DE LA NECESSITE DE L’AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES FEMMES
DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE

«Pour accéder au développement en Afrique, l'autonomisation économique des femmes doit être au cœur des stratégies visant à édifier des économies dynamiques et fédératrices». Fatou Bintou Djibo est formelle. La représentante du Pnud au Sénégal qui s’exprimait lors d’une table ronde sur «Le rôle de la femme dans le développement économique et humain en Afrique», à l’initiative du groupe de presse AllAfrica Global Media, éditeur de la plateforme allAfrica.com et allAfrica.fr. C’est dans le cadre de la célébration, ce dimanche, de la Journée internationale de la femme dont le thème choisi par les Nation unies est «Autonomisation des femmes – autonomisation de l’humanité: Imaginez !»
Pour Mme Djibo, «les impressionnantes avancées obtenues pour combattre les inégalités entre les sexes prouvent toute l'utilité des politiques durables, dont les bénéfices profitent à tous», notamment dans nos pays en voie de développement où les femmes représentent plus de 60% des illettrés. Dès, elle invite les femmes à surmonter les obstacles «pour accéder aux services publics, à la protection sociale, à des emplois décents, aux marchés et aux institutions sont toujours nombreux». Et cela passe par l’éducation. Car, «l'éducation et la formation des femmes sont des conditions sine qua non pour arriver au développement», a-t-elle déclaré.
Et la coordonnatrice du Systèmes des Nation unie pour le Sénégal de relever que 2015 est une année charnière pour les acteurs du développement dans la quête de changement de paradigme. A l’en croire, le vingtième anniversaire de la déclaration de Beijing (1995) est l’occasion de faire le point sur les progrès accomplis au niveau international dans la promotion des droits et des opportunités pour les femmes et les filles, tout en réaffirmant nos engagements en faveur de l’égalité entre les sexes.
Fatou Bintou Djibo reste convaincu que «le développement ne peut se réaliser si 50% de la population concernée (les femmes) est exclue des opportunités que le développement est à même d’offrir. De plus, on note que le nombre de ménages ayant pour chef une femme s'accroît rapidement dans les zones rurales dans de nombreux pays en développement, du fait de l'exode rural masculin faute d'emplois et d'activités rémunératrices. En Afrique subsaharienne, 31% des ménages ruraux sont dirigés par des femmes», souligne-t-elle.
70% de la production agricole dépend des femmes, mais…
Conséquence, même si des progrès ont été enregistrés, des défis restent à relever dans les douze domaines majeurs de préoccupation identifiés dans le Programme d'action de Beijing, 20 ans après. Selon Mme Djibo, en Afrique, parmi les défis rencontrés dans la création d’un environnement favorable pour le développement économique inclusif et équitable des femmes, figurent, entre autres, la problématique de l’émancipation des femmes africaines qui est une condition au développement, corriger l’inégalité des sexes dont l’Afrique subsaharienne a le niveau le plus élevé à l'échelle mondiale. L’autre frein c’est la frilosité des banques du Sud, les femmes ne possédant pas de capital initial garanti par les banques pour mener à bien leurs activités, l’accès et le contrôle aux ressources productives notamment la terre, en particulier dans les zones rurales. «En Afrique, 70% de la production agricole dépend des femmes mais elles ne possèdent que 2% de la terre». Or, «les femmes produisent 60 à 80% des aliments dans la plupart des pays en développement et sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale», révèle-t-elle.
A l’issue de son 24ème Sommet Ordinaire des Chefs d'Etat et de gouvernement, l'Union africaine (UA) a déclaré l'année 2015: «Année de l'Autonomisation des Femmes et du Développement de l'Afrique pour la concrétisation de l'Agenda 2063, dans le cadre de la Décennie de la Femme Africaine (2010-2020). Histoire «de bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale».