L’AVOCAT DES RECALCITRANTS CHARGE LES GARDES PENITENTIAIRES
MOUVEMENT D’HUMEUR DES DETENUS DU CAP MANUEL

Le fait est rare pour être souligné, car jusque-là, il y a eu plusieurs cas de mouvements d’humeur dans les différentes prisons. Seulement, rarement, un garde pénitentiaire a attrait des détenus à la barre, comme c’est le cas dans cette affaire.
Garde pénitentiaire à la prison du cap Manuel, Modou Fall n’a pas hésité à attraire à la barre trois détenus, pour outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions, violences et voies de fait dirigés contre un agent de la Fonction publique.
Mais à la barre du tribunal des flagrants délits, les sieurs Racine dit Antonio Guissé, Pape Diokhané et Mandé dit Boy Bambara Sidibé, ont jeté le discrédit sur les matons, s’insurgeant ainsi de la façon dont ils sont traités. Toutes choses qui font qu’ils avaient entamé une grève de la faim qui a duré 7 jours, pour de meilleures conditions de détention. C’est donc dans ces circonstances que les prisonniers en sont venus à manifester leur mécontentement. Un mouvement d’humeur qui a été exacerbé, selon eux, par un des gardes qui a usé de matraques électriques contre eux.
D’ailleurs, lors du procès d’hier, deux gardes ont comparu comme témoins et ont indexé Pape Diokhané (déjà jugé en Cour d’assises) comme étant celui qui dirigeait les échauffourées. Ils soutiennent également que certains avaient du quinquéliba bouillant qu’ils versaient sur les gardes. Tandis que d’autres se lacéraient le corps avec des lames pour exprimer leur mécontentement.
Des propos démentis par Pape Diokhané qui a indiqué qu’il a été réveillé par le bruit et qu’il n’est en rien dans cette manifestation.
Les détenus auraient versé du quinquéliba bouillant sur les gardes
Partie civile dans cette affaire et représentant l’administration pénitentiaire, Gora Fall, n’a finalement rien demandé en guise de réparation.
Quant au Procureur, il a lavé, à grande eau, Pape Diokhané, dans son requisitoire, au motif que ce dernier a reconnu être le porte-parole des grévistes, mais a nié les violences qu’on lui reproche.
Il rappelle que Racine dit Antonio Guissé faisait bien partie des manifestants, car ayant comparu à la barre avec un bras sous bandage. Une blessure qu’il s’est fait lui-même pour manifester, a dit le Procureur, selon qui, ce dernier était également à la tête des grévistes. Etant noté que Pape Diokhané n’était pas sur les lieux au moment des faits, il a plaidé pour sa relaxe au bénéfice du doute, là où il a requis une peine de 3 ans d’emprisonnement ferme à l’encontre de Racine dit Antonio Guissé et de Mandé dit Boy Bambara Sidibé.
L’avocat de ce dernier a chargé les gardes pénitentiaires qui, selon lui, ont «confondu une peine privative de liberté et une peine privative de droit». Pour lui, les prisonniers n’ont rien fait que demander à être mis dans de meilleures conditions. Selon l’avocat, les deux témoins, également, gardes pénitentiaires ont raconté des faits auxquels Gora Fall- partie civile dans cette affaire - n’a pas assisté. Poursuivant, il dira que les trois personnes arrêtées ont été ciblées, car lors des manifestations, 19 personnes ont été arrêtées, les 16 ont été retournées dans leurs cellules et trois d’entre eux ont comparu à la barre. Précisant qu’un détenu a le droit de manifester, l’avocat a plaidé pour la relaxe de son client, Mandé dit Boy Bambara Sidibé.
Le tribunal a fixé le délibéré pour le 4 mai prochain.