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27 novembre 2024
Société
RODRI SACRÉ BALLON D'OR 2024
L'Espagnol a été désigné lundi soir à Paris, devançant le Brésilien Vinicius. Cette consécration historique, assombrie par le boycott du Real Madrid, couronne une année exceptionnelle marquée par un titre de champion d'Angleterre et une victoire à l'Euro
(SenePlus) - L'Espagnol Rodri de Manchester City a été couronné Ballon d'Or 2024 lundi soir au théâtre du Châtelet à Paris, une consécration historique pour ce milieu de terrain arrivé en béquilles à la cérémonie suite à une grave blessure au genou.
Vainqueur et meilleur joueur de l'Euro 2024 avec l'Espagne, champion d'Angleterre avec Manchester City, Rodri devient le premier joueur depuis Fabio Cannavaro en 2006 à remporter le prestigieux trophée sans évoluer à un poste strictement offensif. Il s'inscrit dans la lignée du Tchèque Pavel Nedved, lauréat en 2003.
"Je crois que ce trophée consacre ma victoire mais aussi la victoire d'autant de joueurs espagnols, d'Iniesta, de Xavi", a déclaré le lauréat, rendant hommage à ses illustres prédécesseurs qui n'ont jamais remporté la récompense. Rodri rejoint ainsi le cercle très fermé des Espagnols sacrés, après Alfredo Di Stefano (1957, 1959) et Luis Suarez (1960).
La soirée a été marquée par l'absence remarquée du Real Madrid, qui a boycotté la cérémonie. Vinicius, l'attaquant brésilien du club merengue, termine deuxième du classement. Rodri n'a pas manqué d'avoir une pensée pour son coéquipier en sélection Dani Carvajal, quatrième mais absent : "J'aimerais parler à Carvajal, qui méritait d'être ici mais qui est blessé."
Bonmati conserve son titre
Chez les femmes, l'Espagnole Aitana Bonmati a conservé son Ballon d'Or, confirmant l'hégémonie du football espagnol. La milieu de terrain du FC Barcelone, championne du monde 2023 avec la Roja, devance ses coéquipières Caroline Graham Hansen et Salma Paraluello.
"Je suis extrêmement reconnaissante de recevoir ce deuxième Ballon d'or consécutif", a confié Bonmati, qui succède à sa compatriote Alexia Putellas au palmarès. "Ce n'est pas un exploit personnel ou individuel", a-t-elle souligné, rendant hommage au FC Barcelone, "un club unique, hors norme" qu'elle a rejoint à l'âge de 14 ans.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PASTEF : LA SIGNIFICATION DE L’ÉVÉNEMENT DU 19 OCTOBRE 2024
EXCLUSIF SENEPLUS - La levée de fonds du Dakar Arena redéfinit le rapport entre un parti et sa base. Une leçon de transparence qui tranche avec la "patrimonialisation" habituelle des partis politiques sénégalais par leurs fondateurs
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 28/10/2024
La salle omnisports du Dakar Arena de Diamniadio a été prise d’assaut par les militants de Pastef samedi 19 octobre 2024. Ils répondaient à l’appel du président Ousmane Sonko pour une levée de fonds en vue du financement de la campagne législative de Pastef.
Les militants « patriotes » sont venus de tous les coins du pays, certains ont quitté leurs localités à l’aube pour s’assurer d’avoir une place pourtant payée à 1000F CFA et de participer ainsi à l’événement.
L’opération de levée de fonds dénommée "Waajal campagne" a permisde collecter dès ce premier jour la somme de 500 millions Fcfa grâce à la vente des billets d’entrée au Dakar Aréna, à la cotisation des cadres du parti et aux contributions en ligne, provenant surtout de la diaspora.
Selon le président du Pastef, au vu de l’enthousiasme des militants, le fonds pourrait atteindre le milliard FCFA dans quelques jours.
Bis bunu nee nepp sol kopati bu week nu def ko, lu nu yooyu jot ko
« Le jour où tout le monde comme un seul homme portera un bonnet blanc pour obéir au même mot d’ordre alors nous pourrons atteindre tout objectif que nous nous serons fixés ».
Cheikh Anta Diop avait fait de cette sentence, qu’il répétait par souci didactique, la mesure du niveau de préparation du peuple sénégalais à l’accomplissement de la révolution nationale démocratique.
A l’aune de cette sentence du Pharaon du Savoir, on peut dire au vu de l’événement du 19 octobre, que les militants de Pastef, si ce n’est le peuple sénégalais dans son ensemble, sont bien « prêts pour la révolution », comme disait l’autre.
Il faut considérer que l’appel du président Sonko n’avait été lancé que quatre jours avant l’événement. Il faut avoir vu l’enthousiasme avec lequel les militants ont formé de longues files devant les guichets, dès 15 heures et comment nombre d’entre eux ont tenu à s’acquitter de 2 à 5 fois le montant requis à l’entrée.
Il faut avoir vu la joie qui irradiait les visages de ces milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont rempli l’enceinte, chantant et dansant pendant toute la cérémonie. Tout ceci dans la discipline la plus parfaite.
Cette mobilisation des militants montre combien ils sont impliqués individuellement pour défendre l’idéal de Pastef auquel ils croient pour leur pays : un Sénégal souverain, démocratique et prospère.
Une nouveauté dans le paysage politique sénégalais : un parti financé par les militants
Cet événement constitue aussi une rupture.
Tout le monde sait que les partis politiques sénégalais, sont financés généralement par des opérateurs politiques quelque peu fortunés soutenus par des puissances occultes tant que le parti est dans l’opposition puis par l’argent public quand il arrive au pouvoir par l’intermédiaire de “militants” placés dans les démembrements de l’Etat les plus « liquides ».
La “patrimonialisation” des partis politiques par leurs fondateurs n’est pas spécifique au PDS, elle s’observe dans tous les partis jusqu’à l’Alliance pour la République (APR) dont on peut se demander à qui appartient vraiment le siège sur la VDN et les centaines des fameux pick up L200.
C’est cette patrimonialisation des partis qui explique que les leaders sont quasiment irremplaçables à la tête de leurs partis qui de ce fait n’ont rien de démocratiques.
Le Pastef Les Patriotes propose une alternative : c’est ce qui a été démontré travers l'événement du Dakar Arena de Diamniadio samedi 19 octobre 2024 : le financement volontaire par les militants à tous les niveaux du parti, de l’intérieur du pays comme de la diaspora.
"Ce que nous avons réalisé aujourd'hui, c’est du patriotisme. Nous n'avons pas utilisé les moyens de l'État pour financer notre campagne, car nous avons la capacité de nous financer nous-mêmes. Ce modèle de financement innovant est ce qu'on appelle un « patriot bond »", indiquera Ousmane Sonko.
« Pas un seul centime ne sera prélevé dans les caisses de l'Etat pour financer notre campagne », ajoutera -t-il.
Ayib Daffé, le Secrétaire Général ajoutera "nous avons jugé nécessaire de rééditer cette tradition pour éviter le syndrome qui frappe de nombreux partis politiques au pouvoir en Afrique : la corruption et le détournement des deniers publics ".
Un démenti cinglant à l’ancien régime et à ses médias
On se souvient que c’est en décembre 2021 déjà, que ce mode de financement par les militants avait été initié. Il s’agissait alors de « chercher les moyens logistiques et humains pour faire les tournées politiques initiées dans le cadre de l’activité dénommée ‘’Nemmeeku tour’’ ».
Une « Journée internationale de levée de fonds de Pastef Les patriotes » avait été organisée le samedi 2 janvier à travers la chaîne YouTube Jotna Tv et avait permis la levée de 125 millions FCFA en cette seule journée.
Ceci avait provoqué la panique du régime de Macky Sall. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome avait cru devoir menacer le Pastef, prétextant que « tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution », conformément à la loi.
Malgré la proposition d’Ousmane Sonko de transmettre les comptes financiers de Pastef aux services du ministre de l’Intérieur et de dévoiler les noms des gens qui ont donné leur participation lors de la campagne « Néméku tour », la campagne pour l’interdiction de Pastef a continué.
C’est ainsi que le journaliste Madiambal Diagne se fendra d’un long éditorial au titre explicite : « Soutenir Antoine Diome pour l’ordre et la loi »! Il s’agissait d’encourager le ministre de l’Intérieur à …interdire le Pastef.
Et Maître El Hadj Diouf de pousser à la roue prétendant que la levée des fonds n’était qu’une façade pour recycler l’argent sale du Pastef.
Pour un fonctionnement et un financement transparent des partis politiques
Le Pastef a démontré par la levée de fonds du 19 octobre après celle de 2021 pour le Nemeko Tour, qu’il était possible à tout parti politique si tant est qu’il bénéficie d’une base populaire, de financer ses propres activités, en tout indépendance.
Ce qui ne veut pas dire, qu’il ne doit pas y avoir de financement public.
Il reste à présent au gouvernement du premier ministre Sonko de mettre en oeuvre la Loi N°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi N°89-36 du 12 octobre 1989 ainsi que les dispositions des articles 812 à 814 du Code des Obligations Civiles et Commerciales et notamment la disposition relative au dépôt “chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé.
Il s’agit à présent d’appliquer le loi pour qu’aucun parti politique ne soit plus une propriété privée et ne soit financé par des lobbies étrangers.
C’est une mesure de sauvegarde de la démocratie.
LE REAL MADRID BOYCOTTE LA CÉRÉMONIE DU BALLON D'OR
Convaincu que son attaquant vedette Vinicius ne sera pas couronné, le club espagnol dénonce un manque de respect flagrant. "Le Real Madrid n'est pas là où il n'est pas respecté", affirment les champions d'Europe en titre dans un communiqué cinglant
(SenePlus) - Un coup de tonnerre secoue la cérémonie du Ballon d'Or 2024. Le Real Madrid, grand favori avec son attaquant brésilien Vinicius, a décidé de boycotter l'événement prévu ce lundi soir au Théâtre du Châtelet à Paris.
Le club madrilène, vainqueur de la Ligue des champions 2024, exprime son mécontentement dans une déclaration cinglante à l'AFP : "Si les critères d'attribution ne désignent pas Vinicius comme vainqueur, ces mêmes critères devraient désigner Carvajal comme vainqueur. Comme cela n'a pas été le cas, il est évident que le Ballon d'Or de l'UEFA ne respecte pas le Real Madrid. Et le Real Madrid n'est pas là où il n'est pas respecté."
Cette année, les organisateurs avaient opté pour une nouvelle approche en gardant secrète l'identité du lauréat jusqu'à la cérémonie, rompant avec la tradition qui voulait que le vainqueur soit informé quelques jours avant l'événement.
L'absence annoncée des joueurs madrilènes laisse entrevoir que ni Vinicius, ni Dani Carvajal, ni Jude Bellingham, pourtant artisans du triomphe européen du Real, ne seront couronnés. Cette situation ouvre la voie à Rodri, le milieu espagnol de Manchester City, récent vainqueur de l'Euro-2024 avec la Roja et élu meilleur joueur du tournoi par l'UEFA.
Le prestigieux trophée est décerné sur la base des votes d'un jury composé de journalistes représentant les 100 premières nations au classement FIFA.
La décision sans précédent du Real Madrid de boycotter la cérémonie marque un tournant dans l'histoire du Ballon d'Or, remettant en question les critères d'attribution de cette récompense individuelle majeure du football mondial.
par Jean Pierre Corréa
FATTE XAJU FI : LES SOUVENIRS POUR CONJURER L’OUBLI
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment nos présidents perdent-ils leur ancrage populaire ? Le nouveau film de Ramaka, guidé par Mamadou Ndoye, analyse ce syndrome du pouvoir sénégalais. Pourquoi nos dirigeants finissent-ils par croire que le pays leur appartient ?
« Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres » - Alexis de Tocqueville
Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau. C’est à l’intention de cette nouvelle génération qu’un film sur la grande histoire de la démocratie sénégalaise a été réalisé par Joseph Ramaka GaÏ intitulé « FATTE XAJU FI », autrement dit, il est hors de question d’oublier, « Se souvenir pour ne point oublier ».
Avec comme fil rouge, à l’instar d’un sage conteur, le docteur Mamadou Ndoye, référence de notre histoire démocratique à la colonne vertébrale pas sujette à torsions, nous narre les combats et les hommes qui les ont menés durant…un siècle. Et nous dépeint les syndromes qui les ont souvent conduits au…reniement.
L’hubris de nos gouvernants fait du Sénégal un pays qui est un énorme et perpétuel malentendu
Ce film, que les Sénégalais, notamment les jeunes, vont découvrir sur nos télés et nos réseaux, expose à travers l’élégant et docte récit de Mamadou Ndoye, ce qui sous-tend l’exception sénégalaise en Afrique, à savoir notre perpétuelle capacité à refuser l’injustice et à toujours se dresser contre l’arbitraire. Nous avons toujours connu des rebelles et avons toujours su créer des espaces d’expressions multiples pour accueillir les agitations d’idées de nos forces vives, rompues aux affrontements élégants, à mille lieux de nos « réseaux de cas sociaux » d’aujourd’hui.
Comment de Senghor à Diouf, de Wade à Sall, les combats des Sénégalais ont abouti à des ruptures victorieuses avant d’être noyées dans l’hubris des vainqueurs aveuglés au point d’avoir cru que les victoires étaient les leurs, et pas celles des peuples en lutte contre des injustices. Aucun n’a vu le lien avec les Sénégalais se rompre. Pour Abdou Diouf, Mamadou Ndoye situe la césure en 1988, celle du régime d’Abdoulaye Wade en 2007, et celle de Macky Sall en 2017, et chacun d’entre eux a renforcé l’appareil pour pallier la perte de sa base sociale. Wade a pensé que c’est lui qu’on avait élu et pas les alliés qui étaient allés le sortir de sa torpeur politique à Paris. Il lui en a cuit. Macky a détruit son opposition en la coalisant dans un BBY sans âme qui a laissé le terrain à une nouvelle génération d’opposants, auxquels il n’aura su s’opposer selon Mamadou Ndoye qu’à travers une répression inédite au Sénégal, n’ayant tiré aucune leçon du recul de Wade face à une pression populaire inédite aussi, autour d’une jeunesse active et consciente, qui a refusé de céder.
Le film retrace le moment essentiel de notre histoire que constituent « Les Assises nationales », produit de réflexions de haute volée de tous les segments productifs et actifs de notre Nation. Sans suite. Le film interroge aussi l’actualité et questionne : Pourquoi nos leaders qui arrivent au pouvoir pensent que le Sénégal leur appartient ? Comment Macky Sall a judiciarisé le débat politique avant de passer outre la colère et la mobilisation des citoyens face aux outrances de sa politique, pourquoi aucune enquête n’a été menée pour résoudre les énigmes des 80 morts, et des prétendus complots terroristes, gommant à la hussarde, 60 années de progrès démocratiques.
Comment organiser le vivre-ensemble ?
L’urgence selon notre sage conteur Mamadou Ndoye qui nous exhorte à ne rien oublier, est la récupération des préoccupations des Assises nationales, et d’une nouvelle charte démocratique, proposée par le Pacte, qui prône un état de droit, une démocratie citoyenne, une gouvernance sacralisant nos biens et richesses, une citoyenneté active et consciente, où droits, responsabilités et devoirs se répondent dans un écho réjouissant et galvanisant.
Enfin ce film nous navre d’avoir à constater que nos présidents préfèreront toujours se vautrer dans des « petites histoires » que d’avoir à écrire « La Grande Histoire du Sénégal. »
Pour que le souvenir empêche d’oublier, le sage conteur termine ce film ainsi :
« 22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
Notre dernier combat est un combat de longue haleine ...
Nous devons tous être debout.
Nous devons agir pour avoir "une citoyenneté active et consciente" dans notre pays.
Tout ce que nous défendons ...doit être défendu par chaque citoyen, où qu'il puisse se trouver.
Tu dois savoir que c'est ton droit !
Tu dois le prendre radicalement !
Tu sais que c'est ta responsabilité et ton devoir ...
Tu dois l'assumer totalement !
Si chaque citoyen a cette "conscience", et agit tous les jours ... nous n'aurons plus un Pouvoir qui osera faire ce qu'il ne doit pas faire.
Parce que les citoyens ne l'accepteront pas.
Personne ne l'acceptera !
Non ! Comme le dit mon frère-grand …
Fàtte xaju fi…
Épilogue
Notre poète national Amadou Lamine Sall dans un texte poignant qui va de pair avec cette sagesse que nous espérons de nos élites dirigeantes, écrit : « La politique, après ses privilèges toujours éphémères, a la même finitude, subit la même chimie que celle qu’impose la mort, le même triste sort. On part toujours. Le pouvoir politique vous quitte toujours. Il a vocation de tourner le dos, un jour, à ceux qui avaient cru le conquérir pour toujours. On ne le dompte pas. C’est lui qui vous dompte ! C’est lui qui vous dévalue ! Ceux qui ne s’y préparent pas sont comme le berger qui sait laquelle de ses vaches boite et qui fait semblant de ne pas la voir, jusqu’à ce qui doit arriver, arrive. » Comme on dit « à bon entendeur Salut !!! »
Par Hamidou ANNE
MEÏSSA FALL, NDAR NDAR
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil
J’aime beaucoup Meïssa Fall, artiste singulier à Saint-Louis, qui recycle des pièces de vélos en œuvres d’art. En 2022, une exposition à la galerie Le Manège rappelait les influences de Picasso dans son œuvre. Un tour à son atelier est un passage obligé à chaque fois que je séjourne dans la belle ville de Saint-Louis dont le blues m’inspire et m’apaise. J’aime y admirer ses œuvres magnifiques dans ce beau repaire semblable aux cabinets de curiosités apparus notamment durant le siècle de la Renaissance.
La dernière fois que j’ai vu Meïssa Fall, maître des lieux, c’était pour lui témoigner ma solidarité après la disparition de son épouse. Je suis arrivé le soir, il avait sa théière posée sur un petit fourneau dont les braises sommeillaient et renseignaient à suffisance sur le temps qu’avait duré cette séance de rituel du thé qui orne nos conversations. Le temps était doux en ce début de soirée d’un week-end d’été ; quelques légers vents secouaient l’atmosphère et transportaient les secrets des résidences attenantes à nos oreilles.
Le soleil avait déjà pris congé des berges du fleuve et la lune pleine caressait le temps, le rendant propice aux douceurs de la ville tricentenaire. Je suis arrivé comme toujours sur la pointe des pieds dans cette antre du rêve et de l’évasion. On rentre dans le studio ou l’atelier d’un artiste avec gravité et prudence pour rester fidèle aux égards que l’on doit aux arts, surtout dans un pays qui a vibré au rythme de la créativité dans un passé flamboyant.
Meïssa était au fond de son atelier, comme toujours, au milieu des vestiges des vélos qui égaient les gamins de l’île. Il s’est levé avec la gentillesse habituelle, les yeux qui pétillent et le regard si profond qu’il pénètre les multiples sensibilités de l’âme humaine. Sa voix douce me touche tellement… S’en est suivie une étreinte longue et puissante, comme celles qui disent davantage que les mots et rappellent la préciosité de la relation, ainsi que la profondeur du lien. Les mots de compassion, les échanges de civilités diverses et tendres ornent ces moments. Chez nous, on dit à la personne éplorée de relever la tête, de savoir que l’on partage sa peine, qu’elle est nôtre… Il s’agit des symboles pudiques d’une commune humanité. A la fin de la conversation, nous avons échangé quelques brefs mots sur la volonté de la «dame» de reprendre ce qu’elle considérait être son dû… La niche fabuleuse de Meïssa risquait de disparaître, au profit d’un énième projet immobilier sur l’île merveilleuse. L’art devait à nouveau céder à «l’utile»…
Des mois plus tard, je reviens sur les lieux du crime capitaliste. Cette fois au milieu de l’après-midi, dans une chaleur suffocante qui embrase SaintLouis. Les enfants ne jouaient plus au football dans la rue. Elle était déserte et calme. Quelques passants qui ne s’arrêtaient guère, mais jetaient un regard sur le chantier avant de filer. L’atelier de Meïssa, lieu onirique dont j’ai toujours dit qu’il avait un souffle pasolinien, avait disparu de l’île. Les maçons s’affairaient, gilets jaunes sur le dos, pour composer le requiem de la vie et inscrire de nouvelles lettres au fronton ; ces lettres du béton armé qui désenchantent et défigurent, et effacent. Les marteaux croisent les truelles, l’odeur du ciment agressait l’air. Qu’allaient-ils sortir de terre sur les ruines de tant de souvenirs et de créations ? Les figures qui accouchaient de l’inspiration fondamentale de Meïssa avant de se disséminer partout dans le monde cédaient la place aux ingénieurs du chaos.
C’était attendu, mais j’espérais encore une résistance des arts face à la fatalité du monstre de béton et de fer dont la furie déshumanisait et réduisait les rêves des artistes au silence.
L’atelier de Meïssa est mort. Des années de fertilité et de multiples fantaisies aboutissent au silence brutal devant l’indifférence de tout le monde. Où sont les citoyens de la République des arts ?
Mais la vie est plus intelligente que nous, me disait-on. Ces mots, désormais appartiennent aux reliques d’un temps suspendu, mais dont l’évocation rappelle que le miracle est une possibilité de la vie. Le miracle est même souvent à la lisière des désastres. Quand tout s’est effondré, quand l’espoir s’est anéanti, un surgissement demeure possible. Les personnages de Meïssa Fall reprennent souffle… en face de l’ancien lieu outragé, martyrisé et finalement effacé. Comme pour narguer l’ancienne demeure, une nouvelle émerge sur les décombres d’un monde révolu. Les lieux meurent. Les hommes meurent, mais «la vie l’emportera, l’amour, la créativité, la réforme politique l’emporteront»
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil.
DAKAR SACRE CŒUR ACCROCHE LE JARAAF ET VIRE EN TÊTE
Le Jaraaf a été accroché hier, dimanche 27 octobre, sur sa pelouse au stade de Ngor par le Dakar Sacré Cœur (1-1) pour le compte de la deuxième journée du championnat de Ligue 1
Auteur d’un match nul concédé hier, dimanche, sur la pelouse du Jaraaf (1-1), le Dakar sacré cœur, Dakar- Sacré cœur s’est installé à la tête du classement de Ligue 1 à l’issue de la deuxième journée disputé ce week-end. Les Académiciens, sont talonnés sur le podium par leur adversaires du jour, «Vert et Blanc» et l’Us Gorée qui comptent le même nombre de points.
Le Jaraaf a été accroché hier, dimanche 27 octobre, sur sa pelouse au stade de Ngor par le Dakar Sacré Cœur (1-1) pour le compte de la deuxième journée du championnat de Ligue 1. Auteur d’une large victoire (4-1) lors de précédente journée et ensuite d’un point de nul, les Académiciens dakarois occupent le haut du classement avec 4 points. Ils sont talonnés par les « Vert Blanc » du Jaraaf qui totalisent le même nombre de points (4 points). Le podium est désormais occupé par l’Us Gorée (4 points) qui a démarré la journée samedi avec un match nul (2-2) obtenu sur la pelouse de l’Us Ouakam. La 2e journée a été marquée par une floppée de matchs nuls.
En déplacement au stade Lat Dior de Thiès, Teungueth FC (4 points) a obtenu le point du match (0-0) face à Génération Foot. C’est le même résultat (0-0) qui a sanctionné la rencontre ayant opposé au stade Alassane Djigo, l’As Pikine (lanterne rouge 16e ; 1 point) à la Linguère de Saint Louis (8e ; 2 points). C’est également le cas dans le derby des promus qui a opposé samedi au stade Maniang Soumaré, l’Académie Oslo FA (14e, 1 point) à Waalydan (13e) et soldé sur le score de (1-1).
Les Thiessois et les Académiciens enchaînent leur deuxième match nul qui les place respectivement 14e et 13e place avec 2 points. L’autre score de parité (0-0) a été enregistré au stade Massène Sène lors du duel qui a opposé Jamono Fatick (9e ; 2 points) et AJEL de Rufisque. Le club Rufisquois confirme ses bons et se positionne à la 5e place (4 points). Pour les autres rencontres, le Casa Sport (15e ; 1 points) est revenu de son déplacement avec une nouvelle défaite (2-1) sur la pelouse des promus de l’Asc HLM (6e ; 3 points). De son côté, le Guédiawaye FC (10e ; 1 point) a gagné de précieux points en dominant au stade municipal de Mbacké (0- 1) la Sonacos de Diourbel. (11e ; 1 point). Au même moment l’AS Pikine était encore contraint au partage de point sur sa pelouse à la Linguère. Cependant le club est dans la zone rouge.
RESULTATS
Génération Foot vs Teungueth FC 0-0
HLM-Dakar vs Casa Sports (2-1)
Jaraaf vs-Dakar Sacré cœur (1-1)
AS Pikine vs Linguère (0-0)
Sonacos vs Guédiawaye FC (0-1)
US Ouakam vs US Gorée (2-2)
WallyDaan vs OSLO (1-1)
Jamono Fatick vs AJEL (0-0)
QUAND LA LOI FAVORISE LE BRACONNAGE
Du Parc Niokolo-Koba aux marchés de Dakar, en passant par les frontières poreuses avec la Guinée et la Gambie, les réseaux criminels prospèrent. Les produits du braconnage, destinés principalement à l'Asie, transitent grâce à une législation obsolète
Vieux de 38 ans, le Code de la chasse et de la protection de la faune adopté en 1986 ne considère pas le trafic illégal d’espèces fauniques comme un crime, mais juste comme seulement un délit. Les personnes jugées coupables de cette infraction ne craignent pas les sanctions judiciaires et leur séjour en prison est le plus souvent de très courte durée. Cette enquête, motivée par une recommandation des chercheurs de GITOC ((Initiative globale contre la criminalité transnationale organisée-ndlr) lors d’une formation de journalistes ouest-africains, sur la pêche illicite, les crimes environnementaux et la traite, organisée en avril 2024, préconise une surveillance accrue du parc Niokolo-Koba pour qu’il ne devienne pas une niche de criminels, et conclut que l’obsolescence de la loi, impacte négativement la faune sauvage.
« Le Code de la chasse et la protection de la faune est caduc. Il n’a pas prévu certaines infractions actuelles. Même les sanctions sont légères. C’est pourquoi, il y a souvent des récidivistes ». Ces propos du capitaine Abdoulaye Ndiaye, responsable du Système d’Information Géographique à la Direction des Parcs Nationaux, attestent de l’obsolescence du texte qui réprime le trafic d’espèces protégées au Sénégal. Promulgué en 1986, le Code de chasse et protection de la faune de 1986, vieux de trente-huit (38) ans réglemente le trafic de la faune au Sénégal. Les faibles peines ne condamnent pas assez les trafiquants.
Plusieurs cas d’infractions relatives au commerce illégal des espèces fauniques, répertoriés dans le rapport annuel 2023 de l’organisation de la société civile, Eagles Sénégal, montrent que les peines infligées aux trafiquants dépassent rarement deux mois. Le 21 février 2023 par exemple, une opération mixte du Commissariat central de Kédougou, en collaboration avec la Direction des Parcs Nationaux et l’ONG Eagle Sénégal a permis l’arrestation d’un homme en flagrant délit. Aly Bonkoungou, de nationalité burkinabé, se trouvait dans un restaurant de la ville, en possession d’une peau de léopard, d’une peau de crocodile, d’une tête et d’une peau de lion, et d’une tête de crocodile. Après deux semaines d’audition, le tribunal de première instance de Kédougou, au Sud-Est du Sénégal, l’a jugé coupable d’importation, de détention, de mise en circulation et de tentative de commercialisation de dépouilles d’espèces intégralement et partiellement protégées. Il a été condamné à un mois d’emprisonnement ferme.
Dans la même juridiction, Sonkolo Coulibaly, déclaré coupable de trafic d’espèces animales protégées a écopé d’un mois d’emprisonnement ferme. Le trafiquant, de nationalité malienne avait été arrêté à Moussala, une ville située à la frontière du Sénégal et du Mali, suite à un signalement de deux trafiquants. Arrêtés quelques mois plus tôt, en flagrant délit de détention, circulation et de commercialisation d’une peau de léopard, ceux-ci avaient déclaré Sonkolo Coulibaly comme étant le propriétaire de ces pièces animales. Or, c’est une espèce protégée car menacée de disparition. Pour Eagle, les sanctions prononcées sont minimes comparées à la gravité des infractions commises.
En effet, le léopard est inscrit dans l’Annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Il fait partie des mammifères intégralement protégés. Le Sénégal en est signataire.. Une recherche publiée en 2016, indique que ce mammifère a perdu entre 86 et 95% de son aire de répartition historique en Afrique de l’Ouest. D’après CITES, les léopards ont « complètement disparu de certaines parties du Sahel occidental et de la majeure partie de la ceinture côtière ouest-africaine » et « sont maintenant limités à quelques aires protégées du Sénégal ».
Niokolo Koba, un parc national sous l’étau de braconniers
Le trafic de la faune en Afrique de l’ouest s’est beaucoup développé au Sénégal. L’Initiative globale contre la criminalité transfrontalière (GITOC) en atteste dans son étude portant sur l’analyse approfondie du cadre de résilience face à la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest publié en 2023. D’après les résultats de cette recherche, le Parc national de Niokolo-koba, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1981, subit la pression de braconniers qui exportent la marchandise en République de Guinée, en Gambie, si ce n’est au Sénégal même, à Kédougou et à Dakar. Ces espèces sauvages sont surtout commercialisées dans « les marchés hebdomadaires de Youkounkoun en Guinée, Salemata, région de Kédougou et Wassadou, à Tambacounda au Sénégal », signale le capitaine Ndiaye. En novembre 2023, une autre étude de la GITOC a révélé que, « le braconnage généralise (d’espèces de grande valeur comme des animaux sources de viande de brousse) constitue une menace majeure pour la biodiversité du Parc du Niokolo-Koba ». Les procès-verbaux d’arrestation destinés au jugement au tribunal d’instance de Tambacounda dont nous avons obtenu des copies, confirment l’existence du braconnage dans le parc.
Touré, chasseur professionnel ; est un trafiquant au sein même du parc de Niokolo-koba. Conscient du caractère illicite de ses activités, il mise sur ses protections mystiques pour tirer indifféremment sur toutes les espèces qu’il rencontre. « J’abats des panthères, des lions. Je vends tous types de peaux : de lion, de hyène, de crocodile et même de girafe », explique avec fierté, Touré, qui totalise vingt-huit années d’expérience de chasse et de vente. Son butin est commercialisé en Guinée. Pour cela, il dit ne pas être en marge de la loi sénégalaise.
. Aujourd’hui affaibli par l’âge, Tamba, un ancien braconnier a arrêté ses activités de chasse. De 1988 à 2015, il a toujours abattu des animaux dans le parc sans être inquiété. Il dit n’avoir jamais été arrêté car, il avait plusieurs cachettes au sein du parc qui couvre une superficie de 9 cent 13 mille hectares.
« Il y a des endroits difficiles d’accès pour les agents et faciles pour servir de refuges aux braconniers », explique le directeur des Eaux et forêts, Abdoulaye Dione. Le capitaine Abdoulaye Ndiaye, responsable du bureau Système d’Information Géographique à la Direction des Parcs Nationaux, est du même avis. « Les braconniers s’infiltrent dans des zones contiguës des pays limitrophes ». Selon des informations recueillies auprès de la cellule anti-braconnage du dit parc, en moyenne, cinq braconniers sont arrêtés par mois sauf pendant l’hivernage. Pour cause d’impraticabilité des routes, de réduction de la visibilité et de l’éparpillement des animaux, les surveillants sont ralentis dans leurs rondes. Le parc est composé de six brigades de surveillance.
Au cours de cette enquête, nous avons échangé avec un ancien surveillant du parc national de Niokolo-koba, qui a requis l’anonymat. D’après lui, la porosité des frontières, le déficit de formation et le caractère sophistiqué du trafic font partie des causes majeures de l’essor de la criminalité faunique au Sénégal.
« Le Sénégal ne dispose pas d’une bonne protection de ses frontières », déplore-t-il. Les hommes du Groupe d’Action Rapide Surveillance et Intervention au Sahel (GARSI), chargés spécialement de la surveillance des axes frontaliers, « ne sont pas formés à la criminalité faunique », informe-t-il. La tâche des forces de sécurité est de plus en plus complexe car, « les modes de trafic deviennent de plus en plus sophistiqués ». Par exemple, « les peaux sont découpées en ceinture » pour les soustraire à la vigilance des surveillants, explique notre source qui poursuit : « le parc de Niokolokoba doit être équipé pour une bonne surveillance ». Malgré cette vulnérabilité, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a retiré Niokolo-Koba de la liste du patrimoine mondial en péril le 30 juillet 2024, suite aux efforts déployés par l’État.
En octobre 2022, le gouvernement du Sénégal avait initié une modernisation de la Direction des Eaux et forêts. L’ancien président de la République Macky Sall et son gouvernement avaient signé un contrat d’armement de 45,3 milliards de francs CFA en 2022 avec l’entreprise Lavie Commercial Brokers du nigérien Aboubacar Hima alias “Petit Boubé”. Le marché devait permettre l’équipement de la direction des Eaux et forêts, chasses et conservations des sols, en véhicules d’intervention et de matériels techniques. Cet accord a été très critiqué par la classe politique sénégalaise qui y voyait un parfum de corruption.
En décembre 2022, Aliou Ndoye, ministre de l’Environnement avait annoncé le démarrage de la réception du matériel. Depuis lors, aucune autre information officielle sur la disposition du matériel n’est donnée. Le contrat reste encore un mystère. En mai 2024, l’actuel Premier ministre, Ousmane Sonko, a souligné l’urgence d’auditer ce financement. Affaire à suivre !
La plupart des trafiquants n’ont pas été en prison
La majorité des condamnés ont passé sept jours en détention
Mamadou Lamine Goudiaby, spécialiste de l’écosystème urbain et côtier, s’indigne des lacunes juridiques du Code de la chasse, qui ne dissuade pas assez les trafiquants d’espèces fauniques. « Dans les aires marines protégées, la pêche à la tortue est interdite, mais il se trouve que les communautés locales s’y adonnent ». Dans d’autres pays, ils risquent la prison. Or, au Sénégal, « ce ne sont que des amendes et un règlement à l’amiable qui sont notés », regrette-t-il. Pour Mamadou Lamine Goudiaby, chercheur à l’Institut des Sciences de l’Environnement (ISE) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, « si on applique la détention, les gens seraient moins enclins à prendre ces espèces ».
Le cas de Dafakha, chasseur de profession, illustre bien cette situation. Ce père de famille résidant à Kédougou tire son principal revenu de la chasse illégale, mais ne craint pas d’aller en prison. « Des gens me font des commandes avant même mes captures. La chasse est mon gagne-pain. Si je vais en prison à la sortie, je vais reprendre mes activités ». Selon le Code de la chasse et la protection de la faune, le commerce illégal d’espèces menacées d’extinction n’est pas un crime, mais plutôt un délit et à ce titre, est jugé par les tribunaux départementaux ou les juridictions régionales.
Prix et objectifs des produits issus du braconnage
Transit et commerce
Pour Bassirou Diagne, assistant-coordonnateur à Eagles Sénégal, « le Sénégal peut être considéré comme une plaque tournante de la criminalité faunique et du trafic de faune », en raison de la position géographique du pays.
« Certaines espèces sont en transit et au moment du contrôle, on se rend compte du trafic », dit le directeur des Eaux et forêts, chasses et conservations des sols » qui rappelle qu’en mars 2024, la subdivision de la douane à l’aéroport a saisi près de trois (3) tonnes d’ailerons de requins destinées à l’exportation. Dans son indice sur la criminalité publié en 2021, GITOC signale que, « le Sénégal est un centre de transit majeur pour le trafic illicite d’ivoire ». Des peaux de léopards et de crocodiles ont ete saisies, de même que des oiseaux sauvages destinés à l’Espagne. Sur le marché local, on note des espèces braconnées dans d’autres pays.
Au centre-ville de Dakar, ce commerce est en plein essor. Les abords du stade Iba Mar Diop, dans le quartier de la Médina, sont un centre de commercialisation, à ciel ouvert, d’espèces fauniques menacées d’extinction. Les vendeurs ne sont pas inquiétés, en raison du “manque d’engagement des collectivités locales” à qui “ces commerçants versent des taxes et redevances”, déclare le capitaine Abdoulaye Ndiaye.
L’ambassade des Etats-Unis au Sénégal dit être au courant « de saisies d’ivoire, de peaux de léopard, de pangolins, d’ailerons de requin et de nombreux autres types d’animaux sauvages, y compris des espèces en danger .
Les produits, issus du braconnage, alimentent le marché national mais aussi un vaste réseau international. « Les principales destinations des produits illégaux de la faune africaine varient selon le produit, sont principalement la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est », d’après le rapport du Service de recherche du Congrès des États-Unis sur le braconnage et le trafic d’animaux sauvages en Afrique publié en 2021. La lutte contre le trafic de faune reste un enjeu majeur, selon l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal. « Ce commerce illicite menace non seulement la biodiversité, mais il sape également les économies locales et contribue à des activités criminelles plus larges », affirme le responsable communication de la représentation diplomatique, Douglas Mann. En outre, « le trafic de faune sauvage cause au Sénégal des pertes financières importantes », notent les services américains.
Trafic des produits de la faune au Sénégal : quand la loi favorise le bracon
Il ajoute que les Etats-Unis s’engagent « à protéger les espèces en danger du Sénégal, telles que le pangolin». En travaillant ensemble, « nous faisons des progrès dans la lutte contre la criminalité liée à la faune et la sauvegarde du patrimoine naturel du Sénégal et de toute la sous-région ». Pour Lucia Bird, directrice de l’Observatoire ouest africain du GITOC, « une approche d’application de la loi seule a peu de chance d’être totalement couronnée de succès, et il est essentiel de tenir compte de la demande étrangère pour ces produits et d’autres facteurs du commerce ». De plus ajoute-t-elle, « lorsqu’on envisage une approche d’application de la loi, il est essentiel d’utiliser le renseignement pour enquêter et poursuivre les acteurs de haut niveau, plutôt que les braconniers qui sont généralement le niveau inférieur du marché ».
Vers une stratégie nationale de lutte contre le trafic et la réforme du Code de la chasse
.Conscientes des faiblesses de la loi de 1986 relative à la chasse et à la protection de la faune, les autorités ont entrepris une réforme de celle-ci depuis 2018. Le texte, qui est, selon certaines sources, sur la table du Secrétariat général du gouvernement n’a pas encore été voté par l’Assemblée nationale. Ce qui retarde sa mise en œuvre. Pour le directeur des Eaux et forêts, chasses et conservations des sols, Colonel Abdoulaye Dione, « le processus de la réforme de cette loi est achevé et a impliqué différentes parties prenantes. Le travail a été fait en rapport avec toutes les structures. Le comité technique paritaire a été convié, les observations sont faites », précise le responsable administratif.
Avec cette nouvelle loi, « les infractions liées à la criminalité faunique sont réévaluées », affirme-t-il. Une copie du projet de loi dont nous disposons, est plus sévère quant à la répression du trafic. Pour exemple, en son article 51, « l’abattage ou la capture des animaux non protégés sans permis est puni d’une peine d’emprisonnement d’un mois a un an et d’une amende de 2 cent 50 mille a 3 millions de francs CFA. En revanche, celui qui abat volontairement, capture ou commercialise des espèces de mammifères, de reptiles, d’oiseaux et des espèces marines, intégralement protégées est puni d’une peine d’emprisonnement de cinq a dix ans et d’une amende de cinq a dix millions de francs CFA.
En attendant l’effectivité du texte, le Sénégal mise sur une stratégie nationale. « On a tenu un atelier pour lancer l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre la criminalité faunique surtout liée aux espèces sauvages. Nous allons bientôt faire la restitution pour la valider. Elle doit aboutir à la mise en place d’une équipe pluridisciplinaire pour lutter contre la criminalité faunique », confie Abdoulaye Diop
LA GRÈVE SE POURSUIT À EMEDIA
Face à une direction « insensible », les travailleurs annoncent une nouvelle semaine de cessation des activités. Depuis cinq mois, les salaires ne tombent plus dans ce groupe médiatique
(SenePlus) - Les employés du Groupe E-Media Invest entament une nouvelle semaine de grève, face à une situation salariale qui s'aggrave. Dans un communiqué publié ce dimanche 27 octobre 2024, le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) section E-Media dénonce cinq mois d'arriérés de salaires.
"La direction générale se montre insensible face aux difficultés auxquelles font face les travailleurs", indique le document signé par le Secrétaire Général du SYNPICS-E-Media. Selon le syndicat, malgré de multiples actions et tentatives de médiation réalisées au cours de la semaine écoulée, aucune proposition concrète n'a été formulée par la direction.
Les salariés, qui se disent "unis et déterminés dans cette épreuve", pointent du doigt un "manque de respect" de la direction envers des "pères, mères et soutiens de famille".
Le SYNPICS-E-Media conclut son communiqué en rappelant un principe fondamental : "Le salaire est un droit, le payer à temps, un devoir".
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LA TRANSHUMANCE CONTINUE, FUSTIGE SAMBA SY
Le secrétaire général du PIT révèle que le Premier ministre accueille, par groupes entiers, des responsables politiques en quête de reconversion. Une pratique qui, selon l'ancien ministre, contredit totalement les promesses de changement
L'ancien ministre et secrétaire général du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT), Samba Sy, a pointé du doigt la persistance de la transhumance politique malgré les promesses de rupture, ce dimanche 27 octobre dans l'émission "Point de vue" de la RTS.
Le leader du PIT révèle que des groupes entiers de responsables politiques sont effectivement reçus dans les locaux de la République, notamment par le Premier ministre Ousmane Sonko. Une pratique qui, selon lui, contredit frontalement les engagements de changement systémique proclamés.
Samba Sy s'inquiète également de possibles discriminations dans l'attribution des postes publics sur la base de l'appartenance politique. Il cite le cas d'un enseignant qui aurait été écarté d'un poste pour "délit de non-appartenance" au parti au pouvoir.
Cette intervention survient dans un contexte de controverse autour des récents rassemblements politiques, notamment "l'affaire Samba Ndiaye", qui a suscité une vive indignation au sein des militants du Pastef.
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SAMBA SY MET EN GARDE CONTRE L'OCTROI DE PLUS DE POUVOIR AU PASTEF
« Pour le bien du pays, il faut réfléchir à deux fois ». L'ancien ministre dénonce un parti qui estime que la fin justifie les moyens. Il met en garde contre une formation politique qui, selon lui, discrimine les Sénégalais selon leur appartenance partisa
L'ancien ministre du Travail et secrétaire général du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT), Samba Sy, a livré une analyse critique du Pastef ce dimanche 27 octobre lors de l'émission "Point de vue" sur la RTS.
Dans une intervention remarquée, il a dénoncé la conception exclusive de la citoyenneté prônée selon lui par le parti au pouvoir, rappelant notamment les récentes déclarations de son président à Dakar Arena sur sa "grève de la faim" sous Macky Sall, qualifiée de manœuvre stratégique.
L'ancien ministre a particulièrement insisté sur les risques pour la stabilité nationale et l'intégrité territoriale, citant des incidents diplomatiques, notamment avec le Maroc, et des décisions précipitées dans le secteur éducatif.
"Pour le bien du pays, pour la sûreté des Sénégalais, pour la stabilité de notre pays, pour l'intégrité du territoire national, il faut regarder à deux fois avant de donner davantage de pouvoir à ce parti", a-t-il averti, tout en reconnaissant le choix souverain des Sénégalais lors des élections du 24 mars.