MES 11 ANNEES DE BASKET AU PAYS DU SOLEIL LEVANT
Basket : Sokhna Fatou Dia Sylla sociétaire de Denso Iris (Japon) se livre..

Passée par l’athlétisme au club Almamy de Saint-Louis, Fatou Sylla a finalement opté pour le basket. De sa formation à Saint-Louis, son départ pour le Japon, ses 11 années passées au pays du soleil levant, l’équipe nationale du Sénégal, son futur, ses projets et son appréciation de la situation actuelle du basket Saint-Louisien. Sokhna Fatou Dia Sylla se livre...
Pouvez-vous nous parler de votre parcours de basketteuse ?
Avant de rejoindre le Japon, je suis passée par Basketball Academy Centre (BAC) du coach Moustapha Sall où j’ai bénéficié d’une excellente formation. J’ai ainsi eu des sélections de petites catégories en équipe nationale U18 avec coach Birahim Gaye. J’ai également porté les couleurs du Saint Louis Basket Club avec comme entraîneur Elhadj Diop avant de partir au Japon.
Justement, vous jouez au Japon, comment cela se passe dans ce pays ?
J’ai fait 11 ans au Japon. Durant les 3 premières années, j’ai été à High School. Plus tard, j’ai intégré l’université avant de signer 4 ans plus tard en professionnel dans l’équipe de Toyota Antilopes où j’ai joué durant 3 saisons. Une première année en Rookie avant de remporter le championnat du Japon et d’être dans le 5 majeur plusieurs fois.
Comment s’est passé votre intégration?
Mon intégration a été très dure à cause de la barrière linguistique. Je ne comprenais pas la langue japonaise, encore moins l’anglais. Mais puisque que les dirigeants avaient besoin de moi, j’ai bénéficié de leur aide. Ce qui fait que j’ai très vite appris la langue. Ce qui a facilité mon intégration. En plus, j’y ai une famille d’accueil, je les remercie beaucoup pour l’assistance.
Quel est le niveau du basket japonais ?
Le niveau est très bon, contrairement à ce que croient beaucoup de Sénégalais. L’équipe féminine du Japon est présentement vice-championne du monde. Je joue à Denso Iris qui a été vice -championne du Japon la saison passée. On joue deux fois par semaine en rencontrant le même adversaire le samedi et le dimanche. Il faut être prêt physiquement, mentalement et techniquement pour s’en sortir. La saison n’a pas encore démarré, c’est pourquoi je suis en vacances à Saint Louis pour quelques jours.
Est ce qu’on vous a une fois proposé la naturalisation ?
À maintes reprises, on m’a proposé la nationalité japonaise. Mais j’ai toujours opté pour défendre les couleurs de mon pays le Sénégal. Ma famille d’accueil m’a même dit que si je n’avais pas joué avec le Sénégal, je porterais les couleurs japonaises pour les jeux Olympiques de Paris. C’était leur rêve et à chaque fois, les Japonais me le rappellent.
Avez-vous vécu le racisme au Japon ?
Une fois, après les entraînements, j’ai pris le train. J’étais très fatiguée et j’ai déplié le siège pour pouvoir m’allonger un peu. Une Japonaise a mis un coup de pied sur le siège à deux reprises. Je croyais même que c’était un tremblement de terre, parce que c’est fréquent au Japon. Mais c’était plutôt une passagère qui frappait avec son pied le siège où j’étais allongée. Je me suis retournée pour voir. Croyant que je ne parlais pas japonais, à cause de ma couleur, elle a dit quelques mots. Je lui ai répondu en japonais et elle est revenue à de meilleurs sentiments. À part cela, les Japonais dans leur ensemble sont très ouverts et gentils.
Votre non présélection sur la liste de 26 joueuses en vue du tournoi féminin de pré-qualification de la coupe du monde 2026 a été une grosse surprise ?
Chacun aspire à jouer pour son pays. Je n’ai que le Sénégal et c’est là où j’ai joué en U18 et en équipe première. C’est là également où je veux continuer à jouer. Cela m’a fait mal de ne pas voir mon nom dans la liste publiée parce que je croyais que j’allais être appelée. C’est pourquoi j’avais même calé mes vacances à cette période pour venir au Sénégal. Mais ce n’est pas la fin du monde, d’autres opportunités vont se présenter parce que j’ai déjà fréquenté la tanière à plusieurs reprises. J’ai raté l’Afrobasket 2023 à cause d’une blessure. J’encourage ceux qui sont appelées. J’ai de bonnes relations avec mes coéquipières en équipe nationale ainsi qu’avec le staff. Dernièrement, capitaine Aya Traoré m’a même appelé pour m’encourager après ma blessure.
Est-ce que vous êtes en contact avec l’encadrement technique national des lionnes ?
Depuis notre retour au Tournoi de Qualification Olympique (du 08 au 11 février 2024) en Belgique, je n’ai pas eu de nouvelles de l’encadrement technique. Un nouvel entraîneur est choisi, espérons qu’avec lui, nous allons nous qualifier à la prochaine coupe du monde et gagner le trophée continental qui nous fuient depuis 2015.
Quel est votre avis sur le fait que beaucoup de jeunes sportifs sénégalais délaissent les études au profit du sport ?
Les études priment sur tout. Le sport vient après. Je conseille à mes jeunes frères et sœurs d’allier les deux. C’est possible en écoutant les conseils des parents et des entraîneurs. Il faut également de la discipline pour réussir. Les Saint-louisiens sont de nature très bien éduqués. Au Japon, j’étais à l’université, j’alliais sport et études. C’est pourquoi je suis diplômée en Business Management. La situation du Slbc et du basket Saintlouisien inquiète. Je lance un appel aux Saint-louisiens , aux autorités et bonnes volontés d’ici et d’ailleurs de venir accompagner le club qui nous a valu beaucoup de satisfaction. Nous n’avons que Saint Louis et j’ai vu que les jeunes qui sont dans les centres de basket comme BAC veulent avancer, ils méritent d’être soutenus avec l’aide des parents.
Quels sont vos projets ?
Je compte installer une académie de basket, le projet est en gestation avec des partenaires. C’est pour aider les jeunes.