«L’ISLAM NE CAUTIONNE PAS LA MENDICITE DES ENFANTS»
L’IMAM CHEIKH TIDIANE DIALLO AVERTIT

La fête de l’Aïd El Fitr a été célébrée dans l’unité à Saint-Louis, à l’instar des autres localités du Sénégal. Dans la capitale du Nord, la prière a été dirigée à la grande mosquée par l’Imam Cheikh Tidiane Diallo, qui a, dans son sermon, plaidé la cause des démunis. Il a dénoncé vigoureusement le comportement de certains religieux et demandé au Gouvernement de bien «identifier les talibés», dans le cadre du projet de retrait des enfants de la rue, pour ne pas mettre tout le monde dans le «même sac».
A Saint Louis, c’est aux environs de 9h, mercredi dernier, que les fidèles drapés dans leurs plus beaux atours ont pris d’assaut les différents lieux de prière. Le principal lieu de convergence a été la grande mosquée sise à la pointe nord de l’Ile de Saint Louis. Elle a accueilli les fidèles qui ont tenu en ce jour béni, à sacrifier à la prière des deux rakas de ce précepte de l’islam. La prière dirigée par l’Imam Cheikh Tidiane Diallo a été une occasion pour le guide religieux, très déroutant dans son sermon, de s’appesantir sur les recommandations de la religion, l’éducation, la cohésion sociale, le retrait des talibés dans la rue et les gaspillages. Il estime que les riches doivent venir en aide aux plus démunis.
«Le mois de ramadan est un mois béni. Dieu l’a fait pour nous rapprocher des anges. L’homme est composé d’éléments essentiels. On mange, on se marie, on boit de l’eau, tout cela c’est des choses que Dieu a choisies pour le bonheur de l’homme. L’homme n’était ni ange, ni bête, mais, il était les deux. L’entraide entre les musulmans doit être de mise pour un Sénégal meilleur. La solidarité, une caractéristique qui nous était essentiellement propre, tend aujourd’hui à s’effriter, à disparaître, si l’on n’y prend garde», se désole l’imam.
Très préoccupé par la situation actuelle du pays, il invite les Sénégalais «à bannir cette propension égoïste qui consiste à ne penser qu’en et pour soi. Pour ne pas tomber dans les méandres du chaos, il faut adopter cette formule : garde-toi de faire montre de joie maligne car Dieu lui accordera de la miséricorde et t’éprouvera».
Favorable à la mesure prise par les autorités étatiques de retirer les talibés de la rue, l’imam Cheikh Tidiane Diallo pense néanmoins qu’il faut faire le tri entre le vrai talibé et celui qui ne l’est pas. «Il faut disséquer la bonne graine de l’ivraie. Aujourd’hui, certains marabouts jouent à l’hypocrisie. Quand on passe pour être un marabout alors qu’on ne l’est pas, cela peut créer beaucoup de torts aux daaras.
Les marabouts avaient pour mission d’inculquer des connaissances de l’islam et d’une manière générale les sciences de l’islam. Nous prions pour que l’Etat du Sénégal aille jusqu’au bout de ce projet. Il est noble, car les véritables talibés sont dans les daraas. Il n’y a aucun rapport entre la mendicité et l’apprentissage du Coran. L’islam ne cautionne pas la mendicité des enfants», affirme le président de l’association des imams et oulémas de Saint-Louis. Dans son sermon, l’imam ratib a flétri le comportement de ceux qui s’adonnent au mensonge. «Si on ne cesse pas de mentir, il sera difficile de se développer. Tout acte humain doit répondre à un verset du saint Coran. Les marabouts sont là, le Coran est là, mais l’impact fait défaut, car le Coran jouait un rôle essentiel sur nos actes. Il est bien de l’apprendre, mais l’appliquer est la meilleure solution», dit-il.
Très en verve, il a dénoncé avec la dernière énergie le gaspillage et les mondanités, érigés en règle par certains Sénégalais. « Le divertissement ne va pas de pair avec l’émergence dont rêve notre pays. Les Sénégalais ont tendance à aller au Grand Théâtre pour des festivités qui n’ont aucune importance pour la société. Parfois, quelqu’un jette l’argent n’importe comment, alors qu’au même moment, l’un de ses voisins a besoin de 1000 F cfa pour se soigner. Il faut qu’on revoie nos actes. Notre développement est entre nos mains, mais il faut qu’on soit digne et qu’on soit généreux envers nos prochains », martèle l’imam ratib qui estime que l’autorité parentale tend à disparaitre.