LA LD S’ÉLOIGNE DE MACKY ET SE RAPPROCHE DU PS
EN CRISE AVEC L’APR

Le journal EnQuête a révélé, samedi, que le porte-parole de Ld a été limogé de son poste de directeur de Cabinet du ministre de la Promotion des investissements, sa camarade de parti. Ce «cas» Moussa Sarr rappelle le départ de Abdourahmane Diouf de Rewmi de la Sones. Dans tous les cas, Mamadou Ndoye et Cie sont plus proches de la sortie et semblent s’acheminer vers un pacte avec le Parti socialiste.
Un climat de malaise sévit au sein de la majorité présidentielle. L’Alliance pour la République (Apr) en veut à son alliée, la Ligue démocratique (Ld), pour avoir pris une position acerbe sur la transhumance dont le Président Macky Sall a fait l’apologie lors de sa tournée économique à Kaffrine. Et dans cette brouille, l’Apr commence à déplumer les hommes de Mamadou Ndoye.
Samedi, le journal EnQuête a révélé que Moussa Sarr, porte-parole de la Ld, a été limogé de son poste de directeur de Cabinet du ministre de la Promotion des investissements, des partenariats et du développement des télés-services de l’Etat, Khoudia Mbaye, sa camarade de parti.
Ses critiques contre les déclarations et la gestion du président de la République sont passées par là. Après la condamnation de la transhumance par son parti et les réactions des Apéristes, M. Sarr est revenu dans Le Populaire : «La meilleure façon d’aider le président de la République, c’est d’attirer son attention sur la présence massive de sa famille dans les affaires de l’Etat (...) Nous disons que la transhumance, il ne faut la cultiver», soutenait-il.
Des mots qualifiés «de trop» par le parti au pouvoir qui dénonce un «manque de loyauté» de la part d’un parti allié qui siège à la table du Conseil des ministres. La Ld fait partie du quota de Benno siggil senegaal, la coalition qui avait porté la candidature de Moustapha Niasse au premier tour de la Présidentielle de 2012.
Avec Bathily, Dansokho et autres, le leader de l’Afp est arrivé 3ème derrière Wade et Macky Sall. Mais avec l’arrivée de Mamadou Ndoye à la place de Bathily, la Ld ne se voit plus dans Bss, surtout que Niasse a décidé de ne pas se présenter contre Macky Sall en 2017.
Moussa Sarr comme Abdourahmane Diouf, Khoudia Mbaye comme Oumar Guèye ?
Khoudia Mbaye a-t-elle subi des pressions de la direction de l’Apr pour se débarrasser de son camarade de parti ? Dans tous les cas, cette affaire ressemble au cas Abdourahmane Diouf de Rewmi, défenestré de la direction de la Sones au plus fort de la tension entre Idrissa Seck et Macky Sall. On se rappelle que Rewmi avait accusé la tutelle de Abdourahmane Diouf, Oumar Guèye, alors ministre en charge de l’Hydraulique, d’être derrière ce départ du chargé de communication du parti et de l’avoir cautionné.
Quelques semaines plus tard, l’homme de Sangalkam, qui avait refusé de démissionner sous la demande de Idrissa Seck, confirmait son rapprochement du parti au pouvoir et, plus tard, son soutien au gouvernement. Il sera suivi par un autre ministre rewmiste, Pape Diouf. Tous les deux lanceront leurs mouvements de soutien au Président Sall.
Aujourd’hui encore, des interrogations planent sur l’attitude de Khoudia Mbaye, si tant est qu’elle a cautionné le limogeage de Moussa Sarr pour les raisons avancées. Seul membre du gouvernement au nom de la Ld, survivra-telle à Moussa Sarr qui n’aurait pas encore reçu la notification de son limogeage ?
Où alors le suivra-telle en quittant le gouvernement par solidarité ? De toute évidence, entre l’Apr et la Ld, l’on est plus proche du divorce que de la poursuite du compagnonnage. Des actes ont été posés avec l’adhésion de la Ld à la Confédération des forces de Gauche et des messages ont été envoyés avec les atomes crochus avec le Parti socialiste qui aura son candidat à la Présidentielle qui approche à grands pas.
Apr-Ld : la fin ?
Ce sera peut-être comme entre l’Apr et Rewmi : une séance d’observation. Qui prendra l’initiative de la séparation ? La Ligue démocratique pourrait sauter sur le «cas» Moussa Sarr pour tourner le dos à Macky Sall, même si le départ de Bathily pourrait avoir des répercussions sur son poids électoral. Abdou Mbow minimise : «Depuis 1981, la Ld n’a jamais présent́euncandidatàl’élection présidentielle. C’est un parti politique et spécialiste de l’emprise politique.»
Le porte-parole adjoint de l’Apr ajoutait la semaine dernière dans les colonnes de L’Observateur : «A chaque élection, les responsables de la Ld se positionnent aux côtés du candidat le mieux plaće pour bénéficier des privilèges, non pas pour le Sénégal, mais pour eux et leurs partisans. Ce qu’ils disent aujourd’hui, ils ne l’ont apparemment pas vu hier.» En tout cas, ces déclarations par presse interposée sonnent plutôt comme la fin du compagnonnage entre la Ld et l’Apr.
A l’image du Ps, la Ld ne compte pas s’asseoir sur sa liberté de parole. «Si l’Apr n’apprécie pas notre position sur la transhumance, c’est son problème», tempêtait hier, Mamadou Ndoye, secrétaire général de la Ld dans le journal EnQuête. A qui va profiter cette guerre ? Sans nul doute Macky Sall aurait voulu que tous les leaders soient derrière lui à la prochaine Présidentielle.
«La politique, c’est de l’addition», dit-on. Donc, le chef de l’Etat serait le grand perdant si Mamadou Ndoye et ses camardes venaient à quitter la coalition. Pour aller où ?
Le Ps ne cracherait pas sur un soutien des Jallarbistes qui ont soutenu un des siens, Khalifa Sall, dans beaucoup de grandes villes lors des Locales de juin 2014. La Ld dont un des responsables et maire de Dieuppeul-Derklé, Cheikh Guèye, est premier adjoint à la mairie de Dakar, avait appuyé la coalition Taxawu Dakar. Et si une éventuelle candidature de Khalifa Sall aurait le soutien de la Ld!
Et si le Ps et la Ligue démocratique se liguaient contre Macky ?
Le Ps et la Ld se sont déjà accordés, à la Maison du Parti, sur une plateforme dénommée «Création d’un grand rassemblement» le 18 mars dernier. «Au terme des débats larges, francs et ouverts, le Ps et la Ld ont constaté d’importantes convergences de vues et engagent leurs partis respectifs à poursuivre, chacun en ce qui le concerne, les initiatives déjà en cours sur le terrain et qui vont dans la même direction», déclaraient conjointement les deux partis politiques.
De plus, lors de leurs assises des 22 et 23 avril dernier, les forces de gauche, dont la Ld, n’excluaient pas de présenter une candidature à l’élection présidentielle de 2017. «Ce candidat peut être issu de nos rangs ou d’ailleurs», renseignait Pape Demba Sy de l’Udf/Mboloo mi. Il faut souligner que le Ps ne faisait pas partie de ces assises.