Entretien avec Ndongo Samba Sylla, économiste et Martial Ze Belinga, économiste et sociologue animé par Chrystel Le Moing. Cette émission est produite par le secteur international du Parti communiste français avec la fondation Gabriel Péri.
PAR Thierno Ousmane Camara
SAINT-LOUIS OU LE CREUSET DE L’INDIGNATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Plusieurs appels au déboulonnement de la statue du gouverneur Faidherbe ont été lancés, souvent par des personnes qui ne connaissent pas Saint-Louis, parce que vivant dans le virtuel
La statue de Faidherbe a bien été déboulonnée, et cela avant la vague qui vient de traverser les océans.
De la mort atroce de Georges Floyd est née une vague d’indignation planétaire. Effet des réseaux sociaux, plusieurs villes et universités ont déboulonné statues et monuments, symboles d’une histoire souvent malheureuse. Dans ce tourbillon, plusieurs appels au déboulonnement de la statue du gouverneur Faidherbe ont été lancés, souvent par des personnes qui ne connaissent pas Saint-Louis, parce que vivant dans le virtuel.
Cette statue est tombée une première fois, puis a été déboulonnée par les autorités il y a plusieurs mois. Des travaux sont en cours sur ce lieu, symbole de l’ancienne capitale de l’Afrique de l’Ouest. Elle aura certainement sa place dans un musée des indépendances.
Les rues de Saint-Louis ont été débaptisées. Les rues des grandes villes de notre continent ont longtemps porté les noms des gouverneurs et généraux français de l’époque coloniale. À Saint-Louis, les maires successifs, tenant compte de l’évolution de notre histoire, ont procédé au changement progressif de dénomination des rues de la ville. Ainsi, la rue André Lebon est devenue Rue Khalifa Ababacar Sy (le Khalife, fils de Rokhaya Ndiaye, est né en 1885 à Saint-Louis, sur cette rue). La célèbre rue Brière de l’Isle porte dorénavant le nom d’Abdoulaye Seck, Marie Parsine. Le quai du gouverneur Roume est devenu quai Bakar Waly Gueye, le célèbre lycée Faidherbe, nid de l’intelligentsia africaine, cette élite qui a bâti les nations après les avoir menées aux indépendances, porte le nom du guide religieux et résistant Cheikh Oumar Tall, etc. Ce travail a été fait dans l’esprit qui caractérise cette cité, avec mesure, équilibre et sans excès aucun. Mieux, en maintenant la mention historique, (ex rue...)
Au même moment, au cœur de Dakar, Abidjan, les rues, avenues et boulevards Jules Ferry, Felix Faure, Carnot, Victor Hugo, Émile Zola, de Gaulle, Georges Pompidou et même Giscard d’Estaing demeurent. Non, Saint-Louis ne peut recevoir de leçon d’indignation.
Saint-Louis est le creuset de la résistance en Afrique de l’Ouest. Saint-Louis a mis à la disposition de l’Afrique son élite.
Le Sénégal indigné et l’Afrique résistante, doivent énormément aux filles et aux fils de Saint-Louis. Reconnaissance éternelle à :
Ceux qui, avec Lamine Gueye (maire de Dakar pendant 16 ans à partir de 1945), Abdoulaye Boye, Alioune Marius Ndoye, Baka Diop, Youssoupha Camra, Badara Ndiaye Mame Penda et Pape Mar Diop, fondèrent en 1912 le premier groupe de revendication politique d'Afrique Noire dénommée « Jeunesse sénégalaise ».
Celles qui autour de Soukeyna Konare, la passionaria sénégalaise se sont battues pour le droit de vote des femmes.
Ceux qui, élèves, ont jeté un matin leurs casques coloniaux dans le fleuve Sénégal.
Celles et ceux qui sous l’aile d’Alioune Diop, le Socrate saint-louisien, ont bâti la célèbre maison d’édition Présence Africaine, au cœur du Quartier latin, à Paris.
Celles et ceux qui autour d’Amadou Mahtar Mbow ont créé à Paris la Fédération des Étudiants d’Afrique Noire en France (FEANF). Dans le 6eme bureau, élu le 30 décembre 1955 les trois vice-présidents sont Ogo Kane Diallo, Kader Fall et Djeumb Gueye. Le trésorier, Bouna Fall. Tous des Saint-Louisiens.
Celles et ceux qui, réunis en 1957, chez une Saint-Louisienne, Felicia Ndiaye Basse, pharmacienne à Thies, ont créé le Parti Africain pour l’Indépendance (PAI). Parmi eux, de nombreux fils de Saint-Louis, Khalilou Sall, Majmouth Diop, Coupet Camara, Tidiane Baydi Ly, Amsata Sarr.
Celles et ceux qui sont partis en 1958, auprès de Sekou Touré pour la reconstruction de la Guinée indépendante, à la suite du « Non » à la France.
Ceux qui, jeunes, avec Charles Gueye, sont partis se former à la guérilla à Cuba.
Ceux qui, aux côtés de Maîtres Fadilou Diop, Ogo Kane Diallo, Ogo Gueye, Boubacar Gueye ont défendu les militants indépendantistes brimés sur toute l’étendue du continent.
Ceux qui, dans les armées, ont gardé leur dignité de soldat. Les généraux Abdoulaye Soumaré, exilé par Senghor suite à l’éclatement de la Fédération du Mali, Amadou Fall mis aux arrêts par Senghor, suite aux événements de 1962, avec retrait de ses titres et grades, et d’autres, victimes de leur sens de l’honneur bien saint-louisien. Le Général Jean-Alfred Diallo, un autre saint-Louisien, mettra en œuvre le concept d’armée-nation, en créant le village de Savoigne.
Les lycées de Saint-Louis, y compris le célèbre Prytanée militaire Charles N’Tchoréré, ont été parties prenantes, des grandes révoltes scolaires au Sénégal. Ces mêmes lycéens irradieront les partis d’opposition clandestins des années 70, au Sénégal et au-delà dans toute l’Afrique.
Aujourd’hui l’Université Gaston Berger (philosophe, prospectiviste saint-louisien et père du célèbre danseur Maurice Bejart) apporte au quotidien sa contribution à la reconstruction de l’identité de notre continent à travers notamment ses brillants penseurs de la décolonialité.
Saint-Louis a été et demeure le berceau de l’élite africaine indignée ; mais une indignation dans le respect des valeurs sénégalaises : Jom, Sutura, Teggin et Kersa.
Post Scriptum :
L’appel des femmes de Nder, ancêtres des familles Saint-Louisiennes.
Les femmes de Nder, un mardi du mois de 1820, se sacrifièrent collectivement pour ne pas tomber entre les mains d’esclavagistes maures.
«Nous devons mourir en femmes libres, et non vivre en esclaves. Que celles qui sont d’accord me suivent dans la grande case du conseil des Sages. Nous y entrerons toutes et nous y mettrons le feu… C’est la fumée de nos cendres qui accueillera nos ennemis. Debout mes sœurs ! Puisqu’il n’y a d’autre issue, mourrons en dignes femmes du Walo ! »
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
IL FAUT SAUVER LE PROGRAMME ÉLARGI DE VACCINATION
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est surprenant que cette pratique de santé publique parmi les plus connues avec l’accès à l’eau potable, soit aussi conspuée dans un continent où son efficacité est largement documentée
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 15/06/2020
Au 5 juin 2020, le Centre de contrôle des maladies de l’Union africaine (Africa CDC) a dénombré 163 599 cas confirmés de coronavirus. À la même date, la pandémie de Covid-19 avait entraîné la mort de 4 611 personnes sur le continent. L’Afrique du Sud et l’Égypte sont les pays les touchés. Comparée à celles de l’Europe de l’Ouest ou de l’Amérique du Nord, la situation épidémiologique de l’Afrique est donc sans commune mesure. Si la pandémie de Covid-19 n’a pas entraîné la catastrophe épidémique promise par certaines cassandres à l’Afrique, ses conséquences économiques sont bien présentes. Selon la Banque mondiale, la croissance économique en Afrique subsaharienne passera de 2,4 % en 2019 à une fourchette comprise entre -2,1 % et -5,1 % en 2020. Selon une enquête réalisée en avril auprès des chambres de commerce et des associations patronales des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’emploi a diminué de 25 % et certains secteurs ont vu leur activité réduite à néant. Le secteur le plus impacté par les mesures de lutte contre la pandémie est celui des services, avec en avril des baisses d’activité allant de 100 % pour le tourisme et 95 % pour l’hôtellerie et la restauration. Le commerce est lui aussi très impacté : 63 % des grossistes ont vu leur activité baisser d’un quart, mais 81 % des détaillants travaillant dans l’informel ont fait le même constat.
En plus des conséquences socioéconomiques qui s’expliquent par les mesures de confinements et de fermetures des frontières on peut noter celle plus inattendue : la forte défiance vis-à-vis de la science, du système sanitaire. Plus grave, la pandémie de Covid-19 a accentué la défiance vis-à-vis de la vaccination. Alors que le consensus dans la communauté scientifique est que seul un vaccin efficace pourra juguler la propagation du virus SRAS-CoV 2. Une enquête réalisée fin mars en France, alors que l’épidémie touchait de plein fouet le pays, 26 % des répondants ont déclaré que si un vaccin contre la maladie est disponible, ils ne l’utiliseraient pas. Ces dernières décennies, de nombreuses études ont mis en évidence au plan mondial notamment les pays dans lesquels la transition épidémiologique est achevée, une forte défiance vis-à-vis de la vaccination. Pour de nombreux analystes, elles s’expliquent largement par cette même culture de l’individualisme, qui veut faire des citoyens des « acteurs responsables » de leur santé, et que la prévention cherche justement à développer[1].
Il n’est nullement étonnant que les propos des scientifiques de LCI aient entraîné des réactions passionnées et virulentes. La mémoire collective africaine est pleine de souvenirs douloureux de sa confrontation à la médecine. La médecine a longtemps été présentée comme le côté noble de la colonisation, mais elle a été aussi et surtout un instrument de domination et parfois de coercition. Les mémoires sont pleines des souvenirs douloureux, comme celui du « Docteur la mort », Wouter Basson, qui a sévi en Afrique du Sud du temps de l’apartheid. Le scandale de la Lomidine[3] supposé remède miracle contre la maladie du sommeil qui sera responsable de nombreuses morts et dont l’arrêt de l’utilisation n’a été obtenu qu’au prix d’émeutes. L’essai clinique sauvage de la trovafloxacine (Trovan) par le géant pharmaceutique Pfizer au Nigeria en 1996. Par contre, il est surprenant, que la vaccination, une des pratiques de santé publique parmi les plus connues et parmi les plus efficaces avec l’accès à l’eau potable soit aussi conspuée dans un continent où son efficacité est largement documentée. Le Sénégal, par exemple, a réussi de l’indépendance à nos jours, a divisé par 6 son quotient de mortalité infanto-juvénile grâce en grande partie aux politiques de vaccination généralisée contre les maladies de la petite enfance. La vaccination a fait rapidement baisser la mortalité même si seulement la moitié des enfants a pu être touchée par les campagnes volontaristes qui ont été menées.
Qu’est-ce qu’un vaccin ?
Un vaccin « est une préparation administrée pour provoquer l’immunité contre une maladie en stimulant la production d’anticorps[4]. » Le principe de la vaccination consiste en l’introduction d’un agent potentiellement pathogène dans l’organisme pour qu’il y induise une infection. Il existe deux types de vaccins, les vaccins vivants atténués et les vaccins tués inactivés ou vaccins inertes. Les premiers sont composés d’agents infectieux vivants, mais atténués par des techniques particulières. Les agents infectieux restent capables de se multiplier chez l’hôte naturel. Comme exemples de ce type, nous avons le BCG le vaccin antituberculeux et le vaccin antipoliomyélite oral type Sabin. Ils ont l’avantage de permettre une protection rapide (environ deux semaines) et durable, proche d’une protection conférée par une infection naturelle. La protection immunitaire est induite après l’injection d’une dose unique : ces vaccins ne nécessitent pas de rappel. Ces vaccins, qui entraînent une maladie infectieuse à minima, sont cependant à risque d’induire une maladie infectieuse vaccinale chez certains sujets (immunodéprimés, femmes enceintes) chez qui elles sont contre indiquées. Le deuxième type regroupe les vaccins tués inactivés. Ils sont dépourvus de tout pouvoir infectieux, nécessitent pour la plupart d’entre eux des administrations répétées et des rappels, ainsi que l’utilisation d’adjuvants afin d’induire une réponse immunitaire protectrice. La protection conférée par le vaccin inactivé devra être entretenue par l’administration ultérieure de rappels. Il existe différentes variétés de vaccins inactivés : — les vaccins à germe entier contenant la totalité du virus ou de la bactérie, les vaccins sous-unitaires composés de différentes fractions antigéniques, anatoxines : toxines bactériennes ayant perdu leur pouvoir pathogène, etc.
De l’importance de la vaccination et de la fragilité des stratégies vaccinales
L’utilisation de la vaccination pour protéger l’homme des maladies infectieuses a déjà une longue histoire, mais ce n’est qu’au XXe siècle qu’elle a été utilisée à grande échelle. Les vaccins utilisés depuis plusieurs décennies ciblent la variole, le tétanos, la diphtérie, la poliomyélite, la coqueluche, la tuberculose, la fièvre jaune, la rougeole, les oreillons et la rubéole. Plus récemment, d’autres vaccins ont été développés et peuvent maintenant être utilisés en routine : c’est le cas des vaccins contre la méningite à Haemophilus influenzae b, les hépatites A et B, les gastroentérites à rotavirus, les infections à pneumocoques et à méningocoques, la varicelle. Un vaccin contribue à assurer la prévention individuelle, mais c’est la protection de la collectivité qui l’emporte dans l’élaboration des programmes des vaccinations vis-à-vis des maladies à transmission interhumaine : l’immunité de groupe permet même à des sujets non immunisés d’éviter la contamination.
Depuis l’avènement de la vaccination masse, la mortalité et la morbidité dues maladies pour lesquelles existent des vaccins efficaces ont considérablement diminué. Cependant, seule la variole a été éradiquée, certaines maladies sont contrôlées, mais d’autres sont toujours endémiques malgré l’utilisation de vaccins efficaces. La variabilité de ces résultats est en rapport avec les caractéristiques de chaque maladie (signes cliniques facilement ou difficilement reconnaissables, transmission plus ou moins importante, etc.), au type de vaccin utilisé, à son efficacité plus ou moins élevée, au type et à la durée de l’immunité infectieuse ou vaccinale qu’il induit, à sa tolérance, à la stratégie vaccinale utilisée, à la couverture vaccinale obtenue, à la capacité du germe responsable de la maladie à échapper à l’immunité vaccinale, à la population humaine elle-même (caractéristiques génétiques, densité…).
La vaccination prophylactique présente la particularité d’exiger une prise de risque immédiat (lié à la vaccination) pour éviter un risque hypothétique et différé (la maladie). Cette singularité fait que l’adhésion des populations aux programmes de vaccinations est très fluctuante et est tributaire de nombreux facteurs. Parmi ceux-ci, les informations véhiculées sur les vaccins ne sont pas des moindres. Les gens veulent des explications claires, des certitudes de la part des personnes en qui elles placent leurs confiances. Et ce n’est pas toujours les professionnels de la santé qui sont les plus écoutés sur le sujet. Dans les zones rurales et périurbaines, certains milieux populaires des centres urbains, le succès d’une campagne de vaccination demande que les leaders d’opinion (guides religieux, responsables politique, big man, etc.) y mettent de leur bonne volonté. D’autre part, il existe un élément très important dans la protection apportée par les vaccins : la notion d’immunité de groupe. C’est elle qui permet d’arrêter la propagation d’une maladie contagieuse au sein d’une population. Mais pour que cela puisse se faire, il faut qu’un nombre suffisant d’individus se fasse vacciner. Dans le cas de la rougeole, par exemple, une personne malade peut contaminer environ une quinzaine de personnes non vaccinées. Pour obtenir une immunité de groupe efficace, il faut donc que la couverture vaccinale atteigne 95 % de la population.
La vaccination s’est imposée comme un moyen de prévention collective essentiel permettant l’élimination d’une maladie infectieuse d’un pays ou d’une région. Au Sénégal, où la vaccination n’est pas obligatoire, mais gratuite et très vivement recommandée, la preuve de son efficacité dans l’amélioration de la situation sanitaire a été démontrée. Aujourd’hui que le Programme élargi de vaccination connaît une passe difficile, il est du devoir des autorités politiques de prendre les initiatives qui s’imposent pour restaurer la confiance des populations. La transparence et la clarté sur les stratégies vaccinales mises en place doivent être les axes prioritaires. Et plus largement, il est assurément venu le moment de travailler à une recherche et une industrie du vaccin nationale.
[1] Orobon, Frédéric. « Les réticences contemporaines vis-à-vis de la vaccination. » Esprit 7 (2016) : 150-161.
[2] La transition épidémiologique ou transition sanitaire est la période de baisse de la mortalité qui accompagne la transition démographique. Elle s’accompagne d’une amélioration de l’hygiène, de l’alimentation et de l’organisation des services de santé et d’une transformation des causes de décès, les maladies infectieuses disparaissant progressivement au profit des maladies chroniques et dégénératives et des accidents.
[3] Lachenal, Guillaume. Le médicament qui devait sauver l’Afrique : un scandale pharmaceutique aux colonies. La Découverte, 2014.
Invité de Mamadou Ibra Kane, Ousseynou Nar Gueye prone une gestion fédéralste du Mali à l'image du Nigéria.
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill
LE COVID-19, L’AFRIQUE ET LE NOUVEAU TEMPS DU MONDE
En 2050, l'Afrique abritera 1/4 de la population mondiale et devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, se soigner. A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché ?
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill |
Publication 15/06/2020
Alors que la mobilisation contre le Covid-19 s'intensifie à l'échelle planétaire, force est de constater que, même si ce virus n'épargne aucune région ni aucune économie du monde, en revanche, les moyens d'y faire face révèlent de fortes inégalités entre pays, et au sein même des pays touchés, entre régions, cités, villages et catégories sociales.
Cette situation ne peut amener qu’à s’interroger sur cette relative impuissance, qu'il s'agisse des moyens de riposte sanitaire autant que d'atténuation des nombreux impacts économiques et sociaux de cette pandémie. Ainsi mise à mal, la presque totalité des systèmes de santé du monde, les économies des pays riches, émergents et sous-développés sont, à des degrés divers, menacés ou frappés par une augmentation de la pauvreté, du chômage, et des clivages sociaux ; bref le Covid-19 a révélé une véritable vulnérabilité créant un fort impact qui remet en cause le mythe du progrès illimité.
Cet événement inédit par sa soudaineté et la rapidité de son expansion fait craindre, au-delà des pertes en vies humaines, des troubles sociaux, une crise de confiance des peuples à l'endroit de leurs dirigeants, mais surtout une montée des populismes dont les stigmatisations ethniques constituent un signe avant-coureur inquiétant.
Une profonde angoisse a gagné le monde qui venait d'entrer en fanfare dans le XXIème siècle en embouchant la trompette triomphante de ses succès accumulés tout au long du siècle précédent. Brutalement mis à l'arrêt, comme pétrifié, ce même monde se retrouve désorienté !
A l'ivresse succède l'interrogation face à l’injonction soudaine que nous adresse ce virus et qui vaut pour tous et pour chacun à travers le monde, quelle que soit le contexte local de la pandémie. Ceci est-il une simple expérience, une parenthèse, ou au contraire une confrontation pleine de sens ?
Pour le savoir, il nous faut adapter notre regard et le porter loin au-delà de nos certitudes traditionnelles. C'est, semble-t-il et par défaut, la seule manière pour l’humanité de surmonter ce choc de questionnement et d’incertitude qui caractérise les premiers effets appréhendables de cette crise du Covid-19.
Il semble bien que partout où l’humain a enfreint les lois de la Nature et du Vivant, ceux-ci nous rappellent cruellement que les transgressions éthiques accumulées finissent par se payer « cash »…
L'Afrique offre un exemple de cette difficulté à trouver un sens à cette crise dans laquelle beaucoup voient, (à tort ou à raison ?), « la main cachée de Dieu venue punir l'humanité de ses fautes ». Mais, comme l'expiation n'est pas de la compétence des blouses blanches, on leur a préféré les divinités, les marabouts et autres rites anciens hérités de la coutume. Encore une fois, logique d'État et logiques traditionnelles croisent le fer en contexte d’une « modernité » fondée sur un optimisme aveugle !
Mais, ce violent assaut contre nos certitudes ne deviendrait-il pas salutaire, malgré tout, en raison de l'immense potentiel d'interrogations et de remise en question, que cette crise multiforme soulève, en ouvrant ainsi pour notre époque nombre d'avenues nouvelles aux perspectives élargies, porteuses de visions recadrées afin d’être compatible avec le respect de la planète qui nous accueille.
La sagesse antique, plus que jamais, nous montre sa pertinente actualité, simplement parce qu’elle repose sur un socle de réflexion fondée sur « ê physikê » (c’est-à-dire : la nature, d’où la physique)[1]la connaissance de la Nature rendant sa démarche humble et dénuée d’emphase :
« La santé de l’homme est le reflet de la santé de la terre. » (Héraclite)
Aussi, plutôt que de mutations hâtives dans des directions incertaines, le monde
n’aurait-il pas simplement besoin de faire une pause ?
Afin de prendre du recul, de la hauteur pour sortir de l’immédiateté en tout qui empêche d’établir de grands desseins, de se resituer dans un temps long, afin de réfléchir à la pertinence de maintenir le cap de cette modernité autoproclamée, caractérisée par l'obsession du rendement, du productivisme, de la rapidité de l’information et par l'accélération d’un prétendu progrès à sens unique, au point de laisser craindre, légitimement, le remplacement des humains par des robots issus de l’Intelligence Artificielle.
Car, il importe de rappeler que les derniers mois de l'année 2019 ont été marqués par des mouvements populaires significatifs de contestation dont le point commun était en filigrane, le désenchantement vis-à-vis de la mondialisation en cours et la volonté de construire un nouveau modèle grâce à l’action de dirigeants soucieux d’apporter protection et mieux-être à leurs peuples (cf. Liban, Algérie, Hong-Kong, Irak, Chili, Soudan, France-Gilets Jaunes).
Un autre fait marque malheureusement cette époque, c'est l'étendue croissante des pays frappés par le terrorisme qui implique de relever un défi majeur pour nombre de pays africains. Ce contexte d'instabilité et d'insécurité constitue un frein risquant de devenir systémique et rendant irréaliste toute tentative de prévision de sortie de la pauvreté pour les pays concernés, tant en terme de calendrier, qu’en terme de performance économique.
Alors, pour relever tant de défis, le monde et tout particulièrement l'Afrique, ont besoin d'oser ! Oser se réinventer, oser changer les grilles d’analyse, oser modifier des paradigmes obsolètes, et ce, afin de construire des prospectives réalistes dans l'unique objectif de se projeter dans un avenir maîtrisé, afin de ne pas laisser à d'autres le soin de lui désigner sa place future dans le monde d'après le Covid-19, car il risque fort de ressembler à celui d’avant, mais en bien pire.
Dans cet esprit, l'Afrique pourrait prendre une initiative, parrainée par des États, des ONG indépendantes, de grandes Institutions, qui consisterait, notamment, à :
Renoncer à l'abandon de la dette. En effet, le risque à terme, pourrait conduire à une restriction des capacités de négociation des mêmes Etats lorsqu'il s'agira de redéfinir les conditions d'exploitation de leurs matières premières.
Or, dans un tel contexte, l'abandon de la dette n'est pas nécessairement la meilleure solution.
En contrepartie, il conviendrait d’œuvrer avec le reste du monde à la création d'un organisme indépendant, titulaire d'une incontestable légitimité, qui pourrait dans le domaine particulier de la santé humaine gérer l'après-crise pandémique, dont les effets ne se tasseront probablement qu'après mise au point des traitements préventifs et curatifs, c'est à dire pas avant un laps de temps, à ce jour, indéterminable ; cet organisme formalisant, dès lors, les modèles informels des Club de Paris et Club de Londres.
Cet organisme pourrait comprendre, dans des proportions à définir, des représentants de l'OMS, de la banque Mondiale, du FMI, de l'OMC, de la BRI pour la gestion des DTS[2], mais aussi d'organisations régionales telles que l'UA, la BAD, et des représentants des diverses branches des industries pharmaceutiques ainsi que de hautes personnalités, notamment scientifiques, dotées d'une incontestable autorité morale, à l’aune de leur compétence avérée.
Cet organisme pourrait ainsi gérer un fonds spécialement dédié au financement de la politique nationale de santé des pays membres et qui serait alimenté par :
le remboursement des dettes sous forme de cotisations ;
un abondement paritaire émanant des Institutions mentionnées et d’un Club de donateurs publics et privés ;
un prélèvement sur les ventes d'armes, mais payé, pour être dissuasif, par les pays acheteurs et les pays exportateurs, s'inspirant ainsi de l'ancienne taxe Delors ;
un apport en nature de brevets pharmaceutiques tombés dans le domaine public.
Seraient financés en priorité :
les projets nationaux articulés à des stratégies régionales ou sous-régionales, afin d'éviter les doublons et les concurrences contre-productives ;
les pôles de recherche par grandes branches de disciplines, de traitements cliniques, de production pharmaceutique ;
des infrastructures d'accompagnement tels que toilettes publiques, équipements d'hygiène publique, de préservation environnementale, etc.
en fonction de critères à définir, chaque pays disposerait d’un « droit de tirage », équivalent à l’apport de sa dette, lui permettant d'investir massivement dans une politique de santé planifiée et réaliste.
En 2050, l'Afrique sera un continent qui abritera 1/4 de la population mondiale qui devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, pour travailler à son autosuffisance en tous domaines, et pour se soigner.
A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché prédominant qui a fait consensus depuis la chute du Mur de Berlin ?
D'aucuns voudront poursuivre le chemin tracé vers un rattrapage de l'Occident, par l'application systématique de ses méthodes de production. Mais, elles sont, elles-mêmes, en pleine évolution.
D'autres, à l'inverse, seront les partisans farouches d'une rupture radicale d'avec le modèle occidental pour lui préférer la résurgence de valeurs endogènes et la supériorité de la foi sur les droits de la personne.
Enfin resterait un troisième groupe qui lui, modestement, s'interrogerait, scruterait l'avenir tel Diogène avec sa lanterne, pour identifier la place faite à l'humain afin de pouvoir habiter autrement la planète. C’est en choisissant cette voie que l’Afrique pourra faire valoir son génie propre et rappeler que la finalité de toute civilisation est et demeure d’instaurer un rapport humain au monde !
Ce texte a été préalablement publié dans Le Soleil du 8 juin.
Signataires
Ousmane Blondin Diop est ancien Ministre-Conseiller du Sénégal auprès de l’Unesco et président de l’Alliance des Forums pour une Autre Afrique (ALFAA).
François Henri de Saint-Chamaran est ancien professeur associé à l’Université Panthéon-Sorbonne, membre de jurys des classes préparatoires des Grandes Écoles de Commerce, membre-fondateur de Alfaa.
Issa Wachill est originaire de l’Ile Maurice, ancien Conseiller Culturel à la Délégation Palestinienne de l’Unesco, membre-fondateur de Alfaa.
[1] En alphabet grec : η φυσικη ; transcription en alphabet latin : ê physikê.
[2] Les « Droits de Tirage Spéciaux », constituent, initialement, un actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres, dans l’attente d’une refonte des accords de Bretton Woods.
«MACKY SALL TENTERA DE SE PRESENTER A LA PRESIDENTIELLE DE 2024»
Hier, devant le Grand jury de la Rfm, Jean-Paul Dias a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession.
Selon Jean-Paul Dias, le président de la République tentera de briguer un troisième mandat. Le leader du Bcg, «théoriquement» encore membre de la mouvance présidentielle, a défendu le maire de Mermoz-Sacré Cœur sur le dossier du littoral.
C’est une déclaration qui risque de créer une nouvelle polémique sur une éventuelle candidature du Président Macky Sall à la Présidentielle de 2024. Hier, devant le Grand jury de la Rfm, le leader du Bloc des centristes gaindé (Bcg) a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession. «Il a l’intention de se présenter et il tentera de se présenter. Il n’aura pas de difficultés au niveau du Conseil constitutionnel. Le reste, il n’a pas de considérations particulières sur ce que peuvent penser les Sénégalais au plan moral avec tout ce qu’il a dit. Il tentera, sauf si intervient quelque chose d’extraordinaire qui l’empêche d’y aller», a insisté M. Dias. Il demande d’ailleurs aux Apéristes d’avoir le «courage» de dire qu’ils ne sont pas d’accord et que «ceux qui ont l’ambition de se présenter de dire carrément qu’ils sont prêts à se présenter».
«Des gens du pouvoir cherchent des poux dans la tête chauve de Barth»
Relativement à la polémique sur le bradage du littoral, Dias-père a pris fait et cause pour son fils, qui est par ailleurs le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Il dit : «La polémique ne date pas d’aujourd’hui. Elle a pris aujourd’hui un autre aspect, un aspect plus politique provoqué par des gens du pouvoir ou affiliés au pouvoir qui, voyant que Barthélémy Dias, notre maire, a réussi à traverser la période du Coronavirus avec succès, avec beaucoup de popularité, se sont dit : «Malgré sa tête chauve, il faut lui chercher des poux dans la tête et ils ont inventé cette affaire.».» En outre, Jean-Paul Dias a répondu au ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, selon qui le régime actuel n’a attribué aucun terrain sur ce périmètre de la capitale. «L’Etat c’est une continuité. Donc, dans ce dossier, la responsabilité de l’ancien régime, tout comme l’actuel, est engagée. Les textes disent que lorsque vous êtes attributaires d’un terrain, vous avez deux ans pour construire ; si au bout de deux ans, vous ne construisez pas, on doit vous retirer le terrain. Ils ne font pas ça», a-t-il expliqué. D’ailleurs, pour une meilleure gestion du foncier, il suggère l’intégration des maires dans les comités d’attribution des terres mais aussi qu’ils y siègent.
«On dirait que (les responsables) de Macky 2012 sont anesthésiés»
Jean-Paul Dias a également donné son point de vue sur les récentes nominations des transhumants Abdou Fall et Moussa Sy, respectivement au Conseil d’administration de l’Apix et celui du Port autonome de Dakar. «Macky Sall a montré qu’il n’a pas des amis d’hier, il n’a que des amis d’aujourd’hui ou qu’il estime être ceux de demain. Donc, il peut continuer à faire ce qu’il fait. Je rends hommage à l’Apr qui a réagi. Macky 2012 n’a même pas réagi, on dirait qu’ils sont anesthésiés.» Sur ses relations avec la mouvance présidentielle, il soutient qu’«en théorie», il est toujours membre en attendant de prendre une décision. Mais déjà, pour les Locales, il annonce que son parti y ira sous sa propre bannière.
Par Madiambal Diagne,
MON PACTE DE CONFIANCE AVEC MACKY SALL ET LE PEUPLE
Rien n’est publié de ma plume sans une connaissance avérée des faits. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce que connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel
Il est des choses bien symboliques dans une vie. Les dernières chroniques publiées dans ce journal, sous ma plume, ont bougé des lignes, secoué des baobabs et éclairé sur différents sujets («Akilee-Senelec : Qui doit crier au voleur ?» 18 mai 2020 ; «Le gouvernement est nu», 3 juin 2020 et «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», 6 juin 2020). Les colonnes de ce journal sont le reflet d’une entreprise courageuse de liberté d’expression, de transparence dans le traitement de l’information, d’objectivité dans la présentation des faits et d’exposition au public des différents enjeux dans notre cher Sénégal. Je me suis lancé dans cette aventure avec un seul défi, faire tout savoir au lecteur pour une marche apaisée et viable de notre République. Cette exigence de transparence, de fidélité à la réalité et de souci de l’intérêt public, a toujours été la marque de fabrique de ce titre. Nos adversaires, tout comme nos sympathisants, nous le reconnaissent. Rien n’est publié dans ces colonnes ou de ma plume sans une connaissance avérée des faits, sans leur analyse lucide. Ne se dit-il pas dans ce pays que si Le Quotidien le dit, c’est sûrement vrai ! Le président Abdoulaye Wade avait sorti cette maxime en plein Conseil des ministres !
Il se trouve qu’à cet exercice essentiel de la vie démocratique, il y a un tribut à payer et un lot d’ingratitudes. Ce tribut, il n’a jamais été question pour moi de ne pas y sacrifier. En effet, quand je jette un regard dans le rétroviseur, plus rien ne m’impressionne. Il n’est guère de logique de tireurs embusqués, les combats qui me tiennent à cœur pour ce pays, je les porte de toutes mes forces. Aucune pression ou menace ne peut me détourner de cette voie. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce qu’en connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme et tous les contre-feux que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel.
Les procès d’intention ont pu être nombreux. Il m’est prêté d’un côté d’être en intelligence avec le président de la République Macky Sall pour dénoncer les failles de sa gouvernance et de lui donner un souffle nouveau. D’un autre, on suppose que je serais en mal avec le pouvoir politique (et/ou avec son «ami» disent certains), pour chercher à le charger de toute force. Il y a même le schéma d’un rapprochement avec l’opposition et certains milieux d’affaires pour tout discréditer de l’action publique. J’oubliais aussi l’argument selon lequel on préparerait un retour de Karim Wade au bercail et d’une voie toute tracée pour lui. On ne peut être que renversé par autant de fertilité d’esprit, mais dans l’impasse on peut comprendre que le sauve-qui-peut contraigne certains à faire feu de tout bois. Rien de ce jeu ne surprend, la première vague est de me prêter des mots et arguments qui ne sont pas les miens. Il arrive même d’identifier des personnes confinées dans l’anonymat, avec le dessein de les jeter en pâture mais en prétextant que ce serait Madiambal Diagne qui chercherait à leur nuire. La deuxième est de jouer avec un terrorisme intellectuel en orchestrant un tapage avec un agenda que j’aurais contre les religieux. La troisième est celle des coups de bélier avec une horde de cavaliers dont la fougue de leur course en dit suffisamment sur les motivations.
J’en irais à dire que rien n’est nouveau sous le soleil. En deux décennies, au gré des humeurs et colères des différents milieux avec les informations traitées, ma personne et ce journal ont été considérés comme armes de lobbys économiques, d’une intelligentsia mouride, d’adversaires politiques du président Wade, de cercles maçonniques ou de quelques autres obédiences, d’intérêts étrangers, de gradés des forces de défense et de sécurité. On finit par se perdre dans ce labyrinthe de connexions et d’explications des plus farfelues. Il est néanmoins rassurant qu’avec toutes ces obédiences qui nous sont prêtées, nos amis d’aujourd’hui sont nos ennemis du lendemain. Nos adversaires d’hier se muent en fervents sympathisants aujourd’hui. Tout cela au gré des publications et révélations de ce journal.
Le travail du journaliste est de soulever des lièvres, au peuple et aux autorités publiques de décider de les attraper ou pas. La succession des événements suite aux différentes révélations conforte sur le fait que des lignes ont pu être bougées et des postures revues. L’agitation et le tollé qui en ont découlé, montrent qu’un intérêt certain est prêté à ce qui est dit dans ces colonnes. Libre à chacun d’interpréter et d’en faire l’usage qui lui semble bon. Il n’est recherché à tirer aucune gloire ou de souhaiter à qui que ce soit une chute aux enfers. Il n’est pas non plus recherché de jeter qui que ce soit en pâture. Ce sont des faits qui ont été exposés et s’ils impliquent des chaînes, l’opinion aura au moins gagné à voir clair dans tout ce qui se joue en son nom. De la même manière que nous avions poussé à faire changer beaucoup de choses dans la gouvernance du président Abdoulaye Wade, nous pouvons affirmer avoir obtenu que le président Macky Sall soit assez interpellé sur la gestion du Plan de riposte contre le Covid-19, ou sur l’affaire du contrat controversé entre Senelec et Akilee ou sur la gestion des domaines fonciers de l’Etat. L’idée qu’une exigence du président de la République sur une clarté de tous les faits, allant jusqu’à demander une identification des différentes personnes impliquées dans les différentes affaires a secoué bien des baobabs. Les tirs tous azimuts se comprennent.
Il n’y a aucun mal à être seul dans un combat et de se voir adversaire de gens dont les intérêts propres ont pu être mis à mal. Le temps reste le meilleur des juges et rétablira chacun dans la vérité. Le Sénégal saura reconnaître ses fils.
Mon pacte avec Macky Sall
Mes relations avec le président Macky Sall nourrissent des commentaires et continueront d’alimenter les parlottes. Il doit être clair que je m’honore de son amitié et j’ai pour lui de l’affection qu’il me témoigne en retour. Cette relation est aussi fondée sur du respect et un pacte moral indéfectible pour moi. Je n’avais pas de relations suivies avec le président Macky Sall avant ses déboires avec le régime de Abdoulaye Wade. C’est en juin 2008, que j’ai eu à m’asseoir pour la première fois avec l’homme qui était alors président de l’Assemblée nationale. Notre ami commun Alioune Fall, journaliste, avait arrangé le rendez-vous au domicile du président de l’Assemblée nationale. Nous avions eu une discussion franche. Macky Sall n’avait pas cherché à se débiner le moins du monde. Il avait assumé toute sa part de responsabilité dans les actions menées par le pouvoir Wade contre ma personne et contre le journal Le Quotidien. Macky Sall avait été à la tête d’un gouvernement qui se voulait intraitable avec Madiambal. J’avais salué son courage et son honnêteté pour admettre le rôle qu’il aurait pu avoir joué. Il disait avoir compris le sens et la portée de mon combat et m’avait alors invité à me joindre à lui, «dans le combat qu’il menait pour la démocratie et pour protéger la République et restaurer ses valeurs». Il savait que sa rupture d’avec Wade était inscrite comme une fatalité. Je lui avais alors donné une poignée de mains pour lui dire «qu’il pouvait désormais compter sur moi». Le lendemain, j’avais rassemblé mes collaborateurs pour les informer de cette situation.
J’ai ainsi entretenu des relations régulières avec Macky Sall et je m’autorisais à lui faire des suggestions et des remarques, durant tout le déploiement de son action politique. A son arrivée au pouvoir en 2012, il a tenu à raffermir de telles relations et a fait de moi un interlocuteur assez privilégié pour discuter de questions majeures. Je me suis fait le serment de lui dire strictement la vérité, considérant que je ne pourrais lui être utile et être utile à la République que dans une posture de vérité et de franchise. En de nombreuses occasions, l’un et l’autre, nous avons pu éprouver notre amitié. Ce n’est pas pour autant que mon pacte avec le Sénégal en souffrirait d’une quelconque manière.
SONKO PROMET LA DESTRUCTION DE TOUS LES EDIFICES
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral.
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral. Après le maire de Mermoz Sacré-Cœur Barthélémy Dias et le collectif du SOS littoral, c’est au tour du président de Pastef Ousmane Sonko de descendre hier sur les lieux pour manifester son amertume et sa consternation. Le ton ferme et sans appel, il a promis la destruction de tous les édifices en question, dès son accession au pouvoir.
Le leader du Pastef est formel. Ousmane Sonko juge illégale la construction sur le littoral. Raison pour laquelle hier, dans un live sur la plage de Mermoz, il a averti les propriétaires des bâtiments et menacé de démolir tous les édifices. «Je viens à cette plage depuis plusieurs années. Ils nous ont fait un escalier qui ne vaut même pas 200.000 FCFA pour accéder à la plage dans le but de nous consoler. Je tenais à avertir les occupants de ne pas mettre leurs milliards, parce que nous ferons détruire toutes ces constructions illégales sur le littoral», avertit-il.
A l’en croire, «toutes les autorités dont les responsabilités sont engagées dans cette affaire devront rendre compte devant la justice». Ousmane Sonko indique par ailleurs que le combat pour la sauvegarde du littoral ne doit pas être mené par un seul Sénégalais. «Il n’est pas celui de Barthélémy Dias ni celui de Guy Marius Sagna, encore moins celui de Pastef, mais c’est plutôt un combat de tous les Sénégalais.»
Malheureusement, se désole-t-il, beaucoup de Sénégalais semblent ignorer les priorités. «Aujourd’hui, la mobilisation faite contre l’augmentation des horaires du couvre-feu, si les Sénégalais la font sur la question du pétrole ou sur le bradage du littoral, le problème va se régler», tranche le patriote en chef avant de se désoler : «Cependant si on appelle les Sénégalais à se mobiliser sur ces différentes questions, on risque de se retrouver avec moins de 200 personnes».
DÉLIVRANCE DES AUTORISATIONS PAR LES AUTORITÉS ADMINISTRATIVES
Il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme
A la demande du requérant, le représentant de l’Etat territorialement compétent signe et délivre, sous huitaine, l’arrêté portant autorisation de construire. C’est la nouveauté apportée par le chef de l’Etat dans le décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme. Mais elle n’est pas sans conséquence dans la mesure où les maires voient leur pouvoir réduit.
Face aux lenteurs constatées dans la procédure de délivrance d’autorisation de construire, il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme.
Ainsi, à en croire le rapport de présentation du décret signé le 10 juin dernier par le président de la République, en cas de silence de l’autorité compétente, le représentant de l’Etat peut signer et délivrer l’autorisation de construire. Cette modification règlementaire a pour objectif de garantir l’effectivité de l’autorisation de construire réputée accordée dans ces conditions ainsi que de la célérité de la procédure de délivrance du permis de construire par les communes, conformément aux directives du président de la République.
CHEIKH DIENG ATTEND LA REACTION DE L’AMS
Le maire de Djiddah Thiaroye Kaw, Cheikh Dieng, estime que c’est parce que le gouvernement se trouve dans une impasse par rapport à l’accaparement et à la prédation des terres du littoral qu’il se fraye une porte de sortie. «Face au réveil citoyen inattendu du peuple sénégalais, l’Etat procède à une diversion en soulevant un problème qui n’est pas à l’ordre du jour», déclare Monsieur Dieng. Ensuite, il relève une atteinte à l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre une plus grande responsabilité aux maires élus démocratiquement et dépositaires de la légitimité au même titre que le président de la République. Ce qui est tout le contraire des autorités administratives qui sont assujetties au commandement, signale le maire libéral. Il est convaincu que le fait de retirer les prérogatives des maires élus démocratiquement au profit de personnes simplement nommées constitue un recul démocratique historique dont le Président Macky Sall porte la responsabilité. Ce qui, d’après lui, va à l’encontre de la marche du monde et de la démocratie au moment où l’on consacre de plus en plus des responsabilités et des transferts de compétence aux entités décentralisées. Cheikh Dieng attend la réaction de l’Association des Maires du Sénégal(AMS) qui est l’instance censée défendre les intérêts moraux des élus locaux. Selon lui, c’est parce que les maires jouent leur rôle de vigie démocratique en refusant de signer des actes illégaux d’autorisation de construire que cette mesure a été prise.
A l’en croire, l’Etat crée des voies de contournement pour mettre en avant une administration qui a souvent plus des préoccupations «clientélistes» que le souci de respecter les règles de construction. «La loi de 1976 sur la protection du domaine public maritime, le Code de l’environnement qui exige des études d’impact préalable pour ces types d’aménagement, entre autres textes, ont été allègrement violées par les autorités administratives en délivrant des papiers de bail, de titre foncier qui ne peuvent être attribués au titre individuel sauf en cas d’intérêt public», explique Cheikh Dieng.
UN ACTE ILLEGAL !
Par ailleurs, selon Cheikh Sadibou Sèye, chercheur en gouvernance publique, contacté par Seneweb, cet acte du chef de l’Etat est illégal dans la mesure où sur les termes de l’article 319 de la loi portant Code général des collectivités territoriales, les communes ont la compétence de délivrer «des autorisations de construire à l’exception de celles délivrées par le ministre chargé de l’Urbanisme».
Or, il indique que le décret pris par le Président Macky Sall confère au représentant de l’Etat la latitude de délivrer des autorisations de construire sans base légale». En effet, toujours selon le chercheur rapporté par Seneweb, la loi n°2008-43 du 20 août 2008 portant code de la construction dispose en son article L4 que «nul ne peut élever une habitation, restaurer ou augmenter un bâtiment existant ou encore creuser un puits distant de moins de 100 mètres des nouveaux cimetières transférés hors des communes sans obtenir préalablement une autorisation délivrée par le maire». Et l’article 68 de la loi portant Code de l’urbanisme dispose également que «l’autorisation de construire est délivrée au propriétaire ou à son mandataire, après instruction par les services chargés de l’urbanisme, par le maire dans les conditions définies dans la partie règlementaire du présent code».
DR ADAMA DIOUF, PRESIDENT DE L’UNION DES ASSOCIATIONS D’ELUS LOCAUX (UAEL) : «C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié»
«Je voudrais rappeler deux principes. Le premier, c’est que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Et cela signifie que les compétences sont partagées en l’espèce. Le deuxième principe est celui de la subsidiarité. Cela signifie que l’action publique doit être exercée par l’acteur le plus proche et au lieu le plus approprié. C’est cela qui fonde la responsabilité qui a été donnée aux maires de donner l’autorisation de construire. Parce que c’est le maire qui vit la réalité au quotidien.(…) Cependant, il a été constaté des lenteurs de la part de certains collègues maires. C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié nécessaire et suffisant pour s’acquitter de ces questions administratives dans le délai requis. Donc, au regard de la prégnance de la question, des revendications multiples qui atterrissent auprès des plus hautes autorités, il est tout à fait fondé que l’Etat prenne une décision comme celle-ci consistant à ce que l’autorité administrative territorialement compétente puisse signer l’autorisation de construire etla délivrer au citoyen. C’est cela la diligence, la célérité et l’efficience de l’action publique. Je rappelle que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Donc, il est normal que ce dernier trouve des solutions s’il y a des difficultés quelque part dans l’échelon comme c’est le cas aujourd’hui au niveau d’un maire. Donc, je n’ai pas de problème par rapport à ça. Il faut, à chaque fois qu’il y a défaillance c’est-à-dire une lenteur, trouver une solution. Cela ne signifie pas que l’Exécutif local est dessaisi. C’est juste une mesure alternative, au cas où il y a des difficultés pour délivrer une autorisation de construire. A cet égard, je pense que le chef de l’Etat a tout le droit de le faire par le biais de son ministre en charge des questions de l’Urbanisme. Ici les compétences sont partagées. Et l’autorité centrale peut prendre une décision pertinente et alternative pour faire face à la défaillance de l’autorité qui est le maire ou le Président du Conseil départemental. Il faut dire également que nous n’avons pas le droit en tant que collectivité locale de bloquer les actions publiques et les actions de développement par une lenteur qui ne se justifie pas.»
‘’NOS MAGISTRATS SONT TOTALEMENT INDÉPENDANTS DU POUVOIR EXÉCUTIF’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
Dakar, 15 juin (APS) - Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
‘’Ils (les magistrats) ont toutes les garanties constitutionnelles. Je vous assure qu’ils prennent cette garantie. Ce sont des juristes comme moi. Je n’ai pas besoin de leur demander de prendre des décisions (…). Ils connaissent la Constitution comme moi. Ils disent la justice mieux que moi, [...] ils sont totalement indépendants’’, a soutenu M. Sall.
L’avocat nommé à la tête du ministère de la Justice depuis avril 2019 était l’invité dimanche de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, diffusée par Iradio et iTV (privées). Il soutient n’avoir jamais cherché à influencer un magistrat.
‘’Depuis un an et quelques mois que je suis là, aucun juge ne peut dire que je l’ai appelé dans un dossier civil, commercial ou pénal pour lui dire : +Voilà ce que le pouvoir politique veut, ou ce que le chef de l’Etat veut+’’, a juré Malick Sall.
‘’Je vous l’assure, le président de la République ne peut pas mettre un visage sur 95% des magistrats. Il ne les connaît pas’’, a-t-il ajouté, soutenant que ‘’c’est la Constitution du Sénégal qui donne une garantie d’indépendance à la justice’’.
Interrogé sur la liberté provisoire accordée au député Seydina Fall dit Bougazelli, inculpé pour ‘’association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, blanchiment de capitaux et tentative de corruption’’, M. Sall a dit que ce militant du parti au pouvoir n’avait pas bénéficié d’une ‘’protection judiciaire’’.
M. Fall a bénéficié d’une liberté provisoire après que l’un de ses avocats, Me Clédor Ciré Ly, a invoqué la dégradation de son état de santé.
‘’Objectivement, si Bougazelli avait une protection judiciaire ou politique, il ne serait pas en prison‘’, a argué le ministre de la Justice.
Selon lui, le député de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a présenté plus d’une vingtaine de demandes de liberté provisoire.
‘’Toutes les demandes ont été rejetées avant qu’il n’obtienne cette liberté provisoire’’, a-t-il précisé.