2023, UNE ANNEE PAS SI GAIE !
2023 tire à sa fin. Elle reste marquée par des faits de société qui ont été très macabres. Les drames de l’émigration irrégulière ont été nombreux, avec l’océan atlantique, la mer méditerranéenne et le désert devenus des tombeaux pour nos jeunes
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2023 tire à sa fin. Elle reste marquée par des faits de société qui ont été très macabres. Les drames de l’émigration irrégulière ont été nombreux, avec l’océan atlantique, la mer méditerranéenne et le désert devenus des tombeaux pour des milliers de nos jeunes compatriotes. A cela s’ajoutent des accidents de la route qui ont coûté la vie à plusieurs sénégalais. L’année 2023 reste également caractérisée par des incendies de marchés, des saisies record de drogue dure (cocaïne), et par l’inauguration d’infrastructures notamment routières, comme le Bus rapid transit (BRT) dont la réception des travaux a eu lieu, hier mercredi. Sans occulter les professionnels de l’information qui ont engagé le «ndëp» de leur corporation, avec le lancement des Assises nationales des médias.
L’ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE, UN DRAME HUMAIN SANS RPÉCÉDENT
Nous sommes à quelques jours de 2024. Cette année 2023, qui va prendre fin, a été marquée par des faits de société qui ont constitué des drames humains. L’émigration irrégulière, avec son lot important de morts, a été très présente dans la vie des Sénégalais. Beaucoup de jeunes sont morts dans leur tentative de rejoindre les côtes européennes, via l’Espagne. A défaut de statistiques et chiffres certifiés sur les morts et les disparus sur les routes (l’océan atlantique, la mer méditerranéenne, le désert) de l’aventure vers l’Eldorado européen, les données officielles estiment à près de 12 833 le nombre de migrants arrivés en Espagne en 2023. Parmi ces migrants, 9 319 se réclament de la nationalité sénégalaise. D’ailleurs, entre mai et fin octobre, le Sénégal n’a cessé d’enregistrer ou de battre des records d’arrivées de migrants aux Iles Canaries (Espagne) en provenance principalement de ses côtes. En termes de «débarquements» à bord d’une même pirogue (300 migrants), d’arrivées en une journée sur une Ile (500 personnes) et même de nombre total de migrants irréguliers sénégalais ayant réussi à atteindre l’Europe en un mois (juillet, août) ou depuis début 2023, comparativement aux mêmes périodes les années précédentes. Une situation qui avait fini par inquiéter plus d’un, aussi bien dans les pays de départ, comme le Sénégal, que ceux de destination en Europe (Espagne, Italie) qui vient de se doter d’une loi sur la migration, tout comme la France. Au point d’amener des spécialistes de la question dont le Forum social sénégalais à réclamer des «Assises nationales» sur la migration irrégulière. En attendant, malgré son ampleur (chaque été), le phénomène n’a toujours pas eu une solution à sa dimension. En plus des nombreuses politiques de formation, d’accompagnement, d’insertions et/ou de financement des jeunes «pour réussir» dans leur pays, («Tekki fii»), le Sénégal a adopté une Stratégie nationale de lutte contre l’émigration irrégulière ; un document qui est loin de décourager les candidats qui sont prompts à toujours quitter leur pays. Et une nouvelle route migratoire est aussi apparue, avec la destination américaine. Le Nicaragua est un tremplin qui a conduit beaucoup de jeunes aux États-Unis d’Amérique (USA). Des jeunes ont trouvé leur marque dans ce pays ; d’autres, par contre, y mènent une vie de bagnard, en attendant des lendemains meilleurs ou un retour au bercail.
SIKILO, NGUEUNE SARR ET DIELERLOU SYLLA, DES NOMS DE VILLAGES DÉSORMAIS ASSOCIES A L’HÉCATOMBE SUR LES ROUTES
L’autre fait de société marquant de l’année qui s’achève, ce sont les accidents de la route qui ont été aussi importants. Des accidents singulièrement violents ont coûté la vie à plusieurs Sénégalais. Alors que rien qu’en 2022 déjà les autorités ont dévoilé des statistiques variant autour de 600 et 700 personnes tuées par des accidents de la circulation au Sénégal, avec la défaillance humaine à l’origine de plus de 92% de ces accidents qui occasionnent des dizaines voire centaine de milliards de FCFA de pertes financières chaque année, soit plus de 1% du Produit intérieur brut (PIB) qui disparait à cause de ces inci dents, la très longue série macabre des drames routiers s’est poursuivie en 2023. Et parmi ces tragédies, trois ont particulièrement choqué tout un pays, du fait de l’ampleur des pertes en vies humaines : Sikilo (Kaffrine), Ngueune Sarr et Diélerlou Sylla (Louga).
En effet, à l’orée du nouvel an 2023, un accident de la circulation a fait périr 42 personnes dont 39 morts sur le coup et 79 blessés, dans la nuit de samedi 7 à dimanche 8 janvier à Sikilo, dans la région de Kaffrine. Suscitant émoi, indignation et tristesse chez toute la population sénégalaise. Une semaine après celui de Sikilo (Kaffrine), un nouvel accident de la circulation, une collision entre un car de transport en commun et un camion, survenu le lundi 16 janvier, dans la commune de Ngueune Sarr, située dans l’arrondissement de Sakal (Louga), a coûté la vie à 22 personnes dont 21 sur place. Ce choc survenu vers 5h du matin a fait sept (07) blessés évacués sur Dakar par hélicoptère, dont 1 blessé est décédé au cours de son évacuation sur Dakar, portant le bilan à 22 décès et 18 autres blessés pris en charge à l’hôpital de Louga, 3 autres à l’hôpital de Saint-Louis. La série de drames s’est poursuivie sur les route, mais à des degrés moindre, jusqu’à ce que, six (06) mois plus tard, un bus surchargé se renverse sur l’axe Saint-Louis/Louga, tôt le matin du mercredi 16 juillet dernier, perturbant le réveil de tous les Sénégalais. Cet accident de la route ayant occasionné 24 morts a eu lieu dans la matinée du mercredi 26 juillet. Le bus en provenance de Thioubalel Lao, dans le département de Podor, s’est renversé à quelques encablures de la ville de Louga, vers Diélerlou Sylla, à hauteur du village de Makka Bra Guèye (Louga), causant la mort de 24 personnes dont 22 sur le coup et faisant 52 blessés dont 43 graves. Il y avait quatre (04) enfants parmi ces morts. C’est «sous l’effet du vent et de la pluie que le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule, lourdement chargé, qui a fini dans le décor», selon les témoignages de rescapés, qui révèlent que le conducteur de la voiture roulait avec un excès de vitesse, malgré la pluie qui battait au moment de sa course effrénée. Le bus dont la capacité était de 60 places (mentionnées sur la carte grise), transportait soixante-seize (76) personnes.
22 MESURES ETATIQUES RETENUES POUR… «PLUS JAMAIS ÇA». ET APRES ?
Ces drames «nationaux» ont mobilisé les autorités au sommet dont Macky Sall (Sikilo), le Premier ministre (Sakal), aux côtes du ministre de l’Intérieur, de ceux des Transports terrestres et de la Santé, entre autres, qui, à chaque fois, étaient sur le terrain. D’ailleurs, la catastrophe de Sikilo, qualifiée de première du genre dans l’histoire du Sénégal, avait obligé l’Etat à prendre des décisions sur le transport en commun interurbain. 22 mesures avaient été retenues pour… «plus jamais ça». C’était lors d’un Conseil interministériel, tenu le lundi 9 janvier 2023 à Diamniadio (Dakar), «pour la prise de mesures fermes sur la sécurité routière et le transport public des voyageurs». Ainsi, le voyage nocturne est interdit aux transporteurs publics de voyageurs, même s’il y a toujours des téméraires qui défient la loi. Il a été décidé de la réduction du nombre de passagers, avec la suppression des places de fortune communément appelées «Versailles». Une mesure aujourd’hui rangée aux oubliettes, comme plusieurs autres de série d’ailleurs.
SAISIES DE COCAÏNE : 2023, l’année des records
Le Sénégal serait-il un «hub», pardon une plaque tournante du trafic international de drogue dure ? Les nombreuses et importantes saisies de drogues, y compris celles estampillées dures, par les Forces de défense et de sécurité, ont tendance à le confirmer. La cocaïne circule sous nos cieux. De pays de transit, le Sénégal, selon des observateurs avertis, est passé à pays de consommation de la drogue dure. Et comme pour corroborer cette assertion, la Marine nationale sénégalaises a intercepté une embarcation impliquée dans le trafic international de drogue, le vendredi 22 décembre dernier à 220 kilomètres au large de Dakar.
Selon un communiqué de Direction de l’information et des relations publiques des Armes (DIRPA), l’embarcation dénommée «Go Fast» transportait 690 kilogrammes de cocaïne vers l’Europe. Cette drogue dure déjà largué a été repêchée et ramenés à Dakar, en même temps que le bateau «Go Fast» et ses cinq (05) membres d’équipage. Une saisie qui intervient juste une semaine après l’arraisonnement, par Le Walo, le même patrouilleur de la Marine nationale, d’un navire contenant 3 tonnes de cocaïne, le 14 décembre dernier. Et un mois plus tôt, près de 3 tonnes de cocaïne ont été interceptées par la Marine nationale, dans la nuit du 26 au 27 novembre 2023. Cette fois-ci, c’est le patrouilleur, le Fouladou, qui avait intercepté l’embarcation à 150 km au Sud de Dakar. Il s’agissait alors d’une saisie «record», jusque-là, relevait la source. Compte non tenu des saisies notamment sur les corridors routiers.
L’AFFAIRE DE LA POUPONNIÈRE «KEUR YEURMANDÉ» ET LES INCENDIES DE MARCHÉS, POUR EN RAJOUTER A LA COUPE DÉJÀ PLEINE
Au chapitre des faits marquants de l’année qui tire à sa fin, il y a, en outre, des sinistres enregistrés dans plusieurs établissements marchants du pays. Le marché Ocass (deux fois) de Touba, le marché central de Tambacounda, Pétersen à Dakar et le marché Saint Maure de Ziguinchor ont été ravagés par des incendies violents, occasionnant des pertes estimées à plusieurs milliards de FCFA. Dans un autre registre, l’affaire Ndella Madior Diouf avec sa pouponnière «Keur Yeurmandé» et les premiers développements de l’enquête révélés par la presse, secoue l’actualité en cette période de fin d’année. Rappelant du coup la situation de la petite enfance qui a été lourdement éprouvée les deux dernières années précédentes, avec des incendies des unités de néonatalogie des hôpitaux Maguette Lo de Linguère (ayant coûté la vie à 6 bébés dont 4 asphyxiés sur le coup, en avril 2021) et Mame Abdou Aziz de Tivaouane (11 nourrissons tués le 26 mai 2022).
ASSISES NATIONALES DES MÉDIAS : UN «NDËP» PAR ET POUR LES PROFESSIONNELS
Les professionnels des médias, à défaut d’obtenir une loi sur l’accès à l’information tant attendue et de l’effectivité de la Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle (HARCA) qui devrait remplacer le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et qui aura pour mission d’assurer la régulation de l’ensemble de la communication audiovisuelle, conformément au Code de la presse, ont engagé un «ndëp» de la corporation. Ainsi, le lancement des assises nationales de la presse aura été aussi un moment important de l’année. Face à certaines dérives, un métier critiqué, parfois jeté en pâture, les professionnels des médias se sont mobilisés pour extirper la mauvaise graine. Lancés le jeudi 24 août 2023, les «Assises nationales des médias» sont une initiative de la Coordination des associations de presse (CAP). En plus de l’introduction de la carte nationale de presse, dont l’entrée en vigueur est déjà effective, qui est un des acquis considérables.
2023, UNE ANNÉE D’INAUGURATIONS ET DE LANCEMENTS DE TRAVAUX D’INFRASTRUCTURES
2023, c’est également une année d’inaugurations et de lancements de travaux d’infrastructures. Le président de la République, Macky Sall, en fin de mandat, a profité de l’année 2023 pour livrer plusieurs chantiers entamés dans sa politique de faire face à la demande sociale. Le désenclavement des régions sud du pays est amorcé avec l’achèvement de plusieurs infrastructures routières dont les ponts de Diouloulou et Baïla ainsi que celui de Marsassoum déjà mis en service. Il faut ajouter à cela, les nombreuses routes et pistes construites en Casamance et d’autres régions. Le Bus rapid transit (BRT) qui est lancé hier, mercredi 27 décembre, constitue un pas important dans la modernisation du transport public dans la capitale sénégalaise.
CASAMANCE - ACCORDS DE DEPOT DES ARMES ET CEREMONIE D’INCINERATION DES ARMES DEPOSEES L’espoir grandissant d’une paix définitive, après Cabrousse 1 et 2
La rétrospective des faits de société saillants de l’année qui s’achève montre que 2023 n’aura pas été que «macabre». Elle a connu une lueur d’espoir venue de la région méridionale (Sud), en proie à quatre décennies conflit armé (déclenché en 1982), avec le projet de dépôt des armes par les combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) dont l’acte 1 a été signé à Cabrousse, le 23 juin 2022. Les acteurs impliqués dans le processus de paix donneront forme à cette volonté à travers des décisions majeures prises le vendredi 10 mars 2023. Ainsi, un site a été retenu pour le dépôt des armes, une ONG désignée pour la conduite des opérations, un délai fixé ; ce qui a permis aux acteurs d’accélérer la cadence à travers Cabrousse 2, localité située dans le département de Bignona au cœur de la cité touristique du Cap Skirring, où les actes 1 et 2 des accords de dépôt ont été signés. Une délégation de l’Etat du Sénégal représentée par le Comité ad hoc sur la paix en Casamance dirigée par l’Amiral Pape Farba Sarr et une délégation de Diakaye, avec la facilitation du centre Henry Dunant pour le dialogue humanitaire (HD) et la COSCPACet celle de Diakaye se sont rencontrées pendant deux jours à Cabrousse, sous la facilitation de la société civile avec le COSCPAC et du Centre Henry Dunant pour le Dialogue humanitaire. La main tendue du chef de l’Etat Macky Sall au MFDC auparavant a accéléré la convergence de vue des acteurs impliqués dans le processus de paix. Et c’est le Mouvement contre les armes légères en Afrique de l’ouest (MALAO), une ONG africaine indépendante qui a été désignée pour la conduite des opérations de dépôt des armes. Un site a été également retenu pour le dépôt des armes et l’initiative a été laissé au MALAO d’examiner tous les aspects techniques de l’opération de dépôt des armes afin que celle-ci se termine dans un délai ne dépassant pas trois mois, à compter de la date de signature de ces accords paraphés en mars dernier à Kabrousse. Seulement, ces nouvelles décisions sur le projet de dépôt des armes ont été prises en l’absence d’autres factions du MFDC contrôlées par des chefs rebelles comme Salif Sadio et ceux du Sud toujours «réfractaires» et qui brillent encore et toujours par leurs positions radicales. N’empêche, par la suite, une autre jalon important vers la paix a été posé, le samedi 23 décembre 2023, avec la cérémonie de destruction d’un premier lot d’armes saisies dans le cadre du processus de dépôt des armes à Mama Toro, en présence des représentants de l’ONG MALAO, des organisations de la société civile et des autorités administratives. Une occasion pour le gouverneur de Ziguinchor, Mor Talla Tine, de réitérer l’appel constant de l’État au dialogue, au dépôt des armes et à la paix définitive en direction des autres factions pour le rayonnement économique et social de la Casamance. Au moins 250 combattants du MFDC avaient déposé les armes lors d’une cérémonie organisée à Mangone, une localité du département de Bignona, qui abritait par le passé une importante base du mouvement irrédentiste