JE VIENS DE TRÈS LOIN
Sadio Mané, fraîchement sacré champion d'Angleterre avec Liverpool, revient sur sa saison, ses relations avec Salah, sa carrière internationale et ses actions humanitaires
Faire parler Sadio Mané, l’un des hommes les plus célèbres et les plus aimés du Sénégal, réputé réservé et timide, et il l’est, au moyen d’une cinquantaine de questions, il fallait le faire. Mais, au bout du compte, à force d’insistance auprès du Directeur général du Soleil, qui a fait jouer son entregent, nous avons décroché l’exclusivité. Une longue et enrichissante interview durant laquelle le flamboyant « Lion » et champion en titre d’Angleterre avec Liverpool n’a esquivé aucune question. Un entretien riche en enseignements et duquel se dégage le marqueur de ce compétiteur hors pair : l’humilité. Bonne dégustation.
En 13 mois, Liverpool a remporté quatre trophées (la Premier League, la Champions League, la Super Coupe d’Europe, la Coupe du Monde des Clubs). Vous attendiez-vous à une telle performance quand vous avez signé en 2016 ?
C’est un parcours exceptionnel pour toute l’équipe. C’est vrai que cela peut paraître anodin, mais nous qui sommes concernés directement, savions que nous avons les potentialités d’y arriver. En m’engageant à Liverpool, en 2016, j’avais l’ambition de tout gagner et d’écrire mon histoire dans ce club qui est mythique et qu’on ne présente plus dans le monde au vu de son histoire.
Que représente pour vous le fait d’être le premier Sénégalais à avoir remporté la Premier League ?
J’aurais aimé voir mes prédécesseurs dans ce championnat soulever le titre de champion d’Angleterre. Mais, les dieux du foot ont décidé que ce sera moi. Personnellement, je souhaite voir d’autres Sénégalais soulever le graal puisqu’ils le méritent tous. La chance a voulu que je sois le premier Sénégalais à remporter la Premier League et cela fait un baume au cœur.
Entre la Ligue des Champions d’Europe et le championnat remporté après 30 ans d’attente, lequel de ces deux titres vous fait le plus plaisir ?
Pour dire vrai, tous ces titres ont une signification. Remporter la Ligue des champions reste l’objectif premier de tous les footballeurs professionnels. En 2018, nous avons effleuré le trophée devant le Real Madrid qui l’a remporté (3-1). N’ayant pas abdiqué, nous avons misé pour l’emporter l’année suivante ; ce que nous sommes parvenus à faire en 2019. Le titre de champion d’Angleterre est aussi important parce qu’ici, le championnat a une saveur particulière auprès des supporters. Vous comprenez alors que si l’on a la possibilité de gagner et la Ligue des Champions et la Premier League, on ne crachera pas dessus.
Que Liverpool ait été éliminé en quarts de finale de la Champions League n’amoindrit-il pas l’éclat de votre saison ?
Pfff ! Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que notre saison est déjà belle avec ce titre de champion d’Angleterre. Maintenant, la Ligue des Champions reste cette compétition européenne qui fait rêver. Nous avons enchainé deux saisons de suite en arrivant en finale. Donc, étant des habitués, je dirai qu’on pouvait aussi continuer notre marche pour effectivement inscrire nos noms dans l’échiquier du football européen.
On a aussi constaté que vous avez perfectionné votre jeu depuis votre arrivée, au point de devenir l’un des attaquants polyvalents les plus complets. Peut-on dire que Klopp y est pour quelque chose ?
Naturellement oui. Je l’ai toujours dit, Klopp joue le rôle de père de famille. Et personnellement, nous avons des relations particulières et poussées. Donc, on est tout le temps heureux de le côtoyer en club parce qu’il tire le meilleur de tout un chacun de nous. Moi, je reconnais avoir appris beaucoup de chose auprès des entraîneurs que j’ai côtoyés dans ma carrière. Mais, ma relation avec Jürgen Klopp est toute particulière.
Dans le film « Made in Senegal », Jürgen Klopp a confié que quand il vous a vu pour la première fois, il n’était pas très impressionné et qu’il vous prenait pour un rappeur. Est-ce que cela vous a poussé à vous surpasser ?
Non, du tout puisqu’en face il ne m’a pas montré cette attitude. J’essaie de rester le plus naturel possible. Maintenant, la question est de savoir si je devais impressionner les gens sur le terrain ou en dehors ? Moi, j’ai bien aimé être en sa compagnie dès le premier contact, car il m’a permis de comprendre très tôt son style bien avant même de l’avoir fréquenté.
Sur le plan du jeu, on vous a vu passer de la droite à la gauche. Est-ce la clé de votre efficacité ?
J’essaie de respecter les consignes du coach parce qu’il détient le dernier mot. Je me suis toujours bien senti sur les flancs. Que ce soit à droite ou à gauche, l’essentiel c’est de donner le meilleur de moi-même. Je ne fais pas de choix sur ce plan ; même si quelque part, je suis plus à l’aise à gauche.
On vous a aussi vu extraordinairement puissant dans les airs, aussi dévastateur sur votre pied gauche que sur votre pied droit. Dans quel secteur du jeu pensez-vous pouvoir encore progresser ?
Pour être honnête, je vais vous dire que j’essaie de m’adapter sur toutes les phases de jeu. À chaque fois que je suis sur le terrain, je mets l’accent sur la concentration. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas de défaut, non. À la base, je jouais rarement de la tête, mais au fil des matches, je me suis bonifié dans ce domaine. Par contre, je ne peux pas vous dire avec exactitude le secteur de jeu dans lequel je dois progresser, à moins que vous me le disiez.
Physiquement, vous jouez un football de très haute intensité, pas souvent au repos, mais vous ne vous blessez que très rarement. Quel est votre secret ?
On touche du bois. En football, tout comme dans les autres sports, il n’y a pas de secret particulier. L’essentiel, c’est d’être régulier aux entraînements, suivre les consignes du coach et de tout le staff technique, sans oublier celles des diététiciens qui sont aussi importantes. Nous sommes une équipe et pour arriver au bout, il faut que chacun essaie de se transcender. En ce qui me concerne, j’essaie d’être plus généreux dans l’effort.
78 buts et 28 passes décisives en 136 matchs depuis votre arrivée à Liverpool en 2016. Quelle lecture faites-vous de vos statistiques ?
Je ne suis pas trop fan des statistiques. Je ne reviens souvent pas sur ce que j’ai réalisé. Parfois, il m’arrive d’être étonné quand j’apprends les statistiques et autres records qui sont à mon actif. J’essaie de tourner la page des matches les uns après les autres. Mais, bien entendu, cela fait toujours plaisir de voir toutes ces statistiques en ma faveur ; ce qui veut dire que quelque part, le travail que nous faisons n’est pas vain.
Dans quelle mesure votre passage à Southampton vous a-t-il aidé à réussir à Liverpool ?
À Southampton, la pression n’était pas énorme puisque l’équipe jouait tout le temps le milieu de tableau. À mon arrivée déjà, j’ai trouvé un groupe soudé avec des joueurs talentueux qui avaient tous envie de continuer leur progression ailleurs. C’est dans ce sens que je m’étais personnellement investi tout en respectant les consignes du coach, Ronald Koeman, qui a aussi facilité ma progression. Mon passage à Southampton a vraiment été probant grâce à une bonne intégration facilitée par tout le groupe, sans oublier les dirigeants et les supporters des Saints.
Pour beaucoup d’observateurs, vous êtes le cœur et l’âme de cette équipe historique de Liverpool. Qu’en pensez-vous ?
C’est un plaisir d’entendre ce genre de témoignage. Mais, personnellement, je ne veux pas tirer la couverture sur moi. J’appartiens à un collectif et j’essaie de me mettre dans les rangs pour aider Liverpool Fc à atteindre ses objectifs. Vous l’avez dit, c’est un club mythique. Donc, c’est l’intérêt commun qui doit prôner. Maintenant, si j’arrive à apporter ma pierre à l’édifice, l’honneur revient à toute l’équipe.
Beaucoup parlent de votre relation avec Salah qui ne serait pas au beau fixe, que l’Égyptien est égoïste et ne veut pas que vous lui voliez la vedette. Qu’en est-il réellement ?
Nous avons de bonnes relations, que ce soit sur le terrain ou en dehors des pelouses. Je n’ai pas la même lecture. C’est vrai qu’on peut manifester des incompréhensions sur le terrain, mais cela s’arrête là. Je sais que Salah n’est pas un joueur égoïste, contrairement à ce que vous dites.
Aujourd’hui, vous êtes considéré comme l’un des meilleurs joueurs de la saison en Premier League. L’international algérien Riyad Mahrez estime même que méritez cette distinction. Etes-vous de cet avis ?
Il m’arrive de lire certaines déclarations par-ci, par-là, mais je l’ai toujours dit, les distinctions individuelles ne sont pas une obsession pour moi. Toutefois, c’est gentil de la part des joueurs comme Riyad qui pensent sincèrement que je mérite ce titre de meilleur joueur de la Premier League. À mon avis, il y en a d’autres qui le méritent aussi, mais comme je l’ai dit, c’est le titre collectif qui m’intéresse le plus.
Vous avez tout gagné à Liverpool. Est-ce qu’il n’est pas temps de changer de cap pour relever d’autres défis ?
Je ne sais pas. Je suis toujours sous contrat avec Liverpool. Aujourd’hui, le plus important à mon avis, c’es la fin de saison. Certes, nous sommes champions de la Premier League, mais d’autres défis nous attendent puisqu’il reste encore quelques journées. C’est la seule chose qui est à l’ordre du jour.
El Hadji Diouf et beaucoup d’anciens internationaux pensent que vous pouvez remporter le Ballon d’Or France Football, mais à condition de quitter Liverpool. Vous partagez cet avis ?
(Éclats de rires). El Hadji Diouf et les autres sont de très grands connaisseurs du football que je respecte beaucoup. Mais, comme je vous l’ai dit tantôt, je ne suis pas dans les dispositions d’aborder cette question. La seule chose qui importe actuellement, c’est la fin de saison.
À Liverpool, vous arrive-t-il d’être comparé à El Hadji Diouf ou à Salif Diao, vos compatriotes qui vous y ont devancé ?
El Hadji Diouf et Salif Diao ont chacun joué leur partition dans l’équipe. D’ailleurs, leurs noms figurent parmi tous ceux qui ont porté le maillot de Liverpool. Je connais bien leur histoire et je suis très fier de leur passage à Liverpool puisqu’ils nous ont ouvert la voie.
Aviez-vous une pression particulière par rapport à ces deux-là ?
Pas forcément. Nous avons chacun son style et sa démarche. Moi, je ne vis aucune pression. J’essaie de m’adapter en fonction des circonstances.
Vous sentez-vous plus surveillé, plus respecté ou plus craint en Premier League depuis votre titre de joueur africain de l’année 2019 ?
Non, pas vraiment. J’essaie de rester la même personne pour aider mon équipe sur tous les plans. En Premier League, il y a beaucoup de footballeurs qui ont gagné des titres individuels. Donc, personnellement, je ne mets pas dans ma tête cette distinction du titre de meilleur joueur africain de l’année 2019. C’est à moi de respecter mes adversaires.
On vous annonce un peu partout en Europe la saison prochaine. Qu’en est-il exactement ?
Heureusement que je ne vis pas de rumeurs et je n’y prête aucune attention particulière ! Je l’ai dit tantôt, je suis à Liverpool et j’ai un contrat qui court toujours.
Si vous deviez quitter Liverpool, sur quel club se porterait votre choix ?
Franchement, je ne sais pas !
On annonce Kalidou Koulibaly à Liverpool. Qu’est-ce que cela vous ferait de l’avoir comme coéquipier ou alors qu’il choisisse Manchester City ou Manchester United ?
Kalidou Koulibaly est un excellent défenseur, l’un des meilleurs à son poste. Je serai très heureux de partager le même club que lui puisque je le connais depuis des années. On s’est d’abord fréquenté à Metz, avant de se retrouver en équipe nationale. Personne ne peut refuser Koulibaly dans son effectif. En tout cas, ce sera avec plaisir de partager Liverpool avec lui. Il sera le bienvenu.
La transition est bien trouvée pour parler de l’équipe nationale du Sénégal. Vous en êtes incontestablement le leader technique, mais certainement pas le leader mental. Qu’est-ce qui vous manque, selon vous ?
Je ne sais pas ce que vous appelez leader mental. Quand je joue au football, ce n’est pas pour crier sur mes partenaires ou sur l’arbitre. J’essaie de me concentrer au maximum sur mon sujet tout en respectant les consignes du coach. Maintenant, si vous avez une autre approche du mental à laquelle vous faites allusion, je n’y peux rien.
D’après vous, qui est ce leader mental dans la Tanière ?
Franchement, je ne sais pas. À chacun son rôle et sa conception des choses. On est une bande de copains et on se parle beaucoup. Mais, à ce que je sache, il n’y a aucun joueur qui a pour rôle d’aboyer ou de jouer au dur. Nous privilégions le dialogue entre nous puisque nous sommes tous des professionnels qui évoluons dans de très grands championnats européens.
Quart de finaliste de la Can 2017 et finaliste de celle de 2019. L’étape suivante pour le Sénégal n’est-elle pas de remporter celle à venir ?
Le plus grand souhait de tout le peuple sénégalais est de remporter le prochain tournoi continental. En tant que joueurs, nous rêvons de cela tous les jours. C’est vrai que pour celle de 2019, on n’est passé à côté. Mais franchement, on n’a pas démérité, même si on avait en face une bonne équipe algérienne. Nous ne sommes pas loin du but et nous essayerons de nous en approcher davantage.
Avec le recul, comment expliquez-vous que le Sénégal n’ait pas remporté la Can 2019 en Égypte ?
Il n’y a pas d’explication particulière. On a gagné cinq matches sur sept. Et par deux fois, on est tombé devant l’Algérie qui a finalement remporté le trophée. Cela veut donc dire qu’on était tombé sur plus fort que nous. Mais, comme je l’ai dit, nous allons toujours apprendre de ces défaites pour rebondir.
Finaliste de la Can 2019 comme la génération de 2002, mais éliminé dès le premier tour du Mondial 2018 alors que la génération de 2002 avait atteint les quarts de finale, comment situez-vous votre groupe par rapport à celui de 2002 ?
Incontestablement, celle de 2002 a écrit les lettres de noblesse de l’histoire du football sénégalais. À notre tour aussi, nous essayons d’écrire la nôtre, mais nous ne faisons aucune comparaison, surtout que les contextes ne sont pas les mêmes encore moins les joueurs qui constituent le groupe. Il ne faut pas perdre de vue que l’année 2002 reste le repère de notre football et nous ne cesserons jamais de remercier ceux qui ont bercé notre enfance de par leurs talents. Aujourd’hui, cela fait plaisir de les côtoyer tant en sélection ou dans la vie de tous les jours. Certains d’entre eux occupent des postes de responsabilité au sein de l’équipe nationale du Sénégal.
On ne tarit pas d’éloges sur votre génération. Mais, elle n’a encore rien gagné. Ne craignez-vous pas qu’au lieu d’être une génération dorée vous soyiez une génération maudite ?
Vous savez, dans la vie, on n’a pas le monopole de la vérité et on ne décide pas forcément de tout ce qui nous arrive. Nous sommes des croyants et on ne doit pas occulter ce fait. Cela veut dire que, quelque part, on doit remercier le Tout Puissant sur tout ce qui nous arrivera. Mais effectivement, nous avons des objectifs. Et unanimement, nous voulons décrocher la prochaine Coupe d’Afrique des Nations. Cependant, nous savons qu’au-delà des paroles, on doit répondre présents sur le terrain sans oublier que le Sénégal reste cette équipe à abattre sur le continent.
Comment, justement, avez-vous accueilli le report de la Can 2021 à 2022 ? Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
C’est le lieu pour moi de remercier tout le personnel médical du monde entier et particulièrement du Sénégal. Depuis l’apparition du coronavirus, ce sont les personnels soignants qui sont en première ligne. Ils ont sauvé des vies et on leur doit reconnaissance et respect. Pour ce qui est du report de la Can 2021, je pense que personne ne s’y est opposé parce que les arguments avancés restent valables.
Pensez-vous être à votre meilleur niveau ou croyez-vous avoir encore une marge de progression ?
En football, il faut toujours se remettre en question. En tout cas, en ce qui me concerne, j’essaie tout le temps de faire mieux par rapport au précédent match. Après, les observateurs vont donner leur avis sur mon niveau de jeu. Personnellement, je pense que j’ai encore une marge de progression et j’essayerai de me transcender chaque fois que le besoin se fera sentir.
Avez-vous définitivement renoncé à tirer les pénalties en équipe nationale ?
Non, pas du tout ! J’ai dit qu’à un moment, il faut s’arrêter et passer la main à d’autres coéquipiers qui peuvent aussi tirer les pénalties. Lors de la dernière Coupe d’Afrique, m’étant rendu compte que mon ratio n’était pas bon, j’ai décidé de ne plus y toucher. En tout cas, jusqu’à la fin de la compétition. Cela ne veut pas dire que j’arrête définitivement de tirer les pénalties. Non, loin de là.
Vous avez connu différents sélectionneurs nationaux. En quoi Aliou Cissé est-il différent des autres ?
À chacun son style et sa démarche. Aliou Cissé a la chance de connaître ce groupe bien avant d’être promu sélectionneur national de l’équipe A. On l’a connu quand on jouait pour la plus part chez les Olympiques. Il était dans ce staff qui a conduit le Sénégal aux Jo de Londres 2012. Donc, c’est la continuité. Aujourd’hui, Cissé joue le rôle de père de famille dans la Tanière et essaie d’être proche de ses joueurs parce que, quelque part, il a compris que c’est ainsi qu’il pourra tirer le meilleur de tout un chacun.
Comment appréciez-vous qu’il y ait des Sénégalais à la tête des différentes sélections nationales de football ?
C’est une décision salutaire. Les dirigeants ont raison de mettre les techniciens du cru dans nos différentes équipes nationales. Je pense qu’aujourd’hui le modèle sénégalais peut être vanté et vendu partout en Afrique, car depuis quelques années, il n’y a que les locaux qui sont à la tête de toutes les sélections nationales. Sincèrement, c’est une bonne chose pour notre football.
On sait que vous aimez particulièrement le football. Mais, si vous n’aviez pas été footballeur, quelle discipline sportive auriez-vous pratiquée ?
Honnêtement, je ne sais pas. Je n’ai pratiqué que le football même si, aujourd’hui, il m’arrive de suivre le basketball et la boxe.
Parlons maintenant du football local. L’Académie Génération Foot vous reproche de n’avoir rien fait pour elle, contrairement à d’autres anciens pensionnaires. Que répondez-vous ?
Je ne sais pas si effectivement Génération Foot a dit cela. Si c’est le cas, il faudra leur poser la question. Moi je ne réponds jamais par presse interposée. Ce qui est sûr, c’est que le président Mady Touré est pour moi un père et je sais qu’il en a conscience.
Quel club sénégalais supportez-vous ?
Je supporte le football sénégalais dans son ensemble. Je n’ai pas de club particulier même si, naturellement, j’ai un penchant pour Génération Foot, mon club formateur.
Vous arrive-t-il de suivre le championnat du Sénégal ? Si oui, comment trouvez-vous le niveau ?
Bien sûr ! À chaque fois que l’occasion se présente, je suis les matches du championnat local à la télé. Et à mon avis, c’est un très bon championnat puisqu’il y a certains joueurs qui arrivent à retrouver la Tanière grâce à leurs performances en club ou en équipe nationale locale.
Comment expliquez-vous la différence de niveau entre le football local sénégalais qui peine à briller en Afrique et l’équipe nationale qui trône sur la hiérarchie continentale ?
Ce serait très prétentieux de ma part de faire un jugement de valeur du football local. Mais, une chose est sûre, on doit tous tirer notre chapeau aux présidents des clubs du Sénégal. Ils ne lésinent pas sur les moyens et mettent la main à la poche pour gérer au quotidien leurs clubs respectifs. Maintenant, tout le monde sait que tant que les moyens ne sont pas là, le professionnalisme ne le sera que de nom. C’est pourquoi il me sera très difficile de faire la comparaison entre le football local et l’équipe nationale qui n’est composée, en majorité, que de footballeurs expatriés.
Vous qui brillez en Europe avec Liverpool, que conseilleriez-vous aux clubs sénégalais, afin qu’ils soient performants en Afrique ?
Il me sera difficile de donner un conseil aux clubs sénégalais parce qu’ils font face au professionnalisme des équipes d’Afrique du Nord. Là-bas, on sait qu’il y a des infrastructures adéquates, dignes de ce nom. Je pense que c’est à ce niveau que se trouve le problème. Au Sénégal, il y a un sérieux problème d’infrastructures. Et le jour où les dirigeants parviendront à régler cette question, nos clubs pourront valablement rivaliser avec les autres, surtout qu’il y a un nivellement de valeur entre les équipes africaines qui sont souvent engagées en Coupe d’Afrique.
Que conseillez-vous aux joueurs sénégalais qui ne pensent qu’à s’exiler pour faire aussi bien que vous ?
Je les encourage à persévérer dans le travail. Le rêve est permis. Personnellement, c’est un rêve que j’ai réalisé. Mais, il n’y a pas que cela. Derrière, il faudra beaucoup travailler et faire des sacrifices parce que les matches du week-end ne sont que la partie visible de l’iceberg. Il y a toute une abnégation derrière si vous voulez vraiment y arriver. Je viens de très loin et aujourd’hui, tout le monde connaît mon histoire. De mon village natal (Bambali), j’ai parcouru des chemins parsemés d’embûches. Mais, au bout du compte, j’ai réalisé mon rêve qui est de devenir footballeur.
On vous sait très impliqué dans le social. Qu’est-ce qui vous motive ?
C’est normal. Quand on sait d’où l’on vient, on n’a pas de problème à renvoyer l’ascenseur. Personnellement, je viens de Bambali, dans une famille modeste. Du coup, je trouve normal de venir en aide aux autres puisque tout le monde n’a pas la même chance que moi.
Allez-vous étendre vos actions humanitaires à d’autres zones du Sénégal que votre village natal de Bambaly ?
Je l’espère bien et c’est mon souhait. J’ai une vision des choses et ensemble avec mes parents et mes conseillers, on essaie de ne pas brûler les étapes. On fait les choses les unes après les autres.
Vous investissez beaucoup dans le social, mais pensez-vous à créer des industries au Sénégal, seul ou en collaboration avec des partenaires européens ?
C’est vrai que c’est pendant qu’on est en activité qu’on pense à son avenir, pour ne pas dire à sa reconversion. Moi, je suis sur des choses et j’entends continuer dessus. De toutes les façons, vous serez informés à temps de toutes les actions que je compte mener à moyen et long termes. Ne vous inquiétez pas pour cela.
En cette période de lutte nationale contre la pandémie de la Covid-19, on vous a senti très impliqué. Pourquoi ?
C’est normal. En tant que porteur de voix, nous devons apporter notre contribution dans la lutte contre la Covid-19. Nous avons très tôt répondu favorablement à l’appel de nos autorités. Avec mes coéquipiers de l’équipe nationale, nous avons participé, de façon symbolique, pour aider les couches vulnérables au Sénégal et je pense que c’est ce que le peuple attend de nous.
Comment avez-vous vécu le confinement et qu’est-ce qui vous a aidé à tenir le coup ?
C’était très dur de rester sur place pendant des mois. Mais personnellement, je n’étais pas dépaysé puisqu’avec les coéquipiers de Liverpool, on se donnait rendez-vous sur les réseaux sociaux pour une heure de séance d’entraînement collectif. À la base, on fait du yoga et on en profite pour se chambrer un tout petit peu. Cela nous donne envie de nous retrouver le lendemain. Il y avait aussi un programme spécifique que le club nous a soumis et que je respectais à la lettre pour maintenir ma forme.
Quel genre de musique écoutez-vous ?
J’écoute toutes les sonorités. Je n’ai pas de choix spécifique ; tout dépend de mon humeur.
À Liverpool, fief des Beatles, comment se passe votre vie culturelle ?
Je n’ai malheureusement pas eu la chance de voir les Beatles. Cependant, je connais bien leur histoire puisqu’ils font partie de la vie culturelle anglaise et principalement celle de Liverpool.
On ne vous voit pas fêter vos buts avec des pas de danse. Seriez-vous un piètre danseur ?
(Éclats de rire). En réalité, je ne sais pas danser.