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23 avril 2025
Société
Par Bachir FOFANA
L’ECONOMIE AGONISE PENDANT QUE SONKO SE VENGE
Ce pouvoir n’est pas prêt pour travailler pour le bien des Sénégalais et l’avancement de ce pays. Mais il est juste concentré à régler des comptes politiques avec Barthélemy Dias, Madiambal Diagne, Adama Gaye...
Mon ami Thierno Diop a posé une question sur sa page Facebook : «Plus sérieusement, en neuf mois y a quoi de neuf ?» Chacun a sa réponse, mais la mienne est que la statue de Lat Dior, que le président de la République est allé inaugurer à Thiès, est la première réalisation du «Porozet» en 9 mois. Ça peut faire sourire, mais c’est la triste réalité, et le pays est économiquement morose.
Pour preuve, le Sénégal est rentré bredouille de sa quête de 25 milliards de francs Cfa, pour une échéance de 39 jours, sur le marché financier de l’Uemoa (Cf : Une du Quotidien du 5 décembre). «La somme, soumise le vendredi 29 novembre, sous forme de Bons assimilés du Trésor (Bat), avait pour date de valeur le lundi 2 décembre. Or, à cette date, le Sénégal a reçu… zéro soumission ; personne n’a voulu de l’émission de la seconde économie de l’Uemoa», écrivait le journal. Suffisant pour que Cheikh Diba, ministre des Finances et du budget, monte sur ses grands chevaux pour démentir «formellement cette information infondée et dénoncer vigoureusement une tentative malveillante visant à porter atteinte à l’image du pays». Il ajoute aussitôt après que «l’émission de titres publics sur le marché régional de l’Uemoa répond à des règles et procédures strictes et transparentes que le Sénégal respecte scrupuleusement dans la mise en œuvre de sa stratégie d’endettement». Il reconnaît toutefois un peu plus loin : «Il est vrai que dans le calendrier indicatif communiqué en février 2024, une émission était prévue pour le 29 novembre 2024. Cependant, en raison de la mobilisation réussie, le 15 novembre 2024, d’un montant de près de 92 milliards F Cfa couvrant les prévisions initiales de 25 milliards F Cfa, cette émission n’a pas été finalement confirmée. Cette mobilisation significative, combinée à d’autres financements externes, a permis de renforcer la situation de trésorerie et d’annuler l’émission initialement envisagée pour le 29 novembre 2024.» Diba a cherché à démentir une information et l’a finalement confirmée ! L’info est simple pourtant : une émission est faite et a été finalement retirée. Et au moment de son retrait, il y avait zéro souscription ! Voilà les faits. Par ailleurs, le ministère nous informe qu’il y a eu 92 milliards dans une émission précédente. Sauf que l’information n’est pas complète. Ce que le ministère ne dit pas aux Sénégalais, c’est qu’il cherchait 130 milliards et n’en a obtenu que 92 ! D’habitude, le Sénégal obtenait souvent plus que ce qu’il cherchait. D’ailleurs, transparence pour transparence, nous attendons le «Rapport d’exécution budgétaire» du dernier trimestre et les services de Cheikh Diba tardent à se bouger.
La morosité économique selon la Dpee
Après Cheikh Diba, c’est au tour de Abdourahmane Sarr, ministre de l’Economie, du plan et de la coopération, de nous décrire la morosité ambiante de l’économie sénégalaise à travers deux documents produits par ses services. En effet, le «Point mensuel de conjoncture» d’octobre 2024 et la «Note de conjoncture» (troisième trimestre) montrent une cartographie pas très reluisante. Des documents produits par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), logée à la Direction générale de la planification et des politiques économiques (Dgppe).
«Au troisième trimestre de 2024, le climat des affaires s’est dégradé, en variation trimestrielle. L’indicateur synthétique a diminué de 4, 6 points et est resté au-dessous de sa moyenne de long terme. Cette situation reflète les opinions défavorables des entrepreneurs de «Bâtiments des travaux publics», des prestataires de services et des commerçants. Sur un an, l’indicateur du climat des affaires a diminué de 3, 0 points au troisième trimestre de 2024», dit la note. Et l’on comprend pourquoi beaucoup d’hommes d’affaires préfèrent d’autres pays de la zone Uemoa, s’ils n’ont pas tout simplement mis la clé sous le paillasson.
Dans l’industrie par exemple, les contraintes à l’activité relevées par les industriels sont la demande (36%), la concurrence (33%), le recouvrement difficile des créances (28%), l’approvisionnement difficile en matières premières (19%) et la fiscalité (8%). C’est dire que les nouvelles autorités sont responsables à 72% de la situation de morosité dans le secteur industriel.
«Deuk bi dafa Diomy»
Même situation dans le secteur du Btp. Selon le «Point mensuel», dans le sous-secteur des bâtiments et travaux publics, «les obstacles soulevés par la majorité des entrepreneurs sont le recouvrement difficile des créances (83%), la fiscalité (67%), l’insuffisance de la demande (50%), l’accès difficile au foncier (33%), la concurrence supposée déloyale (33%), le coût des intrants (33%) et la vétusté des équipements (17%)». On ne peut tout de même pas bloquer les constructions, ne pas payer les fournisseurs (raison du courroux des étudiants de l’Université de Ziguinchor) et espérer que ça marche ! Ce pouvoir n’a pas compris que «quand le bâtiment va, tout va». Car le bâtiment est l’illustration parfaite d’un pays qui avance. En effet, la construction est le principal moteur de la croissance, capable d’entraîner et de faire prospérer le reste de l’économie. Mais quand on a une démarche de répression fiscale, de dénigrement de son secteur privé et d’emprisonnement de ses champions nationaux, il ne faut pas espérer une embellie économique. Le «Point mensuel» conclut à un «pessimisme des entrepreneurs par rapport à l’évolution des commandes publiques et privées reçues».
Les services de Sarr disent également que l’argent ne circule plus. En plus simple : «Deuk bi dafa Diomy.» D’après la «Note de conjoncture», «l’évolution de la situation monétaire, basée sur les estimations à fin septembre 2024, a fait ressortir une contraction de la masse monétaire de 157, 2 milliards de francs Cfa». Le document ajoute : «La masse monétaire a reculé de 157, 2 milliards de francs Cfa entre fin juin et fin septembre 2024, pour s’établir à 9584, 5 milliards de francs Cfa. Cette dégradation de la liquidité globale est notable à travers la circulation fiduciaire (billets et pièces hors banques) qui a diminué de 201, 4 milliards de francs Cfa pour atteindre 2384, 6 milliards de francs Cfa.»
Ce qui a naturellement une incidence sur les prix à la consommation qui «ont augmenté d’1, 0%, en variation trimestrielle». La viande de bœuf (+1, 6%), les poissons frais (+15, 3%) et les «légumes frais en fruits ou racine» (+18, 3%) ont pris l’ascenseur. De même que le riz local (1, 8%). «Sur un an, les brisures parfumée ordinaire, non parfumée et locale ont affiché des hausses de prix respectives de 5, 3%, 19, 1% et 10, 1% en moyenne sur le troisième trimestre 2024. Sur les neuf premiers mois de l’année 2024, des hausses respectives des prix du non parfumé (+18, 8%), du parfumé ordinaire (+4, 6%) et de la brisure locale (+9, 9%) sont notées». Pourtant, le gouvernement se vantait d’avoir baissé les prix des denrées.
La masse monétaire en circulation a baissé de 117 milliards en un mois
Les Sénégalais sont dans le dur. En témoigne la «masse monétaire (qui) a diminué de 117 milliards» entre août et septembre 2024, selon le «Point mensuel de la conjoncture». La masse monétaire a atteint 9584, 5 milliards à fin septembre 2024. «Cette contraction est principalement imputable à la circulation fiduciaire (billets et pièces hors banques) et aux dépôts transférables, qui ont respectivement reculé de 63, 8 milliards et 60, 5 milliards, pour s’établir à 2384, 6 milliards et 4657, 5 milliards».
Au plan des finances publiques, la morosité de l’activité économique a consacré une gestion budgétaire avec «une progression modérée de la mobilisation des ressources, associée à une exécution soutenue des dépenses». La «Note trimestrielle de conjoncture» comme le «Point mensuel de conjoncture» sont unanimes sur une information capitale : «Aucun don budgétaire n’a été mobilisé à fin octobre 2024.» Ceci est la preuve que le retrait du Fmi entraîne une conséquence terrible sur nos relations avec les partenaires techniques et financiers. De plus, comment voulez-vous que des partenaires fassent confiance à un pays dont le chef du gouvernement accuse ses fonctionnaires d’avoir maquillé ses chiffres sur la dette et sur le déficit budgétaire ?
Pendant ce temps, Sonko règle ses comptes politiques
Par ailleurs, pour un pays qui s’attendait à une croissance de 7 à 8%, les documents du ministère de l’Economie projettent une évolution de 3, 7%, et 2, 8% pour le cumul des 9 mois d’activités.
Pendant ce temps, ce pouvoir n’est pas prêt pour travailler pour le bien des Sénégalais et l’avancement de ce pays. Mais il est juste concentré à régler des comptes politiques avec Barthélemy Dias, Madiambal Diagne, Adama Gaye... Ce pouvoir a pour priorité de régler des comptes, pendant que le Sénégal coule. Vengeance et maintien des clivages sont les urgences de Pastef, une formation politique qui est née et s’est entretenue par la haine jusqu’à accéder au sommet. L’histoire bégaie en effet. Après tout ce qu’on a vécu avec Macky Sall, le duo Diomaye-Sonko se débrouille encore pour ramener les mêmes mauvaises pratiques avec les mêmes armes ! Quelle est la valeur ajoutée de cette destitution du maire de Dakar pour nous le Peuple sénégalais ? En quoi cette destitution est-elle si urgente, si importante à nos yeux ? Que gagne Pastef en se rabaissant de la sorte ? La question à poser est celleci : si Dias était toujours du côté de Sonko, aurait-il le même sort ?
C’est Pastef, le parti hors la loi, qui brandit la loi aujourd’hui. Ceux qui nous parlent d’application de la loi ont en effet la mémoire courte. Ousmane Sonko et ses militants n’ont jamais accepté ni toléré les lois et règlements qui leur étaient appliqués, quitte à détruire ce pays. Donc qu’est-ce qui a changé ? C’est Pastef, qui avait hier parlé du «Préfet de Macky Sall», qui a aujourd’hui utilisé le même Préfet pour de basses besognes. En effet, la personne qui a saisi le Préfet pour destituer Barth’ est un membre de Pastef. Donc, c’est bel et bien Pastef qui est à l’origine de cette destitution, sur commande de Ousmane Sonko. Car derrière l’application de la loi, il s’agit ici de règlement de comptes et de revanche, rien d’autre. Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, et c’est une trahison de la promesse de rupture. Pastef est attendu ailleurs, sa mission sera dure et longue peut-être. Alors, il serait bien que le pouvoir se concentre sur l’essentiel et arrête ces conflits de bas étage.
Par Fadel DIA
CHANGER (ENCORE)… ET BALAYER LES TABOUS !
Faire différemment et mieux : c'est la promesse du changement. Pourtant, la RTS continue de sacraliser le pouvoir, les délégations officielles restent pléthoriques, le parti présidentiel fait main-basse sur le bureau de l'Assemblée sans majorité totale
Changer, c’est ce que promettent tous les opposants qui accèdent au pouvoir, même si tous ne promettent pas des «changements systémiques» et Abdoulaye Wade était allé assez loin puisque, selon un exégète de sa parole, «Sopi» signifie plus «Changeons» que «Changer».
Changer, selon le dictionnaire, c’est faire ou devenir autre, faire que quelque chose ou quelqu’un soit autre, mettre en place quelque chose de différent. Dans le domaine qui nous occupe ici, la gouvernance, changer ce n’est pas ne pas marcher sur les pas du gouvernement précédent, ne pas commettre les mêmes erreurs, faire différemment et mieux. C’est mener des actions à la fois d’ordre interne, dans la manière de faire, et externe, en agissant sur les objectifs recherchés, avec pour but ultime de rendre le pays plus prospère, ses habitants plus heureux, ses lois plus justes et plus humaines. « La Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur » avait écrit un des héros de 1789 et les révolutions naissent souvent du fait que ceux qui promettent le bonheur ne tiennent pas leurs engagements.
Huit mois sont passés depuis l’avènement d’un nouveau pouvoir, le président élu a déjà effectué plus du huitième de son mandat, des élections législatives anticipées ont confirmé les engagements qui l’ont porté au pouvoir, il a désormais la haute main sur les pouvoirs exécutif, législatif et même judiciaire, et il est donc légitime de lui demander de s’attaquer à des réformes dans des secteurs symboliques de notre vie politique sur lesquels ni lui ni ses opposants ne se sont guère prononcés jusqu’ici. Il s’agit de réformes dont on peut dire, en reprenant un slogan célèbre, qu’en argent au moins, elles ne coûtent rien et rapportent gros, mais qui en revanche exigent un grand courage politique, y compris celui de se rendre impopulaire.
Faire la politique de ses moyens !
Quid, par exemple, du train de vie de l’Etat ? Abdou Diouf nous avait promis un état modeste, mais la promesse n’a pas été tenue et ses successeurs ne se sont pas pressés à s’engager dans cette voie. Il ne s’agissait pourtant pas de contraindre les gouvernants à vivre chichement ni même, à proprement parler, de prôner un Etat modeste, mais tout simplement de tenir compte des moyens d’un pays qui occupe le 165e rang mondial dans le classement des nations les plus riches et dont le PIB représente moins du dixième (1/10) de la fortune personnelle d’Elon Musk. Il s’agit de réduire le nombre de démembrements des services administratifs, de rogner sur les titres, les privilèges et les avantages de toutes natures, les dimensions des cabinets, les voyages à l’étranger, les effectifs des délégations ou la durée de leurs séjours à l’étranger et les conditions de leur prise en charge et de rappeler aux élites publiques que leur fonction est un sacerdoce et non une source d’enrichissement.
En Suède - (deux fois moins peuplée que le Sénégal avec un PIB 20 fois plus élevé !) - le Premier ministre est le seul membre du gouvernement à disposer d’une voiture de fonction à temps plein, le parc automobile du Parlement se réduit à trois (3) véhicules et le seul privilège des députés est de pouvoir voyager gratuitement sur le réseau de transport public. La Suède est, il est vrai un cas particulier et il est illusoire de demander à nos élus d’imiter les siens car nous avons le complexe du paraître et ce n’est donc pas demain la veille qu’ils emprunteront les lignes du BRT ou de DDD pour se rendre à l’Assemblée Nationale. Mais rien ne nous empêche de rêver et si eux, et nos ministres, faisaient un pas pour s’aligner sur leurs collègues suédois, ce serait pour le cas un vrai « changement systémique » !
Encore faudrait-il que l’exemple vienne d’en haut puisqu’en moins de huit mois l’avion présidentiel a parcouru, en kilomètres, l’équivalent de plus de trois fois le tour de la terre et que le chef de l’Etat, qui n’a encore eu aucun contact apaisé avec les Sénégalais des profondeurs qui l’ont élu, a effectué une vingtaine de déplacements hors du territoire national, sur les quatre continents, dont trois dans un court intervalle dans une région distante de près de 8000 km du Sénégal, avec un aéropage de collaborateurs et de journalistes. Sans préjuger des retombées de ces déplacements on peut dire que leur coût, en argent et en carbone, est peu compatible avec les ressources d’un pays qu’on nous dit au bord de la faillite et notre ambition d’être un modèle en matière de sauvegarde de la nature. La perpétuation de cette frénésie des voyages est par ailleurs accompagnée d’un autre héritage de l’ancien monde : un très médiatisé pèlerinage à La Mecque.
C’est une confusion des genres car il s’agit là d’un exercice d’ordre privé qui ne devrait pas être à la charge de l’Etat et qui, au plan religieux, n’a de sens que s’il est personnellement assumé. On peut dire que nos présidents, ainsi que les centaines de personnes qui depuis plus d’un quart de siècle ont fait le tour de la Kaaba dans leur sillage et aux frais de la princesse, ont fait leur umra pour rien ! L’explication selon laquelle il ne s’agirait en fait que d’un petit détour ne tient pas puisque la distance entre la capitale saoudienne et La Mecque équivaut, approximativement, à deux fois celle qui sépare Dakar de Nouakchott !
République et religion : un tabou !
Des réformes s’imposent aussi dans la nature des relations entre les pouvoirs publics et les autorités religieuses, et pour être plus clair, avec les chefs des confréries musulmanes, sujet tabou par excellence. Mais ici il s’agit tout simplement de revenir aux fondamentaux des premières années de notre indépendance, quand il s’agissait de poser les bases de notre « commun vouloir de vie commune ».Il y a une différence de nature entre le pouvoir politique issu du vote de l’ensemble de la population et symbole de la nation dans sa globalité et les confréries religieuses qui sont l’émanation d’une portion plus ou moins importante de la communauté nationale et le modus vivendi qui gouvernait leurs rapports a perdu son équilibre quand, pour la première fois, un Président de la République s’est accroupi aux pieds d’un chef religieux. Ce n’est pas qu’il l’ait fait qui est en cause, c’est qu’il l’ait fait non pas en disciple dévoué et en toute intimité, mais ès qualité, en public et en présence des corps constitués. Un autre pas a été franchi quand l’Etat s’est érigé en maître d’œuvre et bailleur d’appoint du patrimoine immobilier des confréries qui ne manquent pourtant ni de ressources ni de disciples généreux. Nous ne prêchons pas pour une laïcité à la française, nos chefs religieux, toutes confessions confondues, méritent respect et considération, les lieux de culte et les manifestations religieuses ont droit à un soutien logistique et sécuritaire de l’Etat, mais nos dirigeants ,et surtout ceux qui prônent des changements significatifs, doivent marquer la différence entre leur engagement personnel et les symboles qu’ils représentent, demander aux dignitaires religieux des prières pour la nation et non des voix pour leur parti.
La majorité, ce n’est pas la totalité !
Changer c’est aussi cesser de croire que la persuasion n’a pas sa place dans la politique dont les seules armes seraient la carotte et le bâton. Choisir la carotte c’est laisser proliférer une plante vénéneuse, la « transhumance » dont sont devenus accros nos hommes et femmes politiques qui ne découvrent les tares de leurs amis que lorsque ceux-ci ne sont plus au pouvoir. Mais il est difficile de faire du neuf avec du vieux et les dépouilles laissées par l’ancien pouvoir s’avéreront vite plus encombrantes qu’utiles. User du bâton c’est faire mal à la démocratie, c’est ignorer que la majorité ce n’est pas la totalité, et pas seulement en politique, qu’être minoritaire ne signifie pas perdre ses droits, surtout quand on vit dans un pays aux frontières artificielles dont les habitants n’ont pas tous les mêmes convictions religieuses, ne partagent pas la même langue, appartiennent à des milieux sociaux différents et vivent dans des environnements qui varient d’un point à l’autre. C’est enfin confondre deux réalités qui ne sont pas superposables, la majorité électorale et majorité nationale et si le nouveau Président de la République a été brillamment élu, dès le premier tour, il n’a rassemblé sur son nom qu’à peine plus de 2.400.000 voix. Même en ne tenant compte que des Sénégalais qui ont l’âge et le droit de voter, on peut dire que c’est une minorité de ses compatriotes qui l’a porté au pouvoir. Cela ne met pas en cause sa légitimité, mais cela nous rappelle que la majorité, mode privilégié de la gestion démocratique, est une convention commode mais arbitraire. Quels que soient les arguments, voire les arguties, invoqués, il y a cette réalité simple et mathématique : le parti au pouvoir n’a pas 100% des députés élus à l’Assemblée Nationale, il n’est pas logique qu’il ait 100 % des postes de son bureau. La majorité ne donne pas le droit de n’en faire qu’à sa tête et en démocratie le pouvoir n’a de sens que s’il y a un contrepouvoir pour limiter ses dérives !
« Buur », c’est fini, nous sommes en République !
On attend enfin de nos jeunes dirigeants qu’ils dépoussièrent le protocole et mettent fin à la sacralisation et à la peopolisation de la fonction de président de la République comme se plaisent à le cultiver les médias d’Etat. Notre télévision nationale a changé de chef mais pas d’antienne puisqu’elle continue à penser que les activités du chef de l’Etat sont toujours l’évènement le plus important de la journée et nous sert chaque semaine, comme un refrain publicitaire, le condensé de ses faits et gestes. Celui qui occupe la maison qu’habite le Sénégal est certes le premier d’entre nous, mais il le doit à la volonté populaire, ses revenus proviennent de nos impôts, sa fonction est éminemment temporaire, le contrat que nous avons signé avec lui est un CDD et il est appelé, un jour ou l’autre, à redevenir un citoyen devant lequel on ne lèvera plus le drapeau. Cessons aussi d’affubler son épouse, ou ses épouses, du titre glamour de « Première Dame » qui est une pâle copie du protocole américain et n’a aucune existence légale chez nous, qui ouvre la porte à des charges qui échappent à tout contrôle au point que celles qui l’ont porté jusqu’ici ont laissé comme héritage des fondations éphémères qui ont sombré avec corps et biens, sans qu’on ne sache jamais d’où venaient leurs moyens. Notre tradition est en avance sur les modes occidentales et chez nous une femme mariée ne perd pas son nom, alors évitons de tomber dans le ridicule en désignant les épouses de l’actuel chef de l’Etat, puisqu’il faut bien les distinguer l’une de l’autre, par les appellations de « Première- Première Dame » et de « Deuxième Première Dame » !
LA DÉSILLUSION NATIONALE
La centrale électrique WAE, fruit d'une collaboration entre investisseurs locaux et la Senelec, incarnait l'espoir d'une souveraineté énergétique nationale. Mais les révélations d'un audit accablant et l'arrestation de Samuel Sarr mettent fin à ce rêve
Partie pour être le plus grand projet énergétique jamais réalisé entièrement par des Sénégalais, la belle histoire de la West African Energy (WAE) s'achève en queue de poisson et met une douche froide aux espérances d'une véritable success story 100 % sénégalaise.
C'était trop beau pour être vrai. Pour une des rares fois, un projet de si grande envergure a été pensé, conçu, développé et mis en œuvre essentiellement par des Sénégalais. D'ailleurs, il y a quelques mois, lors d'une visite de chantiers pour faire les derniers réglages avant l'allumage qui était prévu au mois d'octobre, le directeur général de la Senelec, Papa Toby Gaye, se réjouissait en ces termes : “C'est un projet innovant pour plusieurs raisons. Du début à la fin pour ce projet, de l'appel d'offres au financement, il n'y a pas une seule activité qui n'ait pas été faite avec les gens de Senelec. Pour tous les autres IPP, pour l'essentiel en tout cas, ce sont des investisseurs étrangers qui viennent, qui construisent leur projet et signent des contrats avec Senelec qui est simplement acheteur.”
L'autre grande innovation, selon le directeur général de la Senelec, c'est que c'est un projet qui a été entièrement porté par des investisseurs locaux. “Ce sont des investisseurs sénégalais qui ont fait toutes les démarches nécessaires pour apporter le financement, en s'associant avec la Senelec qui est le bras technique. On a su démontrer, qu'en associant nos synergies, on peut, en interne, construire et développer un projet et je pense que ça fera tache d'huile”, s'est réjoui M. Gaye, qui rappelait que depuis 1998, la Senelec fait dans la production indépendante, avec des producteurs indépendants pour la plupart étrangers. Pour la nouvelle centrale construite au Cap des biches, la Senelec est actionnaire avec d'autres investisseurs sénégalais. La Société nationale d'électricité détient, en effet, 15% des actions de la West African Energy.
Rôle de Samuel Sarr et des autres actionnaires
Ancien directeur général de la Senelec sous Wade, ancien ministre chargé de l'Energie, également sous Wade, Samuel Sarr est présenté comme le principal artisan de ce projet énergétique, l'un des plus grands entièrement portés par des investisseurs sénégalais. Il détenait 12 % des actions de la WAE. Il a su convaincre des investisseurs locaux comme Arona Dia - actionnaire majoritaire avec 33 %. Les 40 % qui restent sont répartis entre l'industriel Abdoulaye Dia de Senico, le plus grand importateur de riz Moustapha Ndiaye et Locafrique de Khadim Ba. Lors de la cérémonie de lancement de la mise en service, il y a trois mois, Malick Niass, présenté comme le directeur technique, revenait sur le rôle joué par les nationaux, mais surtout par Samuel Sarr dans la mise en œuvre de ce projet. Il disait : “Ce projet a la particularité d'être développé et financé, par des promoteurs sénégalais. Non seulement c'est la centrale la plus importante du Sénégal et de la sous-région, mais c'est la première qui a été développée entièrement par des promoteurs sénégalais. Locafrique Investment, Afrinvest géré par M. Sarr qui a vraiment conçu, développé, leadé ce projet de A à Z.’’ Monsieur Niass de souligner : “Et je tiens vraiment à insister là-dessus. Si on est là aujourd'hui, c'est grâce à lui (Samuel Sarr). Certes, on travaille avec lui, mais c'est lui le driver.” Parmi les actionnaires, informait-il, il y a aussi Citaf d’Abdoulaye Dia, Sahel Investment d’Arona Dia, Moustapha Ndiaye et la Senelec. Cette dernière, soulignait-il, joue également un rôle très important. “Non seulement parce qu'elle est actionnaire à 15 %, mais elle nous supporte aussi sur la partie technique. La Senelec est également acheteuse exclusive. Et, à terme, ils vont nous fournir en gaz”, renseignait M. Niass.
Ils ont pu mobiliser le financement estimé à 430 millions d'euros, soit environ 283 milliards F CFA.
Financé et porté par des nationaux, le projet a tout de même nécessité de contracter avec des partenaires parmi les meilleurs dans le monde. Notamment Calik Energy et l'Américain General Electric. Pour ce qui est des partenaires financiers, on cite AFC basée au Nigeria, Afreximbank basée en Égypte, ICD (Djeddah), mais aussi de Coris Bank. Sur les 1 200 employés que comptait l'entreprise lors du lancement de la mise en service, 65 à 70 % sont des locaux. “L'objectif, dans ce projet, était d'avoir le maximum de Sénégalais. Contractuellement, on a signé avec Calik que plus de 40 % pour les postes qualifiants doivent être constitués de Sénégalais et 100 % pour tous les postes non qualifiants”.
Grâce à ces compétences, le projet a réalisé des performances très rares dans le domaine. “Nous avons eu une performance remarquable. Entre la date de signature du PPA et le démarrage du cycle simple qui est imminent (c'était au mois d'aout), on a à peu près quatre ans et demi. Des projets comme ça se développent au minimum sur cinq, voire dix ans. Si tout se passe bien, début d'année prochaine, on va faire la réception du cycle combiné qui marque la fin des travaux et le début de l'exploitation. Pour le cycle simple, c'est déjà prêt au démarrage.”
À terme, cette centrale va jouer un rôle majeur dans la stratégie Gas to Power ; elle va contribuer à baisser de 40 % les couts de production de la Senelec, d'anticiper l'augmentation de la demande d'électricité, de rendre possible l'objectif de l'accès universel à l'électricité. “Le plus difficile, dans ce genre de projet, disait Malick Niass, a été de mobiliser le financement, soit 283 milliards. Nous remercions les actionnaires comme Arona Dia, Moustapha Ndiaye, Abdoulaye Dia Senico et Khadim Ba qui nous ont fait confiance. C'est eux qui ont mis leurs sous pour nous permettre de mobiliser plus de 283 milliards F CFA”.
Au début, ils étaient nombreux à être très sceptiques. Mais avec l'appui de l'État sous Macky Sall, ces Sénégalais ont pu relever l'énorme défi. Alors que la mise en service de la turbine n°2 devait avoir lieu depuis octobre, que la turbine n°1 est annoncée en début 2025, les problèmes ont surgi de nulle part entre les actionnaires. A l'origine, des soupçons graves de fraudes sur la personne du directeur général et promoteur du projet Samuel Sarr qui a été arrêté et placé sous mandat de dépôt en fin novembre 2024, pour abus de biens sociaux.
Dernièrement, le juge d'instruction du 2e cabinet au TGI de Dakar avait pris un certain nombre de mesures, dans le but d'élucider cette affaire. La première a été de désigner un expert-comptable avec des missions clairement établies. Il est chargé d'analyser les flux financiers internes de l'entreprise, de vérifier les rapports d'audits, de contrôler la conformité des procédures, de situer les responsabilités, d'examiner les conventions et flux financiers, de recenser et de suivre les flux financiers, d'identifier les anomalies, entre autres missions. L'expert a 30 jours, à compter de la réception des documents nécessaires à l'accomplissement de sa mission, pour présenter ses conclusions.
Les griefs contre Samuel Sarr
L'expert va aller plus en profondeur sur les malversations qui ont été révélées par un audit du cabinet Mazar sur la gestion de Samuel Sarr. À savoir : un transfert de trois milliards neuf cent onze millions quatre cent quatre-vingt-dix-neuf mille quatre cent trente-deux francs CFA vers la société Afrinvest SAU, contrôlée par Samuel Sarr ; des paiements cumulés de neuf cent soixante-dix millions de francs CFA et neuf cent quarante millions de francs CFA à des tiers, sans justificatifs probants, ainsi que des prélèvements en numéraires pour des montants substantiels.
Dans le cadre des investigations qui ont été menées, il a aussi été découvert “des conventions conclues par West African Energy avec des partenaires commerciaux tels que Ndar Energy et Calik Enerji Swiss AG, dont les modalités d'exécution et les flux financiers associés présentent des irrégularités nécessitant un examen approfondi et d'autres types d'anomalies.
Suffisant pour justifier l'inculpation du gérant en attendant la suite de l'affaire. “Attendu que les flux financiers identifiés incluent des montants considérables ayant transité par des circuits nationaux et internationaux, avec des bénéficiaires finaux encore non identifiés, soulevant des interrogations sur leur conformité à l'objet social de la société et aux obligations légales de transparence et de gouvernance”, le juge a jugé nécessaire de désigner un expert indépendant pour éclairer les zones d'ombre.
FRANCE-AFRIQUE, LA FIN D'UNE ILLUSION MILITAIRE
Dans une analyse qui bouscule les certitudes, Raphaël Chauvancy démontre comment la fin des bases permanentes pourrait paradoxalement renforcer l'influence française. "La France n'a pas vocation à sauver l'Afrique", estime-t-il
(SenePlus) - Dans une analyse qui bouscule les idées reçues, Raphaël Chauvancy, officier supérieur des Troupes de marine et expert à l'École de Guerre Économique, dévoile comment le retrait militaire français d'Afrique, loin d'être une défaite, pourrait marquer le début d'une nouvelle ère stratégique pour Paris.
L'histoire commence par un malentendu historique. Contrairement aux Britanniques qui avaient un projet colonial clairement défini - s'enrichir - la France s'est lancée dans l'aventure africaine "un peu par hasard", selon Chauvancy, par simple mimétisme avec Londres. Pour justifier cet "empire inutile", Paris a alors inventé une mission civilisatrice, fondée sur le "prosélytisme des valeurs" et le rayonnement culturel.
Cette différence fondamentale explique pourquoi, une fois la décolonisation achevée, la France est restée prisonnière de ses bases militaires africaines, transformées en "village Potemkine de la puissance française". Ces implantations, coûteuses mais prestigieuses, entretenaient l'illusion d'une influence globale tout en nourrissant ce que l'analyste nomme "le complexe de la tache rose", en référence à la couleur de l'empire sur les cartes coloniales.
Le mouvement actuel de retrait militaire s'inscrit dans une dynamique plus profonde que la simple montée du sentiment anti-français. Chauvancy établit un parallèle saisissant entre les aspirations africaines et européennes contemporaines : "Les implantations militaires étrangères permanentes sont désormais perçues en Afrique de la même manière que l'immigration non souhaitée en Europe. Comme une atteinte à la souveraineté, à la dignité nationale."
Cette évolution des mentalités rend obsolète l'ancien modèle de relation. Le cas du Sénégal est emblématique : "Que la démocratie sénégalaise se sente suffisamment forte et sûre d'elle pour se passer désormais d'une présence militaire étrangère est sain. N'était-ce pas le but poursuivi par la coopération bilatérale ?"
Un repositionnement stratégique majeur
Le retrait militaire français libère des ressources précieuses à un moment crucial. Chauvancy identifie plusieurs priorités stratégiques qui nécessitent l'attention de Paris : la menace russe aux frontières orientales de l'Europe, les turbulences dans le Golfe, la protection des territoires d'outre-mer et le maintien de capacités d'intervention rapide.
La présence russe en Afrique, perçue comme une menace, n'est selon l'analyste qu'une "pyramide de Ponzi stratégique" qui s'effondrera d'elle-même une fois "privée du croquemitaine français". Les partenaires africains de Moscou découvriront bientôt "à quel point ils ont été instrumentalisés" face à "une aide au développement anecdotique" et "des promesses intenables".
La France dispose d'autres atouts pour maintenir son influence : "premier investisseur en Afrique subsaharienne après la Chine", elle peut s'appuyer sur sa politique culturelle dynamique, ses réseaux économiques et ses diasporas. L'avenir s'écrirait désormais en termes de partenariats plutôt que de présence militaire.
"Les Français n'ont pas vocation à sauver le monde ou l'Afrique mais à participer à la création de richesses et à la sécurité collective", conclut Chauvancy. Cette nouvelle approche, plus pragmatique, permettrait à la France de se libérer d'une position "relativement confortable mais coûteuse" pour développer des relations plus équilibrées, fondées sur des intérêts communs plutôt que sur les fantômes du passé colonial.
Cette analyse révèle comment un apparent revers peut se transformer en opportunité stratégique majeure, à condition d'accepter de tourner la page d'une histoire devenue anachronique. Une leçon de réalisme politique qui pourrait bien redéfinir l'avenir des relations franco-africaines.
L'HEURE DU BILAN ET DES PROJECTIONS
L’hivernage 2024 a été particulièrement éprouvant pour le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ainsi que ses services. De nombreuses localités du pays ont été frappées par des inondations, causant des dégâts considérables aux habitations...
L’hivernage 2024 a été particulièrement éprouvant pour le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement ainsi que ses services. De nombreuses localités du pays ont été frappées par des inondations, causant des dégâts considérables aux habitations et aux récoltes, et affectant des centaines de sinistrés.
Au moment du bilan, le ministre Cheikh Tidiane Dieye a partagé son analyse de la gestion de la crise. Selon lui, « l’approche adoptée a permis de soulager les populations comme annoncé, bien que tout ne puisse être résolu immédiatement ». Il a ajouté que chaque fois qu’un problème se pose, « l’État est présent pour intervenir ». C’est ainsi qu’il a été sur le terrain plus de 20 fois au cours des trois mois d’hivernage, témoignant de sa volonté de rester proche des citoyens.
Le ministre insiste sur sa volonté de poursuivre cette approche proactive. Il se projette au-delà de 2025 en intégrant les enjeux liés aux phénomènes météorologiques et aux changements climatiques, dans le cadre de la Vision 2050. Cette vision vise une transformation systémique et une gestion plus durable des hivernages, avec l’objectif de considérer les défis climatiques sur le long terme. « Pour l’avenir, nous devons repenser la gestion des inondations, en tenant compte des évolutions climatiques », affirme-t-il.
Pour les cinq prochaines années et au-delà, Cheikh Tidiane Dieye envisage une gestion intégrée, impliquant toutes les structures de l’État. Il met l’accent sur l’importance de la mobilisation nationale, et notamment l’engagement citoyen, en réponse aux appels du chef de l’État.
En attendant, des études sont en cours pour explorer le traitement et la réutilisation des eaux issues des inondations dans le secteur agricole, une initiative qui pourrait s’avérer cruciale pour l’avenir.
LE SENEGAL PREPARE UN PLAN PLURIANNUEL DE GESTION DES INONDATIONS
Le nouveau référentiel de gestion des inondations en gestation devra être élaboré et exécuté en conformité avec la vision et les principes du référentiel Sénégal 2050.
Le nouveau référentiel de gestion des inondations en gestation devra être élaboré et exécuté en conformité avec la vision et les principes du référentiel Sénégal 2050. C’est-à-dire, partir d’une planification fondée sur l’efficience, l’innovation, la durabilité, la redevabilité et la culture du réultat,s selon le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement.
Réuni ce jeudi à Dakar, le Comité national de Gestion des Inondations (CNGI), présidé par le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dieye, a dressé le bilan de l’hivernage 2024 et esquissé les grandes lignes des projets et travaux d’assainissement prévus pour les années à venir.
Dans son discours introductif, le ministre a notamment rappelé l’ampleur des défis rencontrés durant l’hivernage de cette année. « Avec des pluies exceptionnelles atteignant 100 mm et des crues dévastatrices, nous avons fait face à des dégâts importants dans plusieurs localités, notamment Bakel, Kédougou, et Saint-Louis », a-t-il déclaré.
Outre les pertes matérielles, les inondations ont engendré des perturbations dans les services de base tels que l’eau et l’électricité, ainsi que des entraves à la mobilité. Dans ce contexte, des mesures d’urgence, comme la distribution de vivres et la lutte contre les maladies hydriques, ont été mises en œuvre.
Selon M. Dièye, ces intempéries ont conduit le gouvernement à mobiliser 8 milliards de FCFA pour soutenir les populations sinistrées.
Le ministre a salué le succès de l’initiative « Sétal sunu réew (assainir notre pays, en langue wolof) », qui a mobilisé, d’après lui, près de 41 000 citoyens dans tout le pays. Cette opération a permis de curer plus de 50 000 mètres de réseaux d’assainissement et d’embellir 550 lieux publics. « Grâce à cet élan citoyen, nous avons constaté une atténuation des inondations dans plusieurs zones », a-t-il soutenu.
Vers une nouvelle stratégie pour 2025-2029
En se projetant sur les prochaines années, le CNGI a mis en avant l’importance d’une gestion des inondations plus résiliente et durable. Parmi les recommandations phares, le ministre a souligné la nécessité d’« élaborer une stratégie nationale intégrant les défis climatiques, les financements innovants et l’implication des communautés de base. »
Le plan d’action élaboré par le Comité national de Gestion des Inondations (CNGI) s’articule autour de plusieurs axes stratégiques destinés à renforcer la résilience face aux inondations. Il prévoit notamment la construction de digues pour protéger les zones habitables et le recasement des populations vivant dans des zones à risque.
Une révision des textes régissant le CNGI est également envisagée afin de renforcer ses prérogatives en matière de coordination et de mutualisation des efforts. Par ailleurs, une attention particulière sera portée à l’amélioration des systèmes de prévision climatique et à la cartographie des zones inondables, outils essentiels pour anticiper les crises et mieux protéger les populations.
Enfin, le plan mise sur la promotion de l’économie circulaire à travers la valorisation des eaux pluviales, qui pourraient être utilisées notamment pour l’irrigation agricole, contribuant ainsi à une gestion plus durable et innovante des ressources hydriques.
Le ministre a insisté sur la nécessité de coordonner ces efforts avec le référentiel Sénégal 2050. Ce cadre stratégique met l’accent sur une planification basée sur l’efficience, l’innovation et la durabilité. « Nous devons changer nos comportements et investir dans des stratégies qui anticipent les défis du changement climatique », a-t-il plaidé.
Cheikh Tidiane Dièye a tenu à féliciter l’ensemble des acteurs impliqués, qu’il s’agisse des structures opérationnelles, des collectivités locales ou des citoyens. « Grâce à cette collaboration, nous avons pu réduire la vulnérabilité des populations et poser les bases d’une gestion plus efficace des inondations », a-t-il conclu.
LA BOMBE DE LA DETTE DIVISE L'EXÉCUTIF
Le Premier ministre Sonko a fait trembler les marchés financiers en révélant l'ampleur réelle de la dette de son pays. Cette sortie médiatique, qui dénonce les "mensonges" de l'ancien régime, n'était pourtant pas souhaitée par le président Diomaye
(SenePlus) - Dans sa rubrique "Confidentiels", Jeune Afrique (JA) révèle les divergences stratégiques entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sur la gestion de la dette nationale, un dossier qui fragilise désormais les relations du pays avec ses partenaires financiers.
La bombe a été lâchée le 26 septembre dernier à Dakar. Lors d'une conférence de presse marathon, Ousmane Sonko, accompagné de son ministre de l'Économie Abdourahmane Sarr, a dressé un réquisitoire sans concession contre l'ancien pouvoir. "Le régime de Macky Sall a menti au peuple, a menti aux partenaires, a tripatouillé les chiffres", a-t-il assené, dénonçant selon une situation financière "catastrophique" marquée par des "détournements en masse des deniers publics".
Les chiffres avancés concernent un déficit budgétaire moyen de 10,4% sur la période 2019-2023, presque deux fois supérieur aux 5,5% officiellement annoncés. Quant à la dette publique, elle atteindrait 83,7% du PIB, bien au-delà des 76,3% déclarés.
Une initiative contestée en interne
Mais cette sortie médiatique fracassante n'aurait pas fait l'unanimité au sein de l'exécutif. D'après Jeune Afrique, le président Diomaye Faye et son ministre des Finances Cheikh Diba, alors en déplacement à New York, étaient opposés à la médiatisation de ces informations. Le chef de l'État, rapporte le magazine panafricain, "était bien conscient que ces informations étaient de nature à inquiéter les investisseurs et à compliquer les relations de son pays avec le Fonds monétaire international".
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Le 4 octobre, l'agence Moody's a dégradé la note souveraine du Sénégal de Ba3 à B1, qualifiant désormais le profil de crédit du pays de "spéculatif" présentant un "risque très élevé" pour les investisseurs.
Un calcul politique ?
L'offensive de Sonko pourrait s'expliquer par le calendrier électoral. En effet, ses révélations sont intervenues à deux semaines des législatives anticipées du 17 novembre, un scrutin qui a vu le parti présidentiel Pastef rafler 130 sièges sur 165. "Le gain politique semble certain", note Jeune Afrique, même si ces accusations "dont on attend encore la certification des chiffres par la Cour des comptes" ont fragilisé l'économie nationale.
Un proche du président, cité par JA, défend néanmoins cette stratégie : "Il n'était pas question d'engager un nouveau cycle d'endettement avec des chiffres falsifiés [...] il était important de mentionner le bon chiffre de la dette en amont".
Face à cette situation délicate, le président Diomaye Faye tente de rassurer les partenaires internationaux. Début décembre, il a effectué une tournée dans les pays du Golfe, notamment aux Émirats arabes unis et au Qatar. Le 8 décembre, il a même rencontré Karim Wade, figure controversée de la politique sénégalaise exilé au Qatar depuis 2016, dont le "solide carnet d'adresses dans les Émirats" pourrait s'avérer précieux pour le pays.
Cette affaire met en lumière les défis auxquels fait face la nouvelle administration sénégalaise, tiraillée entre ses promesses de transparence et la nécessité de préserver la confiance des marchés financiers.
LAT DIOP RESTE INCULPÉ, LA CHAMBRE D’ACCUSATION REJETTE LES REQUÊTES
La chambre d’accusation a refusé d’annuler la procédure et de lever le gel des comptes de l’ancien ministre, poursuivi pour détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux.
La procédure initiée par le pool judiciaire financier contre l’ancien ministre des Sports et ex directeur général de la Lonase va se poursuivre. En effet, la chambre d’accusation de la juridiction a rejeté la demande d’annulation de la procédure de même que la mainlevée sur les comptes de l’inculpé.
Les avocats veulent l’annulation de la procédure. Ils estiment qu’il y a violation des droits de la défense puisque Lat Diop a été » retenu pendant 17heures de manière arbitraire » après l’expiration de la durée de sa garde-à-vue.
Les conseils jugent également que le détournement de deniers publics ne peut pas être retenu contre leur client en l’absence de rapport d’audit et de plainte de la Lonase. La défense a formulé une autre requête portant mainlevée sur les comptes de l’inculpé. Selon nos sources, le parquet général s’est opposé aux deux requêtes et la chambre les a rejetées.
Avec ce rejet, l’instruction va se poursuivre et Lat Diop reste en prison pour le moment. L’ancien ministre a été placé sous mandat de dépôt le 27 septembre pour des faits présumés de détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux. Le montant du préjudice est estimé à 8 milliards de FCFA.
KAOLACK, SEPT CAMIONS D’ARACHIDE SAISIS POUR FRAUDE
Le service régional du commerce a les a interceptés pour manœuvres frauduleuses et non-respect du prix plancher fixé à 305 francs CFA. Des sanctions judiciaires sont prévues, tandis que les autorités intensifient les contrôles pour garantir la conformité.
Kaolack, 13 déc (APS) – Le service régional du commerce de Kaolack (centre) a saisi sept camions transportant des graines d’arachide pour ‘’manœuvres frauduleuses’’ et non-respect du prix plancher fixé par le gouvernement, a appris l’APS de son chef, le commissaire aux enquêtes économiques Adama Mouhamed Mbaye.
‘’Au total, sept camions, dont deux au niveau de l’usine de la SONACOS [Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal] de Lyndiane, quatre à Guinguinéo et un sur les axes routiers, ont été saisis pour manœuvres frauduleuses et mauvaise qualité de graines’’, a-t-il notamment déclaré.
Il a également signalé que 46 bascules ont également été saisies dans le cadre d’activités de transaction illicite.
Il a annoncé des sanctions judiciaires contre les contrevenants et a exhorté les agriculteurs et les opérateurs à collaborer avec les services compétents de l’Etat.
Il a informé que des opérations de contrôle ont été initiées sur l’étendue du territoire régional, en collaboration avec les autorités administratives, notamment le gouverneur, les préfets, les sous-préfets et les forces de défense et de sécurité.
Il s’agit de contrôler le ‘’respect strict’’ du prix plancher du kilogramme d’arachide, fixé à 305 francs CFA.
‘’Cela nous a permis, à ce jour, de décerner dix convocations à Porokhane, deux à Nioro du Rip, autant à Ndramé Escale, cinq à Kaolack et vingt-et-une dans le département de Guinguinéo’’, a précisé Adama Mouhamed Mbaye. Il parle de ‘’résultats probants’’ obtenus dans la traque des opérateurs véreux.
Cette traque contre les contrevenants va se poursuivre, a-t-il promis. Il a appelé les populations, particulièrement les producteurs, à collaborer avec ses services pour leur permettre de débusquer les fraudeurs.
BARTH PERD AUSSI DAKAR
Le Préfet vient de déclarer Barthélémy Dias "démissionnaire" de son poste de conseiller municipal, s'appuyant sur sa condamnation définitive confirmée par la Cour suprême dans l'affaire Ndiaga Diouf, ouvrant la voie à son éviction de la mairie
Par décision administrative rendue officielle ce vendredi 13 décembre 2024, le Préfét de Dakar, Mamadou Lamine Ngom, déclare « démissionnaire » Monsieur Barthélémy Toye Dias de son poste de conseiller municipal à la Ville de Dakar.
Cette décision annoncé via un communiqué par le Préfet du département de Dakar est prise conformément aux articles L.29, L.30 et L.277 du Code électoral.
Tout est parti d’une lettre de Bayna Guèye
Cette mesure intervient suite à une demande déposée par Bayna Gueye, un électeur de la commune de Mermoz-Sacré Cœur. La demande, s’appuie sur une « condamnation de Monsieur Dias par le Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar, enregistrée sous la décision n°219 en date du 16 février 2017, et confirmée par arrêt n°535 du 21 septembre 2022 de la Cour d’Appel de Dakar« . Le pourvoi contre cet arrêt ayant été rejeté par la Cour suprême par sa décision n°76 du 22 décembre 2023, l’inéligibilité de Monsieur Dias est devenue « irrévocable« , indique le communiqué du Préfét.
Conformément aux dispositions légales en vigueur, la tête de liste de Sam Kaddu lors des dernières législatives est donc démis de son mandat à compter de la notification de ce communiqué. Le document a également été transmis aux autorités compétentes pour information, notamment le ministère de l’Intérieur, la Mairie de Dakar, et le Commissaire central, afin de veiller à l’exécution de la décision.
Barthélémy Dias a déchargé la notification
Barthélémy Dias a reçu ce vendredi 13 décembre, un procès-verbal de notification établi par Ismaïla Goudiaby, Commissaire de Police et Chef de la Sûreté Urbaine de Dakar. Le document publié à cet effet, certifie que Barthélémy Toye Dias, domicilié à Sicap Baobab, a été officiellement notifié de sa démission du mandat de conseiller municipal de la Ville de Dakar. Après la perte de son poste de député, Barthélémy Dias devrait perdre la mairie de Dakar.
En effet, cette procédure enclenchée par le Préfét de Dakar, devrait aboutir à terme, a sa destitution de Barthélémy Dias de la mairie de Dakar où Il était en fonction depuis le 17 février 2022.