LA JUSTICE TRAQUE LES VARIANTS
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19.

Après la vague d’arrestations des dernières heures, la Haute cour de justice devrait suivre la marche avec la mise en accusation imminente, par l’Assemblée nationale, d’une dizaine de ministres qui auraient été épinglés par le rapport de la Cour des comptes sur le Fonds de riposte contre le Covid-19.
La Division des investigations criminelles (Dic) a carburé, ces dernières 48h, à plus de 100 km/h pour démasquer les personnes supposées avoir détourné l’argent du Fonds de riposte contre le Covid-19. Après la première vague du lundi, une autre brochette de gestionnaires a été placée en garde à vue sur ordre du Parquet judiciaire financier pour détournements présumés de fonds publics. Il s’agit du Dage du ministère de la Santé et de l’action sociale, Ousseynou Ngom, de Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention au Msas, qui était une figure marquante de la riposte contre la pandémie.
Dans ce lot, il y a d’autres responsables d’établissements financiers qui devraient aussi être déférés aujourd’hui au niveau du Pjf. On peut citer Moussa Sam Daff, directeur de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye, Babacar Sène, directeur de l’Hôpital de Kaffrine, le comptable particulier de l’Hôpital de Pikine, Alioune Badara Diop, et Lamine Diallo, comptable de l’hôpital Youssou Mbargane. Artistes pris à contretemps ?
Dans ce dossier Covid-19, il y a une danse à contretemps des hommes culturels. L’animateur et entrepreneur culturel Tange Tandian, qui fait partie des cas suspects, a été aussi envoyé au Parquet pour des malversations présumées de 72 millions F Cfa. Ancien Directeur exécutif de l’Observatoire de la musique et des arts du Sénégal (Omart Sénégal), il a fait partie des gestionnaires des fonds destinés aux musiciens impactés par le Covid-19 à cause de la suspension de leurs activités due aux mesures restrictives comme l’interdiction des rassemblements. En présentant des décharges, il a tenté de se défendre, mais cela n’a pas convaincu les enquêteurs.
Connue pour ses talents créatifs, Alimatou Sadiya Guèye, présidente des stylistes, s’est retrouvée dans le viseur de la Justice à cause des mêmes soucis. Elle a été déférée au même titre que Bamba Hamdy (artiste-compositeur), Abdou Aziz Mbaye (communicateur traditionnel), Mamadou Ngom Niang, ancien directeur de l’Administration générale et de l’équipement au ministère des Sports, et d’autres responsables publics arrêtés lundi.
Leur face-à-face avec le Parquet a tiré en longueur hier à cause des propositions de médiation pénale soumises par certains suspects et des écheveaux à démêler pour tirer cette affaire au clair. Evidemment, lors de leurs auditions, ils ont apporté des pièces justificatives, mais cela n’a pas suffi pour se sortir de ce huis-clos avec les enquêteurs totalement libres.
Ministres en salle d’attente
Aux yeux de certains, ils ne sont que de simples lampistes qui ne doivent pas payer à la place des gros calibres. Et des poursuites vont être déclenchées dans les prochains jours devant la Haute cour de justice dont la composition est déjà connue, contre d’anciens ministres sous Macky Sall au moment de la survenue de la pandémie. Il s’agit d’une liste d’une dizaine d’ex-hauts responsables ministériels, qui devraient être visés par une procédure de mise en accusation au niveau de l’Assemblée nationale. Si certains restaient toujours fidèles à l’ancien président de la République, d’autres ont pris leurs distances avec lui en rejoignant d’autres partis ou en se mettant en retrait de la politique.
Les faits qui leur sont reprochés sont de natures diverses et vont, entre autres, de «défaut de justification des dépenses» ou «absence de pièces justificatives» relatives à des dépenses à «des paiements sans service fait», en passant par des «surfacturations» pour l’acquisition de certains produits. Sans oublier certains paiements en espèces pour des achats, ce qui est contraire à la règle dans l’Administration publique. Il faut savoir que sur les 1000 milliards du fonds Covid-19 dont il est question, 628 milliards de Cfa étaient tirés du Trésor public, tandis que pour 372 milliards, il s’agissait de mesures de renonciations fiscales visant à permettre à des entreprises privées nationales de pouvoir supporter le choc de la perte de leurs activités économiques et de ne pas mettre la clé sous le paillasson durant la période du Covid-19.
Le fonds Covid-19 devait permettre la mise en œuvre du Programme de résilience économique et sociale (Pres) en ses 4 axes, à savoir le soutien au secteur de la santé, le renforcement de la résilience de la population et de la cohésion sociale, la sauvegarde de la stabilité macroéconomique et financière, ainsi que la sécurisation de l’approvisionnement et de la distribution des denrées alimentaires, des médicaments et de l’énergie.