LA POLITISATION DE LA LUTTE NE PROFITE QU’AUX PROMOTEURS ET MANAGERS
Après avoir démissionné il y a quelques années du Cng, Biram Bigué Mbaye se félicite de la nomination de Mme Khady Diène Gaye — qu’il considère comme la femme qu’il faut à la place qu’il faut — à la tête du ministère des Sports.
Ancien membre du Comité national de gestion (Cng) de la lutte où il était chargé de la commission de règlement et discipline, Biram Bigué Mbaye est diplômé en management du sport, marketing et sponsoring. Il est également diplômé en lutte internationale. Après avoir démissionné il y a quelques années du Cng, Biram Bigué Mbaye se félicite de la nomination de Mme Khady Diène Gaye — qu’il considère comme la femme qu’il faut à la place qu’il faut — à la tête du ministère des Sports. Et se dit prêt à la soutenir pour réformer la lutte, une discipline qui, à l’en croire, ne profite qu’aux promoteurs et managers.
Le Témoin : Comment voyez-vous la politisation de la lutte à travers les « drapeaux » dédiés aux hommes politiques ?
Biram Bigué Ndiaye : La politisation de la l’arène sénégalaise est un constat très amer. Surtout durant ces cinq (05) dernières années où le Comité national de gestion de la lutte (Cng) a politisé la lutte avec la complicité des différents ministres des Sports de l’ancien régime du président Macky Sall. Une politisation qui a fini par agacer de nombreux téléspectateurs du Sénégal et de la Diaspora. Malheureusement, seuls les promoteurs et managers en profitaient.
D’ailleurs je suis en phase avec le nouveau ministre de l’Energie et du Pétrole, Biram Souleye Diop, qui a déclaré le jour de la korité qu’aucun membre du gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko ne va parrainer des combats de lutte. Oui, il a parfaitement raison puisque les promoteurs et managers n’ont jamais fait la part des choses entre sponsoring, marketing et mécénat dans le sport. Donc il est temps de sonner la rupture pour mettre un terme aux agissements politiques des promoteurs qui ont déstabilisé la lutte par ignorance des textes du management du sport.
Pensez-vous que la création d’une Fédération sénégalaise de lutte peut être la solution ?
Une très bonne question ! Oui, la création d’une Fédération sénégalaise de lutte à la place du Cng pourrait être une solution. Car une éventuelle fédération sénégalaise de lutte comme toute fédération affiliée aux instances mondiales ou internationales de lutte interdirait tout drapeau, signe, parrainage manifeste d’une appartenance politique. C’est dans ce sens que le ministre Biram Soulèye Diop entend rompre avec certaines vieilles mauvaises pratiques bien ancrées dans l’arène sénégalaise. Et pour mieux l’appuyer dans son rejet contre les drapeaux et parrainages politiques, Madame la ministre des Sports Khady Diène Gaye doit dissoudre le Cng pour un retour de la Fédération sénégalaise de lutte. D’ailleurs, permettez-moi de déplorer que le Sénégal est un des rares pays au monde à ne pas disposer de Fédération sénégalaise de lutte. Ce alors que la lutte est l’un des sports les plus anciens et les plus populaires au Sénégal. Elle est à la fois moderne et traditionnelle donc mérite une reforme de sa gouvernance et sa gestion. Vous savez, le « Lamb » est comme la musique car il est marqué par tam-tams et chants qui l’accompagnent. Sans oublier la chorégraphie par les danses, la poésie par les « backs » qui touchent la sensibilité des amateurs. « Lamb », c’est-à-dire la lutte, allie sport et culture. Malheureusement, la politique est venue dans l’arène sénégalaise casser le binôme sport/culture.
Donc, selon vous, une réforme est impérative pour sauver l’arène ?
Non seulement elle est impérative mais encore elle est une obligation car correspondant à une demande générale des lutteurs et des amateurs. Et cette réforme tant souhaitée doit s’articuler sur onze (11) points : la mise en place d’une fédération nationale comme tous les pays affiliés à United world Wrestling qui a remplacé la Fila, la révision du statut du lutteur, du promoteur, de l’entraineur et du manager y compris l’obtention de sa carte professionnelle, la formalisation des écuries en association, la décentralisation des programmes de lutte et leur adaptation aux réalités locales etc... De même qu’au niveau de la lutte olympique au Sénégal où la formation n’est pas conforme à la graduation appelée « les maitrises ». Je propose également aux nouvelles autorités un taux de répartition qui peut se constituer comme suit : manager 3 % du cachet déclaré à la Fédération, 7% restants du cachet à partager entre les entraineurs qui ne perçoivent aucun sou, 2,5% du cachet doivent être distribué aux lutteurs n’ayant pas de combat mais qui participent aux entrainements, 0,75% devant retourner aux entraineurs principaux, 1,75% sera versé dans les caisses de l’écurie ou de l’école de lutte etc. Je propose aussi que la future Fédération de lutte ne soit pas être gérée par des gens des « navétanes » comme l’actuel Cng. En tout cas, le chantier sera trop vaste pour Mme la ministre puisque la lutte sénégalaise souffre d’une absence de politique sportive.