LA MAGIE DE LA CAN
Au-delà du terrain, la Coupe d'Afrique des Nations qui s'ouvre en Côte d'Ivoire ce samedi, a des vertus continentales insoupçonnées. En réunissant près d'un Africain sur deux, elle célèbre une Afrique unie dans sa diversité
Chaque deux ans, la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) rassemble les foules à travers le continent. Plus qu'une compétition footballistique, cette grand-messe du ballon rond joue un rôle social et politique majeur en Afrique, comme le souligne Jean-Baptiste Placca, rédacteur en chef de RFI, dans son éditorial du 13 janvier.
En effet, pour de nombreux supporters, assister à la CAN dans le pays hôte est souvent "l'unique occasion de découvrir ce pays et quelques réalités de l'Afrique", observe le journaliste. Peu d'Africains ont les moyens de voyager sur leur continent, aussi vastes que divers. La CAN offre cette chance inestimable de sortir de son "bantoustan" et d'échanger avec les autres peuples africains.
Mais au-delà des voyageurs, la CAN rassemble des millions de téléspectateurs à travers 24 sélections nationales. Son audience fait d'elle "l'événement qui mobilise le plus sur le continent", plus encore que la politique. Orchestratrice de ces moments de "communion", elle apporte à des sociétés parfois meurtries par les conflits intercommunautaires un brin de "bonheur simple".
Car sur les terrains aussi, la CAN célèbre l'unité retrouvée. Jamais une équipe nationale n'a exclu tel ou tel groupe ethnique, souligne J-B Placca. Bien au contraire, les "onze titulaires" rassemblent sous le maillot national des joueurs de toutes origines. Cette mixité des effectifs, garante du succès sur le terrain, illustre en creux la cohésion que le football parvient souvent seul à établir entre des communautés divisées par ailleurs.
Certes, les dirigeants politiques tentent parfois d'instrumentaliser l'événement à leur gloire. Mais accueillir la CAN demeure "l'occasion pour chaque pays de mettre en valeur sa diversité" auprès du reste du continent, estime le rédacteur en chef. Une opportunité que même les régimes les plus autoritaires ne peuvent s'empêcher de saisir, conscients de l'impact diplomatique, économique et touristique d'un tel événement.
L'anecdote révélatrice d'un homme d'affaires ouest-africain, découvrant dans les années 1990 la Côte d'Ivoire prospère alors que son propre pays stagnait, illustre parfaitement le rôle de la CAN comme révélateur des réalités contrastées d'un continent trop méconnu de ses propres habitants. Fédératrice des peuples, célébration de la diversité africaine, la CAN incarne ainsi bien plus qu'un simple tournoi sportif.
Avec sa dimension humaine et symbolique, elle demeure, aux yeux de nombreux observateurs comme Jean-Baptiste Placca, la manifestation la plus représentative d'une Afrique unie dans sa diversité.