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24 avril 2025
Politique
par Khadim Ndiaye
STATUE DE FAIDHERBE, REPENSER LA NOTION DE PATRIMOINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les vestiges que nous préservons du passé nous renseignent beaucoup sur nous-mêmes et sur les héritages à léguer aux générations futures. La statue d’un conquérant colonial est un vestige d'une hégémonie
Parmi les arguments brandis par les défenseurs de la statue de Faidherbe, plusieurs considérations sont mises de l’avant. On estime que Faidherbe a déployé des efforts colossaux et louables pour connaître les populations du Sénégal et qu’il a assuré la « stabilité » du pays en terrassant les dernières résistances. Certains affirment qu’il avait fait des faveurs aux musulmans et protégé les gens du Walo contre les assauts des populations maures.
L’argument de la connaissance des populations a été surtout popularisé par l’ex-président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor. « Si je parle de Faidherbe, disait-il, c’est avec la plus haute estime, jusqu’à l’amitié, parce qu’il a appris à nous connaître... ». Dans un entretien accordé en 1981 au diplomate français Pierre Boisdeffre, de passage au Sénégal, Senghor insiste sur la sympathie du conquérant : « Faidherbe a été le conquérant de l'intérieur du Sénégal, mais en même temps, Faidherbe s'est fait nègre avec les Nègres, comme le recommandera, plus tard, le père Liberman. Il s'est donc fait sénégalais avec les Sénégalais en étudiant les langues et civilisations du Sénégal. »
Faidherbe s’était effectivement donné comme mission la connaissance des populations du Sénégal. Il s’est fait ethnologue, linguiste, et s’intéressait donc aux cultures et langues locales. À ce propos, l’historien Abdoulaye Bathily considère Faidherbe comme « le véritable fondateur de l'école africaniste française ». Toutefois, les études menées par Faidherbe et son équipe, nous dit Bathily, en plus d’avoir « contribué à répandre chez les peuples d'Europe, les préjugés racistes à l'égard des Africains », devaient servir les objectifs de la conquête : « Les recherches entreprises durant la période "faidherbienne" avaient un but fondamental fonctionnel. L'objectif poursuivi était la connaissance de la "société" et du "milieu indigène", connaissance sans laquelle ne pouvait se réaliser l'œuvre de domestication des peuples et qui constitue la base de tout système colonial ».
L’histoire, la linguistique et l’ethnologie étaient donc mobilisées pour assurer la domination des populations de la Sénégambie. Il s’agissait de connaître pour mieux assujettir, comprendre pour mieux asservir. Voilà les vils soubassements que le président Senghor ne semblait pas percevoir dans son éloge dithyrambique. Il s’est extasié devant l’érudition et la bienveillance supposée de Faidherbe et a oblitéré ses visées réelles peu louables.
L’érudition et les gratifications au service de l’exploitation coloniale ont été mises en œuvre dans le domaine de la religion. La foi devait aussi servir la conquête. Faidherbe donna le ton à ce qui devait être la politique musulmane de la France au Sénégal. Il était clair quant aux retombées des « facilités » faites aux musulmans du Sénégal : « En élevant une mosquée à Saint-Louis par imitation de ce qui se passait en Algérie, on n’a pas réfléchi que nous ne sommes pas posés ici pour faire des concessions aux musulmans ; il n’en est pas de même au Sénégal. Mais enfin la mosquée existe et on ne peut revenir là-dessus [...]. Dès que la guerre n’absorbera pas plus tous mes moments, je m’occuperai de ces choses-là d’une manière toute spéciale. Il faut que nous arrivions comme en Algérie à amener les marabouts et les prêtres musulmans des villes à se rallier complètement à nous et à nos idées. On sévira contre les récalcitrants. Mais une mesure complémentaire de l’exigence que nous montrerons à l’égard des musulmans, ce sera l’établissement d’écoles françaises pour les jeunes musulmans… ».
On soutient également, sans aller au fond, que Faidherbe a défendu les gens du Walo contre les populations maures. Les relations entre le Walo et le Trarza en pays maure sont anciennes. Ces relations ont été ponctuées par des guerres et des alliances. Une relation matrimoniale avait été scellée par l’union du roi des Trarza et de la reine du Walo. De cette relation naquit un fils, Ely, que Faidherbe combattit pour ses visées pour le trône. Les Français ont très tôt considéré le Walo comme leur possession. Ils ne pouvaient y tolérer la présence des Maures. C'était le vœu d'un gouverneur prédécesseur de Faidherbe, Bouët-Willaumez. Un texte du 8 mai 1819 stipulait que la France devait se faire « céder en toute propriété et pour toujours les îles et toutes les autres positions de terre ferme du Royaume du Waalo pour la formation de tous établissements de culture ».
Faidherbe écrit le 7 mai 1857 au roi des Trarza Mohamed El Habib pour affirmer son droit de possession du Walo : « Quand au Walo que nous avons acheté en 1819 et conquis en 1854, nous le garderons envers et contre tous ». Dans une autre lettre datant du 13 mars 1858, et adressée à Natago Fall, Faidherbe s’attribue le titre de « Brak » (prince), menace et réaffirme sa propriété sur le Walo : « Vous savez que le Walo est à moi et qu'il n'y a plus aujourd'hui d'autre brak que moi. Vous êtes donc mes captifs et vous devez m'obéir. Voilà ce que je veux que vous fassiez. »
Faidherbe a agi au Walo comme il l’a fait dans les autres parties du Sénégal : en s'alliant avec certains au détriment d'autres. Il n'a pas hésité à s'emparer du Walo qu'il disait protéger des Maures. Concernant l’argument de la libération des populations du Walo, l’historien Yves Saint-Martin note : « Puisque Faidherbe avait été nommé pour appliquer ce programme [s'emparer du Walo], il ne pouvait avoir de doute sur l’approbation ministérielle. De plus, en écartant les Trarza au profit des Français, il se présenterait comme le champion de l’ordre et le protecteur des Noirs, trop souvent rançonnés et razziés par les Maures. ». Toutefois, son action était moins de défendre le Walo que de protéger les intérêts de l'administration coloniale et des traitants. Ces commerçants de Saint-Louis devaient, dans l’optique de Faidherbe, contrôler cette zone, car « La présence permanente de la France au Walo, relève Yves Saint-Martin, ne pourrait que les encourager dans ce dessein », celui de contrôler le commerce, la production de mil et d’arachides.
La libération proclamée des Noirs n'avait donc qu'un seul but pour Faidherbe : les placer sous le joug de l'administration coloniale et des appétits de ses amis traitants et négociants européens. C’est d’ailleurs pour protéger les traitants, que Faidherbe a incendié des villages entiers soupçonnés d’abriter des biens leur appartenant. Voilà pourquoi, en protégeant et en se mettant au service des réseaux d’affaires, Faidherbe doit être considéré comme un des grands précurseurs de la Françafrique.
Par ailleurs, quand on parle de retrait de la statue de Faidherbe, un contre-argument est souvent brandi : toucher à une telle statue, c’est effacer l’histoire, dit-on. Cette façon de voir est, à tout bien considéré, une confusion intellectuelle et découle d’une incompréhension du problème tel qu’il se pose.
Demander le retrait de la statue de Faidherbe, ce n’est ni réclamer la suppression de ce personnage des manuels d’histoire ni exiger qu’il ne soit plus enseigné. Ce qui est dénoncé, c’est sa présence et sa mise en avant dans l’espace public. Ceux qui s’arc-boutent sur l’argument de « l’effacement de l’histoire » confondent enseignement de l’histoire et éléments du patrimoine auxquels on accorde de l’importance et que l’on choisit de conserver dans l’espace public. L’histoire du fait colonial avec ses différents personnages et péripéties est bien enseignée, mais la question du legs à promouvoir interpelle, elle, la notion de patrimoine. On peut bien enseigner une histoire douloureuse sans statufier des bourreaux et sans les inclure dans les héritages à valoriser publiquement et à transmettre à la postérité. Il est important donc de repenser la notion de patrimoine public dans une ex-colonie.
En 2017, en pleine polémique sur la statue de Faidherbe, le directeur du patrimoine culturel, Abdou Aziz Guissé, avait soutenu que la statue, qu’elle soit chargée positivement ou négativement, fait partie du patrimoine architectural et historique et que, de ce fait, elle devait être maintenue. Mais qu’est-ce qui peut être considéré comme patrimoine ? Doit-on exhiber sur l’espace public le portrait ou la statue d’un conquérant colonial tout en se réfugiant derrière l’argument du patrimoine ?
Si comme le définit l’Unesco, le patrimoine est l’ensemble de ressources héritées du passé, mises à disposition pour le bénéfice des générations futures et comprenant non seulement le patrimoine matériel, mais aussi le patrimoine naturel et immatériel, les critères mis de l'avant pour le définir doivent être pensés différemment dans un pays qui porte en lui les stigmates de la colonisation et qui cherche ses repères. Le patrimoine entre dans ce qu’on appelle le processus de mémoire. C’est une série de choix et d’exclusions. Il est constitué d’éléments que nous choisissons de conserver et que nous décidons de transmettre aux générations à venir parce que nous leur donnons une valeur symbolique.
Que doit être l’idéal patrimonial d’une ex-colonie ? Quels vestiges du passé valoriser ? Quels personnages historiques, objets et sites patrimoniaux mettre de l’avant ? Autour de quels objets et lieux historiques devons-nous rassembler nos populations ? Quels sont les éléments que nous donnons à voir, sur lesquels nous fondons notre patrimoine, qui donnent du sens à notre présent et annoncent des promesses pour notre futur ?
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aucune statue d’un conquérant colonial n’a été installée pour les beaux yeux des colonisés. Une statue coloniale est un attribut de domination. C’est la consécration d’une idéologie meurtrière fondée sur une suprématie. C’est un objet de pouvoir qui exprime une ascendance sur le plan symbolique. Un personnage comme Faidherbe était venu en conquérant et persécuteur et l’avait du reste bien exprimé : « Noirs Sénégalais, pénétrez-vous bien de cette idée, que nous sommes appelés à devenir les maîtres, disons mieux, les bienfaiteurs de ce pays. Ne résistez pas au mouvement, vous seriez brisés », menaçait-il à l'occasion de la remise des prix aux élèves de l'École des otages et l'École laïque réunies en 1860.
La statue d’un conquérant colonial est un vestige d'une hégémonie. Par elle, on cherche à imposer une forme d’accoutumance à la figure d’un oppresseur. Elle a une fonction réelle : dans un pays colonisé, elle est destinée au présent et à la postérité et elle sert à exalter la gloire passée et à immortaliser la mémoire de la conquête. Il est d’ailleurs édifiant que le président français, Emmanuel Macron, ait choisi en 2018 au Sénégal, de faire symboliquement un discours sur la Place Faidherbe à Saint-Louis devant…la statue de Faidherbe.
Cette statue de Faidherbe à Saint-Louis a été inaugurée le 20 mars 1887 pour célébrer la victoire des baïonnettes et des canonnières. La prise de contrôle du territoire était désormais rendue possible par l’anéantissement d’un des derniers obstacles, le souverain Lat Dior, tué un an avant, en 1886. Seul le résistant Mamadou Lamine, écrivait Faidherbe, « quoique très éloigné de la grande ligne des postes, était encore une menace pour la colonie ». La « tranquillité » et la « paix » sont obtenues au prix d'une féroce conquête militaire qui a fait des milliers de morts. Rien n’empêchait désormais l’instauration de l’économie de traite, le travail forcé, l’éducation coloniale, l’assimilation culturelle et la mise en dépendance de la colonie.
La redéfinition des objets du patrimoine est une priorité nationale. C'est d’ailleurs tout le débat actuel aux États-Unis. La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a appelé au retrait de 11 statues du Capitole représentant des soldats et des responsables confédérés esclavagistes, au motif que ces statues célèbrent la haine et non pas des éléments devant figurer dans le patrimoine des États-Unis.
Le président français, Macron, a préféré, lui, le conservatisme avec l’argument confus du non-effacement de l’histoire. Pourtant en France, les éléments du patrimoine ont été retouchés à plusieurs reprises. Les corps de Jean-Paul Marat, de Mirabeau, n’ont-ils pas été transférés au Panthéon et célébrés comme héros avant d’en être exclus ? La statue du Maréchal Pétain n’a-t-elle pas été retirée de la ville de Vichy ? On reproche à Pétain d’avoir collaboré avec l’ennemi allemand. On estime que son nom, sa statue et ses portraits sont indignes de figurer dans le patrimoine de la France. Pourtant Pétain, nonobstant l’intelligence avec l’ennemi durant l’Occupation, a été le grand soldat de la Grande Guerre, un des grands artisans de la victoire de Verdun. Pourquoi Macron ne va-t-il pas jusqu’au bout de sa logique de conservation des traces et demander le replacement de la statue du Maréchal Pétain ?
Repenser le patrimoine dans une ex-colonie, c’est sortir de la gloire de la conquête coloniale et apaiser l’espace public. Les vestiges que nous préservons du passé nous renseignent beaucoup sur nous-mêmes, sur nos choix et sur les héritages que nous voulons léguer aux générations futures. Au colonisé ou à l’ex-colonisé qui a vécu les affres du Code de l’indigénat, à qui on a dénié l’histoire, la morale, la religion, les héros, etc., il serait bien, à des fins curatives, de valoriser les lieux, les figures de résistance locales qui incarnent la haute stature morale, les personnages historiques qui revigorent la fierté et l’estime perdues. C’est le rôle du patrimoine de répondre à cette exigence et de faire des choix décisifs qui donnent du sens au présent et au futur.
MALICK SALL, L'HOMME DU SÉRAIL
Avec plus de 35 ans de barre, l'avocat aurait pu être celui qu’il faut à la place qu’il faut, en tant que ministre de la Justice. Pour beaucoup, il s’est plutôt révélé comme un homme clivant et partisan. Portrait
C’est dans les rues de Danthiady, aux confins du Sénégal, dans la région de Matam, que le ministre de la Justice, Maitre Malick Sall, a appris à ramper, à marcher, à parler, à courir ; tombant, se relevant, se battant, sous l’aile protectrice de son grand frère Mamadou Baidy Sall, aîné de la fratrie. Enfant du même village, professeur d’histoire, ancien ministre de l’Education nationale, Kalidou Diallo précise : ‘’C’est une très grande famille. Ce sont ses ancêtres qui ont fondé ce village, dont son frère Mamadou Baidy est aujourd’hui le chef. Ils sont tous des marabouts ; ils sont tous des imams.’’
Situé à environ 7 km d’Ourossogui, dans la commune d’Ogo, Danthiady a très tôt compris l’importance de l’éducation pour donner à ses enfants les mêmes chances que ceux des localités les plus favorisées du pays. Pour l’ancien ministre d’Abdoulaye Wade, ce n’est pas fortuit, si le patelin est appelé ‘’Village latin du Fouta’’.
En effet, dès les premières années de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, le hameau, qui venait d’étrenner sa première infrastructure scolaire, a vu émerger quelques petits génies. Lesquels brillent, aujourd’hui, aussi bien sur le plan national que sur le plan international. En sus de Malick Sall, le professeur d’histoire à l’Ucad énumère l’ancien directeur général de la RTS Daouda Ndiaye, le directeur de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) Abdoulaye Ndiaye, des professeurs d’universités du Sénégal et à l’étranger… Sa liste est loin d’être exhaustive. Et tous sont de la même génération dorée qui vaut au village le rang qu’il occupe aujourd’hui dans un Fouta Toro ouvert à la modernité. L’actuel ministre de la Justice, Kalidou Diallo, est de la deuxième promotion de l’école de Danthiady ; laquelle fait partie des écoles dites de 61. ‘’Il est de la même promotion que l’ingénieur polytechnicien Amadou Sylla. Daouda Ndiaye et moi sommes de la première promotion de 1961’’.
A l’époque, la tâche était beaucoup plus ardue pour ceux qui étaient considérés comme des cobayes. Mais leur désir de réussite était sans égal. Avec plein d’humilité, l’ancien ministre explique : ‘’Il faut reconnaitre que nous avions aussi eu d’excellents enseignants. Comme vous le savez, c’est le primaire qui fait l’élève et nous avons su profiter d’enseignants émérites. DE plus, comme c’est un village qui était déjà lettré grâce à l’apprentissage du Coran, cela nous a beaucoup facilité les choses. Après le primaire, certains allaient à Matam pour le collège, d’autres à Saint-Louis. Malick a été orienté au lycée Faidherbe, avant de terminer au lycée de Rufisque. Daouda Ndiaye, lui, a fait Charles de Gaule.’’
Né le 2 avril 1956, le fils d’Amadou Sall est réputé homme discret, pieux et très généreux. Son collaborateur depuis plus de 20 ans, Ibrahima Ndiéguène, confirme : ‘’Il a toujours dans son bureau un exemplaire du Saint Coran qu’il maitrise parfaitement. Fervent talibé tidiane, il aime écouter les ‘Khasaides’ de Cheikh Ahmadou Bamba, surtout sous les airs du Hizbu Tarqiyya. Pour en avoir souvent discuté avec lui, il me confiait qu’il les trouvais magnifiques. C’est un homme profondément croyant et attaché à son terroir.’’
De ses origines modestes, l’arrière-petit-fils d’Elimane Demba Sall a dû travailler dur pour se hisser aux ors de la République. Sa réussite scolaire et universitaire, il la doit surtout à sa persévérance et à sa ténacité. Responsable dans la radio communautaire créée par le ministre, l’ancien journaliste de la RTS, Daouda Guissé, rapporte : ‘’J’ai entendu dire qu’il a failli abandonner les études au lycée. Mais grâce à Dieu et à sa détermination, il a pu continuer pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.’’
Une longue relation avec les Sénégalais d’origine libanaise
Après avoir décroché sa Maitrise en droit privé (option judiciaire), Me Malick Sall a tout de suite tenté sa chance dans le barreau. Ironie de l’histoire, il va entamer sa carrière dans le cabinet de Sahjanane Akdar, sénégalaise d’origine libanaise. Après son stage de trois ans, il devient associé dans le même cabinet, rebaptisé ‘’Akdar et Sall’’. En 1991, l’enfant de Danthiady rachète les parts de Me Akdar et devient le seul maitre à bord du cabinet devenu ‘’Etude Maitre Malick Sall’’. Selon Kalidou Diallo, son oncle et ancien député Amadou Sada Dia l’avait d’ailleurs aidé à avoir son cabinet. Le 1er janvier 2003, il transforme l’étude en SCP Malick Sall & associés, accueillant ainsi d’abord Me Léocadie Samade, ensuite Me Ibrahima Ndiéguène.
Très peu connu du grand public, Maitre le grand frère d’EL Hadj Baidy n’en est pas moins bien connu dans la corporation. Alors que les profanes, qui pensent que le métier ne s’exerce qu’au niveau des prétoires, auraient pu en tirer des conclusions hâtives, une de ses anciennes collaboratrices prévient : ‘’C’est l’un des plus grands avocats du Sénégal. Un excellent maritimiste (spécialiste du droit maritime).’’ Selon sa biographie, Me Sall a conseillé de nombreuses structures aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger : la société Pecten Sénégal (groupe pétrolier américain), la Banque mondiale, la société IGN France internationale, la fondation John Hopkins des USA, Canal+ horizon Sénégal, la famille Fauzie Layousse... ‘’Il a également défendu des entités publiques, notamment la RTS dans le contentieux de la diffusion des matches Fifa, l’ARTP dans le fameux dossier des appels entrants…’’, renchérit un autre témoin. Malgré toute cette trajectoire auréolée de ses plus de 35 ans de barre, il n’a jamais souhaité être sous les feux des projecteurs. ‘’C’est un homme qui a toujours voulu rester dans l’ombre. C’est lui qui m’a appris que pour vivre heureux, il faut vivre caché. Il a toujours beaucoup investi sans rien attendre’’, témoigne un de nos interlocuteurs.
C’est sans doute pourquoi Malick Sall n’était pas méconnu que du grand public. Chez les praticiens également, il était difficile, pour certains, de mettre un visage sur le nom. Même s’ils l’avaient connu de nom. Magistrat depuis plus de deux décennies, le président de l’UMS, Souleymane Téliko, confie : ‘’C’est vrai qu’on ne le voit que très peu dans les juridictions. Personnellement, je ne l’ai jamais vu. Il m’était même impossible de le reconnaitre avant qu’il ne soit ministre de la République. Quand même, je connaissais son nom que je voyais dans certains dossiers.’’ Cela n’est que l’illustration parfaite de sa grande discrétion et de son humilité, selon Maitre Ibrahima Ndiéguène.
Il ajoute : ‘’Après plus de 35 ans, il est resté toujours discret. Mais tous les avocats de sa génération connaissent ce qu’il vaut. Tous vous diront qu’il fait partie des maitres dans cette profession. Il faut savoir que, parmi les avocats, il y en a qui ne parlent pas. Je dois rappeler qu’il a été membre du Conseil de l’ordre, secrétaire chargé des relations internationales du Conseil de l’ordre pendant très longtemps. Il a défendu même des chefs d’Etat. Et il y a de grandes industries dont il a piloté le montage, de A à Z. C’est le cas des Ciments du Sahel. Homme très réseauté, Me Sall a aussi beaucoup contribué à l’adhésion de la Guinée-Bissau au franc CFA.
Généreux, professionnel, discret, l’avocat des Farès n’a été connu dans le landerneau politique que vers 2017-2018, quand il a décidé de soutenir le président Macky Sall pour sa réélection. Kalidou Diallo se souvient comme si c’était hier : ‘’Il est venu me dire qu’il veut accompagner le président de la République avec ses propres moyens. Il m’a dit : ‘Comme je n’ai pas une grande expérience dans la politique, je veux te laisser piloter tout ce qui est organisation. Moi, je m’occuperai de tous les financements dont vous aurez besoin.’ C’est ainsi qu’on a travaillé ensemble durant toute cette campagne présidentielle. Mais je n’étais pas de son mouvement.’’
Le mythe s’effondre
Mais contrairement à ce que peuvent penser certains observateurs, Maitre Malick Sall a eu sa première expérience politique en 2012. Il avait, à en croire l’ancien ministre de l’Education, cheminé avec Ibrahima Fall dans Taxaw Tem. Selon certaines sources, il aurait même été son argentier. Le 7 avril 2019, son engagement est couronné par sa nomination à la tête du département de la Justice. Depuis, pour beaucoup de Sénégalais, l’homme s’est plus illustré pour ses gaffes et autres cafouillages que pour sa maitrise de la science juridique.
L’avocat d’affaire se perd, en effet, dans plusieurs dossiers estampillés politiques. Ce, dès sa première sortie publique. C’était le jour même de la Korité 2019. En pleine tempête Aliou Sall, déclenchée par le reportage de la BBC, accroché par des journalistes, l’avocat de cabinet confond religion, morale et droit. Il disait : ‘’Je ne pense pas qu’un musulman comme Aliou Sall, revenant de La Mecque pour la Oumra, va s’adonner à des pratiques de corruption. J’ai entendu sa déclaration. Il est sénégalais comme moi. Je préfère, en tant que sénégalais, le croire au lieu de croire à des ragots qui viennent de l’étranger.’’
Dès lors, certains observateurs avertis ont pu pronostiquer sur ce que risquait de devenir la justice sous son magistère. D’autres affaires dont celles de Guy Marius Sagna et Adama Gaye auront également montré le manque criard de distance et de neutralité du ministre actuel.
Avocat de renom, Maitre Malick Sall est aussi pourchassé pour conflit d’intérêts. Ministre de la Justice de son état, il a eu à piloter des dossiers devenus très célèbres, notamment celui des frères Farès. Sur cette dernière accusation, son ancien associé assure que l’avocat d’affaires a bel et bien quitté le cabinet. Il insiste : ‘’Le règlement intérieur de l’ordre impose à un avocat qui accède à certaines fonctions, notamment la fonction ministérielle, de se faire omettre par l’ordre. Cela signifie qu’on retire son nom du tableau de l’ordre. C’est le cas de Maitre Malick Sall comme de Me Aissata Tall Sall. Un avocat qui occupe une fonction où il reçoit des ordres, doit demander son omission. S’il appartenait à une SCPA, il n’a plus le droit de prétendre à des parts au bénéfice de la société. C’est vraiment très clair et Me Sall a respecté cette exigence.’’
Selon la robe noire, c’est seulement quand il aura terminé sa mission qu’il peut demander sa réinscription au tableau et rejoindre à nouveau le cabinet. Toutefois, tient-il à préciser, ses clients qui sont ceux du cabinet peuvent bien rester dans le cabinet.
A en croire cet avocat très célèbre, il y a un grand hiatus entre cette belle théorie et la pratique. ‘’Je connais beaucoup d’avocats qui ont été ministres, mais qui ont continué à gérer leur cabinet. Ce qui est illégal. Certains sont gourmands. ‘Dagnouy ngaralé’. Ce n’est que théoriquement qu’ils quittent, mais ils continuent d’orienter des dossiers à milliards vers le même cabinet. Mais personne ne peut le savoir, même le chef de l’Etat. Après ‘dagnouy pathio’’’.
Marié et père d’un seul garçon, l’avocat réputé être très nanti est peint comme un Sénégalais très généreux. Maitre Ndiégène confirme : ‘’Un jour, un jeune confrère est venu me confier qu’il était très malade et avait besoin d’un montant très élevé pour se soigner. Il me considérait comme son frère. J’en ai alors parlé à Malick ; il m’a tout de suite demandé : de combien il lui faut ? Je suis retourné au gars pour lui demander le montant. Quand je l’ai dit à Malick, il m’a tout de suite dit au nom de qui il va libeller le chèque. Il n’était pas ministre et jusqu’à présent, je doute qu’il ait connu ce confrère. Il a un sens très élevé du partage. Sinon, il serait encore plus riche.’’
A ceux qui pensent que l’époux de Maimouna Sylla s’est engagé en politique pour s’enrichir, Ibrahima Ndiéguène rétorque : ‘’Nous qui le connaissons savons qu’il est allé en politique pour s’appauvrir. Ce qu’il gagnait dans son cabinet n’est pas du tout comparable avec ce qu’il peut avoir en politique. S’il s’est engagé en politique, c’est juste pour aider le président de la République et être au service de son peuple.’’ A Danthiady, les populations qui l’ont vu équiper pas mal d’écoles et de structures de soins ne cessent de lui souhaiter ceci : ‘’YA DIOGORO DIAM !’’
°Ensemble de poèmes en vers du Moyen Âge, narrant les hauts faits de héros ou de personnages illustres
VITAL KAMERHE, LA CHUTE D'UN INCONTOURNABLE DE LA POLITIQUE CONGOLAISE
Homme de confiance de deux présidents successifs, Vital Kamerhe, 61 ans, condamné samedi à 20 ans de "travaux forcés" pour corruption, est une figure centrale des redoutables jeux du pouvoir en République démocratique du Congo
omme de confiance de deux présidents successifs, Vital Kamerhe, 61 ans, condamné samedi à 20 ans de "travaux forcés" pour corruption, est une figure centrale des redoutables jeux du pouvoir en République démocratique du Congo.
"Je suis un homme d'Etat", a répété au fil des cinq audience de son procès l'ex- président de l'Assemblée nationale, barbe poivre et sel et chapelet autour du cou. Longtemps, M. Kamerhe s'est cru intouchable, à cause de son statut de directeur de cabinet à la présidence de la République, son passé et le poids démographique de son fief dans l'Est de la RDC. "J'ai le soutien total du chef de l'Etat. Je ne le contredis jamais et lui non plus", déclarait-il en novembre 2019. "Nos épouses sont devenues amies. Ses enfants, je les considère comme mes enfants, et l'inverse est également vrai. Tout cela est le ciment de notre alliance", ajoutait-il alors que son nom était déjà apparu dans une première affaire de détournement présumé, en septembre.
Fin 2018, ce natif de Bukavu, dans le Sud-Kivu, a été le principal allié de Félix Tshisekedi dans sa conquête du pouvoir, comme il avait servi avec zèle son prédécesseur Joseph Kabila dans les années 2000. Excellent tribun, M. Kamerhe a fait campagne avec M. Tshisekedi, surtout dans l'Est où il a mis sa popularité et sa maîtrise du swahili au service de son allié, plus à l'aise dans l'Ouest du pays, à Kinshasa et au Kasaï. Dans un volte-face spectaculaire, les deux hommes s'étaient retirés au bout de 24 heures d'une alliance de sept leaders de l'opposition autour de Martin Fayulu pour sceller leur propre plate-forme politique, Cap pour le changement (Cach). Leur accord prévoyait que Vital Kamerhe, qui avait tenté sa chance en 2011, soit candidat à la présidence en 2023.
- Mariage people -
Jovial et chaleureux, Vital Kamerhe est l'une des rares personnalités à maîtriser les quatre langues nationales du pays, outre le français qui est la langue officielle (lingala, swahili, kikongo, tshiluba). Il est le père de 14 enfants, selon l'état-civil décliné en ouverture du procès. A peine nommé directeur de cabinet après l'investiture du président Tshisekedi janvier 2019, il s'est remarié le 14 février, jour de la Saint-Valentin, avec l'ex-compagne d'un célèbre chanteur congolais, JB Mpiana. Le faste de ce mariage "people" avec Hamida Shatur, issue d'une famille indienne, avait irrité les Congolais, au moment où la nouvelle équipe au pouvoir promettait de gouverner pour "le peuple d'abord".
Entendu comme témoin, la femme de Vital Kamerhe a d'ailleurs énuméré à la barre la liste des cadeaux reçus lors de leur mariage : 862.000 dollars, 33.000 euros, 10 millions de francs CFA (15.000 euros) et quatre voitures neuves....Le tribunal a ordonné la confiscation des fonds sur ses comptes bancaires.
M. Kamerhe fait partie de cette génération marquée au fer rouge par la chute du dictateur Mobutu Sese Seko (1997), l'assassinat de son tombeur Laurent-Désiré Kabila (2001) et les deux guerres du Congo (1998-2003). Brillant orateur, il fut lors de la présidentielle de 2006, le directeur de campagne du jeune président Joseph Kabila, propulsé à la tête de la RDC après l'assassinat de son père en janvier 2001. Il a aussi été l'un des cadres fondateurs de son parti, le PPRD.Pour ses dévoués services, M. Kamerhe a obtenu en retour la présidence de l'Assemblée nationale, où il s'est illustré par son "art de paraphraser avec concision des débats sans fin et d'amener une décision", relève David Van Reybrouck dans sa somme "Congo, une histoire".
En 2009, il avait été contraint de démissionner, pour avoir contesté l'entrée de troupes rwandaises dans l'Est du pays pour une opération conjointe avec l'armée congolaise contre des rebelles rwandais. Il a été accusé par sa famille politique d'alors d'avoir "nui à la cohésion nationale".Comme tant d'anciens cadres tombés en disgrâce, il a alors commencé une carrière "d'opposant", en se présentant à la présidentielle de 2011 contre son ancien champion, Joseph Kabila.
Il a créé son parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC). Mais ses détracteurs affirment qu'il a continué à garder des liens avec Joseph Kabila.Jouant à l'équilibriste durant des années, bien introduit dans la sphère musicale de RDC, Vital Kamerhe est souvent chanté par les grandes voix de la rumba congolaise, à l'instar de Koffi Olomide.
LA BELGIQUE DOIT S'EXCUSER POUR SON PASSÉ COLONIAL
Sur l'occupation belge du Congo "il y a eu trop de non-dits", "comme dans certaines familles", et il faut maintenant que l'ancienne puissance coloniale présente "des excuses", estime l'élu belge d'origine congolaise Pierre Kompany
Sur l'occupation belge du Congo "il y a eu trop de non-dits", "comme dans certaines familles", et il faut maintenant que l'ancienne puissance coloniale présente "des excuses", estime l'élu belge d'origine congolaise Pierre Kompany, dans un entretien avec l'AFP.
Pour la planète football, c'est un des patronymes belges les plus célèbres.Le nom est en réalité congolais et s'est aussi imposé en politique dans le plat pays.
Pierre Kompany, 72 ans, est certes le père de Vincent Kompany, défenseur vedette des Diables rouges, l'équipe nationale numéro un au classement Fifa.
Mais fin 2018 cet ex-réfugié politique ayant fui la dictature de Mobutu a acquis à son tour une notoriété mondiale en devenant le premier bourgmestre (maire) noir de Belgique, élu à la tête d'une commune de 25.000 habitants de l'agglomération bruxelloise, Ganshoren.
Aujourd'hui, entre deux obligations liées à ses fonctions, il suit de près la vague d'émotion qui a suivi la mort de l'Afro-américain George Floyd.Et en Belgique, le débat qu'elle a ravivé sur les violences de la période coloniale au Congo et le rôle du défunt roi Léopold II, dont ce vaste territoire africain fut longtemps la propriété privée.
Pour Pierre Kompany, les statues de l'ancien souverain (qui régna de 1865 à 1909) auraient dû depuis des années être remisées dans les musées pour éviter les actes de vandalisme subis ces derniers jours.
"Personne n'entrerait dans un musée pour casser" et les admirateurs de ces statues "payeraient pour aller les voir", ironise le député bruxellois.
Selon les historiens, la colonisation au XIXe siècle de l'actuelle RDC (ex-Zaïre), sous l'autorité de Léopold II, a été très brutale, marquée par le recours au travail forcé pour exploiter le caoutchouc.Des photos de mains coupées ont documenté les exactions.
"Il y a une réalité flagrante, elle n'est pas discutable", poursuit M. Kompany, qui appelle à "dire la vérité" à l'approche des 60 ans de l'indépendance le 30 juin 1960.
Une occasion a été manquée en 2009 lors du centenaire de la mort de Léopold II, que l'Etat belge a refusé de célébrer, rappelle-t-il.
- Des livres de Mandela et de Césaire -
Pour assumer ce passé et l'enseigner à l'école, "la responsabilité appartient aujourd'hui d'abord à l'Etat belge".
"Si l'Etat présente ses excuses ça serait déjà beaucoup.Mais si la famille royale le fait aussi, elle en sortirait grandie"."Les excuses doivent venir en fait de l'Etat et du Roi" Philippe, précise-t-il ensuite.
Né à Bukavu (est du Congo) en 1947, Pierre Kompany fuit son pays en 1975 après avoir été l'un des animateurs d'un soulèvement d'étudiants.
Aidé par un ami médecin, il prétexte une maladie imaginaire ("au nom très compliqué") à soigner à l'étranger pour venir à Bruxelles, où il doit travailler comme chauffeur de taxi pour financer la poursuite de ses études d'ingénieur, raconte-t-il.
Il devient citoyen belge en 1982, année de son mariage avec Jocelyne (aujourd'hui décédée), avec laquelle il a trois enfants, Christel (née en 1984), Vincent (1986) et François (1989).Il est déjà grand-père sept fois.
De sa famille, il affirme qu'elle a toujours été unie par un même état d'esprit de lutte "contre les injustices sociales", et qu'on s'y offre comme cadeaux des livres de Nelson Mandela et d'Aimé Césaire.
Lui-même se dit "de gauche", ancien socialiste désormais élu du Centre démocrate humaniste (cdH, centriste).
Pierre Kompany n'est retourné au Congo pour la première fois qu'en 2010, au côté de son fils Vincent venu inaugurer un village d'orphelins pour le compte d'une ONG.
"Quand j'ai quitté Kinshasa il y avait moins d'un million d'habitants.J'y suis revenu c'était plus de 10 millions, j'étais complètement dépassé (...) c'était un moment très fort", souligne-t-il.
Et c'est en pensant à "ces gens qui sont très loin" qu'il souhaite le pardon de la Belgique."Cela leur ferait du bien".
BOUGAZELLI SE DIT INNOCENT
Seydina Fall a nié tous les faits qui lui sont reprochés et indexe un certain «Kals» qui a orchestré un complot contre sa personne.
Seydina Fall alias Bougazelli a été entendu, hier, dans le fond. Lors de son audition, l’ex-député a nié tous les faits qui lui sont reprochés et indexe un certain «Kals» qui a orchestré un complot contre sa personne.
Selon Libération qui donne l’information dans sa parution de ce samedi, « Kals » est un spécialiste dans la vente de tissus de marque comme le Basin et autres qu’il achète au Mali ou en Gambie.
Inculpé le 22 novembre 2019 pour « association de malfaiteurs, corruption et trafic de faux billets de banque », l’ex-député de l’Alliance pour la République (Apr) a obtenu une liberté provisoire le 3 juin dernier, pour des raisons «de maladie», après avoir passé plus de six mois à la prison de Rebeuss.
TROIS DÉCÈS SUPPLÉMENTAIRES ET 144 NOUVELLES CONTAMINATIONS
Le ministère de la Santé a annoncé samedi trois décès causés par le coronavirus et 144 nouvelles contaminations portant à 5.783 le nombre de tests positifs de Covid-19 au Sénégal.
Dakar, 20 juin (APS) – Le ministère de la Santé a annoncé samedi trois décès causés par le coronavirus et 144 nouvelles contaminations portant à 5.783 le nombre de tests positifs de Covid-19 au Sénégal.
Ces nouveaux décès portent à 82 le nombre de personnes mortes de la maladie à coronavirus, a précisé Aloyse Waly Diouf, le directeur de cabinet du ministre de la Santé, en présentant le dernier bilan national de la pandémie.
Selon lui, à ce jour, 1.841 patients se font soigner dans les centres de traitement du Covid-19.
Les 144 nouvelles infections proviennent de 1.247 effectués au cours des dernières vingt-quatre heures, a indiqué M. Diouf.
L’effectif des dernières contaminations est constitué de 123 cas contacts, qui étaient sous la surveillance des services sanitaires, d’un cas importé et de 20 cas causés par la transmission communautaire, c’est-à-dire des personnes contaminées par une source non identifiée.
Les cas de transmission communautaire ont été recensés dans les localités suivantes, situées dans la région de Dakar : Keur Massar (3), Yeumbeul (2), Mbao (1), Rufisque (1), Bargny (1), Zone B (1), HLM Grand-Médine (1), Dalifort (1), Ngor (1), Yoff (1), Parcelles Assainies (3), Ouest-Foire (1) et Guédiawaye (1). Deux autres ont été détectés à Kaolack (1) et Touba (1).
Le nombre de patients guéris du Covid-19 est de 3.859, un effectif incluant 71 malades qui ont recouvré la santé durant les dernières vingt-quatre heures, selon Aloyse Waly Diouf.
De 17, vendredi, le nombre de patients se trouvant dans un état ‘’grave’’ et en réanimation est passé maintenant à 16, a-t-il indiqué.
LA GOUVERNANCE DE MACKY SALL MISE À RUDE ÉPREUVE
Réélu dès le premier tour, le président peine à gouverner tranquillement car pris à l’étau par des contestations populaires, la dislocation de ses troupes, la gestion de la Covid-19 et dernièrement des polémiques à n’en plus finir sur le foncier
Il n’aurait jamais imaginé que son deuxième mandat serait un «cauchemar». Réélu dès le premier tour, le Président Macky Sall peine à gouverner tranquillement. Il est pris à l’étau par des contestations populaires, la dislocation de ses troupes, la gestion de la Covid-19 et dernièrement des polémiques à n’en plus finir sur le foncier.
«Lettre d’information relative à une manifestation pacifique.» Cette note adressée hier au Préfet du département de Dakar est la énième du genre cette année. Cette fois-ci, c’est le Front multi-luttes «Doyna» nouvellement créée et regroupant une quinzaine d’organisations qui s’illustre en informant de la tenue de son sit-in le jeudi 25 juin 2020 à la Place de la Nation (ex-Place de l’Obélisque). Ce, malgré que l’on soit en pleine crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.
En tête, le Front pour une Révolution anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (Frapp) dont Guy Marius Sagna est l’un des membres les plus en vue, cette nouvelle plateforme exige le paiement de 14 mois d’arriérés de salaires à 145 travailleurs par Pcci et Sonatel. Ils exigent aussi le paiement de 49 mois d’arriérés aux travailleurs de ABS Sénégal, leur dédommagement et leur redéploiement par l’Etat ; le paiement à chacun des 200 étudiants victimes de Afup Canada de dommages et intérêts qui s’élèvent à 1 million pour chaque étudiant.
Sur la question foncière, le Front-multi-luttes «Doyna» demande l’arrêt de la spoliation foncière à Ballabougou et à Kiniabour, et de l’accaparement des terres à Guéréo par le Groupe Decameron ; puis un audit foncier, la restitution des terres aux paysans et pasteurs de la localité. Le front exige des mairies de Oréfondé, Agnam, Dabia, Thilogne la transparence envers la population et la lumière dans la signature d’un financement de 700 milliards FCFA et les copies de délibération du projet pour chaque commune. Il veut aussi que les 253 victimes de démolition de maison de Gadaye soient dédommagées. Il demande enfin l’extension du quartier Terme Nord (Ouakaù, près de l’ancien aéroport Léopold Sédar Senghor), l’amélioration de son cadre de vie et la mise sur pied démocratique, participative, inclusive d’un comité de quartier ou comité de gestion.
Diagnostic d’un système économique déjà amorphe, pris par l’étau de la crise sanitaire Il faut relever cependant qu’avant cette protestation pacifique, des contestations populaires violentes avaient été notées partout dans le pays pour réclamer l’allègement de l’état d’urgence et la levée du couvre-feu. Finalement, le gouvernement a cédé en se pliant à la volonté populaire manifestée. Mais globalement, si on fait une analyse approfondie de la gouvernance sous Macky Sall, on peut noter qu’il y a beaucoup de paradoxes dans la politique qui est menée, la gestion des affaires et les discours politiques annoncés. Joint au téléphone, l’enseignant chercheur à l’UGB, Moussa Diaw estime que si on analyse le discours du chef de l’Etat et qu’on le met en rapport avec les réalisations, on se rend compte qu’il y a un écart important entre ce qui a été annoncé et ce qui s’est traduit dans la réalité. «On trouve des promesses non tenues en termes d’amélioration des conditions de vie des populations», souligne le Pr Moussa Diaw. D’ailleurs, il pense que même ses réalisations sont à relativiser en dehors de l’autoroute «Ila Touba».
La preuve, dit-il, le grand projet du TER pose problème alors qu’on a englouti énormément de milliards dedans sous forme de prêts. «Avant la présidentielle, la majorité se réjouissait d’avoir obtenu de nombreuses promesses de dettes. On parlait de milliards empruntés, mais aujourd’hui on se demande où sont passés tous ces milliards en termes de réalisations économiques et de priorités», s’interroge Monsieur Diaw. Pour ce qui est de l’autosuffisance en riz, il affirme qu’on avait misé pour 2019 sans que cela soit atteint. «Finalement, on a pu donner de date à l’issue de lquelle on aboutira à l’autosuffisance en matière de riz. Donc, toute la politique agricole est à revoir en termes de priorités», soutientil. En ce qui concerne la politique de Santé, la pandémie Covid-19 a montré qu’elle est à redéfinir. A en croire Moussa Diaw, la santé devrait être adossée à des stratégies permettant de soigner les populations, d’avoir des hôpitaux et des infrastructures en matière de santé. Malheureusement, poursuit-il, la Covid-19 vient compliquer les choses avec des répercussions économiques dans la mesure où il sera difficile d’éviter la récession. «Nos économies sont très fragiles et une bonne partie occupée par l’économie informelle. En plus de cela, les mesures drastiques pour faire face à la pandémie ont affecté le Tourisme qui générait beaucoup d’argent ainsi que le transport, l’exportation etc. » Tout ceci amène l’enseignant chercheur à dire que le Sénégal est dans un système économique pris par l’étau de la crise sanitaire.
MOUSSA DIAW : «POLITIQUEMENT, C’EST L’IMPASSE ; ECONOMIQUEMENT N’EN PARLONS PAS ; ET SOCIALEMENT C’EST LE DESASTRE»
Par ailleurs, l’enseignant chercheur à l’UGB estime que le débat contradictoire sur les spéculations foncières montre bien qu’il y a d’autres préoccupations pour certains responsables du régime qui, au lieu de penser à l’intérêt général, sont en train de se précipiter comme si on se partageait un gâteau national. «Chacun essaye de s’enrichir le plus rapidement possible en laissant de côté les populations sans se préoccuper de leurs aspirations», se désole t-il. En plus, il soutient que face à cette crise, les membres du régime constatent comme tout le monde les difficultés sans essayer de changer la donne. Ce qui, selon lui, révolte les Sénégalais à travers une vague de contestations parce qu’ils ne peuvent plus supporter les contraintes liées à la pandémie. «Les mesures drastique prises par l’Etat ne pouvaient coller à l’économie, parce que la plupart des Sénégalais évoluent dans l’informel. Les gens sont dans une situation de survie. Et donc, politiquement, c’est l’impasse ; économiquement n’en parlons pas ; et socialement c’est le désastre. Donc globalement, si on fait l’évaluation, c’est très facile d’aboutir à un résultat qui est une insatisfaction des populations par rapport à la politique menée», explique le chef de la Section sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB).
En définitive, Monsieur Diaw a attiré l’attention sur l’absence totale de solidarité gouvernementale si on analyse les réponses fournies par les membres de l’Exécutif. Avant de relever les tensions entre les leaders de la mouvance présidentielle. Ce qu’il trouve d’ailleurs inquiétant. «On ne sait pas où on va. Aujourd’hui, on nous indique des voies et demain le contraire. Cela va tous les sens. C’est comme s’il y avait un problème d’autorité. Les directives du Président ne sont pas respectées. Le Président donne des consignes, les gens ne suivent pas, c’est le notamment sur le foncier. Donc, on s’interroge sur cette gouvernance politique, ses contradictions. Et où est-ce ce que cela peut mener à long terme», affirme l’enseignant chercheur à l’UGB.
par Samuel Sene
SUFFRAGES SOLLICITÉS , PREOCCUPATIONS OUBLIÉES
EXCLUSIF SENEPLUS - Il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités pour répondre judicieusement à la légitime demande de révision du Code de l’eau, qui équivaut à un droit pour les populations des collectivités territoriales concernées
Quand démarre la compagne électorale, période où les politiques vont au contact de la population pour solliciter son soutien et surtout ses suffrages, ils sont, en général, plus souriants, plus attentionnés, plus chaleureux et plus généreux. D’une générosité mesurée et calculée, ils ratissent large et s’entourent d’une équipe pluridisciplinaire pour mieux convaincre les porteurs de voix, et pour se donner les chances de sortir victorieux de l’élection. C’est le moment par excellence où les chefs religieux sont le plus courus, courtisés, où les responsables d’associations de jeunes et de femmes sont mieux approchés, amadoués. En réponse, d’aucuns ne demandaient pas mieux pour faire monter les enchères. Ils profitent même de l’occasion pour soutirer le maximum d’argent aux candidats-politiciens. Manifestement, ces derniers, passés maîtres dans l’art de se mouvoir en hommes-caméléons, s’identifient entièrement à la misère des populations, et pour davantage leur donner l’impression de n’être motivés que pour la défendre de leurs préoccupations, ils décochent des flèches empoisonnées et mortelles à l’encontre des tenants du pouvoir pour les discréditer, les affaiblir et pour susciter un sentiment de dépit, de refus et de rejet à leur égard.
Ce qui est encore plus intéressant et amusant, c’est que pouvoir et opposition se disputent les suffrages sans se faire de cadeaux. Pour parvenir à leurs fins, ils ne lésinent point sur les moyens. Pour preuve, chaque camp s’entoure de personnes influentes, de communicants, de communicateurs traditionnels, de troubadours et de gros bras issus de l’arène sénégalaise, sans oublier leurs gardes rapprochées composées de spécialistes en combats et en arts martiaux. Hélas, ils usent de coups bas, abusent d’injures et d’invectives et multiplient les promesses fallacieuses et mirifiques. Ils font semblant d’épouser les idées du peuple et prétendent être solidaires de sa misère. Ce faisant, ils hurlent sa colère, devenue une rancœur commune contre le mode de gouvernance ou de la mal gouvernance en cours. Ils attaquent ceux qui sont aux responsabilités sur leur bilan, et exigent qu’ils rendent comptes de leur gestion jugée nébuleuse et scandaleuse.
Une fois au pouvoir, ils retournent leur veste. Dès lors, ils deviennent méconnaissables, amnésiques, sournois, ingrats et font pire que ce qu’ils reprochaient à leurs prédécesseurs. Impassibles, ils ont rangé aux oubliettes la reddition des comptes, argument-massue dont ils se servaient ad libitum pour clouer leurs adversaires au pilori. Pire, ils font même preuve d’ingratitude, de mépris et de dédain envers les populations aux côtés desquelles ils s’affichaient fièrement peu avant, et qu’ils avaient jusqu’au jour des élections, courtisées sans pudeur et sans délicatesse. Plus regrettable, ils deviennent, insolents, arrogants, suffisants, hautains et condescendants. Hier ils pouvaient humblement et facilement vous joindre, mais aujourd’hui, vous n’arrivez plus à les atteindre. Hier, ils n’étaient pas seulement accessibles, mais disponibles et disposés à vous écouter. Leur disponibilité, leur accessibilité et leur oreille attentive vous étaient acquis en tout temps, surtout en période de compagne électorale. Mieux, l’ardeur dans les yeux, ils vous parlaient avec une parfaite maitrise de vos problèmes, de vos préoccupations et des intérêts du peuple en général.
A présent, seules leurs nouvelles fonctions acquises avec votre soutien indéfectible les occupent, et seuls leurs intérêts crypto-personnels les préoccupent. Le peuple ne leur aura servi que d’ascenseur social pour accéder à la jouissance jalouse du pouvoir. Ce pouvoir dont ils raffolent, a dévoilé leur égocentrisme, révélé leur égoïsme et fortement mis en exergue leur instinct du tambour major (Drum major instinct par allusion au sermon de Martin Luther King Jr). C’est ainsi qu’ils aiment s’assoir aux premières places, adorent être mieux servis, et affectionnent les flatteries mensongères. D’ailleurs, Jean de La Fontaine ne nous apprend-il pas que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ? Les couvrir de louanges (même imméritées) les enivre de bonheur, touche profondément leurs fibres sensibles et met en lumière leur extravagance exagérée. Manifestement, les chenilles rampantes d’hier se sont vite métamorphosées en papillons, qui volent dorénavant de fleurs en fleurs, à la recherche du nectar qu’ils chipent aux abeilles de la république. Le politicien aime les honneurs et ne voudrait les partager avec personne. Surtout quand il s’agit de faire des réalisations auxquelles il cherche à associer son nom, ou de donner l’impression qu’il travaille à satisfaire les doléances du peuple. Quand bien même un mécène ou bienfaiteur local se manifesterait pour apporter son précieux concours aux réalisations, il choisirait de se passer volontiers de son aide ou appui qu’il trouverait humiliant et offensant, sans même se soucier du grave préjudice causé à la population. Celle-ci n’a d’importance pour lui, que lorsqu’elle lui sert à briller et à se mettre funestement en lumière. Un acteur non étatique originaire du département de Koungheul, se plaignait de ce comportement présomptueux, irrespectueux, irresponsable, cynique, peu coopératif et pas du tout productif des élus locaux et politiciens démagogues. Sans coloration politique, il fut sidéré du refus de son maire, d’accepter l’offre généreuse de ses partenaires italiens, de financer un centre de formation technique et professionnelle pour sa commune. Cette ignoble et honteuse attitude du maire incriminé, n’est pourtant pas un cas isolé, mais une pratique très courante de jalousie dévastatrice, répandue partout à travers le pays.
D’ailleurs, combien de politiciens se complaisent dans cette attitude hostile, ingrate, hideuse, contre-productive, rétrograde et mesquine, qui ne fait malheureusement que retarder et enfoncer leur zone dans la pauvreté et la paupérisation ? Combien de citoyens préfèrent, pour cette raison, rester neutres et laisser faire leurs politiciens, même s’ils pourraient être d’une grande utilité pour leur terroir ? Est-ce raisonnable, est-ce un bon choix d’être un spectateur passif au lieu d’un acteur combatif, engagé et déterminé ? Faut-il laisser faire, observer impuissant les manœuvres dilatoires et politiciennes des professionnels de la politique politicienne ? Faut-il laisser le champ libre à ces mange-mil peu soucieux de l’autosuffisance, de la souveraineté et de la sécurité alimentaire de leurs populations ? Au regard de toutes ces tares, la question se pose de savoir si le politicien se soucie vraiment du bien-être de son peuple ? Y a t-il espoir d’entrevoir un changement tant que le mode d’investiture aux élections locales, législatives et présidentielles ne passera pas par des primaires âprement disputées ? Ne faudrait-il pas d’une part, renforcer notre démocratie, et d’autre part, accroitre la légitimité de nos honorables députés et de nos élus locaux en imposant à tous de passer par des primaires pour un contrat social avec leur base locale ? Autrement, ils n’auraient de comptes à rendre qu’à leurs partis politiques (du pouvoir comme de l’opposition) qui les auraient alors parachutés, imposés à leurs populations.
Il est révoltant de constater que, malgré son égoïsme vorace et sa cupidité démesurée, le politicien est pleinement conscient des intérêts des populations. Mais, force est de reconnaitre qu’ils sont loin d’être sa préoccupation. Et c’est d’autant plus écœurant, qu’il place ses propres intérêts avant ceux de la collectivité. Ainsi, il s’accrochera à son poste de député mais déshonorera son peuple car n’ayant pas le courage et l’honnêteté de défendre sa cause. Il s’agrippera à son poste de maire pourtant obtenu grâce à la confiance et aux suffrages des populations, tout en refusant d’être leur premier magistrat défenseur de leur cause pour les amener à bénéficier durablement de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), et de la contribution économique locale (CEL) à travers la valeur locative (qui intéresse principalement sa commune) et la valeur ajoutée (qui intéresse l’ensemble des collectivités territoriales). Pour le Jobass, l’idée n’est pas seulement de connecter les villages aux plateformes Notto-Ndiosmone-Palmarin et PEAMU, mais surtout de porter le combat pour la révision du code de l’eau susceptible d’impacter très positivement le budget des deux communes et de leur faire bénéficier de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise et de la Contribution Economique Locale. Voilà un combat noble qui intéresse véritablement nos deux communes, indépendamment de toute appartenance ou considération politique, religieuse ou villageoise. Nous sommes confortés dans ce combat par le compte-rendu du dernier conseil ministériel du 17/06/20. Mais nous ne baissons pas la garde. Au contraire, nous sommes déterminés à poursuivre le combat pour la reconnaissance effective de la ressource naturelle, unanimement et universellement considérée comme la seule vitale et indispensable : l’eau. Nous travaillons à mettre en place une Coalition des Zones Pourvoyeuses d’Eau et abritant les plateformes d’utilité nationale.
En effet, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités en s’arrogeant ses pouvoirs régaliens, pour répondre judicieusement à la légitime demande de révision du Code de l’eau, qui équivaut à un droit pour les populations des collectivités territoriales concernées : celles du Jobass, du Mont-Rolland et de Keur Momar Sarr. L’Etat doit aussi définir et harmoniser sa politique nationale d’exploitation des carrières (une autre bombe à retardement) surtout en matière de tarification comme c’est le cas avec le ciment. Ce serait une façon de renforcer le transfert, non plus de compétences vidées de leur sens et de leur substance, mais fort heureusement de moyens financiers comme c’est maintenant acquis pour Taiba Ndiaye, Sandiara et Malikounda. Et ce serait tout à l’honneur de l’Etat, d’accompagner efficacement et en toute souveraineté, la politique de décentralisation par un renforcement conséquent et effectif du budget des collectivités territoriales à travers la Responsabilité Sociétale d’Entreprise et la Contribution Economique Locale. Ce serait une bonne manière de valoriser le Plan Sénégal Emergent car, une toute aussi belle manière, de progressivement et démocratiquement, placer les collectivités territoriales sur les rampes de l’émergence.
Samuel Sene est Consultant-formateur, écrivain-chercheur.
CALAME
DÉCROCHAGE EN RASE EN CAMPAGNE
Le départ du Dr Aloyse, bien que prévu avant la crise sanitaire, intrigue. La situation de la lutte contre la Covid-19 est-elle à ce point désespérée qu'il n’est plus nécessaire, ni utile, de différer outre mesure ses projets individuels ?
L’annonce de la "démission" du directeur de cabinet du ministre de la Santé relève de ce que les maths définissent comme une " équation à multiples inconnues aléatoires". D'abord, question "timing», elle intervient au moment où le ministère de la Santé le met régulièrement en scène et en selle, en alternance avec sa collègue, le Docteur Marie Khemess Ngom Ndiaye, pour égrener quotidiennement la liste des personnes testées, le nombre de malades guéris, en traitement, les morts des suites d'atteinte du coronavirus. Il en est devenu un des visages peu rassurants il est vrai, de cet exercice anxiogène et intrusif en s'invitant - et par voie de fait - en s'imposant dans nos foyers.
Les médias se sont fait un devoir de relayer massivement, en rivalisant de zèle et d'absence d'esprit de discernement cette communication agressive, traumatisante dont l'absence d'efficacité s'est traduite par une défiance, un rejet, populaires, abondamment illustrés par les manifestations de jeunes, la disqualification par des "foyers" religieux - non des moindres - des mesures gouvernementales, la capitulation de l'État lui-même en rase campagne, réduit à prôner le "vivre ensemble avec le virus » indésirable.
Dans ces circonstances, le départ du numéro 2 de l'armée de campagne, bien que prévu avant la crise sanitaire, mais retardé par celle-ci, interpelle et intrigue. La situation de la lutte contre la Covid 19 est-elle à ce point désespérée qu'il n’est plus nécessaire, ni utile, de différer outre mesure ses projets individuels ? Le plan de carrière consiste-t-il à occuper un poste central, où visibilité ne rime pas forcément avec lisibilité, mais qui permet, la proximité aidant, de se faire adouber par les institutions internationales ?
Dans des échanges émouvants d'une rare affectivité, le ministre de la Santé se gausse d'avoir mis le pied à l'étrier son ex-directeur de cabinet dont la candidature a été sinon présentée, au moins soutenue par le ministère, entendez le ministre himself.
Le migrant confie, la larme à l'œil, sa profonde émotion et sa reconnaissance éternelle à M. le ministre, par ailleurs son cher "ADS", comprenez ainsi qu'il appelle familièrement Abdoulaye Diouf Sarr par ses initiales. Ne nous méprenons point. On ne saurait manquer de se réjouir chaque fois qu'une personne méritante reçoit un coup de pouce dans l'évolution de sa carrière. On peut raisonnablement présumer que c’est le cas du directeur de cabinet partant, même si on peut légitimement se poser la question du vide qu'il pourrait laisser en quittant ce poste hautement stratégique qu'il occupe depuis seulement le remaniement post électoral intervenu il y a à peine 14 mois. Maintenant, s'il n'y a pas de vide que son remplaçant pourrait valablement compenser, cela poserait autrement la problématique des nominations et procédures au sein de la haute administration, où les états de service n'ont pas toujours quelque chose à voir avec le profil, l'expertise ou l'expérience.
Par ailleurs, nos sacro-saints partenaires au développement doivent se poser bien des questions au regard de leurs pratiques systématiques de débauchage de nos meilleurs cadres. Pour la plupart, nos têtes pensantes ne résistent pas à l'attractivité des postures de prestige, de possibilités d'accès à des ressources autrement hors de portée, de bénéficier de la reconnaissance des leurs qui passe par la légitimation à l’international.
Combien d'entre eux n'ont pu accéder à la propriété bâtie, entretenir la famille élargie, se construire et se créer des liens sociaux et professionnels valorisants. Les institutions et autres organisations internationales, gouvernementales, multilatérales publiques et privées, contribuent à piller le premier facteur de progrès, de création de richesses et d'émancipation, qui n'est autre que la ressource humaine.
Dans les pays qui prétendent nous aider, la politique de l'immigration choisie décapite nos universités, nos sociétés qui ont tant investi pour éduquer et former les rescapés d'un système extraverti. Sur place, dans nos pays, la crème de l'élite est happée par leurs représentations locales, même si le statut fourre-tout de "chargé de programmes (ou de communication) de ces agents recrutés localement (local staff) ne leur confère pas les avantages auxquels peuvent prétendre leurs homologues de la "fonction publique internationale " Ne nous voilons pas la face. Cette situation préjudiciable à nos sociétés est de la responsabilité des "élites" et des régents qui ont confisqué le pouvoir, tout acquis à servir des intérêts étrangers à la cause des populations du continent africain.
Après 60 ans d'autonomie interne drapée sous les oripeaux d'une indépendance Cha Cha, hymne à "la liberté entre nos mains " chanté par l'artiste congolais Grand Kallé et l'African Jazz Orchestra au moment du départ maquillé des colons, l'Afrique en est encore à tendre la main. Pourtant, des enfants de ce continent font les beaux jours de leurs "hôtes" dans la recherche, dans les universités, dans les firmes, dans la mode, dans l’art, dans la culture des pays hermétiques au courant migratoire (souvent forcé) qui a donné au monde sa substance et sa configuration actuelle.
A l'inverse, le continent considéré aujourd'hui comme l'avenir du monde, n'émet encore aucun signe probant qu'il sera d'abord et surtout l'avenir de ses enfants. C'est pourquoi le combat de ceux et celles qui ont résolument choisi de rester ou de rentrer, de partager les joies comme les peines de leurs compatriotes, n'en prend que plus de valeur. Exemplaire ! Le départ du dircab pose également un problème d'opportunité, du rapport entre les opportunités de carrière et le moment opportun pour acter une légitime mobilité professionnelle.
A l'actif du ministre, le remplacement de son plus proche collaborateur par une personnalité de même confession considérée comme minoritaire. C'est un fait suffisamment important voire inédit pour ne pas être salué comme il se doit. Dans d'autres contextes, on aurait pu se poser des questions quand un chrétien en remplace un autre. De même que le problème ne se pose pas quand un musulman succède à un coreligionnaire, il ne devrait pas l'être pour d'autres confessions. Seulement, voilà : nous sommes dans un petit pays où de plus en plus de voix obscurantistes et tonitruantes s'élèvent, amplifiées par des médias irresponsables pour mettre en avant un discours discriminant sur la domination d'une majorité musulmane qui devrait appliquer sa loi à une catégorie décrite comme ultra minoritaire. Or en République, on ne compte pas en termes quantitatifs ou en nombre, mais plutôt en capacité à garantir à toutes et à tous la même qualité en matière de droits (et de devoirs), d'égalité, d'équité, d'opportunités, de sécurité, de libertés individuelles et collectives d'aller et de venir, d'entreprendre, etc.
Dans la pratique, on observe un déficit criant de politiques volontaristes et attentives voire soucieuses de ces questions qui interpellent notre citoyenneté collective, la qualité et l'harmonie de notre "vivre ensemble ". Ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas qu'un problème n'existe pas. L'État doit aménager notre commun vouloir de vie commune, de sorte que la zone de confort des uns ne soit le détonateur de l'inconfort des autres. Il s'impose aux dirigeants comme à tous les citoyens, qu'ils en soient conscients ou pas, un impérieux devoir de repérer les angles morts de notre société et d'abriter leurs occupants sous le parapluie fédérateur et protecteur de la République.
LA SODAV SURSOIT À SON ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE À CAUSE DE LA COVID-19
La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) a décidé de surseoir à son assemblée générale ordinaire annuelle à cause de la pandémie de Covid-19
Dakar, 19 juin (APS) – La Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (SODAV) a décidé de surseoir à son assemblée générale ordinaire annuelle à cause de la pandémie de Covid-19, a appris l’APS.
’’(…) l’assemblée générale ordinaire prévue par les statuts et qui coïncidera cette année avec la date du jeudi 25 juin ne pourra être tenue de manière présentielle afin de respecter les mesures tendant à lutter contre la propagation de la Covid-19 parmi lesquelles l’interdiction de rassemblements’’, lit-on dans un communiqué conjoint du directeur gérant Aly Bathily et la Présidente du Conseil d’administration de la SODAV Ngoné Ndour.
’’La tenue de l’assemblée générale ordinaire dépendait de la levée des mesures d’urgence prises par les autorités’’, selon les deux responsables.
La SODAV prévoit toutefois de publier son rapport d’activités 2019, jeudi, pour être en conformité avec les textes.
’’Afin d’être en conformité avec les textes de fonctionnement et les dispositions de la loi 2008-09 sur le droit d’auteur et les droits voisins, la société de gestion collective va publier comme à son habitude, son rapport d’activités 2019 sur son site pour le rendre accessible à ses membres’’, fait savoir la direction.