NOTRE DÉFI EST QUE LA DANSE SOIT RESPECTÉE AU SÉNÉGAL
Dans le cadre de la célébration de ses 50 ans d’existence, la compagnie Bakalama du Sénégal célèbre à Dakar la 8e édition du Festival international de Thionck-Essyl du 27 au 30 décembre et du 4 au 8 janvier en Casamance. Malal Ndiaye explique ces origines
Dans le cadre de la célébration de ses 50 ans d’existence, la compagnie Bakalama du Sénégal célèbre à Dakar la 8e édition du Festival international de Thionck-Essyl du 27 au 30 décembre et du 4 au 8 janvier en Casamance. Dans cet entretien, Malal Ndiaye, directeur de ce Festival de Musique et danse revient sur les fondements et les perspectives.
Comment est née l’idée du Festival de Thionck-Essyl ?
Nous devrions être à notre 10ème édition, n’eût été le covid. Mais là nous sommes à notre 8e festival. Le festival est né d’une rencontre des fils de Thionck-Essyl, un certain Landing Mané et moi. On était partis en tournée en 2004, en France, et au retour, nous avions eu des partenaires qui nous ont offert des livres et d’autres présents. Nous nous sommes dit pourquoi ne pas organiser un week-end culturel à Thionck-Essyl. Avec notre compagnie « Bakalama » composée de filles et de fils de ladite commune, nous avons amené les livres pour les offrir à l’école. J’étais déjà dans le milieu et lui était chorégraphe. On s’est dit pourquoi ne pas faire de ces journées culturelles un festival.
Parlez-nous un peu de votre compagnie Bakalama et sa signification.
La création du ballet « Bakalama » remonte à 1972, année de naissance de l’association des ressortissants du village de Thionck-Essyl à Dakar. Bakalama signifie calebasse car sa forme représente le symbole de l’unité et de l’enracinement dans la culture Diola. Bakalama est un nom chargé d’histoire qui fait référence aux habitants de Thionck-Essyl. Il s’agit d’une plateforme de retrouvailles de toute une communauté originaire de Thionck-Essyl. Le ballet forme ses propres artistes ainsi que d’autres apprenants venus du monde entier.
Après 50 ans d’existence, quels sont les défis et les perspectives ?
Notre défi est que la danse soit respectée et comprise au Sénégal parce que c’est un métier noble. Mais aussi que le ministère de la Culture puisse vraiment doter la danse d’un fonds de développement. Et nous avons travaillé sur ça à Saly, il y a quelques mois. Ainsi, nous pouvons faire nos créations pour que les artistes puissent bouger un peu partout. Ça sera une manière d’organiser la danse au Sénégal. Une compagnie comme « Bakalama » qui a 50 ans, c’est l’âge d’or, un demi-siècle. Nous avons raflé énormément de prix en Afrique, en Europe, en Asie, au Sénégal, etc. Je pense que ne serait-ce que pour cela, le président de la République ou le ministère de la Culture devait nous recevoir. Il doit connaître la compagnie « Bakalama » avec tous ses prix à travers le monde. Il saura que la danse est représentée au Sénégal et un peu partout en Afrique, en Europe... Je reviens fraîchement de Paris à l’Unesco pour la Conférence internationale de danse (Cid). Je représente le Sénégal à cette institution.
Pouvez-vous revenir sur l’impact économique du Festival ?
Car cela fait 3 semaines que j’ai quitté Thionck-Essyl pour me réunir avec le comité d’organisation. Les artisans, les auberges, les Jakartamen, les boutiques, entre autres, vont y retrouver leur compte. Même au-delà de ça, sur le plan touristique, c’est important. On est en train de vendre la destination sénégal parce qu’au moins 35 artistes vont quitter les Etats-Unis, la Suisse, l’Espagne pour l’événement. Même le ministère du Tourisme à qui, on a écrit, n’a pas répondu. Ce n’est pas sérieux ! Le ministère de la Culture et le Centre culturel Blaise Senghor ont essayé de nous aider. Nous avons discuté aussi avec la Direction du patrimoine mais pour le ministère du Tourisme, la Ville de Dakar, on attend.
Est-ce à dire que le budget du festival n’est pas encore bouclé ?
En toute sincérité, on n’a pas encore eu la moitié du budget et c’est désolant parce que le festival se déroule sur plusieurs jours, du 27 au 30 décembre à Dakar, et du 4 au 8 janvier en Casamance. Ne serait-ce qu’un bus de transport pour amener tous les artistes, cela va coûter au minimum un million de FCfa. Or, quand on va aux Usa, en Europe ou ailleurs, on est des hôtes. Nous aussi nous souhaitons, quand des artistes viennent d’ailleurs, qu’on puisse leur montrer la Téranga sénégalaise.
Quel est le programme du festival ?
Il y aura des stages de danses, des workshops, du spectacle également. Thionck-Essyl est très riche. C’est une commune composée de quartiers et chacun est en pleine préparation. Il y aura d’autres troupes et des jeunes musiciens qui vont venir de Bignona, Kafountine et Ziguinchor. On aura l’occasion avec des musiciens comme Moh DeDiouf, Sam Paco, Ben Boy, Maodo Malick, entre autres, pour faire des échanges culturels avec les Espagnols avec la compagnie Muntu. Nous sommes aussi en train de discuter avec Didier Awadi.