ME AMADOU SALL ASSUME
PREMIÈRE AUDITION SUR LE FOND

Première audition, hier, devant la chambre d’accusation, il a assumé son discours tenu à quelques jours du délibéré de Karim Wade et qui visait essentiellement le chef de l’Etat, Macky Sall.
L’avocat Me El Hadji Amadou Sall a été auditionné, hier, pour la première fois, sur le fond par la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar pour diffusion de fausses nouvelles et offense au chef de l’État. La mine confiante, il est arrivé sur les lieux à 10 h 27 et est sorti du bureau à 12 h 15 presque. Contrairement aux craintes de certains qui prédisaient que l’instruction allait durer au moins six mois pour le garder en prison, le juge a clôturé l’information. Aucune date n’a donc été fixée pour une autre audience. Le Président de la chambre d’accusation devra dans les prochains jours, soit accorder une liberté provisoire (la demande sera bientôt faite par les conseils) à l’avocat, soit prononcer un non-lieu.
À en croire un de ses conseils, Me Moustapha Dieng, qui refuse de donner certains détails pour ne pas violer le secret de l’instruction, son client a répondu à toutes les questions «avec assurance et justesse». Les avocats ont eux aussi posé deux ou trois questions. Il n’y a pas eu d’incidents. Cinquante sept avocats se sont constitués pour leur confrère. «Je suis fier des réponses qu’il a apportées. Il a montré qu’il est un grand démocrate, un grand leader du Parti démocratique sénégalais (Pds). Il ne s’est pas débiné», confie Me Dieng à la sortie de l’audience. Pour le conseil, l’article 80 ne doit pas être appliqué à son client.
Un autre plaideur a souligné que si la diffusion de fausses nouvelles est retenue à l’endroit de son client, il ne peut comparaître qu’en qualité de complice et les organes de presse qui ont relayé l’information, auteurs principaux.
En dehors du Président de la chambre d’accusation, il y avait ses deux assesseurs, un greffier et le substitut général Abdou Karim Diop.
Pour rappel, Me Sall a été interpellé quelques jours avant le délibéré sur l’affaire Karim Wade. Au cours de son discours dans un meeting à Guédiawaye, l’ancien ministre de la Justice avait soutenu
que le Président Macky Sall est «un peureux, incompétent, incapable et impuissant qui n’a pas de projet de société».
Suffisant pour que le «wadiste» invite les populations à sortir avec des gourdins, pilons, bâtons, cuillères… pour la résistance. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il a ajouté que si Macky Sall fait emprisonner Karim Wade, il ne assera pas une seule nuit au Palais.
EL HADJI AMADOU SALL
"Ce sont des pereux"
C’est dans une forme étincelante que Me El Hadji Amadou Sall s’est présenté hier au président de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel Galo Cyr Diagne et ses deux assesseurs pour être entendu sur le fond. Le bureau du juge a été assiégé par une trentaine d’avocats venus défendre leur collègue. Toutefois, seuls Mes Boro Pouye, Ciré Clédor Ly et Bamba Cissé ont posé des questions au prévenu.
Selon nos informations, Me El Hadji Amadou Sall a repris les propos qui lui sont reprochés et qui lui valent actuellement sa détention. Néanmoins, il a tenu à préciser qu’il ne parlait pas au président de la
République, mais au président de l’Alliance pour la République (Apr). «Ce sont des incapables, des poltrons», a-t-il martelé devant le juge Galo Cyr Diagne. L’audition a duré plus d’une quarantaine de minutes dans une ambiance détendue où juges et avocats devisaient tranquillement.
Avec sa verve habituelle et son courage chevillé au corps, l’ancien ministre de la Justice n’a pas reculé d’un iota dans ses attaques contre le pouvoir. Au contraire, il a déversé sa bile sur le régime de Macky Sall qu’il accuse de tous les péchés d’Israël. «Je le répète, ce sont des incompétents et des peureux», ajoute-til avec un air comique. De quoi susciter l’hilarité des nombreux avocats venus l’assister. L’exgarde des Sceaux et responsable du Pds soutient que son incarcération a des relents politiques.
Par ailleurs, le pool d’avocats va se concerter pour déposer une demande de liberté provisoire