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27 novembre 2024
Société
THIES ENGAGE UNE TROISIEME PHASE DE MODERNISATION DE SON RESEAU
Le maire de Thiès, Babacar Diop, a lancé mardi la troisième phase de modernisation et de densification du réseau d’éclairage public de la ville, pour un coût global de 347 millions de FCFA
Le maire de Thiès, Babacar Diop, a lancé mardi la troisième phase de modernisation et de densification du réseau d’éclairage public de la ville, pour un coût global de 347 millions de FCFA, a constaté l’APS.
”Après les précédentes phases (1 et 2), nous voilà encore ici pour poursuivre, allègrement, la modernisation et l’intensification du réseau d’éclairage public’’, a dit Babacar Diop.
Pour le maire de Thiès, cette “étape marquante et importante” consiste à remplacer les lampadaires au sodium par des luminaires en LED sur l’ensemble du réseau 4-4-44 devenu ”obsolète”, ainsi que sur d’autres grandes avenues.
La ville de Thiès avait bénéficié entre 2003 et 2004, dans le cadre de la décentralisation de la fête nationale de l’indépendance, de vastes travaux de modernisation de son réseau de voirie urbaine et d’éclairage public.
La plupart de ces infrastructures sont aujourd’hui dégradées ou ne répondent plus aux normes en vigueur, nécessitant ainsi une rénovation.
“Au-delà de la modernisation et de la densification du réseau, le projet, à terme, nous plonge au cœur de l’économie et de la maîtrise de l’énergie, de l’amélioration de la sécurité publique et routière, de la réduction de l’empreinte carbone, de la réduction des coûts de maintenance pour la ville”, a fait valoir Babacar Diop.
Aussi, le maire a annoncé le retour des feux tricolores dans l’ensemble des artères de la ville, pour un coût total de 200 millions de FCFA.
‘’Ces équipements contribueront à l’amélioration de la fluidité du trafic urbain et au renforcement de la sécurité routière pour tous les usagers”, a assuré l’édile de Thiès, qui a précisé que le financement des travaux sera “entièrement pris en charge dans le budget de la mairie de ville”.
Babacar Diop a promis que les travaux seront livrés “à la mi-décembre”.
Il est prévu, dans la même période, la réception des travaux de la Place de France et de la statue de Lat-Dior, a annoncé aussi le maire de Thiès.
MAKHTAR M'BOW PAR CELLE QUI L'A AIMÉ
Des cours aux lycéens de Rosso aux rencontres avec les grands de ce monde, leur parcours défie l'ordinaire. Une histoire d'amour et d'engagement racontée par celle qui fut de tous les combats aux côtés de Makhtar : son épouse Raymonde Fadhila Mbow
Le texte suivant est de Madame Raymonde Fadhila Mbow, épouse d'Amadou Makhtar Mbow, extrait du livre "Amadou Mahtar Mbow, Une Légende à Raconter – Entretiens avec un Éclaireur du Siècle", publié aux Éditions Karan en 2021 par Mahamadou Lamine Sagna.
Puisque la parole, lorsqu’elle est bonne en remontant vers la bouche, se charge d’humeur allègre et engendre d’autres paroles qui créent la vie ou la fortifient, je ne me priverai pas en ces entretiens, de raconter. Mahtar avec les mots miens…
C’est à Paris, en novembre 1950 que nous nous sommes rencontrés dans un amphithéâtre de la Sorbonne pendant un cours d’histoire du Professeur Marou. Cet endroit vétuste et austère manquait totalement de charme. Mahtar était au premier rang, juste en face du professeur et moi plus haut vers le septième rang… Tout le monde le sait, pendant certains cours, en l’occurrence ceux qui nous passionnent, les regards, survolent la salle, volent les visages, les mots des uns et des autres. Mon attention était attirée par un étudiant noir, qui me paraissait plus attentif et plus réactif que les autres. Etait-ce parce que nous étions les deux seuls noirs de l’auditoire, était-ce parce qu’il m’avait l’air d’en savoir un bout, toujours est-il qu’à la sortie du cours nous avons échangé quelques mots. Sans doute anodins, au début, généralement le « d’où viens-tu ? » « Où habites-tu ?” Ainsi commença une belle et longue histoire dont vous suivez encore le déroulement.
Mahtar dégageait une sorte d’aura que j’ai attribuée au début à sa soif d’apprendre et à sa passion pour l’histoire, dont il avait décidé de faire sa profession. Mais plus tard j’ai compris que cette aura lui provenait de son enfance choyée, heureuse et studieuse, entre un père aimant et fier et une tante, - ainsi désigne-t-on les épouses d’un père polygame - qui, n’ayant pas eu d’enfant, lui a consacré toute son affection, et plus encore après la perte prématurée de sa mère. Fara, son père lui a donné le goût du travail bien fait, de l’exigence envers soi-même, du courage devant l’adversité, la connaissance des vertus des plantes et les soins des animaux domestiques.
Son père, sa mère et sa tante lui ont inculqué les valeurs familiales qui feront de l’enfant un honnête homme respectueux de tous les membres de sa communauté. Tous trois lui ont montré l’exemple de bons croyants. En retour, Ndiaga (surnom de Mahtar) a toujours voué un culte à sa tante et parle d’elle avec tendresse et gratitude.
Mahtar cultivait tout aussi le goût de l’élégance pendant nos années de fac. Il était superbe dans une veste en velours beige, très bien coupée avec un foulard assorti. A la fois serein et enjoué avec des convictions politiques et sociales très documentées parce qu’il lisait beaucoup. Il était très à l’aise dans les milieux intellectuels comme dans les milieux populaires et savait se faire des amis, mais hélas aussi des ennemis que ses indéniables qualités et ses idées dérangeaient. Je me suis vite rendue compte qu’il était responsable et mature, et il me semblait si différent des autres garçons, du genre fils à papa, que je fréquentais...
….. Ne me rappelez pas mes doutes lorsque je devais aller vivre avec lui en Afrique. Eh oui, j’ai eu des doutes, des interrogations et même des craintes, mais dans ma famille nous avons tous été bercés par des chansons et des contes qui nous rappelaient nos origines africaines. On se glorifiait de l’histoire de l’oncle Benito, capitaine de vaisseau, qui avait fait un voyage en Ethiopie, seul pays indépendant d’Afrique à l’époque et qui ambitionnait de développer les relations avec Haïti, seule république noire indépendante dans le monde. Il avait aussi écrit un livre sur les colonies d’exploitation en Afrique dans lequel il décrivait l’histoire d’un village au Sénégal. On parlait aussi de son air triste parce qu’il avait laissé un secret d’alcôve à Addis Abeba.
…Parlant d’Afrique, nous avons vécu en Mauritanie, au Maroc et au Sénégal. Nous sommes d’abord allés en Mauritanie. Après notre mariage en 1951, à la fin de nos études à la Sorbonne, nous avons donc été affectés au Collège de Rosso puisque l’autorité coloniale avait décrété que Mahtar, mon futur mari, indépendantiste convaincu, n’étant « corruptible ni par l’argent, ni par les femmes », était indésirable au Sénégal.
Ce séjour d’environ 3 ans a été marqué par de belles rencontres avec nos collègues, nous étions les deux seuls professeurs noirs avec nos élèves adolescents, turbulents parfois, mais qui nous faisaient confiance et nous admiraient.
…Le Sénégal était le pays d’ancrage donc celui où nous revenions le plus souvent. L’un des moments que je tiens jalousement conservé dans ma mémoire c’est l’accueil du père de Mahtar à Louga lors de ma première visite. Dès que je suis descendue de la voiture il m’a ouvert les bras en disant ‘“ma fille, ma fille” avec une tendresse inexprimable. Je n’oublierai jamais le regard plein de bonté de mon beau-père, impressionnant par sa taille et dans son boubou immaculé. Il montrait qu’il avait accepté le choix de Mahtar et voulait attirer les bénédictions divines sur notre mariage.
Au Maroc nous avons bénéficié de l’amitié de Sa Majesté le Roi Hassan II et de la famille royale. Le peuple marocain a toujours estimé Mahtar et soutenu son combat. J’ai eu l’honneur et l’immense responsabilité d’accueillir la fille du roi qui a suivi un stage à l’Unesco après son bac. …Nous y avons côtoyé des sommités internationales, telles que Neil Armstrong, l’homme de la lune, Kissinger, Monseigneur Gantin, les présidents Senghor et Ahidjo, Maurice Druon, etc. Les sessions étaient des moments intellectuels enchanteurs mais aussi un régal gastronomique.
Ah oui, l’on pourrait se demander comment pouvions-nous conserver une vie familiale tout en répondant à toutes ces obligations. En effet, dès l’annonce de la nomination de Mahtar au poste de Sous-Directeur Général pour l’Education à l’UNESCO en 1970, je me suis mise à réfléchir à ce que serait désormais notre vie familiale à Paris. Nous avons élaboré un agenda où une place de choix était réservée aux enfants. Ils étaient de jeunes lycéens, avec des problèmes d’acceptation de ce nouvel environnement. Nous tenions à ce qu’ils prennent en compte la chance qu’ils avaient de vivre dans un milieu culturel aussi varié, stimulant et privilégié, mais qu’ils sachent aussi que cela impliquait aussi pour eux des efforts d’adaptation. Nous étions toujours présents tous les deux, ou l’un ou l’autre aux repas du soir. C’était l’occasion de les écouter parler du lycée, des rapports qu’ils avaient avec leurs professeurs et des amis qu’ils se faisaient. Leur travail et leurs résultats scolaires étaient scrupuleusement suivis. Nous nous efforcions de répondre à leurs interrogations ; nous parlions très librement des problèmes du monde et de l’actualité de l’UNESCO et dans le souci du ressourcement nous évoquions fréquemment nos pays d’origine, le Sénégal et Haïti. Nous avons partagé les vacances à l’étranger, dans plusieurs pays du monde, et en France où nous vivions, avons visité ensemble des musées, théâtres, sites historiques, géographiques et assisté à des soirées culturelles de qualité à l’UNESCO. Ils ont grandi, sont entrés à l’université ; j’ai pu accompagner mon mari plus souvent en voyage.
….Lorsque l’on a la chance de parcourir le monde, il faut s’en gaver. Etant géographe, ce sont plutôt les reliefs naturels et les sites hydrographiques qui m’ont marquée. Difficile de choisir entre les Chutes Victoria, impressionnantes, le plus long fleuve du monde, le Nil, ou les montagnes enneigées du Kilimandjaro et du Kenya.
Le Nil, le grand fleuve nourricier, berceau de la civilisation fondamentale pharaonique, traverse l’Afrique, du sud au nord, des Grands Lacs jusqu’à la Méditerranée. Son régime de crues et son limon conditionnent l’agriculture de nombreux pays. Ses eaux reflètent la plupart des paysages africains, la savane, la forêt équatoriale, le Sahel et le désert ; ses rives abritent d’innombrables villes, bourgades et villages débordantes d’activités, et il devrait être un élément fédérateur pour les communications. Comme j’ai aimé me promener au crépuscule, après la chaleur accablante de la journée sur ses rives sablonneuses et admirer les flamboyants couchers de soleil.
Que de traversées dans les felouques bercées par les voiles agitées par le vent. Que de grandioses travaux accomplis par l’UNESCO pour sauver les monuments en péril. Citons Abou Simbel et la petite île de Philae renflouée au temps où Mahtar était Directeur Général de l’UNESCO. Nous avons assisté à la pittoresque cérémonie d’inauguration de ce site avec Mme Nasser. L’UNESCO peut être fière d’avoir apporté sa pierre dans la longue et belle histoire de la vie de ce fleuve….
Les chutes Victoria, nous les avons admirées au Zimbabwe en compagnie d’un Ministre-poète qui déclamait des vers qu’il avait composés pour ce site. Hélas l’audition se perdait dans le tumulte environnant. Le fracas des eaux bondissantes, la vapeur projetée qui entretient une atmosphère brumeuse et opalescente, l’apparition d’arcs en ciel fantasmagoriques qui déploient leurs voiles irisées rendent ce lieu inoubliable. Le tracé des chutes plutôt linéaire et horizontal coupe le fleuve Zambèze dans toute sa largeur. Le soir au diner, j’ai eu un petit succès lorsqu’un invité présent comparait les différences entre les colonisations anglaises et françaises . Je lui ai répondu: “En somme, vous avez la Corrèze, nous avons le Zambèze”.
par Joseph Gaye Ramaka
VIDEO
FÀTTE XAJU FI !
22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
SenePlus publie ci-dessous, le synopsis du film-documentaire « Fàtte xaju fi ! » de Joseph Gaye Ramaka, qui sera projeté ce samedi 26 octobre 2024 à 15H30 à l'hôtel le Radisson Blu sur la Corniche de Dakar. Cette première projection sera suivi d'un débat entre acteurs de la société civile et dirigeants et acteurs politiques.
22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
Notre dernier combat est un combat de longue haleine ...
Nous devons tous être debout.
Nous devons agir pour avoir "une citoyenneté active et consciente" dans notre pays.
Tout ce que nous défendons ...
doit être défendu par chaque citoyen, où qu'il puisse se trouver.
Tu dois savoir que c'est ton droit !
Tu dois le prendre radicalement !
Tu sais que c'est ta responsabilité et ton devoir ...
Tu dois l'assumer totalement !
Si chaque citoyen
a cette "conscience"
et agit tous les jours ...
nous n'aurons plus un pouvoir qui osera faire ce qu'il ne doit pas faire.
Parce que les citoyens ne l'accepteront pas.
Personne ne l'acceptera !
Non ! Comme le dit mon frère-grand …
Fàtte xaju fi !
LE DÉBAT
Pour la première fois, un chef de gouvernement invite son challenger à un débat public avant des élections majeures. Dans un renversement des rôles inédit, c'est le pouvoir qui sollicite la confrontation, alors que traditionnellement, il la fuyait
De Senghor à Diomaye, en passant par Diouf, Wade et Macky, jamais les deux têtes de liste les plus importantes présentes sur le territoire ne se sont livrées à un débat, à quelques encablures d’élections majeures comme les législatives. D’habitude, comme le rappelle le journaliste Issa Sall, c’est le représentant du parti au pouvoir qui refusait la confrontation.
En prélude aux élections législatives prévues le 17 novembre 2024, la tête de liste du parti présidentiel Pastef invite son principal challenger, présent sur le terrain, à un débat public. Réagissant à la conférence de presse de la tête de liste de la coalition Jamm ak Njerign Amadou Ba, par ailleurs deuxième à la dernière Présidentielle, le chef de file du parti au pouvoir déclare : ‘’Monsieur Amadou Ba a décidé de sortir de l’ombre et de ne plus se cacher derrière ses mercenaires de la plume et autres ‘chroniqueurs’. Tant mieux, car le jeu du mythe et du combat politique par procuration ne saurait prospérer plus longtemps’’, réagit-il d’emblée avant de lancer le défi : ‘’Je lui offre une belle opportunité (sic) de s’expliquer devant le peuple : un débat public contradictoire entre lui et moi sur la situation économique et financière dans laquelle ils ont plongé le pays, et sur sa responsabilité personnelle.’’
Le fait est inédit pour marquer bien des esprits. En effet, dans l’histoire, on a souvent vu, comme le rappelle le journaliste Issa Sall, ancien membre de la Commission électorale nationale autonome (Cena), des challengers défier des représentants du pouvoir, mais l’inverse ne s’est presque jamais produit. ‘’D’habitude, ce sont les challengers qui demandent un débat. Lui, en tant que détenteur du pouvoir, se met dans la peau du challenger. C’est quand même étonnant pour un homme politique de son envergure. Il y a donc un renversement des rôles, mais je pense que c’est une excellente chose. Ce serait très bien de les voir en découdre dans un débat’’, analyse l’ancien journaliste de ‘’Nouvel Horizon’’ qui a été témoin de pans entiers de l’histoire politique du Sénégal.
Des débats de cette envergure, il n’y en a pas eu beaucoup dans l’histoire. Le seul qui puisse être comparable, selon M. Sall, serait peut-être le face-à-face entre Moustapha Niasse et Majmouth Diop. ‘’Je crois que c’était en 1978. Il n’y a pratiquement jamais de débat à ce niveau, surtout à la veille d’élections. Généralement, les chefs de file sont interrogés seuls. Au mieux, ce sont les seconds couteaux qui vont sur les plateaux. Il est utile que les leaders acceptent de se mettre en danger et comme ça on peut juger de la qualité de leur discours et de leurs capacités à tenir devant une adversité. Sinon, c’est très facile de tenir un micro et de faire un discours, de haranguer les foules’’, a souligné le doyen Sall qui insiste sur la nécessité d’avoir des journalistes de haut niveau, qui savent suivre et corriger, si quelqu’un raconte des choses inexactes. ‘’Sinon, on va assister à des monologues qui ne vont pas servir à grand-chose’’, a-t-il insisté.
Dans son post sur ses différentes plateformes, Ousmane Sonko s’est un peu avancé sur ce que devraient être les thématiques de ce débat. Il cite la dette, le déficit public, la fiscalité, le foncier, les mines et les hydrocarbures, la masse salariale. Le Premier ministre a aussi indiqué que ce débat devrait permettre de discuter de la Vision 2050 du nouveau régime et permettre à M. Ba de partager ses appréciations à ce sujet.
La question qui se pose, c’est désormais de savoir si la tête de liste de Jamm ak Njerign va relever le défi ? De l’avis du doyen Issa Sall, il a tout intérêt. ‘’Si je m’en tiens à ce que Madiambal a dit sur le sujet (ce dernier disait dans une interview sur Seneweb que si Ousmane Sonko le veut, Amadou Ba ne s’y opposerait pas), je pense qu’il pourrait l’accepter. Je pense que s’il y a possibilité d’organiser un débat, je ne pense pas qu’il (Amadou Ba) va se dérober. Je crois qu’il en a les atouts, il en a les moyens et il a le savoir. Aussi, il connait l’État, il connait l’économie, il connait la société sénégalaise. Le risque c’est pour celui qui a le pouvoir’’, soutient l’analyste.
Interpellé, Cheikh Yérim Seck, tout en soulignant que ce serait une excellente chose pour la démocratie, se montre un peu hésitant sur la probabilité d’un tel débat. ‘’Je pense que ce serait une très bonne chose pour la démocratie, mais je me demande si Amadou Ba va accepter de débattre avec Sonko. Les styles sont tellement opposés. Amadou Ba, c’est la retenue, le respect, la hauteur. Est-ce qu’il va débattre avec quelqu’un comme Sonko qui symbolise l’agressivité, le rentre-dedans ? En tout cas, ce serait une bonne chose pour la démocratie’’, commente M. Seck.
Avec ce défi lancé par la tête de liste de Pastef et non moins Premier ministre, c’est Amadou Ba qui se retrouve presque dos au mur. Refuser serait, pour beaucoup d’observateurs, synonyme d’un manque de courage, d’un manque d’arguments et surtout c’est toute sa défense contre ses détracteurs dont Ousmane Sonko qui s’effondrerait. En revanche, s’il accepte, il va certes s’exposer devant un adversaire coriace, mais ce serait une excellente tribune non seulement pour se défendre des attaques, mais aussi tenter de mettre en difficulté l’adversaire, qui prend un gros risque dans ce débat.
D’ailleurs, certains se demandent si le Premier ministre a vraiment l’intention de débattre avec Ba. De l’avis de Cheikh Yérim, tout ceci ne serait que diversion. D’abord, pour noyer l’affaire Bougane Guèye Dany, ensuite, pour atténuer les effets du ‘’discours fort’’ d’Amadou Ba lors de sa conférence de presse.
Par ailleurs, fait remarquer le doyen Issa Sall, quelques écueils pourraient se dresser sur l’organisation d’un tel débat. Il s’agit de la réglementation du temps de parole des candidats en ces temps de campagne électorale.
En effet, la loi électorale invite les médias à traiter de manière équitable les différents candidats. Généralement, dans beaucoup de démocraties, de tels débats ont surtout lieu en cas de deuxième tour, comme c’était le cas en Côte d’Ivoire en 2010 entre Gbagbo et Ouattara.
L'ADHA EXIGE DES MESURES JUDICIAIRE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES
Malgré les preuves et les plaintes, la justice reste aigre aux appels des victimes. L'ONG lève le voile sur ce scandale qui touche près d'une Sénégalaise sur trois. Cette alerte intervient alors que de nouvelles images de femme battue choquent l'opinion
(SenePlus) - L'Action pour les Droits Humains et l'Amitié (ADHA) lance un cri d'alarme face à la recrudescence des violences faites aux femmes au Sénégal. Dans un communiqué publié le 22 octobre 2024, l'organisation exprime sa « profonde indignation » suite à la diffusion récente d'images qualifiées d'« insoutenables » montrant une femme présumée victime de violences conjugales.
"Malgré le dépôt d'une plainte appuyée par un certificat médical, aucune suite judiciaire n'a été donnée à ce jour", déplore l'organisation, qui pointe du doigt l'inertie des autorités judiciaires. Plus préoccupant encore, selon l'ADHA, "certaines femmes victimes de violences se retrouvent emprisonnées pour d'autres motifs", créant ainsi une situation de "double injustice".
L'ampleur du phénomène, documentée par des statistiques alarmantes, renforce l'urgence de la situation. L'Organisation Mondiale de la Santé révèle que 27% des Sénégalaises âgées de 15 à 49 ans ont subi des violences physiques depuis l'âge de 15 ans. Dans plus de la moitié des cas (55%), l'auteur des violences est le mari ou le partenaire. Ces chiffres concernent une population féminine représentant 49,4% de la population totale, soit 8.900.614 personnes.
"L'intégrité physique et morale est un pilier fondamental des droits humains", rappelle l'ADHA, soulignant que "la violence, en particulier celle dirigée contre les femmes, constitue une violation grave de ces droits". L'organisation met en lumière une réalité particulièrement sombre : certaines femmes sont victimes de meurtres sous les coups de leurs conjoints, ex-conjoints ou proches.
À l'approche du 25 novembre, journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, l'ADHA réaffirme "l'urgence de combattre cette violence". L'organisation rappelle les engagements du Sénégal, signataire du Protocole de Maputo, qui l'oblige à « garantir le droit à la dignité, à la vie, à l'intégrité et à la sécurité des femmes ».
L'ADHA "exhorte les autorités judiciaires à se saisir de cette affaire et à prendre des mesures concrètes pour rendre justice aux victimes".
INTERDICTION DU PORT D’ARMES ET DE MUNITIONS EN VUE DES ÉLECTIONS
Cette mesure, prise par le ministre de l’Intérieur, vise à garantir l’ordre public durant les élections législatives anticipées prévues le 17 novembre.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a pris un arrêté interdisant le port d’armes, de munitions et d’explosifs sur l’ensemble du territoire national. Cette décision intervient dans le cadre des élections législatives anticipées prévues le 17 novembre 2024, afin d’assurer le maintien de l’ordre public.
Selon l’arrêté, le port d’armes de toutes catégories est interdit du 17 octobre au 17 décembre 2024. Cette mesure s’applique non seulement aux nationaux, mais également aux étrangers résidant au Sénégal et détenteurs de permis de port ou de détention d’arme. Durant cette période, aucun transport d’armes en dehors des domiciles ou lieux de travail ne sera toléré.
Le ministre de l’Intérieur a rappelé que toute infraction à cet arrêté sera sévèrement sanctionnée conformément à la Loi N°66-03 du 18 janvier 1966.
« Les Officiers et Agents de Police Judiciaire sont chargés de l’application du présent arrêté qui sera publié au Journal Officiel et communiqué partout où besoin sera », souligne le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
par Ibrahima Thioye
ORGUEIL ET FIERTÉ
Cette émotion complexe, qui compense souvent une faible estime de soi, structure les relations sociales et professionnelles. Ses manifestations révèlent notre besoin constant de reconnaissance et de validation
L'orgueil est omniprésent dans nos interactions. Comme le dit La Rochefoucauld ; « l’orgueil a l’art de jouer tous les personnages de la comédie humaine. » Il est facilement perceptible à travers de nombreux défauts qu’il nourrit. Cependant, il peut être plus subtil lorsqu'il se cache derrière certaines qualités, dans des situations particulières. Qui peut prétendre n’être point orgueilleux ? On entend souvent le propos : « Moi, je ne suis pas orgueilleux, mais je suis fier. » Cette émotion que vous appelez fierté, d’autres peuvent la percevoir comme de l’orgueil.
Définitions
L’orgueil est une joie née de l’opinion avantageuse, souvent exagérée, qu’un individu a de lui-même. La fierté, quant à elle, est un sentiment proche de l’orgueil, mais sans cette tendance à se mesurer constamment aux autres. L’amour de soi est présent dans ces deux sentiments, mais dans le cas de l’orgueil, il compense une faible estime de soi souvent inconsciente. Dans de nombreux textes sacrés, l’orgueil est considéré comme la racine de tous les péchés, l’origine de tout mal.
Caractéristiques principales
- L’une des principales caractéristiques de l’orgueil est sa capacité à se transformer. Il peut se dissimuler derrière l’altruisme, la curiosité, la fierté, la générosité, la jalousie, l’envie, la colère, la peur, l’excès ou l’humilité.
- L’orgueil et la vanité sont tous les deux des passions, mais tandis que la première est une émotion sociale ou un sentiment, la seconde est un désir. L’orgueil est une passion pour l’adulation de soi tandis que la vanité exprime le désir de briller aux yeux du monde extérieur.
- La fierté évolue dans le temps et selon les contextes. La fierté du jeune garçon diffère de celle de l’adolescent ou de l’adulte. Plus on s’éloigne de la phase narcissique de l’évolution psychologique, avec la maturité, plus l’orgueil se transforme en fierté.
Autres caractéristiques
- Orgueil et contrôle
L’orgueilleux veut contrôler son environnement en utilisant la manipulation, la séduction et l’indirection en général. Si ces méthodes échouent, il recourt à l’agressivité.
- Orgueil et vanité
L’orgueilleux et le vaniteux sont tous les deux sensibles à leur position vis-à-vis des autres, mais l’orgueilleux est en quête de considération et d’importance, tandis que le vaniteux, lui, cherche la première place. L’orgueilleux craint de ne pas être digne d’amour alors que le vaniteux a peur d’être sans valeur. L’orgueilleux a besoin de connaître son soi à travers l’interaction avec les autres, le vaniteux s’emploie à développer son soi qu’il juge fragile. Plus leur vécu intérieur semble lamentable, plus les actions extérieures sont intenses. « Extérieur grandiose, perception d’un vide intérieur abyssal. »
- Orgueil et narcissisme
Le narcissique se concentre sur lui-même, il est tout occupé par lui-même. L’orgueilleux, l’envieux, l’enthousiaste et l’individu excessif peuvent être narcissiques. L’orgueilleux surveille son environnement pour nourrir son amour-propre. L’envieux et le jaloux, tombant dans la haine d’eux-mêmes, développent du narcissisme négatif. L’enthousiaste et l’homme excessif, qui ont un grand besoin de l’attention des autres, révèlent leur narcissisme. Tous sont absorbés par eux-mêmes.
L’orgueil se présente souvent sous une forme évidente ressemblant à de l’arrogance, de la jactance, de la présomption ou de la susceptibilité, mais il peut également se dissimuler derrière le masque de l’altruisme ou sous les traits de la curiosité. Il atteint son degré ultime de métamorphose lorsqu’il prend l’apparence de l’humilité.
- Orgueil et altruisme
L’orgueil se cache très souvent sous le masque de l’altruisme, car l’orgueilleux comprend rapidement que c’est un moyen d’obtenir de la considération. On distingue un orgueilleux d’un altruiste en observant le caractère désintéressé et non compulsif des actions de ce dernier. Le véritable altruiste reconnait ses besoins, accepte aussi de recevoir, tandis que l’orgueilleux se place compulsivement au service des autres.
Pour mieux appréhender cette capacité de métamorphose, citons François de La Rochefoucauld :
- Orgueil et curiosité
« Il y a diverses sortes de curiosités ; l’une d’intérêt, qui nous pousse à désirer apprendre ce qui peut nous être utile, et l’autre d’orgueil, qui naît du désir de savoir ce que les autres ignorent. »
- Orgueil et fierté
« L’orgueil, comme lassé de ses différentes métamorphoses, après avoir joué tout seul tous les personnages de la comédie humaine, se montre avec un visage naturel, et se découvre par la fierté de sorte qu’à proprement parler la fierté est l’éclat et la déclaration de l’orgueil. »
- Orgueil et humilité
« L’humilité n’est souvent qu’une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres ; c’est un artifice de l’orgueil qui s’abaisse pour s’élever ; et bien qu’il se transforme de mille manières, il n’est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu’il se cache sous la figure de l’humilité. »
Exemples
Cas orgueil
- Orgueil masculin : dans la société patriarcale, les rôles sont bien définis. Pour un homme, la cuisine est une affaire de femme.
- Orgueil national : nous sommes les meilleurs partout (les plus intelligents, les plus robustes, etc.).
- Refuser de demander de l’aide alors qu’on en a réellement besoin (appréhension du « non »).
- S’empresser de rendre un don par le don (l’orgueil qui se dissimule derrière la gratitude).
- Être mal à l’aise avec d’autres qui ont un avantage (en matière d’avoir, de savoir, de réputation, etc.).
Cas fierté
- Fier de posséder une maison.
- Fier de ses enfants.
- Fier de ses aïeux.
- Fier de sa générosité.
- Fier de ses compétences.
- Fier de son équipe de foot.
Mauvaise nouvelle
Nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, ressenti ces émotions. Toutes ces émotions qui ont un lien avec la conscience de soi (l’orgueil, la vanité, l’envie, la jalousie et la honte) sont beaucoup plus présentes dans nos vies que nous ne le pensons. La honte est nommée « émotion maîtresse », l’orgueil est l’une des émotions qui compensent notre sentiment de déficience inhérent à notre condition humaine. La Rochefoucauld nous rappelle que : « Si nous n’avions point d’orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres. »
Bonne nouvelle
Même si l’orgueil est notre défaut dominant, il est possible d’exploiter ses fonctions utiles tout en prenant du recul face à ses effets nuisibles. Le pragmatisme nous pousse à préférer un individu orgueilleux avec une tendance marquée par de la générosité à un autre parfaitement égoïste.
Utilité des émotions d’orgueil et de fierté
L’orgueil participe à notre survie. Il constitue un puissant ressort vers l’excellence. L’orgueil individuel et l’orgueil national contribuent à assurer la préservation des différentes parties prenantes de la société. La fierté est un antidote à la honte toxique. Nous devons apprendre à nos enfants à être fiers d’eux-mêmes. Les compliments et feedback positifs y contribuent largement.
Nocivité des émotions d’orgueil et de fierté
L’orgueil est la source de nombreuses difficultés. Elle est considérée comme le péché originel. « L’orgueil précède la chute comme l’humilité précède la gloire », dit-on. L’orgueil et la honte marchent main dans la main. Comment recevoir des annonces perçues par le plus grand nombre comme flatteuses ou déshonorantes sans tomber dans l’orgueil ou la honte, mais plutôt avec retenue, responsabilité et sens du discernement ?
Gestion des émotions d’orgueil et de fierté
- Surmonter l’orgueil par la fierté.
- Lutter contre l’égoïsme et l’altruisme excessif. Être simplement humain (ni trop humain, ni peu humain).
- Apprendre à dévoiler sa vulnérabilité (son humanité) en diminuant le contrôle.
- Apprendre à se détendre.
- Prendre soin des autres et de soi-même de façon équilibrée.
- Agir de manière désintéressée envers autrui.
- Faire son introspection pour identifier, à l’intérieur de soi, les différentes métamorphoses de l’orgueil.
Ibrahima Thioye est consultant en développement personnel.
LE BAROUD D'HONNEUR DE MACKY SALL
En prenant la tête d'une coalition pour les législatives, l'ancien président rompt avec ses promesses de retrait de la vie politique. Il "veut être en situation de se défendre", confie un observateur politique, évoquant un "enjeu d'immunité parlementaire"
(SenePlus) - L'ancien président Macky Sall a fait un retour inattendu sur la scène politique nationale, sept mois seulement après avoir quitté le pouvoir. Une enquête de Jeune Afrique, publiée ce jour, lève le voile sur les dessous de ce come-back qui bouscule l'échiquier politique sénégalais à quelques semaines des législatives du 17 novembre.
Celui qui déclare pourtant à Jeune Afrique (JA) en novembre 2023 vouloir "se retirer complètement de la vie politique" comme Abdou Diouf, prend aujourd'hui la tête d'une nouvelle coalition d'opposition au régime de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Après son départ du pouvoir le 2 avril, Macky Sall avait choisi de s'établir à Marrakech, rompant avec la tradition de ses précurseurs qui privilégiaient la France. Dans sa nouvelle vie marocaine, il recevait peu de visiteurs de son ancien parti l'Alliance pour la République (APR), à l'exception de quelques fidèles comme ses conseillers Yoro Dia ou Abdoul Aziz Mbaye.
Sa reconversion semblait tout tracée : nommé envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète sur proposition d'Emmanuel Macron, il multipliait les déplacements internationaux. De Paris à New York, il documentait ses rencontres sur les réseaux sociaux, posant notamment aux côtés d'António Guterres, secrétaire général de l'ONU. Il a passé même plusieurs semaines à Salt Lake City pour perfectionner son anglais.
Mais derrière cette apparente retraite, l'ancien chef de l'État gardait un œil sur la situation politique nationale. Selon Jeune Afrique, il maintenait le contact avec ses députés via des visioconférences, alors que ceux-ci se faisaient "malmener par les nouveaux maîtres du pays".
La multiplication des attaques contre son bilan a accéléré son retour. "C'est un homme d'honneur. Si les gens s'obstinent à vouloir salir son nom et sa réputation, il est capable d'abandonner une carrière internationale pour venir se réhabiliter", explique au magazine Abdou Karim Fofana, son ancien ministre du Commerce.
L'incident de Casablanca a marqué un tournant. Le 7 octobre, une altercation à l'aéroport avec une ressortissante sénégalaise, suivie d'une intervention du nouveau gouvernement en faveur de cette dernière, a visiblement été la goutte d'eau. Le jour même, Macky Sall annonce sa "mise en retrait" de son poste d'envoyé spécial des 4P.
Une alliance stratégique avec le PDS
Pour son retour, Macky Sall a réussi un coup politique majeur en s'alliant avec le PDS, son adversaire historique. Cette alliance, explique JA, "vient concrétiser un vieux rêve d'Abdoulaye Wade : réunir à nouveau les membres dispersés de la famille libérale, dont il fut le fondateur".
Les négociations se seraient accélérées après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale le 12 septembre. "Une élection n'est jamais gagnée d'avance, mais du point de vue du potentiel et de l'ancrage de la coalition, nous pouvons tirer notre outil du jeu", confie au magazine un ancien député proche du dossier.
Cependant, ce retour n'est pas sans embûches. La confection des listes électorales a créé des tensions au sein de la coalition. « Bien souvent, les derniers arbitrages de Macky Sall ne respectent pas ce qui a été arrêté en commission », déplore un candidat de Takku Wallu dans les colonnes de Jeune Afrique.
Un proche d'Idrissa Seck est encore plus critique : "L'APR a voulu tout pour elle toute seule. Les candidats de Macky Sall sont de hauts responsables, d'anciens ministres... Ils avaient la belle vie, ils ne veulent pas redescendre et renoncer à leur statut. S'ils ne vont pas à l'Assemblée, ils seront au chômage".
Une question cruciale demeure : comment influencer le scrutin sans retour physique au Sénégal ? Car selon les informations de Jeune Afrique, malgré des promesses initiales faites à certains responsables, plusieurs membres de son entourage affirment qu'un retour au pays n'est plus d'actualité.
Les enjeux dépassent la simple bataille électorale. "Macky Sall veut être en situation de se défendre", confie un observateur politique au magazine, évoquant un "enjeu d'immunité parlementaire". Une dimension qui pourrait expliquer l'empressement de l'ancien président à revenir dans l'arène politique, alors que plusieurs de ses anciens collaborateurs font l'objet de poursuites judiciaires.
par Madior Ly
JEAN MICHEL SÈNE, PROPOSEZ D’ABORD VOS RÉPONSES À L’ARCOP
La décision de l’Autorité de régulation, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique
Face à l’opacité qui entoure le marché d’électrification rurale, je demande à Jean Michel Sène, Directeur Général de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), de fournir les documents réclamés par les autorités compétentes. En effet, l’Autorité de Régulation des Commandes Publiques (ARCOP) a déjà ouvert une enquête sur des irrégularités présumées liées à ce projet de 91,8 milliards de FCFA visant à électrifier 1 700 villages. Cependant, M. Sène n’a pas encore fourni à l’ARCOP les informations nécessaires à la transparence de cette opération.
La décision de l’ARCOP, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique. Le refus persistant de donner des éclaircissements à l’ARCOP, en l’espèce l’autorité compétente, ne fait que renforcer les doutes autour de cette affaire. Ce silence est troublant.
De plus, la banque espagnole Santander a exprimé de vives inquiétudes concernant l’utilisation des fonds alloués à ce projet. Dans sa correspondance adressée aux autorités, la banque fait savoir que AEE Power EPC aurait déjà encaissé une avance de 57 millions d’euros (37 389 549 000 F CFA). La banque indique aussi avoir constaté des mouvements financiers suspects depuis le compte de l’entreprise sans que les travaux ne démarrent. Cette situation exige une explication complète. Où est passée cette manne financière ? Pourquoi ces milliards sont sortis des comptes avant le démarrage des travaux ? Y a-t-il des intermédiaires dans ce marché ? Qui sont-ils ? Nous demandons à l’ARCOP de publier un communiqué officiel pour enjoindre à Jean Michel Sène de fournir les documents demandés.
Si Jean Michel Sène est réellement engagé dans une démarche de reddition des comptes, nous l’invitons aussi à collaborer avec l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
Nos compatriotes, surtout les populations rurales qui sont les premières concernées par ce projet d’électrification, doivent être informées. Si Jean Michel Sène souhaite débattre des questions essentielles concernant le pays, mes camarades Mounirou Thioune et Pape Adama Diouf ont déjà manifesté leur disponibilité.
Pour conclure, je note que le Premier ministre Ousmane Sonko, qui est aussi la tête de liste de Pastef, continue d’éviter un débat d’idées avec Thierno Alassane Sall. En République, les autorités doivent assumer leurs responsabilités. Il est temps que la politique politicienne et la démagogie soient évincées du Sénégal et que l’opinion publique ait une claire perception des forces en présence. L’Agenda 2050, les programmes et visions des candidats, la situation économique et sociale du pays, mais aussi les nébuleuses qui gangrènent déjà la gestion de l’État, doivent nourrir des échanges afin d’éclairer nos concitoyens.
En tant que membre de la République des Valeurs, je réaffirme l’engagement du parti en faveur d’un débat public et démocratique entre Thierno Alassane Sall et les autres têtes de liste en vue des élections législatives du 17 novembre prochain.
Madior Ly est membre du CECAR.
LE RENFORCEMENT STRATEGIQUE DE LA MARINE SENEGALAISE
Le chef de l’Etat sénégalais a présidé, mardi à Dakar, la cérémonie de baptême du nouveau patrouilleur de haute-mer « Cayor », marquant une étape importante dans le renforcement des capacités de la Marine nationale.
Le chef de l’Etat sénégalais a présidé, mardi à Dakar, la cérémonie de baptême du nouveau patrouilleur de haute-mer « Cayor », marquant une étape importante dans le renforcement des capacités de la Marine nationale.
Le président Bassirou Diomaye Faye a étrenné mardi le nouveau patrouilleur de haute-mer du Sénégal. Arrivé peu après dix heures sous un ciel éclatant à la base navale amiral Faye Gassama, il a été accueilli par des officiers militaires et des personnalités civiles avant de procéder à l’inauguration du navire, désormais baptisé « Cayor », en hommage à l’un des anciens royaumes du Sénégal, symbole de liberté et de souveraineté.
Ce royaume, qui a prospéré entre le 16e et le 19e siècle, compte parmi ses rois illustres Lat Dior Ngoné Latyr Diop, considéré comme un héros national au Sénégal. Face à la presse, le capitaine de frégate Jules-Marie Ndour, commandant de la flotte du « Cayer », a souligné l’importance du nom attribué au navire : « Le choix du nom Cayor reflète les idéaux de liberté, de souveraineté, de courage et d’honneur qui caractérisaient nos anciens royaumes. Il s’agit d’inspirer l’équipage dans ses missions ».
Le « Cayor » marque ainsi une étape cruciale dans la modernisation de la flotte sénégalaise, alors que le pays ouest-africain s’efforce de protéger ses ressources et ses frontières maritimes face à des défis croissants.
Long de 62,82 mètres et large de 9,5 mètres, le patrouilleur est un navire de guerre d’une puissance impressionnante, capable de se déplacer à pleine charge avec un poids de 730 tonnes et une autonomie de 11 000 nautiques (environ 22 000 kilomètres en mer). A bord, le Président Faye a reçu des explications détaillées sur ses capacités techniques et opérationnelles. Equipé d’armes sophistiquées, le Cayor sera chargé d’assurer la défense militaire du Sénégal ainsi que des missions de l’Etat en mer.
Le commandant Ndour a également rappelé que le navire jouera un rôle clé dans la sécurisation des eaux sénégalaises : « Le Cayor nous permettra de défendre la patrie et de protéger tous les intérêts vitaux du Sénégal en mer ».
Cette nouvelle acquisition arrive dans un contexte marqué par la montée des défis maritimes auxquels le Sénégal fait face, notamment l’exploitation pétrolière offshore à Sangomar, où le pays a commencé à produire jusqu’à 100´000 barils par jour en collaboration avec la compagnie australienne Woodside.
En parallèle, la Marine sénégalaise s’efforce de lutter contre les diverses formes de criminalité maritime ainsi que l’immigration irrégulière, un phénomène croissant ces derniers mois. Des pirogues de migrants cherchant à rallier l’Europe ont été interceptées ces derniers jours tandis que la découverte tragique de cadavres en état de décomposition avancée en haute-mer en septembre dernier est encore fraîche dans les esprits.
Le patrouilleur « Cayor » avait alors été déployé sur place, sur une distance d’environ 70 kilomètres, pour remorquer l’embarcation à la dérive vers la rade extérieure du port de Dakar, où se trouve par ailleurs la base navale amiral Faye Gassama.
« Le Cayor est équipé de missiles anti-surface et d’armements capables d’abattre des avions et des navires ennemis. Il s’agit d’un atout stratégique essentiel pour garantir la sécurité de notre espace maritime », a assuré le capitaine Ndour, soulignant que la montée en puissance de la Marine sénégalaise s’inscrit dans une réponse globale des enjeux sécuritaires.