DEUX BLESSES GRAVES LORS DES HEURTS À SANDAGA
L’édile de la commune de Dakar Plateau croit dur comme fer que des «bandits et nervis» ont infiltré les ambulants pour attaquer ses agents déployés pour l’occasion
L’opération de déguerpissement de marchands « ambulants » au marché Sandaga a encore fait, hier, beaucoup de blessés dont deux agents municipaux qui ont reçu des coups de machettes. Ils ont été admis au poste de santé de Dakar Plateau où s’est rendu le maire Alioune Ndoye. Qui, malgré la tension, entend poursuivre les travaux jusqu’à ce que les autorités lui notifient clairement par écrit d’arrêter l’opération.
Les services techniques de la mairie de Dakar Plateau veulent dégager les commerces et étals qui encombrent les trottoirs du marché Sandaga. C’est dans ce cadre qu’il a entrepris d’exécuter une opération de déguerpissement des marchands ambulants par ses agents municipaux. Lesquels, malheureusement, n’ont pas pu accomplir leur mission face à des commerçants « ambulants » déterminés à en découdre avec eux. Au cours des affrontements, beaucoup de blessés ont été enregistrés du côté des agents de la mairie dont deux sauvagement attaqués à coup de machettes. Ils ont été admis au poste de santé de Dakar Plateau où le maire de la commune, Alioune Ndoye, s’est rendu pour s’enquérir de leur état. «Ce sont les blessés que je suis venu voir. Des blessés censés être protégés par les unités de la police sur place. J’attends la réaction des autorités. Deux parmi les blessés ont reçu des coups de machettes», s’est-il indigné.
L’édile de la commune de Dakar Plateau croit dur comme fer que des «bandits et nervis» ont infiltré les ambulants pour attaquer ses agents déployés pour l’occasion. «Si c’est des ambulants, dites-le moi. Ce ne sont pas des ambulants. C’est des nervis, des samba boy «, a-t-il insisté. «On a filmé et on va continuer de filmer leurs actes, individu par individu. On va après tout tirer au clair», a-t-il promis. Alioune Ndoye promet aussi de continuer l’opération de déguerpissement des ambulants encombrant le marché Sandaga malgré les affrontements. Ce jusqu’à ce que l’Etat lui dise stop ! «J’ai eu l’assurance que mes éléments peuvent continuer leur travail. C’est ma décision actuelle, jusqu’à ce que mon conseil municipal ou mes populations me désavouent. Le suivi qui est aujourd’hui à la charge et à la responsabilité de la mairie, nous allons le continuer. Sauf si l’Etat nous notifie de façon officielle que, pour des raisons qui lui sont propres, il faut arrêter cela. Ce sera alors le plus grand poignard pointé dans le dos des habitants du Plateau», selon l’ancien ministre de l’Environnement puis de la Pêche et responsable de premier plan du Parti socialiste. Qui entend poursuivre les opérations de déguerpissements pour plus de sécurité dans la commune et plus de fluidité dans la circulation.
Soutien et implication souhaités des habitants de la commune
Alioune Ndoye demande surtout l’implication et le soutien des habitants de sa commune. «C’est leur revendication. Ils ont toujours voulu et réclamé plus de sécurité dans leur commune. Je tends aussi la main aux autres 18 maires de communes de Dakar pour que nous puissions nous asseoir et discuter de ces questions pour voir comment les régler quelque soit le bord politique auquel ils appartiennent si tant est qu’ils sont élus pour veiller aux intérêts des Dakarois», a-t-il dit hier au cours d’une conférence de presse. Revenant surtout sur l’objet de cette opération dit de déguerpissement, le maire de Dakar-Plateau affirme que «l’organisation a été faite en toute intelligence avec tous les acteurs concernés par ce type d’opérations devenues une réalité dans le cadre de vie pour assurer la fluidité de la circulation mais souvent liées à des questions de sécurité. Nous avons tenu avant le démarrage de ces activités une réunion autour de l’autorité administrative compétente avec l’ensemble des services et société de l’Etat qui avaient une part de responsabilité hostile dans cette opération. Nous avons convenu de surseoir à l’opération jusqu’après la fête de la tabaski pour ne pas trop pénaliser les acteurs qui s’activent dans le commerce. En ce moment, nous avons partagé les responsabilités qui portaient surtout sur la question de sécurité.
A côté des autres sociétés concernées, la commune a mis du matériel et le personnel en place, et a engagé le suivi après ces opérations, toujours avec l’accompagnement si nécessaire des forces de l’ordre. Ce qui s’est passé hier est totalement inacceptable ! Nous allons assumer et nous entendons continuer à assumer auprès des autorités concernées. Nous allons continuer jusqu’à ce que celles qui en ont le pouvoir nous notifient officiellement par écrit l’arrêt de ces opérations. Qui sont aujourd’hui des opérations de suivi des zones désencombrées totalement. D’autres opérations continuent. On a sensibilisé et informé bien avant les actes posés. On a envoyé des vagues de jeunes dans toutes les rues pour informer les acteurs de ce qui va arriver. J’ai aussi fait tourner dans différents journaux et dans les sites internet un communiqué rappelant le contenu de ces actions. C’est pourquoi même l’Etat a subi. Il ne s’agit pas de quelqu’un qui a sa cave. Les installations sur les trottoirs sont en train d’être détruits et enlevées, des panneaux de publicité, des cantines de sociétés nationales sont en train d’être enlevées. Donc c’est un ensemble qui ne vise pas une catégorie d’acteurs», a-t-il précisé.
Le maire a insisté sur le fait que les trottoirs sont étroits et sont aussi à libérer pour permettre aux piétons d’y passer tranquillement. «Le site qui aurait pu poser problème, c’est Petersen, du rond-point aux allées Papa Guèye Fall. Ici, l’Etat, pour les raisons du BRT, a désencombré et déguerpi tout le monde. Mais tous ceux qui y étaient, l’Etat les a indemnisés et même créé des places pour des ambulants. Ceux qui disent qu’il faut nous proposer une solution avant de nous déguerpir, je rappelle que cela a été fait. Les avenues ne peuvent pas être des marchés. Les gens qui ont été dégagés en 2015 ont été recasés au champ de courses. Sandaga, la commune du Plateau qui est en train de reconstruire ce centre mythique d’une façon extraordinaire, aurait pu se limiter à ça. C’est moi, avec des collaborateurs et autres, tenant à ce marché mythique, qui ai décidé de maintenir ce marché. Ceux qui étaient là ont été recasés. Mais à chaque fois qu’on a posé une solution, cela faisait appel d’air. Vous qui demandez une indemnisation, vous n’en faites pas partie et vous n’en ferez pas partie. Vous avez été indemnisés. Ce n’est pas la peine de faire de la surenchère. Ça s’adresse à l’Etat pour lui mettre la pression. Mais personne ne peut nous mettre la pression», s’est adressé sur un ton ferme le maire de Dakar Plateau selon qui les ambulants «veulent imposer leur diktat». Ce qui ne passera pas, selon Alioune Ndoye qui entend mettre de l’ordre dans sa commune en continuant l’opération de déguerpissement à ses risques et périls.
Pour sa part, le sous-préfet de Dakar qui a tenu un langage de vérité aux « ambulants » s’est dit disposé à les recevoir tout en leur rappelant que l’occupation illégale des trottoirs ne saurait être tolérée.