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24 avril 2025
Politique
DES PISTES POUR UN FINANCEMENT SAIN DES PARTIS POLITIQUES
Evoquée lors des dernières concertations sur le processus électoral, mais laissée en suspens pour une éventuelle prise en charge par une Commission, la question du financement des partis politiques a été soulevée depuis belle lurette et plusieurs fois
Au deuxième jour du procès de Lamine Diack, ex-patron de l’athlétisme mondial et ses 5 co-prévenus dont son fils Papa Massata Diack, à savoir le mercredi 10 juin dernier, la Cour s’était intéressée aux contreparties qu’aurait obtenues Lamine Diack en échange du ralentissement des procédures de sanctions des athlètes suspects, pour entre autres financer l’opposition du président Wade, à la campagne électorale de 2012. Occasion saisie par la rédaction de Sud quotidien pour revisiter les propositions faites par des experts électoraux sur la lancinante question de la rationalisation et du financement des partis politiques.
Evoquée lors des dernières concertations sur le processus électoral, mais laissée en suspens pour une éventuelle prise en charge par une Commission, la question du financement des partis politiques a été soulevée depuis belle lurette et à de nombreuses reprises. Moult réflexions ont été menées dans ce sens sans pour autant aboutir à une conclusion efficiente. Des réflexions du professeur agrégé des Facultés de Droit, El Hadj Mbodj, en 1998, aux recettes de la société civile et des acteurs politiques en décembre 2015, en passant par les conclusions des Assises nationales de 2009, sans oublier les travaux de la Commission nationale de réforme des Institutions (Cnri) en 2014, des pistes de solution n’ont cessé d’être dégagées.
Au final, la question est toujours pendante en dépit des différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Elle reste toujours d’actualité, surtout qu’il ressort du procès de l’ex-président de l’athlétisme mondial, Lamine Diack et ses co-prévenus, le mercredi 10 juin dernier, que de l’argent issu de cette histoire de dopage d’athlètes Russes aurait servi à financer l’opposition contre le régime d’Abdoulaye Wade, lors de la campagne électorale de 2012. Comme contribution au débat sur cette question de rationalisation et de financement des partis, plus de 300 partis, et à leur financement qui fait partie des points à débattre au dialogue politique, Ababacar Fall, Secrétaire exécutif du Groupe de recherche et d’appui conseils pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) avait expliqué que cela est due à l’existence d’un cadre juridique obsolète qui a permis une trop grande liberté dans la création des partis. L’expert électoral rappelle que sous Diouf, le verrou mis en place par Senghor a sauté avec le vote de la loi 81-17 du 11 octobre 1981, puis modifiée en modifié en 1989 par la loi n°89-36 du 12 octobre 1989. Pour lui, ces deux lois ont esquissé un cadre juridique des partis politiques, outre la Constitution et les articles 812 et suivants du Code des Obligations Civiles et Commerciales.
Par conséquent, pour venir à bout du problème, M. Fall avait préconisé la modification de l’actuel cadre juridique «obsolète» dans beaucoup de ses dispositions. Il avait, à cet effet, fait un certain nombre de propositions, dont la nécessité de corser la création des partis politiques avec l’exigence d’un nombre déterminé de signatures pour assurer la représentativité et le paiement de droit d’enregistrement; l’obligation pour le parti politique de disposer d’un local approprié devant servir exclusivement de siège et d’un compte bancaire pour les besoins du contrôle financier. Il y a aussi l’obligatoire de participer aux élections, seul ou en coalition, pour les partis. Il y a aussi l’instauration du financement public direct des partis politiques, avec des critères d’éligibilité basés sur la représentativité et l’élargissement de la fonction de contrôle financier des partis politiques à la Cour des Comptes. Sans être exhaustif, il y avait comme proposition le plafonnement des dépenses pour les campagnes électorales, tout comme l’adoption du Statut de l’Opposition, avec désignation du Chef de l’Opposition.
Abondant dans le même sens, Valdiodio Ndiaye, membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce) propose tout d’abord que le ministère de l’Intérieur procède à une mise à jour des partis politiques, d’autant que certains ne sont plus fonctionnels. Partant de l’existant, il suggère comme deuxième élément à régler, l’exigence aux partis politiques d’avoir un siège, d’être identifié, d’avoir un contact téléphonique fixe et le dépôt des rapports financiers annuels avec les éléments institutionnels qui vont avec. Mieux, il pense qu’il faut adopter l’obligation de participer à des scrutins locaux, avec une obligation d’atteindre au moins 1% du suffrage sinon disparaitre. Il ira même jusqu’à suggérer l’instauration pour chaque parti politique d’une école du parti. Il s’est dit d’avis que ce n’est qu’après ces préalables administratifs, qu’on pourra parler du financement des partis politiques.
De toute évidence, tous s’accordent que la pléthore des partis politiques pourrait être un facteur de fragilisation de notre démocratie. Cela, d’autant plus que certains partis sont créés que pour s’assurer une situation de rente et permettre à leur fondateur d’avoir des revenus ou des positions en s’affiliant à des coalitions qui sont au pouvoir.
LA CLASSE POLITIQUE EN ÉCHEC SUR LA GESTION DE LA CHOSE PUBLIQUE
De la présidence d’Abdou Diouf à celle de Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, la question de la rationalisation et du financement des partis politiques a été toujours évoquée sans qu’elle ne soit suivie d’actes concrets
Au deuxième jour du procès de Lamine Diack, en France, la question du financement par l’ex-patron de l’Iaaf de l’opposition politique sénégalaise entre 2019 et 2012 a réveillé la vieille problématique de la rationalisation et du financement des partis politiques, et corrélativement le financement des campagnes électorales au Sénégal. Prétexte pour la rédaction de Sud quotidien de revisiter cette lancinante question que les différents régimes n’ont pu régler, plus de soixante ans après l’accession du Sénégal à l’indépendance, à cause de calculs politiciens et de la surenchère de gouvernants non disposés à renforcer leur opposition. Quoique des propositions judicieuses aient été faites par des hommes de droit et autres experts électoraux pour résorber définitivement cette question de rationalisation et de financement des partis politiques.
UNE REFORME, EN BUTTE AUX CALCULS POLITICIENS ET LA SURENCHERE POLITIQUE
Au Sénégal, la question de la rationalisation et du financement des partis politiques constitue une véritable surenchère politique. De la présidence d’Abdou Diouf à celle de Macky Sall en passant par les douze années de règne du président Abdoulaye Wade, cette question a été toujours évoquée sans qu’elle ne soit suivie d’actes concrets de la part des tenants du pouvoir.
Un véritable serpent de mer de la vie politique sénégalaise. La question de la rationalisation et du financement des partis politiques s’est invitée à la table des débats politiques sous les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pouvoir exécutif sénégalais, à l’exception de celui du feu le poète président, Léopold Sédar Senghor. De la présidence de Diouf à celle de Macky Sall en passant par les douze années de règne du président Abdoulaye Wade, la rationalisation et le financement des partis politiques a été toujours évoqué sans que cela ne soit suivi d’actes concrets. S’exprimant dans un entretien publié dans les colonnes du défunt quotidien «Le Populaire» en août 2010, le professeur agrégé des Facultés de droit, El Hadj Mbodj, avait situé la genèse de ce débat sous le magistère du président Abdou Diouf.
Selon lui, c’est en 1984 que cette question, sous le leadership d’Abdoulaye Wade, a fait l’objet d’une correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale dans le sens de l’inviter à légiférer sur le statut de l’opposition et le financement des partis politiques. Poursuivant son propos, le professeur El Hadj Mbodj va même plus en loin en précisant avoir été chargé en 1998 par le deuxième locataire du Palais de la République de faire un travail dans ce sens. Aussi a-t-il remis les recommandations à celui-ci qui avait l’intention d’adopter cette législation, après l’élection présidentielle de 2000.
Arrivé au pouvoir au soir du 19 mars 2000, Abdoulaye Wade n’a pas pu faire mieux que son prédécesseur. En effet, l’ancien opposant, devenu président de la République s’est juste à ce sujet contenté d’inscrire dans la Constitution de 2001 qu’il a fait confection, le statut de l’opposition et de son chef tout en se gardant durant les douze années qu’il a passé à la tête du pouvoir exécutif à donner corps à son idée inscrite dans la charte fondamentale par une Loi votée à l’Assemblée nationale. Il faut dire que derrière cette inertie du président Wade sur cette question qui faisait partie pourtant de ces revendications quand il était dans l’opposition se cache une stratégie politique visant à maintenir dans la précarité financière son opposition.
UNE QUESTION TOUJOURS EN SUSPENS
Conséquence, ce principe du statut de l’opposition et de son chef inscrit dans la Constitution demeure un idéal impossible à mettre en œuvre du fait de l’absence de modalités de détermination dans le contexte sénégalais. Et ce, malgré la deuxième alternance politique qui a vu arriver au pouvoir Macky Sall, ancien proche du président Wade dont il fut tour à tour (ministre, ministre d’état, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, avant de tomber en disgrâce un an après avoir réussi à faire réélire son mentor dès le première tour lors de la présidentielle de 2007 en tant directeur de campagne.
En effet, au lendemain de son élection, l’actuel chef de l’Etat n’a pas fait lui aussi mieux que ses prédécesseurs. La question est restée au point mort. Et ce, nonobstant des initiatives prises par certaines acteurs politiques et de la société civile qui ont fait une proposition de loi sur cette question de financement des partis politiques, déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse mais rangée dans les tiroirs jusqu’à l’éclatement de l'affaire de l’ancien président de l’Iaaf, Lamine Diack inculpé par le Parquet national financier (Pnf) de Paris pour corruption passive et blanchiment aggravé dans l’affaire de corruption à l’Iaaf».
En effet, après la fuite dans la presse d’une partie de ses déclarations devant le juge Français et dans lesquelles il affirmait avoir financé la campagne électorale d’un opposant avec l’argent des Russes, lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal, le financement des partis politiques s’était encore invité au débat public pour un moment sans accoucher de quelque chose de concret. Mise à part la répétition de la situation de 2001 avec l’inscription à nouveau de ce point sur la liste des mesures soumises au référendum constitutionnel de 2016. Aujourd’hui, encore les choses sont loin de bouger. En effet, inscrite au menu des discussions au sein de la Commission cellulaire chargée du dialogue politique, cette question fait partie des points qui n’ont pas fait objet de consensus entre acteurs engagés dans ces pourparlers.
par Médard Ametepe
LE SYNDROME D’HUBRIS OU LA MALADIE DU POUVOIR
« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer» (Stefan Zweig).
« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer» (Stefan Zweig). Georges Clemenceau, homme politique français disait que «les dictatures sont comme le supplice du pal, elles commencent bien mais elles finissent mal».
En Afrique, beaucoup de dirigeants confirment cette prédiction. Le pouvoir est si grisant que dès qu’ils le touchent, ils deviennent si accros qu’ils ne comptent plus décrocher, quitte à mourir d’overdose. Sebastian Dieguez, neuropsychologue à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse, se référant au livre de David Owen « In Sickness and in Power » (Dans la maladie et le pouvoir), dissèque le syndrome d’hubris ou la maladie du pouvoir, caractérisé, selon lui, par la perte du sens des réalités, l’intolérance à la contradiction, les actions à l’emporte-pièce, l’obsession de sa propre image et des abus de pouvoir.
Les symptômes de cette maladie mentale développés particulièrement par les dictateurs, surtout africains. Même si au départ, David Owen s’était lancé dans une analyse dévastatrice des gouvernements de Tony Blair et George W. Bush, montrant comment l’un et l’autre, après les attentats du 11 septembre 2001 et dans le contexte de la guerre en Irak, ont progressivement développé les signes du syndrome d’hubris. Tous deux sont allés jusqu’à mentir délibérément à leur peuple et au monde entier à plusieurs reprises. Selon D. Owen, les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste. Précisément, certains dirigeants du fait qu’ils détiennent le pouvoir, seraient victimes d’une nouvelle entité clinique. Une maladie nommée syndrome d’hubris.
David Owen suggère que l’expérience du pouvoir peut déclencher de graves troubles du comportement et perturber la capacité à prendre des décisions rationnelles. Il semble que le succès initial monte à la tête de l’élu, et qu’il soit associé à des actes de bravoure ou à des prises de risque considérables. « Dès lors s’installe un sentiment d’invulnérabilité et d’infaillibilité. La situation se dégrade quand le leader se met à saper l’autorité d’institutions normalement autonomes, afin d’exercer un contrôle plus direct et plus étendu. Cette attitude le conduit souvent à démoraliser son entourage, ou à monter ses proches les uns contre les autres.
Le leader hubristique écarte ceux qui l’ont déçu ou qui lui semblent menaçants ; la peur et la paranoïa règnent vite au sein du gouvernement », préciset-il. Le leader hubristique, ajoute D. Owen, persiste dans des choix critiquables, n’écoute pas son entourage -et encore moins ses opposants-, et refuse toute contradiction ou compromis.Ils ne ressent pas la nécessité d’écouter -il s’enorgueillit même de ne jamais prendre conseil-, ne cache pas son mépris pour l’opinion d’autrui et ignore les leçons de l’histoire. Le reste des caractéristiques du syndrome d’hubris se confond avec le trouble de la personnalité narcissique. « Le leader hubristique est imbu de lui-même à l’extrême. Il est obsédé par l’apparence, aime se montrer et contrôler son image, cherche à donner l’illusion qu’il agit sans se préoccuper d’être réellement utile », écrit David Owen.
Pour reprendre Tierno Monenembo, «nos chefs d’État sont comme vous et moi, pudiques et respectables en apparence, mais lubriques et incontrôlables dans le fond. Ils perdent la tête, ils jettent le cache-sexe dès qu’apparaissent les formes généreuses du pouvoir». Quid de Faure Gnassingbé ?
togotribune.com
Source : Liberté Togo
par Samuel Sene
POUR LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU JOBASS
EXCLUSIF SENELUS - Il faut s’engager, prendre hic et nunc ses responsabilités pour faire entendre la voix de cette localité, qui repose sur une mine d’or : son potentiel humain. Il ne s’agit donc plus d’être amorphe ou stoïque
Sur l’hydraulique villageoise, ce n’est pas une faveur que les Jobassois demandent. Loin s’en faut ! Au contraire, ils veulent que l’Etat évalue tout le préjudice à eux causé par l’exploitation des deux plateformes hydrauliques de Notto-Ndiosmone-Palmarin et du PEAMU (Projet Eau et Assainissement en Milieu Urbain). Car, ils considérèrent que c’est un droit humain, donc leur droit qui a été sévèrement malmené, violé, bafoué, et qu’il est du devoir de l’Etat, de réparer sans délai et de manière proportionnelle, ce gravissime tort qui leur a été injustement causé. A dire vrai, nul n’est mieux placé que les Jobassois pour, en priorité, bénéficier des forages réalisés à partir de la nappe jalousement couvée et bercée depuis tant de décennies, par leur terre-mère si chère à leurs ancêtres. C’est une question de justice sociale, d’équité territoriale et de territorialisation des politiques publiques. Ou alors, ces termes forts seraient vides de sens, ou ne seraient que des slogans creux.
Rien n’est gagné d’avance. Pour sortir victorieux de ce noble combat, il est nécessaire de se parler entre Jobassois. Et ce dialogue qui ne pourrait qu’être bénéfique, s’impose. Il devient même urgent de bien se parler. Adversité ne devrait pas signifier animosité pour les jobassois. Ils peuvent être des adversaires mais pas des ennemis. Le sang les unit, la géographie les réunit. Les Jobassois peuvent et doivent discuter sans se disputer. Ils se doivent surtout d’éviter les injures et les invectives. L’injure, c’est l’arme du faible, apprend-on aux enfants. Le Jobassois abhorre les injures et a horreur des invectives. Tout juste parce qu’il est un homme d’honneur et de noblesse, un homme de valeur et de vertu. Au regard de la longue patience dont il a fait montre, il ne serait pas exagéré de dire, qu’il n’y a pas plus noble, plus authentique, plus reconnaissant et plus véridique que le Jobassois. Il est facile de constater que le Jobassois est accueillant, galant et élégant. Il se veut un exemple auquel se référer, un modèle à suivre et à imiter. Il refuse d’être un monstre revêtu de la peau d’un agneau pour mieux exploiter ses frères et sœurs. Il ne saurait répondre gratuitement à la provocation. Il refuse de descendre aussi bas pour ne point patauger dans les marécages de la bouffonnerie, de la bassesse, de la trahison et du parricide. Un Jobassois authentique ne saurait être un homme-caméléon et ne saurait non plus verser dans la prostitution politique. Il sait perdre et garder sa dignité comme il sait gagner dans la sobriété. Voilà pourquoi, il est indisposé, révolté face au comportement infamant de prétendus leaders. D’autant plus que pareil comportement versatile, irrespectueux et irrévérencieux le met dans une saine/sainte colère.
Aussi, tout intellectuel de la contrée, doit-il d’ores et déjà, se sentir investi d’une mission de protection et de sauvegarde des intérêts du Jobass. Il doit se lever contre tout prédateur foncier et se mobiliser contre tout dictateur-usurpateur. Faillir à cette mission serait se mettre du mauvais côté de l’histoire. Encore que l’intellectuel ne soit pas seulement l’instruit, le scolarisé, le diplômé. Ne sont-ils pas lésion, les instruits, les érudits et les diplômés Jobassois qui refusent de s’engager ? Par ce refus d’engagement, c’est comme s’ils faisaient fi des questions essentielles qui touchent et affectent gravement leur village, leur commune, leurs enfants, leurs parents ? L’intellectuel n’est-il pas plutôt ce visionnaire, ce leader qui œuvre inlassablement à rallier sa jeunesse, son peuple à la cause commune de la quête permanente pour le bien-être ?
Où qu’il soit et quoiqu’il fasse, l’heure est venue de se retrousser les manches et de se serrer les coudes pour mettre enfin le Jobass sur orbite et sur la rampe du développement. Il n’y a plus à attendre, il n’y a plus de temps à perdre. Il faut s’engager, prendre hic et nunc ses responsabilités individuelles et collectives pour faire entendre la voix du Jobass. Il ne s’agit donc plus d’être amorphe ou stoïque.
Un maire d’une commune rurale, sans doute charmé par la diversité et la pluridisciplinarité du capital humain jobassois, mais davantage plus conscient du potentiel réel encore inexploré/inexploité du Jobass, disait que s’il avait autant de cadres originaires de sa commune, il ferait des merveilles. Certes, un joli compliment mais aussi une pierre jetée dans le jardin des jaboissois pour les sortir de leur torpeur, leur tiédeur et leurs divisions/contradictions fratricides. A dire vrai, le Jobass repose sur une mine d’or : son potentiel humain. Un potentiel humain présent partout dans sphères de la fonction publique, dans le privé national et international. Mais un potentiel humain dont il faut humblement tenir compte à travers une démarche inclusive, participative et consensuelle, non seulement lors du débat d’orientation budgétaire, mais aussi à travers une table (dialogue permanent) de concertations, de réflexions et de propositions pour que les racines du développement durable puisent la sève nourricière qui irrigue tout le Jobass !
C’est presqu’une insulte que de voir que le Jobass qu’aucun parti ou coalition de partis ne peut perdre et gagner le département de Thiès, n’ait pas eu depuis le règne socialiste, des députés et des ministres issus du terroir. Une très longue injustice. Et encore, si le pouvoir central pouvait mieux s’appuyer sur ce potentiel immense et riche, pour d’une part bâtir le terroir du Jobass, et d’autre part développer toute la collectivité nationale.
Samuel Sene est Consultant-Formateur, Ecrivain-Chercheur
Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant
Le contexte est, plutôt, propice à l’introspection. Il m’a, au moins, confirmé une certaine incapacité à me passionner pour des sujets et des postures dont, manifestement, il est difficile de faire aisément l’économie. Connecté, comme tous ceux qui liront cette petite confession, à divers réseaux sociaux, je me sens, cependant, déconnecté de ce qui semble digne d’intérêt pour, probablement, le plus grand nombre. Je suis sur Facebook et sur Messenger, évidemment. Je suis sur Twitter mais totalement inactif. Sur WhatsApp, en dehors de mon répertoire, je suis membres de plusieurs groupes : trois groupes de recherches interuniversitaires, deux groupes de vieux amis de fac, trois groupes de camarades politiques, deux groupes de diplomates, et deux groupes très réduits d’amis tout court. J’ai aussi, en ligne, une famille, au sens de ma culture, c’est-à-dire celle de la parenté et au-delà, permanente et indéfinie. Autant dire que je nettoie constamment mon téléphone, parfois sans accéder à certains abondants contenus, pour sauver sa fonctionnalité. J’ajoute avoir suivi, depuis le confinement, beaucoup de webinaires méthodologiques et thématiques sur diverses questions. Je vis, enfin, en Île-de-France et je dispose, comme beaucoup, d’une télévision avec différents bouquets qui me lient aux informations continues du monde. Malgré cette hyper connexion, j’avoue être peu enthousiasmé par certains thèmes que je suis sensé maitriser et défendre en tant qu’entité, parfois, réduite au militant.
Militant, oui, je l’ai été sans aucun doute et je crois encore l’être car je n’ai toujours pas trouvé la moindre raison personnelle d’avoir honte de mes engagements passés et actuels, en dépit de la léthargie circonstancielle de la cause politique choisie et des condamnations tout azimut par contumace. D’ailleurs, la situation globale actuelle, imparable et confortable décharge pour les velléitaires, n’impose-t-elle pas à chaque chose, jadis digne de passion, une acuité secondaire ? Pour rappel, je suis, depuis onze ans maintenant, partisan d’une alliance politique doublement victorieuse, selon les règles de notre République. Élargie à une coalition d’une étendue et d’une longévité inédites, mon parti se retrouve, cependant, dans une expectative illisible et peu stimulante, sans que nos responsabilités dans ses structures soient interrogées. A chaque chose son temps, pour tordre le cou à l’expression populaire. La seule fébrilité que je peux reconnaître, aujourd’hui, s’apparente, parfois, à une sorte de compassion affectueuse et présomptueuse pour l’homme que j’ai choisi de soutenir, en l’occurrence Macky Sall, qui me semble, parfois, devoir faire face à de monstrueuses inconséquences sociétales, qui trahissent ses ambitions, que je sais grandes et nobles pour le Sénégal. Beaucoup de ceux qui ont, plus que d’autres, les moyens et la latitude de le soutenir et de le préserver officiellement, se montrent, jour après jour, peu entreprenants dans l’obligation d’être à la hauteur de ses promesses. Il doit être pénible de devoir répondre, en tant que Chef d’un État aux ressources fragiles, aux aspirations légitimes d’un peuple pris en otage par la démagogie contemplative d’une élite experte, prétentieuse et peu utile.
Sans remonter très loin dans le temps de l’actualité étatique et médiatique, je suis régulièrement interpellé, via les réseaux mentionnés, pour répondre à des griefs solidairement imputés. Le plus frais et le plus âpre concerne la décision de reporter la reprise des cours initialement prévue le 2 juin 2020. Devant le poncif de l’incompétence gouvernementale, les allégations souvent fallacieuses sur des abus et des privilèges aussi élevées qu’indues et la conclusion gratuite et simpliste d’un pays résolument à vau-l’eau, il y a peu de place pour un débat serein et constructif. Lorsque l’individualité est niée ou exclue de toute crédibilité du seul fait de sa supposée étiquette, l’idée, la pensée et le raisonnement pertinents deviennent potentiellement nuls et non avenus, à défaut d’être frappés d’antipatriotisme. Or, la légitimité à interroger ne devrait pas seulement être celle de nos situations ponctuelles d’énonciation. Il n’est pas certain, non plus, que le seul fait d’avoir un diplôme, d’être encarté politiquement, d’avoir une fonction étatique, d’avoir publié un bouquin ou de se considérer expérimenté soit synonyme d’expertise pluridisciplinaire. D’ailleurs, la plupart des sujets, qui mobilisent l’opinion, surtout virtuelle, dopée au discours du tout-venant, se passe de compétences spécifiques. Le verbiage partisan et l’intimidation ont imposé l’éthique et la morale, jamais bien définies et souvent démenties par des faits, comme seuls indicateurs. Il suffit de se tailler un autoportrait de digne patriote, engagé et compétent, de déployer un populisme ostentatoire et bon marché, pour prouver son attachement à la chose commune et aux causes justes.
Tout en essayant d’imaginer ce qui pourrait convenir aux batailles d’opinion sans substance véritable (à ce stade, je ne vois que ça !), où l’on peut perdre facilement une face non requise, je ne peux me résoudre, faute d’éléments autres que les insanités que charrie le web, à plonger dans une mare boueuse et sinueuse artificiellement agitée. Il en est ainsi de tous les sujets qui ont défrayé, ces derniers mois, la chronique. Avec la meilleure bonne volonté, j’ai été incapable de suivre régulièrement les points quotidiens du ministère de la santé et les avis très autorisés mais parcimonieux des médecins ; je piquais du nez devant les circonvolutions de l’éducation nationale et des autres ministères au-devant de la scène anti-covid, avant d’être achevé par les bégaiements sur la gestion des ressources du programme de résilience, notamment à propos du riz et de l’appui à la diaspora. Pourtant, que n’aurait-on pas gagné en sympathie avec une mise en œuvre diligente, humble et rigoureuse des généreuses mesures prises par le président de la République pour soulager les populations ? Il aurait juste fallu, à mon avis, un supplément de pédagogie : rappeler inlassablement aux Sénégalais, à l’instar de l’offensive publicitaire sur les gestes barrières, que, devant l’incertitude mondiale à durée indéterminée, un État comme le nôtre peut être parfaitement solidaire mais jamais durablement provident. Cela aurait, peut-être, atténué le fantasme d’un pouvoir indolent profitant grassement de la crise au détriment d’un peuple dont la précarité est exacerbée par ses insuffisances.
En face, les coups de boutoir de la dissidence messianique ne m’inspirent, non plus, aucune volonté de débattre. Je serais, là encore, incompétent et confus devant le partage compulsif de contenus mensongers, moralisateurs, voire diffamatoires dont aucune investigation ne peut venir à bout. Leur reproduction effrénée me fait songer au fameux « temps de cerveau humain disponible » de TF1, non pas pour vendre du Coca mais pour susciter une ambiance anxiogène propre, dans le cas du Sénégal, à jeter le discrédit sur l’exécutif. Je ne cherche pas à défendre les autorités et les fonctionnaires dont le plus talentueux et vertueux peut se montrer aussi blâmable que le politicien le plus nul et vicieux. Ma position éthique générale est celle contenue dans ce cri repris par Macky Sall en 2008 : « Il n’y a rien en l’homme qui ne soit couvert de dignité ». Sans jamais mettre sur la même échelle les imposteurs et les sincères, les coupables et les innocents, les bourreaux et les victimes ou encore les prédateurs et les proies, j’ai une empathie irrépressible pour tout humain livré à la vindicte populaire. La contradiction est flagrante car je suis tout aussi mal à l’aise avec l’impunité. Les nombreux sanglots publics ou intimes consécutifs à des affaires de mœurs, des accusations de faux et d’usage de faux, de malversation, de corruption et même de crime me hantent et me désespèrent. Du directeur de l’ISEG à l’ancien président du Tchad, en passant par le faux médecin Samba, le présumé faux-monnayeur Boughazelli et le respectable Diack actuellement en procès, les déboires m’inspirent un seul air : la version wolof par Youssou Ndour du très inclusif chimes of freedom de Bob Dylan. Cela n’entame en rien mon désir de lumière et d’équité sur notre littoral, que je partage avec le président de la République.
Toujours dans l’actualité, sans avoir de difficultés orthophoniques particulières, je ne suis pas encore en mesure de prononcer le terme « honorariat » d’une traite, sans bafouiller. Il en est de même d’Akilee, malgré son portail internet très ergonomique. Ces quelques exemples traduisent l’étendue de mes réticences argumentatives en matière de débats politiques nationaux. En lieu et place d’une surenchère plus efficace, je me perds toujours dans la définition de champs, d’espaces et de cadres méthodologiques. Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant. Cette frilosité s’accompagne, curieusement, d’une imprudence relationnelle exceptionnelle. J’offre, en privé, mon estime, mon amitié, mes conseils et ma solidarité à vil prix ce qui m’oblige parfois, non sans amertume, à cohabiter avec des crapauds et des limaces sans que le divorce ne soit sans peine. Ma consolation, toutefois, est à chercher dans le temps long, qui a souvent rétabli dans leur droit la plupart de mes précautions et relativisé mes déceptions. Imparfait jusqu’à la moelle osseuse, il m’arrive, cependant, de poser mon genou à terre (moins de 8mn pour ne pas frimer !) et réclamer démagogiquement de la dignité pour tous. A notre époque de grande fuite en avant, l’incapacité à hurler avec les loups est un handicap que j’expérimente mais aussi un grand privilège comparable à celui des vrais artistes : la liberté de regarder son nombril et de prétendre penser pour panser les plaies du monde.
par Siré Sy
MACKY ET LA CRISE HUMANITAIRE (1/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Le chef de l'Etat a perdu la bataille du ‘’vivre sans le virus’’. Parviendra-t-il à transformer une situation ‘’désespérée’’ en une opportunité enviable ? PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c'est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacrées au président Macky Sall. Pour cette première épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Macky Sall.
Dans le cadre de ‘’Président et Gestion de crise, quand l'heure est grave’’, Senghor a eu à faire face à une crise politique, universitaire et alimentaire. Abdou Diouf a eu à faire face à une crise scolaire, monétaire et du front social. Ablaye Wade a eu à faire face à une crise énergétique, alimentaire et politique. Quant à Macky Sall, il est en face de sa première crise, une crise humanitaire - une crise totale - parce que touchant à tous les secteurs d'activités de l'Humain en même temps et sous le même rapport (crise sanitaire, crise économique, crise sociale, crise scolaire et universitaire, crise culturelle).
Et le moins que l'on puisse dire, c'est la grande confusion dans la gestion de la Covid-19 en termes de stratégies et de tactiques dans la riposte du gouvernement. Un Général qui va en guerre, c'est comme un boxeur qui rentre sur le ring. Point d’abandon. Quitte à être mis K.O mais ne jamais abandonner de boxer ou de sortir du ring. Quitte à mourir sur le champ de bataille, les armes à la main, mais ne jamais abandonner ses troupes en leur disant débrouillez-vous. En beau milieu du théâtre des opérations….
Et la guerre - surtout celle que l'on décrète derechef - a ceci de particulier, en ce sens que toutes les erreurs, dans sa stratégie comme dans sa tactique, se paient cash. Douloureusement et profondément. Il semblerait que le gouvernement a perdu une bataille mais il n'a pas encore perdu la guerre. Macky a perdu la bataille du ‘’vivre sans le virus’’. Mais, Macky peut gagner la bataille du ‘’vivre avec le virus’’. Pour ce faire, il faudra que Macky se révolte au sens de tension nerveuse positive et se rebiffe au sens de prendre toute sa responsabilité pour reprendre la situation en main. Et ce serait fort dommageable pour son amour-personnel et pour le bien du peuple sénégalais, que Macky ne puisse pas trouver une issue heureuse à sa toute première crise en tant que chef de l'Etat. Car, Ablaye Wade disait de Macky, qu'il n'a pas les épaules pour diriger un pays. Idrissa Seck continue de dire de Macky, qu'il n’est pas capable de diriger le Sénégal. Sonko parle à propos de Macky, d'une gouvernance sombre et vicieuse, une gouvernance du Parti avant la Patrie. Mody Niang qualifie Macky, d'un président-politicien. Abdou Latif Coulibaly disait de Macky, que c'est du Wade sans Wade. Souleymane Jules Diop disait de Macky qu’il ne pouvait pas être plus qu'un chef de service.
Alors, c'est maintenant à Macky, au président de la République, au chef de l'Etat, qui a toutes les cartes en main, de prouver son talent et ses compétences pour lesquels nous n'avons aucun doute. Seulement, le président Macky Sall, prendra-t-il la pleine conscience du défi qui se dresse face à lui ? Se donnera-t-il les moyens de sortir de cette impasse et parviendra-t-il à transformer une situation ‘’désespérée’’ en une opportunité enviable ? Lui seul sait.
ET SI ON OSAIT PARLER DE SUPRÉMATISME PLUTÔT QUE DE RACISME
Le racisme est devenu un tiroir sans fond et un concept à géométrie variable. Il relève plus désormais de ce qui est condamnable par la loi et de ce qui ne l’est pas.
Il y a longtemps que j'ai banni de mon vocabulaire le mot racisme face à certains comportements. Selon moi, ce terme est galvaudé, il est devenu une sorte de concept variable, inaudible que l’on l'utilise à toutes les sauces. Si l’on s’interroge vraiment sur comment définir le racisme en ce temps de 21ème siècle, il faudra nécessairement analyser la posture suprématiste que certains affichent sans gêne et avec tellement d’aisance pour légitimer leurs idées et comportements racistes. Car c'est bien l’idéologie suprématiste, creuset du racisme, qui a conforté les policiers à ôter la vie de Georges Floyd, Adama Traoré, et toutes les victimes qui sont mortes en toute impunité, à cause de policiers convaincus que leur condition, leur vie est supérieure à celle d'un Noir, un banlieusard... Cette même idéologie qui a organisé le commerce triangulaire des esclaves, cette même idéologie qui a légitimé l'Apartheid ...cette même idéologie qui gangrène chez certains politiques et ces soit disant intellectuels comme Eric Zemmour, qui s’est offusqué il y a quelques jours sur un plateau de télévision française, de voir des « Blancs » s’agenouiller pour défendre la cause d’un « Noir ».
Aujourd’hui les discours racistes et anti-racistes sont noyés dans la plus grande cacophonie. En effet, du côté des antiracistes, on parle de privilège blanc, de racisme systémique. Au fond, tout ceci n’a pour effet que de conforter les défenseurs des théories suprématistes ! Les victimes de racisme, elles deviennent coupables ..On les considère comme des personnes usant d'alibis pour attirer la compassion, et se complaire dans des postures victimaires ; tandis que le raciste lui devient tout puissant, on le justifie ! on a même inventé la notion de racisme anti-blanc pour banaliser le racisme subi par ceux qui en raison de leur couleur de peau un peu plus sombre sont victimes depuis des siècles de cette idéologie qui consiste à penser que certains êtres humains sont supérieurs à d’autres.
Pour combattre le racisme, il faut aussi combattre l’idéologie suprématiste qui consiste à croire et faire croire que l'histoire, la culture, la vie des uns est supérieure à celles des autres. L’ancien footballeur français, Lilian Thuram avait pourtant utilisé ce terme il y a quelques temps en France pour dénoncer le racisme que subissaient les joueurs noirs dans les stades de foot. Il s'en est suivi un véritable acharnement médiatique...on l'a accusé de raciste anti-blanc. Aujourd’hui, le racisme s'est banalisé en dehors des tribunaux et cette banalisation est due en grande partie à la propagation insidieuse des théories suprématistes. Car, il n’est pas rare d’entendre aux détours d’une conversation que le noir n’est pas éduqué, que c’est un être dépourvu de civilisation … Et ces même personnes vous jureront ne pas être racistes, car ils ont un ami, un collègue, une belle sœur, un beau-frère noirs dans leur entourage. Le racisme est devenu un tiroir sans fond et un concept à géométrie variable. Il relève plus désormais de ce qui est condamnable par la loi et de ce qui ne l’est pas. En effet, l’idéologie suprématiste demeure pour certains qu’une simple opinion. On utilise alors la liberté d’expression, qui n’est pas condamnable par la loi, pour assumer en toute impunité les opinions suprématistes … Seulement, lorsque cette idéologie se matérialise en actes qui tuent, là il ne s’agit plus de mots ou d’une simple pensée nourrie par cette idéologie, mais de faits meurtriers et d’un drame qui émeut, la situation devient alors inacceptable.
Il est temps de dénoncer cette idéologie suprématiste qui tue et discrimine sans complaisance. Il est temps de définir cette idéologie comme un délit raciste, car aucune vie humaine n'a plus de valeur qu'une autre vie humaine.
#Blacklives #humanlivesmatter stop à l'ideologie suprematiste ! Enough is Enough !
Texte Collectif
IL EST TEMPS D'AGIR
Vingt hauts fonctionnaires des Nations Unies d'origine africaine et de sa diaspora, appellent à des actions plus significatives que de simples condamnations pour mettre fin au racisme à travers le monde (français & anglais)
Black Lives Matter et autres manifestations de masse contre le racisme systémique et la brutalité policière
Opinion collective de hauts fonctionnaires africains des Nations Unies (*)
Gémissement désespéré, appelant une mère décédée depuis longtemps. Parvenant du tréfonds des entrailles de la fragile humanité. Haletant, à bout de souffle. Implorant la miséricorde. Le monde entier entendant le cri tragique. La famille des nations scrutant son visage plaqué contre l’asphalte. Douloureux, insupportable, en plein jour. Cou pliant sous le genou et le poids de l'histoire. Doux géant, s’agrippant à la vie, désespérément. Besoin vital de respirer, sans entrave. Jusqu'à son dernier souffle.
Après les dernières semaines de protestations suite au meurtre de George Floyd alors qu’il était entre les mains de la police, nous avons tous été indignés, en tant que hauts dirigeants d'origine africaine aux Nations Unies, par l'injustice du racisme qui est toujours omniprésent dans le pays hôte de l’ONU et à travers le monde.
On ne dira jamais assez sur les traumatismes profonds et les souffrances intergénérationnelles qui ont résulté de l'injustice raciale perpétrée au cours des siècles, en particulier contre les personnes d'ascendance africaine. Mais la simple condamnation des expressions et des actes de racisme ne suffit pas.
Nous devons aller au-delà et faire plus.
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré que «nous devons élever la voix contre toutes les expressions de racisme et les cas de comportement raciste». Après le meurtre de M. George Floyd, le cri «Black Lives Matter» qui retentit aux États-Unis et dans le monde est plus qu’un slogan. La vie des Noirs, en plus de compter, est essentielle à la réalisation de notre dignité humaine commune.
L’heure est venue de passer de la parole aux actes.
Nous le devons à George Floyd ainsi qu’à toutes les victimes de discrimination raciale et de brutalités policières, de démanteler les institutions racistes. En tant que dirigeants dans un système multilatéral, nous pensons qu'il nous incombe de parler au nom de ceux dont la voix a été réduite au silence et de plaider pour des réponses effectives de nature à lutter contre le racisme systémique, un fléau mondial qui s'est perpétué au fil des siècles.
Le meurtre choquant de George Floyd est enraciné dans un ensemble plus large et inextricable de problèmes qui ne disparaîtront pas si nous les ignorons. Il est temps que les Nations Unies intensifient leurs efforts et agissent de manière décisive pour qu’il soit mis fin au racisme systémique contre les personnes d'ascendance africaine et autres groupes minoritaires «en développant et en encourageant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous, sans distinctions de race, de sexe, de langue ou de religion» comme stipulé à l'article 1 de la Charte des Nations Unies. En effet, le fondement des Nations Unies est la conviction que tous les êtres humains sont égaux et ont le droit de vivre sans crainte de persécution.
C'est au plus fort du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis et durant la période de l'émergence de nations africaines indépendantes post-coloniales qui ont rejoint les Nations Unies que la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CIEDR) est entrée en vigueur en 1969.
Ce fut une période charnière dans l'histoire. L’effondrement de l’apartheid en Afrique du Sud, imputable en partie aux Nations Unies, est un des accomplissements dont l’Organisation est le plus fière.
Les droits de l'homme et la dignité des Noirs en Afrique ainsi qu'à travers la diaspora africaine ont résonné comme un signal puissant pour les générations futures, que les Nations Unies ne fermeraient pas les yeux sur la discrimination raciale et ne toléreraient pas l'injustice et le sectarisme servis par des lois injustes. Prenant appui sur cette nouvelle ère, l'Organisation des Nations Unies doit user de son influence pour nous rappeler une fois de plus la mission inachevée d'éradiquer le racisme, et exhorter la communauté des nations à éliminer les taches du racisme sur l'humanité.
Nous saluons les initiatives prises par le Secrétaire général pour renforcer le discours mondial contre le racisme qui s'attaque au racisme systémique à tous les niveaux ainsi que ses conséquences partout où il existe, y compris au sein même de l'Organisation des Nations Unies.
Si nous voulons être de bons dirigeants, nous devons le faire par l'exemple. L’initiation et la promotion d’un changement réel exigeront une évaluation honnête de la façon dont nous appliquons la Charte des Nations Unies au sein de notre institution.
Notre expression de solidarité reflète bien nos responsabilités et obligations en tant que fonctionnaires internationaux de nous élever contre l’oppression et la dénoncer. En tant que dirigeants, nous partageons les convictions fondamentales et les valeurs et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies qui ne nous permettent pas de garder le silence.
Nous nous engageons à mettre à profit notre expertise, notre leadership et nos mandats respectifs pour lutter contre les causes profondes et promouvoir les changements structurels qui doivent être mis en œuvre si nous voulons mettre fin au racisme.
Près de 500 ans après le début de la révoltante traite transatlantique des Africains, nous avons atteint un point critique de l'arc de l'univers moral, à l’heure où nous approchons la fin de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine en 2024, dans quatre ans seulement. Utilisons notre voix collective pour répondre aux aspirations de nos communautés afin que l’ONU exerce son pouvoir moral en tant qu’institution pour opérer un changement mondial. Prêtons notre voix pour la réalisation de la vision transformatrice propre à l’Afrique telle que contenue dans son Agenda 2063, vision qui est conforme à l’Agenda 2030 mondial.
L'Afrique est le berceau de l'humanité et le précurseur des civilisations humaines. En tant que continent, elle doit jouer un rôle prépondérant pour que le monde puisse parachever le développement durable et la paix.
Tel était le rêve des fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine, c’était aussi la ferme conviction de dirigeants éminents tels que Kwame Nkrumah et d’éminents intellectuels tels que Cheikh Anta Diop.
N'oublions jamais les paroles du président Nelson Mandela : "Nier aux gens leurs droits humains, c'est remettre en cause leur humanité même".
Gardons toujours à l’esprit l’exhortation du leader des droits civiques Fannie Lou Hamer : « Personne n'est libre tant que nous ne sommes pas tous libres », qui a été reprise par le Dr Martin Luther King Jr., «Une injustice, où qu'elle se produise, est une menace pour la justice partout ailleurs».
Des années plus tard, leurs paroles se sont retrouvées dans la diversité de la nation arc-en-ciel, l'Afrique du Sud, et énoncées par l’homme de paix, l'archevêque Desmond Tutu, dans sa déclaration « la libération des Noirs est une condition indispensable à la libération des Blancs - personne ne sera libre tant que nous ne serons pas tous libres. »
(*) Tous les signataires énumérés ci-dessous sont de hauts fonctionnaires des Nations Unies qui occupent le rang de Secrétaire général adjoint. Ils ont signé cette opinion à titre personnel :
Tedros ADHANOM GHEBREYESUS
Mahamat Saleh ANNADIF
Zainab BANGURA
Winnie BYANYIMA
Mohamed Ibn CHAMBAS
Adama DIENG
Bience GAWANAS
François Lounceny FALL
Gilbert HOUNGBO
Bishar A. HUSSEIN
Natalia KANEM
Mukhisa KITUYI
Phumzile MLAMBO-NGCUKA
Mankeur NDIAYE
Parfait ONANGA-ANYANGA
Pramila PATTEN
Vera SONGWE
Hanna TETTEH
Ibrahim THIAW
Leila ZERROUGUI
Version anglaise
Joint reflections by United Nations Senior Officials of African descent (*)
A desperate yearning for a long-departed mother. Reaching deep from the bowels of fragile humanity. Grasping for breath. Begging for mercy. The entire world heard the tragic cry. The family of nations saw his face pounded against the harsh tarmac. Unbearable pain in broad daylight. A neck buckling under the knee and weight of history. A gentle giant, desperately clinging to life. Yearning to breathe free. Till his last breath.
As senior leaders of African descent in the United Nations, the last few weeks of protests at the killing of George Floyd in the hands of police, have left us all conflicted and outraged at the injustice of racism that continues to be pervasive in our host country and across the world.
Not enough can ever be said about the deep trauma and inter-generational suffering that has resulted from the racial injustice perpetrated through centuries, particularly against people of African descent. To merely condemn expressions and acts of racism is not enough.
We must go beyond and do more.
United Nations Secretary-General António Guterres stated that “we need to raise our voices against all expressions of racism and instances of racist behaviour”. Following the killing of Mr. George Floyd, the cry ‘Black Lives Matter’ resonating across the United States and throughout the world is more than a slogan. In fact, they do not only matter, they are quintessential to the fulfillment of our common human dignity.
Now is the time to move from words to deeds.
We owe it to George Floyd and to all victims of racial discrimination and police brutality to dismantle racist institutions. As leaders in the multilateral system, we believe it is incumbent upon us to speak for those whose voices have been silenced, and advocate for effective responses that would contribute to fight systemic racism, a global scourge that has been perpetuated over centuries.
The shocking killing of George Floyd is rooted in a wider and intractable set of issues that will not disappear if we ignore them. It is time for the United Nations to step up and act decisively to help end systemic racism against people of African descent and other minority groups “in promoting and encouraging respect for human rights and for fundamental freedoms for all, without distinction as to race, sex, language, or religion” as stipulated in Article 1 of the UN Charter. Indeed, the foundation of the United Nations is the conviction that all human beings are equal and entitled to live without fear of persecution.
It was at the height of the civil rights movement in the United States and during the emergence of post-colonial independent African nations joining the United Nations, that the International Convention on the Elimination of All Forms of Racial Discrimination (ICERD) came into force in 1969.
This was a pivotal time in history. The collapse of apartheid in South Africa, driven in part by the United Nations, was one of the Organization’s proudest achievements.
The human rights and dignity of black people in Africa as well as across the African diaspora resonated as a powerful signal to future generations, that the United Nations would neither turn a blind eye on racial discrimination nor tolerate injustice and bigotry under[PO1] the cover of unjust laws. In this new era, the United Nations must in the same vein use its influence to once again remind us of the unfinished business of eradicating racism and urge the community of nations to remove the stain of racism on humanity.
We welcome the initiatives by the Secretary-General to strengthen the global anti-racism discourse, which would address systemic racism at all levels, as well as its impact wherever it exists, including in the United Nations Organization itself.
If we are to lead, we must do so by example. To initiate and sustain real change, we also must have an honest assessment of how we uphold the UN Charter within our institution.
Our expression of solidarity is well in keeping with our responsibilities and obligations as international civil servants to stand up and speak out against oppression. As leaders we share the core beliefs and the values and principles enshrined in the Charter of the United Nations that do not leave us the option to keep silent. [PO2]
We commit to harnessing our expertise, leadership and mandates to address the root causes and structural changes that must be implemented if we are to bring an end to racism.
Almost 500 years after the revolting Transatlantic trade of Africans began, we have arrived at a critical point in the arc of the moral universe as we approach in 2024 the end of the International Decade for People of African Descent, a mere four years away. Let us use our collective voice to fulfill the aspirations of our communities that the United Nations will wield its moral power as an institution to effect global change. Let us use our voice to contribute towards the realization of Africa’s own transformative vision contained in Agenda 2063 which is consistent with the world’s Agenda 2030[PO3] .
Africa is the cradle of humanity and the forerunner of human civilizations. Africa as a continent must play a definitive role if the world is to achieve sustainable development and peace. That was the dream of the founders of the Organization of African Unity, that was also the strong belief of prominent leaders such as Kwame Nkrumah and eminent intellectuals such as Cheikh Anta Diop.
Let us never forget the words of President Nelson Mandela: "To deny people their human rights is to challenge their very humanity."
Let us ever bear in mind the admonition of civil rights leader Fannie Lou Hamer: “Nobody’s free until everybody’s free”, who was echoed by Dr. Martin Luther King Jr., “Injustice anywhere is a threat to justice everywhere”.
Their words were later embodied into the rainbow of the diverse nation of South Africa, as spelled by the peacemaker Archbishop Desmond Tutu when he stated that ``Black liberation is an absolutely indispensable prerequisite to white liberation - nobody will be free until we all are free.”
(*) All signatories listed below are senior UN officials who hold the grade of Under Secretary-General. They signed this Op Ed in their personal capacity:
Zainab BANGURA
Winnie BYANYIMA
Mohamed Ibn CHAMBAS
Adama DIENG
Bience GAWANAS
Gilbert HOUNGBO
Bishar A. HUSSEIN
Natalia KANEM
Mukhisa KITUYI
Phumzile MLAMBO-NGCUKA
Parfait ONANGA-ANYANGA
Pramila PATTEN
Vera SONGWE
Hanna TETTEH
Ibrahim THIAW
Leila ZERROUGUI
[PO1]refering to racial superiority could inadvertantly validate this baseless notion
[PO2]It may not be appropriate to lead what could be misinterpreted as a charge against our organization. The previous paragraphs are sufficiently explicit on our commitment to drive change within the UN without risking to embarass the leadership.
[PO3]This is to avoid giving the impression that we intend to play a direct politcal role.
par Dany Laferrière
LE RACISME EST UN VIRUS
On sait aujourd’hui que le virus a atteint presque tout-le-monde après quatre siècles. Et que la plupart des porteurs sont sains, c’est-à-dire qu’ils l’ont mais n’en souffrent pas. Le pire c’est qu’ils peuvent le transmettre
Bon, soyons clair, le racisme naît, vit et pourrait même mourir un jour. Il est contagieux, et se transmet d’un être humain à un autre. Toutefois sa rapidité de contagion varie selon le lieu ou la situation. On peut d’ailleurs créer de toutes pièces des situations qui augmenteraient sa vitesse et sa puissance, alors que d’autres la diminueraient. À certains moments on annonce de nouvelles vagues à l’horizon. On s’en étonne alors que des signes avant-coureurs avertissaient de l’imminence du danger. Le chômage, la misère, la violence urbaine, l’absence de courtoisie, sont des agents capables d’accélérer son éclosion dans un lieu où sa présence était embryonnaire. Mais le racisme a cette particularité de ne jamais naître à l’endroit où on se trouve. C’est un virus qui vient toujours d’ailleurs. Si le chômage fait soudain rage, on pointe alors du doigt les nouveaux venus qui conservent en eux, semble-t-il, ce gène de la misère qui permet au racisme de féconder. C’est en voyant un malade qu’on apprend l’existence du virus, sinon il reste invisible. Ce qui fonde l’idée que le malade est responsable de la maladie. Si le Blanc pense que c’est avec le Noir que ce virus est arrivé en Amérique, le Noir croit, lui, que c’est la cupidité du Blanc à vouloir exploiter son énergie qui le garde encore vivant. Il n’y a pas de Noir sans Blanc comme il n’y a pas de Blanc sans Noir. Chacun devant son existence à l’autre. Voilà un nouveau produit identitaire aussi américain que le hamburger. Une identité créée par un virus. On aimerait assister à cette naissance en laboratoire. Quant aux Amérindiens ils sont encore en confinement dans les réserves.
LE MOMENT HISTORIQUE
On se demande quand tout a commencé en Amérique ? Il y a 400 ans avec le commerce d’esclaves. Les premiers bateaux négriers sont arrivés à ce moment-là sur les côtes d’Amérique. Cela peut sembler lointain, mais sur un plan historique c’était hier. Les petits-fils d’esclaves font tout pour se rappeler « ces siècles sanglants » tandis que les petits-fils de colons font tout pour les oublier. On ne pense pas toujours à la même chose au même moment. On peut faire remonter la conception du virus quand L’Europe s’est mise à fantasmer sur cette énergie gratuite et inépuisable : la force de travail de l’esclave. Le but c’est l’argent. Faire travailler les autres gratuitement, avec droit de vie et de mort sur eux. On trouve encore des gens aux États-Unis qui pensent avec nostalgie à cette époque. Je dis États-Unis parce que les derniers événements s’y sont déroulés, mais je souris de voir l’Europe s’étonner de la violence du racisme américain, oubliant qu’elle était à l’origine de toute cette histoire. C’était la première pandémie puisque au moins trois continents étaient impliqués : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique.
LE MYSTÈRE
Il y a un point qui reste mystérieux : le racisme est capable d’apparaître dans les régions les plus reculées, là où il n’y a ni misère, ni chômage, ni même un Noir. On croyait pourtant connaître son mode de fonctionnement. Son territoire est-il illimité ? Son temps, infini ? Il y a tant de choses qu’on ignore dans le comportement du virus. On navigue à vue. La seule évidence c’est la souffrance qu’il produit sur un groupe : les Noirs. On serait étonné de la diversité des études faites sur le comportement du virus. Par exemple : Le virus peut-il passer de l’homme à l’animal ? On pourrait le croire en voyant dans le sud des États-Unis, il n’y a pas si longtemps, des endroits publics où c’est affiché : « interdits aux Nègres et aux chiens ». On pourrait croire que c’est la fantaisie d’un chercheur en laboratoire, en réalité cela fait partie d’un processus de déshumanisation.
EXCLUSIF SENEPLUS - Les grandes firmes pharmaceutiques font perdre à la science son intégrité. Les experts se livrent bataille dans les médias. En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 12/06/2020
« Quand les éléphants se battent, l’herbe souffre » (dicton africain)
La recherche de la gloire et l’âpreté au gain semblent devenir les nouveaux tentacules de la Covid-19, faisant perdre à la science sa splendeur, hypothéquant les chances de guérison des malades. La pandémie continue de nous enseigner sur nous-mêmes, mettant à jour notre faiblesse profonde d’être humain devant l’attrait des biens matériels et nos capacités émotionnelles. Du coup, cette maladie étale toute sa puissance létale.
Elle entraîne de grandes nations à s’étriper, telle dans une foire, pour se prévaloir de l’invention ou de la découverte du vaccin tant attendu. Le sentiment du retour à la course aux armements ayant marqué le 20è siècle après les deux déflagrations mondiales, nous vient à l’esprit.
Mais à la rivalité États-Unis-Union Soviétique du temps des années de braise de la guerre froide à son summum, nous assistons à présent à une confrontation économique et diplomatique ouverte Washington-Pékin.
Le ring commercial est animé par les géantes firmes pharmaceutiques qui veulent s’accaparer des dividendes de la fameuse molécule ou du vaccin miracle, elles-mêmes trustées par des sommités du monde médical, apparemment, au-dessus de tout soupçon, plonge notre époque, sans transition, dans la Covid-19 Business. Quand l’égo et l’argent, ces métaux éphémères, entrent par la porte, la santé sort par la fenêtre.
On comprend mieux le pessimisme condescendant qui a accueilli les offres de remèdes venues du tiers-monde, et le changement de stratégie qu’il a inspiré comme pour nous intimer l’ordre de ne pas nous mêler de ce qui ne nous regarde pas.
Il va de soi que cette mauvaise compétition dépasse l’enjeu sanitaire et, bras de fer supplémentaire, fait reculer la fin de la pandémie qui continue ses ravages. Personne ne semble plus entendre Hippocrate proclamer, dans son célèbre serment, «… Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement… ».
De fait, nous assistons à un corps à corps diplomatique et financier qui a fait déjà au moins deux victimes, d’un côté les patients et leurs soignants qui s’échinent à s’évader du couloir de la mort et, de l’autre, la coopération multilatérale.
Instrument mis en place par nos prédécesseurs pour permettre à toutes les nations de cultiver la solidarité et l’entraide, le multilatéralisme est sacrifié sur l’autel d’intérêts particuliers. Un coup porté à la nécessaire union des États pour combattre le fléau mondial. Un gain supplémentaire pour ce virus sans frontière qui défie l’humanité depuis un semestre.
L’OMS victime collatérale
Le signe le plus évident de ce constat est la polémique née de la gestion de la pandémie et dont l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) apparait comme l’agneau du sacrifice. Il est vrai que cette organisation ne s’est pas singularisée par une gestion cohérente de cette pandémie. Elle a tant dit, démenti, redit, s’est tant dédite et rebiffée ! Non pas parce qu’elle n’avait ni vision ni paramètres scientifiques mais parce que, naine au milieu des géantes multinationales, elle illustre ce proverbe « quand les éléphants se battent, c’est l’herbe qui souffre ».
Les disputes entre puissants bailleurs ont réduit l’organisation en contrariant sa vocation initiale de bras armé du monde pour la santé. Le même sort guette toute structure intergouvernementale appelée à être au centre des querelles de ses États membres, surtout quand ceux-ci détiennent les cordons de la bourse. Le retrait des États-Unis de l’OMS, rappelle la fallacieuse accusation faite par la même puissance, au milieu des années 80 à l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) à la suite du fameux débat sur le Nouvel Ordre mondial de l’information et de la Communication (NOMIC). Le Sénégalais Ahmadou Mahtar Mbow, vénérable homme de culture et fierté de l’Afrique qui fête son centenaire cette année, était le directeur général de l’UNESCO.
Des empoignades idéologiques sans envergure, trahissant des volontés de domination, ont tenté de mettre à genou cette instance unique de réflexion sur les valeurs essentielles que restent la science, l’éducation et la culture pour l’harmonie de l’humanité dans sa diversité enrichissante.
Sans verser dans une quelconque paranoïa, il n’est pas indifférent de constater que les deux organisations, UNESCO en son temps, et OMS aujourd’hui ont deux africains à leur tête au moment des coups de boutoir. Hasard ? N’est-il pas immoral de priver ces organisations des moyens d’accomplir leurs missions avec l’arrière-pensée perfide de mettre à mal leurs dirigeants élus ?
Il n’est pas d’alternative à l’OMS dans son soutien à nos politiques de santé et surtout à sa présence vitale sur le terrain auprès des populations démunies. Toute attaque contre l’institution annihile nos efforts pour faire face à la pandémie et freiner sa propagation. En se prolongeant, nous ne serons que les victimes de ce bras de fer entre puissants.
En attendant, la Covid-19 creuse le fossé entre nantis et démunis. Les grandes firmes pharmaceutiques qui soignent le monde dans un détestable monopole né du droit contestable des brevets font perdre à la science son intégrité, sa morale et sa générosité. La santé reste alors un luxe pour les pays pauvres. Qu’adviendra-t-il de l’accès rapide et facile de nos populations à un éventuel vaccin ou à un médicament venant de leurs laboratoires ?
Cette interrogation n’est pas fantaisiste quand on sait que l’affrontement entre scientifiques, par journaux et pétitions interposés, prend maintenant la rue à témoin comme si elle était juge de l’efficacité de tel médicament ou de sa dangerosité. Les experts se livrent bataille dans les médias à longueur d’antennes ou de colonnes.
Un leadership mondial défaillant
C’est parce que l’impact économique, social, psychologique, culturel même de la Covid-19, gagne du terrain sur sa maitrise scientifique. Il sous-tend la recherche effrénée du bien matériel de même que l’influence politique et diplomatique dans la course au leadership mondial.
La pandémie ne livre toujours pas ses secrets, renforçant le sentiment d’impuissance au sein de la communauté scientifique et instruisant les maitres du monde qu’ils ne sont que comme tous les autres hommes. Point de boucs émissaires pour justifier l’échec et le manque de soins aux populations.
Au rythme où évoluent les choses, les mesures barrières risquent de devenir de vieux souvenirs. En cause, entre autres, l’hypothèque sur le multilatéralisme ainsi que la rude bataille entre les grandes firmes de production des médicaments.
Tout est ainsi fait pour l’égo et l’or. Demandons à ceux qui les possèdent de se débarrasser de ces métaux et de respecter sans restriction le serment de Gallien qui illumine la voie des pharmaciens : «… En aucun cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances pour corrompre les mœurs et favoriser des actes criminels… ».
La Covid-19 était une opportunité d'humanisation de l'ordre mondial, la course à l'ego et à l'or signe t- elle la fin de cet espoir ? Notre époque a besoin d’un leadership plus affirmé dans la lutte contre la pandémie comme en bien d’autres domaines.