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8 avril 2025
Société
LOUGA SOUS LE CHOC
Un grave accident de la route s’est produit dans la nuit du lundi 24 février 2025, à la sortie de Louga, en direction de Saint-Louis, près du village de Keur Bara Wade. Un véhicule de type « sept places » a violemment percuté un arbre, faisant sept blessé
Un grave accident de la route s’est produit dans la nuit du lundi 24 février 2025, à la sortie de Louga, en direction de Saint-Louis, près du village de Keur Bara Wade. Un véhicule de type « sept places » a violemment percuté un arbre, faisant sept blessés, dont trois dans un état grave, selon des sources sécuritaires.
D’après les premiers éléments de l’enquête, le véhicule aurait perdu le contrôle avant de terminer sa course contre un arbre en bordure de route. La cause exacte de l’accident reste encore à déterminer, mais une vitesse excessive ou un problème mécanique pourraient être en cause.
Les secours sont rapidement intervenus pour évacuer les blessés vers l’Hôpital régional de Louga. Parmi les sept victimes, trois souffrent de blessures graves nécessitant une prise en charge urgente, tandis que les quatre autres présentent des blessures légères.
VERS UNE ADMINISTRATION PLUS PROCHE DE CITOYENS
Le gouvernement est dans une dynamique de rapprocher l’administration des citoyens, a indiqué, lundi, à Louga, Ibrahima Baldé, coordonnateur du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA).
Le gouvernement est dans une dynamique de rapprocher l’administration des citoyens, a indiqué, lundi, à Louga, Ibrahima Baldé, coordonnateur du Programme d’appui à la modernisation de l’administration (PAMA).
”L’administration ne doit pas être une entité distante des citoyens, mais un service construit avec eux et pour eux’’, a t-il dit.
Selon lui, ”la nouvelle dynamique de nos autorités, c’est de parler avec les citoyens destinataires de ces services et de pouvoir recueillir les préconisations, leurs attentes et les recommandations de ces différents acteurs pour construire ensemble l’administration de demain’’.
Ibrahima Baldé s’adressait à des journalistes à l’issue des concertations régionales consacrées à la reforme du service public.
Représentant le ministre de la Fonction publique, Olivier Boucal, il a insisté sur ‘’la nécessité d’une réforme participative, ancrée dans les réalités locales’’.
“Longtemps, les changements administratifs ont été pensés par des experts, sans associer suffisamment ceux qui sont au cœur du système: les citoyens et les agents publics sur le terrain”, a-t-il expliqué.
Selon lui, cette nouvelle dynamique vise à “écouter les préoccupations locales et construire ensemble une administration plus efficace et adaptée aux réalités du pays”.
‘’Cette initiative marque une rupture avec les approches traditionnelles, en impliquant directement les citoyens et les acteurs locaux dans la réflexion sur l’amélioration des services administratifs’’, a-t-il ajouté.
Il ne s’agit pas seulement de décréter le changement mais, d’évaluer la situation réelle des services publics, d’identifier les difficultés et de construire ensemble des solutions adaptées”, a souligné M. Baldé.
Autour du gouverneur et des autorités locales, élus, chefs de service et représentants de la société civile ont échangé sur les défis à relever.
‘’Le premier pas vers une réforme réussie, c’est d’accepter de s’asseoir et de discuter”, a insisté M. Baldé, plaidant pour ‘’une approche fondée sur le dialogue et la co-construction’’.
Le ministre de la Fonction publique, a-t-il dit, présentera les conclusions de ces échanges au Premier ministre avec un double objectif, à savoir un diagnostic clair et des solutions formulées par les acteurs de terrain.
‘’Il ne suffit pas de décréter le changement, il faut le bâtir avec ceux qui le vivent au quotidien”, a conclu Ibrahima Baldé
Par Mohamed GUEYE
VIVEMENT L’ÈRE DES AFFAIRISMES PATRIOTIQUES !
Dans leur nouvelle croisade contre l’affairisme d’Etat, le Premier ministre et son gouvernement n’hésitent pas à priver des entreprises sénégalaises de marchés acquis bien avant le changement intervenu dans le pays le 2 avril 2024
Il y a une dizaine de jours, le Premier ministre, ouvrant le Forum des Pme, affirmait haut et fort que «l’affairisme d’Etat, c’est terminé» ! M. Ousmane Sonko a déclaré vouloir combattre les «pratiques qui ont longtemps eu cours dans ce pays, où une partie du secteur privé s’est enrichie grâce à des surfacturations sur des marchés attribués sans transparence, en entretenant des relations privilégiées avec les pouvoirs publics».
De l’autre côté, le chef du gouvernement a annoncé préparer un projet de loi sur le patriotisme économique, qui vise à protéger et promouvoir les entreprises nationales, «en garantissant les conditions équitables pour leur développement».
Quand on voit la situation générale des entreprises nationales de ce pays, on peut être assez surpris d’entendre un discours pareil sortir de la bouche de l’autorité la plus autorisée du pays. Rien que de par ses fonctions antérieures, Ousmane Sonko peut se prévaloir de bien connaître les entreprises de ce pays, ainsi que leur mode de fonctionnent. On se rappelle qu’étant encore fonctionnaire de la Direction générale des Impôts et domaines (Dgid), il s’est taillé une réputation de justicier de nos finances publiques en dénonçant les entreprises qui ne s’acquittaient pas de leur devoir civique de contribuables, ou qui trouvaient le moyen d’y échapper. Cela avait même fini par le faire radier de la Fonction publique.
Sur ce point-là, on peut donc se féliciter de l’entendre faire sa déclamation. On a plusieurs fois eu l’occasion de se rendre compte de l’effet néfaste de la corruption dans les marchés publics. Beaucoup de Sénégalais ont eu à déplorer l’état de certaines routes qui, à peine livrées, présentent des crevasses avant même les premières pluies. Plein de chefs d’entreprise ont vu des marchés leur passer sous le nez pour n’avoir pas su trouver la bonne combinaison afin d’ouvrir les portes d’accès auxdits marchés.
Néanmoins, si une loi destinée à la promotion du patriotisme économique peut s’avérer nécessaire, elle ne pourrait être efficiente que par la volonté de personnes chargées de sa mise en œuvre. Si des personnes couvertes du manteau élimé «d’hommes d’affaires» ont pu prospérer dans ce pays, en gagnant des marchés de tous ordres, on a par contre plus souvent noté les revendications d’entrepreneurs sénégalais qui ne comprenaient pas pourquoi ils n’étaient même pas reconnus lors d’appels d’offres sur certains marchés. A plusieurs reprises, le président du Cnp, Baïdy Agne, s’est plaint que l’Etat ne songe à son secteur privé que dans des secteurs où il y a plus de coups à prendre, pour l’oublier au profit de l’étranger quand il s’agit de marchés juteux. La preuve, au moment où on se félicite de l’exploitation du pétrole et du gaz, combien de sociétés sénégalaises ont-elles été agréées par les compagnies exploitant ces hydrocarbures, dans le cadre de leur «Local content» ? Pourtant, on se vante que la loi sur le Contenu local du Sénégal est l’une des plus élaborées. Que fait l’Etat pour veiller à son application réelle ?
Dans leur nouvelle croisade contre l’affairisme d’Etat, le Premier ministre et son gouvernement n’hésitent pas à priver des entreprises sénégalaises de marchés acquis bien avant le changement intervenu dans le pays le 2 avril 2024. On a le sentiment à les voir faire, que le postulat est que tout ce qui a pu prospérer avant l’arrivée au pouvoir du «Projet» ne pourrait qu’être malhonnête. Pourtant, quand Sonko a été radié de la Dgid, il a monté un cabinet d’affaires, qui a pu prospérer dans les conditions de l’époque, en dépit de sa casquette politique. Aurait-il été le seul Sénégalais honnête dans son domaine ?
Cela est d’autant plus difficile à croire quand on voit les personnalités qui gravitent autour de nos nouveaux dirigeants, dont certains ont été des piliers économiques des régimes passés. Tout le monde a entendu Pierre Goudiaby Atepa se féliciter d’avoir présenté en Chine, Aliou Sall, frère de Macky, à Franck Timis, qui cherchait alors un Sénégalais capable de représenter ses intérêts au Sénégal. A l’époque, Macky Sall n’était déjà plus au pouvoir, soit dit en passant.
L’architecte-ingénieur Atepa, Conseiller du président Wade, nous a « offert » le Monument de la Renaissance, qui a eu pour conséquence une dation en paiement de 50 milliards de Cfa, et le morcellement des terres de l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Dans des conditions non encore vraiment élucidées à ce jour…
Le même Atepa est aujourd’hui un des plus proches membres de la sphère au pouvoir. Que ne lui-a-t-on pourtant pas reproché en ce qui concerne ses méthodes en affaires, de l’époque de Abdou Diouf jusqu’à Wade ?
De l’autre côté, dans la suspicion d’affairisme - surtout d’Etat -, des Sénégalais sont intimés de justifier leur patrimoine illico presto. Personne ne devrait trouver à redire à cela, si tout le monde était convaincu d’être logé à la même enseigne. Cela ne semble malheureusement pas encore le cas. Et surtout, au moment où le pays devrait bruire de projets d’investissements et de création d’emplois à la suite de l’exploitation de nos hydrocarbures, on a le sentiment de retomber aux pires périodes des programmes d’ajustement structurel chers à Abdou Diouf
La raison en est qu’au lieu d’envoyer un message rassurant et de permettre aux entrepreneurs de prendre des risques et d’investir, on donne l’impression de vouloir les brimer et les contraindre à aller chercher fortune ailleurs, ou à mettre leurs billets de banque dans des matelas. Le but est-il d’écarter ceux qui étaient là afin de faire de la place à des «investisseurs patriotes» ? Il n’y aurait rien de mal à cela, si ces gens permettaient réellement à l’économie de redémarrer et au pays de reprendre sa vitesse de croisière.
LE TANDEM MAROC-SÉNÉGAL RÉVOLUTIONNE LE SEPTIÈME ART AFRICAIN
L'avenir du cinéma africain se dessine peut-être entre Casablanca et Dakar. La récente moisson de prix internationaux récoltée par des films issus de cette collaboration révèle l'émergence d'une puissance créative insoupçonnée
(SenePlus) - La collaboration cinématographique entre le Maroc et le Sénégal s'affirme comme une alliance particulièrement fructueuse, donnant naissance à des œuvres remarquées et saluées lors de festivals internationaux prestigieux. Cette coopération, initiée aux Ateliers de l'Atlas du Festival International du Film de Marrakech, illustre selon Le Desk, la une nouvelle dynamique du cinéma africain contemporain.
Deux films issus de cette collaboration maroco-sénégalaise ont récemment été distingués dans des festivals majeurs. "Ne réveillez pas l'enfant qui dort" de Kevin Aubert a été "récompensé par le Prix spécial du jury international du meilleur court-métrage dans la section Generation 14plus à la 75e édition du Festival international du film de Berlin". Ce premier film du réalisateur, produit par Chloé Ortolé de Tangerine Production et co-produit par La Luna Productions et les Free Monkeyz de Casablanca, impressionne par sa maîtrise formelle.
Le Desk souligne la "rigueur chirurgicale" de la mise en scène d'Aubert, "où chaque mouvement de caméra semble pensé pour traduire l'enfermement intérieur de Diamant, son héroïne". Le film raconte l'histoire de cette adolescente dakaroise de 15 ans qui "aspire à devenir cinéaste" mais qui, "confrontée aux attentes familiales qui divergent de ses ambitions, [...] choisit une forme de résistance silencieuse en plongeant dans un sommeil profond et inexplicable".
Parallèlement, le journal met en avant "Wamè", réalisé par Joseph Gai Ramaka et produit par Yanis Gaye de Gorée Cinéma, qui a remporté le Prix étudiant au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand. Décrit comme "une œuvre hypnotique en noir et blanc qui plonge dans les profondeurs de la mémoire collective africaine", ce film "impose son univers sensoriel" dès les premières images, avec "des silhouettes d'hommes ramant jusqu'à l'épuisement, des visages marqués par l'effort et le sel, un océan tour à tour protecteur et menaçant".
Le journal précise que Ramaka "s'inspire des mythes lébous pour inscrire son film dans une temporalité suspendue, entre la tragédie du passé et l'urgence du présent", avec en arrière-plan "la mémoire du massacre de Thiaroye en 1944 [qui] plane sur le récit, comme un spectre silencieux dont la résonance tragique habite chaque plan".
Un élément déterminant de cette collaboration réside dans la post-production des deux films, réalisée à Casablanca au sein de Free Monkeyz, structure dirigée par Julien Fouré et Youssef Barrada. Selon Le Desk, "les réalisateurs et leurs équipes ont passé plusieurs semaines au Maroc, collaborant étroitement avec des professionnels locaux pour peaufiner le montage, le son et l'étalonnage de leurs œuvres".
Julien Fouré souligne l'importance stratégique de cette démarche : "Il est crucial de développer les compétences locales pour que le Maroc devienne un acteur incontournable dans la région. Le Maroc dispose d'infrastructures compétitives et peut offrir des conditions attractives pour les productions du continent. Si nous renforçons notre coopération avec d'autres pays africains, nous pourrons créer un réseau solide pour la post-production".
Cette approche vise notamment à "fournir des services de post-production compétitifs en Afrique, afin de retenir les talents et les financements sur le continent, et d'éviter que les subventions allouées ne soient dépensées à l'étranger", explique la publication.
Ces succès s'inscrivent dans une dynamique plus large portée par le collectif Yetu (Un)Limited, une plateforme fondée en 2024 par des producteurs africains, dont Yanis Gaye et Chloé Ortolé, les producteurs des deux films primés. D'après Le Desk, ce collectif "vise à promouvoir une narration authentique et diversifiée du continent, en mutualisant les ressources et en partageant les expériences pour développer des projets ambitieux".
Le journal souligne que "Yetu se distingue par son modèle d'entreprise durable et ses processus créatifs endogènes, répondant aux besoins d'un public africain, diasporique et international en quête de récits cinématographiques authentiques".
Les distinctions obtenues par ces deux films dans des festivals internationaux majeurs "soulignent l'efficacité et la pertinence de la co-production entre le Maroc et le Sénégal", conclut Le Desk. Ces succès démontrent que "l'alliance entre les talents africains et des structures collaboratives comme le collectif Yetu peut ouvrir de nouvelles perspectives pour le rayonnement du cinéma africain sur la scène mondiale".
À travers cette collaboration exemplaire, conclut l'article, "cette génération de cinéastes et de producteurs construit un cinéma où la mémoire et le présent dialoguent, où l'expérimentation formelle devient un moyen d'explorer des réalités complexes, et où le Maroc et le Sénégal continuent de tisser, ensemble, des liens cinématographiques riches et durables."
texte collectif
CULTURE ET NATURE EN DANGER
Autour de la Maison Ousmane Sow, la frénésie des constructions a entraîné l’apparition d’un dépôt de ciment, issu des chantiers environnants, qui attaque directement les sculptures. Ces œuvres, trésors d’une richesse inestimable, sont en péril
Le Sénégal se trouve à un carrefour critique, où la préservation de son héritage culturel et de son environnement devient une urgence. Face à des menaces croissantes sur ses trésors naturels et artistiques, une coalition d’intellectuels, d’artistes et d’acteurs économiques lance un appel à l’action. Il est temps de réconcilier modernité et tradition, et de protéger un patrimoine unique qui pourrait disparaître si des mesures radicales ne sont pas prises. La survie de notre identité et de notre environnement est en jeu : il est impératif d'agir avant l’effacement irrémédiable.
Quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines - Wole Soyinka
L’Afrique, terre de mémoire et d’espérance, berceau de récits millénaires et d’horizons ouverts sur l’infini de l’univers, vacille aujourd’hui entre l’éclat d’un patrimoine inestimable et les ombres menaçantes de la modernité mal apprivoisée. Son âme culturelle, fragile écrin de vérités profondes, et son environnement, miroir de ses légendes et gardien de ses peuples, appellent à un sursaut. Car le temps presse, et le silence des actions pourrait bientôt laisser place au fracas de pertes irréparables.
Le Sénégal, emblème de cette Afrique résiliente, dépasse le simple territoire : il est notre histoire vivante, notre espace économique partagé, et un site culturel d'une richesse immense, trop souvent négligée. C’est sur cette terre que se forgent nos espoirs, nos luttes et nos rêves collectifs. Pourtant, dans ces terres sénégalaises, nous sommes témoins d’une dégradation alarmante de l’environnement et des œuvres d’art, menaçant notre patrimoine naturel et culturel, pilier de notre identité commune.
Ces préoccupations nous hantent. Elles rappellent que les débats sur l'Afrique ne sont pas l'apanage des politiques. Ils engagent chacun de nous, car l'avenir de notre continent est une responsabilité partagée.
Il existe une urgence, non de simples mots mais de sens profond : celle pour le Sénégal de se réapproprier une souveraineté culturelle vacillante sous le poids d’un monde uniformisé. Comment peut-il laisser le vent de la mondialisation effacer les traces indélébiles de ses ancêtres, leurs danses, leurs contes, leurs savoirs ? Pourtant, des lieux témoignent encore de la grandeur de son génie créatif.
Par exemple, la Maison Ousmane Sow, par sa majesté et son souffle intemporel, raconte ce qu’est le corps humain : une vérité incarnée, un temple de résilience, un pont entre l’art et la science. Ces sculptures, immobiles et pourtant si vibrantes, rappellent que le passé nourrit l’avenir, que le geste ancestral peut éclairer les enjeux technologiques d’aujourd’hui.
Mais ce sanctuaire est menacé. Les dommages collatéraux de la boulimie foncière et de la désorganisation urbanistique ont des conséquences désastreuses sur la durabilité des œuvres. Autour de la Maison Ousmane Sow, la frénésie des constructions a entraîné l’apparition d’un dépôt de ciment, issu des chantiers environnants, qui attaque directement les sculptures. Ces œuvres, trésors d’une richesse inestimable, sont aujourd’hui en péril. À cela s’ajoute un problème crucial : l’urbanisation anarchique bloque l’accès à ce lieu d’art et de mémoire, érigeant des murs là où il faudrait des passerelles.
Quand les mots nous manquent face à ces défis, nous nous tournons encore vers le poète et l’artiste, ces échos des émotions profondes et des vérités silencieuses. Comme l’affirmait Wole Soyinka, « quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines. » Pourtant, nos racines, nourries par un passé fertile, doivent irriguer notre avenir. Il nous faut faut donc retrouver le pacte brisé : une harmonie avec l’environnement.
L’environnement sénégalais, ce vaste poème de sable, de forêts et de mers, murmure un appel à l’écoute. Le désert qui avance, les mangroves qui s’effacent, les forêts sacrées qui tombent sous les coups des tronçonneuses, tout cela dépasse la simple perte matérielle. C’est une déchirure de l’âme collective, une rupture du pacte scellé avec la terre par nos ancêtres.
Dans la Casamance des mythes et des génies protecteurs, la forêt n’était pas seulement un lieu. Elle était un sanctuaire, une mémoire vivante, un pont entre le visible et l’invisible. Mais aujourd’hui, le bruit de la modernité semble plus fort que le murmure des arbres. Pourquoi le Sénégal tournerait-il le dos à cette sagesse ancienne ? Pourquoi laisserait-il les lois aveugles de l’économie réduire la nature à une simple ressource, alors qu’elle est avant tout une alliée ?
L’Afrique, ce continent fertile, a produit des arbres majestueux dont les racines s’étendent au-delà des frontières de ses États. Ces racines doivent nourrir nos peuples, faire fleurir nos espoirs et porter des fruits pour les générations futures. Renouer avec ces pratiques n’est pas une régression, mais un acte de lucidité, un retour à l’essentiel : construire un roman culturel collectif
Pour que l’Afrique rayonne, il faut construire un roman culturel collectif, ancré dans nos mythes, nos légendes et nos récits. Toute civilisation survit par la force de ses histoires. Nos paysages, traditions, rites, littératures et mémoires forment un grand tissu culturel, précieux et fragile, qui porte notre continent, notre humanité et nos rêves partagés.
La Maison Ousmane Sow, tel un phare, peut guider ce renouveau. Elle est la preuve que la culture, loin d’être un luxe, est un moteur de transformation. Elle montre que l’art peut être à la fois ancrage et envol, qu’il peut inspirer des réponses aux défis contemporains. Mais elle ne pourra remplir ce rôle que si elle est préservée, si son accès est garanti, si elle devient le symbole d’une ville pensée pour ses habitants et non contre eux.
Notre cri de cœur est donc un appel à l’action et à l’espoir.
Ce n’est pas un adieu, mais une promesse que le Sénégal doit se faire à lui-même, une promesse que ses enfants doivent porter : celle de ne pas sombrer. Préserver sa souveraineté culturelle et retrouver son harmonie avec l’environnement ne sont pas des choix secondaires. Ce sont des nécessités vitales, des actes d’amour pour sa propre identité et pour les générations à venir.
Alors qu’il se relève. Qu’il protège ses trésors. Qu’il planifie ses villes avec sagesse. Qu’il réconcilie modernité et nature. Qu’il inspire sa jeunesse avec les exemples de ses géants, comme Ousmane Sow. Qu’il montre au monde qu’un Sénégal en harmonie avec lui-même peut devenir un modèle universel.
Le temps presse, mais il n’est pas trop tard. Qu’il agisse, avant que les échos de ses richesses ne deviennent de simples souvenirs.
Signataires de l’appel pour la souveraineté culturelle
Acogny, Germaine – Fondatrice École des Sables
Anne, Mama – Productrice Audiovisuelle, Suisse
Badiane, Alioune – Artiste, Sénégal
Ba, Babacar – Consultant
Ba, Fatimata Kiné Diallo – Écrivaine, Sénégal
Bocoum, Hamady – Directeur de recherche-Classe Exceptionnelle, UCAD
Bounaffaa, Hicham – DG Phare des Mamelles
Celac, Catherine – Présentatrice/Journaliste
Dembele, Cheikh Raphaël – Ingénieur Économiste Logistique et Transports
Diagne, Amadou Lamine Sall – Poète, Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
Diallo, Aïssatou – CEO La Maison BINAF SARL
Diallo, Maitre Boucounta – Avocat à la cour, Sénégal
Diokhane, Bara – Avocat, Sénégal
Diop, Aminata Johnson – Fondatrice de l’Agence Culturelle Africaine et du Pavillon Africain
Diop, Mamadou – Professeur, USA
Diop, Moustapha – DG
Daf, El Hadji Moctar – Inspecteur Principal Navigabilité des aéronefs, Enquêteur technique accidents et incidents d'avions
Dike, Ifeoma – Art Advisor
Dione, Boubakar – Directeur juridique de Bpifrance
Fall, Me Ousseynou – Avocat à la cour
Fall, Me Aly – Bâtonnier élu du Barreau du Sénégal
Fortes, Laura – Journaliste, RTS 1
Gueye, Ousmane – Artiste, Sénégal
Kane, Amadou – Ancien Ministre, Ancien PDG Banque BICIS
Kane, Amadou Elimane – Écrivain, France
Kane, Pape Samba – Journaliste, écrivain, Dakar
Kassé-Sarr, Fatou – DG Labell'Com et promotrice du Carnaval de Dakar Suñu Cosaan
Lamko, Koulsy – Écrivain, Directeur Hankili So Africa, Mexico
Loum, Moustapha – Ingénieur Agro-alimentaire
Mbaye, Malick – Expert supérieur en télécommunications et en informatique
Mboup, Fatou – Entrepreneure, Administratrice générale de la Fondation Amadou Mahtar Mbow pour les savoirs endogènes
Ndaw, Seyda Magatte – Opérateur économique
Ndiaye, Me Moustapha – Notaire, Président de la Biennale de Dakar
Ndiaye, Saïdou – Gérant, SND Consulting
Ngom, Pap' Amadou – Entrepreneur, Paris
Niang, Alioune Badara – Consultant, Sénégal
Sagna, Mahamadou Lamine – Enseignant/Chercheur, USA
Samb Sall, Ghaël – Présidente du Fonds d’Archives Africain pour la Sauvegarde des Mémoires et directrice des Éditions Vives Voix
Sarr, Bousso – Chef d’entreprise
Sarr, Seynabou Dia – CEO Global Mind Consulting Group
Senac, Gerard – Président Honoraire d’Eiffage Sénégal
Sidibé, Papa Mady – Investisseur professionnel
Sougoufara, Mama – DG ICS
Sow, David – Logistique Canal+Sénégal
Thiam, Chef Pierre – Culinary Ambassador, Agriculture Durable, États-Unis
Top, Lhadj – Acteur culturel
Touré, Kémo Jr. – CEO Wutiko
Touré, Famory – Ingénieur Télécommunications
Vogt, Helmut – Fondateur École des Sables
Wane, Sawda – Informaticienne, USA
Wone, Amadou Tidiane – Conseiller du président
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AFRICA FIRST, SENEGAL FIRST : NOUS D'ABORD
EXCLUSIF SENEPLUS : La géopolitique des grandes puissances ne doit en aucun cas dicter les choix des dirigeants africains, qui doivent défendre leur peuple. C’est l’avis d'Aminata Touré.
La souveraineté du Sénégal et de l’Afrique doit être défendue sous tous ses aspects par les Sénégalais et les Africains, face à n'importe quel pays. Aucun impérialisme ne doit plus avoir droit de cité chez nous. C’est pour cela que l’unité de l’Afrique est pertinente, afin de défendre sa sécurité, régler ses problèmes collectivement, selon Aminata Touré, pour qui la politique des partenaires étrangers devrait être secondaire pour les Africains.
«C’est notre posture personnelle qui est importante. Ce que d’autres présidents vont faire doit être secondaire pour nous, pays africains. Le plus important, c’est quelles politiques vont servir nos propres intérêts que nous voulons mettre en place. C’est ça la démarche. Donald Trump ou pas, les Africains, ce qui devrait les intéresser, c’est comment gérer souverainement et ensemble leurs pays, industrialiser leur agriculture, former leurs jeunes et soutenir les femmes… »
Dans cette perspective, que la France perde de son influence en Afrique ne doit être le souci d’aucun Africain, selon le Haut Représentant du Président de la République, Aminata Touré, qui a trouvé « malheureuse » la sortie d’Emmanuel Macron face à ses ambassadeurs, où il accusait les Africains d’être ingrats et prétendait que la France n’est pas congédiée du Sahel mais partie de son propre chef.
En tout cas, les bases militaires étrangères en plein 21e siècle dans nos pays ne sont pas tolérables, d’après l’ancienne Garde des Sceaux. Aminata Touré est sans concession, qu’il s’agisse de la France, de la Russie, de la Chine ou de tout autre pays, cela « c’est terminé », a martelé Aminata Touré.
« La question d’avoir des bases dans les pays des autres est une question dépassée, c’est un anachronisme, ça n’existe nulle part. Au nom de quoi vous voulez avoir des bases dans les pays de quelqu’un d’autre ? C’est fini, c’est terminé », estime Aminata Touré.
Dans la même veine, que les États-Unis choisissent de renvoyer des étrangers de leur sol reste une décision souveraine, voire même légitime. Pour Aminata Touré, ce qui compte, c’est le Sénégal, c’est l’Afrique d’abord. Puisque de l’autre côté, Donald Trump professe à la ville et au monde l’Amérique d’abord, les Africains devraient aussi assumer de dire, d’assumer et de faire tout pour l’Afrique d’abord.
En revanche, dans le processus d’expulsion, les États-Unis devraient se comporter comme le pays civilisé qu’ils prétendent être, en respectant strictement les droits des émigrés. C’est le moment d’en donner la preuve. Parce qu’être émigré ne rime pas avec criminel.
JAMMEH, EL BECHIR... SUR LA LISTE DES DIX ANCIENS DIRIGEANTS LES PLUS RECHERCHES
Quatre des dix anciens chefs d’État les plus recherchés pour leur implication présumée dans des crimes contre l’humanité durant leur mandat sont originaires d’Afrique. Il s’agit de dirigeants de la Gambie, du Soudan, de la République centrafricaine et...
Quatre des dix anciens chefs d’État les plus recherchés pour leur implication présumée dans des crimes contre l’humanité durant leur mandat sont originaires d’Afrique. Il s’agit de dirigeants de la Gambie, du Soudan, de la République centrafricaine et de l’Éthiopie.
Parmi eux, l’ex-président gambien Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale après sa défaite électorale de 2016, Omar el-Béchir, ancien dirigeant soudanais incarcéré depuis sa destitution en 2019, François Bozizé, réfugié en Guinée-Bissau après son éviction en Centrafrique, et Mengistu Haile Mariam, qui vit au Zimbabwe depuis sa chute au début des années 1990.
La semaine dernière, Justice Info a publié une liste accablante des dix dirigeants actuels et anciens visés par des accusations de crimes contre l’humanité, qualifiant ce groupe de « club très exclusif ».
Parmi les figures non africaines figurent le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ex-président syrien Bachar al-Assad, aujourd’hui en exil en Russie. D’autres dirigeants recherchés incluent Sheikh Hasina du Bangladesh, Haibatullah Akhundzada, chef des talibans, ainsi qu’un ancien dirigeant birman.
Le rapport est accompagné d’une carte interactive indiquant les pays d’origine de ces dirigeants et les lieux où certains d’entre eux vivent actuellement en exil.
Vers un tribunal spécial pour juger Yahya Jammeh
En Afrique de l’Ouest, les dirigeants régionaux se sont engagés à accélérer la mise en place d’un tribunal spécial hybride pour juger l’ex-président gambien Yahya Jammeh. Ce dernier est accusé d’une série de violations graves des droits humains sous son régime autoritaire, qui s’est étendu sur 22 ans, jusqu’en 2016.
Les crimes présumés incluent des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture et des viols. Bien qu’aucun mandat d’arrêt n’ait été émis contre lui, Jammeh nie toute implication. Parmi les exactions documentées entre juillet 1994 et janvier 2017 figurent également l’exécution sommaire d’au moins 240 personnes, dont de nombreux opposants politiques, ainsi que l’administration d’un faux traitement contre le sida à des patients non avertis.
El-Béchir : un mandat d’arrêt international en vigueur
Concernant Omar el-Béchir, la Cour pénale internationale (CPI) a émis deux mandats d’arrêt à son encontre, le 4 mars 2009 et le 12 juillet 2010. L’ex-président soudanais est poursuivi pour crimes de guerre – notamment des pillages et des attaques contre des civils – ainsi que pour crimes contre l’humanité, incluant meurtres, extermination, transferts forcés, tortures et viols.
La CPI l’accuse également de génocide, estimant qu’il a intentionnellement provoqué la destruction de groupes ethniques en leur infligeant des conditions de vie insoutenables. Ces crimes auraient été commis dans la région du Darfour, notamment après l’attaque de l’aéroport d’El-Fasher en 2003, et jusqu’au 14 juillet 2008.
Bozizé et Mengistu : des condamnations déjà prononcées
L’ancien président centrafricain François Bozizé fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis le 27 février 2024 par la Cour pénale spéciale (CPS) de Bangui. Il est accusé de crimes contre l’humanité pour des massacres commis entre février 2009 et mars 2013 par sa garde présidentielle et ses forces de sécurité. Les charges portent également sur des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture, des viols et d’autres traitements inhumains infligés aux détenus de la prison civile et du camp militaire de Bossembélé, au centre du pays.
Quant à Mengistu Haile Mariam, ancien dirigeant éthiopien, il a été reconnu coupable de génocide et de crimes contre l’humanité par la Haute Cour fédérale d’Addis-Abeba. Condamné à la prison à perpétuité par contumace le 28 décembre 2006, il a été jugé responsable des purges sanglantes entre 1977 et 1978.
En tant que leader du régime militaire du Derg, Mengistu a orchestré une répression impitoyable, visant à éliminer toute opposition politique. Le tribunal a établi que plus de 2 000 personnes ont été exécutées sous son commandement, dont des membres de la famille royale éthiopienne, tandis que plus de 2 400 autres ont subi des actes de torture.
Selon Justice Info, le Code pénal éthiopien inclut les groupes politiques dans la définition du génocide, ce qui a permis d’établir les charges retenues contre lui.
Par Fatou Warkha SAMBE
LA LUTTE SENEGALAISE, UN BOYS CLUB QUI SE NOURRIT DE LA VIOLENCE
Si nous ne faisons rien, l’Arène nationale deviendra un champ de bataille permanent, où la force brute l’emportera sur le talent, et où la mort d’un supporter ne sera qu’une simple anecdote
L’Arène nationale est l’incarnation parfaite d’un espace exclusivement masculin, un «boys club» où la masculinité est façonnée, affirmée et imposée comme une norme absolue. Ici, la virilité se mesure à la force brute, à la domination physique et à la violence considérée comme un mode d’expression légitime. Ce sport, autrefois un rituel communautaire, s’est peu à peu transformé en un espace où seuls les hommes ont droit à l’action, tandis que les femmes restent cantonnées à des rôles d’accompagnement et de célébration.
Si la lutte féminine existe, elle reste reléguée à une niche, loin des projecteurs et de la médiatisation dont bénéficient les combats masculins. Pourtant, des championnes comme Isabelle Sambou, multiple médaillée en lutte olympique, ont prouvé que les femmes ont toute leur place dans cet univers. Mais leur exclusion de la lutte avec frappe n’est pas anodine : ce rejet repose sur une perception archaïque selon laquelle la lutte féminine serait «trop douce», «pas assez spectaculaire». Le combat des femmes est perçu comme inférieur parce qu’il ne repose pas sur la brutalité des coups, mais sur la technique et la stratégie. Cette mise à l’écart illustre parfaitement comment la violence, lorsqu’elle est orchestrée par les hommes et pour les hommes, devient un critère de légitimité dans le sport.
Historiquement, la lutte sénégalaise était bien plus qu’une simple démonstration de force. C’était un rituel d’initiation, un moyen d’affirmer sa bravoure sans recourir à une violence destructrice. Elle se déroulait sans frappe, mettant l’accent sur la maîtrise du corps et du sol, tout en intégrant la communauté entière dans son déroulement. Les femmes y jouaient un rôle-clé : elles étaient les gardiennes de la tradition orale, celles qui, par leurs chants et louanges, conféraient aux lutteurs une aura de grandeur et de respectabilité.
Mais aujourd’hui, l’Arène nationale est devenue un théâtre du chaos, alimenté par une industrie qui fait de la violence un spectacle lucratif. Cette mutation a été particulièrement marquée par l’ère Tyson, lutteur emblématique qui a propulsé la lutte dans une nouvelle dimension économique. Son immense popularité a attiré des sommes colossales, transformant la lutte en un business où les cachets des combattants ont atteint des dizaines de millions de francs Cfa. Désormais, ce ne sont plus seulement les performances sportives qui déterminent le succès, mais la capacité à créer du buzz, à alimenter les rivalités et à faire monter la pression avant chaque combat.
Cette quête effrénée de compétitivité pousse certains lutteurs à des pratiques extrêmes, notamment la consommation de produits visant à augmenter leur masse musculaire pour rivaliser avec leurs adversaires. Ce dopage informel, souvent ignoré par les instances de régulation, pose des questions sur la santé des lutteurs et sur l’éthique même du sport. De plus, les Ko spectaculaires qui se multiplient dans les combats témoignent d’un basculement vers une brutalité encore plus marquée, où l’objectif principal semble être l’écrasement total de l’adversaire, et non plus une victoire technique.
Bien sûr, on pourrait dire que cela existe dans tous les sports de combat. Mais ce qui interpelle ici, c’est la transformation radicale d’un sport qui, à l’origine, était avant tout une lutte sans frappe, où la technique et la résistance primaient sur la force brute. Il y avait une époque où la lutte sénégalaise était un moment de rassemblement, une expression culturelle qui dépassait la simple confrontation physique. Je suis nostalgique des «mbapattes», ces séances de lutte improvisées dans les quartiers pendant les grandes vacances scolaires. Il n’y avait même pas de police pour encadrer ces affrontements, et pourtant, malgré quelques altercations, cela restait un moment d’apprentissage et de socialisation. Aujourd’hui, nous avons des structures officielles, des moyens de surveillance, et pourtant, la violence est devenue incontrôlable.
L’utilisation de la mystique dans la lutte, bien qu’ancrée dans les traditions sénégalaises, prend parfois des dimensions qui choquent les âmes sensibles. Des rituels, des sacrifices d’animaux ou des pratiques occultes sont exhibés de manière spectaculaire avant les combats, renforçant un aspect ésotérique qui divise les opinions. Si pour certains, cela fait partie intégrante du folklore de la lutte, d’autres y voient un décalage avec l’évolution moderne du sport et un frein à sa professionnalisation.
La transformation de la lutte en industrie du divertissement a ouvert la porte à une opacité financière inquiétante. D’où viennent réellement les fonds colossaux versés aux lutteurs ? Est-ce uniquement la billetterie et les sponsors qui financent ces cachets astronomiques ? Ou y a-t-il d’autres sources, moins avouables, qui échappent à tout contrôle institutionnel ? L’absence de transparence alimente les soupçons de blanchiment d’argent, renforcés par des affaires judiciaires impliquant certains promoteurs. En 2018, un promoteur avait été condamné pour association de malfaiteurs et détention de drogue, tandis qu’en 2021, un autre acteur du milieu avait été mis en cause pour des transactions douteuses. Ces scandales montrent à quel point la lutte, en dépit de son image de sport national, est devenue un secteur où l’argent circule sans régulation claire.
Le 16 février dernier, lors du combat entre Ama Baldé et Franc, les débordements ont atteint un niveau critique : vandalisme, bagarres et perte tragique d’une vie humaine. Mais ce n’était qu’un épisode de plus dans une longue liste de violences qui ponctuent les grands combats. A chaque fois, les mêmes scènes se répètent sous le regard impuissant des Forces de l’ordre : affrontements entre supporters, agressions aux abords de l’arène, et gaz lacrymogènes se dispersant jusque dans les habitations des riverains.
Ces violences ne sont pas des accidents, mais le résultat d’un laxisme généralisé. Le Comité national de gestion de la lutte (Cng), censé assurer l’encadrement du sport, se contente trop souvent de sanctionner les lutteurs, sans jamais remettre en question le cadre qui favorise ces débordements. L’expérience a montré que ces mesures punitives sont insuffisantes pour enrayer la violence. Il est impératif de renforcer les dispositifs de surveillance, la formation des lutteurs et l’éducation des supporters sur les enjeux du fair-play et du respect des règles.
L’Etat a introduit une règle limitant les combats à 19h au plus tard, dans l’espoir de réduire les débordements. Si cette mesure est un premier pas, elle reste symbolique et ne s’attaque pas aux causes profondes du problème. Une réforme en profondeur est nécessaire, avec un cadre rigoureux pour la billetterie, un dispositif de sécurité renforcé et une gestion stricte des foules.
Le problème de la sécurité ne se résume pas à l’encadrement des combats : il interroge aussi la responsabilité des organisateurs et des autorités publiques. Pourquoi ne pas instaurer un audit régulier du financement des combats, du respect des règles sécuritaires et du rôle des promoteurs dans l’entretien des rivalités qui alimentent la violence ? Lutter contre la violence, c’est aussi questionner les intérêts économiques qui en découlent.
Face à cette montée de la violence, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a récemment décidé de suspendre la couverture sécuritaire des combats de lutte. Cette décision, bien que radicale, peut être perçue comme une manière de mettre la pression sur les promoteurs, le ministère du sport et le Cng pour qu’ils prennent enfin leurs responsabilités. Car sans sécurité, il ne peut y avoir de combat. Mais cette mesure est-elle réellement pertinente ?
Plutôt que de se retirer, l’Etat devrait imposer un cadre de sécurisation obligatoire, avec des exigences claires en matière de gestion des foules, de billetterie et de prévention des violences. Sans une véritable réforme, ces scènes chaotiques continueront de se produire, mettant en danger les supporters, les lutteurs et les habitants des quartiers environnants.
Si nous ne faisons rien, l’Arène nationale deviendra un champ de bataille permanent, où la force brute l’emportera sur le talent, et où la mort d’un supporter ne sera qu’une simple anecdote. Il est encore temps de sauver ce sport, de le réinscrire dans une logique où la technique et l’honneur priment sur la violence et le chaos.
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SYMBIL ET LE DÉCRET ROYAL DE FATIMÉ RAYMONNE HABRÉ
Parler d’une des facettes peu relatée de la traite arabe en Afrique noire, c’est ce que fait, l’épouse du défunt président de la République du Tchad, Hissène Habré, Fatimé Raymonne Habré Dans son roman intitulé, « Symbil et le décret royal»
Parler d’une des facettes peu relatée de la traite arabe en Afrique noire, c’est ce que fait, l’épouse du défunt président de la République du Tchad, Hissène Habré, Fatimé Raymonne Habré. Dans son roman intitulé, « Symbil et le décret royal », l’auteure lève le voile sur le harem.
A travers l’histoire d’une jeune fille qu’elle a choisie comme personnage principal, Mme Habré évoque la situation des esclaves noirs déportés vers les pays arabes. Des faits qu’elle estime que les arabes « tentent d’effacer » dans les annales de l’histoire, parce que jugées « tabou ». Ainsi, de page en page, l’auteure nous fait decouvrir des expériences féminines tirées de cette douloureuse épisode de traite arabe.
« J’ai voulu vraiment parler de ces expériences vécues, des douleurs, des peines, des joies, des rêves biaisés tirés d’une histoire », a-t-elle soutenu, le mardi 18 février dernier, pendant qu’elle présentait son ouvrage à l’Institut français de Dakar.
En fait, le livre met en exergue le récit de Symbil, une jeune fille de 15 ans enlevée par des caravaniers, près de la palmeraie, en plein désert du Sahara. La romancière revient alors, sur le parcours de la jeune fille dans tout son péril jusqu’à ce qu’elle soit vendue par un harem d’un sultan arabe.
« Cela me permet, de décrier complètement c’est quoi un harem et comment on y vit; quelle est son évolution et tous les problèmes qui se trouvent au niveau de ce livre: la question de l’esclavage, toute la douleur qu’on peut en ressentir », a rapporté Fatimé Rayonne Habré.
En réalité, souligne l’épouse de l’ancien président tchadien, que le harem, ce n’est pas ce qu’on pense. «Parfois, les peintres orientalistes ont vraiment beaucoup fantasmé au niveau du harem où on voit que des belles femmes et tout; c’est loin d’être la réalité. Le harem, c’est la matrice de la monarchie. C’est là que vont naître les princes. Ce n’est pas du tout simplement une question de dire, c’est pour le roi et c’est la satisfaction de sa libido. Non, pas du tout », a dénoncé la juriste de formation.
Mme Habré explique également que le harem permet, dans le temps, aux clans d’organiser et de garder le pouvoir. « À partir de ce moment-là, vous avez le harem, le devoir dynastique qui est attribué aux femmes pour pouvoir donc procréer, assurer une descendance et garder le pouvoir », fait-elle savoir.
Le lecteur suit cette histoire jusqu’à ce que Symbil retourne chez elle, en Afrique, à plus de dix mille kilomètres, soixante-cinq ans après. Elle avait 80 ans. « Elle aura passé 65 ans et ses parents n’ont aucune nouvelle. Qu’est-ce qu’elle est devenue sur le plan de son identité aussi? On va voir que son identité a été écrasée complètement alors qu’elle revient chez elle et essaie de s’insérer dans sa société », détaille Fatimé Raymonne Habré.
Il convient de noter que ce roman a remporté le Grand prix du livre Féminin Ken Bugul, édition 2024.
LE GOUVERNEMENT ET LE MFDC SIGNENT UN ACCORD A BISSAU
Le gouvernement sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ont conclu, dimanche, un accord de paix, sous l’égide du président bissau guinéen Umaro Sissoco Embaló, selon le Premier ministre Ousmane Sonko, en visite dans ce pays
Un pas vers la paix définitive au Sud du Sénégal a été franchi hier, à Bissau. Le gouvernement sénégalais et le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ont conclu, dimanche, un accord de paix, sous l’égide du président bissau guinéen Umaro Sissoco Embaló, selon le Premier ministre Ousmane Sonko, en visite dans ce pays et relayé par l’Agence de presse sénégalaise.
«Nous avons pu participer à la conclusion de cet accord important qui constitue un très grand pas vers la paix définitive en Casamance», a déclaré Ousmane Sonko, lors d’un point de presse au palais de la République de Guinée-Bissau, en compagnie du chef de l’Etat bissau guinéen et de son Premier ministre Rui Duarte Barros.
Le Premier ministre sénégalais, qui était porteur d’un message du président Bassirou Diomaye auprès de son homologue, a indiqué avoir participé à la clôture des négociations entamées il y a trois jours par un comité qui était mis en place en ce sens. « Nous étions porteur d’un message de son excellence le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. En marge de cela, nous avons eu à clôturer les travaux portant sur les négociations entre le MFDC et l’État du Sénégal », a souligné Ousmane Sonko.
Umaro Sissoco Embaló a magnifié les relations entre la Guinée-Bissau et le Sénégal, deux pays qui partagent une frontière commune. La Casamance, séparée du nord du Sénégal par la Gambie, est le théâtre d’un des plus vieux conflits d’Afrique, qui a débuté en 1982. Il a continuellement baissé en intensité, mais a causé des milliers de victimes et entamé l’économie de cette région, depuis son éclatement en 1982. Au moins 250 combattants du MFDC ont déposé les armes, le 13 mai 2023, lors d’une cérémonie organisée à Mongone, une localité du département de Bignona, qui abritait par le passé une importante base du mouvement irrédentiste.