L’UMS SERT UNE RÉPLIQUE CINGLANTE AU BATONNIER
L'Union des magistrats du Sénégal juge inacceptable qu'une personne, futelle bâtonnier, puisse s'ériger en censeur des magistrats et brandir contre eux des menaces
L’Union des magistrats Sénégalais (Ums) a apporté une réplique énergique, suite aux commentaires du bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mbaye guèye, sur les affaires Khalifa Sall et Thione Seck, concernant le règlement5de l’Uemoa qui exige la présence de l’avocat dès les premières heures de garde-à-vue.
«Le 22 mai 2019, le Bâtonnier de l'Ordre d’avocats a fait de graves déclarations à l'encontre des magistrats du parquet qu'il accuse d'arrestations illégales. Par ailleurs, il a fait des menaces de déballages et a accusé le Procureur de la République de Dakar d'avoir instruit la violation délibérée du Règlement n°5/CM/UEMOA dans l'affaire Khalifa Sall », a rappelé l’Union des Magistrats Sénégalais (Ums). Il n’en fallait pas plus au juge Souleymane Teliko et Cie pour condamner « avec la plus grande fermeté ces attaques personnelles en déphasage avec les règles les plus élémentaires de courtoisie et de respect qui doivent prévaloir entre avocats et magistrats, et qui sont d'autant plus injustifiées qu'elles sont faites sur la base de considérations fondées sur une opinion personnelle du déroulement d'une procédure ».
L’Union rappelle qu'aucune disposition légale n'interdit une arrestation devant la prison et qu'en tout état de cause, les divergences de vues qui sont le propre du débat judiciaire doivent trouver leur solution à travers l'exercice des voies de recours. Mais elle juge inacceptable qu'une personne, futelle bâtonnier, puisse s'ériger en censeur des magistrats et brandir contre eux des menaces. L’Ums en appelle au sens de la retenue et de la responsabilité de tous », réagit le Bureau exécutif dans un communiqué signé hier.
Pour rappel, lors de la prestation de serment de 18 avocats stagiaires, jeudi dernier, 23 Mai 2019, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Mbaye Guèye, interpellé sur le sujet, n’y est pas allé par quatre chemins pour dire qu’il y a eu deux poids deux mesures dans les dossiers Khalifa Sall et Thione Seck, concernant l’application du règlement 5 de l’Uemoa. A l’en croire, l’ancien ministre de la Justice et le procureur de la République avaient reçu des instructions pour ne pas appliquer le règlement numéro 5 de l’Uemoa à Khalifa Sall. «Me El hadji Diouf, qui était l’avocat de Khalifa Sall, m’a dit qu’on lui a refusé de voir Khalifa Sall », a-t-il fustigé.
En réalité, ce que voulaient Me Kaba et le Procureur, selon l’avocat, c’était de « gagner du temps dans l’application de ce règlement, prétextant vouloir introduire une réforme du code de procédure pénale ». Or, a insisté Me Mbaye Guèye, « ne pas dire à l’accusé qu’il a droit à un avocat entraîne la nullité de la procédure, à plus forte raison ne pas lui commettre un avocat »