LE PUBLIC DE SORANO DANS UN VOYAGE HISTORIQUE
Le Théâtre national Daniel Sorano a bouclé sa saison artistique en beauté avec une pièce théâtrale intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948).
C’est par une standing ovation que le public a manifesté son satisfecit de la représentation théâtrale de la compagnie de Daniel Sorano. Une pièce intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948), une adaptation du roman «Les bouts de bois de Dieu» de Sembène Ousmane (1923- 2023) qui entre dans le cadre de la célébration du centenaire de celui qui est surnommé «l’aîné des anciens».
Le Théâtre national Daniel Sorano a bouclé sa saison artistique en beauté avec une pièce théâtrale intitulée «Dakar-Niger (10 octobre 1947-19 mars 1948). Ceci est une chronique d’une lutte contre l’iniquité qui met notamment en exergue le rôle joué par les femmes dans le combat de ces cheminots. C’est une adaptation du livre «Les bouts de bois de Dieu» de Sembène Ousmane. Cette pièce de plus d’une heure d’horloge et mise en scène par Seyba Traoré repose sur un principe qui est celui de l’abstraction scénique, relate l’histoire des vingt mille cheminots de la ligne Dakar-Bamako. Dans un décor minimal, une salle archicomble avec des personnalités politiques, culturelles, des personnes de tous âges, des écoliers et des étudiants, tous étaient très concentrés sur cette histoire, historique. Dans une dissemblance de lumières, les comédiens occupent les planches, les actes se suivent et se succèdent, la fluidité des dialogues entre les acteurs, les danses et les chansons qui percent le cœur séduisent l’assistance en le matérialisant avec des applaudissements. «J’adore leur jeu d’acteur. Cela montre que le texte est bien maîtrisé par les acteurs», murmurent des étudiants qui immortalisent les moments avec leur téléphone portable.
«Le tournant dans les relations entre la population et l’administration coloniale»
Le metteur en scène a choisi de mettre en exergue cet «affrontement très dur qui marque un tournant profond dans les relations entre la population et l’administration coloniale». Ils veulent conserver les traditions et les coutumes, luttent pour l’amélioration de leurs conditions de travail et revendiquent leur dignité. «Les hommes et les femmes qui engagèrent cette lutte pour une vie meilleure ne doivent rien à personne, ni à aucune mission civilisatrice, ni à un notable, ni à un parlementaire. Les acteurs s’infiltrent et jouent certaines scènes comme les assemblées générales dans les allées et on a véritablement le sentiment d’être emporté par le mouvement syndical qui se joue avec le public». En effet, une cinquantaine de comédiens, de comédiennes de talents et de musiciens ont fait revivre ce texte écrit par Sembène Ousmane en 1960 et auréolé du Grand Prix de littérature d’Afrique noire.
Un rendu à la hauteur de la dimension de l’œuvre de Sembène
L’essence du théâtre est de communiquer des émotions, les spectateurs qui ont regardé cette pièce ont frémi avec des scènes très fortes avec un jeu d’acteur extraordinaire pour communiquer des valeurs ancestrales. Audelà des pensionnaires de Sorano, le metteur en scène a fait appel à des comédiens professionnels pour faire un rendu à la hauteur de la dimension de l’œuvre de Sembène. Le ministre du Travail, du dialogue social et des relations avec les institutions, Samba Sy, qui présidait la cérémonie note qu’«au-delà du livre ‘’Les bouts de bois de Dieu’’, il faut aussi ces arts scéniques qui permettent de rendre ces œuvres plus présentes avec une dimension que le livre ne peut pas rendre». Il a salué «la belle prestation des chanteuses», «l’âme dans les chansons, la magie, beaucoup de touchant que le livre peut tenter de dire, mais pas de la manière dont c’est déclamé par les artistes». Moussa Sembène, fils de Sembène Ousmane se dit satisfait de cette représentation avec des comédiens talentueux qui ont transmis de l’émotion.
Réaction... Réaction... Réaction...
Pr Maguèye Kassé, président de l’Association Sembène
«Cette pièce est un hommage aux femmes» «Il nous a semblé qu’il aurait manqué une dimension essentielle dans la célébration du centenaire de la naissance Sembène si on n’avait pas ajouté le théâtre. De son vivant avec Hermantier, il avait porté ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ à Sorano. Je dois me réjouir de la direction qui a à sa disposition des artistes talentueux, des dramaturges et des metteurs en scène de la trempe de Seyba Traoré. Donc, clôturer le centenaire de la naissance de Sembène avec une pièce aussi magistrale tirée d’un roman qu’on a disséqué, analysé, traduit dans beaucoup de langues ne peut que nous réjouir. Cette pièce est un hommage aux femmes».
Ousmane Barro Dione, Dg de Sorano «L’histoire de cette grève a été bien transmise»
«Sembène Ousmane est un homme de culture, un panafricain accompli qui a beaucoup œuvré pour le rayonnement de la culture dans le monde. Cette représentation était un moyen pour nous de lui rendre un hommage mérité par rapport à la célébration de son centenaire. L’ouverture et la trajectoire dans laquelle nous nous sommes inscrits depuis un certain moment, c’est de faire revisiter les classiques, les pièces mythiques qui méritent d’être connues par le public sénégalais. Je crois que les enseignements tirés de cette œuvre sont d’une importance capitale non seulement pour les citoyens lambadas, mais surtout pour les jeunes. L’histoire de cette grève a été bien transmise et a été perçue par le public venu nombreux. C’est le lieu de remercier le metteur en scène Seyba Traoré qui a fait un travail remarquable en un mois. La valeur mythique et ancestrale qui fonde le Sénégal vaut tous les sacrifices».
Mamadou Seyba Traoré, metteur en scène
«C’est un double hommage à Sembène et aux femmes» «Le but de cette grève était d’obtenir les mêmes droits que les cheminots français et une revalorisation des salaires. Cet affrontement très dur a marqué un tournant profond dans les relations entre la population et l’administration coloniale. A travers cette pièce, il s’agit de mettre en avant le rôle joué par les femmes dans cette lutte et de rendre hommage à l’écrivain cinéaste Sembène Ousmane. C’est un double hommage qu’on a voulu rendre à la fois à Sembène et aux femmes. Car si elles n’avaient pas tenu, les hommes seraient retournés au travail. Elles étaient là avec les enfants et ont assuré le quotidien».