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24 avril 2025
Politique
L’AFP OU LE DÉBUT D’UN DESESPOIR
Longtemps considéré comme parti «faiseur de roi» pour avoir été décisive lors des deux alternances politiques, le parti et son leader semblent depuis quelques années entrées dans un profond déclin
Lancée le 16 juin 1999 par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, l’Alliance des forces de progrès (Afp) a soufflé hier, mardi 16 juin 2020, sa vingtaine et unième bougie dans un contexte très particulier. En effet, longtemps considéré comme parti «faiseur de roi» pour avoir été décisive lors des deux alternances politiques, l’Afp et son leader semblent depuis quelques années entrées dans un profond déclin.
L'Alliance des forces du progrès (Afp) a soufflé hier, mardi 16 juin 2020, sa vingtaine et unième bougie. Lancée le 16 juin 1999 par l’ancien ministre des affaires étrangères et responsable du Parti socialiste, Moustapha Niasse non moins actuel président de l’Assemblée nationale à travers son fameux appel intitulé «Je suis prêt», l’Afp a marqué l’histoire politique du Sénégal ces deux dernières décennies.
En 2000 comme en 2012, l’Afp a été très décisive lors des deux alternances politiques au Sénégal faisant ainsi de son leader charismatique, Moustapha Niasse, un faiseur de roi incontesté à deux reprises.
Seulement, depuis l’avènement du régime actuel, Moustapha Niasse et l’Afp semblent perdre de plus en plus l’espoir qu’ils incarnaient aux yeux de beaucoup de sénégalais. Et ce, en dépit de la position stratégique que Moustapha Niasse occupe actuellement en tant que président de l’Assemblée nationale non moins deuxième personnalité de l’Etat après le président de la République.
En effet, sur le plan politique, l’Afp se distingue par une perte de vitesse en termes de représentativité à tous les niveaux. Plusieurs de ses cadres ont quitté le navire emportant dans leurs bagages militants et bases politiques pour fonder leur propre formation. Il en est ainsi entre autres, de Feu Serigne Mamoune Niasse, Me Massokhna Kane, Mor Dieng, Me Abdoulaye Babou, Abdou Khadre Ndiaye, Hélène Tine et Malick Gakou pour ne citer que ceux-là. Au niveau national, les activités du Secrétariat politique se résument à des communiqués de presse. Au niveau des instances locales, seule une poignée de responsables s’efforce encore à tenir désespérément le flambeau de l’espoir.
À l’Assemblée nationale par exemple, le parti de Moustapha Niasse qui comptait lors de sa participation aux élections législatives sous sa propre bannière en 2001, 11 députés ce que lui avait d’ailleurs permis de former un groupe parlementaire confortant ainsi sa position de troisième force politique après le Parti démocratique sénégalais (au pouvoir) et le Parti socialiste (opposition), a vu son quota s’effondrer sous l’actuelle législature. De 12 sièges sur les 119 remportés par la nouvelle majorité au pouvoir Benno Bokk Yakaar (Bby), Moustapha Niasse s’est vu attribuer lors des dernières législatives que de 6 sièges. Soit 04 sièges de plus que son ancien numéro 2 Malick Gakou, qu’il a fait exclure du parti dans la foulée du Bureau politique du 10 mars 2014 lors duquel, Niasse a décidé que l’Afp ne présentera pas de candidat à la présidentielle qui devait se tenir en 2017 avant d’être reporté en 2019 mais soutiendra le Président Macky Sall pour un second mandat.
Dans le gouvernement, l’Afp contrôle qu’un ministère sur les 2 qu’il avait lors du précédent gouvernement et ce, au moment où, le Parti socialiste a gardé ses deux portefeuilles. À 78 ans et définitivement disqualifié pour une élection présidentielle, le président de l’Assemblée nationale, demeure tout de même un allié indispensable du chef de l’État sénégalais, Macky Sall. Mais, s’il tient à ce que son parti lui survive, il est obligé de préparer la relève. 2024, c’est maintenant !
TROIS NOUVEAUX DÉCÈS, LE TAUX DE POSITIVITÉ GRIMPE À 12,5%
Les nouvelles continuent d’inquiéter au fil des présentations quotidiennes de la situation du jour par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ce mercredi, Dr Diouf a délivré des chiffres qui font état d’une hausse considérable des nouveaux cas.
Les nouvelles continuent d’inquiéter au fil des présentations quotidiennes de la situation du jour par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ce mercredi, 17 juin 2020, Dr Aloyse Waly Diouf a délivré des chiffres qui font état d’une hausse considérable des nouveaux cas.
La barre des 100 nouvelles contaminations est largement dépassée avec 122 patients testés positifs, mais plus inquiétant encore, c’est que le taux de positivité est passé de 6,6% avant hier à 7,4% hier et 12,5% aujourd’hui avec seulement 970 prélèvements réalisés.
Autre mauvaise nouvelle annoncée par le Directeur de Cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale : trois nouveaux décès liés au coronavirus sont venus s’ajouter à la longue liste qui s’élève désormais à 73 victimes.
11 des nouveaux cas du jour sont issus de la transmission communautaire. Ils ont été enregistrés dans les localités suivantes : Touba (4 cas), Liberté 6 (2 cas), Grand Yoff, Keur Mbaye Fall, Zac Mbao, Keur Massar et Pikine. Le reste cas positifs (111) étaient des contacts suivis par les services sanitaires.
Au rayon des bonnes nouvelles, il y a eu 81 patients qui ont été testés négatifs et déclarés guéris.A ce jour, selon les chiffres du ministère de la Santé, le Sénégal compte 5369 cas enregistrés depuis le 2 mars 2020, 73 décès déplorés, un patient évacué en France, 3606 patients déclarés guéris et 1689 personnes contaminées et encore sous traitement.
AFFRONTEMENTS ARMÉS EN CASAMANCE, ‘’SILENCE’’ DES DÉPUTÉS ET D’AUTRES SUJETS À LA UNE
Dakar, 17 juin (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’APS mettent en exergue des sujets très variés dont la ‘’reprise des hostilités en Casamance’’ (sud) et ‘’le silence’’ de l’Assemblée nationale’’, évoqués par EnQuête et L’As.
‘’L’armée pilonne les sanctuaires rebelles’’ en Casamance, selon le journal cité en premier lieu. ‘’Très tôt, hier matin, les populations de Ziguinchor comme celles de la commune de Bignona ont été réveillées par des détonations d’armes lourdes. L’armée a pilonné les positions rebelles à Adéane. Un acte qui résonne comme une reprise des hostilités en Casamance’’, lit-on dans EnQuête.
Trois incidents ‘’graves’’ à l’origine de la mort de deux soldats ont déclenché les ‘’hostilités’’, explique-t-il, précisant que les bases rebelles visées se trouvent dans la commune d’Adéane, où l’armée mène la lutte contre les trafics illicites de bois et les bandes armées.
L’As semble s’inquiéter du ‘’silence’’ de l’Assemblée nationale, ‘’qui ne fait plus de bruit’’. ‘’Les députés occupaient souvent le devant de la scène pour se prononcer sur l’actualité politique nationale (…) Mais la déclaration de l’état d’urgence [et le] vote de la loi d’habilitation semble[nt] avoir douché leurs ardeurs’’, écrit-il.
Il constate toutefois que ‘’le député d’AJ/PADS, Mamadou Diop Decroix, aura sauvé la face’’ de l’Assemblée nationale en interpellant le gouvernement sur l’attribution des licences de pêche.
Pourtant, il ne manque pas de sujets pour les débats parlementaires, au moment où les députés ne se font plus entendre, selon le même journal.
Les conditions d’attribution des marchés d’acquisition des denrées alimentaires distribuées aux ‘’ménages les plus pauvres pour réduire les effets socioéconomiques de la crise’’ sanitaire, par exemple. Et de ‘’nombreux autres aspects de la gestion sanitaire de cette pandémie’’ de Covid-19, dont ‘’les conditions exécrables d’organisation de la distribution du pain par la ministre du Commerce, et des vivres par Mansour Faye’’, le ministre du Développement social, ‘’ainsi que la reprise ratée des enseignements et apprentissages’’.
Le silence des députés n’est vraisemblablement pas total, car Aïda Mbodj a interpellé le gouvernement sur l’usage qui a été fait des fonds destinés à la résolution de la crise sanitaire, selon Source A.
‘’Des coupes sauvages’’
Mme Mbodj, membre du groupe des Libéraux et démocrates, dénonce ‘’l’acquisition, dans des conditions douteuses, de matériel médical par le ministère de la Santé, et non par la Pharmacie nationale d’approvisionnement qui est habilitée à le faire’’.
‘’Concernant l’aide alimentaire d’urgence, dont la distribution a démarré le 29 avril dernier, elle était censée se dérouler pendant deux semaines. Or, la grande majorité des ayants droit n’a toujours pas reçu leurs kits alimentaires’’, ajoute Source A.
La lenteur de la distribution des denrées alimentaires préoccupe la députée élue de Bambey (centre), qui a interpellé le gouvernement dans une correspondance adressée à Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale.
‘’Le Fmi encore sur le dos du Sénégal’’, lit-on sur la une de WalfQuotidien, selon lequel le Fonds monétaire international s’apprête à ‘’faire appliquer des mesures de rigueur’’ à l’Etat du Sénégal.
‘’Dans un réquisitoire écrit en termes diplomatiques, l’institution de Washington (le FMI) notifiera bientôt au gouvernement sénégalais le plafonnement de certaines dépenses publiques, avec notamment des coupes sauvages’’, ajoute-t-il.
‘’Pis, l’institution financière internationale aurait demandé au gouvernement de faire des économies substantielles (…) de l’ordre de 45 à 50 milliards de francs CFA’’, poursuit WalfQuotidien.
Selon Tribune, l’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence décrété dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 a engendré des ‘’accidents mortels’’, des ‘’agressions’’, des ‘’embouteillages monstres et [des] regroupements non autorisés, sans [respect] d’une quelconque mesure barrière’’.
Sud Quotidien est préoccupé par la pénurie d’eau dans plusieurs quartiers de Dakar. ‘’SEN’EAU assoiffe Dakar’’, écrit-il, faisant remarquer que ‘’les populations font face à un manque criant d’eau’’, à Ouakam, Ouest-Foire, Keur Damel, etc. Les habitants de ces quartiers ‘’tirent à boulets rouges sur SEN’EAU et (…) interpellent le président de la République, Macky Sall’’, rapporte Sud Quotidien. SEN’EAU est la société chargée de la distribution de l’eau à Dakar.
Les quotidiens évoquent également l’arrestation du journaliste Cheikh Yérim Seck. Le patron du site d’information YerimPost ‘’pourrait retourner en prison ce mercredi, puisque le parquet a demandé le mandat de dépôt’’, selon Le Témoin Quotidien.
‘’Il connaîtra son sort aujourd’hui’’, ajoute-t-il, précisant que Seck est poursuivi pour ‘’diffusion de fausses nouvelles, diffamation contre la gendarmerie’’, etc.
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LA FRAGILITÉ DU MONDE COLONIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le confinement a été le temps de l'effondrement des tabous. Qu'est-ce-que l'actuelle génération a fait pour l'Afrique ? C'est l'heure d'un agenda de rupture - Rama Yade donne sa réflexion de ces instants incertains de la crise du covid
La crise du coronavirus qui a fortement bouleversé le cours de la vie, alimente les réflexions et stimule les esprits. Une table ronde virtuelle a récemment réuni dans ce cadre sur SenePlus, une douzaine d'intellectuels et leaders d'opinion sénégalais ou de la diaspora. Lors de ces échanges, l'ancienne ministre française, Rama Yade a longuement évoqué ses craintes, ses rêves et espoirs de ces moments incertains et du temps d'après, pour l'Afrique et le monde.
Qui l’eût cru ? Ainsi il est possible qu’un chef d’Etat africain reste quatre bons mois sans sortir de son pays ? Le virus a administré la preuve que ces interminables et coûteux déplacements ne sont ni utiles ni nécessaires, sauf dans des cas spécifiques
Qui l’eût cru ? Ainsi il est possible qu’un chef d’Etat africain reste quatre bons mois sans sortir de son pays ? Sans utiliser ce moyen onéreux, pompeusement appelé sous nos tropiques en mal d’autorité légitime, «avion de commandement», là où ses concepteurs et usagers se limitent à parler d’avion présidentiel. Même la notable exception que constitue l’avion du président des États-Unis d’Amérique a une explication plutôt terre à terre.
Air force One est juste un indicatif d’appel de tout aéronef de l’armée de l’Air dans lequel se trouve le président américain, qui devient «Marine One» quand il est à bord d’un appareil de la Marine. Certains pays, dont la Mauritanie voisine, ont opté pour l’utilisation d’un appareil réaménagé de la flotte de leur compagnie nationale qui est remis dans le circuit commercial dès la fin du voyage présidentiel.
Tout le contraire des pratiques de sous puissances locales qui, entre deux virées intersidérales, n’hésitent pas à dépanner des collègues moins bien lotis, ou à faire la navette entre les capitales africaines pour prendre en stop, des premières dames et des sportifs en quête de visibilité et de succès. Quand ce ne sont pas les courses à Paris, Dubai, Makkah, qui mobilisent l’avion de «commandement.»
Evidemment , il n’y a pas de voyage officiel sans délégation toute aussi officielle, même si on y dénombre quelques accointances du «commandement» préposées à des missions et à des tâches non renseignées .Tout ce beau monde logé, nourri et «perdiemisé» coûte énormément au contribuable, véritable «underdog», plèbe, ou badolos, bons pour entretenir les maîtres d’hier comme d’aujourd’hui, véritables oligarques, ploutocrates, flanqués de technocrates et d’experts en tous genres, et à usages multiples. Ceux et celles qui n’ont pas pu voyager à bord du saint des saints dans le sanctuaire du «commandement» en compagnie du Commandant en chef suprême, le feront par vol commercial. Ils se hâteront cependant de rejoindre la délégation où ils bénéficieront du même traitement que les veinards ayant fait le déplacement avec le «Boss».
Les frais de mission seront facturés doublement, à la signature du patron et à leur service sur la base d’un ordre de mission dûment concocté et soumis à leur signature. Si des contrats sont signés, les retombées ne tomberont pas à côté...pour ce genre de mission bien remplie ! Combien de milliards ont été «épargnés» en cette période de fermeture des frontières et d’immobilisation de la flotte des chefs d’Etat africains?
A considérer une quarantaine d’avions destinés aux déplacements des Présidents africains et de leurs camarillas, il y a de quoi doter et faire fonctionner une compagnie aérienne panafricaine, avec des échanges et des économies d’échelle inestimables, véritables accélérateurs d’intégration continentale.
Sans compter que les frais de stationnement dans des aéroports hors de prix, les révisions périodiques, renchérissent les coûts occasionnés par nos demandeurs d’aide. Les chefs d’Etat africains gagnent plus que leurs donateurs et mènent un train de vie impensable pour ceux-ci, assujettis qu’ils sont à une exigence légale et morale de redevabilité jusqu’à la limitation de l’origine et de la nature des cadeaux qu’ils sont autorisés à recevoir.
Le virus a administré la preuve que ces interminables et coûteux déplacements ne sont ni utiles ni nécessaires, sauf dans des cas spécifiques bien sûr, pour se réunir ou emprunter de l’argent ou passer des marchés. Ces « activités » n’ont du reste jamais cessé pendant ces quatre mois de confinement. On a emprunté, négocié la dette, organisé des élections, prodigué, (surtout reçu) des aides, organisé des évacuations et des rapatriements, refoulé ou recueilli des immigrants, assassiné des individus et des populations, manifesté et contre manifesté, réprimé et emprisonné à tout va...
Ce « connard » de virus a fait plus et mieux que toutes les préconisations et imprécations des «partenaires au développement». Il a triomphé là où les revendications et dénonciations politiques, syndicales ou citoyennes se sont heurtées à l’arrogance et au mépris des régents.
Désormais, les institutions de Bretton Woods, Organisation des Nations unies et ses agences, la communauté des « bailleurs » de fonds n’auront plus d’excuses pour cautionner les dérives fastueuses des dirigeants africains dont ils ont jusqu’ici encouragé le train de vie dispendieux et les frasques, étant entendu que leurs pays récupèrent doublement la mise, sous formes d’intérêts, de marchés captifs, et de destination d’investissements et de shopping des addictions de ceux qui consomment à outrance, sans se soucier de produire. Et si l’après covid commençait par là ?
LU BEES PAR RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
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L’HONORABLE FAIDHERBE...
EXCLUSIF SENEPLUS - Doit-on célébrer les héros de la colonisation au Sénégal ? Doit-on célébrer les leaders racistes de la guerre civile aux Etats-Unis ? Héritage historique ou célébration de l'horreur ? Néo-colonialisme ou universalisme ?
René Lake et Ousseynou Nar Guèye |
Publication 17/06/2020
Lu Bees avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar.
Ousseynou Nar Gueye revient sur la demande de certains membres de la société civile à Saint-Louis de débaptiser le pont Faidherbe et de déboulonner sa statue trônant dans la ville. Et il s'interroge : quelle place pour les noms des personnages sénégalais et africains à donner aux rues, places et monuments ?
De son côté, René Lake indique que ce même débat d'actualité au Sénégal est également à l'ordre du jour aux Etats-Unis et encore plus depuis le meurtre de George Floyd. Il est contre le fait d'honorer les auteurs de crimes contre l'humanité que ce soit le colonisateur français ou encore les sudistes racistes en Amérique.
La réalisation et le montage de ce talk hebdomadaire du mercredi sont assurés par Boubacar Badji.
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DES MILITANTS S'EMPARENT D'UNE OEUVRE AU QUAI BRANLY
Un groupe de cinq activistes africains est venu arracher de son socle un poteau funéraire du 19ème siècle, provenant de la tribu Bari, au centre-est de l'Afrique. Ils entendait dénoncer la dépossession de l'Afrique de ses richesses
Un groupe de cinq activistes africains est venu arracher de son socle un poteau funéraire du 19ème siècle, provenant de la tribu Bari, au centre-est de l'Afrique. Ils entendait dénoncer la dépossession de l'Afrique de ses richesses.
DES GRAPHEURS TAGUENT LE BLACK POWER SUR LE BÉTON DE DAKAR
Une douzaine d'artistes ont mis la dernière touche lundi, dans le coeur trépidant de Dakar, à une fresque monumentale portant la revendication noire, tout en refusant la posture de victime incarnée selon eux par le mouvement Black Lives Matter
Les Dakarois qui, au sortir d'un des ronds-points les plus encombrés de Dakar, s'engagent en voiture sur la rampe d'accès à la voie rapide traversant la capitale, voient désormais défiler les visages surdimensionnés d'activistes ou de personnalités noires, dans de grands rehauts de couleur bombés sur 80 m d'une paroi de béton.
Il y a là un Malcom X au regard sévère, les athlètes américains Tommie Smith et John Carlos brandissant le poing, l'historien sénégalais Cheikh Anta Diop ou l'abolitionniste américaine Harriet Tubman.
Mais pas de portrait de George Floyd.
Certes les grapheurs du collectif Radikal Bomb Shot (RBS) ont représenté l'un des bâtiments incendiés lors des manifestations qui ont secoué Minneapolis et les Etats-Unis après la mort de cet afro-américain décédé lors de son interpellation par un policier blanc.
Mais le mural achevé lundi au prix de centaines de bombes et d'un peu de peinture acrylique, s'inscrit dans une autre dynamique plus offensive que défensive, dit l'animateur de RBS, Madzoo, alias Serigne Mansour Fall, 33 ans, dont 16 à graffiter sur les murs de Dakar et d'ailleurs.
Le collectif, l'un des principaux groupes qui font de Dakar une sorte de musée à ciel ouvert de l'art de la rue, comptait depuis pas mal de temps recouvrir l'ancienne fresque qu'il avait consacrée là au vivre-ensemble et qui se décolorait.
- Acte fondateur -
La mort de George Floyd n'a fait que précipiter le passage à l'acte, dit Madzoo.Au Sénégal, elle n'a pas suscité de mouvement d'ampleur.
"Que nos vies comptent (le sens de Black Lives Matter), pas besoin de le dire", dit Madzoo.Ce que veut RBS, c'est "réveiller les peuples" autour de luttes communes, et faire en sorte que quand un Noir "se promène à New York, il sache qu'il a tout un peuple derrière lui".
Il prêche "l'afro-centrisme" et arbore un tee-shirt Black Panther, le mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine créé en 1966.L'emblématique panthère figure en bonne place parmi les visages et les motifs africains de la fresque.Madzoo veut voir dans le mural "l'acte fondateur" de Black Panther en Afrique de l'Ouest, dit-il.
Cette oeuvre est "plutôt Black Power que Black Lives Matter", abonde Akonga, un artiste sur la douzaine qui se sont réparti les tâches face au mur de béton, dans la chaleur et les gaz d'échappement.
Akonga, Cherif Tahir Ismail Diop à l'état-civil, 27 ans, s'est chargé du portrait de Kémi Séba, activiste controversé, essayiste franco-béninois panafricaniste et anticolonialiste.Comme Madzoo, la mort de George Floyd le touche.Mais, sur le fond, "sa vie ne vaut pas plus que tous ceux qui sont morts avant lui".
"On n'a pas à se victimiser", dit-il.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
FAIDHERBE OU L’INSULTE MÉMORIELLE (1/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Ndar-Ndar ou autres Sénégalais qui tiennent encore à lui, doivent être édifiés sur ce personnage inhumain qui, nonobstant ses crimes abjects, continue de fasciner une partie de la descendance de ses victimes
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 16/06/2020
La mort par asphyxie du Noir américain Georges Floyd aux Etats-Unis plus précisément à Minneapolis, a provoqué un peu partout dans le monde, des vagues d’indignations et de protestations. Elle a réveillé en Europe et aux Etats-Unis, ce sentiment antiraciste assoupi qui a débouché sur le déboulonnage de plusieurs statues de figures historiques esclavagistes et colonialistes qui trônent avec morgue dans plusieurs villes.
Le 7 juin 2020, plusieurs milliers de manifestants furax ont déboulonné la statue d’airain du marchand d’esclaves britannique Edward Colston à Bristol, ville du sud-ouest de l’Angleterre, érigée en 1895. Ils l’ont roulée sur plusieurs mètres dans la rue éponyme avant de la jeter dans la rivière Avon.
Le général britannique Edward Cornwallis, connu pour les sévices et mauvais traitements qu’il infligeait aux Amérindiens est tombé de son piédestal 240 ans après sa mort.
En Belgique, ce sont les statues de Léopold II de Belgique, symbole du colonialisme le plus monstrueux, qui ont été attaquées et vandalisées dans plusieurs villes (Tervuren, Hal, Ostende et Ekeren). Ce dernier a mené alors à la baguette l’exploitation du Congo au prix d’une répression sanguinaire avec la mise en place d’un véritable système d’esclavage s’appuyant sur le travail forcé et par la terreur. On vous épargnera les détails des atrocités et des actes de torture inhumains se traduisant par des mains coupées pour contraindre les populations rétives du Congo (actuel RDC) au travail et les 10 millions de Congolais qu’il a exterminés en 23 ans.
A Boston (Massachussetts), une statue de l’explorateur italien Christophe Colomb a été décapitée dans le parc qui porte son nom. A Miami (Floride), des statues qui portent son effigie ont subi la rage des manifestants qui les ont complètement badigeonnées.
A Richmond en Virginie, une statue de Jefferson Davis, le président des Etats confédérés pendant la guerre de Sécession qui a opposé le Sud au Nord abolitionniste de 1861 à 1865, a été déboulonnée. Dans cette même localité, c’est la statue du général sudiste Williams Carter Wickham, esclavagiste, qui a été basculée à terre.
Le 12 août 2017, la statue du général sudiste Robert Edward Lee, pro-esclavagiste, située à Charlottesville, en Virginie, qui a été démantelée dans un climat de tension (entre néo-nazis, suprématistes blancs et antiracistes), a débouché sur un mort et plusieurs dizaines de blessés.
A Prague et à Londres, les statues du Premier ministre britannique Winston Churchill ont été taguées.
Déjà le 9 mars 2015 à l’Université du Cap en Afrique, des étudiants réunis dans le mouvement « Rhodes must fall » (Rhodes doit tomber) demandaient le retrait de la statue de Cecil Rhodes, érigée en 1934 à l’entrée du campus. Après une bataille intense, le 9 avril 2015, la statue de l’archétype du colonialiste anglais et de l’oppression des Blancs sur les Noirs est déboulonnée.
On pourrait citer à l’infini les statues de figures de personnalités historiques racistes, esclavagistes ou colonialistes qui sont en train de subir leurs derniers instants en station debout. Mais si nous avons évoqué toutes ces statues déboulonnées et détruites, c’est pour mieux aborder celle du colon-gouverneur sanguinaire Faidherbe qui trône avec morgue à l’entrée de l’île de Ndar. Je préfère utiliser le mot « Ndar » qui véhicule notre identité propre plutôt que Saint-Louis qui fait référence au Roi croisé de France Louis IX, lequel régna en France de 1226-1270. Même s’il a été une figure légendaire de l’histoire de France et de la Chrétienté jusqu’à prendre le nom de Saint-Louis, même s’il a été un modèle du prince et du chevalier soucieux de l’ordre et de la justice, cela ne doit pas constituer des critères éligibles pour débaptiser Ndar et lui donner le nom d’un souverain de France dont la majeure partie des Sénégalais ignore l’histoire.
Indubitablement, des esprits chagrins, qui vivent encore dans les tréfonds de leur subconscient le colonialisme comme un bienfait, se lèveront pour défendre un soi-disant patrimoine de l’histoire de notre pays. Mais, Faidherbe, loin d’être un patrimoine, symbolise une blessure mémorielle qui, à chaque minute de sa station, suinte ses ignominies indélébiles et exhale ses cruautés fétides.
Depuis fort longtemps, des intellectuels intrépides comme Khadim Ndiaye, Abdou Khadre Gaye Emad et d’autres se sont levés pour exiger le démantèlement de la stèle faidherbienne de Ndar. Si certains Ndar-Ndar et autres Sénégalais, nostalgiques du colonialisme, s’opposent mordicus à toute idée de déboulonnement du plus sanguinaire colon que le Sénégal ait jamais connu, il faut souligner que d’autres Sénégalais ont fait du combat « Faidherbe doit tomber » une œuvre de citoyenneté, de souveraineté, de rectification et d’assainissement de l’histoire du Sénégal ternie par 11 années sanglantes de présence du gouverneur de Ndar sur le territoire sénégalais. Ce tortionnaire sans pitié a dirigé la colonie Sénégal en usant du fer, du feu et de la faim contre les populations rebelles pour obtenir du sang, de la sueur et des larmes. Une chose est sure : l’histoire réelle de Louis-Léon César Faidherbe n’a jamais été enseignée aux Ndar-Ndar voire aux Sénégalais qui se prosternent encore devant sa statue suintante de sang et des larmes séculaires de nos grands-pères résistants.
Aujourd’hui, tout un tas de mythes (mensonges au sens grec du terme) est construit autour de Faidherbe. Certains de ses admirateurs soutiennent naïvement que c’est le père de l’Etat moderne du Sénégal pour qu’on lui trouve une statue, une place et un pont baptisés en son nom. Même dans la capitale Dakar, Faidherbe est plus que vénéré avec une avenue célèbre, un hôtel et une pharmacie qui portent son nom. Heureusement que Iba Der Thiam, devenu ministre de l’Education sous le règne d’Abdou Diouf, a débaptisé, avec son projet « Ecole nouvelle », le lycée Faidherbe en lui donnant le nom du marabout-guerrier Cheikh Omar Foutiyou Tall.
Ce qui sous-tend le jumelage servile Ndar-Lille matérialisé depuis 1978, c’est parce que Louis-Léon César Faidherbe, y a vu le jour le 3 juin 1818. D’ailleurs pour lui rendre hommage, une statue équestre, située sur la place Richebé à Lille, y a été érigée depuis en 1896. Si au Sénégal certains anticolonialistes, minoritairement, portent inlassablement le combat « Faidherbe doit tomber », en France, l’association Survie Nord, le Collectif Afrique, l’Atelier d’histoire critique, le Front uni des immigrations et des quartiers populaires et le Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe se battent pour déboulonner ladite statue, symbole de la pérennisation et de la valorisation de l’entreprise de négation humaine appelée pudiquement colonisation. C’est pourquoi, lors du bicentenaire de la naissance où Lille célébrait Faidherbe pour avoir résisté et défendu « courageusement », pendant trois mois, la France de l’invasion prussienne en 1870, ces associations susnommées ont dénoncé l’invasion africaine pendant plusieurs décennies dudit Général, patriote chez lui et bandit en Afrique. Ainsi elles ont demandé « le retrait de la statue de Louis Faidherbe et de tous les symboles qui glorifient le colonialisme dans les espaces publics lillois et qu’à leur place, hommage soit rendu aux victimes de la colonisation et à celles et ceux qui y ont héroïquement résisté ».
Aujourd’hui, rien ne s’oppose à ce que la statue provocante du sanguinaire Faidherbe soit déboulonnée et jetée à la mer. Pour certains esprits, Faidherbe est avec Mame Coumba Bang, les mânes protecteurs qui veillent sur Ndar. Que ceux-là qui défendent nostalgiquement le persécuteur de leurs grands-pères nous disent pourquoi, dans la nuit du 13 au 14 août 1983, les autorités sénégalaises ont fait enlever la statue de Faidherbe se trouvant en face du palais de la présidence de la République, dans le jardin du bâtiment qui abrite l’actuelle maison militaire de la présidence ? C’était une insulte à l’endroit de notre souveraineté incarnée par le palais présidentiel.
Les Ndar-Ndar ou autres Sénégalais qui tiennent encore à grand-père Faidherbe, parce qu’ignorant que ce dernier a massacré, au nom de la pacification et de la mission civilisatrice des races inférieures par celles supérieures, leurs vrais grands-pères, doivent être édifiés sur ce personnage inhumain qui, nonobstant ses crimes abjects, continue de fasciner une partie de la descendance de ses victimes.
Selon l'économiste et écrivain, la crise du coronavirus est l’opportunité historique pour les Africains de ne plus se laisser traverser par l'Histoire, mais d'être des sujets de l'Histoire
Selon l'économiste et écrivain Felwine Sarr, la crise du coronavirus est l’opportunité historique pour les Africains de ne plus se laisser traverser par l'Histoire, mais d'être des sujets de l'Histoire. Il nous explique pourquoi la catastrophe annoncée par de nombreuses instances internationales sur le continent n'a pas eu lieu. Pour lui, les représentations négatives sur l’Afrique sont si ancrées qu'une partie du monde ne prend même plus la peine de regarder la réalité et les faits. L'auteur d'"Afrotopia" appelle aussi à repenser les relations entre le continent et le reste du monde.