SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 avril 2025
Société
TERRAIN NIARY TALLY, UNE COMPOSANTE DU PROJET «VILLES VERTES» A L’ECHEC
Bancs publics délabrés, épaves de véhicules abandonnées, dépotoirs sauvages d’ordures, occupations anarchiques…Telle est la situation actuelle. Un après-midi à Niary Tally
Quelques années seulement après leur aménagement par l’ancien régime du président Macky Sall, dans le cadre de la promotion du cadre de vie dans toutes les villes du Sénégal, notamment avec le Projet «Villes vertes», dont la première phase concernait dix (10) chantiers d’aménagement paysager à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, les espaces verts publics du terrain de Niary Tally sont aujourd’hui à l’abandon.
Un après-midi à Niary Tally. Le soleil darde ardemment ses rayons sur le quartier populeux de la banlieue proche de Dakar ; mais la sensation de forte chaleur n’est pas au rendez-vous. Sur les deux voies de Niary Tally, l’ambiance est celle d’un lieu abandonné. Les ronronnements de moteurs et klaxons de voitures d’automobilistes impatients, sur une route abîmée, les cris des enfants jouant sur des terrains vagues parsemés de détritus, les échanges parfois «tendus» des joueurs de dame perturbent la quiétude des lieux.
Entre épaves abandonnées de voitures et autres cyclomoteurs, ordures ménagères et autres déchets solides, occupations irrégulières et anarchiques par des artisans (mécaniciens - de motos -, menuisiers…), et parkings irréguliers, etc. et des femmesmendiantes assises au sol sur les trottoirs et tendant la main à des passants, dans l’espoir de recueillir quelques pièces, des blancs publics délabrés et cassés ou envahis de détritus, cet espace n’offre plus de commodités aux usagers.
Les rares habitants qui osent encore le fréquenter, pour s’asseoir sur ces bancs publics, sont obligés de les nettoies des déchets et poussière, ou y posent des feuilles ; ou, au mieux, certains apportent (avec eux) des nattes qu’ils étalent à même le sol pour s’assoir. Du fait de l’état de délabrement et du défaut d’entretien de l’espace public. Quid des terrains, rues en mauvais état et de l’absence d’infrastructures sociaux et culturelles de base ? Bref, les espaces publics de Niary Tally ne répondent plus ni aux normes d’urbanisme, ni aux besoins des habitants.
LA FACE HIDEUSE DES ESPACES PUBLICS NIARY TALLY
Pourtant, il y a quelques années seulement, le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, sous la houlette du ministre Diène Farba Sarr, dans le cadre de l’exécution de sa mission de promotion du cadre de vie dans toutes les villes du Sénégal, notamment avec le Projet «Villes vertes», a lancé une première génération de dix (10) chantiers d’aménagement paysager à Dakar, Pikine, Guédiawaye et Rufisque, à partir de 2015. Et l’espace compris entre les deux voies de Niary Tally, allant du rond-point Jet d’Eau au rond-point Zone B (Bopp), éligible à ce projet, a été aménagé par le gouvernement, pour offrir un cadre de vie meilleur aux populations locales
Mais, environ quatre ans seulement après sa réception, cet espace se meurt déjà, faute d’entretien. Non seulement les populations pour qui il est embelli ne se le sont pas appropriées, en maintenant l’espace propre et attrayant, mais les autorités notamment locales semblent briller par leur absence.
Ce que regrette M. Waly. «J’aime cet endroit parce qu’il est très apaisant. Mais, je suis déçu par ce qu’il est devenu aujourd’hui. Tu vois, je suis assis au sol, sur ma natte ; tout est devenu très détériorés et insalubre».
Constat similaire chez Fatoumata, vendeuse ambulante, qui cache mal sa déception, après tant d’investissement. «Parfois, je viens m’assois ici, sur un banc, après une longue journée. Mais souvent les supports ne sont plus solides. Et quand je vois des gens s’y appuyer, je crains qu’ils ne tombent.»
LA SANTE PUBLIQUE MENACEE
Il n’y pas que l’espace qui dérange plus d’un. Censées offrir une solution pratique d’environnement salubre aux habitants et commerçants, les toilettes publiques aménagées de Niary Tally sont aujourd’hui dans un état «catastrophique». Les portes sont endommagées, les sanitaires bouchés et l’odeur est insupportable.
Amina, mère de famille, témoigne : «les toilettes sont inutilisables ; je préfère rentrer chez moi, même si c’est loin, plutôt que de risquer d’attraper une maladie. Mais, les commerçants ou les enfants qui jouent ici, n’ont aucune autre solution». Et comme si cela ne suffisait pas, les déchets qui jonchent les espaces publics, le péril plastique, des canettes vidées de leurs contenus et autres détritus ménagers s’entassent partout ou presque, attirant les mouches et dégageant une odeur nauséabonde.
Madame Amy, une habitante, décrit la situation : «chaque soir, à la descente, je passe par ici et je vois des déchets partout. Même quand on essaie de nettoyer un peu, d’autres viennent y déposer leurs ordures ; cela devient nuisible, ils auraient dû penser aux bacs à ordures publics.» Ces déchets ne sont pas seulement une nuisance visuelle mais affectent aussi la santé des habitants, se plaignent les riverains.
LES PORTAILS ROUILLES, UN DANGER POUR LES ENFANTS
Certains espaces publics de Niary Tally sont délimités par des portails en métal. Mais, ces ouvertures, à l’abandon, constituent des menaces potentielles pour les usagers de ces espaces. Très rouillés, fragiles et souvent délogés de leurs charnières, ils représentent un réel danger, surtout pour les enfants.
M. Hamed, chauffeur de taxi, père de famille partage sa mésaventure. «Mon fils jouait près du portail, l’autre jour, quand une partie s’est détachée. Heureusement, il n’a rien ; mais cela aurait pu être grave. Ces portails ne tiennent plus debout et sont une menace constante». M. Abdoul rajoute : «ces lieux sont censés être des espaces sécurisés pour tous et favoriser la cohésion sociale. Je ne suis qu’un passant ; mais souvent, je joue au damier ici, avec mon frère. Que l’Etat prenne ses responsabilités, porte ses lieux à cœur, car ils favorisent le vivre ensemble»
Par ces voix, les habitants de Niary Tally souhaitent vivement la réhabilitation des espaces publics.
CHEIKH TIDIANE DIEYE RESILIE DES CONTRATS D’ENTREPRISES DEFAILLANTES…
Face à l’urgence sanitaire et aux enjeux de l’assainissement dans des régions comme Fatick, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement n’a pas hésité à sévir
Le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dièye, a marqué un tournant décisif, le samedi 14 décembre 2024, lors de la célébration de la Journée mondiale des toilettes à Colobane, région de Fatick. Dans un discours ferme et attendu, il a annoncé la résiliation des contrats signés avec des entreprises jugées défaillantes dans la mise en œuvre de projets d’assainissement, dénonçant des lenteurs inacceptables qui freinent l'accès des populations à des infrastructures sanitaires dignes.
Face à l’urgence sanitaire et aux enjeux de l’assainissement dans des régions comme Fatick, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement n’a pas hésité à sévir. «Il m'est arrivé de demander à mes services la résiliation pure et simple de contrats confiés à des entreprises défaillantes, incapables de respecter leurs engagements. Ces lenteurs inacceptables sont incompatibles avec l'importance que j'accorde à l'accès à des toilettes décentes», at-il déclaré avec fermeté.
Cette décision vise à accélérer les projets retardés et à rétablir la confiance des communautés affectées par le manque de progrès dans l’assainissement individuel.
…ET ENGAGE DES REFORMES AMBITIEUSES
En parallèle, Dr Cheikh Tidiane Dièye a dévoilé une série de réformes destinées à renforcer les capacités des structures publiques et à mobiliser des financements pour l’assainissement. Parmi les mesures phares : La construction de 150.000 latrines et 700 édicules publics sensibles au genre et à l’hygiène menstruelle d’ici 2029 ; Une meilleure coordination entre la Direction de l’Assainissement et l’ONAS (Office National de l'Assainissement du Sénégal) pour garantir l’exécution efficace des projets ; L’intégration de l’assainissement comme priorité nationale dans l’agenda «Sénégal 2050», sous la supervision du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko. «Ces initiatives ne se limiteront pas à des actions ponctuelles, mais viseront des solutions pérennes pour améliorer durablement la qualité de vie des citoyens», a affirmé le ministre.
Malgré les défis persistants, le ministre a souligné les avancées réalisées à Colobane et dans d'autres localités. Plusieurs ouvrages d’assainissement individuel ont été mis en place, améliorant les conditions de vie de nombreuses familles. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. À Fatick, environ 15% de la population pratique encore la défécation à l’air libre, un chiffre supérieur à la moyenne nationale.
Le ministre a rappelé l’Objectif de développement durable 6.2 qui vise à mettre fin à cette pratique d’ici 2030. «Il est impératif de renforcer nos efforts pour garantir à chaque citoyen un accès équitable à des infrastructures sanitaires sûres, en particulier pour les femmes, les jeunes filles et les personnes vivant avec un handicap», a-t-il déclaré.
Lors de la cérémonie, le maire de Colobane, Dame Ndiaye, a salué la détermination du ministre et renouvelé l’engagement des autorités locales à soutenir ces réformes. «Nous accompagnerons ces projets en sensibilisant nos populations à l’entretien des infrastructures et en mobilisant des partenaires pour produire localement des détergents et désinfectants», a-t-il affirmé. Le maire a également rappelé les efforts déployés, depuis 2018, pour améliorer l’assainissement rural dans les écoles de la commune, avec l’appui des programmes étatiques.
ACCES A L’ASSAINISSEMENT : LE DEFI DE RESORBER LES DISPARITES ENTRE LES MILIEUX URBAINS (71%) ET RURAUX (52,6%)
Au-delà des infrastructures, Cheikh Tidiane Dièye a insisté sur la nécessité de former et de sensibiliser les populations. «Les infrastructures seules ne suffisent pas. Nous devons changer les comportements pour promouvoir l’hygiène et garantir une utilisation optimale des installations», a-t-il souligné. Les chiffres mondiaux restent préoccupants. Selon l’OMS et l’UNICEF, 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’hygiène de base, et parmi elles, 653 millions ne disposent d’aucun service sanitaire. Au Sénégal, bien que le taux d'accès global atteigne 61,2%, les disparités entre les milieux urbains (71%) et ruraux (52,6%) persistent, avec des défis majeurs dans des régions comme Fatick.
La résiliation des contrats défaillants, combinée aux réformes ambitieuses et aux progrès déjà réalisés, illustre l’engagement du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement à relever les défis de l’assainissement au Sénégal. Sous le leadership de Dr Cheikh Tidiane Dièye, l'État s'est engagé à ne ménager aucun effort pour garantir un environnement sain et digne à tous ses citoyens.
PAR Ndiaga Sylla
L'INADÉQUATION DES TEXTES À PROPOS DE LA RÉVOCATION DU MAIRE
La confusion entre les différents articles du Code électoral et du Code général des Collectivités territoriales soulève des questions cruciales sur la légalité de la procédure. Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance
L.article L.277 du Code électoral énonce les conditions d’inéligibilité et d'incompatibilité. Or les cas d’inéligibilité aux élections municipales sont évoqués aux articles L.271 à L.276.
La vérité est que cette disposition du Code électoral est inadaptée et son contenu équivoque.
En effet, il fallait préciser la notification en question et le caractère suspensif du recours.Toufois, il ne serait pas judicieux de dire que la décision de déclarer le conseiller municipal démissionnaire "devient immédiatement exécutoire", c'est omettre de prendre en considération le reste de la disposition L.277, al 1er : "... SAUF RECOURS DEVANT LA COUR D'APPEL DANS LES 10 JOURS DE LA NOTIFICATION".
De plus, l'article L.272, qui n'a pas été visé par l'autorité administrative, concerne l'électeur privé du droit électoral.
Il convient de souligner que l'article L.29 du code électoral n'est pas relatif à l’inéligibilité. C'est une condition d'inscription sur les listes électorales.
À noter que la décision instituant une déchéance électorale et la peine prononcée contre le maire de Dakar, Barthélémy Diaz, a été déjà purgée en vertu de L.29 nouveau.
Retenons ici et maintenant qu'il n'y a pas lieu d'invoquer l'article L.30 Code électoral dès lors qu'il ne saurait être visé dans ce cas précis.
L’article 135 du Code général des Collectivités territoriales (CGCT) ne saurait s'appliquer à Monsieur Dias qui est condamné pour délit et non pour crime. Et à l'article 140, l'énumération bien que non exhaustive ne vise pas son cas.
A présent, je pose ces pistes de réflexion :
1. Est-ce que l'élection du maire au suffrage universel ne ferait pas obstacle à l'exécution de L.277 ?
2. Ne faudrait-il pas se référer aux CGCT (art. 135 et 140) ?
3. A titre principal, l'expiration/exécution de la peine prévue à L.29 dernier alinéa ne devrait-elle pas être décomptée à partir du prononcé de la peine en première instance confirmé en appel ?
Rien ne justifie la violence utilisée et l’inélégance. Même démis, le maire est tenu de passer service... Dès lors, vouloir le chasser, comme cela a été fait, lui donnerait-il le droit de refuser de passer le témoin à son successeur.
Enfin, je persiste et signe que l'article 61 de la Constitution sur lequel se fonde le brillant ministre de la Justice et repris par l'article 51 du RIAN ne précise pas la procédure de radiation d'un député... Pourtant celle-ci est régie par les articles LO.162 et LO.198 du Code électoral.
Ndiaga Sylla est expert électoral.
Référence :
Article 61 Constitution : "Le membre de l’Assemblée nationale qui fait l’objet d’une condamnation pénale définitive est radié de la liste des parlementaires sur demande du ministre de la Justice."
de la déchéance du mandat de député : art lo.162 du Code électoral : "Sera déchu de son mandat de député celui dont l’inéligibilité se révélera après la proclamation des résultats et l’expiration du délai de recours, ou qui, pendant son mandat, se trouvera dans un cas d’inéligibilté prévu par le présent Code".
LO.198 : "La déchéance prévue par l’article LO.162 du présent code est constatée par le Conseil Constitutionnel à la requête du bureau de l’Assemblée nationale, d'un groupe de députés, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale ou du président de la République.
En outre, en cas de condamnation définitive postérieure à l’élection, la déchéance est constatée dans les même formes, à la requête du ministère public".
Art l.29 Code électoral, avant dernier alinéa : "Cette interdiction d'inscription sur les listes électorales ne concerne que ceux qui sont condamnés pour crimes,trafic de stupéfiants et pour les infractions portant sur les deniers publics à l’exception des cas prévus à l’article L.28-3 du Code électoral".
Art l.29 Code électoral, dernier alinéa : "Pour les autres infractions, cette interdiction est de cinq (5) ans après l’expiration de la durée de la peine prononcée".
par Patrick Chamoiseau
FAITES SORTIR LES ELFES !
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui, nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous pouvons imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté
Allocution de Patrick Chamoiseau lors de la réception du Prix de l’excellence à vie au Center For Fiction de New York, le 10 décembre 2024.
L’écrivain islandais Thor Vilhjálmsson, me raconta un jour cette très belle histoire. Il admirait beaucoup l’écrivain français Michel Butor, grand partisan du Nouveau Roman. Ce mouvement littéraire avait réussi à élargir les limites de la fiction romanesque, à une époque où celle-ci paraissait ne plus rien comprendre à la complexité du monde.
Thor Vilhjálmsson appela Butor pour l’inviter à donner une conférence dans son petit pays de rochers, de glaciers, de geysers et de volcans. Quand Vilhjálmsson eut Butor au bout du fil, il lui formula l’invitation la plus chaleureuse qui soit. Michel Butor l’écouta poliment mais, peu enclin à voyager vers cette île de mousse grise, il lui bredouilla les excuses que les écrivains utilisent pour échapper à une invitation... Qu’il avait du travail... Qu’il était fatigué... Que les voyages en avion ne lui convenaient pas... et-cætera, et-cætera.
Mais, Thor n’était pas homme à se décourager. Comme il était lui-même un grand romancier, un fils béni de l’art de conter, il eut soudain l’idée qui allait tout changer. Sur un ton mystérieux, il expliqua à Butor que si l’Islande n’était qu’une île de glace et de cailloux, elle détenait malgré tout une vertu extraordinaire qu’il fallait voir absolument. Intrigué, Michel Butor lui demanda : Laquelle ? Nous sommes environ 400 000 habitants, poursuivit Vilhjálmsson, mais la nuit, notre population double pour s’élever à plus de 800 000 âmes !
— Ah bon ? Et ... pourquoi ? s’étrangla Butor.
— C’est parce que la nuit, murmura Vilhjálmsson, les elfes sortent des rochers et viennent vivre parmi nous !
— J’arrive tout de suite ! lui répondit Butor.
Cette petite histoire illustre à merveille l’importance que nous devons accorder à la fiction narrative. Qu’elle passe par la littérature ou par d’autres formes d’expression artistique, son rôle est d’enchanter les ombres qui nous entourent, de faire jaillir des roches et des glaciers, toutes sortes d’éclats et de merveilles. Avant de conquérir la planète, homo sapiens l’avait d’abord imaginée. Plutôt que de se limiter à une vision utilitaire ou prosaïque, il l’avait enveloppée de ses propres narrations. Ce faisant, avant même de peupler une quelconque géographie, il a de tous temps habité son propre imaginaire. Malgré le bruit et la fureur, l’être humain a toujours su rendre la terre désirable en y projetant de grands enchantements. Homo-sapiens est, par essence, un créateur de mondes. Il a su accompagner ses souffrances, ses résistances, ses pensées, ses fondations, de tous les fastes qui remplissaient ses imaginations. C’est au cœur de ses propres utopies narratives qu’il a trouvé moyen d’inventer des chemins, de dégager des solutions, de gravir les montagnes ou de franchir les océans.
Face à l’inquiétant paysage d’aujourd’hui – l’effondrement du vivant, les désordres climatiques, les reculs de la démocratie, les spectres du fascisme, du racisme, de la haine et de la division – nous avons besoin, plus que jamais, des puissances de la narration. Nous devons, nous pouvons, imaginer un autre monde, inspiré par ce que la fiction peut nous apprendre de la danse des lucioles et des visites de la Beauté. Nous avons l’obligation de deviner en nous la vie que nous voulons, de rêver ses contours, et de retrouver, dans cette nuit qui menace, la haute capacité à faire sortir les elfes !
C’est avec le sentiment de cette urgence, et de cette certitude, que je me sens proche de ceux qui m’ont précédé ici : Toni Morrison, Kazuo Ishiguro, Wole Soyinka, Salman Rushdie. Nous avons besoin d’eux, et leurs livres font partie de nos armes pacifiques les plus miraculeuses.
Je pense aussi à ceux qui peuplent mon écriture de leurs présences magiques : à William Faulkner, à Gabriel Garcia Márquez, à Aimé Césaire, à Édouard Glissant, à Frantz Fanon, à Saint-John Perse, à René Char, à Victor Segalen, à James Baldwin, à Zora Neale Hurston... et à tant d’autres !... Je sais que l’on n’écrit pas pour recevoir des distinctions, mais cela fait toujours plaisir de se voir offrir les signes de l’amitié. Des soirées comme celle-ci honorent avant toute chose, les paysages, jusqu’ici invaincus, de nos littératures.
C’est d’abord en leur nom que je vous dis merci !
Merci au Center for Fiction.
Merci à ceux qui le soutiennent et à vous tous qui êtes ici !
Merci à M. Errol Mac Donald pour son amicale fidélité, et merci à tous ceux qui travaillent pour que la lecture se développe, que la poésie vive et que le livre circule.
Et maintenant : libérez les lucioles et faites sortir les elfes !
par Abdoul Aziz Diop
LE BUDGET NON ANTISYSTÈME DES PERCEPTEURS FAYE ET SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec un déficit de 7,09% et une baisse globale de 8,68%, la LFI 2025 peine à incarner la rupture annoncée. Les institutions critiquées conservent leurs moyens tandis que la décentralisation fiscale promise reste lettre morte
Le charme du régime de séparation des pouvoirs qu’est la démocratie n’est pas seulement de permettre à une opposition, dite antisystème, d’arriver au pouvoir. Plus charmante encore est la sentence à laquelle s’expose l’antisystème, devenu majoritaire, lorsque commencent les choses sérieuses dont la principale est le budget annuel de l’État, premier du genre pour le duo que forment les percepteurs Bassirou D.D. Faye et Ousmane Sonko. Ce dernier nous facilite l’instruction à charge à laquelle est consacrée la tribune dont le contenu, adossé au réel, est tiré du rapprochement de ce que nous savons du budget initial 2025 avec les plus récentes caprices des amis Ousmane Sonko, premier ministre, et Moussa Bala Fofana, ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires.
Déficit et boulimie d’un trio
Peu avant les élections locales du 23 janvier 2022, Moussa Bala Fofana et Ousmane Sonko publient un essai intitulé « Les territoires du développement » (L’Harmattan, 2023), prenant ainsi l’initiative du débat local pour donner le tempo, s’octroyer les moyens de le gagner et engranger les bons résultats électoraux qu’ils en attendent. Mais les choix fiscal et monétaire que Sonko et Fofana disaient être les leurs il y a un peu plus de deux ans seulement résistent-ils encore aux choix budgétaires pour l’année 2025 ?
Pour montrer jusqu’où un gouvernement peut aller et jusqu’où il ne peut pas aller, les économistes font état, quand on les y invite, des différences qui existent entre les politiques fiscale et monétaire. L’analyse montre que c’est du côté des recettes qu’il faut regarder pour expliquer pourquoi le déficit public augmente ou diminue. Aussi l’« évaluation du potentiel de recettes publiques », demandée par les gouvernements, vise-t-elle l’«augmentation des ressources publiques tout en minimisant les coûts collectifs entraînés par les [impôts et taxes]».
Arrêté à seulement 6 395,1 milliards FCFA (9,74 milliards d'euros), contre 7 003,6 milliards FCFA (10,57 milliards d'euros) en 2024, soit une baisse de 8,68% (608,6 milliards FCFA), le projet de budget pour l'année 2025 montre un déficit de 7,09 %. Ce déficit budgétaire est 2,36 fois plus élevé que celui de 3 %, correspondant, en la matière, à la valeur à laquelle convergent, pour s’y retrouver, les bons élèves de la zone UEMOA.
En 2014 - année de lancement du Plan Sénégal émergent (PSE) - l’effort d’adaptation de la politique fiscale à l’ambition d’émergence du Sénégal devait permettre de gagner trois points de PIB. « Sur la période 2020-2023 », l’ancien ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, clôturant la session budgétaire de l’année 2019, « se [fixait] pour objectif de faire passer le taux de pression fiscale de 17 % à 20 % » obtenu en rapportant les recettes fiscales au produit national.
Pour la LFI 2025, et en dépit du bavardage présidentiel et primatorial sur les impôts et taxes à faire honorer dare-dare, les percepteurs Faye et Sonko tablent sur « un taux de pression fiscale projeté [à seulement 19,3 %] contre 19,4 % dans la LFI 2024 ».
Huit mois après leur prise tintamarresque de tous les pouvoirs, le duo - pas génial du tout au regard des chiffres - a encore tout à prouver au secteur privé national et aux partenaires techniques et financiers plutôt méfiants depuis le 26 septembre 2024, date à laquelle le Premier ministre du Sénégal s’en est pris à son propre pays en l’accusant d’État faussaire.
Au même moment, le caractère multinational de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) met cette dernière à l’abri des décisions unilatérales des gouvernements dont elle est l’émanation. Depuis les réformes de janvier 2003, la mission claire, attribuée à la BCEAO contre les facteurs de risques pouvant peser sur la stabilité des prix et la croissance économique, l’indépendance des organes de direction de la pression des États membres et la limite au financement monétaire des États ont contribué au renforcement de la crédibilité de l’autorité monétaire, à la réduction des risques d’éclatement de l’Union et au succès de l’intégration économique.
Il ressort de ce qui précède que là où le gouvernement finance chaque année le déficit et redistribue les revenus publics engrangés grâce à sa politique fiscale, la politique monétaire est, elle, le fait de l’autorité monétaire indépendante qui vise la stabilité des prix et la stimulation de l’activité économique. Cette division du travail est pour beaucoup dans la « faible autonomie fiscale » des collectivités territoriales de tous les pays du monde dont les gouvernements se voient dépouillés, dans le cas contraire, du pouvoir politique de décider souverainement. Dans le cas du Sénégal, Ousmane Sonko parle d’« autonomie fiscale fluette », c’est-à-dire mince, dont il trouve, dans l’ouvrage cité au début de cette tribune, une explication valable pour un pays riche comme l’Allemagne ou pauvre comme le nôtre. « L’État, écrit-il, est toujours le premier à se servir du fait de sa prééminence légale et des tensions financières permanentes qui le minent. » Il aurait été donc plus logique pour le trio Faye, Sonko et Ndiaye (le jeune, mais non barbu El Malick notabilisé par le perchoir) de soumettre respectivement la présidence de la République, la Primature et l’Assemblée nationale (marionnette) à une vraie cure d’amaigrissement. Or, écrit le journal Le Quotidien - traqué par le pouvoir pour cause de liberté d’analyse et de liberté de ton dans l’examen des faits - « contrairement aux infos qui ont circulé (…) sur la toile, les crédits alloués à certaines institutions de l’Etat sont plus importants que les chiffres avancés annonçant une réduction drastique du train de vie de l’Etat. » Et Le Quotidien d’ajouter : « Le budget de la présidence de la République est de 78 milliards 609 millions F CFA, soit une baisse d’1 milliard 495 millions. Pour la Primature, ce sont 25 milliards 723 millions F CFA, soit une réduction de 716 millions F. » Sans oublier qu’à « l’Assemblée nationale dont le budget est de 22 milliards 474 millions, on a constaté une hausse de 2 milliards 316 millions F CFA ». Sans qu’on ne dise pourquoi puisque le personnel de la chambre législative est resté en l’état.
Le carré d’as improbable
Ousmane Sonko voit-il aujourd’hui encore dans la mince autonomie fiscale et dans ce qu’il appelle « l’exiguïté des autres ressources financières des collectivités territoriales » le « corset de sujétions » locales dont il voudrait se débarrasser en modifiant, aidé par sa majorité écrasante, le Code général des collectivités territoriales en vigueur au Sénégal. Sans trop y croire, on peut encore le penser quand on sait que les auteurs Fofana et Sonko ont consacré 58 pages - 30 % de ce que nous considérons comme une longue note technique à l’actuel ministre des Finances et du Budget - aux « instruments et stratégies de financement de la décentralisation ». Mais avec moins de chance d’être suivi par les Ziguinchorois sur au moins un point puisqu’en bon percepteur convaincu que «personne n’ira vers le Fisc pour avoir le droit de payer l’impôt», l’ancien maire, devenu premier des ministres, veut conditionner, pour les impôts personnels, «l'obtention de toute pièce å caractère administratif (certificat de naissance, de décès, de résidence, carte d'identité nationale, passeport et permis de conduire) par la présentation d'un quitus sur lequel devra figurer la mention d'une quittance de paiement de la “taxe payée par tous les résidents” des communes des zones urbaines et locales en substitution à l'IMF, de la TRIMF et de la taxe rurale». En même temps, l'État souverain et unitaire du Sénégal verrait d’un très mauvais œil des « pôles régionaux de développement [qui] ne doivent nullement être promus et initiés par l’Etat central » progressivement dessaisi, proposent Fofana et Sonko, de «la gestion des ressources naturelles non renouvelables » comme le pétrole et le gaz. S’agissant des hydrocarbures, les revenus engrangés par l’État et inscrits à la LFI 2025 se chiffrent, écrit Le Quotidien, à «72,53 milliards de F CFA réparti, conformément à la loi portant sur les hydrocarbures, comme suit : Budget général : 50, 85 milliards de F CFA (70%) ; Comptes spéciaux du Trésor : 21, 68 milliards de F Cfa (30%) dont Fonds intergénérationnel : 7, 25 milliards de F Cfa (10%), Fonds de stabilisation : 14, 43 milliards de F Cfa (20%) ».
Pour le retour au calme, le ministre Moussa Bala Fofana (ami du Premier ministre) devrait pouvoir compter sur la suppression du Conseil économique social et environnemental (CESE) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT) pour tirer le meilleur parti des premières économies de bouts de chandelles réalisées par le nouveau pouvoir. Surtout lorsqu’on sait, insiste Le Quotidien, que les crédits accordés aux deux anciennes assemblées consultatives « sont maintenus dans le projet de Loi de Finances initiale à respectivement 7 milliards 541 millions et 7 milliards 810 millions. » Assez pour former le carré d’as mâle Faye, Sonko, Ndiaye et Fofana ? Attendons de voir !
LFI 2025 sans monnaie locale
Connu pour son imprécision et/ou le manque de clarté dans l’argumentation, l’économiste Khadim Bamba Diagne appuya sans réserve l’idée d’une « monnaie locale » agitée en juillet 2022 par Ousmane Sonko en campagne pour la mairie de Ziguinchor. Rappelons qu’une monnaie locale, complémentaire de la monnaie nationale à laquelle elle est adossée, est mise en place par une association à laquelle il faut adhérer pour disposer de la liste des commerces et des entreprises qui acceptent ladite monnaie. Parce qu’elle ne recouvre pas la fonction de réserve de valeur que possède la monnaie nationale, une monnaie locale ne permet pas d’épargner et de produire des intérêts. Comment fonctionne-t-elle alors ? À titre d’exemple, en échangeant des francs CFA contre de la monnaie locale, une association crée un fonds de garantie géré par une banque partenaire qui permet ainsi aux commerces et aux entreprises concernés de reconvertir la monnaie locale en francs CFA. En campagne électorale, Ousmane Sonko annonce - c’est nous qui traduisons les passages en ouolof - son « engagement local appliqué à la Casamance » en ces termes : « Le dernier levier, appelé monnaie complémentaire ou monnaie locale, est une technique qui permet à l’échelle de la Casamance d’échanger des billets imprimés suite au retrait de la monnaie conventionnelle qui est le Franc CFA. L’épargne est alors réinvestie dans des créneaux beaucoup plus rentables en même temps qu’elle sécurise l’argent des déposants. En résumé, ça peut rapporter énormément en termes de gain et en termes de capacité d’investissement dans la commune. » Faux ! Bonne nouvelle néanmoins : nulle part dans les 123 pages de la LFI 2025 ne figure le projet de monnaie locale de l’ancien maire de Ziguinchor qui aurait troqué le global contre le local pour devenir bon commis de l’État unitaire du Sénégal. Mais pour combien de temps ? Une chose est néanmoins sûre : le premier budget des percepteurs Faye et Sonko n’est pas antisystème. Retour non innovant sur terre.
SIX MOIS POUR ÉVITER L'ÉCLATEMENT DE LA CEDEAO
L'organisation ouvre ce dimanche 15 décembre une dernière fenêtre de négociation en offrant un sursis aux trois pays désireux de partir. Une gageure face à des États qui affirment le caractère "irréversible" de leur décision
(SenePlus) - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle page dans ses relations avec les États dissidents. Selon Reuters, l'organisation régionale a décidé ce dimanche 15 décembre 2024, d'accorder un délai de grâce de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans la cadre de leur retrait initialement prévu le 29 janvier prochain.
Cette décision intervient alors que ces trois pays du Sahel central, désormais dirigés par des juntes militaires, avaient annoncé conjointement leur départ il y a un an, marquant un revirement sans précédent dans l'histoire de l'organisation régionale.
"L'objectif est de ramener les trois pays membres au sein de la CEDEAO sans préjudice", a déclaré le président de la commission, Oumar Touray, à l'issue du sommet, comme le rapporte l'agence Reuters. Concrètement, bien que la date officielle de retrait reste fixée au 29 janvier, la période de transition s'étendra jusqu'au 29 juillet 2025.
Cette initiative de la CEDEAO intervient dans un contexte particulièrement tendu. La veille du sommet, les trois États ont réaffirmé le caractère "irréversible" de leur décision de quitter l'organisation. Dans un geste significatif, ils ont néanmoins annoncé le maintien de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO sur leurs territoires après leur départ.
Selon Reuters, cette dernière mesure pourrait être interprétée comme une tentative d'apaiser les inquiétudes concernant l'impact de leur retrait sur la liberté de mouvement et le marché commun de 400 millions de personnes que représente la CEDEAO.
Cette crise institutionnelle s'inscrit dans une période tumultueuse pour le Sahel. Depuis 2020, la région a connu une série de coups d'État qui ont porté au pouvoir des autorités militaires. Ces nouveaux dirigeants ont progressivement réorienté leurs alliances, se rapprochant de la Russie au détriment de la France, leur ancien colonisateur, et d'autres partenaires traditionnels.
Les trois pays ont par ailleurs renforcé leur coopération mutuelle, notamment en matière de défense, et envisagent même de quitter l'union monétaire ouest-africaine, rapporte Reuters. Cette évolution marque une recomposition géopolitique majeure dans la région, dont les conséquences restent encore à déterminer.
VIDEO
LA LOI D'AMNISTIE RESTERA, SELON MOUSSA BOCAR THIAM
L'ancien ministre de Macky Sall affirme que le Pastef n'osera pas abroger ce texte controversé. Une position qu'il justifie par l'implication de nombreux membres du parti au pouvoir dans les événements concernés par sa mise en oeuvre
L'ancien ministre de la Communication, Maître Moussa Bocar Thiam, a livré une analyse approfondie de l'actualité politique nationale lors de son passage ce dimanche 15 décembre 2024 dans l'émission "Grand Jury" de RFM. Au cours de cet entretien, il s'est notamment exprimé sur la question sensible de l'abrogation de la loi d'amnistie, un sujet qui cristallise les tensions dans le pays.
Selon lui, le parti au pouvoir Pastef ne procèdera pas à l'abrogation de cette loi, contrairement à ce qui avait annoncé été. "Ce serait se tirer une balle dans le pied", a-t-il déclaré, car de nombreux membres du parti seraient concernés par les événements couverts par cette amnistie. Il a notamment souligné que certains dossiers impliquaient des partisans du Pastef dans des actes de vandalisme et de violence.
L'invité de Babacar Fall s'est également exprimé sur la radiation controversée de Barthélémy Dias de l'Assemblée nationale et sa révocation de la mairie de Dakar, qualifiant ces décisions d'"illégales". Il a particulièrement évoqué l'intervention musclée de la police à l'hôtel de ville, la définissant comme un retour aux pratiques que le nouveau pouvoir dénonçait lorsqu'il était dans l'opposition.
Concernant la configuration actuelle du pouvoir exécutif, Maître Thiam a évoqué une éventuelle nécessité de réviser la Constitution pour clarifier la répartition des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Il a notamment parlé d'une "déchéance de la fonction présidentielle", le chef de l'État se trouvant selon lui cantonné aux affaires diplomatiques.
Sur le dossier des victimes des violences politiques, l'ancien ministre a commenté le projet gouvernemental de verser 5 milliards de francs CFA aux familles des victimes des événements survenus entre 2021 et 2024. Il a insisté sur l'importance d'établir les responsabilités dans ces drames et d'éviter leur répétition.
Enfin, l'ancien ministre de la Communication s'est montré critique envers la récente publication d'une liste de médias conforme au Code de la presse, dénonçant une approche qu'il juge inadaptée et appelant à une plus grande implication des professionnels du secteur dans toute réforme médiatique.
VIDEO
DAK'ART : UNE INCROYABLE ÉNERGIE ENTRE IN ET OFF
Mémorable. La 15e édition de la biennale de l’art africain contemporain de Dakar a laissé une bonne impression aux visiteurs qui ont bien vécu l’évènement vieux de 30 ans. A l’unisson, ils apprécient l’énergie et la vitalité de la créativité africaine.
En 30 ans, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar est devenue un événement culturel et artistique incontournable sur le continent africain. Le Dak'art continue de tracer son chemin. Il a gagné en maturité, en expérience et en qualité. Cette15e édition qui a baissé ses rideaux le 7 décembre, le prouve à suffisance. Une biennale avec des propositions magnifiques et qui explore presque toutes les thématiques comme l'a relevé, le journaliste Aboubacar Demba Cissokho par ailleurs critique d'art.
Malgré le report qui a fait que l’on aurait pu craindre des couacs. Mais fort heureusement, tout semble manifestement s’être bien passée comme le constatent les aficionados. Les différents visiteurs qui s’intéressent à cet événement sont de profils divers et variés et viennent pour des raisons tout aussi différentes et variées.
En effet, au Dak’art, l’on croise de simples amateurs ou curieux, certainement les plus nombreux de tous, ensuite les promoteurs locaux comme étrangers, des philosophes de l’art, de critiques, des collectionneurs.
Dans ce reportage AfricaGlobe Tv nous avons pu rencontrer quelques personnes qui donnent leur impression sur cette grand-messe de l’art africain qui s’est tenu sur un mois entier du 6 novembre au 7 décembre 2024.
L’événement a été particulièrement populaire, cette année, grâce aux réseaux sociaux numériques et a ainsi mobilisé les très jeunes comme des collégiens et des lycéennes qui se bousculaient jusqu'aux dernières heures de la fermeture le 7 décembre pour accéder à l'expo internationale de l'ancien palais de Justice de Dakar qui étaient l'une des attractions.
Au vu de cet intérêt et de cette mobilisation, la ministre de la Culture n'exclut pas de rallonger la période de la tenue de cet événement qui est historiquement d'un mois. Mieux, elle explore la possibilité de pouvoir créer d'autres événements culturels plus ou moins similaires et surtout décentralisée dans les départements, pas forcément d'aussi grande envergure, afin de permettre à tous les Sénégalais de vivre l'art.
VIDEO
LE FAUX REMBOURSEMENT DE LAT DIOP
L'ancien ministre des Sports, poursuivi pour un préjudice accru à 8 milliards de FCFA, aurait selon certains médias, remboursé plus du tiers du montant à l'État. Son avocat a catégoriquement démenti cette allégation
Une information largement relayée sur les réseaux sociaux le 12 décembre 2024 affirmait que Lat Diop, l'ancien directeur général de la Lonase actuellement en détention, aurait remboursé 3 milliards de FCFA à l'État du Sénégal sur les 5 milliards qu'il devrait. Après vérification, cette information s'avère totalement fausse.
L'origine de cette désinformation a pu être retracée jusqu'à une émission de la web TV Feeling Dakar, où la présentatrice avait partagé cette information en direct, l'ayant elle-même reçue d'une influenceuse, Maty Sarr Niang. Cette dernière a rapidement reconnu avoir été induite en erreur par sa source et a supprimée sa publication quelques minutes après l'avoir postée.
Maître Aloul Badara Fall, avocat de Lat Diop, a catégoriquement démenti cette allégation. Il précise que non seulement son client n'a effectué aucun remboursement, mais qu'il conteste même l'existence d'une dette quelconque envers l'État sénégalais.
Pour remplacer les faits dans leur contexte, l'ancien ministre des Sports fait l'objet de poursuites pour détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, avec un préjudice évalué à 8 milliards de FCFA. Placé sous mandat de dépôt depuis le 27 septembre 2024, il reste en détention après le rejet, le 13 décembre, des requêtes de ses avocats demandant l'annulation de la procédure et le dégel de ses comptes.
La procédure judiciaire suit donc son cours, sans qu'aucun remboursement n'ait été effectué à ce jour.
VIDEO
DAK’ART : DES VISITEURS MALMÈNENT DES ŒUVRES
La mobilisation exceptionnelle du Dak’art 2024 est a été favorisée par l’attrait de la jeunesse, grâce aux réseaux sociaux. Mais le revers de la médaille a été la tentation irrésistible de ce public à toucher des œuvres pour prendre des photos.
Malgré les consignes données de ne pas toucher des œuvres, la tentation est grande pour les visiteurs qui irrésistiblement cèdent. Mamadou Tété Sané, médiateur dans la section Design, regrettent ces actes inacceptables sachant que bien des visiteurs ne s’occupent de l’essentiel autour des œuvres… Le médiateur nous fait part aussi de ses impression sur cette édition et parle de son métier. Sur d’autres sites de la Biennale, certains artistes aussi ont exprimé les mêmes plaintes.
Le Dak’art est une occasion pour certains acteurs culturels comme des médiateurs de pouvoir serer leur métiers. Les médiateurs sont en effet, l’intermédiaire entre les œuvres et les visiteurs.
En l’absence des artistes ou des commissaires d’expo, ce sont qui répondent aux questions des visiteurs et leur fournissent quelques informations selon le briefing qu’ils ont eux-mêmes reçu des artistes.
A l’ancien palais de justice nous avons ainsi rencontre Mamadou Tété Sané, qui est de ce milieu. En exprimant son sentiment sur dette 15 e édition du Dak’art a. déplore le comportement de certains visiteurs vis-à-vis des œuvres d’art.
Pour lui, les jeunes surtout ne posent pas de questions pour comprendre le message éventuellement codée de l’œuvre, mais se contentent de prendre des photos avec des œuvres au point de les malmener. Selon Mamadou Tété Sané, il est impératif qu’une politique d’éducation à la culture soit mise en place à l’échelle nationale