JOUR APRES JOUR, L’EGLISE DU SENEGAL S’AGRANDIT !
CHRETIENS ET CHRISTIANISME DANS LE DIOCESE DE DAKAR
C’est samedi dernier 21 février que le nouvel archevêque a été intronisé. un moment historique pour la famille diocésaine et la province ecclésiastique de Dakar. Son Excellence Mgr Benjamin Ndiaye succède ainsi à Son Eminence le Cardinal Théodore Adrien Sarr, admis à faire valoir ses droits à la retraite. C’est le prétexte choisi par «L’As» pour lever un coin du voile sur les chrétiens au Sénégal (toutes confessions confondues), la vie et la lexicologie de l’Eglise.
Ils sont venus du sud, de l’est et du nord, mais surtout du centre du pays pour assister à la cérémonie d’intronisation du nouvel archevêque de Dakar. Quatrième archevêque de Dakar après l’archévêque Lefèvre, les Cardinaux Thiandoum et Sarr, Son Excellence Mgr Benjamin Ndiaye arrive en terrain connu. Premier Vicaire épiscopal de Théodore Adrien Sarr à l’archidiocèse de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye avait aussi remplacé le nouvel archevêque émérite à la tête du diocèse de Kaolack. Quant au Cardinal Sarr, après plus de quatorze ans à la tête de l’Eglise du Sénégal, il enterre sa vie publique et va désormais consacrer sa retraite à la prière.
La population chrétienne du Sénégal, forte de 5 % de la population totale est toujours plus nombreuse à chaque évènement chrétien, que ce soit au pèlerinage marial de Popenguine ou aux Journées mondiales de la jeunesse (Jmj), la population chrétienne du Sénégal semble s’être accrue. Difficile d’avoir les vrais chiffres.Toutefois, des recoupements et des investigations rondement menées auprès des services compétents de l’archidiocèse de Dakar nous ont permis d’obtenir les bons chiffres. En effet, renseignent nos sources, le dernier recensement de 2012 fait état de 700 000 fidèles catholiques baptisés répartis entre Dakar, Mbour et Fatick.
74 % DE CATHOLIQUES SONT CONCENTRES ENTRE MBOUR, FATICK ET DAKAR
Ce chiffre représente 74 % des chrétiens catholiques du Sénégal. Mieux, ce recensement de l’Eglise montre que la population chrétienne du pays est estimée à 940 659 personnes, soit 6,96 % de la population nationale estimée à 13 508 000 habitants. Le service de communication de l’Archidiocèse de Dakar trouve
que le nombre de la population catholique est difficile à établir avec exactitude. A en croire nos sources, des centaines de fidèles se réclamant de la religion chrétienne participent à des messes çà et là à travers le territoire national, mais n’ont pas encore reçu le sacrement du baptême. «Avant d’être déclaré comme tel, il faut recevoir ce sacrement qui fait de vous un chrétien lavé du péché originel», dit un autre religieux.
Seule province ecclésiastique du pays, l’archidiocèse de Dakar s’étend sur une superficie de 4 803 km². Allant de la capitale (Dakar et ses quatre départements administratifs) à Fatick, il inclut le département de Mbour qui pourtant se trouve dans la région administrative de Thiès. Il comprend 07 diocèses et 47 paroisses. Vu son étendue, il est divisé en deux zones. Une zone urbaine et une zone rurale. La zone dénommée urbaine étendue sur 550 km² s’étire de la cathédrale Notre dame des Victoires de Dakar à Sébikotane qui abrite le Grand Séminaire chrétien. Elle comprend trois doyennés : le doyenné de Dakar-Plateau et Médina pour huit paroisses ecclésiastiques ; le doyenné de Grand-Dakar-Grand Yoff avec huit paroisses et enfin le doyenné des Niayes (banlieue) qui comprend dix paroisses.
La seconde zone dite rurale fait plus de sept fois la zone urbaine et s’étend sur 4 253 km², soit 87,06 % du territoire de l’archidiocèse compris entre Mbour et Fatick. Appelée le Sine, elle est divisée en deux doyennés : le Sine et la Petite Côte. Le doyenné du Sine comprend dix paroisses et la Petite Côte totalise onze paroisses. Toutefois, il est noté dans l’archidiocèse de Dakar que les paroisses de la banlieue, notamment de Keur Massar, sont les plus animées. «Ce sont des centaines de fidèles qui participent à la messe du dimanche et samedi», renseigne un ancien séminariste rencontré après une messe. La raison est toute simple, renchérit son compagnon. «Les chrétiens, pour la plupart, sont étrangers à Dakar. Aujourd’hui que certains peuvent se payer un terrain et construire, ils se rendent en banlieue et s’y installent. C’est ce qui fait la forte présence de fidèles dans cette partie de la capitale», tente-t-il de convaincre. Cependant, au-delà de l’Eglise catholique dans l’archidiocèse de Dakar, il existe des églises dites de tradition ancienne.
700 000 FIDELES DANS L’ARCHIDIOCESE DE DAKAR : «LES EGLISES DE LA BANLIEUE PLUS FREQUENTEES…»
Le Frère Maurice, Curé de la paroisse universitaire Saint Dominique et chargé de la Commission pour l’unité des chrétiens (Cuc), en cite certaines avec qui l’Eglise catholique de Dakar travaille : l’Eglise Luthérienne, de l’Eglise Protestante, de Done’s Mission et l’Eglise Méthodiste unie de Dieu. Selon Frère Maurice, le but de cette commission est de pouvoir mettre en place un cadre oecuménique. «Notre responsabilité est de travailler avec ceux qui sont disposés à travailler avec nous pour l’unité des chrétiens», explique-t-il. Pour une plate-forme plus large dénommée Conseil chrétien du Sénégal (Concs), «nous discutons des questions sociales de l’Eglise», confie-t-il.Selon lui, ces quatre Eglises établies dans l’archidiocèse de Dakar sont les plus connues par les fidèles catholiques et la Cuc. Mais il existe d’autres Eglises regroupées au sein des Associations des ministères et Eglises Pentecôtistes du Sénégal (Ameps). Après l’Eglise catholique, nous faisons cap sur l’Eglise protestante. Elle est située au coeur du quartier de Dieuppeul, précisément sur les Allées de l’Avenue Serigne Babacar Sy, près du commissariat de Police de ladite localité. L’endroit est grouillant de monde en cette journée de mardi. A 13 heures, les potaches qui descendent de l’école bruyamment. C’est à cet instant que le Révérend Modérateur, qui a le titre d’Evêque dans l’Eglise catholique, gare sa rutilante voiture dans l’enceinte.
Informé de notre visite, il monte à pas feutrés les escaliers d’un immeuble R+2 et nous demande de le suivre. Mis au courant de la raison de notre visite, le Pasteur se complaît à donner sa version sur l’Eglise Protestante du Sénégal. «A part l’Eglise catholique, nous représentons l’Eglise la plus ancienne du pays. Nous allons très prochainement fêter les 150 ans de notre présence sur le sol sénégalais», dit-il. A en croire le révérend Modérateur Philippe Jean Baptiste Mendy, l’Eglise protestante du Sénégal est une église particulière en cela qu’elle est majoritairement constituée d’étrangers. «Seules quelques familles d’origine sénégalaise font partie de cette église», informe-t-il en soutenant que cela n’entrave en rien son développement. En effet, les fidèles protestants du Sénégal sont la plupart du temps des personnes venues de la sous-région ou membres du corps diplomatique des ambassades installées à Dakar. «C’est une composante d’intellectuels, le plus souvent d’étudiants, de cadres des institutions bancaires comme la Bceao représentant leurs pays au Sénégal», insiste-t-il. Toutefois malgré l’ancienneté de leur Eglise au Sénégal, les Protestants ne sont pas aussi représentatifs de la population nationale. A ce jour, seules trois paroisses sont à leur actif : Dakar, Casamance et Saint-Louis. Celle de Dakar est divisée en deux entités. L’une située au Plateau (la plus ancienne) et l’autre à Dieuppeul. Comme les chrétiens catholiques, l’Eglise protestante participe au développement du pays à travers des actions d’éducation qu’elle mène depuis son installation. Pour la petite histoire, Karim Wade, le fils de l’ancien Président du Sénégal, a fait ses premières humanités (Préscolaire) à l’Ecole Protestante du Plateau, tout comme Samuel Sarr.
LES ENFANTS DE MACKY SALL ONT AUSSI FREQUENTE L’ECOLE PROTESTANTE
Beaucoup plus tard, confient nos sources, les enfants de l’actuel président de la République Macky Sall sont inscrits à l’Ecole protestante de Dieuppeul, avant que leur papa ne soit nommé ministre et ne change de statut. Aujourd’hui, l’Eglise protestante compte en son sein 1.000 fidèles selon le dernier recensement,. Outre l’Eglise protestante, il y a l’Eglise méthodiste unie de Dieu (Emus). Aussi dynamique dans la pratique de la foi que dans les actions sociales, elle se trouve à Nord Foire, non loin du terrain de basket de la zone. Très enclavée pour les étrangers, l’Emus n’en est pourtant pas moins visitée. Car 874 fidèles participent le dimanche au culte et aux cérémonies religieuses comme les séances de répétition de la chorale, les séances de prière pour malades ou de bénédiction. Les fidèles viennent de partout pour y assister, nous souffle le Surintendant (Evêque) Joseph Bleck. Mais la cohabitation n’est pas toujours facile, car la vigueur leur foi dérange parfois le voisinage. «Nous sommes joyeux et nous le faisons voir chaque fois que nous nous retrouvons. C’est l’amour qui nous unit, la joie de partager nos peines et nos malheurs, de même que nos moments de bonheur», s’enthousiasme le Surintendant dans son bureau pendant qu’un guitariste jouait une douce musique à côté. «Voilà le sens de notre vie chrétienne : l’amour et la joie de vivre», renchérit- il. Mais cette joie de vivre qui fait danser et chanter n’est pas toujours du goût des voisins. Après une présence de plus d’une dizaine d’années au Sénégal, la prolifération d’églises méthodistes dans la capitale a dérangé plus d’un en 2009. Accusée à tort ou à raison de tapage, l’Eglise méthodiste unie du Sénégal (Emus) a été fermée pendant un an, suite à un arrêté préfectoral. Joseph Bleck se rappelle : «Nous avons été la seule Eglise fermée et nous ne comprenons toujours pas ce qui avait motivé cette décision».
L’arrêté du Préfet de Dakar Ibrahima Sakho en date du 11 février 2009, dont nous détenons copie, était intitulé : «Arrêté portant fermeture d’une villa tenant lieu d’Eglise méthodiste ». Cette lettre du Préfet de la ville de Dakar évoquait les motifs suivants : «Trouble à la tranquillité publique consécutif à l’usage de danses, de chants et autres procédés bruyants». Interrogé sur les motifs brandis par les autorités administratives pour justifier cette décision, Joseph Bleck dément et accuse une dame qui se disait militante Pds et capable de leur faire du mal si l’Eglise ne quittait pas la zone. «Elle tapait sur des tonneaux vides pour nous déconcentrer ou mettait à fond une musique assourdissante», se remémore-t-il, le coeur meurtri par ces événements regrettables.
JOSEPH BLECK SUR LA CABALE CONTRE LES EGLISES EN 2009
Joseph Bleck, le Surintendant, déplore ces moments de tension qui ont effacé l’Emus de la carte des religions du pays pendant un an. «C’est très léger comme argument. Nous n’avons jamais voulu déranger. Au contraire, c’est nous qui sommes victimes de tapage de la part des riverains qui «tympanisent» le quartier de chants religieux toutes les nuits de jeudi à vendredi et obstruent parfois les passages qui mènent à notre Eglise, pour organiser des cérémonies religieuses sans autorisation administrative », a-t-il martelé. Abondant dans le même sens, le Pasteur Pierre Adama Faye estime que c’est le manque de solidarité entre les responsables oecuméniques qui est à l’origine de ces situations. «Les fidèles chrétiens n’ont pas parlé d’une même voix pour dire stop auxattaques contre les Eglises», s’est-il offusqué, avant d’enfoncer le clou : «On ne verra jamais une Eglise utiliser des hauts parleurs pour distiller des décibels dans les quartiers».
Pour lui, le peu que les fidèles chrétiens font pour manifester leur existence devrait être toléré par les autres confessions. Le Pasteur Pierre Adama Faye est membre de l’Eglise luthérienne du Sénégal qui a été fondée par des missionnaires d’origine finlandaise débarqués au Sénégal en 1974. Très jeune par rapport aux autres Eglises du pays et surtout l’Eglise Protestante, elle est la seule dont le siège est hors de Dakar. Basée à Fatick, elle est membre de la Fédération luthérienne internationale (sorte de Vatican pour les luthériens) qui décide et discute sur les axes doctrinaux oecuméniques. Dès son implantation, elle s’est vite installée sur tout le territoire national. Aujourd’hui, l’Eglise luthérienne compte treize paroisses (qui peuvent compter en leur sein plusieurs lieux de culte ou congrégations) à travers le territoire national, pour une population de fidèles estimée à sept mille (7 000). Et 25 Pasteurs et Pasteurs stagiaires animent les activités liturgiques de la paroisse de Dakar (située au quartier Front de Terre entre la Cité des Eaux et la caserne de Gendarmerie de ladite localité). C’est une paroisse spécifique qui accueille tous les fidèles du pays de passage à Dakar ou y résidant pour leurs activités professionnelles. Autrefois, cette paroisse accueillait un centre de formation professionnelle pour les jeunes. Mais ce centre est depuis quelques années délocalisé à Fatick. «Depuis ses origines avec Martin Luther précurseur de cette Eglise, ses valeurs et ses dogmes participent au développement social», informe le Pasteur Faye sous le contrôle du Pasteur stagiaire Djibril Diallo. Ce dernier, venu de Linguère, est en stage dans la paroisse de l’Eglise luthérienne de Dakar. Après trois ans d’études approfondies de théologie, il est revenu au pays pour être initié à la pratique de son sacerdoce avant d’être envoyé dans une paroisse selon la décision de ses supérieurs hiérarchiques.
La quatrième Eglise reconnue qui est l’Eglise Done’s Mission se trouve à l’Unité 16 des Parcelles Assainies. A propos de cette Eglise, nous n’avons pas pu obtenir les informations souhaitées. Le responsable que nous y avons trouvé en pleine messe de vendredi soir nous a fait comprendre que le Pasteur était absent et qu’il ne pouvait pas parler en son absence. Mais nous avons pu remarquer parmi les fidèles la présence massive de jeunes filles et d’écoliers. Cependant, sur la vie chrétienne au Sénégal Frère Maurice, curé de la Paroisse universitaire Saint Dominique de Dakar, soutient qu’à côté de ces temples de Dieu, il existe d’autres Eglises qui ne sont pas répertoriées. Il s’agit de «la Fraternité évangélique du Sénégal et de l’Association des ministres et Eglises pentecôtistes du Sénégal» qui ne travaillent pas, contrairement aux autres, avec l’Eglise catholique du Sénégal