LES COMMERÇANTS SE LIVRENT A UNE COURSE CONTRE LA MONTRE
A QUELQUES HEURES DE LA FIN DU «DAAKA»

Parallèlement aux rituels religieux qui sont à l’origine même de la tenue du «Daaka», une intense activité commerciale se déroule sur le site de la retraite spirituelle. Des produits divers et variés sont exposés dans les rues et ruelles de la retraite qui se termine ce lundi. Et à quelques heures de la cérémonie de clôture, les commerçants se hâtent pour écouler leurs produits. Et la réduction des prix demeure la meilleure des alternatives pour écouler le maximum d’articles possibles.
MEDINA GOUNASS, Vélingara - C’est véritablement une course contre la montre à laquelle se livrent les nombreux commerçants qui ont étalé leurs marchandises à travers les rues et ruelles du «Daaka» de Médina Gounass qui vit ses dernières heures. Au niveau du site, en effet, les activités commerciales ont toujours occupé une place centrale. Mais pour une bonne cohabitation entre la religion et le commerce, le site du «Daaka» est bien aménagé. Le côté Est du «Daaka», plus calme, est exclusivement destiné à la religion. Tandis que la zone Ouest accueille les activités commerciales plus animées par les marchandages, surtout à ce moment où on s’achemine vers fin de la retraite.
Chaque commerçant tente d’écouler tous ses produits, afin de rentrer avec le moins d’invendus possibles. Venus des 14 régions du Sénégal et des pays limitrophes, ces commerçants multiplient les stratégies de vente pour écouler au plus vite le maximum d’articles possibles avant que les rideaux de la retraite spirituelle ne tombent. Parmi les méthodes de vente utilisées figure en bonne place la baisse des prix.
Venu de Kaolack avec une marchandise d’une valeur de 300 000 francs Cfa, Mbaye Paye espère fructifier son investissement de départ. «Présentement, c’est la quantité d’articles vendus qui m’intéresse. Je préfère vendre 50 articles avec 250 francs Cfa de bénéfice l’unité, plutôt que de vendre 5 ou 10 articles à 500 francs Cfa de bénéfice l’unité», a avoué Mbaye Paye, qui vend des vêtements et pour qui, le commerce fait partie de la religion. Ne regrettant pas l’investissement qu’il a fait dans ce domaine du site de la retraite spirituelle, il reconnaît que le commerce lui a beaucoup apporté. «Le ‘Daaka’ est un lieu béni», dit-il.
Le département de Vélingara qui abrite le «Daaka» de Médina Gounass est dans une région à vocation agro-sylvopastorale. Ce qui est bien visible au niveau des activités commerciales qui se déroulent depuis le début du «Daaka». Cela donne au «Daaka» l’image d’une foire sous-régionale où s’échangent, à chaque édition, pratiquement tous les produits venant des pays limitrophes qui concernent pratiquement tous les secteurs de l’économie de la sous-région.
Cette édition 2015 n’a d’ailleurs pas échappé à cette règle. Puisque des centaines de vendeurs de matériel agricole n’ont pas raté ce rendez-vous annuel de la retraite spirituelle. Tous les types de matériel nécessaire pour les activités agricoles, surtout pour l’attraction animale mais aussi des hilaires, des haches, des coupe-coupe, des pioches, des pelles… Toute sorte d’outils est exposée au niveau de la zone Ouest uniquement réservée aux activités commerciales.
Mais pour ces vendeurs de matériel agricole, la baisse des prix s’impose. Une réalité confirmée par Abdou Diop qui a fait le déplacement de Touba jusqu’au «Daaka» avec des machines pour l’agriculture de grande valeur. D’après lui, les machines destinées à la traction animale qu’il vendait au début à un prix de 175 000 et 15 000 francs Cfa, selon la qualité, se vendent au dernier moment, respectivement, à 15 000 et 1 300 francs Cfa.
Les vendeurs de matériel agricole ne sont pas les seuls à baisser les prix pour écouler le maximum de leur matériel. Les vendeurs des produits agricoles, tels que les semences, les herbicides en provenance des différentes régions du Sénégal et des pays voisins, ont aussi obéi à cette réalité du marché qui va se vider dès les premières heures de la journée du lundi.
Le «Daaka» des bonnes affaires
Originaires de Kaolack, Ousmane Mbaye et Sidy Faye ont dépensé une fortune pour transporter des semences, des pesticides et des herbicides, dont ils ont fini de casser les prix. Ces commerçants du marché Zinc de Kaolack ont commencé à vendre durant les derniers jours du «Daaka» les sachets qui coûtaient, respectivement, 15 000 et 25 000 francs sont vendus 12 000 et 20 000 francs Cfa. Et déjà, ils affichent un large sourire et se frottent les mains. Puisque, d’après Ousmane Mbaye, l’espoir de pouvoir se tirer d’affaire est permis pour cette 74e édition du «Daaka».
«Au départ, le matériel se vendait lentement. Mais depuis vendredi, nous écoulons chaque jour un important nombre d’articles. Le problème est que les prix ont connu une baisse. Mais dans l’ensemble, le ‘Daaka’ est un très bon lieu pour la vente des produits et du matériel agricole», a–t–il confié, sourire aux lèvres.
Si la plupart des personnes qui font le commerce au niveau du «Daaka» le font pour des raisons économiques, tel n’est pas le cas pour Samba Wane. Ce pèlerin d’origine mauritanienne, qui ne se préoccupe pas de bénéfices, renseigne que sa présence sur le site de la retraite spirituelle se justifie surtout par la faiblesse de la monnaie mauritanienne. D’après lui, le «Ougouya» ne pèse absolument rien devant de le Cfa, la monnaie d’échange au niveau de Médina Gounasse.
«Si tu t’aventures à convertir le ‘Ougouya’ en Cfa, tu te retrouves avec rien. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré amener des paires de chaussures de chez nous pour les vendre ici afin de pouvoir vivre tout le long de la durée du ‘Daaka’ sans aucun souci», a expliqué Samba Wane qui a embarqué dans ses bagages pour cette 74e édition du «Daaka» pas moins 500 paires de chaussures mauritaniennes. Avec ce qu’il gagne comme argent sur la vente de ses chaussures, il dit pouvoir faire aisément face à ses dépenses quotidiennes durant les 10 jours que dure son séjour au «Daaka».