«NOUS NE POUVONS PAS ENGAGER UNE DEPENSE DE 26 MILLIARDS SANS LE VOTE DE LA LOI DE FINANCES»
MAHAMMAD BOUN ABDALLAH DIONNE SUR LES INDEMNITES DE LOGEMENT DES ENSEIGNANTS

Le Premier ministre a confié, hier, aux députés que le gouvernement est disponible pour dialoguer avec les syndicat d'enseignants et qu’il va d’ailleurs les recevoir ce vendredi après-midi. Mais déjà, il a prévenu que les 26 milliards d’indemnités de logement des enseignants devront être validés par l’Assemblée nationale, à travers une loi de finances rectificative.
C’est aujourd’hui que le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, va rencontrer les syndicats d’enseignants pour tenter de s’accorder sur une solution de sortie de crise et sauver l’année scolaire. Mais d’ores déjà, le chef du gouvernement fixe les règles du jeu. En effet, Mahammad Dionne, qui s’exprimait, hier, lors de son deuxième face-à -face avec les parlementaires dans le cadre des questions d'actualités à l’Assemblée nationale, a tenu à préciser les préalables.
«Demain (Ndlr : aujourd’hui) à 16 heures, je vais recevoir tous les syndicats et je vous (les parlementaires) invite, en tant que facilitateurs, à cette rencontre. Qu’ils viennent avec leurs plénipotentiaires assister à cette réunion. Parce qu’on ne peut pas, à chaque fois, qu’on nous dise la même chose : ‘attendons qu’on retourne à la base pour en discuter’. Et revenir après avec d’autres plan d’actions», a dit le Premier ministre face aux députés.
Selon M. Dionne, le gouvernement de Macky Sall est un gouvernement de dialogue. «C’est le gouvernement du dialogue social. Le chef de l’Etat a décidé l’adoption du plan d’actions relatif au Plan de stabilité social et d’émergence économique qui est un pacte signé par l’Etat. Ce pacte, c’est 3,9 milliards qui ont été validés par le chef de l’Etat, dont une subvention aux centrales syndicales à hauteur de 600 millions pour appuyer le renforcement de leur capacité. Quand on donne 600 millions aux syndicats, on n’est pas contre les syndicats», a indiqué Mahammad Dionne.
«26 milliards, ça se programme, surtout si c’est hors budget»
A l’en croire, le problème qui oppose l’Etat et les enseignants n’est pas un problème de fond. «Nous ne recherchons pas un accord, ni un protocole. Le protocole, il a été déjà signé. Ce protocole, c’est des synthèses des engagements pris par les gouvernements successifs de la République entre 2002 et 2012 et qui, malheureusement, pour certes des contraintes parfois budgétaires, n’ont pas été respectés. On a signé des engagements, mais ce n’est pas tous les engagements qu’on peut respecter», a expliqué M. Dionne tout en rassurant que les 200 millions pour la formation sont mis en place et transférés dans les comptes du ministère de l’Education nationale.
Abordant la question relative à l’augmentation des indemnités de logement des enseignants qui est de 60.000 francs Cfa, alors que les enseignants veulent monter la barre jusqu’à 100.000 francs Cfa et qu’il pose comme condition non négociable, le Premier ministre s’est voulu on ne peut plus clair. «Présentement, on n’a pas la possibilité d’augmenter les indemnités de logement. On n’a pas cette force. Ces pays qui ont pris ces mesures populistes ne peuvent plus payer leurs fonctionnaires. 26 milliards, ça se programme, surtout si c’est hors budget», a-t-il asséné.
Et Mahammad Dionne de renchérir : «Nous ne pouvons pas engager une dépense de 26 milliards sans le vote de la loi de finances et ça c’est plus responsable». Donc, informe-t-il, «nous avons dit avec les syndicats que nous allons mettre une commission ad hoc pour la soutenabilité de ce montant à payer. Si nous nous mettons d’accord au niveau de ce comité ad hoc, l’Etat respectera cet engagement. Nous avons respecté le pacte sur le secteur privé, c’est pour ça qu’il n’y a pas de grève dans le secteur privé».