DES ÉLÈVES ET DES FEMMES MARIÉES AU CŒUR D'UN RÉSEAU DE PROSTITUTION À FATICK
Dans la ville, ce métier s’exerce de plus en plus dans l’illégalité totale. A côté des professionnelles de sexe reconnues, des filles très audacieuses ont récupéré ce commerce peu particulier et l’exercent selon leur convenance
Considérée comme le plus vieux métier au monde, la prostitution est un raccourci pour vivre dans l’opulence. A Fatick, ce métier s’exerce de plus en plus dans l’illégalité totale. A côté des professionnelles de sexe reconnues, des filles très audacieuses ont récupéré ce commerce peu particulier et l’exercent selon leur convenance. réunies dans un groupe WhatsApp et composées majoritairement d’élèves, ces prostituées d’un genre nouveau se connectent grâce à des numéros verts et un langage codé. Avec une méthode rodée, elles réussissent à se faire beaucoup d’argent. Une situation inquiétante, en raison des risques sanitaires qu’elles encourent puisqu’elles refusent les rapports protégés. Une ruse qui, selon elles, paie dix fois plus.
A Fatick, la clandestinité a fini de s’ériger en règle dans le milieu de la prostitution. Ici, le commerce n’est plus florissant pour les détentrices de carnet de santé. En atteste le témoignage de cette professionnelle reconnue et dûment enregistrée sur le fichier sanitaire. «Il arrive que je reste une semaine sans être contactée. La semaine suivante, je reçois au maximum deux clients. Et souvent, c’est moi qui les fais réagir», renseigne Ayline (nom d’emprunt).
Cependant, elle n’est pas la seule à vivre cette crise. Nombreuses sont ses collègues qui se trouvent dans la même situation. «Avec ce que nous gagnons auprès de nos clients, nous vivons au jour le jour. Mais pour ma part, je ne compte pas me retirer facilement. Je suis en règle et je n’accepterai pas que l’on gâche mon travail», martèle une autre travailleuse du sexe. Celle-ci d’ajouter : «pourtant, nous sommes toujours aussi fraîches qu’à nos débuts».
Une sorte de réponse à ceux qui trouvent qu’elles ont perdu du terrain à cause de leur âge avancé. Si la clientèle est devenue rare, renseigne Binouch, c’est parce que Fatick grouille de prostituées clandestines qui se suffisent de peu. Faisant le procès des clandestines, la jeune dame estime que ces filles n’hésitent pas à se donner pour un sandwich ou une robe bon marché. Un conducteur de moto Jakarta, qui n’a rien perdu des complaintes de Binouch, objecte et présente cette dernière comme une femme jalouse qui ne se fait pas à l’idée de tout perdre au profit de filles plus jeunes et plus adulées.
«Ces filles sont loin d’être des crève-la-faim. La plupart d’entre elles sont des élèves qui croquent la vie à pleines dents ; je les connais. D’ailleurs, tous les conducteurs de moto les connaissent. Elles font appel à nos services pour aller à leur rendez-vous», raconte-t-il.
Quid des lieux de rencontres? Réponse du jeune homme : «Les lieux différent d’un client à un autre. En réalité, elles ne se considèrent pas comme des prostituées».
De sources sures, ces filles se montrent souvent sans pitié avec les hommes d’âge mûr . D’après nos informations, si le «mbarane» (comme elles appellent leur partenaire) est présentable et beau gosse, les filles le gardent et en font un partenaire régulier .
Cependant, si le gars est friqué et d’un certain âge, elles lui tendent un piège et lui soutirent le maximum d’argent.
Elles feignent une grossesse et menacent de dévoiler la relation au grand public
Pour mieux ferrer les gros poissons, elles font, dans un premier temps, preuve de désintéressement. Elles charment leur cible, font connaissance, installent la confiance avant de proposer un rancard, ensuite un autre. Au troisième rendez vous, elles se font désirer et se laissent prendre. «Lorsque tu leur proposes des rapports protégés, elles disent niet, prétextant vouloir mieux te sentir. Mais c’est juste une ruse pour te coller une grossesse et te soutirer beaucoup d’argent», témoigne un père de famille, victime des intrigues d’une de ces filles audacieuses.
Selon nos sources, elles inventent des grossesses pour se faire entretenir. Afin d’avoir totalement leurs proies à leur merci, elles s’arrangent pour être vues en leur compagnie. «Elles sont prudentes, souvent elles viennent accompagnées aux rendezvous et mettent tout en œuvre pour que leurs partenaires soit vues et identifiables».
Risquse élevés de contamination de MST
Dans leurs calculs, les clandestines «oublient» les risques de contamination de Maladies Sexuellement Transmissibles (Mst). Pourtant le VIH est bien présent dans la région de Fatick. Sa prévalence inquiète d’ailleurs les autorités en charge de la santé.
D’après les les statistiques récemment fournies par le médecin-chef de la région de Fatick lors de la dernière revue annuelle conjointe de la santé et de l’action sociale, 189 nouveaux cas de VIH ont été détectés dans la région. A Fatick, la prostitution clandestine prend de l’ampleur . Elle est exercée par des élèves et des femmes mariées. Une situation devenue presque banale chez les riverains qui en discutent sans tabou.