LES ÉLUS DU SÉNÉGAL SE LANCENT DANS UN DIAGNOSTIC SANS ‘’COMPLAISANCE’’
An 1 de l’acte 3

L’Association nationale des maires du Sénégal, sous la conduite de son président Aliou Sall, maire de Guédiawaye, a organisé hier la cérémonie d’ouverture de l’évaluation de l’an 1 de l’Acte 3 de la décentralisation. Le séminaire prévu pour trois jours va servir de tribune pour revenir sur les points d’achoppement tout en proposant de nouvelles perspectives d’amélioration.
Après une année de mise en œuvre, l’évaluation de l’Acte 3 de la décentralisation s’avère un besoin. Les élus locaux du Sénégal, conscients de cette nécessité d’appréciation, se sont donné rendez-vous hier pour identifier ensemble les points forts et les points à améliorer. C’est ainsi qu’un séminaire regroupant plusieurs élus locaux du Sénégal va se tenir trois jours durant. En prélude à l’ouverture de ces travaux, une cérémonie de lancement a été organisée hier.
Un diagnostic tout à fait objectif dénué de toute complaisance s’impose aux yeux des élus. Mbaye Dione, secrétaire général de l’Association des maires du Sénégal qui s’est exprimé au nom de son association, souligne « qu’en une année d’activité, une évaluation objective liée aux contraintes s’avère plus que nécessaire ».
L’élu qui se réserve d’entrer dans la profondeur des détails, proposant de la faire au cours des débats, relève tout de même un « manque d’accompagnement concernant les nouvelles charges qui sont venues s’ajouter à l’augmentation d’axes de gestion des élus locaux ».
Il en appelle dès lors à la mise en œuvre de nouveaux mécanismes de financement qui seraient tout à fait innovants. La définition du nouveau statut de l’élu s’avère également une nécessité pour une meilleure prise en charge de la préoccupation des populations.
Adama Dioiuf, président de l’association des départements du Sénégal, appelle à un dialogue « consensuel et productif ». Adama Diouf est d’avis que beaucoup de difficultés charrient les objectifs assignés à l’application effective de l’Acte 3.
Aller vers une décentralisation économique
Il s’impose dès lors de dégager de nouvelles orientations en vue de la consolidation des acquis et de la recherche des améliorations. Ale Lô, président d’honneur de l’Association des maires du Sénégal, déplore « une augmentation des charges que n’a pas suivie l’augmentation des moyens ». Une décentralisation économique s’impose au-delà de l’aspect administratif. Une politique d’anticipation ne serait pas de trop, elle permettrait aux territoires d’être plus complétifs, a-til indiqué.
Aliou Sall, président de l’Association des maires du Sénégal, relève dans son discours que « l’Acte 3 constitue une reforme ambitieuse qui a apporté un profond bouleversement dans l’architecture administrative du Sénégal ».
Aliou Sall est d’avis qu’elle apparaît comme une clé de voute au développement social et économique du Sénégal. Ces échanges vont dès lors servir de cadre pour apporter des propositions et éventuellement des améliorations. « Les maires se refusent d’être des consommateurs passifs de plans élaborés par d’autres. Ils veulent désormais être de véritables acteurs de leurs destins.
Les maires ont leur expérience, leur vécu et leur compétence à faire prévaloir », a souligné le maire de Guédiawaye. A la suite des échanges, il est attendu la rédaction d’un mémorandum qui partirait d’un diagnostic objectif, de l’orientation, du contenu et de la stratégie de mise en œuvre de la réforme pour situer les points forts et identifier les points faibles.
« Il faudra décliner une série de propositions et d’orientations dont le but est de décliner la crédibilisation et l’efficacité de l’Acte 3 de la décentralisation. Les exécutifs locaux doivent jouer un rôle de plus en plus prépondérant dans la mise en œuvre des politiques publiques de développement », a-t-il enfin dit.
Création de communes fortes
Le Sénégal a hérité d’une administration fortement hiérarchisée, pour ne pas dire jacobine. Les gens ont peur des changements qui créent du coup des contraintes majeures qu’il faudra combattre. « Il faut doter notre pays de communes fortes conformément à la demande du gouvernement. Bien qu’élu, le maire n’en est pas moins un démembrement de l’Etat. La revalorisation du statut de maire sera au centre des préoccupations au cours des ateliers », a promis le maire de Guédiawaye.
Abdoulaye Diouf Sarr, ministre de la Gouvernance locale, de l’Aménagement du territoire et du Développement local qui s’est exprimé au nom du gouvernement du Sénégal, rappelle la nécessité « d’identifier, au cours des échanges, les difficultés de mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation ». Il invite les élus à aborder la problématique de façon réaliste et objective.