DRIYANKE, UNE INCARNATION DE POUVOIR SOCIAL DANS LE TEMPS
Le parcours, sis à la Galerie le manège, intitulé «Diggente taar ak Kiliftef, poétique d’une maille sociale : la Driyanké» est une parfaite représentation du pouvoir indéniable de l’archétype de la Driyanké, incarnation de prestance

Le parcours, sis à la Galerie le manège, intitulé «Diggente taar ak Kiliftef, poétique d’une maille sociale : la Driyanké» est une parfaite représentation du pouvoir indéniable de l’archétype de la Driyanké, incarnation de prestance, influente dans sa société. l’exposition se tient du 07 mars au 31 mai 2025.
Le leadership féminin social est incarné dans la prestance voire l’élégance de la Driyanké. Dans l'imaginaire collectif, elle est, entre autres, synonyme de physique, de formes généreuses. Alors que, dans le parcours, elle est découverte sous diverses coutures, plongeant le spectateur dans un labyrinthe de tapisseries et textiles, de photos et installations, de poupées et d'accessoires. Le fil d’Ariane qui lie les œuvres est fait de perles imbibées d’effluves de «gowé». Des notes d’une musique envoûtante accompagnent le visiteur dans une lumière blafarde. Seulement, le concept va audelà des considérations physiques. L'appellation, «Driyanké» englobe une dimension «sociétale, spirituelle, esthétique» d'où la raison d'être de l’exposition. La première pièce flanquée à l’entrée est une tapisserie brodée à la main, de l’artiste, Modou Guèye sortant de la manufacture des arts décoratifs de Thèse. La commissaire du projet, Ken Aicha Sy, décrypte qu’entre élégance et leadership, le titre en wolof pose les bases de ce questionnement, tandis que le titre en français parachève l’interrogation : qu’est-ce que c’est la maille d’une société ?
Elle livre une esquisse de réponse à travers la silhouette de la «Driyanké» qui, pour elle, est un archétype féminin qui est essentiel au Sénégal et existe depuis longtemps. Il s’est agi dans cette exposition de ramener les lettres de noblesse» à cet archétype féminin ballotté dans le temps, le vent, les générations. C’est en outre intéressant de voir qu’en fonction du genre, de l’âge, de la culture..., les interprétations qu’on peut avoir divergent.
À partir de sa définition de la Driyanké, Ken Aicha Sy a invité 17 artistes à réfléchir avec elle afin de proposer leurs regards sur cet archétype féminin. Ce, à travers diverses œuvres, de textile, des photos, du texte, de l’audio, de la tapisserie...
La commissaire étaye que la maille sociale, c’est aussi la maille textile. C’est qui justifie la primeur au textile dans ce parcours. A côté de l’artiste Oumou Sy, il y a de jeunes artistes au talent en haute couture attesté par des puristes... Le choix des artistes est motivé par la différence de leurs univers tendant à se compléter de par leurs créations uniques en leur genre...
La musique est centrale dans l’exposition. Elle est l’œuvre de Shineze. La composition accompagne les déhanchements imaginaires de la Driyanké au fil du parcours. La pièce phonographique incarne «la modernité et la flûte tradition qui ancre et le chant du griot plonge dans une nostalgie de diva tels que Kiné Lam...» Les perles, le fil liant les différentes stations du parcours, contribuent à façonner la femme et à affirmer son âge ainsi que sa position sociale. Les perles de la «Driyanké» qui a atteint une certaine maturité, sont échelonnées à travers différentes piédestaux. Le «gowé» n’est pas spécifié par Ken Aïcha Sy, dans une dynamique anthropologique. Il s'agit de déconstruire, d’honorer et de mettre sur des piédestaux... La transmission aux jeunes est au cœur du projet. Des étudiants du collège d’architecture de Dakar ont été associés à la scénographie. Ce qui s’inscrit dans une démarche de permettre aux jeunes d’avoir des expériences pratiques. La scénographie s’est faite avec trois étudiants, favorisant ainsi l'échange, en accompagnant dans la confrontation.
L’interaction avec le public n’est pas en reste. Des espaces vides dans la scénographie vont se remplir au fil des échanges. Les trois conversations vont ainsi livrer des «mots clés» qui seront gravés sur les murs, sous forme de restitution, en donnant la parole au public afin de participer à la construction de cette «identité» de l’archétype féminin.