DOUÉ NOUMANDIEZ, PHARMACIEN ET ARBITRE IVOIRIEN, EN ROUTE POUR LE BRÉSIL
MONDIAL-2014
Abidjan, 27 mai 2014 (AFP) - Il sera le premier Ivoirien à arbitrer durant une Coupe du monde de football: à bientôt 44 ans, Désiré Doué Noumandiez, pharmacien de profession, effectuera une sortie en apothéose au Brésil, avant de rejoindre son officine.
L'homme a déjà eu à de multiples reprises les honneurs de la presse locale. A l'instar des Eléphants, l'équipe nationale, première nation africaine au classement FIFA (21e place), il incarne la fierté de la Côte d'Ivoire qui se remet progressivement d'une décennie de crise politico-militaire.
La chute de Laurent Gbagbo en avril 2011, au terme de cinq mois de violences qui firent plus de 3.000 morts, passe désormais au second plan pour les fervents supporteurs ivoiriens, à moins d'un mois de la grand messe du football mondial.
Désiré Doué Noumandiez la vivra au centre des pelouses brésiliennes, lui qui est passé en quinze ans de l'anonymat arbitral au gotha du sifflet mondial.
"Il a rapidement mis tout le monde d'accord sur ses compétences", observe l'ancien président de la Commission centrale des arbitres ivoiriens, Kouakou N'Dri, qui salue "une carrière fulgurante".
Doué Noumandiez, comme on l'appelle en Côte d'Ivoire, débute sa carrière en 1999 à Guiglo, sa région d'origine, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, une zone qui sera parmi les plus touchées par la crise. Il est alors juge de touche.
Sa passion en devenir lui "est venue comme ça", raconte-t-il simplement. En 2003, il devient arbitre central. Son plus grand fait de gloire dans le championnat local survient dès son premier match. Il se retrouve d'emblée sous le feu des critiques.
Au terme d'un match "un peu cocasse" ponctué de "nombreux temps morts" entre la SOA de Yamoussoukro et le CO de Bouaflé, il donne 12 minutes d'arrêt de jeu, dans l'incompréhension générale, se souvient-il. "Ca avait fait beaucoup de bruit".
La Fédération ivoirienne le convoque. Mais les choses finissent par rentrer dans l'ordre.
Meilleur arbitre africain
Patiemment mais sûrement, Désiré Doué Noumandiez, grand gaillard au visage sévère et au crâne rasé, gravite les échelons arbitraux, nationaux puis internationaux.
Six ans plus tard, en 2009, il est aux commandes de la finale du 1er Championnat d'Afrique des nations, le CHAN (réservé aux joueurs locaux), qui se déroule à Abidjan.
Il sera retenu pour la 2e édition du CHAN au Soudan en 2011. La Confédération africaine de football (CAF) le désigne meilleur arbitre du continent cette même année.
M. Doué Noumandiez officie également lors de la Coupe d'Afrique des nations en 2010 et 2012, même si les bonnes performances des Eléphants lui interdisent l'accès aux matches décisifs. Plus récemment, il a dirigé la Supercoupe d'Afrique des clubs en février au Caire.
Au Mondial-2014, l'Ivoirien sera secondé par son compatriote Songuifolo Yéo et le Burundais Jean-Claude Birumushahu.
Sa sélection par la FIFA et la CAF relève de "sa formation de pharmacien", affirme Parfait Kouassi, président du comité national de soutien aux Éléphants (CNSE), lui-même ancien président de l'Ordre des pharmaciens. "On retrouve dans son arbitrage une capacité d'observation et d'analyse des actions de jeu... et aussi un esprit cartésien propre aux scientifiques", sourit M. Kouassi, qui lui souhaite de "réussir une très bonne Coupe du monde".
Ensuite, le "digne Eléphant-arbitre", selon son confrère, s'approchera des 45 ans, la limite d'âge internationale pour les professionnels du sifflet. "C'est le timing parfait, c'est une bonne façon de terminer une carrière. Je pourrais enfin consacrer plus de temps à mon épouse et à ma fille", se réjouit-il.
Et à son officine aussi. "L'an prochain, je redeviendrai pharmacien !", s'exclame celui qui, au Brésil, se voit bien terminer en demi-finale. "Je préfère évidemment une finale et la Coupe pour la Côte d'Ivoire qu'une finale pour moi".