergence of post-colonial independent African nations joining the United Nations, that the International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination (ICERD) came into force in 1969.
This was a pivotal time in history. The collapse of apartheid in South Africa, driven in part by the United Nations, was one of the Organization’s proudest achievements.
The human rights and dignity of black people in Africa as well as across the African diaspora resonated as a powerful signal to future generations, that the United Nations would neither turn a blind eye on racial discrimination nor tolerate injustice and bigotry under[PO1] the cover of unjust laws. In this new era, the United Nations must in the same vein use its influence to once again remind us of the unfinished business of eradicating racism and urge the community of nations to remove the stain of racism on humanity.
We welcome the initiatives by the Secretary-General to strengthen the global anti-racism discourse, which would address systemic racism at all levels, as well as its impact wherever it exists, including in the United Nations Organization itself.
If we are to lead, we must do so by example. To initiate and sustain real change, we also must have an honest assessment of how we uphold the UN Charter within our institution.
Our expression of solidarity is well in keeping with our responsibilities and obligations as international civil servants to stand up and speak out against oppression. As leaders we share the core beliefs and the values and principles enshrined in the Charter of the United Nations that do not leave us the option to keep silent. [PO2]
We commit to harnessing our expertise, leadership and mandates to address the root causes and structural changes that must be implemented if we are to bring an end to racism.
Almost 500 years after the revolting Transatlantic trade of Africans began, we have arrived at a critical point in the arc of the moral universe as we approach in 2024 the end of the International Decade for People of African Descent, a mere four years away. Let us use our collective voice to fulfill the aspirations of our communities that the United Nations will wield its moral power as an institution to effect global change. Let us use our voice to contribute towards the realization of Africa’s own transformative vision contained in Agenda 2063 which is consistent with the world’s Agenda 2030[PO3] .
Africa is the cradle of humanity and the forerunner of human civilizations. Africa as a continent must play a definitive role if the world is to achieve sustainable development and peace. That was the dream of the founders of the Organization of African Unity, that was also the strong belief of prominent leaders such as Kwame Nkrumah and eminent intellectuals such as Cheikh Anta Diop.
Let us never forget the words of President Nelson Mandela: "To deny people their human rights is to challenge their very humanity."
Let us ever bear in mind the admonition of civil rights leader Fannie Lou Hamer: “Nobody’s free until everybody’s free”, who was echoed by Dr. Martin Luther King Jr., “Injustice anywhere is a threat to justice everywhere”.
Their words were later embodied into the rainbow of the diverse nation of South Africa, as spelled by the peacemaker Archbishop Desmond Tutu when he stated that ``Black liberation is an absolutely indispensable prerequisite to white liberation - nobody will be free until we all are free.”
(*) All signatories listed below are senior UN officials who hold the grade of Under Secretary-General. They signed this Op Ed in their personal capacity:
Zainab BANGURA
Winnie BYANYIMA
Mohamed Ibn CHAMBAS
Adama DIENG
Bience GAWANAS
Gilbert HOUNGBO
Bishar A. HUSSEIN
Natalia KANEM
Mukhisa KITUYI
Phumzile MLAMBO-NGCUKA
Parfait ONANGA-ANYANGA
Pramila PATTEN
Vera SONGWE
Hanna TETTEH
Ibrahim THIAW
Leila ZERROUGUI
[PO1]refering to racial superiority could inadvertantly validate this baseless notion
[PO2]It may not be appropriate to lead what could be misinterpreted as a charge against our organization. The previous paragraphs are sufficiently explicit on our commitment to drive change within the UN without risking to embarass the leadership.
[PO3]This is to avoid giving the impression that we intend to play a direct politcal role.
par Dany Laferrière
LE RACISME EST UN VIRUS
On sait aujourd’hui que le virus a atteint presque tout-le-monde après quatre siècles. Et que la plupart des porteurs sont sains, c’est-à-dire qu’ils l’ont mais n’en souffrent pas. Le pire c’est qu’ils peuvent le transmettre
Bon, soyons clair, le racisme naît, vit et pourrait même mourir un jour. Il est contagieux, et se transmet d’un être humain à un autre. Toutefois sa rapidité de contagion varie selon le lieu ou la situation. On peut d’ailleurs créer de toutes pièces des situations qui augmenteraient sa vitesse et sa puissance, alors que d’autres la diminueraient. À certains moments on annonce de nouvelles vagues à l’horizon. On s’en étonne alors que des signes avant-coureurs avertissaient de l’imminence du danger. Le chômage, la misère, la violence urbaine, l’absence de courtoisie, sont des agents capables d’accélérer son éclosion dans un lieu où sa présence était embryonnaire. Mais le racisme a cette particularité de ne jamais naître à l’endroit où on se trouve. C’est un virus qui vient toujours d’ailleurs. Si le chômage fait soudain rage, on pointe alors du doigt les nouveaux venus qui conservent en eux, semble-t-il, ce gène de la misère qui permet au racisme de féconder. C’est en voyant un malade qu’on apprend l’existence du virus, sinon il reste invisible. Ce qui fonde l’idée que le malade est responsable de la maladie. Si le Blanc pense que c’est avec le Noir que ce virus est arrivé en Amérique, le Noir croit, lui, que c’est la cupidité du Blanc à vouloir exploiter son énergie qui le garde encore vivant. Il n’y a pas de Noir sans Blanc comme il n’y a pas de Blanc sans Noir. Chacun devant son existence à l’autre. Voilà un nouveau produit identitaire aussi américain que le hamburger. Une identité créée par un virus. On aimerait assister à cette naissance en laboratoire. Quant aux Amérindiens ils sont encore en confinement dans les réserves.
LE MOMENT HISTORIQUE
On se demande quand tout a commencé en Amérique ? Il y a 400 ans avec le commerce d’esclaves. Les premiers bateaux négriers sont arrivés à ce moment-là sur les côtes d’Amérique. Cela peut sembler lointain, mais sur un plan historique c’était hier. Les petits-fils d’esclaves font tout pour se rappeler « ces siècles sanglants » tandis que les petits-fils de colons font tout pour les oublier. On ne pense pas toujours à la même chose au même moment. On peut faire remonter la conception du virus quand L’Europe s’est mise à fantasmer sur cette énergie gratuite et inépuisable : la force de travail de l’esclave. Le but c’est l’argent. Faire travailler les autres gratuitement, avec droit de vie et de mort sur eux. On trouve encore des gens aux États-Unis qui pensent avec nostalgie à cette époque. Je dis États-Unis parce que les derniers événements s’y sont déroulés, mais je souris de voir l’Europe s’étonner de la violence du racisme américain, oubliant qu’elle était à l’origine de toute cette histoire. C’était la première pandémie puisque au moins trois continents étaient impliqués : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique.
LE MYSTÈRE
Il y a un point qui reste mystérieux : le racisme est capable d’apparaître dans les régions les plus reculées, là où il n’y a ni misère, ni chômage, ni même un Noir. On croyait pourtant connaître son mode de fonctionnement. Son territoire est-il illimité ? Son temps, infini ? Il y a tant de choses qu’on ignore dans le comportement du virus. On navigue à vue. La seule évidence c’est la souffrance qu’il produit sur un groupe : les Noirs. On serait étonné de la diversité des études faites sur le comportement du virus. Par exemple : Le virus peut-il passer de l’homme à l’animal ? On pourrait le croire en voyant dans le sud des États-Unis, il n’y a pas si longtemps, des endroits publics où c’est affiché : « interdits aux Nègres et aux chiens ». On pourrait croire que c’est la fantaisie d’un chercheur en laboratoire, en réalité cela fait partie d’un processus de déshumanisation.
EXCLUSIF SENEPLUS - Les grandes firmes pharmaceutiques font perdre à la science son intégrité. Les experts se livrent bataille dans les médias. En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 12/06/2020
« Quand les éléphants se battent, l’herbe souffre » (dicton africain)
La recherche de la gloire et l’âpreté au gain semblent devenir les nouveaux tentacules de la Covid-19, faisant perdre à la science sa splendeur, hypothéquant les chances de guérison des malades. La pandémie continue de nous enseigner sur nous-mêmes, mettant à jour notre faiblesse profonde d’être humain devant l’attrait des biens matériels et nos capacités émotionnelles. Du coup, cette maladie étale toute sa puissance létale.
Elle entraîne de grandes nations à s’étriper, telle dans une foire, pour se prévaloir de l’invention ou de la découverte du vaccin tant attendu. Le sentiment du retour à la course aux armements ayant marqué le 20è siècle après les deux déflagrations mondiales, nous vient à l’esprit.
Mais à la rivalité États-Unis-Union Soviétique du temps des années de braise de la guerre froide à son summum, nous assistons à présent à une confrontation économique et diplomatique ouverte Washington-Pékin.
Le ring commercial est animé par les géantes firmes pharmaceutiques qui veulent s’accaparer des dividendes de la fameuse molécule ou du vaccin miracle, elles-mêmes trustées par des sommités du monde médical, apparemment, au-dessus de tout soupçon, plonge notre époque, sans transition, dans la Covid-19 Business. Quand l’égo et l’argent, ces métaux éphémères, entrent par la porte, la santé sort par la fenêtre.
On comprend mieux le pessimisme condescendant qui a accueilli les offres de remèdes venues du tiers-monde, et le changement de stratégie qu’il a inspiré comme pour nous intimer l’ordre de ne pas nous mêler de ce qui ne nous regarde pas.
Il va de soi que cette mauvaise compétition dépasse l’enjeu sanitaire et, bras de fer supplémentaire, fait reculer la fin de la pandémie qui continue ses ravages. Personne ne semble plus entendre Hippocrate proclamer, dans son célèbre serment, «… Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement… ».
De fait, nous assistons à un corps à corps diplomatique et financier qui a fait déjà au moins deux victimes, d’un côté les patients et leurs soignants qui s’échinent à s’évader du couloir de la mort et, de l’autre, la coopération multilatérale.
Instrument mis en place par nos prédécesseurs pour permettre à toutes les nations de cultiver la solidarité et l’entraide, le multilatéralisme est sacrifié sur l’autel d’intérêts particuliers. Un coup porté à la nécessaire union des États pour combattre le fléau mondial. Un gain supplémentaire pour ce virus sans frontière qui défie l’humanité depuis un semestre.
L’OMS victime collatérale
Le signe le plus évident de ce constat est la polémique née de la gestion de la pandémie et dont l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) apparait comme l’agneau du sacrifice. Il est vrai que cette organisation ne s’est pas singularisée par une gestion cohérente de cette pandémie. Elle a tant dit, démenti, redit, s’est tant dédite et rebiffée ! Non pas parce qu’elle n’avait ni vision ni paramètres scientifiques mais parce que, naine au milieu des géantes multinationales, elle illustre ce proverbe « quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre ».
Les disputes entre puissants bailleurs ont réduit l’organisation en contrariant sa vocation initiale de bras armé du monde pour la santé. Le même sort guette toute structure intergouvernementale appelée à être au centre des querelles de ses États membres, surtout quand ceux-ci détiennent les cordons de la bourse. Le retrait des États-Unis de l’OMS, rappelle la fallacieuse accusation faite par la même puissance, au milieu des années 80 à l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) à la suite du fameux débat sur le Nouvel Ordre mondial de l’information et de la Communication (NOMIC). Le Sénégalais Ahmadou Mahtar Mbow, vénérable homme de culture et fierté de l’Afrique qui fête son centenaire cette année, était le directeur général de l’UNESCO.
Des empoignades idéologiques sans envergure, trahissant des volontés de domination, ont tenté de mettre à genou cette instance unique de réflexion sur les valeurs essentielles que restent la science, l’éducation et la culture pour l’harmonie de l’humanité dans sa diversité enrichissante.
Sans verser dans une quelconque paranoïa, il n’est pas indifférent de constater que les deux organisations, UNESCO en son temps, et OMS aujourd’hui ont deux africains à leur tête au moment des coups de boutoir. Hasard ? N’est-il pas immoral de priver ces organisations des moyens d’accomplir leurs missions avec l’arrière-pensée perfide de mettre à mal leurs dirigeants élus ?
Il n’est pas d’alternative à l’OMS dans son soutien à nos politiques de santé et surtout à sa présence vitale sur le terrain auprès des populations démunies. Toute attaque contre l’institution annihile nos efforts pour faire face à la pandémie et freiner sa propagation. En se prolongeant, nous ne serons que les victimes de ce bras de fer entre puissants.
En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis. Les grandes firmes pharmaceutiques qui soignent le monde dans un détestable monopole né du droit contestable des brevets font perdre à la science son intégrité, sa morale et sa générosité. La santé reste alors un luxe pour les pays pauvres. Qu’adviendra-t-il de l’accès rapide et facile de nos populations à un éventuel vaccin ou à un médicament venant de leurs laboratoires ?
Cette interrogation n’est pas fantaisiste quand on sait que l’affrontement entre scientifiques, par journaux et pétitions interposés, prend maintenant la rue à témoin comme si elle était juge de l’efficacité de tel médicament ou de sa dangerosité. Les experts se livrent bataille dans les médias à longueur d’antennes ou de colonnes.
Un leadership mondial défaillant
C’est parce que l’impact économique, social, psychologique, culturel même de la Covid-19, gagne du terrain sur sa maitrise scientifique. Il sous-tend la recherche effrénée du bien matériel de même que l’influence politique et diplomatique dans la course au leadership mondial.
La pandémie ne livre toujours pas ses secrets, renforçant le sentiment d’impuissance au sein de la communauté scientifique et instruisant les maitres du monde qu’ils ne sont que comme tous les autres hommes. Point de boucs émissaires pour justifier l’échec et le manque de soins aux populations.
Au rythme où évoluent les choses, les mesures barrières risquent de devenir de vieux souvenirs. En cause, entre autres, l’hypothèque sur le multilatéralisme ainsi que la rude bataille entre les grandes firmes de production des médicaments.
Tout est ainsi fait pour l’égo et l’or. Demandons à ceux qui les possèdent de se débarrasser de ces métaux et de respecter sans restriction le serment de Gallien qui illumine la voie des pharmaciens : «… En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels… ».
La Covid-19 était une opportunité d'humanisation de l'ordre mondial, la course à l'ego et à l'or signe t- elle la fin de cet espoir ? Notre époque a besoin d’un leadership plus affirmé dans la lutte contre la pandémie comme en bien d’autres domaines.
CONTRIBUTION DES MÉTIERS DE L’INFORMATION DOCUMENTAIRE AU DEVELOPPEMENT DU SENEGAL
Le pays ne pourrait disposer d’une Administration publique efficace et instaurer une politique de bonne gouvernance sans un certain nombre de préalables parmi lesquels figure la gouvernance de l’information
Le développement de l’Afrique en général et du Sénégal en particulier passera par la science, le savoir et la connaissance. D’où la nécessité de valoriser les métiers dont les objets tournent autour de la science, du savoir et de la connaissance. Parmi ces métiers figurent ceux de l’Information documentaire. Ces derniers, dont le rôle est essentiel pour le développement d’un pays n’est plus à démontrer, demeurent encore méconnus et timidement valorisés au Sénégal. Ce qui peut paraître paradoxal si l’on tient compte des ambitions du pays en matière de développement. Loin de vouloir faire le procès des manquements précités, cette réflexion vise à montrer comment les métiers de l’Information documentaire peuvent contribuer au développement du Sénégal.
Nous avons fait le choix d’organiser notre réflexion autour des principaux aspects des métiers de l’Information documentaire, notamment ceux qui mettent en exergue leur contribution au développement.
Accès à l’information et développement : rôle et place des bibliothèques
Souvent perçues au Sénégal comme des institutions documentaires qui jouent uniquement un rôle patrimonial et culturel, les bibliothèques participent également au développement économique et social d’un pays. En effet, l’accès à une information utile et fiable du citoyen, en tant qu’acteur de développement est indispensable. Pour être au cœur du développement, le citoyen a besoin des ressources informationnelles qui lui permettent de renforcer ses compétences et ses capacités de comprendre et d’agir ; de participer de façon active à la réflexion et à la mise en œuvre de programmes de développement ; de prendre en main son propre en main son propre développement quel que soit le secteur et le niveau ; d’exercer pleinement ses droits civiques et politiques de façon libre et responsable.
La mise en place de structures documentaires qui sont, à la fois accessibles et capables de répondre aux besoins informationnels des citoyens permet de promouvoir l’éducation, la formation et le développement. Les lieux d’accès à l’information, au savoir et à la connaissance, que sont les bibliothèques, sont essentiels à la participation active des citoyens au développement du pays.
L’apport des professionnels de l’Info-doc au développement de la science
L’information scientifique et technique est la sève nourricière de la recherche scientifique. Cette dernière est essentielle pour le développement d’un pays. En effet, la diffusion et l’exploitation des productions de la communication scientifique participe à impulser la recherche, la création et l’innovation au niveau des secteurs de développement. D’où la nécessité de faire connaître et de rendre accessible le patrimoine scientifique nationale.
Il est vrai que les technologies de l’information et de la communication ont largement modifié (notamment en termes d’autonomie) les processus de production, de validation, de diffusion, d’accès et mise à disposition de l’Information Scientifique et Technique aux usagers, mais paradoxalement, le professionnel de l’information demeure incontournable dans tout ce processus. En effet, le professionnel de l’information participe à la création des savoirs en ce sens qu’il est le pont entre l’information et l’usager. C’est lui qui localise l’IST, la met à la disposition du chercheur qui va l’utiliser pour en faire un autre élément de la communication scientifique.
Ainsi, le développement des collections scientifiques, l’aide à la rédaction documentaire, l’aide à la recherche documentaire sont autant de compétences que l’on trouve chez les professionnels de l’information documentaire à destination des chercheurs afin de les accompagner dans leur activité de publication scientifique. A cela s’ajoute la valorisation de la communication scientifique dans les archives ouvertes qui est devenue un sacerdoce pour ces professionnels de l’information documentaire.
Les archives : des outils au service de l’Administration et de la science
Loi n° 2006-19 du 30 juin 2006 relative aux archives et aux documents administratifs définit les archives comme : « Les archives sont constituées par l’ensemble des documents quels qu’en soient la nature, la forme ou le support matériel, produits ou reçus par une personne physique ou morale dans le cadre de son activité publique ou privée. »
Issues de l’activité d’un organisme public ou privé, d’une personne physique ou morale, les archives ont trois principales fonctions : “informer”, “justifier” et “mémoriser”. Ainsi, de par leurs valeurs administrative, légale et scientifique, les archives constituent de précieux éléments pour les organismes publics et privés, le monde de la recherche scientifique et les citoyens. D’où l’enjeu que comporte la gestion, la conservation et l’accès aux archives.
Au Sénégal, dans un passé récent, la mise en place de systèmes d’archivage et les pratiques managériales archivistiques ne faisaient pas partie des priorités des autorités. Cependant, nous notons que de plus en plus le besoin d’une gestion moderne et efficace des archives se manifeste au sein des organismes publics. En effet, une gestion optimale des archives peut se traduire en termes de performance et d’efficacité au niveau des services administratifs.
« L’occasion fait le larron », la crise sanitaire de la Covid-19 que nous traversons, nous amène à aborder un aspect peu connu des archives, notamment les archives médicales, qui nous permettra par ailleurs d’illustrer l’apport des archives à la science.
En milieu hospitalier l’archivage des dossiers médicaux est une obligation et une responsabilité légale à assumer par les administrateurs hospitaliers. En effet, dès le premier contact du patient avec l’établissement hospitalier (hospitalisation ou consultation) un dossier (dossier médical) lui est ouvert. Le dossier médical a plusieurs fonctions : il permet d’assurer la continuité des soins, de faire de la recherche médicale et servir de preuve ou d’éléments d’information en cas d’action de recherche en responsabilité civile. En outre, l’archivage des dossiers médicaux permet de garantir la traçabilité, la crédibilité, la confidentialité, la pérennité et la communication « encadrée » de l’information médicale.
La gouvernance de l’information : un enjeu d'efficacité de bonne gouvernance
Le Sénégal ne pourrait disposer d’une Administration publique efficace et instaurer une politique de bonne gouvernance sans un certain nombre de préalables parmi lesquels figure la gouvernance de l’information. Cette dernière, qui nous intéresse dans ce présent document participe à l’efficacité et à garantir la transparence au sein d’un organisme privé ou public. D’où l’enjeu qu’elle comporte pour le Sénégal. En effet, la mise en place d’une gouvernance de l’information pourrait permettre à l’Administration publique sénégalaise d’abord d’organiser et de maîtriser les informations et documents qu’elle génère dans le cadre de son fonctionnement et qui sont indispensables à la conduite de l’action publique ; ensuite de garantir un accès rapide aux informations et documents nécessaires à la prise de décisions et à la fourniture de services publics aux citoyens ; et enfin d’assurer la traçabilité, la préservation et la conservation des actes et actions administratifs afin de répondre aux exigences de transparence.
Ainsi, la gouvernance de l’information, en garantissant la maîtrise, l’accès, la sécurité et la disponibilité des informations et documents (administratifs), contribue à éradiquer les lenteurs administratives, à faciliter les opérations d’audit et de contrôle et à permettre aux citoyens de bénéficier d’un service public de qualité et de jouir pleinement à leur droit d’accès à l’information publique.
Dès lors que l’efficacité de l’Administration publique sénégalaise et l’instauration d’une politique de bonne gouvernance sont des exigences pour le développement du pays, la gouvernance de l’information devient un préalable incontournable.
L’Intelligence économique comme bras armé des organisations
L’intelligence économique est une démarche à la fois organisée et cohérente qui vise l’agilité par un usage stratégique de l’information. C’est un outil qui permet à l’organisation d’évaluer l’ensemble de ses connaissances matérielles et immatérielles. En sus de cela, l’IE permet à l’organisation de connaître, de comprendre mais surtout d’anticiper sur son environnement. Cela dit, l’IE s’appuie sur le triptyque à savoir : la veille, l’influence et la protection économique.
Partant de là, nous constatons que l’IE est un excellent outil de pilotage qui pourrait permettre au Sénégal à travers ses organisations publiques/privées d’être à l'affût des marchés. La crise du Covid-19 a mis en lumière la dimension stratégique de l’information. Les renseignements généraux se sont trouvés en première ligne dans cette course aux matériels médicaux. Elles ont compris très tôt que la variable information est un actif stratégique dans une économie mondialisée.
Le Sénégal subira les effets pervers de la crise du Covid-19. Et pour faire face à ce tsunami économique qui se profile à l’horizon, le Sénégal peut atténuer le choc en faisant de l’Intelligence économique son arme de guerre. À l’aune de la guerre économique où l’information constitue le code de la vie des organisations, le Sénégal devrait mettre l’IE au cœur de ses politiques publiques. Une politique publique d’intelligence économique pourrait être le bras armé de l’Etat dans sa quête de compétitivité et de sécurité économique.
La Gestion Electronique de documents et l’Archivage numérique au service E-administration
La nécessité d’opérer la transition numérique des administrations n’est plus à démontrer. Les lenteurs administratives sont toujours présentes et constituent un véritable problème. L’une des solutions adéquates demeure la dématérialisation de certaines procédures. La stratégie "Sénégal numérique 2016-2025" enclenché depuis 2016 tarde à faire ses effets pour plusieurs raisons dont la non implication des véritables acteurs du secteur numérique parmi lesquels les professionnels en sciences de l’information documentaire.
Le professionnel de l’information documentaire occupe une place centrale dans ces genres de système d’informations car étant au cœur du circuit de l’information de sa création à sa diffusion en passant par l’indexation. Il est donc appelé à se retrouver dans les phases de configuration et de mise en place de ces systèmes autour de la collecte, du traitement, et de la diffusion de l’information car étant une des ressources humaines qui maîtrisent le mieux les différentes facettes de cette dernière. Grâce à ses compétences, il concourt à une circulation immédiate de l’information du système, ainsi les processus et le travail collaboratif sont optimisés dans des proportions considérables. Les utilisateurs ne perdent plus de temps à retrouver les documents.
Cependant, l’un des défis majeurs de la GED reste l’adoption des solutions afin de faciliter les procédures administratives et citoyennes et pouvoir par la même occasion assurer la sauvegarde du patrimoine documentaire national.
Le développement du Sénégal passera par la science, la bonne gouvernance. D’où le rôle essentiel que doivent y jouer les professionnels de l’Information documentaire dont le cœur de métier est l’information, autrement dit la science, le savoir et la connaissance. Les pouvoirs publics sénégalaises doivent intégrer la « donnée » information documentaire dans leurs plans et projets de développement, car elle est la base de toute entreprise qui se veut durable, pérenne et couronnée par le succès.
Contribution faite par un groupe de jeunes professionnels en SID.
Auteurs : Bassirou Diagne, Mamadou Dia, Seydina Omar Ndiaye, Moussa Diaw, El Hadji Gora Sene, Birane Diop.
DIOUF SARR, DE LA CABANE DE MBENGUENE AU MINISTÈRE DE LA SANTÉ
Les voies de la destinée l’ont conduit sous le feu des projecteurs à un moment crucial où se joue sans doute l’avenir de toute une nation engluée dans une guerre sanitaire sans merci contre un redoutable ennemi tueur en série
K. DIARRA et Falilou MBALLO |
Publication 12/06/2020
Les voies de la destinée l’ont conduit sous le feu des projecteurs à un moment crucial où se joue sans doute l’avenir de toute une nation engluée dans une guerre sanitaire sans merci contre un redoutable ennemi tueur en série. L’actuel ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, est issu d’un quartier du village traditionnel de Yoff nommé Ngaparou. Le «Témoin » s’est rendu dans son berceau natal sur les traces du « général » chargé de mener les troupes sur la ligne de front de la guerre contre la pandémie de coronavirus en cours.
L’étranger qu’est votre serviteur s’engouffre dans des ruelles étroites qui s’entrelacent, se demandant s’il ne s’est pas perdu malgré l’orientation instinctive du guide, familier de la bourgade. Une longue marche pénible, sur du sable qui semble mouvant tellement il happe les pieds, débouche quelques minutes plus tard sur le quartier Mbenguène. « Ce n’est pas loin. Les deux quartiers sont contigus. Il nous reste moins de cinq minutes pour pénétrer dans Ngaparou », exhorte celui qui est chargé de nous conduire à la maison familiale de l’actuel ministre de la santé. On traverse un essaim de maisons disséminées.
En cet après-midi d’une journée du mois de juin, le quartier de Ngaparou qui, à lui seul, a déjà enregistré 59 cas positifs au coronavirus, au cœur du village traditionnel lébou de Yoff, est en effervescence. L’incandescence des rayons solaires qui s’abattent sur le rivage est atténuée par une brise marine provenant du grand bleu dès les vagues sont visibles à quelques mètres. Un peu partout dans les ruelles sont disposés de grandes vases d’eau flanquées d’un robinet installées pour la désinfection des mains en ces temps de pandémie. Les devantures des habitations, transformées en coins de palabres par des jeunes, des adultes et des vieux des deux sexes imposent de ralentir de rythme. « Ici, rares sont les visages qui sont inconnus des habitants. Quasiment tout le monde se connait. Toutes les familles partagent des liens de parenté qui transcendent notre présent. C’est même une des marques de la communauté lébou que nous sommes », raconte notre guide face à notre ébahissement de voir qu’il échangeait des salutations chaleureuses avec tous ceux qu’il croisait ou qu’on dépassait. Au détour d’une ruelle, au terme d’un long parcours en zig zag, il pointe du doigt un quadragénaire. «C’est un frère du ministre Diouf Sarr ! Il le connait mieux que quiconque car ils ont grandi ensemble dans la même maison. Allons le voir, il pourrait vous en dire plus », renseigne notre accompagnateur avant de sacrifier aux salutations d’usage. En djellaba, taille élancée, bonnet noir posé religieusement sur la tête, l’homme en face de nous est effectivement un proche parent de celui dont nous tentons de pénétrer l’univers de l’enfance dans ce populeux quartier de Yoff. A la manière d’un flashback, Imam Seydina Samb, frère du ministre, nous plonge dans ses souvenirs. « Nos deux mamans sont issus du même père et de la même mère. Mais Diouf Sarr a été adopté dès son enfance par ses grands-parents maternels ici à Ngaparou dans la concession des «Syllènne» où il a grandi », explique ce cousin germain du ministre de la santé avant de nous désigner du doigt le domicile en question.
De numéro 10 de l’ASC Ngaparou à édile de la commun
Comme toute bonne famille traditionnelle lébou, la vaste concession des « syllènne » regroupe plusieurs maisons occupées par des familles partageant des liens de sang. C’est le royaume d’enfance de l’actuel ministre de la santé, Abdoulaye Diouf Sarr, également maire de la commune de Yoff. Seydina Samb témoigne : « c’est dans ce quartier que, enfant, il gambadait en compagnie de ses copains. A l’époque, cette bande qui a marqué son temps à Yoff était connue sous le nom de « Cabane ». Parmi ses acolytes, son meilleur ami dans le coin est un certain Boubacar Diallo. D’ailleurs, jusqu’à présent, devenus hommes entretemps, ils sont inséparables ». Un rendez-vous est vite calé avec ce dernier. La cinquantaine révolue, confortablement installé dans son salon de l’autre côté de la cité Apecsy, Boubacar Diallo est aujourd’hui un père de famille dont l’un des enfants d’Abdoulaye diouf sarr porte le nom. Quatre ans plus tard, à la naissance de son fils ainé, Boubacar a renvoyé la politesse à son camarade de la « cabane » en lui donnant un homonyme. « Nous avons grandi ensemble dans ce quartier traditionnel de Yoff. Très passionné de football, Diouf Sarr était un des joueurs incontournables de notre équipe, l’ASC Ngaparou. A l’époque, il portait le numéro 10 et était le buteur de cette équipe. Et même plus tard après, avoir raccroché les godasses, et en récompense à son engagement en faveur de l’équipe, il a été nommé président de l’ASC Ngaparou », confie l’ami intime du ministre de la santé et maire de la commune de Yoff.
Partout sur les écrans, invisible à son domicile
En première ligne dans la lutte contre la pandémie, omniprésent sur le terrain, s’invitant quotidiennement dans tous les foyers par la magie du petit écran, au four et au moulin, inlassable, les yeux rivés sur lui à l’échelle nationale, Abdoulaye Diouf Sarr n’a plus de toute vie familiale depuis l’apparition du coronavirus dans notre pays. D’après quelques indiscrétions glanées dans son entourage, c’est nuitamment et en toute discrétion qu’il effectue de rares descentes dans sa commune pour s’enquérir de la situation dans certains zones durement infectées par le coronavirus. Un habitant de Ngaparou, son quartier natal, révèle : « Ici à Yoff, quand il y a eu ces derniers jours une série de contaminations à la covid19, c’est loin de tout tintamarre et dans un esprit fraternel que le ministre est venu s’imprégner de la situation en tant que fils de la localité pour encourager les acteurs locaux engagés dans la lutte contre cette pandémie. ». Ainsi, de Yoff à Grand Yoff, entre le domicile de sa première épouse et celui de la seconde, les radars du « Témoin » n’ont pu apercevoir l’ombre de Abdoulaye Diouf Sarr malgré les moult tentatives. « Nous avions l’habitude de prendre le repas ensemble. Mais, en ce temps de crise sanitaire, même les weekends il est devenu introuvable dans son domicile. Il sort très tôt le matin et ne revient que tard dans la nuit. A force de consacrer tout son temps à la gestion de cette pandémie, il a perdu toute vie familiale. Mais il n’empêche, on comprend sa situation et d’ailleurs nous ne cessons de prier pour lui pour la réussite de cette mission dont dépendent des millions de vies dans notre pays », nous souffle un membre du cercle familial du ministre de la santé.
« Je ne sais pas pourquoi Macky Sall m’a nommé ministre de la Santé »
En marge d’une rencontre avec les responsables de la presse, Abdoulaye Diouf Sarr nous avait reçus dans son bureau XXL. Son minois sympathique prouve que l’homme n’est pas…contaminé par l’angoisse généralisée des sénégalais du fait de la pandémie. On était quelques semaines après la mise en place de la riposte contre la maladie. « Je suis zen. Le 02 mars, lorsqu’on enregistrait le premier cas, nous avions déjà mis en place notre organisation interne pour ne pas être surpris. C’est pourquoi, depuis lors, on ne fait que dérouler notre protocole élaboré avec mes collaborateurs » rassure le ministre Abdoulaye Diouf Sarr. Dans une franche rigolade, l’homme livre une confidence personnelle. « Je ne sais pas pourquoi le président de la République m’a nommé ministre de la Santé. Je ne sais pas pourquoi. D’ailleurs, il ne m’a même pas consulté. Mais vous savez, moi, je suis un soldat. J’exécute les ordres du président de la République, comme un soldat exécute les ordres d’un général. Il n’y pas place pour des tergiversations ». Seulement, le ministre s’est refusé à tout commentaire sur ses méthodes de management. « Allez consulter mes collaborateurs, je pense que c’est mieux et plus rofessionnel » nous conseille-t-il.
Test positif au ministère de la Santé pour Diouf Sarr, une démarche collégiale travaillée
« Le style de management instauré au ministère de la Santé et de l’Action sociale est singulier voire innovant. Sur fond d’échanges, en toute transparence, avec les différents acteurs, les choses se disent naturellement. Le comportement des différentes structures en lice, à savoir le Comité national de gestion des épidémies, la direction de la Prévention, de la lutte contre la maladie, le SAMU, les différents établissements publics abritant les Centres de traitement des épidémies, l’Institut Pasteur et le Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS), entre autres, ce comportement des acteurs atteste une parfaite synchronisation de différentes actions sous la supervision du ministre. Le tout sur la base d’une bonne délégation de pouvoirs et d’un sens des responsabilités des acteurs. Chacun travaille sur la base d’un protocole rigoureusement contingenté. Les différents résultats harmonieusement présentés au public font référence à une programmation et une planification qui respectent les règles d’une gestion inclusive et participative. Le sérieux qui entoure la gestion de la riposte de la Covid 19 renseigne sur la démarche qualitative du processus. La régularité des instances de coordination et des visites de suivis sur le terrain dénotent s’il en est besoin la qualité de la relation entre toutes les parties prenantes tant au niveau de la coordination stratégique que des acteurs au niveau opérationnel » souligne le Dr Babacar Guèye. Ce dernier, chef de la division de la lutte contre les maladies non transmissibles, ajoute qu’ « Abdoulaye Diouf Sarr donne le sentiment non seulement d’être juste mais souhaite être reconnu comme tel. Ce au-delà de l’aspect moral d’un management efficace et qui engage en toutes responsabilités et loyautés. L’imposant immeuble blanc qui abrite les locaux du ministère de la Santé et de l’Action sociale fait frémir. Le langage qui y prévalait pouvait être très codé et peu accessible pour les non-initiés mais Abdoulaye Diouf Sarr a fini aujourd’hui de casser le mythe.
En plongeant ses racines dans les profondeurs du management de qualité, cet exécutif local a démontré qu’une gestion participative est à la base et constitue la clé du succès dans toutes les entreprises. Les trois mois écoulés après le début de l’épidémie de Covid19 ont fini de révéler qu’un homme venu d’un secteur non médical a pu pourtant jusque-là conduire avec brio aux destinées de ce département très stratégique avec la confiance renouvelée du chef de l’Etat, Son excellence M. Macky Sall. Il a su donner une dimension autre que médicale, pourtant très essentielle aux destinées de ce très stratégique département ».
92 NOUVEAUX CAS, 106 GUÉRIS
Le Sénégal enregistre 92 nouveaux cas positifs de Coronavirus, ce vendredi. En revanche, le nombre de guéris dépasse largement le nombre de malades.
Le Sénégal enregistre 92 nouveaux cas positifs de Coronavirus, ce vendredi. En revanche, le nombre de guéris dépasse largement le nombre de malades. Le Directeur de Cabinet du ministère Santé, Docteur Aloyse Diouf relève 106 nouvelles guérisons. Mais, le nombre de cas grave ne faiblit pas. 23 sont relevés dans le bulletin de ce 12 juin.
Le taux de positivité sur les 1005 tests réalisés est de 9,15% soit une légère baisse par rapport à hier. Parmi les nouveaux cas, 74 sont de contacts suivis par les services du ministère de la Santé et les 18 sont issus de la transmission communautaire répartis entre, Guédiawaye, Rufisque Mbao, Dimaguene, Liberté 6, Bambilor, Kounoune, Yarakh, Kébémer et Touba.
A ce jour, 4851 cas ont été déclarés positifs dont 3100 guéris et 56 décès enregistrés et 1694 malades sous traitement répartis dans les différents centres prévus.
UN CAS POUR LES «DIALOGUEURS»
Point inscrit à l’ordre du jour des discussions sur le dialogue politique, mais reporté vers la fin des échanges, le parrainage à l’élection locale prochaine ne sera pas de tout repos pour les candidats.
Point inscrit à l’ordre du jour des discussions sur le dialogue politique, mais reporté vers la fin des échanges, dans le but d’attendre le rapport de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral, jusque-là pas encore démarrés, le parrainage à l’élection locale prochaine ne sera pas de tout repos pour les candidats. Si bien évidemment, la loi l’instituant dans le pays n’a pas été modifiée par les «dialogueurs» ou même supprimée pour ces prochaines joutes.
L a loi constitutionnelle 2018-14 du 11 mai 2018 portant révision de la Constitution fait du parrainage par les électeurs une condition de validation des candidatures aussi bien pour les candidats indépendants que pour les candidats présentés par les partis ou coalitions de partis légalement constitués. Cette loi bien que n’ayant pas fait l’objet d’un consensus de la part des acteurs politiques, a été votée et adoptée par l’Assemblée Nationale et s’est imposée à tous les candidats à l’élection présidentielle de 2019.
Le hic, dans son rapport d’observation de l’élection présidentielle du 24 février dernier, la Mission d’observation de l’Union européenne (Ue) a affirmé, entre autres, que «le parrainage citoyen pour les élections locales devrait être abandonné, et ce dans les plus brefs délais». En réalité, des manquements avaient été notés lors du parrainage pour la présidentielle dernière, ayant ainsi occasionné le recalage d’une vingtaine de candidats.
Parmi les couacs relevés par les acteurs de la société civile, il faut mentionner l’absence de modélisation du support de collecte des signatures, l’incohérence entre la fiche papier et le format numérique. Ils ont aussi déploré la technique d’assèchement qui consiste à demander à ses soutiens, plus de parrainages que ceux nécessaires, de sorte que le vivier des signatures potentiels soit asséché pour les autres candidats. Voilà où réside le grand problème, si les acteurs au dialogue politique ne parviennent pas à s’accorder sur les modifications à apporter à ladite loi, ou tout simplement sa suppression, avant les élections locales prochaines. Vu la complexité des Locales, où plusieurs listes comportant parfois des sensibilités différentes sont mises en compétition et non des candidats individuels, le risque de doublons est réel. Cela, d’autant plus que le bassin électoral est le même pour tous, dans la collectivité territoriale.
Autre chose et pas des moindres, ce ne sera pas chose aisée d’organiser le parrainage dans plus de 500 communes du pays, qui plus est, y compris l’élection des maires de la ville. Est-ce que notre fichier électoral configuré en nombre de communes peut pouvoir en tirer les substances quand on sait que les Sénégalais sont des migrants entre communes, entre zones, etc ? Avec quel logiciel adapté ? L’on se rappelle que les 7 personnalités indépendantes de la société civile, membres de la commission de contrôle des parrainages au Conseil constitutionnel ne disposaient d’aucune information sur le logiciel élaboré pour faire le décompte des parrains.
Par ailleurs, aller dans le sens de la recommandation des Observateurs de l’Union européenne serait suicidaire, quand on sait que lors des dernières locales de 2014, on avait enregistré près de 2000 listes sur 557 communes, plus les départements. Maintenant que les candidatures indépendantes sont généralisées à toutes les élections, depuis le référendum de 2016, il sera impossible d’avoir un système de candidature rationalisé sans le filtre du parrainage. Surtout que le pays compte plus de 300 partis. Le but de ladite loi était d’ailleurs d’éviter cette pléthore de candidatures liée aux législatives, au total 47 listes.
Il revient, par conséquent, aux acteurs prenant part au dialogue politique en suspens de trouver le juste milieu entre la nécessité de rationaliser les candidatures et l’obligation de flexibilité de la loi sur le parrainage, en prélude aux élections locales à venir.