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24 avril 2025
Politique
‘’NOS MAGISTRATS SONT TOTALEMENT INDÉPENDANTS DU POUVOIR EXÉCUTIF’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
Dakar, 15 juin (APS) - Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
‘’Ils (les magistrats) ont toutes les garanties constitutionnelles. Je vous assure qu’ils prennent cette garantie. Ce sont des juristes comme moi. Je n’ai pas besoin de leur demander de prendre des décisions (…). Ils connaissent la Constitution comme moi. Ils disent la justice mieux que moi, [...] ils sont totalement indépendants’’, a soutenu M. Sall.
L’avocat nommé à la tête du ministère de la Justice depuis avril 2019 était l’invité dimanche de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, diffusée par Iradio et iTV (privées). Il soutient n’avoir jamais cherché à influencer un magistrat.
‘’Depuis un an et quelques mois que je suis là, aucun juge ne peut dire que je l’ai appelé dans un dossier civil, commercial ou pénal pour lui dire : +Voilà ce que le pouvoir politique veut, ou ce que le chef de l’Etat veut+’’, a juré Malick Sall.
‘’Je vous l’assure, le président de la République ne peut pas mettre un visage sur 95% des magistrats. Il ne les connaît pas’’, a-t-il ajouté, soutenant que ‘’c’est la Constitution du Sénégal qui donne une garantie d’indépendance à la justice’’.
Interrogé sur la liberté provisoire accordée au député Seydina Fall dit Bougazelli, inculpé pour ‘’association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, blanchiment de capitaux et tentative de corruption’’, M. Sall a dit que ce militant du parti au pouvoir n’avait pas bénéficié d’une ‘’protection judiciaire’’.
M. Fall a bénéficié d’une liberté provisoire après que l’un de ses avocats, Me Clédor Ciré Ly, a invoqué la dégradation de son état de santé.
‘’Objectivement, si Bougazelli avait une protection judiciaire ou politique, il ne serait pas en prison‘’, a argué le ministre de la Justice.
Selon lui, le député de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a présenté plus d’une vingtaine de demandes de liberté provisoire.
‘’Toutes les demandes ont été rejetées avant qu’il n’obtienne cette liberté provisoire’’, a-t-il précisé.
Par Abdou Karim FOFANA
LE LITTORAL, L’HUMAIN ET L’ACTION PUBLIQUE
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir
La gestion du littoral de notre pays et, plus particulièrement, de la corniche de Dakar occupent depuis quelques jours le devant de l’actualité. Dans une époque dominée de plus en plus par le futile, l’éphémère, l’instantané, la recherche de sensationnel, je me réjouis qu’un sujet aussi important occupe une telle place dans le débat public. Il faut cependant constater que la discussion de fond entre personnes engagées dans la seule bataille qui vaille dans notre démocratie: celle des idées, se trouve néanmoins pollué par des gens dont l’unique motivation est de substituer à la pensée mère de l’action, les petites querelles politiciennes. Afin de contribuer à remettre au centre des préoccupations la réflexion fécondante, je propose un retour à la sérénité et un recours aux faits. Pour cela, il me semble important de convoquer l’histoire.
LA REGLEMENTATION A TRAVERS L’HISTOIRE
L’Etat du Sénégal a aujourd’hui soixante ans d’existence et les tentatives d’organisation de l’occupation de son littoral sont plus vieilles que son accession à la souveraineté internationale. Le transfert de la capitale de l’Afrique Occidentale Française de Saint-Louis à Dakar, en 1902, a permis l’élaboration du premier Plan Directeur d’Urbanisme (PDU) pour Dakar en 1946, par Lopez, Gutton et Lambert, qui sera modifié en 1957 puis remplacé par celui de 1967 dénommé Plan Ecochard. Sur cette base un Plan d’Urbanisme de Détails (PUD) a été élaboré pour la corniche de Dakar et approuvé par décret. Ses principales orientations étaient l’interdiction de prise de possession d’assiettes et l’autorisation d’installations précaires et révocables ou de constructions légères et démontables. Vingt ans après le Plan Ecochard - durée de vie d’un PDU - une révision a été entamée dans les années quatre-vingt. Le PDU de Dakar horizon 2001 reprenait dans ses grandes lignes celui de 1967 surtout pour ce qui concernait les zones de la commune de Dakar dont le bâti était déjà dense et la morphologie quasi définitive. Ce plan n’a pas été approuvé par décret. Durant cette période, a été construite dans le périmètre de la future commune de Dakar Plateau, sur la corniche ouest, la première maison qui surplombait l’atlantique marquant le début de l’agression de cette zone dont la convoitise introduisit rapidement une forme de compétition.
En 2000, le PDU de Dakar de 2001 est remplacé par celui fixé à l’horizon 2025, suite logique des plans successifs qui ont défini, selon les époques, les grandes lignes du développement physique de l’agglomération dakaroise. Deux ans plus tard, le ministre de l’Urbanisme etde l’Aménagement du territoire mettait en place, par arrêté ministériel n°529 en date du 22 janvier 2002, la Haute Autorité pour l’aménagement de la corniche de Dakar.
AUTORISATIONS DELIVREES PAR DES OPPOSANTS
Entre 2002 à 2012, des aménagements sur la route de la corniche ont été réalisés décuplant l’intérêt pour une zone déjà très convoitée. De nouveaux hôtels sont construits, ceux déjà existants sont rénovés voire agrandis et des maisons sortent de terre suite au déclassement de certaines parties et malgré l’élaboration d’un PUD, certes non approuvé par décret, ainsi que la révision de plusieurs règlements particuliers d’urbanisme en rapport avec la corniche. On peut citer les règlements particuliers de la zone des Almadies, de Dakar-Plateau et du Point E qui bénéficiaient d’un décret d’approbation. Les baux, durant cette décennie, ont été octroyés et les autorisations de construire délivrées par des autorités gouvernementales et des maires membres d’organisations politiques aujourd’hui adversaires de notre majorité. En effet, la procédure en la matière obéit aux étapes suivantes : un décret de déclassement pris par le président de la République sur avis favorable d’une commission dirigée par le gouverneur territorialement compétent, un avis favorable de la Commission de Contrôle des Opérations domaniales (CCOD), la délivrance d’un bail par les services des domaines, un examen des plans de construction par les services d’urbanisme, une autorisation de construire par le maire de la commune concernée. L’action du président Macky Sall En 2012, à la faveur de l’élection du président Macky Sall, une procédure de révision a permis la production du PDU de Dakar et ses environs, horizon 2035, caractérisé par une approche inclusive tenant compte des aspects liés aux concepts de villes durables et résilientes. Faisant preuve d’exemplarité, le chef de l’Etat a rendu une parcelle qui lui avait été attribuée sur la corniche, a retiré un titre délivré à un pays ami pour la construction d’une résidence diplomatique, s’est rendu sur la corniche pour constater la situation et a demandé à l’Ordre des architectes de lui proposer un projet d’aménagement qui est attendu depuis 2014. Sa détermination à apporter une solution définitive s’est parfois heurtée à la multiplicité des acteurs et à leurs difficultés à travailler en synergie. Au-delà du littoral, le président Sall est sensible aux défis environnementaux tels que la pollution marine - le vote de la loi sur l’interdiction du plastique est aussi lié à cette préoccupation -, la dépollution de la Baie de Hann dont le financement est ficelé ainsi que la reforestation.
ORGANISER L’OCCUPATION
Il faut rappeler que nous avons, à travers l’histoire, toujours eu des populations habituées à vivre en bord de mer : les pêcheurs tioubalo peulh, niominka sérère, lébou, certains habitants historiques de zones côtières etc. Il y a aussi des occupations d’ordre économique, d’utilité publique et d’intérêt général. La réalisation de réceptifs hôteliers est, par exemple, importante pour le tourisme, secteur qui contribue de manière significative au PIB national et dont l’apport sera encore plus déterminant en cette période de relance économique liée à la Covid19. Le problème réside surtout dans les affectations privées concédées, parfois au mépris de la loi, qui sont à dénoncer et à combattre. Se lancer, aujourd’hui dans des actions punitives ne relève pas du bon sens. Nous avons assez d’espace pour rendre accessible la corniche. Il est impossible de ne pas l’occuper. Il faut organiser, aménager les parties non occupées. Il y a une occupation égoïste et une occupation d’intérêt public équitable quant à l’accès des populations à la mer. Des centres commerciaux de Copa Cabana, par exemple, aux hôtels de La Rochelle en passant par les aménagements payants de la corniche d’Abu Dhabi, tous les pays disposant d’un atout littoral l’exploitent selon des ratio hôtels - accès public - plages de pêcheurs - aménagements etc. L’enjeu réside dans l’optimisation de cette exploitation.
ACCUEILLIR L’INVESTISSEMENT EXTERIEUR
Si nous voulons un développement harmonieux et durable de notre pays, nous devons éviter de nous émouvoir de manière populiste à propos de l’investissement étranger et accepter d’accueillir les porteurs de projets d’où qu’ils puissent venir. Cela, quitte à exiger légalement une participation, jusqu’à un certain niveau, de privés nationaux dans tout investissement venu de l’extérieur. A défaut, le Sénégal sera une terre d’opportunités non exploitées et un terrain de chasse pour les spéculateurs. Dans les années 2000, on a beaucoup parlé de scandales fonciers supposés. Celui lié à des investissements à Mbane avait, par exemple, connu un grand retentissement. Aujourd’hui, malgré les supposés déséquilibres évoqués dans les modalités de concession à certains privés, cette commune est devenue une grande plateforme où des opérateurs venus d’autres parties du monde réalisent une production agricole de qualité. Les populations travaillent avec eux dans une harmonie parfaite et un développement économique local inspirant. A côté de l’agriculture familiale et vivrière, un tel modèle est à promouvoir, dans le respect strict des règles garantissant l’intérêt national et sans se soucier de la propagation de fake news et de faits alternatifs inhérents à notre époque.
ESQUISSE D’UN FUTUR HARMONIEUX
Après avoir convoqué l’histoire, il nous faut ainsi esquisser le futur, faire une projection sur l’avenir de notre corniche et de notre littoral. Ma conviction est que la prise en charge de cette question nécessite, après l’état des lieux physiques déjà effectué et la concertation ouverte avec les acteurs, l’adoption de mesures prioritaires que sont : la signature d’un décret déclarant d’utilité publique l’aménagement etla restructuration de la corniche, prescrivant les mesures de sauvegarde et autorisant l’élaboration d’un nouveau Plan d’Urbanisme de Détails, l’élaboration du Plan participatif d’aménagement et de développement durable de la corniche ouest, la mise en œuvre du projet d’aménagement et de restructuration de la corniche ouest. Ces mesures nécessaires rentrent dans une vision voulant que la corniche de Dakar et, de manière générale, nos 760 kilomètres de littoral soient préservés afin de confirmer le constat de l’architecte allemand Jochen Brandi qui, rapporte mon ami Moctar Ba, président de la Plateforme pour l'Environnement et la Réappropriation du Littoral, ébloui par ses formes remarquables, estime que le potentiel de la corniche de Dakar va bien au-delà de Central Park à New York, du Bois de Boulogne à Paris ou des 3000 parcs pour les trois millions d'habitants de la ville de Vienne.
RENFORCER L’ACTION PUBLIQUE
Sans une action publique forte, sans détermination politique, il sera impossible d’exploiter efficacement ce potentiel. L’action de la société civile et des lanceurs d’alerte est utile. Cependant entre les manipulations et, parfois, les tergiversations politiques, nous risquons de tuer l’action publique. Si nous laissons la responsabilité de cette action à des lanceurs d’alerte souvent peu ou mal informés des tenants et aboutissants et en proie, de bonne foi, aux manipulations, nous la tuons. Les hommes politiques n’auront plus d’utilité puisque la dictature de l’opinion sans preuves et de l’émotion facile leur fera fuir la responsabilité de rétablir les faits et de poser des actes pour le mieux-être de tous. Il s’agit là d’un défi générationnel. Nous avons été élus pour mettre en œuvre des politiques publiques. Nous devons avoir le courage de dire aux populations la vérité, de les informer sur l’intérêt véritable de notre pays. L’Etat a le devoir d’être transparent, organisé, méthodique mais l’Etat ne doit pas manquer de volonté pour réaliser des projets utiles à l’en commun. Ma vision est qu’il nous faut bâtir des villes où l’humanité fait sens, des villes qui se soucient de l’humain dans l’urbain. Cela passe par la valorisation de nos meilleurs atouts. Il nous faut planifier la ville en concevant les espaces publics et les usages comme lieux de créativité et d’inclusion, la construire dans une continuité de temps et d’espace en agissant sur la forme urbaine et en anticipant sur les extensions urbaines, la définir comme un bien commun.
par Mody Niang
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, LE SÉNÉGAL TRAÎNE LOURDEMENT LES PIEDS
Dans ce pays, la corruption est nourrie au sommet de l’État - Le décret nommant Mansour Faye et le ‘’vrai-faux’’ qui a créé ‘’l’honorariat’’ pour les anciens présidents du CESE se disputent l’indécence et l’absence d’éthique
Par notre comportement de tous les jours, nous Sénégalaises et Sénégalais, donnons raison au vieux président-politicien qui, fort d’une certaine conviction, nous a gouvernés à sa guise et souvent avec mépris pendant douze longues années. Cette conviction était fondée sur la certitude que nos mémoires étaient courtes. Il disait exactement ceci, au cours d’un bureau politique ou son équivalent : « Senegale, boo ko laaje lu mu réere biig du la ko wax, te gëmul ludul nguur ak xaalis. » En français, il le dirait ainsi : « Le Sénégalais a la mémoire courte et ne croit qu’à l’argent et aux honneurs. » Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il a parfaitement raison. Dans toute grande démocratie, dans seulement tout pays sérieux, les graves forfaitures qui ont jalonné sa longue et infecte gouvernance lui auraient valu les pires déboires judiciaires[1]. Au lieu de cela, les foules continuent de courir derrière lui et nombre de journaux lui réservent encore leurs ‘’Une’’.
Voilà huit ans qu’il a quitté le pouvoir et son digne successeur se fait la même conception de nous et mène exactement la même nauséabonde gouvernance. Nous constatons que, depuis le 2 avril 2012, son installation officielle, les scandales succèdent aux scandales, aussi graves les uns que les autres, sans susciter la moindre indignation du peuple. Les plus récents crèvent nos yeux et nous percent les tympans. Ce sont, naturellement, la gestion des milliards destinés à l’aide des populations démunies laissée à son beau-frère, le très contesté contrat liant la Senelec à Akilee, les dizaines de licences de pêche accordées en dehors de toute réglementation à des bateaux chinois qui pillent sans état d’âme nos maigres ressources halieutiques, ce vrai-faux décret qui accorde de façon indécente des privilèges exorbitants aux anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE).
Il y a eu une période où les partenaires dits techniques considéraient le Sénégal comme un exemple de bonne gouvernance et de démocratie. C’était très mal connaître nos réalités. Á supposer qu’ils aient eu raison, le Sénégal marque le pas et se fait distancer par nombre d’autres pays. Parmi eux, je ne citerai pas le Botswana et la République des Îles du Cap-Vert qui sont loin, très loin devant nous. Je prendrai plutôt des exemples encourageants de pays considérés jusqu’ici comme corrompus ou très corrompus.
Je partirai du Burkina Faso, qui n’est pas considéré d’ailleurs comme un pays très corrompu, peut-être même pas corrompu, mais l’exemple est fort intéressant. Un ex-ministre de la Défense, Jean-Claude Bouda, a été arrêté et écroué à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou. C’était le mardi 26 mai dernier. Selon Yaya Boudani, correspondant de RFI à Ouagadougou, tout est parti d’une plainte du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) pour « délit d’apparence et enrichissement illicite ». Suite à cette plainte, l’ex-ministre a été auditionné puis directement transféré à la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou.
Les déboires de l’ex-ministre ont commencé, en décembre 2018, par des photos d’une luxueuse villa qui font le tour de la Toile et qui serait la propriété de l’ex-ministre de la Défense. Après quelques mois d’enquêtes, le REN-LAC dépose une plainte pour des faits de « délit d'apparence, d’enrichissement illicite, de fausses déclarations d'intérêts et de patrimoine », entre autres. La luxueuse villa, dont le coût est estimé à près de 500 millions de francs CFA, n'apparaissait nulle part dans la déclaration des biens de l’ex-ministre à sa nomination au sein du gouvernement. Et le REN-LAC estime, qu’en tous les cas, « les ressources qu’il avait déclarées ne pouvaient non plus lui permettre une telle acquisition ». De source judiciaire, il est poursuivi pour « faux et usage de faux, blanchiment de capitaux et délit d'apparence ». Pas seulement. Son nom est également cité dans d’autres dossiers pour lesquels aucune plainte n’est pour le moment déposée.
Une villa de 500 millions de francs CFA considérée comme très luxueuse et ne figurant pas dans la déclaration de ses biens au moment où il entrait dans le gouvernement ! Une telle villa, c’est mille fois rien au Sénégal. Dans les quartiers comme l’ancienne Zone de captage et l’ancienne réserve foncière de la Foire de Dakar, l’ancienne Bande verte qui longeait la Voie de Dégagement Nord (VDN), la Cité Kër Góor gi (qui porte bien son nom), la Cité des Mamelles et des quartiers alentours, le Domaine public maritime de plus en plus privatisé, on trouve des milliers de villas et d’immeubles devant lesquels la luxueuse villa de l’ex-ministre burkinabè est une case. Parmi ces villas et ces immeubles, il y en a – et ils sont nombreux –, dont des observateurs avertis estiment les coûts à un, deux, trois, quatre milliards de francs CFA ou plus. Ce qui est insoutenable, c’est que ces villas et immeubles appartiennent à des fonctionnaires qui ne comptent pas parfois plus de dix ans d’ancienneté, et à des Sénégalaises et Sénégalais qui, avant le 1er avril 2000 et le 2 avril 2012, auraient bien du mal à se construire une maison de deux millions de francs. Et encore ! On imagine donc aisément le fossé qui existe entre la gouvernance au Burkina Faso et celle qui prévaut chez nous surtout depuis le 1er avril 2000.
L’autre exemple aussi encourageant, me vient du Bénin où un procureur, celui de Kandi, est mis en examen pour «intelligence avec un groupe terroriste». Il n’était pas seul d’ailleurs : le procureur de la République, le premier substitut et le commissaire par intérim de la même ville, ont été placés sous mandat de dépôt, pour « intelligence avec un groupe de terroriste, abus de fonction et corruption ». Tout est parti, selon RFI, de l'arrestation d'un suspect présenté comme un agent de renseignement d'un groupe de terroristes dans le Parc W, partagé par le Niger et le Burkina Faso. Le procureur de Kandi reçoit le dossier, le traite et le classe sans suite. Ce qui suscite l’indignation de ceux qui ont interpellé le suspect. Ils informent leur hiérarchie et les choses vont vite : les magistrats sont alors soupçonnés d'intelligence avec les terroristes, notamment de corruption, inculpés et placés sous mandat de dépôt. Une telle fermeté, une telle objectivité dans le traitement d’un dossier judiciaire de ce niveau, nous éloigne de notre pays.
Un autre exemple, vraiment inimaginable dans ce Sénégal de Macky Sall celui-là, avec les deux précédents d’ailleurs, me vient de la République démocratique du Congo (RDC). Oui, de la RDC. Il s’agit d’un procès inédit dans ce pays, celui du Directeur de cabinet du chef de l’État Félix Tshisekedi. Il s’agit de Vital Kamerhe, son principal allié, qui s’était désisté avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 en sa faveur, élection qu’il a remportée, même avec beaucoup de contestations, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.
Vital Kamerhe n’est pas seulement l’allié, le Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, mais il était au cœur du landerneau politique depuis vingt ans. Malgré tout, son procès anticorruption s’est ouvert le 11 mai 2020, après une détention préventive depuis le 8 avril 2020. Il était poursuivi, avec deux autres personnes, pour le détournement présumé de 50 millions de dollars, soit l’équivalent d’environ 46 millions d’euros. Cet argent était destiné, selon les observateurs, à la construction de maisons sociales préfabriquées, donc à l’intention des Congolais les plus modestes. On retiendra aussi, que lors de l’audience retransmise par la chaîne d’État RTNC, M. Vital Kamerhe « est apparu les traits tirés, barbe grisonnante, vêtu de la tunique jaune et bleue propre aux détenus de la prison centrale de Makala où se tient le procès ». Il n’est pas au bout de ses peines car, dans son réquisitoire, le procureur de la République réclame vingt (20) ans de travaux forcés pour détournements de deniers publics et quinze (15) de prison pour corruption. La délibération du juge est attendue le 20 juin 2020 (RFI, journal parlé de 6 heures 30 du vendredi 12 juin dernier).
Ce procès n’était pas passé inaperçu. Il était couvert notamment par Le Monde, l’AFP, l’Agence Reuters. Les experts du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’université de New York le résument ainsi : « Jamais dans l’histoire politique congolaise de ces deux dernières décennies, un acteur aussi important de la scène politique ne s’est retrouvé derrière les barreaux ». Un tel procès ne verra jamais le jour au Sénégal, tant que Macky Sall y sera président de la République. Au contraire, les plus gros pilleurs de deniers publics y sont promus à des postes stratégiques où ils continuent tranquillement leurs forfaitures.
Le dernier exemple extérieur que je propose aux lecteurs, serait considéré chez nous comme sensible parce que touchant à la sécurité nationale, comme « secret défense », quelle que soit sa gravité. L’exemple se passe au Niger, en guerre contre des djihadistes. Dans cette perspective, l’armée a passé de gros marchés d’armes dans des conditions peu orthodoxes. L’affaire, qui touche directement le ministère de la Défense nationale (MDN), fait état de graves malversations qui mettent les réseaux sociaux dans tous leurs états. D’énormes sommes d’argent – on avance jusqu’à 1700 milliards de francs CFA –, auraient pris d’autres destinations, allant nourrir peut-être les comptes en banque de quelques personnels politiques et militaires ou ont servi à construire de villas de haut standing. Pour en avoir le cœur net, le nouveau ministre de la Défense nationale, M. Issoufou Katambé, ordonne une enquête. Les inspections et les audits qu’il a diligentés révèlent de pratiques malsaines qui sont à la base de l’évaporation de tous ces milliards dont on ne trouve aucune trace sur le terrain. Le rapport d’audit, même provisoire, a permis au ministre Katambé de découvrir, entre autres forfaits, qu’une commande d’entretien d’avions a été faite pour le compte d’une entreprise qui n’existe que dans l’imagination de ses auteurs pour un coût de 1,9 milliard, alors que la commande, reprise, ne devait coûter à l’État que 900 millions, avec des entreprises réelles et justifiant d’une expérience avérée. Pire, avant que la prestation ne soit faite, le 1,9 milliard FCFA a été sorti du Trésor national. C’est également le cas de deux hélicoptères de transport de troupes, commandés paraît-il sous Kalla Moutari (ancien ministre), mais jamais livrés.
Ces deux hélicoptères d’un coût de 30 millions de dollars ont été surfacturés à 47 millions de dollars. Le manque à gagner pour l’État s’élèverait à près de 100 milliards de francs CFA. L’audit a mis en cause plusieurs personnes pour surfacturation et non-livraison de matériel militaire. De lourds soupçons pèsent ainsi sur certains gradés de l’armée nigérienne comme sur des hommes politiques, membres influents du Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS), parti au pouvoir, ainsi que des hommes d’affaires. Ces derniers ont voulu d’ailleurs trouver un arrangement et payer en douce les milliards illicites qu’ils ont encaissés. Les magistrats ont alors tapé sur la table et l’affaire suit son cours.
Ce qui est remarquable, le président de la République Issoufou Mahamadou n’a pas encore levé le plus petit doigt et laisse faire. Que nous sommes loin du Sénégal de Macky Sall où le gouvernement a acheté et déployé un nouveau matériel militaire, notamment des chars de combat et des hélicoptères probablement pour des centaines de milliards de francs CFA, et peut-être bien plus. Dans quelles conditions ? Nous ne le saurons jamais, en tout cas tant que le président-politicien régnera sur le pays. Notre ministre des Forces Armées ne s’aventurerait jamais, comme son homologue nigérien, à s’intéresser aux conditions dans lesquelles nos différents armements sont achetés, depuis le 2 avril 2012. Ni lui, ni la Cour des Comptes, ni aucun autre organe de contrôle. Pourtant, le candidat Macky Sall nous avait promis fermement que la Cour des Comptes vérifierait la gestion de toutes les institutions en les citant : présidence de la République, Assemblée nationale, Cours et tribunaux, Armée nationale, etc. En tout cas, quand on lit les deux tomes du livre du Colonel Abdoul Aziz Ndao, on peut se poser légitiment des questions sur l’achat de différents matériels par nos armées. Nous n’aurons jamais, malheureusement, de réponses à ces questions, avec un Macky Sall à la tête de notre pays.
Je pouvais continuer de donner d’autres exemples de pays qui font des efforts dans le sens d’une meilleure gouvernance, notamment en luttant efficacement contre la corruption et en promouvant la transparence dans la gestion des affaires publiques. Dans ce pays de Macky Sall, au contraire, la corruption est nourrie et entretenue au niveau le plus élevé de l’État. Ce qui se traduit, au quotidien, par une succession de scandales aussi graves les uns que les autres.
Le président français, Emmanuel Macron, a demandé aux présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental (qui n’a rien à voir avec le nôtre), de lui proposer des priorités d’actions pour la suite du quinquennat. Il a aussi annoncé la création prochaine d’une commission indépendante chargée d’évaluer la gestion de la crise du Coronavirus par l’Exécutif (CNews du 5 juin 2020). Cette commission ne verra jamais le jour au Sénégal. Mansour Faye en est tellement convaincu qu’il se moque de nous en déclarant qu’ « il a le devoir, l’obligation de rendre compte ». La nomination de cet homme à la tête de son ministère (du ciel, de la terre, des eaux et de l’air que nous respirons) est l’un des plus gros scandales de l’infecte gouvernance du président-politicien. Le décret qui l’a nommé et le ‘’vrai-faux’’ qui a créé ‘’l’honorariat’’ pour les anciens présidents du CESE se disputent âprement l’indécence et l’absence totale d’éthique.
En particulier, la nomination de cette dame comme ‘’présidente honoraire’’ du CESE et les avantages exorbitants y afférents est une honte, un crime, un acte immoral. Nous savons quand même qui est cette dame et par où elle est passée. Je n’insiste pas sur les quarante-deux milliards de francs CFA qu’elle a gérés à sa convenance pendant les six ans qu’elle est restée présidente du CESE. Pour se faire une idée de son pillage présumé de nos maigres deniers à ce niveau, je renvoie le lecteur intéressé à la vidéo que ‘‘Xalaat TV’’ lui a consacrée. Ce ne sera pas tout d’ailleurs. Des compatriotes sont en train de fouiller dans son odyssée politique pour mettre éventuellement en évidence les fautes de gestion parfois lourdes qui auraient jalonné ce long parcours. Je crois que je jouerai ma modeste partition dans cette initiative citoyenne, dont les résultats devraient amener le président-politicien à renoncer à son ‘’vrai-faux’’ décret, si toutefois il est à la hauteur de la fonction qu’il est censé incarner.
[1] Sa seule boulimie foncière à nulle autre pareille y suffirait largement.
Par CALAME
TERRE MEURTRIE
Le chef de l’Etat semble adopter la politique de l’autruche, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire » interprétée par son entourage comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?
C’est le tout nouveau quotidien « l’INFO » lancé , il y a juste une dizaine de jours, le 2 juin dernier par notre excellent et chevronné confrère Mamadou Thierno Talla qui nous l’apprend par un titre barrant la Une du Journal. Mame Boye Dialo, directeur des domaines offre un terrain d’une contenance de 5000 mètres carrés, c’est à dire un demi hectare à un ministre.. Sud quotidien a rebondi sur l’information pour enquêter sur l’identité de l’heureux bénéficiaire de cette largesse du prodigue directeur des domaines. Résultat des courses, un nom revient comme un leitmotiv, celui d’un certain Abdoulaye Daouda Diallo. Sauf homonymie trompeuse, le plus connu reste celui qu’une certaine presse snobinarde désigne par ses initiales ADD, par ailleurs ministre de l’Economie et des finances de la République du Sénégal.
S’il se confirme qu’il est le véritable bénéficiaire de cette « attribution « dans la zone des filaos de Guédiawaye, cela voudra dire que le directeur des domaines a vraiment refilé à son patron et néanmoins rival un cadeau empoisonné, scellant des retrouvailles après une brouille arbitrée au sommet. D’abord, ce geste illustre à suffisance l’irresponsabilité, le mépris des gouvernants de la préservation du cadre de vie et du patrimoine des gouvernés, la frénésie dans la course à l’accumulation et l’accaparement de biens quels que soient le moyen et le mode d’acquisition .S’il y a erreur sur la personne, un démenti catégorique est opportunément attendu comme la publication de la liste des attributaires des terres arrachées à la bande des Niayes et aux populations serait une manifestation de transparence pouvant ouvrir la voie à des recours de la part des citoyens soucieux de défendre l’environnement. L’agression et le pillage systématique des terres du littoral, notamment, sur cette bande des Niayes s’étend de la région naturelle du Cap-Vert ( Dakar, banlieues et agglomérations) à Saint Louis interpellent à la fois l’Etat et les populations.
En effet, la bande côtière des Niayes large d’une trentaine de kilomètres est constituée de dunes fixant la mer et de dépressions inter dunaires propices au maraîchage sur près de 300 km, Jusqu’à la frontière Nord-ouest entre le Sénégal et la Mauritanie. Le régime socialiste ayant souscrit aux 26 principes de la déclaration de Stockholm, au plan d’action de 109 recommandations ,dont la volonté d’implémentation a été concrétisée par la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement, s’est doté d’un ministre de la Protection de la Nature dès cette époque, connu actuellement sous la dénomination de Ministère de l’Environnement .Dans son approche multisectorielle et pluridisciplinaire, le Sénégal a prôné une politique hardie et avant-gardiste de veille écologique ( Centre de suivi écologique, établissements classés, étude d’impact environnementale avant toute implantation)de reboisement à grande échelle, de protection des forêts et du littoral.
C’est fort de cette orientation qui, il faut le souligner, a connu des fortunes diverses et des manquements criants, qu’un programme de boisements et de fixation des dunes par la plantation d’une bande de filaos pour lutter contre l’érosion côtière et la préservation du cadre de vie et des activités économiques des populations riveraines de cette façade atlantique nord-ouest .les objectifs de ce rideau de filaos consistant à fixer les dunes, lutter contre l’avancée de la mer, protéger contre les vents( brise vents) tout en améliorant la qualité de l’air sont ainsi annihilés par ceux-là qui ont la charge de consolider et de développer les acquis. Ces agissements constituent la négation et le reniement des engagements du Président de la République qui a instruit à plusieurs occasions son gouvernement de veiller à la préservation de la bande de filaos et de lui en faire rapport ( conseil des ministres,20 janvier 2016, ) , »de veiller à la préservation stratégique du littoral national, notamment de la bande des filaos et des cordons dunaires » ( conseil des ministres du 20 juillet 2016).
Enfin, le Président, réitérait ses instructions en demandant au Premier ministre de « lui faire un rapport circonstancié sur la situation foncière et immobilière le long de la bande des filaos qui fait l’objet d’une grande convoitise, suite à la réalisation de la nouvelle voie de dégagement nord (VDN) Conseil des ministres 30 novembre 2016 ».
Trois injonctions du Président de la République à son gouvernement dans la même année ! < Il a fallu des alertes répétées y compris des bailleurs de fonds pour que le chef de l’Etat étale ses préoccupations sur les crimes écologiques et environnementaux perpétrés contre les populations et leurs cadres de vie par des pseudos industriels, des promoteurs et spéculateurs immobiliers adoubés par la haute administration et ses démarcheurs.
Effets d’annonce destinés à calmer les esprits ou incapacité de faire respecter ses décisions par les (i) responsables qu’il a lui-même Indûment promus à des fonctions qui dépassent leurs compétences et leur engagement à servir ? En tout état de cause, ce dernier coup de canif révélé par le quotidien l’Info n’est qu’un écran de fumée qui cache mal la destruction et la spoliation systématiques de cette « zone stratégique nationale « dont parlait le Président . Dans le cas d’espèce, comme dans d’autres, des ministres ont aliéné le patrimoine et les ressources de la collectivité sans conséquences, autre qu’une promotion dans des fonctions plus valorisantes et plus « juteuses ». La caste des inspecteurs des impôts ,des docteurs « es titeurs » des MBA (MasterCard of Business Administration,)ayant remplacé du jour au lendemain de la première alternance, les administrateurs civils qui alternent au ministère de l’Economie et des Finances et de ces grandes directions pourvoyeuses de ressources et de prébendes accentuent leur mise en coupe réglée du pays .Le Chef cependant, semble adopter la politique de l’autruche, ne rien voir, réfugié derrière ses incantations, dans une attitude de « laisser faire, laisser dire »interprétée par des membres de son gouvernement et de la haute administration comme une caution, un permis de prédation. Jusqu’à quand ?
UNE ÉMISSION DE LIKA SIDIBÉ
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L'ADMNISTRATION SÉNÉGALAISE GANGRÉNÉE
EXCLUSIF SENEPLUS : Les cadres sont rétifs à la reddition des comptes - Tout est fait dans la nébulosité et sous le modèle colonial - Les corps de contrôle restent amorphes et l'Etat excessivement politisé - AU FOND DES CHOSES AVEC CHEIKH FAYE
Selon Cheikh Faye, professeur au département des sciences économiques et administratives de l’Université Chicoutimi au Québec, le débat sur l’honorariat des anciens présidents du CESE est illustratif de la déliquescence de l’Etat. Cela se caractérise entre autres, par la non publication au journal officiel d’actes réglementaires, la récompense d’une clientèle politique, une gestion clanique et familiale du pouvoir et un président de la République qui viole constamment la constitution.
L'invité de Lika Sidibé, auteur d'un article publié sur SenePlus et intitulé le Sénégal malade de son élite politico-administrative, propose une moralisation de l’Etat à travers un schéma où l’éthique, la transparence et la reddition des comptes occuperont une place centrale. Il propose aussi de dépolitiser l’administration et de déconstruire le modèle français toujours en vigueur 60 ans après les indépendances.
Le professeur Cheikh Faye est l’invité de Lika Sidibé dans l’émission Au fond des choses.
"ON PEUT RETROUVER LE CAS GEORGE FLOYD PARTOUT, MÊME EN AFRIQUE"
Pour le sociologue Mahamadou Lamine Sagna, « beaucoup d’Etats se servent de la police pour contrôler des populations qui ne sont pas du même groupe ethnique ou religieux »
Le Monde Afrique |
Séverine Kodjo-Grandvaux |
Publication 14/06/2020
Ancien enseignant à Princeton, actuellement en poste à l’American University of Nigeria à Yola, le sociologue sénégalais Mahamadou Lamine Sagna est spécialiste des Etats-Unis. Il est l’auteur notamment de Violences, Racisme et Religions en Amérique. Cornel West, une pensée rebelle (éd. Karan, 2016). Pour Le Monde Afrique, il revient sur les réactions engendrées par la mort de George Floyd, tué le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis, et sur le racisme systémique américain.
Les manifestations liées à la mort de George Floyd apparaissent nouvelles dans leur composante multiraciale et jeune. Y a-t-il un changement sociologique dans la lutte contre le racisme ?
Dans les années 1920, ce phénomène existait déjà avec le parti progressiste de Woodrow Wilson, le syndicalisme d’Eugene Debs ou le parti populaire de Thomas Watson. Ces mouvements ont constitué leurs luttes avec les populations noires, avant, malheureusement, de les abandonner. Thomas Watson a même fini proche du Ku Klux Klan. Cela est resté dans les mémoires, ce qui fait que pendant de longues années, les Noirs sont descendus seuls dans la rue.
Aujourd’hui, la situation est inédite. Les jeunes connaissent mal cette histoire et n’ont pas subi la ségrégation, abolie en 1964. C’est seulement la deuxième génération d’Africains-Américains à vivre la liberté. Et qu’il s’agisse des Noirs, des Blancs, des Asiatiques ou des Latino-Américains qui manifestent ces jours-ci, tous savent désormais que le racisme est structurel et ils sont déterminés à ce que les choses changent.
Ces manifestations interviennent en pleine pandémie de Covid-19, dont les Afro-Américains sont les principales victimes d’un point de vue sanitaire et économique. Cela a-t-il exacerbé la situation ?
La symbolique de la respiration est très importante en cette période de pandémie de Covid-19. On a vu George Floyd mourir asphyxié. Assister en direct à cette agonie nous a touchés dans notre humanité. Cette pandémie révèle par ailleurs, de manière criante, le lien entre l’économique, la santé et la question raciale. Les Africains-Américains sont 2,5 à 3 fois plus nombreux à mourir du Covid-19 et sont proportionnellement en surnombre parmi les 40 millions d’Américains mis au chômage du fait de cette pandémie.
Cela n’est pas étonnant et s’explique par le système américain, qui, comme l’a montré Cornel West, lie intrinsèquement ce qu’il appelle l’intégrisme de l’économie de marché – qui exige que l’économique passe avant tout autre chose –, le militarisme – même la police est militarisée – et l’autoritarisme. La mort de George Floyd relève de cette connexion économique, militaire et politique avec l’autoritarisme de Trump.
Les policiers inculpés dans différentes affaires de violence raciste jouissent souvent d’une impunité. Comment l’expliquer ?
Le système américain protège les policiers notamment grâce à une loi, la « qualified immunity », qui rend presque impossibles les poursuites contre les pratiques discriminatoires des agents. Le racisme est dans toutes les sphères de la société et de l’Etat, à un point tel qu’il peut être spontané, inconscient, tandis que certains individus en font même une sorte de contrat social, comme on peut le supposer chez Trump.
LES PAYS AFRICAINS DEMANDENT UN DÉBAT SUR LE RACISME À L'ONU
La lettre, adressée à la présidente du Conseil des droits de l’homme, l’Autrichienne Elisabeth Tichy-Fisslberger, demande que ce débat ait lieu la semaine prochaine, à la reprise de la 43e session du Conseil, interrompue en mars en raison du covid-19
Les pays africains ont appelé vendredi le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à organiser un débat urgent sur le racisme et les violences policières, dans le contexte de la mobilisation mondiale après la mort de George Floyd.
Dans une lettre écrite au nom des 54 pays du Groupe africain dont il est coordonateur pour les questions des droits humains, l’ambassadeur du Burkina Faso auprès des Nations Unies à Genève (Suisse), Dieudonné Désiré Sougouri, a demandé à l’organe de l’ONU d’organiser un « débat urgent sur les violations actuelles des droits de l’homme d’inspiration raciale, le racisme systémique, la brutalité policière contre les personnes d’ascendance africaine et la violence contre les manifestations pacifiques. »
« Les événements tragiques du 25 mai 2020 à Minneapolis aux États-Unis, qui ont entraîné la mort de George Floyd, ont déclenché des protestations dans le monde entier contre l’injustice et la brutalité auxquelles les personnes d’ascendance africaine sont confrontées quotidiennement dans de nombreuses régions du monde », écrit l’ambassadeur.
Racisme et impunité
« La mort de George Floyd n’est malheureusement pas un incident isolé », ajoute-t-il, précisant s’exprimer au nom des représentants et ambassadeurs du Groupe africain.
Au total, 94 nouveaux cas positifs de coronavirus ont été déclarés dimanche au Sénégal, portant à 5 090 le nombre de personnes ayant été infectées par le virus depuis son apparition dans le pays, le 2 mars.
Dakar, 14 juin (APS) – Au total, 94 nouveaux cas positifs de coronavirus ont été déclarés dimanche au Sénégal, portant à 5 090 le nombre de personnes ayant été infectées par le virus depuis son apparition dans le pays, le 2 mars.
Ces nouvelles infections ont été détectées à partir de tests virologiques réalisés sur des échantillons de 1 223 sujets, représentant un taux de positivité de 7, 68 %, a fait savoir le porte-parole du ministère de la Santé.
Intervenant lors du point quotidien sur l’épidémie, Aloyse Waly Diouf a souligné que ces nouvelles contaminations concernaient 79 personnes qui étaient suivies par les services sanitaires, 14 autres dont ignore l’origine de la contamination et un individu revenu de l’étranger.
Les cas communautaires ont été identifiés à Mbao (3), Rufsique (2), Bargny (2), Dieupeul (1), Dakar Plateau (1), Pikine (1), Parcelles Assainies (1), Keur Massar (1), des quartiers et localités de la région de Dakar et 2 à Touba, dans le centre du pays, a détaillé le docteur Diouf.
Il a par ailleurs fait état de la guérison supplémentaire de 116 patients du Covid-19 dans le pays.
Le Sénégal a ainsi dénombré officiellement 5 090 cas de positifs de Covid-19 depuis l’apparition de la maladie dans le pays. 3344 patients ont recouvré la santé et 60 autres ont succombé du fait de la maladie.
Il est à noter qu’un malade a eu être évacué à la demande de sa famille à son pays d’origine.
Le directeur de cabinet du ministre de la Santé et par ailleurs indiqué que 22 cas graves et 1 685 patients étaient encore en observation dans les différents centres de traitement dédiés à la maladie.
ME WADE REDIGE SES MEMOIRES
D’après des capteurs de «L’As», l’ancien président de la République meuble son temps libre en se lançant dans des activités intellectuelles.
Retranché dans sa villa loin des regards et des oreilles indiscrets depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 au Sénégal, Me Abdoulaye Wade, qui cultive depuis une certaine discrétion, n’en passe pas pour autant ses journées à se tourner les pouces et à compter les étoiles.
D’après des capteurs de «L’As», l’ancien président de la République meuble son temps libre en se lançant dans des activités intellectuelles. Après avoir libéré tout le personnel qui était à son service à l’exception de Bro et d’un certain Gningue, le pape du Sopi consacre actuellement son temps dans la collecte d’informations et autres données en vue de rédiger ses mémoires.
Eh oui, l’ancien chef de l’Etat entend écrire ses mémoires. Et il a décidé de mettre à contribution certains de ses anciens proches collaborateurs triés sur le volet à qui il a demandé de lui collecter toutes les informations relatives aux plus grandes étapes de sa riche trajectoire. A cet effet, certains de ses proches ont la mission particulière de lui rassembler les infos sur ses différents voyages à travers les quatre coins du globe.
Dans ses mémoires qui vont paraître prochainement, confient nos sources, le leader emblématique du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) reviendra avec force détails sur l’affaire Me Babacar Sèye, du nom du vice-président du Conseil Constitutionnel assassiné le 15 Mai 1993 à la suite de contestations électorales, mais aussi sur tout son long parcours d’opposant et son exercice du pouvoir. Considérée comme l’un des douloureux épisodes de l’histoire politique sénégalaise, l’affaire Me Sèye avait éclaboussé, à l’époque, Me Abdoulaye Wade, son épouse Viviane et quelques-uns de ses partisans du Pds dont Abdoulaye Faye, Samuel Sarr, Mody Sy etc…
Même si Clédor Sène et sa bande (Ibrahima Diakhaté et Assane Diop) ont été reconnus coupables de l’assassinat du juge constitutionnel, il n’en demeure pas moins que cette affaire a toujours entaché l’image de Me Abdoulaye Wade qui s’est empressé, dès son accession au pouvoir en 2000, d’indemniser la famille de Me Sèye avant de gracier les assassins et de voter la fameuse loi Ezzan qui amnistie ce tragique dossier.
A souligner par ailleurs que c’est l’une des très rares fois que Me Wade reste aussi longtemps au Sénégal sans voyager.
Revenu à Dakar à la veille de la dernière élection présidentielle (24 février 2019), le chantre du Sopi se trouve depuis lors dans le pays.
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RENCONTRE AVEC FELWINE SARR
L'économiste évoque entre autres, son enfance, son rapport aux langues, aux arts martiaux, à la spiritualité, aux identités assignées, ses affinités électives, le rapport de l'écrivain au langage
"De l'homme de la rencontre à l'œuvre de la rencontre" est le thème que Mariama Samba Baldé propose à ses invités sur la chaîne Vibramonde à retrouver sur www.vibramonde.com.
Il reçoit pour cette émission l'économiste, écrivain et enseignant à l'université, Felwine Sarr.