LES FEMMES, UN ATOUT POUR EXPLOITER LE POTENTIEL COMMERCIAL DE L’AFRIQUE
RAPPORT DE LA BANQUE MONDIALE

Assurant une part importante du commerce en Afrique, les femmes pourraient aider le continent à tirer profit de son important potentiel commercial. Mais, au préalable, il faudra lever certains obstacles auxquels sont confrontées les commerçantes africaines, indique un rapport de la Banque mondiale.
Si le continent africain compte exploiter à fond son potentiel commercial, il devra compter sur les femmes qui fournissent une part importante des biens et services à travers les frontières, indique un rapport de la Banque mondiale sur les pratiques commerciales intitulé « Women and trade in Africa : realizing the potential », (littéralement, Femme et commerce en Afrique : exploiter le potentiel). Dans un document titré « L’essor du commerce en Afrique : pourquoi les femmes jouent un rôle clé », la Banque mondiale constate que, dans de nombreux pays du continent, la majorité des acteurs de l’agriculture sont des cultivatrices. Celles-ci assurent une production (maïs, riz, manioc, coton) qui pourrait contribuer à l’essor du commerce entre pays africains et sur le marché mondial. Le rôle clé des femmes se fait aussi sentir dans les secteurs de l’éducation et la santé, mais aussi dans des domaines plus spécialisés, comme la comptabilité et le droit. Selon Paul Brenton, chargé du secteur commerce pour la Région Afrique de la Banque mondiale, « chaque jour en Afrique, des centaines de milliers de femmes traversent les frontières pour fournir des biens et des services. Elles arrivent de régions où ceux-ci sont relativement bon marché pour les proposer dans des régions où l’offre est déficitaire ». Mais elles doivent faire face à des obstacles qui entravent le potentiel commercial du continent. Ces contraintes tournent souvent autour des barrières non tarifaires qui handicapent les activités et entreprises féminines, ce qui pousse les commerçantes et agricultrices vers l’économie parallèle.
Supprimer les obstacles à l’intégration
Malheureusement, ce type d’économie est pénalisé par l’accès difficile au financement, à l’information et aux réseaux, compromettant ainsi les capacités des femmes à développer leurs activités, constate le rapport. Ainsi, la contribution des femmes au commerce se retrouve bien inférieure à ce qu’elle pourrait être en raison de ces freins.
Le rapport met en exergue la place que la femme africaine doit jouer dans le commerce continental afin d’exploiter pleinement son potentiel. « La suppression des obstacles à l’intégration du commerce régional en Afrique serait particulièrement bénéfique aux femmes les plus vulnérables, car le petit commerce transfrontalier repose essentiellement sur les femmes », déclare Marcelo M. Giugale, directeur des programmes de politique économique et de lutte contre la pauvreté pour la Région Afrique de la Banque mondiale. A son avis, « les bénéfices potentiels sont immenses et évidents : une meilleure sécurité alimentaire, une accélération de la création d’emplois, une plus grande réduction de la pauvreté et une baisse des discriminations hommes/femmes. Il s’agit donc d’une stratégie gagnante sur tous les plans et prête à être mis en œuvre. » Paul Brenton estime que les responsables politiques africains négligent souvent la contribution des femmes aux échanges commerciaux et les défis auxquels elles doivent faire face.
A son avis, ce manque d’attention s’explique en partie par l’absence de données et d’informations sur les femmes et le commerce en Afrique, ainsi que de la sous-représentation des petits commerçants et producteurs dans les débats sur le commerce et les politiques commerciales