VIDEOM23, LES SEIGNEURS DE LA TERREUR
Équipé d'artillerie lourde et de missiles sol-air , le groupe rebelle étend son emprise sur le Nord-Kivu. Derrière cette guerre se cache une bataille pour le contrôle des richesses minières, pendant que les civils fuient par milliers
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Une enquête du journal Le Monde met en lumière l'ampleur de la violence qui secoue l'est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis la résurgence du groupe armé M23 en novembre 2021.
Le mouvement, qui avait connu une période d'inactivité de huit ans, a repris les armes avec une puissance de feu renouvelée. L'ONU pointe du doigt le soutien du Rwanda, attesté par la présence de forces rwandaises aux côtés des rebelles et l'utilisation d'équipements coordonnés, notamment de l'artillerie lourde et des missiles sol-air.
Les civils payent le prix fort de cette reprise des hostilités. Le massacre de Kishishe et Bambo en novembre 2022 en témoigne : plus d'une centaine de civils y ont été exécutés arbitrairement. Des survivants, évoqués par Le Monde, rapportant avoir été contraints d'entrer leurs proches dans des fosses communes, dont au moins 14 ont été identifiées par Human Rights Watch.
L'ONG ACLED dresse un bilan accablant : depuis novembre 2021, au moins 3000 civils ont perdu la vie dans des attaques au Nord-Kivu. Un chiffre probablement sous-évalué, de nombreux villages restant inaccessibles aux observateurs.
La réponse des autorités congolaises s'avère tout aussi problématique. L'armée nationale s'est alliée à diverses milices locales, dont certaines sont connues pour leurs exactions. Elle s'est elle-même illustrée dans des actes de violence, comme lors de la répression sanglante d'une manifestation à Goma en août 2023, qui a fait 57 morts.
En toile de fond de ce conflit se dessinent des enjeux économiques majeurs : le Nord-Kivu regorge de minéraux précieux - or, étain et coltan, ce dernier étant essentiel à l'industrie électronique mondiale.
La crise humanitaire s'aggrave : plus d'un million de personnes ont dû fuir leurs foyers, tandis que le M23 resserre son étau autour de Goma, la capitale provinciale. Une situation qui perdure malgré les engagements de paix du président Félix Tshisekedi.