LES ENSEIGNANTS DU SAES GÂCHENT LA FÊTE
CONSÉCRATION DE VALÉRIE PÉCRESSE

Valérie Pécresse, ancienne ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche sous le magistère de Nicolas Sarkozy, devait être élevée au titre de Docteur Honoris Causa de l'UCAD, hier jeudi, à l'UCAD II, mais le syndicat autonome des enseignants du supérieur ne l'a pas entendu de cette oreille.
"En juillet 2007, le président français Nicolas Sarkozy a insulté l'Afrique dans cette salle de conférence de l'UCAD II. Le SAES combat la loi-cadre, une loi qui a pour racine la loi LRU, relative aux libertés et responsabilités des universités, d'août 2007. Plus de 100 000 personnes s'étaient mobilisées contre cette loi que Valérie Pécresse avait élaborée.
Et, aujourd'hui, les autorités de cette université veulent l'honorer. Nous n'allons pas accepter cette mascarade au sein de cette institution", a déclaré hier le coordonnateur du SAES à Dakar, Yankhoba Seydi. Les enseignants du Saes s'étaient mobilisés pour dire non à la consécration de Valérie Pécresse (photo) qui devait être élevée au titre de Docteur Honoris Causa de l'UCAD. "Nous crions victoire, parce que nous avons empêché que la manifestation ait lieu à la salle de conférence de l'Ucad II", s'est félicité le coordonnateur du SAES à Dakar.
"Nous les avons poussés à délocaliser la cérémonie à l'hôtel Terrou-Bi. Un hôtel qui a une histoire sombre. Terrou-Bi était un champ de tir où les colons fusillaient nos ancêtres condamnés à mort. Donc, ce n'est pas un lieu indiqué pour ce genre d'évènement. C'est un évènement qui doit se dérouler à l'université et non ailleurs", a ajouté Yankhoba Seydi. Il a pointé un doigt accusateur sur la Banque mondiale qui, selon lui, est à l'origine de cette loi, et à laquelle les autorités sénégalaises ont peur de dire non".
L'enseignant et ancien ministre, Aliou Sow, a dénoncé "le blocage des salaires des enseignants à cause de quelques jours de grève". "C'est un comportement illégal, un abus de pouvoir, un chantage", a-t-il crié. "Il faut qu'on aille jusqu'au bout pour que le gouvernement sache que la valeur de l'universitaire lui interdit de se plier à une telle tentative et de réduire son combat à des intérêts matériels", a déclaré M. Sow.
"Nous parlons de la grandeur de notre espace universitaire, de principes et de l'avenir des enseignants", a-t-il ajouté. "Il entend profiter de l'amphi de rentrée des étudiants de son parti, pour sensibiliser les étudiants sur les conséquences de cette loi", a annoncé l'ancien ministre de la Jeunesse.
"Nous revendiquons la franchise universitaire, parce qu'elle ne peut pas être remise entre les mains des pouvoirs politiques", a ajouté le professeur Malick Ndiaye, membre du SAES et professeur au département de Sociologie. Ce faisant, il a mis "en garde le président Macky Sall" et lui a demandé de "laisser les universités aux mains des professionnels du domaine".
"Donner la majorité d'un conseil d'administration au privé, c'est cela la privatisation de l'université. Utiliser la force contre les universités et contre la vérité, cela n'a jamais marché, a-t-il ajouté.