LES PROFESSIONNELS DE L’HOTELLERIE RECLAMENT LA REVISION DE LEUR CONVENTION COLLECTIVE
SECTEUR DU TOURISME ET DE LA RESTAURATION

L’Association des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration (Aphore), qui faisait face à la presse, hier, exige de l’Etat du Sénégal un toilettage de la convention hôtelière et la charte sénégalaise du tourisme du 30 avril 2003 qui «n’est ni conforme ni en phase avec les coûts actuels de la vie».
Au moment où l’Etat du Sénégal signait un Contrat de performance (Cdp) d’un montant de 130 milliards de francs Cfa pour diversifier l’offre et propulser le secteur touristique sénégalais, les acteurs du secteur crient leur ras-le-bol. Et à l’origine de ce mécontentement, il y a la convention collective qui régit le secteur qui empêche les acteurs de vivre des retombées de leur travail.
Une situation qui a fait réagir l’Association des professionnels de l’hôtellerie et de la restauration (Aphore). En effet, face à la presse, hier, en présence des autorités étatiques et de son avocat, Me El Hadji Diouf, l’Aphore a exigé l’amélioration des conditions de travail et demandé le toilettage des textes de cette convention collective.
«L’Aphore exige l’amélioration de la qualité des employés (salaires justes et à temps, renforcement de la règlementation du travail des non- embauchés, soutien au perfectionnement professionnel, renforcement des capacités…)», a lancé Pape Berenger Ngom, le président de l’Aphore qui a souligné que l’association «attire l’attention des autorités et de toute l’opinion nationale et internationale sur la convention hôtelière et la Charte sénégalaise du tourisme du 30 avril 2003. Nous voulons que l’Etat fasse le toilettage des textes. Car nous souffrons tous de cette convention collective qui définit le statut des acteurs de l’hôtellerie. Elle n’est ni conforme ni en phase avec le coût de la vie actuelle».
Une convention «ni conforme ni en phase avec le coût de la vie»
En effet, il renseigne que «chaque hôtelier souhaiterait avoir des lendemains meilleurs. Malheureusement, seuls peu d’acteurs disposent d’une maison ou d’un terrain à cause des salaires misérables qui ne répondent plus au coût de la vie actuelle». Pour cela, dit-il, «l’association que je dirige réclame également un renforcement de capacités avec une formation adaptée à la demande. Aujourd’hui, personne n’ignore que nous avons une clientèle étrangère. Ce qui fait que nos ressources humaines doivent être capables de donner des prestations adaptées aux services demandés».
L’Aphore fustige également avec la dernière énergie l’exploitation dont les hôteliers sont victimes. «Beaucoup d’entre eux n’ont pas de contrats de travail, ce qui fait qu’ils sont licenciés injustement par certains patrons qui leur imposent des heures supplémentaires non rémunérées. C’est inadmissible. Ces entreprises, nous les connaissons et le moment venu, nous n’hésiterons pas à les dénoncer», dira M. Ngom.
Par ailleurs, pour ces acteurs du tourisme et de la restauration, «il faut que la convention collective soit réadaptée aux réalités actuelles». «Nous interpellons l’inspection du travail et l’invitons à prendre ses responsabilités en allant vers les patrons de ces structures hôtelières qui refusent de délivrer des contrats de travail», assène M. Ngom qui soutient toutefois qu’ils pensent que «si l’Etat accepte de renoncer à plus de 8 milliards de francs Cfa de taxes, les patrons des hôtels doivent aussi faire des sacrifices».
L’Aphore a aussi, lors de ce point de presse, soulever un autre aspect relatif à la sécurité des employés du secteur qui descendent à des heures tardives et qui éprouvent d’énormes difficultés pour rentrer. «Il faut faire en sorte que les patrons de ces agents prennent en charge leur transport. Parce que, tous les jours, ils sont victimes d’agressions», a confié M. Ngom qui précise néanmoins que «l’Aphore n’est pas dans une logique de confrontation mais plutôt dans une logique de proposition. Seulement, comme j’ai l’habitude de le dire, ce secteur est notre raison de vivre. Parce que c’est lui qui nous couve et nous protège».
«Le secteur touristique vit des moments difficiles»
De son côté, l’avocat de l’Aphore, Me El Hadji Diouf, a promis de mettre un terme à cette situation précaire que vivent les acteurs du secteur touristiques. «Le secteur touristique vit des moments difficiles. Il y a un recul des retombées du tourisme. Et face à cela, il faut des mesures fortes pour redresser le secteur. Et c’est pourquoi j’ai accepté d’être l’avocat de l’Aphore. Et en tant que député du peuple, je vais soumettre à l’Assemblée nationale la question pour qu’on puisse réviser cette convention collective», a dit Me Diouf.
Dans le même registre, le représentant du ministère du Tourisme, Ousseynou Dieng, a soutenu qu’ils sont «disposés à mettre tous les éléments pour la relance du secteur. Oui, nous sommes tout à fait disposés à accompagner ces mesures».