JABER STOPPÉ EN PLEIN ÉLAN

Le gouvernement aurait-il enfin décidé de limiter les pouvoirs de Abbas Jaber qu’il ne s’y prendrait pas autre ment. L’homme d’affaires, qui voulait revendre l’ancienne Sonacos par petits morceaux, et en tirer un bon pactole, après l’avoir acquis pour une bouchée de pain, grâce à beaucoup de complicités, s’est vu opposé un Niet ferme de la part du chef du gouvernement.
Même si l’on présume qu’il sera assez difficile à l’Etat d’empêcher un opérateur économique de se dessaisir à volonté d’un bien qu’il a légalement acquis, on imagine que les autorités pourraient invoquer l’intérêt national, comme elles l’ont fait dans le cadre du chemin de fer Dakar-Bamako.
Cet intérêt national avait été foulé aux pieds, quand il s’est agi de lui attribuer cette importante industrie de trituration et de fabrication d’huile d’arachide.
Tout le temps que M. Jaber a dirigé cette entreprise, il n’a quasiment pas réinvesti, et au contraire, n’a cessé de réduire l’activité de la boîte pour en arriver à une situation où il pouvait faire avaliser sa volonté de s’en débarrasser à bon compte.
La même stratégie avait déjà été appliquée avec plus ou moins de succès dans le cadre de Transrail, une autre entreprise stratégique offerte à l’homme d’affaires sur un plateau d’argent.
Il a fallu que les dirigeants du Mali et du Sénégal prennent conscience que le concessionnaire n’avait nulle ambition d’aider le rail à redémarrer, alors que le concurrent ivoirien, fouetté par le français Bolloré, ne se contentait pas de se modernisait, mais était en train de chercher à créer une jonction jusqu’à Niamey, au Niger.
Ce faisant, il y avait le risque de voir le port de Dakar perdre ses parts de marché, faute de débouché digne de ce nom, au profit des voies ivoiriennes, mieux à même de desservir l’hinterland malien.
Il en est de même de l’arachide qui, même s’il ne cesse de perdre de la valeur sur les bourses occidentales, est encore une spéculation stratégique pour l’économie et la société sénégalaises.
L’Etat ne peut se permettre de regarder sans réagir, le principal industriel de l’huile d’arachide, premier interlocuteur du monde paysan sénégalais, ne vise que ses intérêts, sans tenir compte du bien public.