MADIA DIOP, CHANTRE DE LA LUTTE SYNDICALE
Emprisonné sous Senghor avant de s'évader lors d'une rocambolesque opération, l’ancien secrétaire de la CNTS n'a jamais renié ses convictions pour l'amélioration des conditions des travailleurs - Son nom marquera à jamais cette date du 1er Mai
Son ombre planera à jamais sur la fête du 1er Mai. Feu Madia Diop est l’incarnation même de la lutte syndicale au Sénégal.
Décédé à l’âge de 80 ans, l’ancien secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) a commencé à se distinguer durant le régime du président Léopold Sédar Senghor. En 1963, il participe même aux législatives très agitées. Une dizaine de morts dont un policier est enregistrée dans la manifestation qu’avait organisée feu Madia.
20 ans de prison, évasion rocambolesque
Le sort s’acharne sur lui. Puisqu’il est arrêté et condamné à 20 ans de travaux forcés. Finalement, il n’y passera pas plus d’un an. Il réussit une évasion digne de Prison Break. En effet, déguisé en mécanicien, il réussit à s’évader et va s’installer au Mali à bord d’un train. C’est quand il a été gracié qu’il est rentré au Sénégal en 1966. Mais le syndicalisme, Madia l’avait dans les veines. En mai 1968, le pays est secoué par le mouvement de revendication des étudiants relayé par les travailleurs. Il s’accapare du combat et lance le mot d’ordre de grève des travailleurs. Il est arrêté avec ses camarades et interné dans un campement militaire à Diodji à 250 Km de Dakar, tandis que l’Unts est dissoute par Senghor.
Le Cnts voit le jour
Mais la dissolution de l’Unts n’a pas suffi pour freiner son élan. La CNTS voit le jour. Dès sa naissance, le syndicat se voit accorder des postes de ministres et de députés. Après avoir hésité un moment, Madia Diop finit par adhérer au CNTS en se convainquant de se battre à l’intérieur du syndicat et non en dehors. Il en deviendra même le Sg en 1970 jusqu’en 1980. Il mène le combat malgré le départ de Senghor du pouvoir.
Il devient quelques années plus tard membre du Bureau politique et du directoire du candidat Abdou Diouf pour l’élection présidentielle de 1993.
Non au plan Sakho-Loum
Alors que l’on croyait son élan brisé, Madia clame haut et fort son opposition au plan d’austérité Sakho-Loum. Il déclenche une grève en 1993. Mais c’est vers les années 2000 qu’il commence à s’adoucir. En 1999, il se désolidarise d’abord de la grève déclenchée par l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (UNSAS) pour une hausse des salaires. Mais c’est quand il intègre le directoire de campagne de Diouf en 2000 que la fin est devenue inéluctable.
Mody Guiro prend le relais, le Cnts divisé
En 2000, le Ps quitte le pouvoir, Madia quitte la CNTS un an plus tard. Il est remplacé par Mody Guiro, même si Madia Diop était le président d’honneur de la centrale. En 2002, la Cnts est divisée en deux. Cheikh Diop et une bonne partie claque la porte pour créer Cnts\ Forces du changement. Aujourd’hui, on parle de 50 000 membres.