VIDEO TOMBEZ VOS CARTES DE PRESSE ET PRENEZ NOS CARTES DE PRECHE !
Quel avenir pour le journalisme au Sahel? Pourquoi les journalistes sont-ils devenus encombrants pour les militaires maliens et Burkinabé? Qu'est-ce qui explique le soutien presque aveugle des activistes aux juntes? Réponses d'un journaliste burkinabé

Il est devenu de plus en plus difficile d’exercer le métier de journalisme en toute liberté au pays des Hommes intègres et dans beaucoup de pays du Sahel en général. En effet, depuis l’avènement des militaires au pouvoir, la liberté de presse est de plus en plus restreinte. C'est ce que nous explique Serge Oulon, ce professionnel des médias venu à Dakar dans le cadre de la publication du rapport de Reporters sans frontières.
Les militaires, au Burkina comme au Mali, exigent un devoir de bienveillance, de docilité des journalistes à leur endroit, en prétextant la particularité contexte sécuritaire fragile. Pendant ce temps, eux militaires, peuvent commettre en toute discrétion des exactions ou des bavures, en tentant de riposter contre les attaques terroristes. Ce faisant, c'est tout comme si les désormais, on demandait aux journalistes de tomber leurs cartes de presse pour se munir des cartes de prêche des militaires et autres dirigeants du Sahel. Puisque ce n'est plus toute la vérité qu'il faut sortir, mais celles voulues de tout cœur par les dirigeants aussi bien civiles et militaires. Le cas du Burkina est très préoccupant au vu du bel exemple qu'il fut.
Longtemps bien classé en matière de la liberté de la presse, le Burkina Faso, pays de Norbert Zongo, se porte de moins en moins bien. En effet selon les différents classements précédents de Reporters sans frontières avant l’avènement des militaires, le Burkina a souvent été premier en Afrique Francophonie et souvent parmi les 5 premiers du continent au cours des 5 dernières années.
Mais force est de constater que ce bon ranking semble appartenir désormais au passé. La preuve en mai 2022, journée mondiale de la liberté de la presse, le rapport de Reporters sans frontières a classé le Burkina à la 41è place mondiale alors qu’un an, plus tôt, le pays était 37 è sur 180 pays. Soit 4 places de perdues, selon la VOA Afrique et la tendance se poursuit encore.
D’ailleurs, il y a presque un an, des journalistes burkinabé défonçaient le fait que depuis les coups d’État qui se sont succédé, les différentes audiences accordées par des autorités de transition ne sont pas couvertes par les journalistes au palais de Kossyam parce qu’ils ne sont pas invités. En revanche, les militaires préparent du prêt à consommer pour envoyer aux journalistes. C'est un peu comme les militaires prenaient la plus en lieu et place des professionnels dédiés.
Paradoxalement, dans ce même contexte, les activistes soutiennent sans nuances les militaires même quand ceux-ci commettent des bévues et livrent les médias à la vindicte populaire via les réseaux sociaux.