L’URGENCE D’UNE RÉPONSE SCIENTIFIQUE
Lutte contre la criminalité et la corruption

Un Diagnostic local de sécurité pour déterminer les différents types de criminalité à travers la cartographie de la délinquance. C’est entre autres réponses que préconise le DG de l'Agence d'assistance à la sécurité de proximité (ASP) face à la criminalité et le terrorisme.
La lutte contre le terrorisme et la criminalité passe par "une réponse scientifique" qui inclut une cartographie de la délinquance. Le Dg de l’ASP qui le dit, soutient également qu’à "problème scientifique, il faut apporter une réponse scientifique, dans un milieu où la criminalité se perfectionne et arrive à un niveau scientifique". Lors d'une conférence publique sur la criminalité et le terrorisme organisée hier, le criminologue Papa Khaly Niang a prôné "une recherche pluridisciplinaire avec un diagnostic local de sécurité qui doit être mis en œuvre". Ce qui mettra à la disposition des décideurs une cartographie de la délinquance dans les différentes communes.
De l’avis du Dg de l’ASP, avant de répondre à un phénomène, il faut l'observer et l’analyser d’abord. Cependant, pour une rapidité des transactions quotidiennes, on ne peut plus se passer des technologies de l’information, poursuit M. Niang. Surtout à un moment où on parle beaucoup de la cybercriminalité. Le thème de la rencontre qui a été "Quelles réponses politiques aux questions de criminalité et de corruption ?", renvoie, selon Papa Khaly Niang, à la politique criminelle d’un Etat. Cette dernière dit-il, doit intégrer des dimensions judiciaires, étatiques, municipales, privées, sociétales.
Il a appelé à une "enquête sur le sentiment d’insécurité afin de déterminer la criminalité cachée ou le chiffre noir de la criminalité". A ce niveau, il dit qu’il "est nécessaire d'apporter une réponse scientifique en formant les jeunes pour avoir une police à la dimension des événements en cour (...). Il faut prendre des informaticiens, des biologistes et des ingénieurs pour en faire des policiers. C'est ce que la France a fait pour créer l'Académie des Hautes études de la sécurité". Il rappelle que le Sénégal "l'a fait au moment de l'introduction de l'informatique avec le premier directeur de l'Automatisation du fichier (DAF) du ministère de l'Intérieur issu de la société civile devenu commissaire de police pour s'occuper de ces questions". Il faut compter sur plusieurs compétences, "des sociologues, des planificateurs, des médecins légistes, des experts balistiques, entre autres afin d'arriver à une gestion plurielle et multidisciplinaire de la sécurité", a déclaré le Dg de l’ASP.
Par rapport à la criminalité, il a préconisé la mise en place d'un dispositif technique dans les rues et au niveau des frontières pour anticiper sur les questions de la criminalité organisée et du terrorisme. Là-dessus, il a évoqué la nécessité de mettre en œuvre une "approche analytique, quantitative de la délinquance au niveau de nos villes, parce qu'on ne peut pas lutter contre un phénomène sans pour autant le quantifier pour en faire le diagnostic local de la sécurité". Après la phase d’observation, il s’agira d’aller à la concertation pour que les questions de délinquance soient étudiées avec l'ensemble des acteurs en partant de la réglementation et de l'encadrement juridique nécessaire. Une perspective qui de son avis, nécessite des ressources humaines telles que les agents de sécurité de proximité appelés à compléter la police et la gendarmerie.
La conférence de Papa Khaly Niang s’inscrit dans le cadre d’un programme de formation à l’endroit des Agents de la sécurité de proximité organisé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO). Cette session lancée en début de semaine à Dakar vise le renforcement des capacités de 90 ASP. La formation, qui est une phase pilote, s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par le Fonds canadien. Elle permettra d’outiller davantage ces agents de la région de Dakar, en provenance de différents services.
A l’issue de la formation, ces futurs formateurs participeront à la sensibilisation de près de 300 agents d’assistance à la sécurité, sur les méfaits et les dangers de la criminalité et de la corruption", a déclaré Aboubacry Mbodj, président de la RADDHO.