VIDEODÉMOCRATISER LES DROITS, AU-DELÀ DES INSTITUTIONS
Fin de l'hyper-présidentialisme, indépendance réelle de la justice, déconcentration des pouvoirs... Les chantiers ne manquent pas. Mais la refondation la plus urgente pourrait bien être celle d'un nouveau du contrat social
A l'orée d'une nouvelle ère politique, à quoi doit ressembler la refondation démocratique au Sénégal ? C'est la question brûlante qui a nourri les échanges de ce cinquième épisode de la série "Où va le Sénégal" animée par Florian Bobin, en compagnie de trois figures intellectuelles de premier plan : Marie-Pierre Sarr, Samba Ndiaye et Ndiabou Touré.
Trois années de violences et de dérives autoritaires ont profondément ébranlé l'État de droit sénégalais. Les droits les plus fondamentaux ont été bafoués, du droit de manifester à la liberté d'expression, en passant par l'indépendance de la justice foulée aux pieds. "Une crise de l'État de droit entraîne une crise de la société, c'est évident", Martèle Marie-Pierre Sarr.
Pourtant, même dans les heures les plus sombres, une lueur d'espoir est née : la naissance d'une conscience citoyenne vis-à-vis du droit. "Le droit s'est installé dans la tête du Sénégalais ordinaire", souligne Ndiabou Touré. Un regain de vigilance salutaire, qui a permis de déjouer la stratégie de normalisation des dérives du pouvoir sortant.
Mais l'heure est désormais à la reconstruction. Pour Samba Ndiaye, les réformes institutionnelles à venir ne doivent pas se limiter à un simple habillage mais insuffler une véritable régénération éthique. "Il ne faut pas céder au fétichisme des institutions, insiste-t-il. C'est en repensant nos valeurs fondatrices que nous rebâtirons un État de droit pérenne."
Fin de l'hyper-présidentialisme, indépendance réelle de la justice, déconcentration des pouvoirs... Les chantiers ne manquent pas. Mais la refondation la plus urgente pourrait bien être celle d'un nouveau du contrat social, un projet rassembleur puisant dans l'âme plurielle de la Nation.
"C'est notre métissage culturel et notre diversité qui font notre force, estime Ndiabou Touré. Nous devons réinvestir ce terreau de paix pour bâtir les fondations d'une démocratie apaisée."
Passé le cap des élections, la route vers une démocratisation effective du droit s'annonce semée d'embûches. Mais la société civile, qui démontre toute sa vitalité, compte bien garder un œil vigilant sur la concrétisation des promesses de changement.