LES FEMINISTES MONTENT AU CRENEAU
CROISADE CONTRE L’OPPRESSION

Dans le cadre de la lutte pour la reconnaissance des droits de la femme, les organisations féminines veulent ressusciter le mouvement féministe. Longtemps à la pointe du combat en faveur de la gent féminine, ce mouvement entendmiliter pour la parité et l’égalité des genres au Sénégal.
Réunies autour d’organisations de défense de la cause féminine, de simples militantes, des intellectuelles et des universitaires ont revisité avant-hier samedi, l’histoire et l’actualité du féminisme au Sénégal. A la tribune, Marie Angélique Savané, en maîtresse de séance, est revenue sur l’historique de ce mouvement à la pointe de toutes les luttes pour l’émancipation des femmes. «Les organisations féminines comme Yewu Yewi ont toujours porté le combat pour la libération des femmes depuis les années 80. Et aujourd’hui, malgré les nombreuses avancées, la cause se heurte à d’innombrables obstacles religieux et social qui entravent la bonne marche des femmes vers la parité et l’égalité », déclare-t-elle. D’après la sociologue, un renouveau de la lutte féministe est primordial pour reprendre le flambeau contre l’oppression et la discrimination des femmes. «Des politiques comme la discrimination positive et l’accès aux postes de responsabilité et à la terre pour les femmes sont nécessaires pour assurer le développement économique dans notre pays.
En outre, la mise en place de projet de socialisation favorisant les rapports de mixité et d’intégration homme et femme doivent être promus pour le bien-être de la gent féminine», ajoute-t-elle. Mais pour y parvenir, Bakary Samb professeur d’islamologie à l’université Gaston Berger pense qu’une relecture des textes religieux s’impose. Celle-ci permettra de bâtir de nouvelles relations sociétales fondées sur l’égalité des genres et la retranscription fidèle de la tradition islamique. «L’interprétation traditionaliste et masculine des textes islamiques forme une barrière insurmontable pour la cause de l’émancipation des femmes. Mais, au regard des études en islam, une approche beaucoup plus subtile des principes généraux et les textes explicatifs du dogme permettront de divulguer le vrai message aux origines de la religion », explique l’islamologue.
Selon lui, l’étude du Fikh malikite (textes de jurisprudence en islam) la plus répandue au Sénégal est fortement imprégnée de pratiques sociales berbères qu’on a érigées en dogmes dans l’islam subsaharien. Alors qu’une remise en cause et une discussion de ces textes islamiques pourront permettre de statuer sur le vrai rôle et la place de la femme dans la religion musulmane. «Pour preuve, on a imposé le voile intégral aux femmes alors qu’il n’est nullement fait référence du (Hidjab) comme accessoire de mode dans les textes coraniques», souligne-t-il.
Abondant dans le même sens, Marie Angélique Savané juge impensable de croire à l’émergence au Sénégal sans la gent féminine qui constitue 52 % de la population sénégalaise. D’où la nécessité pour les pouvoirs publics, en particulier les femmes parlementaires, de prendre en charge les préoccupations des femmes. «Les 40 % de parlementaires femmes que compte l’Assemblée nationale doivent s’impliquer davantage pour une meilleure reconnaissance des droits des femmes. Par ailleurs, il appartient à tous acteurs de la cause féminine de s’engager dans la lutte pour l’avortement médicalisé, la contraception et la scolarisation des filles», plaide-telle.