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2 décembre 2024
Société
CONFLUENCE MUSICALE À SAINT-LOUIS
Du 31 octobre au 2 novembre, le Festival "Au tour des cordes" revient pour sa 4ème édition, promettant un voyage musical sans frontières. Sous la direction d'Ablaye Cissoko, cet événement célèbre la richesse des instruments à cordes du monde entier
La 4ème édition du Festival "Au tour des cordes", orchestrée par Ablaye Cissoko, se tiendra du 31 octobre au 2 novembre 2024. Le communiqué suivant annonce cet événement exceptionnel qui célèbre non seulement la richesse des instruments à cordes, mais aussi l'histoire et le patrimoine de la ville de Saint-Louis.
"Ablaye Cissoko et l’équipe du Festival Au tour des cordes ont le plaisir de vous annoncer la 4ème édition du Festival “Au tour des cordes” qui se tiendra à Saint-Louis du 31 octobre au 2 novembre 2024.
Le festival met à l'honneur les instruments à cordes, ces instruments porteurs d’histoires séculaires des peuples du monde. Kora, setâr, ngoni, kanun, oud, guitare, depuis des siècles, racontent nos histoires, portent nos cultures et la voix de nos ancêtres. Autour de ces nobles instruments, de merveilleux musiciens, des passeurs de mémoires, des voix – de grandes voix -. Le fondateur du festival, le grand maître de Kora Ablaye Cissoko, a souhaité célébrer ce patrimoine traditionnel tout en créant un dialogue entre les peuples et les artistes issus de tous les horizons.
Le festival est donc également une histoire de rencontres humaines. “Au tour des cordes” nous a offert jusqu’ici 3 magnifiques éditions, de grands concerts et d'autres plus intimistes, des moments de communions et de partages exceptionnels, des instants suspendus où la beauté éclot dans tout ce qu’elle a de plus généreux. Fatoumata Diawara, Kiya Tabassian, Majid Bekkas, Rajerry Band, Awa Ly, Bassekou Kouyaté, Constantinople, Adar Halevy, Maria Siga, Ghalia Benali et tant d’autres encore, ont apporté leur part de magie aux 3 éditions, en communion avec un merveilleux public, très à l’écoute.
Le festival se déroule chaque année dans la ville historique de Saint-Louis. Au-delà de l’aspect musical, l’aspect historique et culturel ont une grande importance pour le fondateur résidant dans la ville depuis une trentaine d'années. Il rend aussi hommage à Ndar, et les sites historiques qui font la particularité de la ville.
L'événement se déploie dans ces différents sites, pour permettre de découvrir leur histoire. Il se déploiera aussi dans les écoles, à la rencontre des élèves, parce que la culture c’est aussi semer des graines, éduquer nos enfants sur notre patrimoine culturel. Il se déploiera dans les résidences artistiques créées pour permettre aux musiciens d’élaborer ensemble des projets qui seront présentés dans le cadre des concerts. Il se déploiera surtout dans les cœurs, comme il l’a fait pendant les 3 précédentes éditions. Vous serez envahie de belles émotions, de grâce, d’amour, de beauté.
Laissez-vous porter par l’appel du fleuve, du pont, des sublimes notes de Kora d’Ablaye Cissoko, ainsi que les mélodies de ses invités du bout du monde, Rendez-vous à Saint Louis du 31 octobre au 2 novembre 2024."
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MIGRATION IRRÉGULIÈRE, L’HÉCATOMBE RACONTÉE À MBOUR
Retour sur les lieux après la disparition d’une pirogue et des candidats à la migration irrégulière repêchés à Mbour Teffess. Pour les familles des victimes, la vie n’a plus de sens après ce drame.
Retour sur les lieux après la disparition d’une pirogue et des candidats à la migration irrégulière repêchés à Mbour Teffess. Pour les familles des victimes, la vie n’a plus de sens après ce drame, Mbour pleure ses fils qui ont perdu tout espoir en bravant les dangers de la mer. Reportage.
L'ARMÉE DÉCLENCHE UNE OFFENSIVE CONTRE LA CULTURE DE CHANVRE AU NORD DE SINDIAN
Cette intervention répond à l’urgence sécuritaire imposée par l’expansion de ces activités illégales, qui impactent lourdement les populations locales et l’économie régionale.
Le 7 octobre 2024, l’armée nationale a lancé une opération majeure dans la zone Djibidione-Dieye-Djondji-Massaran-Balla Bassène-Nialé, considérée comme le cœur de la culture de chanvre dans le nord Sindian. Cette initiative vise à combattre le trafic de chanvre et de bois, qui a pris des proportions alarmantes.
Cette opération s’inscrit dans un contexte de retour progressif des populations déplacées par les conflits, qui subissent les conséquences de l’expansion de la culture de chanvre. En effet, cette pratique a non seulement privé les agriculteurs de leurs terres, mais a également poussé de nombreux jeunes à abandonner l’école pour s’engager dans cette activité lucrative, exacerbant ainsi les enjeux sécuritaires, notamment dans cette zone frontalière avec la Gambie.
En réponse à la demande de la population pour une intervention sécuritaire, l’armée s’est engagée à détruire tous les champs de chanvre, neutraliser les éléments armés et interpeller les trafiquants. Cette opération, dirigée par le bataillon de commandos et soutenue par le 25e Bataillon de reconnaissance et d’appui, a déjà permis de détruire plus de 50 hectares de culture, représentant une valeur de plus de 2 milliards de francs CFA.
L’armée se dit déterminer à protéger les terres des populations et à relancer les activités licites, tout en luttant contre l’expansion d’une économie criminelle aux conséquences socio-économiques et environnementales dévastatrices.
DIOMAYE FAYE CONSOLIDE LE SYSTÈME
Les Jeunesses patriotiques du Sénégal (JPS), bras armés de Pastef, se voient récompensées avec une pluie de postes de chargés de mission à la présidence. Cette pratique, loin d'être nouvelle, soulève des questions sur la continuité des mœurs politiques
Ces dernières heures, plusieurs coordonnateurs des Jeunesses patriotiques du Sénégal (Jps), mouvement affilié au parti Pastef, ont été nommés chargés de mission à la présidence de la République. Autre temps, autre mœurs ? Ou statu quo ?
C’est une continuité dans les pratiques nominatives : Envoyé spécial, ministre-conseiller, Haut représentant du chef de l’Etat et maintenant chargé de mission. A la présidence de la République, les nominations s’enchaînent pour étoffer le cabinet présidentiel. Ces dernières heures, une douzaine de coordonnateurs des Jeunesses patriotiques du Sénégal (Jps), mouvement affilié au parti Pastef, ont été nommés chargés de mission à la Présidence : il s’agit, entre autres, des coordonnateurs des Jps de Kédougou, Saint-Louis, Koungheul, Diourbel, Tambacounda.
A la veille des législatives anticipées du 17 novembre prochain, c’est une manière de remobiliser la base électorale, notamment les jeunes qui constituent le cœur de Pastef et qui ne cessent de réclamer leurs nominations. Dans les pratiques politiques au Sénégal, le chargé de mission est une fonction fourre-tout, qui permet juste de caser une clientèle politique. De Wade à Macky, et désormais Diomaye, on décide d’y recourir pour offrir un emploi rémunéré à des militants ou proches.
Avec ces nominations, la présidence étoffe son personnel politico-administratif dans un contexte de conjoncture économique et de réduction annoncée des dépenses de l’Etat.
Premier ministre très puissant, Ousmane Sonko a mis à ses côtés une équipe de 20 conseillers à la Primature dans les domaines de la défense, de la sécurité, de la diplomatie, de la santé, des mines, du pétrole, des finances et du budget. Ils sont les référents des ministres et secrétaires d’Etat pour toutes les questions techniques qui relèvent de chaque département ministériel.
FMI-SÉNÉGAL, UN PARTENARIAT EN EAUX TROUBLES
L'audit des finances sénégalaises a eu l'effet d'une bombe, laissant l'institution internationale avec l'impression d'avoir été "jetée en pâture". Le prêt de 1,8 milliard de dollars, autrefois célébré comme une victoire par Macky Sall, est au point mort
(SenePlus) - Le Fonds Monétaire International (FMI) semble adopter une posture de prudence vis-à-vis du Sénégal, selon des informations obtenues par Jeune Afrique (JA). Malgré un prêt d'1,8 milliard de dollars validé en juin 2023, les nouvelles autorités sénégalaises se trouvent dans une impasse financière, n'ayant aucun décaissement depuis l'arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye.
"Il n'y a traditionnellement pas de revues pendant les périodes électorales. Le FMI veut éviter d'être instrumentalisé à des fins politiques", confie une source au sein de l'institution à JA. Cette période d'attente exceptionnellement longue s'explique par les remous politiques qui ont secoué le pays, notamment le rapport de l'élection initialement prévue fin février.
Le nœud du problème semble résider dans un audit des finances publiques lancé par les nouvelles autorités. Cet audit, qui a empêché la fourniture des documents nécessaires au FMI pour valider la deuxième revue de son programme, a conduit à l'annulation de deux conseils d'administration consécutifs. "C'est rare d'annuler deux conseils d'administration de suite", souligne la source de Jeune Afrique. "Cela concerne généralement les pays défaillants."
La situation s'est encore compliquée lorsque le 26 septembre, à Dakar, Ousmane Sonko et Abdourahmane Sarr ont dévoilé les résultats de l'audit, révélant des chiffres alarmants. "Nous avons eu le sentiment d'être jetés en pâture", confie un employé de l'institution à JA. "Si l'audit dit vrai, le FMI va être pointé du doigt. Mais nous ne certifions pas les comptes publics, ce n'est pas notre rôle."
Face à cette situation, Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, a déclaré le 5 octobre : "Nous travaillerons étroitement avec les autorités dans les prochaines semaines pour évaluer l'impact macroéconomique et définir les prochaines étapes." Cependant, avec les élections législatives anticipées prévues pour le 17 novembre, le Sénégal risque de faire face à des problèmes de liquidités, aucune revue ne pouvant avoir lieu en période électorale.
L'incertitude plane désormais sur l'avenir du prêt de juin 2023, certaines évoquant même la possibilité que les revues n'arrivent jamais à leur terme. Dans ce scénario, les nouvelles autorités devraient relancer un nouveau programme.
PAR Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
NDIAGA DIAW, LA PASSION DE L’ÉLÉGANCE
Au moment où des jeunes plongent dans l’enfer de l’Atlantique, il est réjouissant qu’un jeune créateur sénégalais, passionné de stylisme et de mode, qui a su s’imposer et chez lui et ensuite à l’étranger, fasse le choix de revenir écrire l’histoire
« Au cœur de chaque maison de couture, une âme se révèle. Ce sont des histoires tissées de passion et d’émotions, où chaque création évoque des rêves inaccessibles. Dans le tourbillon des tissus et des aiguilles, des destins s’entrelacent, illuminant le monde de la mode. Chaque pièce est une œuvre qui raconte une histoire unique, vibrante de vie, d’amour et de dévotion. La haute couture, c’est ainsi un voyage au cœur des émotions, où chaque détail a son importance et où chaque silence résonne. »
Au moment où des jeunes adultes plongent dans l’enfer de l’Atlantique en poussant un « ouf ! » de soulagement, il est réjouissant qu’un jeune créateur sénégalais, passionné de stylisme et de mode, qui a su s’imposer et chez lui et ensuite à l’étranger, fasse le choix de revenir dans son pays, précisément chez lui, là-même où il a grandi, pour encore écrire l’histoire de la vie qu’il mène, fortement inspirée par l’élégance et l’amour du beau, histoire qu’il dépose avec son talent sur des femmes et des hommes, qu’il aime à rendre singuliers et surtout audacieusement libres.
Ndiaga Diaw, qui a créé en 2005 son premier atelier appelé « FIIT », ça ne s’invente pas, est donc revenu au bercail après s’être imposé à Bruxelles dans le monde de la mode à travers son showroom situé, ça ne s’invente pas non plus, « Rue Lebeau ». Portrait d’un homme entre audace et beauté.
Cet homme de 46 ans est né à Dakar et y a grandi, fasciné par les vêtements, et la manière de les porter le plus élégamment possible. Il se découvre une passion, le stylisme, n’ayant pas de prime abord, l’idée d’en faire son métier. De curiosités en éblouissements liés aux fréquentations qu’il tisse dans ce milieu, sa vocation se précise et ses doutes sur son talent se muent en certitudes.
Fitt l’atelier de l’audace
L’homme prend à bras le corps sa passion du stylisme et inaugure en banlieue, à Golf, son premier atelier de couture et de création, et saisit l’opportunité de participer cette année-là au concours Siravision, sélectionné in extremis, lui donnant de créer 5 pièces dans l’urgence, et, la chance ne souriant qu’aux audacieux, Ndiaga Diaw remporte le concours et accède à la notoriété.
N'oubliant pas que « le Génie, c’est 10% de talent et 90% de transpiration », il travaille avec une grande créatrice, qui avait révolutionné le pagne tissé, Claire Kane en l’occurrence, conseille les clients, gère la boutique, investit l’atelier et y découvre avec humilité l’art et les exigences de la coupe, et intègre le processus de création, du dessin au vêtement.
« L’instant Claire Kane », c’est le déclic de l’ambition, c’est l’intime conviction du talent nécessaire à l’éclosion de ses rêves…empreints d’Universel. En 2012 Ndiaga a des envies d’ailleurs, non pas parce s’y trouverait un improbable « El-DO-RADEAU », mais parce qu’il a envie de nouvelles expériences, de se remettre en question autant qu’en perspectives, en se mettant loin, en surplomb de sa vie et de sa zone de confort endogène.
Il part alors à la recherche de lui-même, « lui-même » étant l’endroit « d’où il parle au Monde » et d’où il crée son désir du beau et son offre d’élégance à des femmes et à des hommes en quête de cette singularité que proposent ses créations.
Il était Bruxelles…une fois !!!
Destination Berlin, ville culturellement turbulente et accueillante, ouverte de tous les temps aux artistes du monde entier, mais c’est en Belgique, à Bruxelles notamment, creuset très vivant de créations audacieuses, que Ndiaga Diaw va poser la table de coupe, qui va lui inspirer l’idée même du challenge à emporter, dans un pays où la mode est plus développée que sous nos latitudes. Sans complexes, la foi et la confiance chevillées au cœur, il pénètre cet univers, s’armant au contraire de courage lorsque des Cassandre lui en avaient prédit l’impossibilité. Pouvait-il en être autrement pour l’homme qui n’aimant que la mode, ne sachant faire que ça, était donc condamné à en affronter les difficultés, lesquelles vont paradoxalement le booster et rendre ses certitudes et sa confiance plus affirmées, lui permettant de s’adapter à son nouveau pays, à sa clientèle avide d’étonnements, de goûts nouveaux surprenant leurs sensibilités. La Haute Couture est affaire d’Orfèvres, et les métiers qui concourent à l’attrait que le monde entier lui voue, sont tous d’une exigence professionnelle absolue. Cela vous forge un homme, et les vêtements qu’il invente sont prisés par les hommes et les femmes, ces dernières orientant de plus en plus les coups de son crayon sur la planche à dessins qui dansent entre prêt à porter et haute couture, révélant avec délicatesse et touches subtiles, « La Femme Ndiaga Diaw ».
Un habit ne peut pas être que beau…il doit être bien porté
La « Femme Ndiaga Diaw », c’est une identité qui relève de la force, de la singularité, de l’unique et du transgressif, dont aiment se parer des femmes fortes et indépendantes, exigeant que le vêtement créé par Ndiaga affirme avec grâce quelque chose en elles. Bruxelles lui fait alors toute sa place, lui offrant un bel écrin où il pourra faire briller la Marque Ndiaga Diaw, Rue Lebeau, comme par hasard.
Ses multiples collections et défilés de Haute Couture en attestent : Ndiaga Diaw a étonné Bruxelles. Pourtant un sentiment s’installe de plus en plus excitant dans son esprit, agite ses réflexions, lesquelles peu à peu lui murmurent un tranquille besoin de revenir vers la Source du Rêve, pour établir l’expérience à l’endroit où l’audace a guidé ses pas sur des chemins buissonniers, pour que « FITT » fasse place à la Marque Ndiaga Diaw, comme une boucle bouclée toute en poétique créatrice, puisque le lien ne fut jamais déconnecté entre Bruxelles et Golf. Au fur et à mesure, l’idée germe de revenir créer et dynamiser la Marque Ndiaga Diaw là où FITT était né.
Produire local ne veut pas dire traditionnel
Dans son atelier Dakarois, l’homme s’attèle à créer une nouvelle collection, avec le dessein de l’exporter, mais aussi destinée à plaire aux Sénégalais, tout en précisant que « Produire Local ne veut pas dire Produire Traditionnel », l’ethnique ne détrônant pas les goûts de se vêtir communs, étant persuadé que les Sénégalais et les Africains sont dorénavant « dans le Temps du Monde ».
Les 12 et 13 octobre, Ndiaga Diaw de retour chez lui, accueille le Sénégal dans ses murs et plonge les amoureux du beau et de l’élégance dans le lieu où va désormais vivre sa marque et d’où ses créations vont aller séduire les Sénégalais. Ces deux jours, seront des moments joyeux de « portes ouvertes », sur ses ateliers et son laboratoire, sa salle de coupe, posés au cœur du réacteur d’où surgissent des créations étonnantes et singulières, que porteront de divins et sublimes mannequins.
Ndiaga Diaw affirme et partage son rêve, rendu possible par son audace : « J’avais besoin d’établir ma Marque et de la partager avec les gens de chez moi, de leur dire bienvenue là où j’ai grandi, venez où je vous convie, c’est aussi chez vous. C’est là, tout le sens de mon retour au pays natal ».
Emotions garanties. Venir découvrir la dernière collection Homme et Femme "Dakar 2024" lors de journées portes ouvertes sera donc un bonheur.
Ndiaga Diaw Couture
Ventes privées & Cocktails
Adresse : Rue GS-112, 473 Golf Sud
par Ibrahima Thioye
HONTE ET CULPABILITÉ
Voyage au cœur de ces sentiments complexes, de leurs origines à leurs manifestations, en passant par des conseils pratiques pour les apprivoiser.
John Bradshaw nous rappelle dans son livre S’affranchir de la honte : « La honte est partout ; elle s’avère rusée, puissante et déroutante. Son pouvoir réside dans son caractère obscur et secret » ; « La culpabilité est notre directeur de conscience. Elle nous signale que nous avons transgressé nos valeurs. »
Définitions
La honte et la culpabilité sont des émotions sociales proches. La honte se manifeste par un sentiment d’abaissement de soi aux yeux des autres suite à une expérience perçue comme non conforme à nos idéaux. La culpabilité survient lorsque nous notons un décalage entre notre comportement et les normes morales de notre groupe. Il est important de distinguer la honte normale, qui nous rappelle nos limites, de la honte toxique, fondée sur la dévalorisation de soi. De même, la culpabilité saine permet de reconnaître et de corriger nos fautes, tandis que la culpabilité malsaine devient source de torture mentale, accompagnée de rigidités.
Caractéristiques principales
- La honte touche l’identité de la personne en générant un sentiment douloureux de déficience. La culpabilité est liée à un problème de conduite, confrontant la personne à sa conscience morale.
- Dans la honte, l’écart se situe entre le « moi réel » et le « moi idéal », tandis qu’avec la culpabilité, la tension s’établit entre le moi et le surmoi. Dans la honte, la personne se juge indigne et se dévalorise ; dans la culpabilité, elle se sent fautive et regrette son comportement répréhensible.
- La honte est souvent accompagnée d’une forte composante physique, tandis que la culpabilité génère des pensées torturantes et de la rumination cognitive.
Autres caractéristiques
- La honte est plus archaïque et serait vécue dès la phase narcissique de l’enfance, alors que la culpabilité se manifeste avec le développement de la conscience morale.
- Les sociétés fondées sur des valeurs guerrières et héroïques favorisent une « culture de la honte » dans laquelle honneur, dignité, pudeur et évitement de la honte structurent les comportements, tandis que celles prônant la charité et la compassion tendent à développer une « culture de la culpabilité ».
- On distingue, par ordre d’intensité, la gêne, l’embarras, la honte saine et la honte toxique. De même, la culpabilité malsaine est souvent précédée de la culpabilité saine, des remords et des regrets. Il est plus difficile de confier sa honte que d’évoquer sa culpabilité.
- La honte toxique a un lien avec une mésestime de soi. Elle accompagne souvent les syndromes névrotiques et caractériels.
- Le sentiment inverse de la honte est la fierté. Les sentiments inverses de la culpabilité sont l’innocence et la sérénité.
Exemples
Cas de honte
- Un enfant qui se cache après avoir révélé sa vulnérabilité.
- Un soldat qui dévoile sa peur.
- Un enfant qui ne veut pas que ses camarades de classe découvrent son père qui est très âgé.
Cas de culpabilité
- Ne pas avoir accompli son devoir.
- Sentiment de culpabilité lié au syndrome du survivant.
- Avantages perçus par rapport aux autres.
Mauvaise nouvelle
Les expressions « rouge de honte » et « vert de honte » illustrent le niveau du ressenti. Nous avons tous expérimenté ces émotions de honte et de culpabilité. Leur intensité et leur fréquence dépendent de nombreux facteurs : culture, cercle familial, personnalité, etc. Certaines formes de honte toxique trouvent leur origine dans le système familial. Une fois intériorisée, la honte a le pouvoir d’enchaîner toutes les autres émotions. C’est pourquoi on l’appelle « l’émotion maîtresse ».
Bonne nouvelle
Grâce au travail intérieur, il est possible de tirer parti des fonctions utiles de ces émotions tout en évitant leurs aspects nocifs. Un manque de honte entraîne une rupture avec la pudeur, tandis qu’un excès de honte peut plonger dans la tristesse profonde. De même, peu de culpabilité peut conduire à la transgression des règles, et trop de culpabilité au perfectionnisme. Chaque personne doit apprendre à placer le « curseur » émotionnel au bon endroit.
Utilité des émotions de honte et de culpabilité
Ces émotions jouent un rôle essentiel dans l’intégration sociale. La honte nous aide à préserver notre identité au sein du groupe et à anticiper les rejets éventuels. Elle nous incite à nous adapter et à rester ouverts à de nouveaux horizons. Elle peut également être source de hautes performances, car une perception de médiocrité ou d’anormalité intérieure peut pousser un individu à exceller. La culpabilité, quant à elle, favorise le lien social et contribue à la qualité du vivre-ensemble.
Nocivité des émotions de honte et de culpabilité
Lorsque ces émotions se dérèglent, elles peuvent devenir paralysantes. La honte toxique entraîne un sentiment d’infériorité, et la culpabilité malsaine peut mener à des comportements manipulateurs ou imprudents. Ces émotions, mal gérées, peuvent nous priver de nos ressources intérieures et conduire à des décisions dangereuses.
Gestion des émotions
Pour gérer la honte toxique et la culpabilité malsaine, il est important de :
Confier sa honte pour réduire les ruminations et transformer la honte en embarras.
Accepter de se détendre (face à la culpabilité).
Apprendre à bien délimiter les frontières de responsabilité (ni culpabilité, ni honte, ni fierté pour des choses qui ne dépendent pas de nous).
Extérioriser ses voix intérieures et intégrer les différentes parties de soi-même.
Apprendre à relativiser les événements de la vie (cf. « Si », de Rudyard Kipling).
S’aimer soi-même en s’acceptant entièrement et inconditionnellement ; pratiquer l’empathie et la compassion envers soi-même.
Savoir demander et offrir le pardon.
UNE RAME LIVREE A L’APIX POUR LA DEUXIEME PHASE DU TER
L’APIX, l’agence chargée de la promotion des investissements et des grands travaux de l’État, a réceptionné, vendredi, à Dakar, l’une des sept rames commandées pour la deuxième phase du train express régional (TER)
L’APIX, l’agence chargée de la promotion des investissements et des grands travaux de l’État, a réceptionné, vendredi, à Dakar, l’une des sept rames commandées pour la deuxième phase du train express régional (TER), a constaté l’APS.
Son directeur chargé des grands travaux, Latyr Niang, a procédé à la réception de cet équipement constitué de plusieurs wagons attelés, dans les locaux du Port autonome de Dakar.
D’autres rames seront livrées à l’APIX d’ici à mars 2025, selon M. Niang.
La construction de la deuxième phase du TER a démarré en 2022. Elle consiste à construire les ouvrages permettant à cette infrastructure de transport de masse de desservir la commune de Diass (ouest), où se trouve l’aéroport international Blaise-Diagne.
Selon le directeur chargé des grands travaux de l’APIX, l’exploitation de la deuxième phase du TER (19 kilomètres) va démarrer au cours du second semestre de l’année prochaine.
Pour construire cette voie ferroviaire, l’État du Sénégal, sous la houlette du président de la République de l’époque, Macky Sall, avait sollicité Alstom, une société française spécialisée dans les chemins de fer.
Le train express régional, dont la première phase a été inaugurée en décembre 2021, assure depuis lors, au quotidien, le transport de milliers de passagers entre Dakar et Diamniadio (ouest), soit une trentaine de kilomètres.
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DAKAR DEM DIKK, ASSANE MBENGUE SORT DES CAFARDS
Le directeur général de la société Dakar Dem Dikk, Assane Mbengue, a fait face à la presse hier, vendredi 11 octobre, pour revenir sur la situation de l’entreprise qu’il dirige. Selon lui, « sur 100 receveurs, 20 ne reversaient pas l’argent collecté».
Des malversations ont eu lieu dans la gestion de la société Dakar Dem Dikk. L’annonce est de son directeur général, Assane Mbengue. Il était en conférence de presse hier, vendredi 11 octobre, suite au mouvement d’humeur de quelques-uns des percepteurs de la société.
Le directeur général de la société Dakar Dem Dikk, Assane Mbengue, a fait face à la presse hier, vendredi 11 octobre, pour revenir sur la situation de l’entreprise qu’il dirige. Selon lui, « sur 100 receveurs, 20 ne reversaient pas l’argent collecté sur les applications téléphoniques ».
Le directeur a aussi dit avoir constaté des magouilles dans le paiement de la dette due à la société par l’État du Sénégal. « Une facture de billets d’avions estimée à 35 millions, a été retrouvée », dit-il. Une centaine de millions a été payée à une entreprise qui devait fournir à la société DDD du matériel sans qu’une réception n’ait lieu. Pis, aucun lien contractuel n’est établi entre l’entreprise et la société. La société finançait la campagne de ses anciens directeurs. Dans l’acquisition des bus, il a dénoncé une surfacturation. Un panneau signalétique d’un fief d’un ancien directeur avait été pris en charge par la société. Plus de cinq cent (500) millions de dette sont dues à des fournisseurs. « Les cotisations à la coopérative des employés étaient prélevées sans être versées », a dit Assane Mbengue. « Les recettes journalières pour la société étaient à vingt (20) millions. Elles sont ramenées à quarante (40) millions », si l’on en croit le directeur de la société. Assane Mbengue parle aussi d’une dotation importante en carburant à ses directeurs généraux, plus que la normale.
par l'éditorialiste de seneplus, Amadou Elimane Kane
LITTÉRATURE : CITOYENNETÉ ET DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique
Amadou Elimane Kane de SenePlus |
Publication 11/10/2024
Dans toute civilisation et son histoire, il existe des vecteurs qu’il convient d’étudier afin de mieux comprendre les fonctionnements d’une société.
La littérature est un terrain immense d’exploration, à la fois dans le domaine culturel et artistique, mais aussi dans sa dimension historique qui façonne nos civilisations.
A travers les époques et les territoires, la littérature constitue un vaste champ d’étude qui mérite quelques éclairages.
L’étymologie du mot « littérature » vient du latin « litteratura » qui signifie tout d’abord « écriture » puis « érudition ». Dans son sens premier, la « littérature » regroupe « l’ensemble des connaissances et de la culture générale ». On voit bien ici que la littérature comprend la somme de tous les savoirs humains dans tous les domaines.
Autrement dit, l’homme de lettres est un érudit capable de s’exprimer sur des sujets très amples. D’autre part, la littérature est aussi une forme d’écrit qui comporte des préoccupations esthétiques qui s’apparentent à une pratique artistique.
La littérature est donc la somme des œuvres écrites sur les connaissances et qui respecte les exigences esthétiques du genre.
Mais cette introduction définitionnelle n’est pas suffisante, il convient également d’observer, à travers l’histoire, l’impact de la littérature sur la culture et l’organisation des civilisations.
On peut donc se demander comment la littérature peut influer sur les agissements d’une société et plus particulièrement ici quel est son rôle dans l’exercice de la citoyenneté et de la démocratie.
Si nous prenons l’exemple de la littérature de l’Égypte pharaonique, celle-ci avait pour principal objet la « maat », c’est-à-dire la justice ou encore la notion de l’équilibre démocratique. Ainsi, on peut dire que c’est un des premiers actes de la citoyenneté dans l’histoire de l’humanité.
L’exercice de la justice, de la démocratie, de la citoyenneté était fortement présent dans la société de l’Égypte pharaonique et ces exigences habitaient tout naturellement la littérature de l’époque. Il y a fort à parier que la littérature elle-même jouait un rôle majeur dans l’orientation humaine et sociale de cette période.
Si l’on regarde du côté de la Grèce antique, qui est une base fondamentale de la culture occidentale, on constate que le travail du philosophe Socrate a puissamment influencé cette civilisation. Socrate avait dans l’idée de travailler pour la conversion morale de ses concitoyens. Il s’était donné pour mission de rendre conscients les Athéniens de leur ignorance en instaurant la science de soi-même. Il n’enseignait pas la rhétorique et vivait pauvrement. Ainsi il s’est imposé aux yeux de tous comme un véritable citoyen, dénué d’intérêt particulier, qui s’interrogeait sérieusement sur la vie politique et s’opposait au caractère démagogique de la démocratie athénienne. Il fut d’ailleurs combattu pour sa rupture avec l’exercice religieux de l’époque qu’il ne reconnaissait pas et fut condamné à mort. Emprisonné, il refusa de s’évader car le respect des lois de la Cité était plus important que sa propre personne.
Un des concepts les plus présents dans la société occidentale et développé par Socrate est la devise « connais-toi toi-même ». Il s’agit ici de s’observer en tant qu’être pensant, en s’élevant au-dessus de ses sentiments particuliers et de ses opinions, qui ne sont la plupart du temps, selon Socrate, qu’une illusion de données. Socrate pensait que l’ignorance de soi-même faisait de l’homme un dépendant ou un esclave de ses opinions. En revanche, la connaissance de soi rend libre et donne à l’homme la capacité de se suffire à lui-même.
On voit bien ici, même si l’on se refuse de systématiser, combien la pensée de Socrate a imprégné la culture occidentale qui s’est approprié, et ce de manière constante, cette figure socratique de la connaissance de soi pour parvenir à une forme équilibrée entre l’existentiel, cher à Sartre, et la libre démocratie partagée par tous.
De même, on peut retrouver cette trace héritière de Socrate dans la vie et l’œuvre de Victor Hugo. Voici un homme qui est considéré comme l’un des plus importants écrivains de langue française tout en ayant marqué l’histoire politique du XIXe siècle par ses engagements. Romancier, essayiste, dramaturge, poète et penseur social, Victor Hugo a contribué à faire bouger les lignes conservatrices de la France du XIXe siècle. Réformiste, il souhaitait changer la société en dénonçant violemment l’injustice sociale. Il s’est engagé à la résistance sous toutes ses formes et a été un farouche abolitionniste de la peine de mort. Ainsi toute la littérature de Victor Hugo est empreinte de ses combats et s’inscrit véritablement dans une esthétique engagée qui contribue à faire grandir les connaissances de l’époque. L’œuvre et la personnalité de Victor Hugo ont marqué la société française et les écrivains du XXe siècle qui ont vu en lui une sorte de Socrate moderne qui avait repris le flambeau de la justice et de la démocratie.
Il en va de même pour Aimé Césaire, grand écrivain contemporain, qui reprend à son compte la philosophie socratique du « connais-toi toi-même ». Cahier d’un retour au pays natal est un long plaidoyer de la conscience négro-africaine. Aimé Césaire plonge sa plume dans les racines africaines et le sang de l’esclavage à travers une œuvre magistrale qui se place au-delà de sa propre quête. La déclaration, « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir », est bien la démonstration de la volonté majestueuse d’Aimé Césaire de porter l’histoire à nu du monde noir dans un esprit de justice sincère et qui allie esthétisme littéraire et promesse. La justice écoute aux portes de la beauté, écrit-il encore. D’ailleurs, toute l’œuvre de Césaire est traversée de cette soif, parvenir à l’écriture érudite et littéraire du monde négro-africain tout en demeurant un citoyen à part entière. Ce qu’il tiendra jusqu’à ses derniers jours sans jamais céder à ses propres intérêts mais répondant seulement à la justice de ses concitoyens antillais, de ses frères africains mais aussi de l’humanité toute entière sensibilisée à sa parole poétique et engagée. A ce titre, Aimé Césaire a profondément marqué le paysage littéraire francophone du XXe siècle de manière unique et son œuvre porte la trace monumentale de ses combats. A travers les écrits du poète philosophe martiniquais, on peut mesurer toute la signification du rôle de la littérature dans l’exercice d’une citoyenneté authentique qui se réclame de la liberté des hommes à exprimer ce qu’ils sont pour être au service de la société, de la culture et de la civilisation.
Si l’on regarde de plus près la littérature africaine contemporaine, il existe également des figures qui répondent à cet engagement artistique qui vient caresser les frontières citoyennes et humaines.
Je citerai tout d’abord pour exemple l’auteure Mariama Ba dont on peut dire que Une si longue lettre, ouvrage publié en 1979, a profondément marqué plusieurs générations de la société sénégalaise. Enseignante et militante engagée dans l’éducation et le droit des femmes, Mariama Ba, à travers son œuvre pourtant brève, a réussi à mettre au centre les problématiques de la société sénégalaise et africaine, telles que la polygamie, les castes ou encore l’exploitation des femmes.
Comme pour Victor Hugo ou Aimé Césaire, la littérature est au service de la cause à défendre, comme une sorte de serment qui va au-delà du simple exercice esthétique. Mais encore une fois, ce qui permet l’appropriation du message par les lecteurs est la forme stylistique qui par sa puissance universelle, son authenticité éclaire la vision de l’écrivain qui observe une société qui doit évoluer et se moderniser. La sincérité humaine et littéraire est au cœur de l’œuvre de Mariama Ba, ce qui à coup sûr en assure la légitimité et la longévité. Il y a aussi ici la question de la transmission, ce que propose Mariama Ba est bien de l’ordre éducationnel. Par un sens pédagogique aigu, elle rappelle la question des valeurs humaines, sociales et morales qui ne doivent pas faiblir et provoquer des injustices criantes, notamment à l’égard des femmes. En ce sens, on peut dire que la littérature de Mariama Ba appelle à plus de justice au sein de la société sénégalaise en bousculant les codes et en proposant des ruptures profondes à la fois sociales et littéraires.
L’autre exemple dans la littérature africaine qui offre une alliance entre l’esthétisme et l’engagement est la production d’Aminata Sow Fall. Femme de lettres sénégalaise, romancière, Aminata Sow Fall est l’une des pionnières de la littérature africaine francophone. A travers ses romans, elle porte un regard critique sur la société sénégalaise, alors en pleine mutation, dont elle dénonce l’hypocrisie et l’idéologie patriarcale. Enseignante, Aminata Sow Fall participe également à la valorisation de la littérature, des arts et de la culture au Sénégal. Toute son œuvre [1] et les thèmes qu’elle aborde sont en lien avec les préoccupations de la société sénégalaise. Dans La grève des bàttu, par une construction fictionnelle habile, elle fustige les autorités qui préfèrent ignorer la misère pour développer le tourisme et l’argent-roi. Ainsi, en superposant l’imaginaire qui traverse le réel, l’auteur parvient à ébranler, à remettre en cause le fonctionnement d’un système dont chacun réclame plus de justice et d’équité. Comme Aminata Sow Fall le dit elle-même, « l’artiste n’est pas une tour d’ivoire. Son rêve ne l’empêche pas de sentir le bouillonnement de la Cité ».
Oui, l’artiste, l’écrivain ne vit pas retranché dans un monde irréel dont les personnages qu’il invente ne seraient que des pantins désarticulés. L’expression artistique est une forme d’engagement en soi, sans artifice, ni discours partisan. Au fond, l’expression des œuvres reflète tout simplement l’expression humaine. Et comme il y a autant d’écrivains qu’il y a d’êtres humains, si différents soient-ils, certains se distinguent par une exigence artistique engagée qui bouleverse à la fois le champ littéraire et la structure sociale dans laquelle ils évoluent.
La pensée de Socrate, les pamphlets de Victor Hugo, le souffle poétique d’Aimé Césaire, la sensibilité de Mariama Ba, l’inventivité d’Aminata Sow Fall portent la marque d’éléments fondateurs des valeurs de liberté, de citoyenneté et de démocratie. Chacun en son genre, a participé à l’évolution de la pensée d’une société à travers la littérature et la création.
C’est pourquoi je pense qu’il est nécessaire aujourd’hui, dans le monde qui est le nôtre, parsemé d’imperfections, d’injustices de plus en plus sévères, de dysfonctionnements divers, que les écrivains africains, et aussi plus largement les artistes, doivent travailler pour réveiller les consciences, faire en sorte que l’engagement artistique soit en phase avec les révolutions qui émergent.
La vision de l’écrivain doit interagir avec le monde qui l’entoure et qui est en perpétuelle mutation. Et son travail doit s’inscrire dans un combat citoyen, dans un combat démocratique. Oui, il s’agit bien, à travers la littérature, de contribuer à faire émerger l’esprit africain citoyen, l’esprit africain démocrate. De reconsidérer que les institutions, garantes d’une équité plus solide, puissent nous permettre de nous élever vers la voie de l’harmonie et de la justice.
La littérature, la poésie, l’art en général, doit permettre l’anéantissement de l’adversité malsaine, ces mauvaises habitudes qui ensevelissent la créativité telles que la corruption, le népotisme ou le marchandage éhonté des privilèges.
Oui, la dimension humaine, la démarche citoyenne, l’acte démocratique doivent reprendre le flambeau au sein de nos sociétés et revenir au centre de nos préoccupations. C’est un préalable fort à la dynamique de la renaissance africaine et du développement.
Amadou Elimane Kane est enseignant et poète écrivain.
[1] Les romans d’Aminata Sow Fall sont devenus des classiques de la littérature sénégalaise et sont inscrits dans les programmes d’enseignement.