VIDEO GENÈVE VA VERSER 380 MILLIONS DE DOLLARS AU NIGERIA
CLÔTURE DU DOSSIER ABACHA

Genève, 17 mars 2015 (AFP) - Les autorités judiciaires genevoises vont verser au Nigeria quelque 380 millions de dollars, confisqués à Sani Abacha, ex-dictateur nigérian qui avait détourné des centaines de millions de dollars alors qu'il dirigeait le pays entre 1994 et 1998.
Ces fonds confisqués à la famille Abacha seront restitués sous le contrôle de la Banque Mondiale, a indiqué mardi dans un communiqué le parquet genevois. La procédure suisse dans cette affaire, ouverte en 1999, est classée, a par ailleurs annoncé le parquet.
Cette procédure avait été ouverte en 1999 contre la famille Abacha après l'envoi d'une commission rogatoire internationale par le Nigeria aux autorités judiciaires suisses. La procédure visait à récupérer 2,2 milliards de dollars que l'ex-dictateur était accusé d'avoir détourné alors qu'il était au pouvoir entre novembre 1993 et juin 1998.
Ces décisions font suite à un accord global conclu en juillet 2014 entre les autorités nigérianes et la famille Abacha, selon le Ministère public. Les autorités nigérianes se sont battues pour récupérer l'argent pillé par le clan Abacha.
L'argent détourné avait été placé sur des comptes à l'étranger dans différents pays, dont la Suisse. Les 380 millions de dollars restitués au Nigeria avaient été saisis dès 2006 au Luxembourg sur ordre de la justice genevoise.
Ces fonds étaient aux mains de diverses sociétés contrôlées par la famille Abacha, considérée comme une organisation criminelle, a rappelé le Ministère public genevois. L'accord de juillet 2014 prévoit la confiscation des avoirs et leur attribution au Nigeria ainsi que l'abandon par Abuja de sa plainte contre Abba Abacha, le fils du dictateur défunt.
La famille Abacha avait aussi placé des fonds dans des banques suisses, pour un montant de près de 500 millions de dollars. Ces fonds en Suisse ont déjà été restitués au Nigeria par tranches par Berne et le solde a été versé en 2009.
Le Ministère public genevois a par ailleurs décidé de classer la procédure en cours depuis 1999 à l'encontre de la famille Abacha, notamment Abba Abacha, le fils du dictateur défunt.
Après de multiples rebondissements, Abba Abacha avait été condamné, en 2012, par le Tribunal de police de Genève à un an de prison avec sursis pour participation à une organisation criminelle. Un recours avait été lancé contre cette condamnation, qui a été annulée pour des raisons de forme.
L'affaire n'était pas encore jugée de façon définitive au moment de l'abandon des poursuites annoncé mardi. Dans son communiqué, le Ministère public genevois rappelle cependant que Abba Abacha a effectué 561 jours de détention provisoire entre 2004 et 2006, et qu'il s'est vu refuser toute indemnité à ce titre.