DÉCÈS DE L’ANCIEN DEPUTE MODY SY APRÈS UNE LONGUE MALADIE
Figure marquante du PDS puis de l'APR, il laisse derrière lui un héritage politique complexe. Son parcours, jalonné d'engagements forts et d'épreuves, notamment lors de l'affaire Babacar Sèye, témoigne des turbulences de la vie politique nationale
L'ancien député, El Hadj Mody Sy, né le 11 décembre 1945 à Sinthiane Sinthiou Garba dans le département de Kanel (Matam), est décédé ce lundi matin, dans la commune de Joal Fadiouth, son royaume d’enfance où il sera inhumé à côté de son père, un riche commerçant qui s’y était établi.
Cet ancien responsable du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) de la région de Matam (nord-est) qui a rejoint par la suite l’Alliance pour la République (APR) où il a été aussi responsable, a toujours été un homme engagé de par son idéologie et ses convictions. Ce qui l’a poussé à quitter la France où il occupait un poste d’ingénieur électromécanicien durant les années de l’implantation du « Sopi », dans le but d’apporter sa touche au parti de Me Abdoulaye Wade à qui il vouait un amour qui frisait l’idolâtrie. Un engagement d’ailleurs qui lui vaudra plusieurs déboires, jusqu’à l’incarcération.
Le défunt, alors membre du Parti démocratique sénégalais (PDS), a été arrêté le 20 mai 1993. Il a été maintenu en détention pendant une semaine dans les locaux de la gendarmerie de la rue Thiong. Comme le relate un rapport émanant d'Amnesty International, « il aurait été torturé pour le forcer à avouer qu'il avait fourni les armes utilisées lors de l'assassinat, quelque temps auparavant, d'un avocat, Maître Babacar Sèye, Vice-président du Conseil constitutionnel ». On lit dans ce rapport que « selon des informations en provenance de sources diverses, il a été suspendu entre deux tables et a reçu des décharges électriques (…). Quelques jours après son transfert à la prison centrale de Dakar, il souffrait d'un engourdissement des pieds et portait encore les marques de torture ».
L’assassinat de Maître Babacar Sèye a débouché sur l’épisode le plus douloureux et le plus bouleversant de sa vie, lui occasionnant tortures, brimades et humiliations, selon les conclusions d’Amnesty International que confirme son avocat de l’époque.
L’homme politique a toujours réfuté les charges portées contre lui. Après sa libération, Mody Sy, déclarera dans un film documentaire historique consacré au sujet : « Dans l’affaire Me Sèye, ils savaient que je n’étais mêlé ni de près ni de loin. C’est cela la vérité historique. On a instrumentalisé quelqu’un pour m’accuser. Dans cette affaire, j’étais blanc comme neige. De tous ceux qui ont été arrêtés, j’étais le seul à être torturé.».
Après avoir occupé le poste de responsable départemental du PDS et par la suite de l’Apr dans le département de Matam, Mody Sy a été nommé PCA (Président du conseil d'administration) de la Sones, l'ancienne société nationale des eaux du Sénégal qui était en charge de la gestion du patrimoine de l'hydraulique urbaine, du contrôle de la qualité de l'exploitation et de la sensibilisation du public, sous le régime de Macky Sall.